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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Lun 9 Fév 2009 16:03 
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Pendant une seconde, les yeux du grand lutin s’agrandissent, et il paraît sous le choc, apparemment incapable de réagir à la situation, mais il ne tarde aucunement à reprendre ses esprits, tirant de sa main libre un mouchoir de coton bariolé plutôt propre dont il se sert pour t’essuyer le visage et arrêter l’écoulement des larmes à même leur source :

« Allons allons, ne t’… vous inquiétez pas ! Il n’y a pas eu de mal en fin de compte alors tout va bien ! D’ailleurs cette pierre n’était qu’un caillou pour…»

Il s’interrompt soudain, restant bouche bée devant tu ne peux trop savoir quoi, avant qu’il finisse par s’exclamer dans un souffle :

« Une rune ! » Exulte-t-il tout en écartant tes larmes avec une vivacité accrue par l’excitation. « Ce n’est pas qu’une pierre banale Guasina, c’est une rune ! Une roche magique ! On peut dire que vous êtes vernie, regardez ! »

Ce disant, il t’enjoint à ce faire en te mettant dans une posture plus redressée sur l’échine de l’animal à sang froid qui n’a d’ailleurs toujours pas cessé sa progression, de manière à ce que tu profites des rayons solaires pour mieux distinguer les signes parallèles incrusté dans la surface pierreuse du galet que tu tiens en main.


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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 10 Fév 2009 11:34 
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D’après mes maigres souvenirs de mon escapade nocturne et nauséeuse de la veille, un panneau d’information se trouverait sur la place du palais et une carte de la ville y serait affichée. Quelle bonne aubaine vu que l’emplacement du temple m’est totalement inconnu. Cheminant gaiement d’un pas assuré, je passe devant la bibliothèque puis traverse quelques instants plus tard le magnifique jardin de style ynorien pour rallier, après quelques flâneries entre les haies soigneusement taillées, le fameux support d’affichage. Bien entendu ce dernier ne m’est d’aucune utilité… pourquoi ? car vous savez comment sont les souvenirs, ils vont et ils viennent comme ils l’entendent, parfois par flashs inconscients, parfois suscités par un élément sensoriel quelconque…

Vous pouvez vous demander ce qui a donc pu déclencher cette réminiscence et la réponse st particulièrement simple… Un rôt, un simple rôt sorti à l’improviste et peut-être un peu trop bruyant, me rappelant la soirée particulièrement arrosée, le raccompagnement de la ravissante Phanie jusqu’à la forge d’Argaie, le passage plutôt peu appétissant de la régurgitation impromptue aux pieds de ma compagne et bien entendu le passage , à l’aller comme au retour, devant le fameux temple de Meno, but de la requête formulée par Pulinn et que je souhaite accomplir sans aucun accroc, chose peu aisée dans mon cas.

L’image du temple se faisant de plus en plus présente dans mon esprit, je me demande comment j’ai pu oublier un tel monument : un bâtiment énorme aux grilles de fer forgé, sans doute par son voisin barbu, brillant littéralement de milles feux par un jeu de flammes et d’acier iridescent. En clair la beauté à l’état pur… enfin presque puisque malgré sa magnificence, ce lieu est loin d’égaler la plaisante Gardienne…

Traversant la Grande Rue, je me faufile à travers les boyaux de la cité pour finalement déboucher à proximité de la forge dont le pallier ne porte plus aucune trace de mon passage, cependant bien que la preuve tangible de ma bévue ait disparu, le ressentiment doit encore être bien présent… Préférant donc éviter tout conflit, je me glisse furtivement dans la ruelle jouxtant le bâtiment plutôt que de prendre le risque de passer ostensiblement devant la porte principale et de me faire huer et peut-être pire. Il ne me faut alors que quelques enjambées pour déboucher sur la parvis du temple flamboyant.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Sam 14 Fév 2009 21:01 
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Malgré tous mes efforts, je n’ai pu retenir mes larmes. Je les laisse maintenant couler à flot, cet épanchement me fait le plus grand bien.

Les sourcils relevés, les yeux écarquillés et la bouche légèrement ouverte, Gwerz semble ahuri. Ma crise de larmes l’a sûrement pris au dépourvu, il ne se doutait probablement pas que ses paroles auraient autant d’impact sur moi. Se ressaisissant relativement vite et prenant un air attendri, d’un geste souple de sa main gauche, il déplie un grand mouchoir de coton bigarré sorti d’une poche de sa redingote usée. Le chiffonnant dans sa main après y avoir introduit son long index, il l’approche de mon visage, essuyant délicatement mes larmes tout en tentant de me consoler :

« Allons allons, ne t’… vous inquiétez pas ! Il n’y a pas eu de mal en fin de compte alors tout va bien ! D’ailleurs cette pierre n’était qu’un caillou pour…»

Sa voix éraillée se veut douce et rassurante, elle me rappelle celle de mon grand-père, c’est toujours lui qui me réconfortait lorsque j’étais tout petite. Cependant, j’ai maintenant cent vingt ans, bien que je sois à peine une adulte, ce geste paternel me met mal à l’aise, qui plus est, venant d’un étranger. Rouge de honte, je ne dis mot; sans oser réagir, j’attends patiemment qu’il termine, ce qui arrive soudainement. En effet, brusquement il s’interrompt pour s’exclamer:

« Une rune! »

Ce ne fut qu’un court répit car il reprend de plus belle; emballé par ce qu’il vient de découvrir, il frotte énergiquement mes joues avec une vivacité que je trouve un peu trop prononcée. C’est juste ce qui fallait en fait pour me donner le courage d’intervenir :
Timidement, j’approche ma main gauche de la sienne, j’intercepte son mouvement et je lui enlève doucement son mouchoir.

« Merci… je peux m’en occuper moi-même à présent. »

Excité par cette rune, il ne s’offusque pas de mon intervention, il profite plutôt de sa main libre pour ramasser l’objet de sa fascination avant de poursuivre ses explications.

« Ce n’est pas qu’une pierre banale Guasina, c’est une rune ! Une roche magique ! On peut dire que vous êtes vernie, regardez ! »

Avec enthousiasme, il place la rune au soleil de telle façon que je puisse observer les symboles enchâssés dans la pierre. Inutile de me le dire, pour moi cet objet était déjà loin d’être banal; il avait failli blesser un enfant. Par contre, il ne me serait jamais venu à l’idée que cette simple roche puisse renfermer de la magie. Comme à mon habitude, ma curiosité l’emporte. Après plusieurs grandes inspirations et quelques reniflements, je réussis à contenir mes sanglots et c’est de questions que je l’inonde cette fois :

« Quelle sorte de magie? Que sont ses pouvoirs? Comment peut-on s’en servir? C’est dangereux?»

J’attends impatiemment une réponse tandis que Cheshire poursuit sa route tout en conservant une allure plus qu’acceptable, insensible à ce qui se passe sur son dos. Ma nouvelle posture sur cet animal est moins confortable; en effet, sans la poigne ferme de mon aîné, je glisserais le long du flanc du reptile. Cependant, assise devant, je pourrai bénéficier d’une meilleure vue dès que mes larmes seront séchées.

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Guasina, protectrice d'âme


Dernière édition par Guasina le Mar 3 Mar 2009 18:28, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 15 Fév 2009 20:37 
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Avant toute autre chose, semblant décider qu'il faudrait que tu reprennes une place plus confortable et surtout plus digne d'une cavalière sur le dos de Cheshire, Gwerz annonce:

« Bon, vous n'allez pas passer tout le trajet comme ça déjà: on va tous les deux finir par attraper des crampes! Attention... »

Se contorsionnant avec une souplesse louable pour un être de son âge, il te soulève alors de ses deux mains calées sous tes aisselles pour te replacer derrière lui, se maintenant à la peau écailleuse de l'animal par la force de ses jambes. Pendant le déroulement des opérations, il garde cet air à la fois concentré et lointain de réflexion sans se départir pour autant de la précision de ces gestes, et une fois qu'il a fini, il sort la rune de la poche avant de son veston dans laquelle il l'avait rangée pour l'examiner plus attentivement pendant une bonne minute, suivant du doigt les contours tracés dans la pierre en marmottant.

« Je n'en ai aucune idée précise... » Finit-il par diagnostiquer d'une voix quelque peu déçue. « Les runes peuvent faire des tas de choses différentes, et celle-ci pourrait tout aussi bien faire jaillir des flammes que vous rendre plus forte pendant un moment. Là, comme ça, je ne pourrais pas vous dire, mais je dois avoir ce qu'il faut à la maison pour dire ce que cette rune est. En attendant, vous feriez mieux de la garder; après tout, c'est votre trouvaille! »

Ce disant, il te tend la pierre derrière son dos, t'invitant à en accuser réception. Bien sûr, votre transporteur a soutenu la même allure que jusqu'ici, et d'ailleurs, de là où tu es, tu peux capter de rares effluves arboricoles subreptices, à la lisière de ton odorat.

--> La Bise d'Ynorie


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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Sam 28 Fév 2009 18:40 
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Pour la mini-quête de GM14 : Jour 1


« Bon alors tu viens ou quoi ? Ne m’oblige pas à te donner la main ! »

Un cri strident retentit sur la Grand-Place et la foule qui déambulait en ce milieu de journée sembla comme paralysée par cette transcendante agression auditive. Il n’était de ce fait pas dur de deviner qui en était à l’origine, quoique la situation fût des plus cocasses. Voir cette mini-personne se retourner sur un grand elfe noir qui sortait à peine le bout de son nez de la tente était un spectacle des plus étonnants, et tout le comique résidait dans le fait qu’elle lui tendait réellement la main, comme une mère l’aurait fait avec son jeune bambin un peu trop chahuteur.

Le guerrier massif souffla comme un étalon noir, et d’un pas assuré qui ne se voulait pas du tout pressé, ni même impressionné, il arriva enfin à hauteur de la mignonnette tendant toujours son bras dans le vide. Il venait d’ignorer ce geste maternel d’un petit sourire mesquin et Keynthara sentit la moutarde lui monter au nez dans une ultime explosion de senteurs plus fleuries les unes que les autres…


« T’en fais vraiment qu’à ta tête, hein ! Mais je te préviens, ça va pas se passer comme ça ! Grouhh ! »

C’était qu’elle se prenait vraiment au rôle de chef d’expédition, et aussi, qu’elle avait déjà à moitié oublié le coup qu’il lui avait pendu au nez l’instant d’avant, en compagnie de la copine à Pulinn. Le Shaakt jeta sur la poupée sévère un rapide regard inquisiteur qui se changea aussitôt en un tendre sourire, si tant était qu’une telle expression pouvait se dessiner sur le visage d’un elfe noir. Et puis, il approcha sa main de sa joue comme pour essayer de lui caresser doucement le visage, obligeant la Petite à reculer légèrement par réflexe, avant de se résigner à le laisser faire…

« Je serai sage, mais ne m’embête pas trop car je peux prendre une très grosse voix si je veux ! », déclara-t-il en passant d’un ton humble à celui d’un grand méchant plutôt inquiétant, sans même prévenir. Heureusement, il se radoucit presque immédiatement, et c’est avec chaleur qu’il poursuivit donc sa réponse.

« Alors je compte maintenant sur toi, jeune Keynth…ara ? Oui, je compte bien sur toi pour que tu nous sortes de cette énorme ville pleine de monde… »

Il eut envie de poursuivre, suspendant sa phrase en observant les passants, mais il s’arrêta finalement là, gardant le fond de sa pensée pour lui sur ces êtres qui l’observaient avec un peu trop d’insistance à son goût. Elle n’avait pas besoin de tout savoir.

« Tu crois que tu sauras faire ça pour moi ? Au fait, j’ai déjà fait les provisions pour le voyage, mais toi ? Tu devrais peut-être aussi… »

Seulement, il fut coupé net par l’intervention soudaine de la Puce qui s’était remise à marcher doucement en direction de la Grand-Rue, de l’autre côté du château du roi. Elle était certes satisfaite de la tournure que prenaient les choses, sentant qu’enfin il songeait à lui laisser pleinement les commandes sans se douter qu’il s’agissait là de simples entourloupes pour la calmer, mais elle était par ailleurs déçue de la question qu’il s’était apprêté à poser.

« Mais nan, t’en fait pas pour moi, les Aniathys, ça mange pas, ça boit pas, ça fait pas pipi ni autre chose, et ça a même pas besoin de dormir. Tu vois, c’était ta leçon du jour ! Mais quelque chose me dit qu’il y en aura plein d’autres ! Tu t’ennuieras pas avec toi, et moi non plus d’ailleurs, parce que j’adore faire le professeur ! Bon et je crois que... c'est par là la sortie ! Suis-moi...»

Ils avancèrent côte à côte, rigolant tous les deux avant de faire peu à peu place au silence, tandis que les remparts se rapprochaient à vue d'oeil et que l'imposant bonhomme cherchait parfois le soutien visuel de Keynthara quand les gens le mettaient un peu trop mal à l'aise avec leur regard presque malsain.
Le Shaakt ne s’en rendait probablement pas encore bien compte, mais ces moments de tranquillité allaient être d’une bien extrême rareté durant cette aventure aux côtés de cette bavarde invétérée…



_________________
Image
Keynthara, prêtresse Aniathy, niveau 17


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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 3 Mar 2009 23:26 
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« Et dix qui font... cinquante! Chante petit rossignol. Où est la gnôle? »

(Vide, t'as tout bu soulard. L'art... L'art de vivre, de voire, de boire. Vive la picole! Cantemort collé! C'est pas moi m'dame! C'est lui! Cui cui, le petit rossignol de la gnôle qui me force, à force de chant, à chanter, déclamer, à vous emmerder!
Bon, encore un corps et on rentre.)


Cantemort se leva, remis son bicorne et quitta le recoin sombre où il s'était installé pour compter le bénéfice de sa soirée de rapines. Ses yeux étaient rouge sang.

J'arpente les pentes, les sentiers sentent le rance.
Ville de misère, ville princière
Tous me demandent, tous me relancent.
Et moi leur fait don de ma présence altière.


(Très mauvais. Vais arrêter.)

Le bicorne sur la tête,
Choisir la place des arêtes.
Première pointe devant arrière,
La deuxième va derrière.

Pauvres nobliaux
Qui ne savent le mettre.
A droite à gauche, n'est point trop beau.
Ils ont avec, l'allure de reitres.
Première pointe par vent arrière,
la deuxième va derrière.
Comme cela que de mystère!
Cela les force bien à se taire!


(Je continue, marche. En continue. Nu comme un verre de gnôle. Bien envie de boire moi. Plus rien dans la gourde, quelle gourde!)

Tout en avançant, Cantemort se retrouva à arpenter une rue plus large, plus longue, plus peuplée. Une grande rue en somme. Il réajusta son bicorne et s'arrêta quelques minutes pour refaire son maquillage.

(Et du blanc pour les œufs. Et du noir comme la nuit. Et une larme comme une lame. En avant le spectacle, boucle la leur Canto.)

Marchant d'un pas tranquille au milieu des passants qui regardaient avec étonnement son accoutrement, il se dirigeait vers une caisse posée en équilibre précaire sur un petit tas de buches.

« Permettez, ou pas, je m'installe » , dit-il à l'apparent propriétaire des buches.

(Un beau triangle. Une buche dessous, une buche dessus, dessous, dessus, une buche bouche les trous. Une caisse par dessus avec des buche qui bouchent le trou dessous.)

Il admira son travail, réalisa quelques arrangements, puis sourit.

(Décent.)

Le tas de buches était devenu un triangle... de buche. Sur celui-ci Cantemort avait disposé la caisse en équilibre. Une petite foule s'était rassemblée autour de la scène, avisant le manège étrange de cet étrange arlequin. L'apparent propriétaire des buches surveillait quand lui la scène d'un air circonspect. Puis Cantemort commença, pas trop vite pour qu'ils puissent le suivre, pas trop lentement pour maintenir le rythme. Il sauta sur la caisse et maintint tant bien que mal son équilibre puis commença en souriant :

« Admirez, regardez, hagards, hagardes, hangars... Non ça ne va pas. »

Quelques rires éparses se firent entendre. Il sauta sur l'occasion.

« Riez, oui allez-y! Où? Où vous voudrez, mais riez! »

Ainsi il parla, et il parla par-ci par-là, pendant un moment avant d'entamer son inévitable démonstration de jongleries diverses. Ses yeux étaient devenus vert comme un cristal.

(Sors les couteaux, t'aurai du feu? Feu votre grand-père était un grand homme en même temps qu'un grand-père grandiose. Droite, gauche, droite, gauche, droite, droite deux fois. Les couteaux volent, et voltigent, volant un regard, fauchant une bourse, ou deux. J'ai soif moi.)

Ainsi il démontra ses talents de jongleur de diverses manières. Puis vint le clou du spectacle.

(Le clou, cloue les au poteau. Topons la et disparaissons.)

« Mondame et massieur, grands et grands car les petits ne peuvent voir, voici le clou. Je cloue l'un d'entre vous au mur sans une égratignure. Mais qui, qui qui? »

Personne ne se désignait, tandis que Cantemort scrutait la foule en souriant.

(Un riche, un bon gros gras bien riche au grès de sa bourse. Donc un abruti qui ne se dissimule pas et se croit invincible, invisible tant on le voit. Tentons le coup. Courage. Celui-ci? Pas assez riche. Un dandy se dandine, un danger d'écarté. Celui-là luit et reluit. Lui!)

Toujours avec le même sourire, il pointa son doigt sur un homme corpulent en habit de soies qui portait un feutre brodé d'or orné d'une plume qui semblait vouloir toucher le sol. L'homme fit semblant d'être outré puis s'avança d'un pas qui se voulait digne vers Cantemort. Celui-ci fit semblant de tomber de sa caisse et se rétablit par un saut périlleux impeccable.

« Voici donc ma victime, en mime ou en rime? A vous de choisir monsieur! »

L'homme ne savait de toute évidence pas quoi répondre. Il prit un air de loutre mal éveillée et chuchota :

« En rime? »

Le sourire de Cantemort disparut d'un coup de son visage. Il fit se placer l'homme devant un mur et lui dit, assez fort pour que tous entendent :

« Dommage. Monsieur vous devrez annoncer une rime valable à ces personnes de l'assistance. Vous avez trente secondes pour réfléchir, chaque rime vous donne trente secondes de plus. Si votre verbe ne me semble pas valable, je vous cloue au mur. Maintenant, ne parlez plus qu'en rime. »

Son sourire réapparut et il sortit cinq couteaux qu'il disposa devant lui.

(Pas fière le gros. Le gras le guète, l'étouffe. Il est tout chose, tout morose. Pas fière le gros.)

Cantemort était heureux. Le gros était coincé et il était évident qu'il n'alignerait pas deux rimes.

(Le temps passe, repasse, le temps chante, rit, séduit. Le temps coule, le sang aussi ici. Le temps qui fait... disons... trente!)

Un couteau partit en direction de la victime, et se planta dans la manche bouffante de la chemise de celui-ci, la clouant au mur. Un « Oh! » parcourut la foule, et se transforma vite en applaudissements. L'homme glapit un « Ah! » et devint rouge comme ses chausses.

« Oh, ah! Ah, oh! Allo! C'est malin, allez trouver un monosyllabe en a maintenant! »

Cantemort s'amusait terriblement. Cet homme était au-delà de ses attentes. Ce dernier glapit un :

" Mais... »

Un autre couteau fusa vers l'homme et atterrit entre ses jambes qui s'écartèrent brusquement. Chacun cru que l'homme était blessé mais il n'en était rien et Cantemort poursuivit son spectacle :

« Des rimes cher ami, des rimes. Pas des mots sans sens qui s'enchainent sans cohérence. »

L'homme était pétrifié. Il n'osait plus même parler.

(A dix change de piste... A vingt goutte moi ce vin... A trente...)

Un troisième couteau partit vers la nuque de l'homme et l'effleura avant de se planter dans le mur. Soit qu'il fut complètement paralysé, soit qu'il parvint à se contrôler, toujours est-il que l'homme ne laissa cette fois pas échapper un son. Cantemort comptait à nouveau. L'homme suait à grosses gouttes.

« Et nous ici bas qui crions
Faisons tous preuve de dévotion. »

Le bras de Cantemort s'arrêta net. Il n'avait pas prévu ça. Le couteau se planta dans le sol devant lui.

(Des restes d'écoles, je pensais lui poser une colle. Me voilà bien avancé, un voile nimbe mon aura. Petit gros tu n'aurais pas du. Adieu tes atours, adieu ta bourse, je te pends par le cul. Quel culot! Ruiner mon numéro!)

Le bourgeois avait l'air très satisfait d'avoir sut donner deux phrases. Cantemort reprit le décompte et le gros commença une nouvelle phrase lorsque le couteau de Cantemort lui entailla la joue avant de finir dans le mur.

« Ça fait pas trente!
_Et ça n'est pas une rime. »

Cantemort ramassa ses couteaux, salua rapidement l'assistance puis s'en fut par une ruelle.

(Arrogant petit tas de graisse, de gras. Soie sur jambon, la nouvelle collection. Bourgeois vantard!)

Cantemort ressassait sa rancœur tout en marchant de par les rues de Kendra Kâr. Ses yeux étaient désormais noirs comme l'encre.

(Rien que pour le croiser, si je le peux, je me fais mendiant, je me fais rat, je me fais prêtre même, et tout ça dans l'heure. Heureuse rencontre. Contre et parade, qu'il vienne se battre! Et c'est le gras du lard du gros lard que je découperais en rime!)

Avec ses idées de meurtre, il se remit en marche, se dirigeant vers la taverne des sept sabres.

_________________


    "Aussi longtemps qu'il existe un endroit où il y a de l'air, du soleil et de l'herbe, on doit avoir regret de ne point y être. Surtout quand on est jeune." Boris Vian


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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 8 Mar 2009 15:37 
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Ayant quitté les ruelles, nous arpentons en ce moment une grande rue. Remise de mes émotions, je peux enfin admirer, en sécurité sur le dos de Cheshire, la vie urbaine de Kendra Kâr. Mes deux yeux ne me suffisent pas pour tout voir. J’aurais aimé pouvoir contempler ces bâtisses, leur façade, leur enseigne, ainsi que de toucher le grain du bois de ces portes. Et puis, il aurait été agréable d’observer les gens discuter entre eux, de détailler leur habillement, leur coiffure. Tout ça m’est hélas impossible, les rues sont bondées de gens qui comme des fourmis s’affairent à leur tâche et circulent dans tous les sens. De plus, Cheshire, loin d ‘être immobile, se faufile parmi eux avec une habileté surprenante et une allure qui m’empêche d’assouvir ma curiosité.

La tête levée, positionnée vers l’avant, mon regard s’attarde néanmoins sur un imposant bâtiment de pierre, de beaucoup plus haut que le plus grand des chênes de mon village. S’approchant davantage, on aperçoit au sommet de cette immense tour, une grosse cloche blanche. Voici donc le fameux clocher dont j’ai tant entendu parler par l’oncle Gordo. Il la décrivait superbe et gigantesque et pour une fois il n’a pas exagéré. Selon ses dires, un homme est posté tout là-haut et est chargé de la faire tinter à toutes les heures. J’espère que nous serons déjà loin lorsque son heure aura sonné, je crains que de trop près cet instrument m’assourdisse à tout jamais.

Ce n’est qu’à proximité de cet édifice que Gwerz me fait remarquer l’inconfort de notre posture.

« Bon, vous n'allez pas passer tout le trajet comme ça déjà: on va tous les deux finir par attraper des crampes! Attention... »

Il est vrai que ma position sur le dos de Cheshire n’est pas des plus enviables, mais je m’en accommode. Pour lui par contre c’est différent, voilà un bon moment déjà qu’il me retient avec son bras, il a beau être fort pour son âge, l’exercice doit être pénible à la longue.

« D’accord, c’est une bonne idée! »

Prestement, je tente de ramener ma jambe gauche de l’autre côté de l’animal. À califourchon, je serai plus confortable et surtout, il n’aura plus besoin de me soutenir.

J’ai à peine le temps d’esquisser le geste que deux grandes mains se glissent sous mes aisselles et me soulèvent avec une aisance déconcertante. Hâtivement, j’en profite pour positionner mes jambes, une de chaque côté du reptile, et attendre qu’il me repose, mais au lieu de descendre, je continue mon ascension.

« Hé! »

Rien à faire, il poursuit son mouvement, prenant prise sur les flancs de l’animal avec seulement la force de ses jambes, il tourne son tronc vers l’arrière afin de m’y déposer.

(Ah non! C’est pas vrai!…. pas encore!)

Vive d’esprit, juste à temps, je me contorsionne à mon tour afin de lui présenter mon dos.

« Nan! »

Un mot, un seul, mais qui en dit long seulement par le ton choisi pour le prononcer. Je suis en colère et je ne veux pas m’en cacher, celle-ci est montée en moi de façon inattendue sans que je puisse l’anticiper!

Contrariée, je rumine :

(Qu’est-ce qui lui a pris de me renvoyer à l’arrière?…. Il suffisait que je change de posture et il aurait pu libérer son bras engourdi, pas besoin de me cacher derrière son dos. Il est grand, lui, il aurait vu par-dessus mon épaule!)

Ainsi assise, j’ai l’impression de reculer, mais au moins je vois le clocher s’éloigner de nous, ce qui est plus agréable pour mes yeux qu’une vieille veste de grand-père!

(Tant qu’à faire, je peux appuyer mon dos contre le sien!)

Sans ménagement, je m’adosse rudement contre Gwerz sans me préoccuper de mon carquois ou du trident qui pourraient l’indisposer.

Les larmes coulent de nouveau sur mes joues, mais c’est la rage qui les a libérées cette fois. Je m’appuie un peu plus fortement contre son dos, j’aimerais qu’il réagisse, qu’il s’emporte contre moi, je pourrais ainsi lui crier ma colère sans paraître hystérique ou me sentir coupable par la suite. Mais non! Il ne fait rien. Ou plutôt si, alors qu’il dispose d’un magnifique champ de vision, il n’en profite même pas, la rune sortie de la poche de sa veste violette, il l’examine minutieusement, en tout cas c’est que je crois deviner par les marmonnements qui parviennent à mes oreilles.

Et voilà qu’il se décide enfin à répondre à ma question…Trop rembrunie, je n’écoute qu’à moitié. Ce que j’en retire, c’est qu’il ne sait pas trop ce qu’elle peut faire et qu’une fois de retour chez lui, il fera les recherches nécessaires. Ce sera sans moi, c’est ma dernière randonnée sur le dos de cette bête à écailles froides qui ne possède aucune odeur. Un animal sans la moindre senteur, c’est incompréhensible! Où sont ses glandes? Il n’a pas de musc? Il ne transpire pas? Décidément cette bête n’est pas normale, mais je ne suis pas disposée à approfondir la question. Vivement le jardin, je pourrai enfin descendre de ce perchoir.

Ses explications terminées, il me présente la rune. Je ne fais aucun geste pour la reprendre.

(Si cette chose l’intéresse qu’il la garde. Si la magie peut se tourner contre lui et bien tant pis….. )

(Et puis non, elle m’appartient).

D’un geste tout ce qu’il y a d’indélicat, je m’en empare.

(Si je n’en veux pas alors personne d’autre ne l’aura.)

Je daigne regarder un petit moment les lignes tracées dessus puis je me prépare à la faire rouler par terre.

Juste au moment où la roche allait quitter ma main, je suspends mon mouvement; un oiseau vient de passer sous mon nez. D’un vol aisé, caractérisé par les battements d’ailes lents et par son corps et sa queue formant une ligne droite, il n’est pas intimidé par les humains qui l’entourent. Bien qu’il soit trop petit pour être monté, il mesure au moins dix centimètres. Ce qui est sans doute modeste du point de vue d’un humain, mais qui s’avère assez impressionnant pour une lutine de vingt centimètres comme moi. Seule sa face est blanche, tout le reste, la huppe, le manteau, les ailes et la queue sont d’un bleu intense, parsemés de points noirs et blancs. Ce qui me trouble, ce n’est pas l’aspect de ce remarquable volatile; ni son apparition soudaine dans la rue, le jardin ne doit plus être très loin; mais sa ressemblance avec celui que j’ai recueilli chez moi le printemps dernier.

Il était gravement blessé à l’aile droite. Mon père aidé de mon frère l’ont transporté dans la maison d’où nous l’avons installé sur un lit de paille improvisé près du mien. Sa guérison a été lente et j’ai dû consacrer tous mes moments libres pour en prendre soin. Avec adresse, j’ai caché la présence de mon protégé à mes amis, je ne voulais pas qu’ils me couvrent de louanges pour les soins dispensés à cette pauvre bête puisque j’étais l’être abominable responsable de son état. Je lui avais infligé cette blessure lors de l’un de mes accès de colère où j’avais lancé mon trident à tout vent.

L’apparition d’un oiseau de la même espèce devant moi, au moment même où je m’apprête à me débarrasser de ce caillou magique, me fait réfléchir.

(Je dois me ressaisir immédiatement, je ne dois pas faire d’autres bêtises.)

D’une humeur joviale, de tempérament passionné, impulsive et légèrement espiègle; je deviens très irritable, agressive, odieuse et même exécrable si je ne dispose pas de tout le repos nécessaire. Et c’est justement ce qui m’arrive, ma nuit fut trop courte, mon sommeil trop bref. Il ne pouvait pourtant en être autrement, il n’y avait qu’un lit de disponible et dans sa grande générosité M. Porsal s’est sacrifié pour m’en faire profiter.

(Et voilà que moi, en enfant gâté, je pique une crise parce que je ne profite pas de la meilleure place sur cette monture particulière!)

Prenant enfin conscience de la stupidité de mon comportement, je porte mes bracelets d’écorce à mon nez et je les renifle lentement, cette délicate odeur de forêt me calme. Ensuite, je regarde une dernière fois cette rune et la range dans mon sac.

Honteuse, je prends d’abord une grande inspiration puis je déplace mon carquois et mon trident sur le côté de mon corps afin qu’ils ne gênent plus le lutin. Doucement cette fois, j’appuie mon dos contre le sien.

« M. Porsal….Je… » Il est plus difficile de s’excuser que de manquer de respect, mais je dois aller jusqu’au bout. Je pince mes lèvres, puis j’essaie de nouveau.

« M. Porsal….Je…Je m’excuse,… j’ai été ingrate! »

D’un ton suppliant, je rajoute :

« Et s’il vous plaît, tutoyez-moi! Je ne mérite pas le respect du vouvoiement.»

Dans l’attente de son jugement, je garde le silence et je me concentre sur l’odeur de jasmin que vient de capter à l’instant mon odorat; pas de doute possible, nous approchons du jardin!

--> La Bise d'Ynorie

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 11 Mar 2009 20:25 
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Cantemort déambula des heures dans les rues. La nuit abandonnait le ciel et le soleil se levait. Assis sur le toit d'une bâtisse du quartier Nord, Cantemort admirait le spectacle. Il aimait l'aube. On est seul à l'aube.

(Ne renions pas notre mission. Oh! La mission! Pas d'omissions.)

Il descendit de son perchoir et reprit sa marche solitaire dans les rues. Il passa devant une fontaine et en profita pour enlever son maquillage. Il se pencha sur le rebord, se passa de l'eau sur le visage et frotta comme s'il allait s'écorcher vif. Une fois relativement propre, il se redressa et jeta un œil autour de lui. Les gens, de riches bourgeois pour la plupart, le regardaient avec dédain. Il s'inclina devant eux, ironique.

« A moi et ma mission! Missionnaire débonnaire et débile! »

Cantemort s'assit sur le rebord de la fontaine et réfléchit. Il sortit la boite de maquillage qu'il avait trouvé par terre.

(C'est d'un goût! Goujat, avec ça! Une gueule d'or, voilà bien morne!)

Il en mit une petite quantité sur son pouce, frotta celui-ci contre la fontaine... et se retrouva par terre.

(De la lumière! Que cela me sers!)

Le visage de Cantemort s'éclaira, heureux de sa découverte.

Il resta assis sur la fontaine un bon moment, insensible à ce qui ce passait autour de lui. Quand il se leva, il savait exactement ce qu'il allait faire. Midi pointait et il se dirigeait vers les docks, confiant.

la suite

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 11 Mar 2009 20:35 
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Cantemort se leva et chancela sur quelques mètres avant de se pencher pour vomir. Appuyé contre un mur, il avisa soudain le bruit important de la rue.

(Quel tintamarre! Ça se marre dans la marre! Le matin, le tintamarre, la marre... Beurgh...)

Le jour s'était effectivement levé. Cantemort reprit sa marche tant bien que mal. Il finit par arriver sur une petite place où un banc était placé contre un mur. Il monta sur le banc et saisit le rebord d'un toit plus bas que les autres. Il s'installa sur celui-ci et attendit de dessouler avant de continuer.

La chansonnette du bourré,
Qui est pendu par les pieds.
Il en a bu toute la soirée
Et a finit par tout gerber.


Après quelques heures, il se leva et se dirigea vers le temple de Zewen.

Avant d'y arriver, il se trouva devant une grande maison bien bâtie dont le haut portail de fer était orné d'un dragon en pierre.

(C'est gros.)

Avec cette réflexion en tête, il passa son chemin et, arrivant au bout de la rue, accéda à une ruelle qui donnait sur l'arrière de la propriété. Il escalada le mur et atterrit dans un jardin très bien entretenu.

toujours la suite

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 11 Mar 2009 21:16 
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Cantemort resta à une centaine de mètres de la maison et attendit. La nuit tomba, le marchand, un gros homme habillé de soies de toutes les couleurs, rentra chez lui.

(Ce n'est pas... voilà qui enchante, chante à sa mémoire de pauvre homme simiesque, si miesque qu'il ne tiendra pas trois jours. Magnifique!)

En effet Gontran Thal n'était autre que le bourgeois qui avait ruiné le numéro de Cantemort quelques jours auparavant.

(Je vais devoir me faire moine. Chaussez-vous! Chaussez haut moine!)

Cantemort attendit une heure de plus et ne voyant pas le jardinier sortir, il conclut qu'il devait rester ce soir chez son maître et partit.

(Cela s'engage bien, bienvenue et merci. Si j'insiste. Instable cette table de sable.)

Il grimpa sur un toit et s'allongea. Il s'endormit ainsi.

Il ne se réveilla que le lendemain matin de bonne heure et se dirigea vers la maison d'un certain marchand. En arrivant non loin de celle-ci, il se hissa sur le toit d'un haut bâtiment d'où il avait une vue imprenable sur la maison, et en particulier sur le portail. Il réfléchit une nouvelle fois à son plan, mettant au point les dernière scène.

(Politique et moustiques, pour que d'élégants gants de soie soient gantés en grand. Ding dong, donc d'ac. Des abrutis tristes tissent et pistent les pensées de leurs serviteurs toujours à l'heure.)

Or la bonne arriva fort en retard.

(Crétine. Mais qu'ont-ils tous avec l'horaire?)

Vers midi, le marchand sortit de chez lui pour se rendre au temple. Cantemort le regarda partir et s'installa confortablement contre une cheminée qui trainait là.

Attendons les melons,
Attendons pour de bon!
Attendons et rêvons,
Attendons tous ces cons.
Attendons... et dormons.


Cantemort avait cette formidable capacité à s'endormir n'importe où et à toute heure du jour, rarement de la nuit. Il se réveilla néanmoins peu de temps après, un rêve fort désagréable l'ayant tiré de son sommeil. Bougon, il observa du côté de la maison. Rien ne bougeait. Il resta assis et attendit.

(Les gens ne regardent pas ou peu ou pas du tout vers le haut. Une vie trop triste, une vie trop morne, une vie trop morte. Mort comme la vie. Ils regardent ce qui les intéresse, ce qui les inquiète. Peuh. A moi la belle vie vivante et macabre.)

Cantemort rit de cette vérité, il aimait la vie et la mort. Surtout celle des autres. Il regarda à nouveau la maison. Le jardinier venait d'en sortir et marchait dans la rue. Cantemort le suivit depuis les toits. Le jardinier traversa plusieurs avenues et plus souvent de petites ruelles. Les grandes rues énervaient Cantemort, elles l'obligeaient à descendre et il devait alors marcher dans la boue jusqu'à ce qu'il trouve un endroit où remonter. Le jardinier le mena jusqu'à un quartier moins reluisant où la milice ne s'aventurait que très peu. Il descendit de son toit et héla le jardinier.

« Eh! Alors mon pote comment ça va bien et toi? Toujours jardinier? Nie le donc dors et déjà j'attends. »

Le jardinier le regarda sans comprendre un mot de ce qu'il disait. Quand Cantemort le prit par l'épaule et l'entraina dans une rue plus sombre, il n'eut pas même le présence d'esprit de se dégager. De toute évidence, il n'était pas très malin et cela amusait énormément Cantemort. Le jeune homme portait un tablier taché de terre et avait un vieux chapeau de paille posé sur la tête.

« Si on parlait? Comment tu vas?
_Bien monsieur. Merci. »

Le jardinier avait parlé très bas. Il avait peur cela crevait les yeux mais il ne semblait pas décidé à s'enfuir.

« Il est chouette ton chapeau. Ça fait très jardinier.
_Merci monsieur. J'aime le vôtre aussi.
_C'est vrai? Tiens je te le prête.
_Merci monsieur. »

Le jeune homme commençait à se sentir plus à l'aise, il prit le bicorne des mains de Cantemort et le mis.

(Dans le bon sens! Sans mentir il me plait, plaidons pour et partons.)

Il déclara avec une certaine tristesse dans la voie :

« Tu sais, je t'aime bien mais je vais devoir te tuer. »

Le jardinier ne comprenait visiblement pas, ses yeux s'agrandirent et la peur se lisait sur son visage.
Il ne cria même pas lorsque le couteau de Cantemort s'enfonça dans son ventre.

« Désolé mon pote, pot au feu, feu de joie et de tristesse. »

Cantemort traina le corps jusqu'à un petit accès vers les égouts et le jeta à l'intérieur, puis il ramassa le chapeau du jardinier et retourna à la maison du marchand d'un pas rapide.

L'après-midi touchait à sa fin et le soleil disparaissait derrière les hautes demeures de la ville lorsque Cantemort réinvestit son toit et rangea le chapeau du jardinier à côté de la cheminé qui lui servait de fauteuil, puis il attendit.

Assis sur mon toit,
Assis seul sans toi.
Couché en accord,
Couché et bien mort.


(Nul comme chanson, sont pas drôles ces drôles. Trop sérieux trop mielleux trop s'émeut.)

Il entama, pour se remettre en joie, sa fameuse chansonnette du bourré.

(Prochaine étape on s'en tape, tapote un peu et se meurt, sans problème même la vieille.)

La nuit était tombée lorsque la bonne sortit enfin de la grande maison. Elle se marchait d'un pas rapide de par les rues et Cantemort suivait.

(Et elle tourna, marcha, vira, tourna ,tourna, tournicota, tournoya tournoyant se noya en tournant.)

Cantemort sauta de son toit, celui d'un appentis qui se trouvait à peine à hauteur d'homme et atterrit juste derrière la bonne.

« Excusez-moi madame. »

La vieille se retourna et le regarda d'un air soupçonneux avant de reconnaître Gontran de Graillasse. La surprise se lut sur son visage avant qu'elle ne réponde en papillonnant :

« Oui je... Euh... Vous désirez?
_Vous papillonnez.
_Pardon?
_Vous papillonnez et c'est fort dommage. »

Le visage de la bonne se décomposa de peur et elle parut vouloir s'enfuir.

« Allons, ne nous compliquons pas la tache, tachons de moribonder en adultes s'il vous plait. »

Cette fois, portée par ses jambes frêles, elle se retourna et tenta de courir. Cependant Cantemort était bien évidemment plus rapide qu'elle. Il sauta sur son dos, la renversant. La bouche de la vieille dame s'ouvrit sur un hurlement muet.

Cantemort traina le cadavre sur le toit de l'appentis puis sur celui d'un bâtiment plus grand. Il l'abandonna là, la gorge ouverte, à la merci des charognards.

Il retourna sur le toit à côté de la maison du marchand et s'installa pour la nuit, heureux de découvrir que le chapeau du jardinier était toujours là.

Un moineau à col rouge qui sautillait avec grâce sur la pente escarpée de l'un des nombreux toits qui coiffaient la belle cité de Kendra Kâr picorait à son aise quand il entendit un gazouillement lointain. Il répondit à celui-ci avec toute la beauté de son chant et finit cloué sur le toit par le couteau de Cantemort.

(Foutus piafs! Piaffer donc tant qu'il vous plaira mais piaffera bien qui piaffera le dernier! Pouf paf en avant pour une nouvelle belle rebelle journée!)

Il observait la maison depuis que les oiseaux l'avaient outrageusement réveillé. Le marchand venait de partir au temple et Cantemort se préparait. Il descendit de son perchoir et, non sans un dernier regard noir en direction des quelques oiseaux encore présents, se dirigea vers le portail. Il frappa un grand coup et attendit.

le suite la résurection

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 11 Mar 2009 21:21 
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Le feu prit bien. Quelques minutes plus tard la maison flambait toute entière. Son isolement empêchait le feu de se répandre à tout le quartier. Une foule nombreuse s'était rassemblée devant la maison, contenue par une troupe de miliciens.

Au feu la milice, la maison qui brule.
Au feu la milice, y'a maman qui hurle.
Au feu! Au feu! Au feu au feu au feu!


Profitant du spectacle, Cantemort ne repartit vers les docks que quelques heures plus tard.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 25 Mar 2009 21:14 
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Arpentant les rues comme elles venaient, les yeux fixés sur le sol, les pensées à des lieues de la ville, Cantemort se perdit, évidement. Il releva la tête et regarda autour de lui. Il se trouvait dans une rue comme il y a tant a Kendra Kâr. Il grimpa sur les toits et se dirigea vers le soleil couchant.

Marchons, polisson,
Errons, hérisson,
Ramons, ramonons.


(Pourquoi je chante ça? Nul.)

Il progressait au-dessus des maisons. Au-dessus de ce que la plupart des gens avaient de plus haut, et il aimait beaucoup ça. Il se sentait supérieur, d'une plus magnifique grandeur.

(Il s'amusent de peu ou prou pas très haut. Finalement.)

Il arriva devant, ou plutôt sur, une auberge et continua vers le bâtiment de la milice. Une fois arrivé à une dizaine de mètres de ce dernier, il descendit dans l'une des nombreuses ruelles qui partaient de l'avenue plus importante qu'il surplombait. Il revint sur celle-ci, cette fois au milieu de la foule et se dirigea vers son but. Une fois devant il s'adossa à un mur et attendit.

Chaque milicien qui sortait du bâtiment saluait les gardes avant de se fondre dans la foule. Souvent, ils se séparaient dès qu'ils étaient sortis, ce qui permettait à Cantemort, de sa place et la plupart du temps, d'entendre leurs noms. Néanmoins, certains faisaient un bout de chemin ensemble et il devenait alors impossible pour lui de connaître leur identité sans les suivre, et il ne pouvait alors plus surveiller l'entrée.

(Dilemme et boule de laine! Je reste là, je verrais bien!)

Plusieurs hommes en uniforme sortirent et aucune fois le doux nom de Théodore ne résonna dans la rue bondée.

Celui de Fitz lui, fit sursauter Cantemort lorsqu'un officier à la carrure imposante le beugla. Un homme d'une trentaine d'année se retourna vers ce-dernier, la mine terriblement fatiguée. L'officier poursuivit :

« Fitz, où diable est ce rapport? L'inspection de cet entrepôt remonte à plus de deux jours et la liste de son contenu, je ne l'ai toujours pas! Quand contez-vous me la remettre?
_Pardon monsieur! s'écria le dénommé Fitz en saluant son supérieur. Le rapport vous sera remit demain monsieur!
_Et quelle excuse allez-vous encore trouver Fitz?
_Monsieur, je suis désolé monsieur, mais j'étais en ronde ces derniers jours et mon autre emploi me prends également beaucoup de temps monsieur!
_Disposez! Et ramenez-moi ce rapport demain Fitz. Si cela venait à ne pas être le cas, vous auriez de sérieux problèmes!
_Bien monsieur! Pardon monsieur! »

Cantemort était tout ouïe sans le laisser paraître. Fitz était grand est musclé, mais pas imposant. Il avait les cheveux noirs de même que les yeux.

(Ainsi ce brave milicien travail en plus. Il manque d'argent, il est fatigué, il est parfait.)

Fitz se retourna après avoir salué son supérieur et marcha d'un pas rapide dans la rue. Il emprunta les ruelles pour arriver chez lui et Cantemort le suivit. A un carrefour, le milicien stoppa, comme s'il ne reconnaissait pas l'endroit. La rue dans laquelle il se trouvait était empruntée par seulement quelques passants, ce qui contrastait énormément avec la marée humaine de la rue où se situait la milice. Il poursuivit néanmoins son chemin en haussant les épaules. En tournant dans une rue, il fut assaillit par un gamin, pas plus haut qu'un hobbit aux cheveux blonds. Cantemort se dissimula et observa. Fitz joua un moment avec l'enfant avant de le faire rentrer dans une maison où une belle femme blonde elle aussi, attendait, sur le seuil. Fitz lui fit signe et avança vers elle mais s'arrêta soudain et regarda derrière lui. Cantemort se fit le plus petit possible. Le milicien détourna finalement les yeux et embrassa sa femme avant de repartir, probablement vers son autre travail.

(La belle famille, la grosse chenille. Le gamin blond, la mère immonde. La grosse famille!)

Cantemort suivait toujours le milicien quand celui-ci s'arrêta encore une fois et regarda autour de lui avant de choisir une ruelle sombre où personne ne passait. Il avançait calmement, sans se presser le moins du monde. Cantemort accéléra, le rattrapant petit à petit sans faire de bruits, sa dague à la main. Il était trop heureux de pouvoir finir sa mission rapidement. Ses yeux scintillaient comme deux saphirs. Quand il arriva à sa hauteur, il tendit la main pour la lui plaquer sur la bouche... et Fitz la saisit avant de la tordre pour immobiliser Cantemort. Celui-ci se retrouva à genoux, le bras sous la torsion du milicien, avant de pouvoir réagir. Son bicorne était tombé à côté de lui.

COMBAT CONTRE FITZ

Les deux hommes se regardaient tandis que les yeux de Cantemort devenaient noires. Il était terriblement déçu.

« Pourquoi tu me suis toi? »

Comme Cantemort restait mué, le visage crispé sur une grimace de haine, le milicien augmenta la torsion qu'il appliquait sur le bras de Cantemort. Celui-ci ne réagit même pas, il était fou de rage. Comment ce crétin pouvait-il saboter son plan génial sans aucun état d'âme?

(Peuh... Bien parti bien attrapé. Aucune classe!)

« Réponds! Pourquoi me suivait-tu? »

Cantemort se mura dans le silence comme en un château. Cependant, les coups de bélier sur son bras commençaient à devenir plus que douloureux. Il chercha discrètement à sa ceinture sa boite de fond de teint pour tenter d'aveugler le milicien. Ce-dernier le vit et tordit encore un peu plus le bras de Cantemort, tout en passant derrière lui. Désormais totalement incapable de bouger sans souffrir atrocement, Cantemort était bloqué. Seul son bras libre était encore mobile.

« Juste... reprendre mon chapeau.
_Joue pas au malin!
_Après je parle. »

Cantemort tendis la main et attrapa son chapeau. Le milicien, sûr de sa supériorité, le laissa faire. Cantemort pris son chapeau avec sa main libre, et le leva lentement vers sa tête. Les dorures sur les bords captaient la lumière du soleil couchant. Le chapeau brillait, le visage de Cantemort aussi. Le couteau aussi d'ailleurs.

Cantemort le saisit, et l'envoya en arrière sur le milicien. Celui-ci poussa un cri de surprise et recula en regarda le manche en métal qui dépassait de son bras droit. Cantemort se releva en balançant son bras d'avant en arrière. Il posa son chapeau au sol, ramassa sa dague et fit face au milicien. Celui-ci dégaina un sabre court d'environ cinquante centimètres de longueur et se mit en garde.

(Il veut se battre, je l'envoie paitre en paix!)

« Alors? On se bat? »

Les yeux de Cantemort redevenaient bleus tandis qu'il souriait à son adversaire. Fitz s'approcha lentement et tenta de le toucher à plusieurs reprises mais Cantemort esquivait sans cesse.

(Grande allonge, ça me ronge. L'approcher pour tuer.)

En effet l'arme du milicien lui donnait l'avantage dans un combat classique. Cantemort sortit quelques couteaux et en lança deux coup sur coup. Le premier fut aisément évité par Fitz mais le deuxième lui effleura l'épaule. Cantemort lança encore un couteau qui atterrit aux pieds de sa cible. Celle-ci jeta un rapide coup d'œil et, en relevant la tête, encaissa un direct en pleine mâchoire. Il recula en titubant et Cantemort voulut pousser son avantage. Il leva sa dague mais Fitz se ressaisit bien plus vite qu'escompté et le poète chuta, emporté par la jambe du milicien.

Fitz retourna son sabre et le planta dans la terre, à l'endroit où la tête de Cantemort se serait trouvée si ce-dernier n'avait pas effectué une roulade pour se relevé plus loin et lancer un couteau droit dans la jambe du soldat. Cantemort sourit, enfin cet homme l'amusait. Pas trop tôt!

Fitz ne criait pas, il se retenait à chaque blessure pour ne pas donner ce plaisir à celui qui le regardait en souriant. Il retira le couteau dans sa jambe, et ne put retenir un gémissement, ce qui déclencha l'hilarité de Cantemort. Toujours ce rire froid, glaçant. Encore penché sur son sabre, Fitz respirait fort et semblait souffrir de son épaule, dont il n'avait put retirer le couteau. Cantemort s'approcha lentement et tourna autour de Fitz, observant. Puis il chargea. Le sabre du soldat ne rencontra que le vide et l'homme, déséquilibré, dut faire quelques pas pour se redresser. Cantemort profita de ce répit pour ré-attaquer, feintant à nouveau. Cette fois cependant, Fitz se remit sur ses appuis et anticipa la feinte de Cantemort. Le barde ne dut qu'à une esquive tardive de ne pas se faire décapiter. Il récolta à la place une belle estafilade à l'épaule.

Fitz suivit le mouvement de Cantemort et, ne soufflant plus, enchainait les bottes à une vitesse telle que Cantemort dut de nombreuses fois à des réflexes inconscients de rester en vie.

(Il m'a bien eut encore une fois. Malin marin. Pas fatigué, mais bien feinté.)

Le sabre multipliait les blessures légères, lacérant le costume de Cantemort. Celui-ci enrageait et tentait en vain de se dégager. Fitz s'accrochait à lui comme à la vie et le poussait dans ses derniers retranchements. Néanmoins, il souffrait à la jambe et faisait des efforts terribles pour ne pas s'arrêter.

Au milieu de la pluie de coups qui s'abattait sur lui, Cantemort vit une faiblesse dans la garde du milicien. Il plongea sous sa garde et lui enfonça sa dague dans la jambe. Fitz cria et les deux adversaires reculèrent.

Une fois relativement à l'abri, Cantemort se rendit compte que son bras gauche soufrait d'une entaille particulièrement profonde et qu'il était blessé à de nombreux autres endroits. Fitz quand à lui, si ses blessures à l'épaule et à la jambe le faisaient souffrir, n'en montrait rien. Cantemort avisa son bicorne et deux de ses couteaux dans un coin. Il s'en approcha lentement, rengaina les couteaux et replaça son chapeau à sa place d'honneur.

(((fin)))

On se reverra et se trucidera
Se saignera, se haïra.
La belle famille,
Une bonne broutille.
Le sacrifice,
Ta femme ton fils.


Sur ce, il se retourna et partit en courant à travers la ruelle. Il ne fuyait pas, il savait exactement où il allait. Fitz hurla en boitant vers lui :

« Non! Ne les touche pas! »

Cantemort s'arrêta à un carrefour qu'il reconnaissait et se maquilla en toute hâte avant de reprendre sa route. Fitz ne pouvait suivre avec sa jambe blessée.

la suite

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 1 Avr 2009 15:45 
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A peine as-tu le temps de faire quelques pas dans la rue que tu entends dans ton dos une exclamation autoritaire:

" Hé vous, là-bas! "

Manque de chance, ou vilennie du vieux fourbe qui te sert de maître, toujours est-il que la patrouille t'a rattrapé: une fière équipe de quatre miliciens, véritables héros épiques à la bedaine pendante, vrillent ton dos de leurs regards hagards. Pour les décrire simplement, on peut dire qu'il s'agit de grouillauds de base: deux novices, et deux anciens, vêtus sobrement de la tunique renforcée de la milice, équipés chacun d'une hallebarde qu'ils semblent avoir du mal à retenir. Une épée courte pend à leur côté. Bref du pur, du dur, du soldat Kendra-Kârien!
Malheureusement pour toi, ton accoutrement ne passe pas inaperçu, et l'un des gardes s'écrie:

" Chef! Regardez sur sa tête! Un bi... Un biqu... Un bicrône!! "

Quatre paires d'yeux te transpercent de leur regard, ou plutôt transpercent ton bicorne. Leur chef, l'un des grisonnants, avec un air cependant plus intelligent que le restant de la vaillante troupe, lui répond (avec un manque évident de bon goût):

" T'as raison, soldat! Seul un déséquilibré peut avoir une telle mocheté sur la tête! C'est notre homme! Compagnie, en avant! "

Avec une précision et un ordre dignes d'un défilé, la petite troupe se précipite vers toi.


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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 1 Avr 2009 19:15 
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Cantemort s'arrêta brusquement lorsque le milicien beugla. Trop tard. La patrouille était arrivée et il n'avait pas eut le temps de s'enfuir. Cantemort ne s'était jamais fait prendre, pas une fois au cours de sa vie, néanmoins, il savait ce que représentait la milice pour quelqu'un comme lui, si il en existait un autre comme lui. Il se retourna lentement, une grosse goutte de sueur coulant le long de sa joue. Il fit face aux hommes de la garde et ne put retenir un fou-rire.

(La patrouille ces citrouilles? Bien dodus, jeunes perdus!)

Il riait à en perdre haleine, plié en deux, quand l'un des hommes fit une remarque fort désobligeante sur son bicorne. Soudain, son rire cessa et il releva la tête, un sourire crispé aux lèvres et les yeux plus noirs que la suie.

« Un bicorne jeune homme. Ceci vaut de l'or or œuvrons pour votre gloire ordinaire. »

Cantemort, pris de fureur et oubliant son bras gauche for douloureux, dégaina sa dague et trois couteaux. Il lança le premier sur le vieux bedonnant qui avait insolemment insulté son chapeau.

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Dernière édition par papouic le Jeu 2 Avr 2009 22:13, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 2 Avr 2009 21:53 
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Dirigé de Papouic


S'il y a bien une chose à laquelle ne s'attend pas une patrouille de milice de quatre soldats, armés et un tant soit peu entraînés, c'est qu'un uluberlu esseulé se lance à l'attaque. C'est donc avec un air ahuri que le soldat sur lequel tu as lancé ton couteau se jette à terre, et évite de justesse une vilaine coupure. Ses compères, sous le choc de voir quelqu'un attaquer au lieu de fuir, marquent un léger temps d'arrêt.

Cependant, alors que l'auteur du crime de lèse-bicorne se relève, l'attitude de tes adversaires change du tout au tout: sortis de leur torpeur, c'est rouge de colère et une lègère écume au coin des lèvres qu'ils s'élancent vers toi, leurs hallebardes te chargeant dangereusement la poitrine.

Dans un silence presque religieux, et avec une rapidité surprenante, ton destin fut scellé. Mais revoyons la scène au ralenti. Tout d'abord, plantons le décor: une rue classique, tout ce qu'il y a de plus modeste, le soleil couchant, quatre gardes et toi. Les costumes et les accessoires: un accoutrement d'arlequin pour toi, ainsi qu'une dague et quelques couteaux. Pour les gardes, les sobres tuniques, des hallebardes redoutables et des épées.
La palpitante action: un des jeunes gardes, plus rapide que les autres, est le premier sur toi. Maniant assez peu habilement son imposante hallebarde, sa tentative d'empalement échoue, cependant il est emporté par son élan, et le long manche de l'arme te heurte violemment l'épaule. Manque de bol, à côté de ta blessure. Un craquement sinistre retentit, et de douleur, tu tombes à genoux. Pendant ce temps, le soldat qui t'a frappé s'écroule par terre derrière toi, empêtré dans ses armes.

A peine as-tu le temps de reprendre ton souffle que trois pointes aiguisées te taquinent la pomme d'adam. En clair, tu es fait. Un geste brusque et tu peux dire adieu à ta jugulaire.

Le chef de la patrouille, essoufflé de sa petite course dans les rues, te signifie hargneusement:
" T'es en état d'arrestation. Pour attaque sur officier de milice, et en prime, t'es suspecté de plusieurs meurtres. En gros mon poteau, tu vas rester à l'ombre un sacré petit moment. "
Se tournant vers sa fière équipe, il conclue en s'écriant:
" Allez les gars, on l'embarque, lui et son bicrône! "

Le jeune garde s'est relevé, et histoire de faire bonne mesure, et certainement pour éliminer toute potentielle résistance de ta part, te flanque un bon coup de plat de l'épée dans la nuque. Bonne nuit mon petit Cantemort!


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