~~>Temple de GaïaCela fait une heure que je cours en direction de l'est, le soleil se couche dans mon dos et je suis épuisé. Je m'arrête pour reprendre mon souffle. Maintenant que j'y pense, je dois être recherché dans toute la région. Et vu que j'ai tué l'autre, ça ne va pas arranger mon cas. Un bruissement me fait tressaillir, je me retourne en saisissant mon épieu de chasse légèrement raccourci. Le bruit vient de ce buisson, une goutte de sueur coule le long de mon visage. La tension est à son comble, la peur me tenaille l'estomac. Sur quoi je vais tomber, un rôdeur, une bête sauvage, des soldats à ma poursuite ou... Je m'effondre par terre, un lapin, j'ai eu peur d'un vulgaire lapin. Je soupire de soulagement et je pars dans un fou-rire incontrôlable. Le lapin, toujours devant moi, me regarde intrigué. Je reprends la maîtrise de moi et je lui dit :
"Je suis sûr que tu es le lapin que j'ai raté la dernière fois."Puis je ramasse un caillou que je lance dans sa direction et celui-ci détale aussitôt. Je me relève et continu ma route, mais avec plus de calme. Cette rencontre m'a permis de constater mes faiblesses. Si je veux tuer les personnes qui mon volé ma vengeance je dois absolument devenir plus fort. Pour cela je dois me concentrer sur une seule chose et arrêter de faire le malin, ça ne m'a rien apportée de bon. Je dois être efficace et réfléchir plus, ce qui risque d'être difficile. Cette fille qui m'a sauvé, a voulu me tuer, donc je ne dois faire confiance a personne. En gros je vais m'instaurer un règlement à suivre :
1. Moral et honneur, c'est pour les faible.
2. Choisir le moyen le plus simple, le plus rapide et le plus efficace possible en toute situation.
3. Ne faire confiance à personne, car on est seul et on le restera.
4. Savoir utiliser les gens à son avantage.
5. Être opportuniste.
La nuit est tombée et je n'y vois pas à deux mètres, mais je n'ai pas peur. J'ai toujours été plus rassuré par l'obscurité. Dès que je suis plongé dedans, une bouffée d'assurance s'empare de moi et je suis beaucoup plus réceptif à ce qui m'entoure. Tout en marchant je regarde en l'air pour ne voir que le feuillage des arbres, puis les étoiles apparaissent tout à coup. Je m'arrête surpris et je regarde autour de moi. Derrière, la forêt que je viens de quitter, cent mètres plus loin j'aperçois les remparts d'une ville avec des braseros se situant à chaque tour de garde. Je suis certain qu'il y a des archers posté un peu partout. Je jette un coup sur ma droite et j'aperçois une route de terre battue grâce à la lune qui éclaire pas mal. Je me dirige vers celle-ci et je prends la direction de la ville.
Sur la chemin je m'arrête brusquement. Comment j'ai pu oublier ça ? Je me frappe le front de frustration. Les gardes doivent avoir mon signalement, si je débarque en pleine nuit devant la porte, même s'il y a des chances qu'ils ne reconnaissent pas mon visage dans le noir, cela risque d'être suspect et je vais me faire arrêter. Et là, à coup sûr, ils vont me reconnaître et à moi la joie de me balancer au bout d'une corde. Je n'ai pas trente-six choses à faire, pour rentrer je dois changer d'apparence. Pour les vêtements, cela devrait aller, beaucoup de voyageur on des habits sales, je n'aurai qu'à dire que j'ai croisé un bandit sur le chemin et qu'il n'a pas eu de chance. Le plus difficile sera de changer de tête. Je me touche la barbe pour réfléchir. Déjà, je vais me raser et me raccourcir les cheveux, ensuite je dois trouver une marque comme un tatouage ou une cicatrice. Pour les cicatrices, ce n'est pas trois éraflure sur le visage qui va suffire et je ne pense pas qu'il y a un tatoueur dans le coin à part à l'intérieur de la ville. Je n'ai plus qu'une solution, efficace, simple, rapide et de plus, radical. Je prends mon épieu et je dirige la pointe vers mon visage. Je prends une grande inspiration en me préparant à la douleur que je vais ressentir. Au moment où j'allais conclure, j'entends le hennissement d'un cheval. Je me retourne et je vois arriver une petite caravane se dirigeant vers moi. Une idée germe dans mon esprit. Pourquoi je n'ai pas pensé à cela aussi ? Dire que j'étais sur le point de m'éborgner. Je me jette sur le côté et je me cache dans les herbes. La caravane passe devant et je me précipite à l'intérieur sans me faire remarquer par le conducteur. Je m'allonge, soulagé d'avoir pu rentrer aussi facilement. Je m'assois et je commence à inspecter les lieux. Il y a quatre coffres et je me demande ce qu'il peut bien avoir dedans. Je les inspecte un par un, mais ils sont tous cadenassé, sauf le dernier contenant un bouclier en bois.
La caravane s'arrête brusquement puis j'entends une voix grave débordant de fierté dire :
"Halte-là étranger, les portes sont fermer la nuit tu ne peux passer."
Je me dis que ce garde doit-être très lourd. Une voix fatiguée lui répond, sûrement celle du conducteur.
"Je dois livrer de l'équipement à la milice d'Eniod, ne m'importune pas avec t'es grand air et ouvre-moi cette porte que je puisse aller dormir.""Ne me parle pas sur ce ton manant, je vais inspecter ta caravane et tu viendras avec moi en salle de garde."
Bon, m'ont plan est sur le point de capoter. Je prends mon épieu et je me mets face à l'entrée dans le but d'embrocher la tête du soldat et m'enfuir en courant. J'entends des bruits de botte longer la caravane et étrangement je n'ai ni peur, ni tendu, mais je ressens une profonde déception que mon premier plan plus ou moins intelligent échoue aussi lamentablement.
"Kirhlm, tu nous fais quoi là ?"Les bottes font demi tour et elles se précipitent vers la porte.
"J'inspecte ce malandrin qui..."
"Idiot !""Ah, Jyrtlim, dis-moi, ils sont un peu plus idiot chaque année t'es recru.""Tu es en retard Olgur.""Je sais, mais une roue m'a lâché et j'ai dû la remettre tout seul.""Bon, aller passe, mais la prochaine fois tu restes dehors. Kirhlm rends-toi utile et va ouvrir cette porte."J'entends le grincement de la porte. Je jubile intérieurement, pour une fois que je réussis un tour de force pareille. Le caravane ce remet en route et j'attends un peu avant de sortir. Je saute hors de la voiture en emportant le bouclier en souvenir. Et voilà, je suis à Eniod, plus qu'à trouver un endroit où dormir
~~>Les Ruelles d'Eniod