L'Univers de Yuimen déménage !


Nouvelle adresse : https://univers.yuimen.net/




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 20 messages ]  Aller à la page 1, 2  Suivante
Auteur Message
 Sujet du message: Temple de Yuia
MessagePosté: Mer 29 Oct 2008 14:50 
Hors ligne
Admin
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 26 Oct 2008 15:46
Messages: 13910
Temple de Yuia


Image


Voilà plusieurs siècles que ce col est abandonné. Les locaux ont tous leur version ! Certains parlent d'une colonie de harpies, d'autres de mages noirs qui auraient trouvé ici un refuge, ce serait le fruit d'une malédiction pour une autre partie. En clair, les rumeurs vont bon train, et personne ne sait vraiment ce qu'il s'y trouve. Ils vous déconseilleront d'y aller, vous indiquant avec plaisir un autre chemin plutôt que celui-là.

Le véritable accès est rocheux, souvent enneigé et difficile à gravir. Depuis Amaranthe, en compagnie d'un montagnard, il vous faudra huit heures sans pause pour arriver à l'endroit le plus intéressant. Sans montagnard, il vous en faudra le double et beaucoup de chance pour ne pas vous perdre. Au bout de cette longue marche, vous arriverez aux ruines d'un temple. Huit piliers, dont deux écroulés, maintenaient jadis un toit en coupole et couvraient une porte désormais écroulée.

Attention, lorsque les dieux abandonnent une de leurs maisons, les créatures s'en emparent...

_________________
Chibi-Gm, à votre service !


La règle à lire pour bien débuter : c'est ICI !
Pour toutes questions: C'est ici !
Pour vos demandes d'interventions GMiques ponctuelles et jets de dés : Ici !
Pour vos demandes de corrections : C'est là !
Joueurs cherchant joueurs pour RP ensemble : Contactez vous ici !


Haut
 

 Sujet du message: Re: Temple de Yuia
MessagePosté: Mar 28 Juin 2011 16:50 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 23 Nov 2008 18:45
Messages: 2879
Localisation: L'île des colliers maudits
J’aurais pu m’extasier devant cet édifice si son état de ruine n’était pas si triste et écrasant. La splendeur passée du temple s’effaçait dans les cassures, les dalles brisées, les murs de pierre en partie effondrés, les moulures érodées et les statues détruites. Un vent glacé soufflait sur la montagne et s’engouffrait dans le ravin longeant la gauche du bâtiment.

Je m’approchai des portes monumentales de l’entrée. L’une d’elle était entrebâillée avec les gonds complètement rouillés tandis que l’autre était brisée, en plusieurs morceaux jalonnant le sol. Je décidai de mettre en œuvre le plan que j’avais pour en savoir plus sur l’abandon du temple. Les portes, surtout par leur état délabré, me paraissaient appropriées pour cela. Je m’accroupis devant un monticule de neige dans un angle du parvis ombrageux et plongeai mes mains dedans, jusqu’à atteindre la couche de gel en profondeur.

(Normalement, les glaces du dessous font parties des neiges éternelles. Elles existent depuis des décennies. Je devrais avoir accès à l’évènement de la fin)

Mobilisant mes fluides, j’allai chercher en moi les mécanismes que le parchemin avait inscrit. Alors tout alla très vite. L’environnement était suffisamment chargé de magie pour que je n’épuise pas mes réserves. Mes fluides furent le relais de mon esprit et ils fusionnèrent avec la glace que je touchais. Soudain, mes sensations n’étaient plus juste un froid mordant au bout des doigts, mais des sons, des images. C’était confus et flou, mais c’est comme si je feuilletai un livre à toute vitesse, chargé de mille données difficilement perceptibles. Puis d’un coup, j’arrêtai de ce défilement indécis. Mes fluides s’étaient accrochés à la page la plus chargée et les images gagnaient en netteté. En quelques secondes, je découvris une scène surprenante.


Des cris, la panique… Deux hommes sortent, pressés. Leurs tenues indiquent des prêtres ou des apprentis. Un son bestial retentit, terrifiant les deux protagonistes. Il était difficile à définir, une sorte de rugissement mêlé à la puissance vocale d’un grognement d’ours et au timbre chargé d’une avidité sanguinaire. Le plus âgé sortit une gemme argentée et se posta devant une petite stèle incrustée dans le mur à coté des portes. Le plus jeune cria d’un ton alarmiste.

« Il faut déclencher le Permafrost ! »

« Pas encore. Il y a du monde à l’intérieur. Ils… »

« Ils sont déjà condamnés ! La bête s’est libérée et sa violence est sans limite. Si on ne la bloque pas maintenant, on est perdu. »

« Vous pouvez partir si vous voulez, j’activerai le piège au dernier moment. »

« Maître, vous n’y pensez pas ! Allez, donnez moi cette clé. »

Il tenta d’arracher la gemme des mains de l’autre prêtre qui s’y opposa farouchement. Dominant la lutte, il la glissa dans une poche de sa bure.

« Vous êtes fou ! »

Tout à coup, une ombre velue passa, fracassant un battant des portes. Un geste éclair balaya le plus jeune pour l’envoyer valsé à trois mètres de là, l’épaule démolie par trois sillons de griffe très profonds. La forme bestiale était trop proche de la glace partageant avec moi son passé, si bien que je ne distinguai rien d’autres qu’un flou noirâtre. Les cris, par contre, étaient bien perceptibles. Le jeune adepte hurla de douleur et de terreur et sa voix s’estompa, laissant penser qu’il prenait ses jambes à son cou. L’ainé, lui, fut figé par la peur quelques instants avant de crier à gorge déployée et d’être subitement coupé par un bruit mat et un son d’écoulement répugnant. Le monstre grogna avant d’étouffer son souffle rauque. On aurait dit qu’il venait de mordre dans quelque chose… Ou quelqu’un. Des mouvements rendirent la scène plus floue encore, puis les pattes de la bête s’éloignèrent. Je pus apercevoir une queue écailleuse se balancer avant qu’elle disparaisse à l’intérieur du temple. Une trainée pourpre entachait le sol d’une trace macabre et une tête reposait sur une neige rougissant à vue d’œil. Le corps n’était pas en vue et je m’imaginai déjà la triste réalité.



Choqué, je sentis le lien avec la glace s’estomper. La vision s’évanouissait dans un brouillard blanc et le présent reprenait ses droits, me ramenant dans mon corps. Remué par ce tableau des évènements passés, je m’assis sur le sol gelé pour me calmer et réfléchir. Profitant de la faculté des mes vambraces, je croisai les bras pour avoir l’esprit plus clair.

(Bien. Je ne sais donc pas ce qui protège les lieux, mais un monstre s’en est échappé. Il a bien pu s’enfuir, mais je pense qu’il est encore là. Il a ramené le corps à l’intérieur, probablement pour le dévorer plus tard. Cela signifie qu’il a fait du temple sa tanière. J’ai une maigre chance qu’il soit mort depuis, mais les créatures de ce genre ont une forte tendance à vivre plus longtemps que les hommes… J’ai vu un pelage, mais la queue était écailleuse. Enfin, en y repensant plus calmement, c’était de grandes écailles noires et luisantes, un peu comme la carapace des scarabées. Mi-mammifère mi-insecte ? C’est vraiment étrange. En tout cas, la bête est rapide, puissante et immense. Je l’ai mal vue, mais elle doit atteindre facilement trois mètres au garrot. J’aurais du mal à la vaincre si elle est sur mon chemin.)

Mon inquiétude allait croissante et j’avais du mal à me convaincre que mes pouvoirs suffirait. Changeant de sujet pour éviter une panique inutile, je me concentrai sur l’histoire du Permafrost. J’avais déjà entendu ce nom dans le passé, dans le temple de Yuia à Kendra-Kar.

(Alors… C’était… Dans la lutte entre Yuia et Meno pour Nosvéris. Voyons voir… le prêtre parlait du sol, la réserve de glace… Non, ce n’est pas ça. Face à l’incandescence de Meno qui dévorait la terre pour la réduire à l’état de lave bouillonnante, Yuia avait usé d’une technique puissante. Elle avait emprisonné une grande partie de l’île dans une gangue de glace si intense que la lave se cristallisa en roche en un instant. Oui, je crois bien que c’est ça. Ils… ils ont du nommer leur système de défense ainsi en hommage. Et ce système de défense vise l’intérieur du temple et serait fatal à tous ceux à l’intérieur. Il doit sûrement provoquer une vague de froid immense.)

Ce Permafrost titillait ma curiosité, mais je ne pouvais me baser dessus. Je ne savais pas si la magie des lieux permettait encore son déclenchement. Il faudrait ensuite trouver le cristal-clé à l’intérieur sans se faire découvrir par la bête et sortir pour le mettre en route et la tuer.

(Et outre le fait qu’il me faudrait une chance de cocu pour réussir, Je ne connais pas les effets exacts du Permafrost et j’empêcherai sûrement toute exploration des ruines par la suite…)

Le désespoir attendait à ma porte, mais je ne me laissai envahir par celui-ci. Je me relevai, pris mon arme en main ainsi qu’une nouvelle torche allumée dans l’autre et entrai d’un pas lent dans le temple.

(Je trouverai une autre solution.)


(((GM8 m’a fait les jets de dé par msn pour le sort rp : 93 pour le lancement du sort, 85 pour « maitre des fluides », réussite les 2 fois)))

_________________
Image
* Lillith, humain, Aurion et Cryomancien nv23 *
En mission pour les Amants de la Rose Sombre


Feu Ellana : morte dans les flammes du Purgatoir, hantant les lieux à jamais
et arborant ses tendancieux 6969 messages dans les archives de Yuimen


Haut
 

 Sujet du message: Re: Temple de Yuia
MessagePosté: Ven 1 Juil 2011 18:40 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 23 Nov 2008 18:45
Messages: 2879
Localisation: L'île des colliers maudits
Ma torche complétait judicieusement les rais de lumière qui traversaient le toit en ruine et m’offrait une vision globale de l’énorme nef du temple. Quelques colonnes étaient encore debout, mais la plupart avaient chu par la violence de la bête ou par le délabrement ambiant. Le sol était parsemé d’une neige tombée par les ouvertures du plafond et de pierres de toutes tailles. Vers le fond, un mur explosé donnait une percée béante au dessus du ravin et un autel renversé résidait non loin. Derrière l’autel, il restait une statue en relativement bon état, une représentation de Yuia superbe faisant bien dix mètres de haut. Elle semblait faite de verre et n’avait qu’à déplorer quelques fêlures et un bras détruit par l’impact d’une colonne effondrée. Ne voyant aucun mouvement à l’horizon, je continuai à progresser vers le centre de la salle. Il régnait une odeur de renfermé, très désagréable. Au bout d’un moment, j’eus la mauvaise surprise d’entendre un craquement lorsque je marchai et découvrir que c’était un vieil os que j’avais écrasé.

(Charmant.)

Je attardai mon regard un peu plus sur le sol pour la suite de ma marche, craignant d’autres pas macabres, ce qui était loin d’être superflu. A plusieurs endroits, des amas d’os et des charpies de vêtements trainaient, traces des festins du carnassier. D’autres traces de sa présence, plus répugnantes, embaumaient l’air d’un parfum fétide auquel s’ajoutaient une odeur de fauve que même les courants d’air ne parvenaient à chasser. Je repris mon exploration et inspectai brièvement la salle. Je pus déterminer que la bête vivait dans ces lieux, mais je ne voyais pas de signe de présence immédiate. Je ne trouvais pas non plus de pistes particulières pour le livre. Il allait me falloir passer dans le couloir attenant pour aller plus loin. Je tins néanmoins à aller observer de plus près la sculpture monumentale au bout de la pièce. En arrivant à son pied, je me sentis vraiment insignifiant face à la grande déesse et j’étais ému face à sa splendeur. En caressant les draperies de sa robe du bout des doigts, je découvris que ce n’était pas du verre, mais de la glace. Un gel enchanté ne pouvant fondre sans feu magique car ni la tiédeur de ma main ni la chaleur de ma torche ne faisaient transpirer ce prodige.

(J’en avais entendu parler, mais je pensais que les glaces éternelles étaient un mythe, un mélange entre les neiges éternelles des sommets de montagnes et l’immortalité de la déesse.)

Je parcourais lascivement la surface lisse et brillante, béat d’admiration. Au bout d’un moment, je détournais finalement mon attention pour regarder plus précisément ce qui m’entourait. Le musc animal était plus fort que dans le reste du temple et j’aperçus derrière l’autel ravagé une ouverture dans le sol laissant apparaitre un escalier. Cela devait être une crypte dont l’entrée était camouflée par une dalle pivotante. Mais à l’heure actuelle, ce n’était qu’un cratère et le sol couvrant la galerie s’enfonçant dans les profondeurs avaient volé en éclat avec violence. En approchant la torche des pavés, je discernai des griffures assez puissantes pour marquer le marbre et ce en plusieurs endroits à l’entrée de l’escalier.

(Le monstre venait d’en dessous… Et il y ait sûrement en ce moment ! )

Prenant peur, je reculai vivement et me décidai à chercher dans les autres recoins de ces ruines avant de me contraindre à descendre dans cette bouche de l’enfer. Je me précipitai vers les arches ouvrant sur le couloir qui desservait de nombreuses pièces, au point de rendre mes recherches extrêmement longues. Je passai à l’enfilade dans des salles de recueillements, un réfectoire, des cuisines, quelques bureaux et des thermes. Tous vides, abandonnés, avec quelques meubles usés par la météo et le temps. La plupart du temps, des traces de lutte ou un corps décomposé donnaient un aperçu de la fin du temple et de ses habitants. Je croisais quelques rats et araignées s’étant fait résidence des coins des salles, mais pas d’autre âme qui vive. A force de rechercher en vain dans toujours plus de salles poussiéreuses, craignant chaque bruit et devant avancer torche en main pour voir quelque chose, je commençai à me sentir oppressé par ces lieux lugubres. Un escalier me mena à l’étage qui se révéla être les quartiers des prêtres. Beaucoup de paillasses moisies, des meubles en bois pourri, mais surtout, comme dans les autres endroits, une absence totale d’élément utile pour ma quête. Un petit incident m’apporta un peu d’adrénaline lorsque deux scarabées géants, faisant bien un mètre de long chacun. Bien qu’inhabituelle cette vermine ne put m’impressionner alors que je m’apprêtai à lutter contre une créature six fois plus grande. Lorsque la première vint pour me mordre la cheville, je lui assenai avec désinvolture un pieu de glace qui transperça sa carapace pour le clouer au sol. L’insecte en mourut directement et j’esquissai un petit sourire en coin. L’autre scarabée s’approcha avec lenteur, comme pour examiner son camarade, et j’en profitai pour lui jeter ma torche presque consumée. Les flammes effrayèrent l’insecte qui recula vivement. En position avantageuse, je poussai le flambeau du pied pour finir de faire fuir la bête qui s’abandonna à sa peur de la lumière et du feu pour rejoindre un trou dans le mur. Je pris une nouvelle torche, et l’allumai sur le brasier s’éteignant lentement devant la planque de la vermine, puis repris ma route.

La suite des opérations fut aussi décevante que le début, jusqu’à ce que j’atteignisse une bibliothèque en redescendant. C’était une salle en croix avec des alcôves chargées de d’étagères. La plupart était dévastée et un mur effondré laissait s’engouffrer une neige humide qui abimait nombre d’ouvrages et de parchemins.

(Le Livre de Yuia… Forcement, ça doit être dans une bibliothèque !)

J’avais imaginé plus de protections autour de l’artefact, mais la ruine du temple permettait peut-être un accès plus aisé que prévu. Sinon, cela voudrait dire que je me leurrais en sondant à cet endroit. En tout cas, un seul moyen permettait de le savoir. Je fis aussitôt une fouille approfondie des lieux, compulsant tous les tomes que je pouvais déchiffrer. Il me fallut deux bonnes heures pour comprendre que mon objet de désir n’était pas là. Beaucoup de livres étaient sans intérêt pour mon but et la plupart étaient illisibles ou trop abimés. Je commençais à perdre espoir quand je tombai sur un journal d’un des fondateurs du temple. En parcourant les pages relatant les raisons de la mise en place du temple, un petit paragraphe attira mon attention. Il y disait qu’une relique contenant un savoir dangereux, le Livre de Yuia sans aucun doute possible, devait être mise en sécurité dans l’attente que les Hommes soient près à appréhender les véritables pouvoirs des glaces. Placés entre de mauvaises mains, ces facultés magiques pouvaient être fatales pour l’ensemble de Yuimen.

(Toute arme puissante peut être un bienfait ou un méfait selon leurs utilisations. Je saurais faire les bons choix. De toute façon, si l’auteur de ce journal est aussi étroit d’esprit qu’Orlyn et Sidfreid, cela explique la grandiloquence de ses craintes et celles-ci ne doivent pas être si fondées que ça…)

La suite de la lecture fut plus ardue à cause de l’état du papier qui était parsemé de tâches de moisissure, d’humidité et d’encre diluée. Je pus seulement savoir que la relique allait être placée dans les souterrains qui contiendraient des protections appropriées. Je laissai échapper un soupir, accablé par cette nouvelle information.

(Je vais devoir descendre dans la crypte… Je vais tomber sur la bête, c’est sûr !)

_________________
Image
* Lillith, humain, Aurion et Cryomancien nv23 *
En mission pour les Amants de la Rose Sombre


Feu Ellana : morte dans les flammes du Purgatoir, hantant les lieux à jamais
et arborant ses tendancieux 6969 messages dans les archives de Yuimen


Haut
 

 Sujet du message: Re: Temple de Yuia
MessagePosté: Mer 6 Juil 2011 13:39 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 23 Nov 2008 18:45
Messages: 2879
Localisation: L'île des colliers maudits
Ce fut avec appréhension que je retournai dans la nef du temple et rejoignis l’escalier descendant dans la crypte. L’odeur animale s’étendait dans l’air épais en relents désagréables, comme l’écume de la plage recouvrant le sable fin. Redoublant de vigilance, je descendis les marches une à une, avec la délicatesse d’un chat. Je m’engouffrai dans un silence épais et suintant qui irritait chaque parcelle de mon être. Le stress montait de plus en plus et je me sentais sur le point d’exploser.

(Zewen, si tu entends mes prières, je te conjure d’avoir pitié et que la bête soit loin, chassant le bouc dans la montagne.)

Mais le dieu de la destinée était d’humeur taquine. Une fois les marches descendues, j’entendis clairement un souffle régulier ricochant sur les murs des différentes galeries souterraines. Après quelques secondes durant lequel l’angoisse m’avait métamorphosé en statue, je fus certain que ce son continu était la preuve de la présence de la bête, ensommeillée comme un sinari cuvant son vin. En poussant quelques jurons silencieux, je progressai sur la pointe des pieds, traversant le premier caveau, puis un couloir donnant sur de petites salles dont les murs faisaient office d’ossuaires. Des siècles de prêtres de Yuia devaient m’observer en train d’avancer vers une mort certaine. S’en suivit une seconde salle, plus petite, contenant deux pierres tombales avec trois arches donnant dans de nouveaux couloirs. La plus grande ouvrait vers ce qu’on pourrait croire être une chapelle, mais je n’eus pas vraiment le loisir de m’attarder sur sa décoration car elle contenait en son sein l’objet de mes craintes.

La créature était face à moi, couchée sur le flanc, et sa poitrine se gonflait au rythme de sa respiration. Au physique, entre les poils d’une couleur sable salie, la crinière fournie d’un brun plus profond et les épaisses pattes aux griffes rétractées, on pouvait voir un fauve, un lion, si ce n’était sa taille démesurée. Je ne pouvais pas bien observer son anatomie car elle était en grande partie dans l’ombre et un pas de plus pouvait me faire repérer.

(Je ne pourrais pas explorer les cryptes sans la réveiller. Je dois la vaincre.)

Après mûre réflexion, je choisis de sortir de ma poche une rune. Je devais profiter de la sieste du monstre pour attaquer par surprise.

(Les effets des runes sont diverses, mais je pense que l’impact de leur magie de ne réveillera pas forcément la victime.)

J’avais la rune parfaite pour cela. Elle affaiblirait la bête et je pourrai lancer par la suite mon prochain assaut. Tendant mon bras en avant, la pierre magique en main, je chuchotai l’incantation zewenique.

« Xi. »

Alors que le caillou s’effritait dans mon poing pour devenir une poussière volatile, je vis une aura violacée se manifestait en volutes malsaines et drainantes autour de … d’une étagère sur le mur derrière le monstre ! Le bois craqua brutalement et les reliques osseuses exposées dessus s’effondrèrent dans un vacarme terrible. Avant que je ne pusse esquisser un geste, mon ennemi s’éveilla en trombe. Il leva sa tête féline et me darda d’un regard d’acier, voyant un moi le repas de la journée. Une tige noire et luisante se leva dans son dos et je reconnus la queue d’insecte appartenant à la bête dans ma vision. Elle fouetta l’air immédiatement pour projeter à une vitesse fulgurante un aiguillon effilé qui ne tarda pas à me traverser la paume de la main gauche avec une précision terrifiante.

Je lâchai un cri de douleur qui tira un ronronnement de satisfaction à la bête et arrachai prestement la pointe maléfique de mes chairs. Mais le mal était déjà fait et je sentis mes doigts s’ankyloser sous l’action d’un virulent poison. Avec une vivacité qui m’était rare, je lâchai ma torche pour chercher de ma main valide l’antidote qui trainait dans mon sac pour le boire au plus vite. Dès que je l’eu trouvé et que le bouchon de liège soit parti rejoindre la torche au sol, j’avalai goulument les deux tiers de son contenu et aspergeai le reste sur la blessure béante de ma main.

Pendant que j’agissais, la créature se délectait de la chasse en devenir et se levait avec calme et lenteur. Elle s’étira même, me nargua jusqu’au bout en ne daignant pas me surveiller du coin de l’œil. Elle était si sûre de l’efficacité de son poison qu’elle pouvait prendre le temps de s’éveiller complètement. Elle déploya de grandes ailes membraneuses pour les défroisser, exposant à mes yeux sa réelle identité.

« Une manticore ! »

Je n’avais pas fait le lien jusqu’à présent, mais tous les éléments concordaient pour décrire ce monstre légendaire qui hantait quelques uns de mes cauchemars d’enfants. Mon père m’avait raconté des histoires sur ce terrible croque-mitaine, une créature au corps de lion, à la queue de scorpion et aux ailes de chauve-souris, adepte de la chair humaine et dont le dard pouvait paralyser ses victimes. Un monstre tellement puissant que s’il en restait plus que les trois ou quatre dans le monde, on pourrait craindre des heures sombres. Et je faisais face à cette créature désormais. Et surtout, je lui faisais face déjà touché par son poison et malgré l’antidote, je sentais l’engourdissement me gagner tout le bras.

(Sa toxine doit être trop puissante et l’antidote ne peut pas l’endiguer, tout juste la ralentir. Je ne peux pas vaincre la manticore ! Pas comme ça !)

Pris d’une peur panique, je n’attendis pas que la bête terminât ses étirements et je courus comme un dément pour sortir de la crypte. Je repassais dans la première salle, puis gravit les marches quatre à quatre. Une fois en haut, j’entendis un rugissement bestial. Je devais faire vite et trouver une échappatoire avant de me retrouver complètement figé à sa merci. J’atteignis le couloir lorsque la manticore surgissait dans le temple en grand fracas. Elle semblait en colère de voir que sa victime n’était pas paralysé, immobile dans l’escalier mais bien plus loin avec seulement un bras immobilisé. Elle fonça sur moi avec une vitesse impressionnante et lança son énorme patte. J’eus juste le temps de me mettre derrière une des arches et les griffes heurtèrent la pierre. Avec effarement, je constatai les dégâts et louai tous les dieux d’avoir permis que les architectes aient prévu des piliers à cet endroit. En effet, la force de la manticore lui avait permis de rompre une colonne de granit de vingt centimètres de large et cela aurait pu être ma tête à la place.

Je ne lui laissai pas le temps de poursuivre son œuvre et je me courrais comme si ma vie en dépendait (c’est un peu le cas) et passai la porte la plus proche. C’était les cuisines et je profitai du temps que la manticore allait passer à replier ses ailes pour passer dans l’ouverture pour me rendre vers le fond de la pièce. J’eus alors une idée et, d’un geste maladroit, plongeai dans le four. Il était profond et le boyau s’enfonçait vers une cuve plus grand servant de foyer. Le poison irradiait maintenant depuis mon épaule et ma jambe gauche commençait aussi à perdre en vigueur. Je devais faire vite. Je me tortillai pour gagner centimètre par centimètre et finalement, je pus atteindre le fond avant que le monstre ne fut là. Il grogna, racla la pierre du four de ses griffes, passa une patte dans le conduit sans pouvoir m’atteindre. De mon coté, je ne pouvais qu’attendre et laisser la paralysie m’envahir. Après une bonne demi-heure d’acharnement et de destruction de ce qui restait de la cuisine après son passage passé, la manticore daigna m’abandonner à mon sort et quitta la pièce. Encore immobilisé par le poison, j’attendis avec une frustration grandissante que ma situation s’améliorât.

_________________
Image
* Lillith, humain, Aurion et Cryomancien nv23 *
En mission pour les Amants de la Rose Sombre


Feu Ellana : morte dans les flammes du Purgatoir, hantant les lieux à jamais
et arborant ses tendancieux 6969 messages dans les archives de Yuimen


Haut
 

 Sujet du message: Re: Temple de Yuia
MessagePosté: Ven 8 Juil 2011 16:04 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 23 Nov 2008 18:45
Messages: 2879
Localisation: L'île des colliers maudits
Les heures passèrent et j’étais toujours coincé dans mon trou sombre, ne pouvant bouger. Heureusement pour moi, le poison n’était pas mortel, à moins que l’antidote ne l’eut affaiblit suffisamment pour que ce ne soit pas le cas, et je pouvais encore respirer et bouger la tête faiblement. Je perdis la notion du temps et sentis au bout d’un moment mes sensations revenir. Prudent, j’attendis encore un petit moment pour retrouver toute ma mobilité et oser sortir seulement en pleine possession de mes capacités. N’entendant aucun bruit à l’extérieur, je rampai comme je pu dans le conduit pour sortir de cet enfer étroit qu’était ce four. Il faisant sombre et quelques tâches de lumière filtraient dans les murs abimés sans permettre un bon éclairage. Je pouvais néanmoins distinguer les lieux et avancer sans cogner contre un meuble. Je n’allumai pas de nouvelle torche pour éviter d’attirer l’attention de la manticore et continuai à avancer dans la pénombre avec circonspection. Cette dernière était d’ailleurs absente de la cuisine. Elle avait déserté, mais je craignais la voir débouler dès que je passerai la porte.

(Peu importe où elle se trouve actuellement, je ne vais pas pouvoir faire un pas dans ces ruines sans craindre qu’elle m’attaque par surprise.)

Je devais assurer mes arrières et je décidai aussitôt de lancer mon sort de protection favori en puisant profondément dans mes fluides. Ils s’agitèrent à ma demande et traversèrent les pores de ma peau pour recouvrir celle-ci d’une couche de gel robuste. Sans attendre une seconde, je fis suivre mon sort du pouvoir que j’avais développé dans le passé. En réquisitionnant un minimum de ma magie, je fis flotter autour de moi une myriade de cristaux de glace réfléchissants qui troublaient ma silhouette et me rendait plus ardu à toucher.

(Je suis paré désormais.)

Je me dirigeai vers la porte sans allumer de torche de peur de me faire trop facilement repéré. Puis, après un regard furtif sur les cotés, je m’engageai dans le couloir en surveillant chacun de mes pas. Elle n’était pas là visiblement.

(Pas la peine de fouiller chaque pièce, autant rejoindre au plus vite la crypte. Plus vite j’y serais, moins je risque de la rencontrer.)

Je passais les arches pour pénétrer dans la salle centrale du temple, jetant un coup d’œil à droite et à gauche, puis fit un pas à l’intérieur en voyant le temple dépeuplé. Un frisson remonta le long de ma colonne vertébrale et je sentis ma cape se fondre dans mon dos pour courber celui-ci. Une douleur vive me déchira le crâne et je fis par réflexe une roulade au sol pour m’éloigner de la source du mal.

Une main passée sur ma tête m’indiqua que ma coiffe avait été soufflée et que mon scalp avait été lacéré, me laissant une belle entaille jusqu’à la partie osseuse de mon crâne. Un filet de sang coulait sur ma nuque, empoissant rapidement l’intérieur de mon armure. En levant mes yeux, je pus voir la manticore, les griffes plantées dans le mur au dessus de l’arche. Elle m’avait attendu pour me tuer dès mon entrée. Heureusement, un réflexe salvateur, aidé par ma cape magique, avait transformé une décapitation sauvage en une vilaine balafre sanguinolente mais non mortelle.

Elle rugit avec toute la puissance de sa gorge et son hurlement retentit dans toute la salle. Sa queue se courba et je pu voir à son extrémité un dard luisant.

(Il a repoussé. Mais cette fois, je suis prêt.)

Elle lança son aiguillon empoisonné alors que j’allais prendre dans une poche extérieur de mon sac le sifflet de Sephora. Je sifflai de toutes mes forces dedans tandis que la pointe paralysante volait dans les airs. Alors tout s’arrêta. Le dard flottant dans le vide, le monstre se décrochant de la paroi pour retomber au sol, les flocons de neige entrant par une faille dans un mur… Connaissant la brièveté de cet effet magique, j’entamais la suite de mon plan. Je fis deux pas sur le coté et me concentrai. J’allais puiser en mon lac intérieur la magie nécessaire à handicaper mon adversaire. Je pointai mon sceptre vers la manticore et soufflai une tornade de fluide de glace qui vint se coller à son corps. L’aura frigorifique commença à engourdir son corps.

(Maintenant, elle ne sera plus aussi rapide qu’avant. Nous nous battrons à armes égales)

Le temps se ranima et le dard alla se ficher dans le sol. La manticore se réceptionna au sol et poussa un grognement surpris et énervé. Sans attendre que j’agisse plus longtemps, elle fouetta l’air avec sa patte avant, non sans une certaine maladresse causée par mon sort, et j’évitai aisément l’assaut par un bon sur le coté. Je répliquai aussitôt par un javelot de glace mais il se perdit dans la crinière de la bête et ne fit qu’une éraflure empourprant son pelage.

(Je dois percer ses défenses si je veux pouvoir lui provoquer des blessures plus sérieuses.)

Je monopolisai mes fluides pour former une flèche acérée qui traversera sa chair et infusera un gel mordant pour craqueler son solide cuir. La flèche était presque créée lorsque la manticore répliqua avec un coup touchant au but. Les griffes raclèrent mon armure sans faire plus que des étincelles, mais le mouvement continua pour atteindre mon bras gauche et l’ouvrir en trois belles entailles écarlates. Je fis un pas en arrière et tendis mes bras comme si j’étais armé d’un arc. D’un mouvement du doigt, je lançai la flèche qui atteignit l’animal en plus dans le poitrail où elle se ficha jusqu’à la hampe. Un givre mordoré fissura sa peau en arborescence autour de l’impact. Une plainte rageuse sortit de sa gueule et il se balança brutalement pour finir par me faucher avec sa queue vigoureuse. L’impact me coupa le souffle et me plia en deux, mais l’impact ne s’arrêta pas là et sa puissance me projeta dans les airs.


Sans comprendre, je me retrouvais à m’écraser contre la statue de Yuia, à sept mètres de haut, contre le sein bras de la déesse (Pardon Yuia). La glace se fissura en quelques endroits mais mon dos et mon flanc prirent bien plus cher. Sans compter les innombrables contusions, je devais probablement avoir quelques fêlures sur les côtes. Le bras de la déesse passait devant son ventre et me permis une réception rapide. Je me redressai difficilement, tanguant sur mes pieds qui tenaient en grande peine sans déraper, et j’aperçu la manticore revenir à la charge en prenant son envol. Je ne pouvais pas la laisser m’atteindre. J’étais fort blessé, dans une position délicate, et elle ne ferait qu’une bouchée de moi. Je répondis de manière préventive à son attaque en lançant mon nouveau sort d’isolement. Je ne l’avais pas vraiment pratiqué, mais la magie du parchemin me guida et assista ma main dans la manipulation de mes fluides. Je formai immédiatement une grande sphère autour de la manticore dont la surface étaient couverte de cristaux de glace acérés et chargés d’un froid abyssal prêt à être libéré. Dans l’élan de son vol, la bête ne put stopper sa course et elle fonça à travers ma barrière piégée. Aussitôt, les shrapnels la griffèrent de toutes parts et le gel en puissance se déchaina sur elle. Des petites stalactites se formèrent partout sur son pelage, ses babines gercèrent, ses quelques blessures s’aggravèrent. Mais surtout, la membrane de ses ailes se perça d’une multitude de trous et les articulations se coincèrent. Son vol en fut déséquilibré et elle chuta, dévissant vers le sol pour s’écraser dans les pieds de la déesse. Je profitai du cours interlude pour m’offrir de meilleures chances de survie en buvant une potion régénératrice. Je sentis aussitôt ses effets et la réduction de mes plaies. Mon crâne se referma en grande partie et mes côtes allaient mieux.

La manticore se redressa en usant allégrement de ses griffes pour les planter dans la statue de glace et s’offrir un appui stable. D’un bond, elle reprit un envol certes chancelant, mais encore praticable malgré ses blessures. Mais son attaque imminente n’était pas le plus urgent. Les dégâts occasionnés aux pieds de la statue étaient importants et le reste du corps de la déesse commençait à osciller dangereusement.

(Par tous les éléments ! La sculpture va s’écrouler ! Et moi avec !)

La manticore battait des ailes avec fureur et gagnait en altitude. Bientôt, elle serait sur moi et si j’évitais le coup, je serais de toute façon emporté dans la chute de la statue vers une mort certaine. J’avais du mal à rassembler mes pensées et j’eu alors recours à l’effet des vambraces en les croisant pour améliorer mon discernement. Les pièces du puzzle s’emboitèrent et je trouvai enfin une solution. Sans perdre de temps, je rangeais à ma ceinture mon sceptre et trempait ma main droite dans le sang poisseux qui coagulait lentement sur ma nuque.

(Faute d’eau, le sang sera aussi efficace)

Tout était une question de timing et je préparai mentalement ma magie pour qu’elle opérât au bon moment en une fraction de seconde. L’essentiel était de décharger un froid soudain dans ma main pour geler le sang et tout ce qui allait être touché par lui à ce moment. La manticore arrivait juste en dessous de moi désormais et je me lançai dans le vide d’un bond étonnement assuré.

(Bizarre, je me sens d’une confiance en moi que je n’avais jamais ressenti auparavant. Serait-ce un effet secondaire de l’assurance et la prestance que m’apportaient les jambières magiques offertes par le Docteur ?)

Je n’eu pas le temps de creuser plus longtemps mes interrogations car tout se précipitait. Le pied de la statue se lézardait de partout et des blocs de glace partaient par dizaines. Yuia subissait une triste déchéance et son corps se fissurait et basculait dans le vide. A coté de ce drame, je retombai sur le dos de la manticore et nos élans inverses allaient m’envoyer rapidement loin d’elle. D’un geste preste, je plaquais ma main sur la peau grisâtre d’une des ailes et déchainait mon sort. Le gel encolla immédiatement ma main contre la fine membrane déjà abimée par mon précédent sortilège. Je crispai un peu plus mes doigts pour assurer ma prise et d’un coup la peau de l’aile se déchira. Mon poids emportait un pan de l’aile et un crissement sinistre se réverbérait sur les murs tandis que j’arrachai un fanion grandissant centimètre par centimètre de l’aile. Je fus balloté violemment et la créature se débattit, redoublant de mouvements saccadés et anarchiques. Nous tournoyions comme des furies dans les airs et l’aile de la manticore ressemblait de plus en plus au chemisier d’une femme violée. La suite ne fut que flou, vertiges et pirouettes aériennes tandis que l’atmosphère fut envahit de bruits assourdissants du fracas de la statue. Partout la glace volait en morceaux et des cristaux s’éclatait sur les murs et le sol.

Le chaos innommable formé fut une piètre piste d’atterrissage pour le duo volant en détresse que nous formions. L’aile détruite, la manticore ne put continuer plus longtemps à nous maintenir dans les airs et elle s’écrasa au sol avec violence. Pour moi, petit être de chair fragile, la chute fut encore plus rude et je sentis un craquement au niveau de ma jambe gauche lorsque je me réceptionnai lamentablement et roulait au sol en me griffant avec les multiples éclats de la statue au sol.

Pétri de douleur, je restai au sol, incapable de bouger. Mais la bête avait survécue. Elle semblait sur le bord de l’évanouissement, mais la rage hantait encore ses yeux. Elle s’approcha d’un pas lent qui n’était plus causé par mon sort de somnolence mais par une fatigue bien tangible. Ne sachant comment réagir, je fis le mort en gardant juste un œil ouvert pour la surveiller. Elle s’approcha et me gnaqua mon pied. Sa morsure était douloureuse, mais ce n’était rien face à la souffrance que m’infligeaient mes précédentes blessures. Elle ne voulait pas me manger pour l’instant ni même m’achever ainsi, c’était simplement pour me trainer vers sa tanière et elle commença à me tirer vers la crypte.

(Non ! Je ne veux pas finir dans son gosier !)

Ne lâchant pas le combat, je puisai une dernière fois dans mon énergie pour lancer un sort. Je transmis une décharge de froid intense à ma jambe pour frigorifié la tête de mon ennemi et le réduire ainsi à l’état de légume. Mais la bête avait un instinct développé et elle perçu que quelque chose clochait. Avant que la vague gelée ne l’atteignît, elle lâcha mon pied et évita l’attaque mortelle, puis grogna avec hargne.

(Bon d’accord, ce n’était pas la dernière mais l’avant-dernière !)

La pointant du doigt, je tirai un projectile de glace avant qu’elle ne puisse m’attaquer. Le pic se ficha dans sa gorge, entre la crinière la gueule et un flot de sang épais souilla le sol. Le monstre s’écroula, sans vie.


Un soulagement immense m’envahit avant de laisser place à une douleur omniprésente. Je pris les quelques minutes qui suivirent à soulager ma peine en utilisant mon sort de soin pour guérir quelques blessures, à commencer par ma jambe dont le fémur semblait briser. La glace fut une très bonne attelle interne et je pus à nouveau marcher, même si c’était en boitant.

J’étais vidé de toute énergie et je devais me reposer. Aussi, je parais au plus urgent en me trouvant une planque de fortune pour dormir, caché sous un morceau de la statue et éloigné du cadavre qui allait sûrement attirer les insectes.

_________________
Image
* Lillith, humain, Aurion et Cryomancien nv23 *
En mission pour les Amants de la Rose Sombre


Feu Ellana : morte dans les flammes du Purgatoir, hantant les lieux à jamais
et arborant ses tendancieux 6969 messages dans les archives de Yuimen


Haut
 

 Sujet du message: Re: Temple de Yuia
MessagePosté: Lun 11 Juil 2011 17:38 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 23 Nov 2008 18:45
Messages: 2879
Localisation: L'île des colliers maudits
Le réveil fut difficile. Mes blessures me clouaient au sol et chaque mouvement s’accompagnait d’une douleur lancinante. Mais mon long sommeil m’avait fait récupérer mes pouvoirs et j’abusai allégrement pour ceux-ci pour réduire mes blessures et me soigner. Je dus relancer mon sort à dix reprises, mais chaque plaie s’était refermée, chaque contusion s’était réduite et chaque articulation abimée s’était fortifiée. Je boitais encore à cause de ma fracture de la veille, mais la magie me permettait un renouveau surprenant. Evidemment, ce n’était pas sans revers de médaille et je sentais la présence des glaces réparatrices faisant leur œuvre. Ma cheville crissait à chaque pas, comme si l’on grattait de l’eau gelée avec un couteau, et mes blessures extérieures avaient des croûtes cristallisées grattant affreusement.

Après avoir grignoté une miche de pain et du fromage qu’il me restait, Je parcourus la pièce pour découvrir avec attention le désastre du combat de la veille. C’était un capharnaüm sans nom. Le temple était dans un état de ruine bien pire que lorsque j’étais arrivé, la statue n’existait plus et des débris de glace recouvraient le dallage.

(Oh Yuia… C’est terrible)

Avec tristesse, je progressai parmi les restes de la représentation divine et commençai à subir un cas de conscience. Je trouvai un morceau encore en bon état, l’œil de la déesse. C’était un ovale ne dépassant pas les vingt centimètres sur quinze centimètres dont la lisseur avait été préservée par miracle.

« Yuia, je te fais la promesse solennelle de réparer cette tragédie. Un jour, je te construirai une statue plus grande et plus splendide pour acclamer ta grâce et ta perfection. »

Je gardai l’œil de Yuia en souvenir de mon serment et le rangeai soigneusement dans mon sac. Au loin, le cadavre puant de la manticore était déjà assaillit par de la vermine, dont des scarabées géants. Ces charognards avaient finalement compris qu’il ne fallait pas déranger l’être le plus fort du coin et qu’un mort ne répliquait pas avec des sorts. Les abandonnant à leur basse besogne, je rejoignis l’escalier descendant dans les cryptes. Je rallumai une torche et pénétrai dans la tanière de la bête.

Cette seconde exploration était plus aisée et, la crainte de croiser le monstre en moins, je pouvais observer attentivement les trois voies s’offrant à moi. La chapelle où se reposait la manticore était un cul de sac et le chemin de droite menait assez vite vers une grande porte de pierre sculptée et verrouillée.

(Si c’est par ici, je ne vois aucun moyen de passer sans y aller avec la force brute… comme la manticore. En fait, si elle protégeait le livre, elle a du tout défoncer sur son passage. Or, cette porte est intacte…)

Rejetant cette route possible, je pris le dernier couloir et traversai plusieurs salles rempli de traces d’un passé ésotérique. Des gravures dans des langues inconnues, des inclusions de verre dans les murs, des statuettes de diverses formes. J’atteignis finalement une arcade étant le seuil d’un long couloir. Une inscription sur le mur m’offrit une confirmation du chemin.

Ci-gît le savoir interdit des glaces
Ignorant, passe ton chemin
Celui qui vient en connaissance de cause devra passer trois tests :
L’épreuve du cœur, où l’amour et la foi en Yuia te guidera
L’épreuve du corps, où la vaillance et la puissance te sauvera
Et l’épreuve de l’esprit, où l’astuce et l’intelligence te donnera la réponse.


(Bien, Je peux affirmer que l’épreuve du corps est déjà passée.)

Après avoir risqué ma vie face à la manticore, je pouvais espérer que la suite allait être plus paisible et d’une relative facilité. J’avançais donc avec assurance vers l’épreuve du cœur qui ne tarda pas à montrer son aspect vicieux. Le tunnel déboucha rapidement sur un labyrinthe dont l’entrée était marquée par une alcôve avec une statuette de la déesse et quelques mètres plus loin se trouvait un premier croisement partant dans quatre directions. Chaque couloir menait vers un nouveau carrefour partant vers de nombreuses autres directions. Le seul élément particulier résidait en l’éclairage de chaque intersection. Un trou dans le plafond amenait un rai de lumière artificielle, sûrement magique, éclairant faiblement et arrivant dans un angle différent à chaque fois.

« Eh oh ! »

L’écho fut ma seule réponse et mon fol espoir d’un guide m’attendant pour m’indiquer le chemin s’évanouit comme une maigre fumée dans un vent de tempête.

(Cela aurait été trop facile. Bon, tentons la voie de droite. Avec un peu de chance, ce n’est pas trop grand comme dédale et je dégotterai la sortie)

Pour m’assurer un retour sans détour, je brulai un bout de bois pour le calciner et marquai sur les murs mon trajet au fur et à mesure. Mon errance fut un échec cuisant. Je marchai toujours plus sans trouver de sortie et je n’arrivai même pas à trouver une logique des plans, au point que je finis par croire qu’un enchantement rendait ce labyrinthe infernal. J’abandonnai mon essai hasardeux et rejoignis l’entrée pour examiner plus attentivement la statuette.

C’était une représentation en grès et un cristal sortait de la main que la femme portait au cœur. Ce cristal était sculpté et formait un symbole de Yuia, un flocon inclus dans un cercle. En approchant ma torche pour mieux l’examiner, je pus voir un phénomène particulier. La lumière arrivant de ma flamme semblait passer dans la sculpture translucide pour se concentrer en un rayon pointant vers le mur. J’allais examiner la pierre désignée avant de me rendre compte que la torche posée plus sur la gauche indiquait un autre point, au plafond cette fois-ci.

(Selon la lumière, on obtient une indication apparente… Et chaque croisement a un éclairage différent. Le symbole est un révélateur du chemin !)

Je voulus prendre le flocon en cristal, mais il était fiché si profondément dans la roche qu’il faudrait l’arracher. Ce serait un moyen très efficace pour briser ma seule chance de réussite. Il me fallait un moyen d’avoir ce symbole en douceur. Je repensai alors aux concours de sculptures magiques que j’avais fait avec Bogast et Lothindil où j’avais reproduit la lune et ses cratères ou une rose ses dizaines de pétales. Si je pouvais créer un double du flocon, je pourrais l’utiliser dans le labyrinthe.

Je coinçai la torche dans un coin et poussai mes fluides avec douceur pour former un gel solide et précis qui aller imiter tous les détails. Après dix bonnes minutes de concentration, j’obtins une création tout à fait semblable. J’allais au premier croisement pour la tester, tenant le flocon comme la statue le faisait, droit devant moi, et en avançant jusqu’au rai lumineux. Celui-ci pénétra la glace par son sommet et il rejaillit par l’une des branches pour frapper… l’angle entre deux murs.

(Mince ! C’est lequel des deux ?)

En testant différentes positions, je trouvais que celui de gauche correspondait mieux. Je fis donc la quinzaine de pas me séparant du prochain croisement et réitérai le système. Mais cette fois-ci, l’éclat de lumière me vint dans la figure, m’indiquant très judicieusement que la voie était donc dans le plafond derrière moi. Après une rapide inspection de la voûte de pierre par un stupide réflexe, je poussai un juron et jetai la sculpture de glace contre le mur d’un air rageur. Après de multiples insultes crachées sur les murs qui m’en rendaient un faible écho, je fis demi-tour pour revoir la statue.

(Qu’est-ce qui a raté ? Je suis sûr pourtant que c’est le bon moyen. Il n’y a qu’à voir comment le rayon part dans une direction à chaque fois.)

Après un moment de réflexion, j’en conclus que ma création n’avait était réalisé que trop superficiellement. J’avais fait les moindres détails extérieurs, mais j’avais omis les inclusions et les bulles d’air dans la pierre qui me paraissaient peu importants pour l’effet lumineux. Mais il se pouvait qu’ils aient un impact dessus. J’allais rechercher une pointe de mana dans mon être pour redémarrer mon travail, avec une attention décuplée cette fois-ci. Cette sculpture me prit bien plus de temps que la première et je dus bouger à plusieurs reprises la torche pour mieux voir chaque minuscule détail du flocon mystérieux.

Une fois mon œuvre terminée, je retentai le passage sous le premier rai de lumière. Cette fois-ci, il fut détourné de manière bien plus claire et il se poursuivit loin devant dans l’un des couloirs. J’empruntai donc le sombre tunnel jusqu’au croisement suivant qui donna une indication aussi nette que la première.

(Je suis sur la bonne voie !)

Après une quinzaine de croisement au niveau desquels je ne manquai pas de marquer ma route au charbon, j’atteignis une grande salle, fin du labyrinthe.

« Merci Yuia de m'avoir montré la voie. »

_________________
Image
* Lillith, humain, Aurion et Cryomancien nv23 *
En mission pour les Amants de la Rose Sombre


Feu Ellana : morte dans les flammes du Purgatoir, hantant les lieux à jamais
et arborant ses tendancieux 6969 messages dans les archives de Yuimen


Haut
 

 Sujet du message: Re: Temple de Yuia
MessagePosté: Lun 11 Juil 2011 23:55 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 23 Nov 2008 18:45
Messages: 2879
Localisation: L'île des colliers maudits
La salle dans laquelle je pénétrai était immense. Le plafond se perdait dans des hauteurs que j’avais du mal à chiffrer et avait un dôme de verre renversé au centre derrière lequel trônait une énorme gemme bleue luisante. Le sol avait une légèrement pente qui s’enfonçait soudainement au bout de cinq mètres avec un escalier pour la descendre. Plus loin, des colonnes, des rochers et des blocs de pierre de toutes tailles s’étalaient sur un genre de champ de bataille. A l’autre extrémité, je pouvais apercevoir des marches remontant une autre pente pour atteindre un nouveau couloir.

(C’est donc la tanière de la manticore…)

Je pouvais voir aussi dans les angles de la salle des piliers gravés de symboles ésotériques et celui de gauche était renversé par un éboulement et brisé en plusieurs morceaux.

(Ils devaient empêcher la bête de sortir. Et un simple effondrement ou tremblement de terre a brisé la prison magique…)

Méditant sur le destin du temple à cause d’un événement hors de contrôle comme celui-là, je posai au sol le flocon de glace et continuai ma progression. Je fis la traversée de la salle avec une certaine aisance et confiance en moi, le pas franc et sans crainte d’un ennemi caché derrière un pilier.

(Après la soirée d’hier, je peux me permettre cette petite marche de la victoire.)

Ma fanfaronnade dura quelques minutes bien agréables, mais je repris mon sérieux en atteignant le couloir qui m’amenait vers la prochaine épreuve, celle de l’esprit. Après une petite arche richement décoré de sculptures de glaces éternelles, j’entrai dans une petite salle. Sur le mur de droite se trouvaient de longues instructions et face à moi un cercle étrange. C’était une sorte d’anneau métallique géant était incrusté dans un mur et il était recouvert d’une trentaine de dalles avec un nombre dessus. Le centre de l’anneau était couvert d’une couche de glace épaisse qui semblait parcouru de fluides vifs et agités. A travers le gel translucide, je pouvais distinguer une grande alcôve avec un pupitre chargé d’un gros volume.

« Le livre ! Je l’ai enfin trouvé ! »

Malheureusement, une dernière énigme le protégeait. Le texte sur le mur était une sorte de comptine alambiquée parlant de dates et d’heures où des enfants jouaient à une bataille de boules de neiges. Le premier exemple laisse entendre qu’une erreur peut valoir une boule de neige dans la figure, ce qui devait être une métaphore pour figurer une contre-attaque violente de la part de l’anneau. Mais j’avais beau relire une dizaine de fois les instructions, je n’arrivai pas à démêler les instructions cachées derrières les séries de chiffres. A force de me casser la tête, je finis par abandonner la logique et me confier au hasard.

Approchant du cadre, je soufflai un bon coup et appuyai sur la dalle portant le nombre « dix-sept ». La dalle s’enfonça de quelques centimètres et des bruits mécaniques résonnèrent. Je reculai vivement de quelques pas en attendant le résultat qui ne me fit pas attendre. Un pic de glace jaillit subitement de l’intérieur de l’anneau et me perfora le bras gauche. Sous l’impact, je lâchai un cri de douleur et arrachai immédiatement le bout de glace de mon bras. Sans attendre, je laissai de coté l’énigme pour me soigner. Je lançai deux sorts de suite pour atténuer la douleur et faire cesser le sang qui coulait.

(Mes vêtements auront besoin d’un bon nettoyage. A force de blessures, je les recouvre de sang séché. En tout cas, je ne peux pas continuer ainsi. Avant que je trouve le bon bouton, il me faudrait essuyer de nombreux échecs et je finirai par en mourir !)

Je m’assis dans un coin pour réfléchir à l’énigme et y voir un quelconque sens lorsque je trouvai finalement une idée qui pourrait me sauver.

« Les décorations de l’arche ! Elles sont en glace éternelle. Elles ont du voir la création de la salle et avec mon sort, je pourrais voir sa mémoire. »

Cette glace ne devait pas avoir vécu beaucoup de moments importants depuis son apparition et je pourrais aisément trouver un indice. Touchant les arabesques délicates, je fermai les yeux et me concentrai pour entrer en contact avec les traces du passé qui hantaient ces moulures.

Un flou m’envahit avant qu’un visage elfique apparût face à moi. C’était un hinion dont les vêtements laissait penser qu’il était sorcier ou magicien. Il incantait en remuant les mains et déposant une poudre argentée sur moi, ou plutôt sur le bloc de glace. Dans le fond, je distinguais une petite pièce avec une fenêtre dans un coin. Ce n’était pas la salle de l’épreuve de l’esprit.

Coupant mes fluides dans le courant que j’avais créé, je mis fin au sort prématurément. Je n’aurais pas eu les informations que je cherchais et il valait mieux réessayer que s’accrocher à la première vision. En me concentrant pour voir quelque chose de plus récent. Je sentis le lien se reformer et les souvenirs de la glace se fondre en moi.

La première sensation fut une douleur au visage et je compris après quelques secondes que mon sort me ramenait au moment où un sculpteur taillait le bloc de glace pour former les moulures. Après le moment de l’enchantement du bloc, je passai à la prochaine étape de la « vie » de cette glace. Il me fallut plusieurs minutes pour m’habituer aux coups du ciseau de l’artisan et me concentrer sur le reste de la scène. Quatre sculpteurs travaillaient en même temps, se marchant les uns sur les autres pour former l’ensemble de l’arche d’une traite. Puis un prêtre assez âgé entra. Il tenait le livre de Yuia et il passa par l’anneau, vide pour l’instant pour déposer l’artefact sur le pupitre. Il ressortit de l’alcôve et regarda vers l’arche avec un regard appuyé, puis il esquissa un sourire. Il se baissa alors et tripota le dessous de l’anneau, au niveau du maigre rebord qui le faisait dépasser du mur. D’un coup, le centre de l’anneau se gela et les fluides commencèrent dessus une route infernale. Les artisans ne virent rien du tout, trop concentrés sur leur œuvre, mais celle-ci, justement, avait tout loisir de contempler le leurre du prêtre.

Je sortis de la vision avec un mélange de colère et joie bouillonnant en moi.

(Il a triché ! L’énigme est un piège et le seul moyen de trouver le bon bouton est de fouiller la pièce de fond en comble comme seuls les pires voleurs peuvent le faire… Ou connaitre le bon sort et savoir quand l’utiliser.)

En y réfléchissant, il me parut évident que le prêtre envisageait la deuxième solution et que ce n’était pas un hasard s’il avait déposé le livre au moment où la totalité de l’arche était en train de se faire sculptée. Riant de bon cœur devant l’astuce mis en œuvre ici, je me levai et allai caresser le dessous de l’anneau. Le rebord métallique était froid et lisse, mais je sentis une fente à un endroit délimitant un petit carré. J’appuyai dessus avec conviction et me relevai avant de reculer d’un pas. Les fluides arrêtèrent de parcourir le centre de l’anneau et le gel se mit à vibrer. Après quelques secondes, il se fissura de partout et tomba en une poussière pailletée reprenant milles reflets de la flamme de ma torche. Derrière, le pupitre exposait l’objet de mes rêves.

(Le livre ! Yuia, je vais enfin découvrir les secrets de ta magie.)

D’un pas solennel, j’approchai, passai l’anneau et tendis les bras. Encadrant le grimoire magique de mes deux mains, je laissai exploser ma joie et poussai un cri de victoire bestial et tenant le livre bien haut, comme pour le montrer à tous.

_________________
Image
* Lillith, humain, Aurion et Cryomancien nv23 *
En mission pour les Amants de la Rose Sombre


Feu Ellana : morte dans les flammes du Purgatoir, hantant les lieux à jamais
et arborant ses tendancieux 6969 messages dans les archives de Yuimen


Haut
 

 Sujet du message: Re: Temple de Yuia
MessagePosté: Mar 12 Juil 2011 12:00 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 23 Nov 2008 18:45
Messages: 2879
Localisation: L'île des colliers maudits
Le livre était d’une qualité remarquable. Sa couverture était en un cuir épais et ouvragé. Elle était couverte de symboles occultes, dont notamment une gravure très élégante d’un idéogramme qu’utilisaient les premières civilisations pour désigner la déesse des glaces. Un fermoir d’argent refermé le livre pour protéger ses pages parcheminées de tout désagrément.

Après avoir caressé la couverture avec tendresse pendant quelques minutes, je décidai de sortir de ces souterrains pour mieux profiter de la splendeur de ce recueil magique au grand air. Je plaçai la relique dans mon sac en y faisant bien attention, puis fis demi-tour et rebroussai chemin. Mes marquages dans le labyrinthe m’aidèrent grandement et je pu vite remonter jusqu’aux cryptes sans encombre. Sur la fin du dédale, ma torche s’épuisa et elle me laissa dans l’obscurité. Vu la distance qu’il restait à parcourir, je ne pris pas la peine d’en allumer une autre. La fin du labyrinthe était encore éclairée à chaque croisement et j’avais seulement quelques pas dans le noir dans les tunnels les joignant. Une fois celui-ci passé, il ne restait qu’une trentaine de mètres dans les caveaux et en tâtonnant les murs, je pus trouver le chemin sans encombre. Du moins, jusqu’à ce que j’atteignisse la première crypte où se trouvait la tanière de la manticore. Je vis une maigre lumière dans la salle ainsi que deux silhouettes.

Prenant peur, je me cachai dans la salle précédente et écoutai attentivement. Ils ne semblaient pas m’avoir remarqué pour le moment, mais ils chuchotaient comme s’il ne voulait pas être attendu. Je ne perçus que des bribes de leur discussion, mais je compris que l’un d’eux avait trouvé quelque chose d’intéressant et que l’autre avait désigné la trouvaille comme étant la clé dont ils avaient parlé tout à l’heure.

(La clé ? Pour la porte verrouillée de l’autre coté. Ce sont des explorateurs cherchant autre chose… A moins qu’ils cherchent le livre et le pense derrière la lourde porte de pierre.)

Après quelques minutes, l’un d’eux intima l’autre de remonter avant « qu’il ne revienne » pour ne pas se faire voir et attendre à la sortie.

(Ils en ont après moi ! Ils savent que je suis ici…)

D’un coup, je compris que j’avais été épié dès le début.

(Les bruissements étranges dans la forêt lors du trajet jusqu’à Amaranthe, l’avertissement d’Alin sur les traces de pas sur la crête… Quelqu’un m’espionnait depuis mon départ de Kendra-Kar !)

J’hésitai un moment sur la marche à suivre pour la suite. Je ne pouvais pas les laisser me suivre éternellement et ils risquaient de m’attaquer ou me voler dans mon sommeil. Mieux valait les affronter dès maintenant, leur faire face et les effrayer un peu. Je bus une potion pour recharger récupérer une partie de mes fluides que j’avais consommé dans la journée. Cette décharge d’énergie me galvanisa et je me sentis prêt à les confronter. Je déclenchai aussi mon pouvoir d’émanations magiques pour être paré au combat. Aux bruits de pas, je savais qu’ils finissaient de remonter dans le temple et que je devais me presser. Je soufflai un coup dans le sifflet pour gagner quelques secondes et me mis à courir pour les rattraper avant qu’ils ne quittent la salle principale.

_________________
Image
* Lillith, humain, Aurion et Cryomancien nv23 *
En mission pour les Amants de la Rose Sombre


Feu Ellana : morte dans les flammes du Purgatoir, hantant les lieux à jamais
et arborant ses tendancieux 6969 messages dans les archives de Yuimen


Haut
 

 Sujet du message: Re: Temple de Yuia
MessagePosté: Mar 19 Juil 2011 16:55 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 23 Nov 2008 18:45
Messages: 2879
Localisation: L'île des colliers maudits
Lorsque je surgis de l’escalier, les deux hommes avaient atteint le milieu de la pièce. Le sifflet n’avait pas eu un effet très long et ils continuaient à avancer, s’éloignant bien vite de moi. D’une voix tonitruante, je les hélai avec le plus d’assurance possible.

« Hola ! Qui êtes vous et pourquoi me suivez vous ? »

(Un poil prétentieux de penser qu’ils me répondront gentiment, mais Zewen sourit à ceux qui osent…)

Ils se retournèrent immédiatement et affichèrent un air déterminé et dénué de crainte. Je pus néanmoins voir la main de l’un trembler et se crisper près de la garde de son arme. Un des deux était un hinion aux traits creusés par une vie difficile. Il était vêtu de vêtements sombres et portait ostensiblement une épée longue et un arc accroché dans son dos. L’autre était un humain au visage émacié me lançant un rictus haineux. L’absence d’arme visible me fit craindre un lanceur de sorts, mais j’étais suffisamment certain de ma puissance pour ne pas le craindre. Son stress était apparent et il me répondit par une incantation aux consonances graves et stridentes. Son compère s’opposa en brandissant le bras devant lui, mais il était trop tard pour annuler le sortilège.

Des épieux de granit jaillirent d’une colonne penchée à coté de l’homme. Le premier me fonça dessus, mais j’avais perçu avec facilité les lignes d’énergie magique dessinées par le sort et la trajectoire du missile acérée, si bien qu’un bond sur le coté me permis une esquive facile. Il fallait avouer aussi qu’il ne visait pas merveilleusement et le pic suivant vint se fichait dans le sol à coté de moi, probablement avec pour objectif la poussière scintillante m’entourant. Le troisième par contre eu le mérite de me feinter avec une trajectoire en cloche et il arriva pour se planter dans mon torse. Les capacités magiques de mon armure firent alors un miracle et la pierre se dissolvait au fur et à mesure qu’il touchait ma protection de cristal pour former une vapeur fluidique aspirée directement dans le quartz pectoral. Il s’illumina d’un éclat iridescent et cette lueur se transmit à la gemme que je portais en médaillon autour de cou, avant de se diffuser dans ma poitrine. Je sentis une décharge d’adrénaline et la présence de fluides en moi, comme lorsque je buvais une potion de mana. Ne tentant pas ma chance une dernière fois, je fis un mouvement de parade pour contrer le dernier pieu de pierre avec mon sceptre et l’envoyer dans le décor.

(C’est un piètre magicien ! Je pourrais le battre un bras dans le dos !)

« Arrête ! Ne l’attaque pas sur son propre domaine, c’est stupide. »

L’archer semblait en colère face à l’incompétence de son compagnon. Il lui donna une frappe sur le crâne avant de s’adresser à moi d’un air hautain.

« Auguste n’a aucune notion de politesse et je le déplore, bien que vous ne méritez pas plus d’égards. »

(Je me demande si je ne préférais pas le fou au tir magique facile)

Vu l’attaque que je venais de subir, je restai sur mes gardes car ma prochaine question amènerait un nouvel assaut et je risquais d’être moins chanceux par la suite. Avec un dédain incroyable, l’humain prit la parole pour se présenter, ou du moins me faire déférence.

« Je suis Auguste Belépine, mercenaire des temples de Kendra-Kar, et voilà Naibu mon collègue. Nous avons été chargé de te suivre pour surveiller tes faits et gestes, ce qui nous amène à une conclusion qui, je dois le dire, va m’emplir de joie. »

« Les mercenaires des temples ? Mais pourquoi… Non ! Vous êtes envoyés par Sidfreid ? »

Naibu soupira et se tint la tête en voyant l’humain révéler si facilement des choses sur eux.

« Quand je parlais de politesse, ça ne voulait pas dire lui répondre ainsi largement mais juste éviter d’attaquer avant de dire bonjour, crétin ! Lillith, on sait plein de choses sur toi et tu n’es guère quelqu’un de convenable. »

« Oh ça va, on s’en fout s’il le sait maintenant. On est bien d’accord ? »

(Quoi ? Qu’est-ce qu’ils comptent faire ?)

« Pff… Oui, nous sommes sous les ordres de Sidfreid. Et notre surveillance fut concluante. »

Il laissa un silence filer dans la salle. Je raffermis ma poigne sur mon sceptre et attendis la suite. Elle ne tarda et l’hinion prit un ton grandiloquent.

« Lillith Orin, Tu es un blasphémateur. Tu as continué tes hérésies après ton bannissement du temple. Tu as délaissé l’armée kendrane en difficulté pour continuer ta quête puérile contraire à nos préceptes. Tu as détruit une représentation divine de Yuia et tu as tué le gardien que la déesse avait placé pour empêcher l’intrusion de gens comme toi. Nous en avons vu assez pour estimer la nuisance que tu représentes et nous devons y mettre un terme au plus tôt. »

« C’est n’importe quoi ! La statue brisée est un accident durant le co… Et la manticore a tué les prêtres. Et j’ai prévenu l… »

Abasourdi, je ne savais comment justifier mes actes face à des accusations nébuleuses et contestables. Je bredouillai des explications peu efficaces avant d’être interrompu par une réplique aiguisée. Nabui dégaina son arc à une vitesse fulgurante et tira un trait qui se planta dans la cuisse en plein milieu de mes déblatérations. Je poussai un cri de douleur avant de voir qu’il rechargeait son arme. Je sautai sur le coté pour éviter le second tir, voyant à peine au passage une couche de glace se former devant l’humain.

(Tiens, il manie autant la glace que la terre. Il me réserve de drôles de surprises…)

Quitte à ne pas pouvoir me toucher avec ses sorts, il se contentait d’utiliser ses sorts défensifs. J’étais trop éberlué par le déroulé des événements pour réagir logiquement. Je me contentais d’hurler.

« Mais vous êtes fous ! C’est n’importe quoi cette histoire ! Vous ne pouvez pas me juger ainsi. »

J’aurais sûrement pu continuer longtemps, mais l’archer sortit deux flèches de son carquois et je ne m’attardai pas à attendre un cessez-le-feu. Je plongeai vers un bloc de marbre d’une ancienne colonne pour me mettre à l’abri un instant. D’un coup violent, je retirai la flèche, non sans agrandir un peu la plaie, puis compressai celle-ci pour limiter les saignements. Elle était enfoncée profondément et si je me prenais d’autres traits aussi violents, cela allait être dangereux.

J’entendis qu’ils manœuvraient déjà pour m’atteindre et je me hâtai de concentrer mes fluides pour lancer mon sort de protection. Nabui avait déjà contourné mon abri et je ne devais pas perdre de temps. Je me levai en tendant les mains au ciel comme un dément et les invectivai avec rage.

« Je vais vous montrer la vraie puissance de Yuia et les pouvoirs qu’elle a confié à son vrai serviteur ! »

Fulminant, je fis pulser des vagues de fluide de glace dans les airs pour impacter sur le climat. La neige se mit à déferler par les ouvertures dans les murs et les trous du toit pour s’engouffrer dans le temple et tournoyer avec violence. Les volutes de neige fouettaient les visages et les bras de mes ennemis. Les cristaux s’engouffraient dans les armures et vêtements pour griffer leurs peaux. Je remarquai devant chacun d’eux des plaques de givres s’agitant devant eux pour bloquer la tempête mais leur effet était très limité face aux puissances que j’invoquai. Dans un réflexe salvateur, Nabui arriva à tirer une flèche. Elle atteignit ma main et me força à lâcher mon sceptre en me coupant la paume et ouvrant une longue plaie sur l’index. Mon bâton magique chût quelques mètres plus loin et la tempête de neige se calma.

Le combat commença à faire rage. Auguste frappa dans ses mains et une violente migraine m’écrasa la tête comme un étau resserré par un géant. La douleur était si grande que je ne pus faire autre chose que me tenir le crâne pendant de longues secondes qui servirent à son compère pour me canarder. Il prit deux flèches par la hampe pour les encocher en même temps et enchainer ainsi deux tirs pour le prix d’un. Mais ma protection magique était efficace et les flèches ricochèrent sur mon épaule en m’égratignant tout juste à la base du cou. Nabui banda à nouveau son arc pour viser mon ventre tandis qu’Auguste sortait une longue dague acérée et chargea vers moi. Il tourna à une vitesse folle autour de moi en me frappant furtivement à la jambe, dans les cotes et dans le dos. Ma hanche eu une belle estafilade, mais mon armure fit une bonne opposition aux autres coups et l’acier crissa contre le cristal dans un grincement strident. Alors que j’étais distrait par l’humain, l’hinion puis tirer sa flèche et je la perçus au dernier moment, évitant une perforation du foie ou de la rate en me jetant au sol et faisant une roulade. Mon mal de crâne s’atténuant, je répliquai directement par un pic de glace en échange de la flèche. Il se ficha profondément dans le bras de l’elfe, handicapant grandement sa capacité de tir à l’arc.

Il poussa un cri avec hargne et glissa son arme à l’épaule pour dégainer son épée, plus maniable à une main. Il fonça sur moi en brandissant son arme qui s’éclaira subitement de dizaines de flammes dansantes. Il atteignit mon abdomen et me perfora, mais sa lame rougeoyante ne s’enfonça pas trop profondément. Dans le même temps, un dragon évanescent jaillit des flammes pour entourer Auguste et gonfler sa silhouette d’une aura plus musclée. Et celui-ci incantait un nouveau sort. Avant qu’il ne pût finir, je tirai un pieu de gel mais celui-ci frôla sa tête et alla se planter dans le mur une dizaine de mètres plus loin. Il termina son sort et des vapeurs sombres l’enveloppèrent pour parsemer sa peau de dessins noirs et gonfler sa musculature.

(De la magie noire ! Je savais qu’il n’était pas net… Mais s’il m’agresse avec cette puissance, il risque de me faire très mal)

Je devais en finir au plus tôt avec ce sorcier et je décidai de concentrer mes fluides à leur paroxysme pour le tuer en une fois. Je fis une roulade pour éviter une nouvelle attaque à l’épée de Nabui et ramassai au passage mon sceptre. Auguste me fonça dessus et je n’esquivai pas pour mieux réussir à le toucher. Sa lame passa entre les cristaux cachant mes cotes et j’eu une blessure béante au dessus du rein, délivrant des flots de sang et de douleur. Mais il était maintenant suffisamment proche de moi. Je plaquai ma main libre sur son visage et libérai toute la puissance. Mon armure s’illumina un instant et une couche de givre parcouru ma main avant de couvrir la tête puis les épaules de mon ennemi. Son élan lui fit continuer son mouvement malgré l’absence de réaction de sa part et il tomba pour s’écraser sur les pavés. A l’instar de la statue de Yuia chutant la veille, sa tête congelée se brisa en mille morceaux.

D’un air goguenard qui cachait bien les souffrances que me criaient toutes mes blessures, je sondai du regard l’archer désormais seul. Il prit en compte les nouvelles données du combat et jugea bien vite que la meilleure tactique serait la fuite. Il jeta au sol une bille qui explosa et libéra des fumées épaisses. Sur mes gardes, je scrutai les environs au cas où son air désespéré était feint pour mieux m’atteindre.

Le vent balayant la salle depuis les multiples ouvertures de celle-ci chassa vite ce camouflage de couard et je vis bien vite Nabui ayant atteint les portes. Mais contrairement à ce que je supposais, il ne continua pas sa course et se tourna vers moi en m’adressant un sourire plein de haine.

« Nous n’avons pas pu te stopper, mais Yuia le pourra. »

Je ne comprenais pas sa phrase, mais la suite des événements devint claire quand il sortit d’une poche de sa cape une gemme grise, ou plutôt argentée.

(Qu’est-ce que… Le Permafrost ! Feu-Auguste avait du voir la même chose que moi et ils ont trouvé la clé durant leurs fouilles !)

S’il mettait la gemme enchantée dans l’emplacement prévu dans le mur, c’en était finit de moi. Je courus comme si j’avais encore la manticore aux fesses, mais son mouvement était trop rapide. D’un geste salvateur, je cherchai dans mon sac le sifflet, seul moyen d’atteindre la sortie à temps, mais en vain. Je ne pu qu’attraper au fond de la poche les deux runes qu’il me restait.

« Nonnn ! »

Il planta la gemme dans sa serrure et je sentis une puissance phénoménale se libérer et tout se déroula très vite. Un vague d’énergie fit vibrer l’air et partit de la porte pour traverser tout le temple. Sous son impact, je basculai en arrière et mon souffle en fut coupé. Des lignes lumineuses parcoururent les murs un peu partout et dessinèrent des arabesques dans tous les sens, jusqu’à rejoindre le sol autour de l’autel et descendre dans les sous-sols. La température baissait brutalement, au point que même moi j’en sois frigorifié. Lorsque je me redressai pour courir à nouveau, un grondement retentit dans les cryptes et approcha.

(Je n’atteindrai pas la sortie à temps !)

En désespoir de cause, je regardai ce qu’il me restait en main, à savoir les runes que je venais de piocher dans mon sac, invoquer et endurance.

(Endurance !)

Brandissant la rune contre moi alors que je courais toujours, j’attendais le bon moment pour la déclencher. En regardant derrière moi, je vis un gel monstrueux se démultiplié et recouvrir toutes les parois.

« Tez ! »

La rune s’illumina et tomba en poussière au moment où je fus pris dans la glace. Telle une avalanche, elle me recouvrait entièrement et un froid sidéral m’envahissait. Je sentais celui-ci s’insinuer lentement en moi et la magie runique devait sûrement me protéger quelque peu du processus. Mais la mort n’était pas loin et je devais agir vite. Ma gangue m’immobilisait complètement, mais je pouvais encore manipuler mes fluides en moi avant que mon esprit engourdit disparaisse dans les brumes de l’inconscience. Pour contrer le froid extérieur, je manifestai mon propre froid et contaminai chaque parcelle de mon corps avec lui. Je lutter avec les fluides extérieurs pour ne pas les laisser entrer en moi, déchirer mes chairs, congeler mon corps. Je rabaissais ma température, usant les techniques du sort de fausse mort pour atteindre un état comateux mais stable. Après une bonne minute de combat intérieur, je réussis à atteindre un équilibre délicat dans lequel j’étais encore en vie.

A travers la glace translucide qui remplissait tout le temple et s’arrêtait aux portes du temple, je vis une forme floue et mis un bon moment à comprendre que c’était Nabui. En me concentrant, je pus un peu mieux voir et compris qu’il pansait ses plaies. Il se leva et, avant de partir, s’approcha de la glace et cracha dessus.

(L’immonde porc ! Je lui ferais payer si j’arrive à sortir d’ici.)

Il semblait me croire mort et quittait les lieux soulagé.

_________________
Image
* Lillith, humain, Aurion et Cryomancien nv23 *
En mission pour les Amants de la Rose Sombre


Feu Ellana : morte dans les flammes du Purgatoir, hantant les lieux à jamais
et arborant ses tendancieux 6969 messages dans les archives de Yuimen


Haut
 

 Sujet du message: Re: Temple de Yuia
MessagePosté: Mar 19 Juil 2011 22:06 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 23 Nov 2008 18:45
Messages: 2879
Localisation: L'île des colliers maudits
J’étais dans une sorte de stase, un état figé dans lequel rien ne bougeait et où seules mes pensées arpentaient ma carcasse pétrifiée. Le désespoir m’emplissait un peu plus chaque jour jusqu’à ce que je perdisse la notion du temps. Le soleil passait encore et encore dans le ciel, mais je n’évoluais pas. Je ne ressentais ni la faim, ni la soif, ni un quelconque besoin physique. Seul l’ennui devenait rageant. Je cru en sortir lorsque je vis dans l’entrée apparaitre une silhouette. J’estimai mal depuis combien j’étais coincé dans le Permafrost, mais cela faisait bien un mois que ma prison de glace me laissait ainsi sans mouvement possible. Je voyais donc une silhouette s’approcher lentement de l’entrée du temple. Il était vêtu d’une lourde armure et une cape… pourpres.

(Un garde de Pulinn ! Je suis sauvé !)

Il m’aperçut dans la glace et examina longuement le bloc de gel qui obstruait l’entrée. Il donna un coup de hallebarde dedans, chose que j’encourageai de tout mon cœur à défaut de pouvoir l’encourager à voix haute. Il frappa encore quelques fois la surface glacée avant d’arrêter et de gratter la pellicule formée. Les éraflures étaient mineures et, à mon grand regret, le garde abandonna vite sa tâche. Il m’abandonnait, m’imaginant sûrement mort dans le Permafrost. Il repartait alors que je hurlai intérieurement de persévérer, de continuer à creuser la glace pour me libérer.

Mais c’était en vain et mon désœuvrement reprit de plus belle. La mélancolie me gagnait et je n’arrivais pas à surmonter mon état impotent. Les jours passèrent, les nuits marquant chaque fois la quotidienneté de mon attente, puis les semaines et enfin les saisons. Avec le temps, mon état d’esprit s’améliora et je supportais avec philosophie ma vie dans cette stase. Je pris goût à la tranquillité, à la constance. Chaque jour qui passait était un jour où chacun vieillissait et dépérissait, mais je restais tel quel, protégé par mon écrin de glace.

La vie s’écoulait, mais je demeurais là, éternel, témoin du temps qui passe. J’en profitais pour méditer sur ma vie, ce qui m’avait conduit là, chaque partie du chemin, mes amis, mes amours. Je jouais avec mes fluides, caressant les dons que Yuia m’avait octroyés avec une certaine affection, jusqu’à atteindre une réponse presque immédiate à l’entièreté de mes pensées. Je pu même soigner mes blessures du combat contre les mercenaires avec le temps et la magie m’entourant. Je m’en trouvais apaisé et la vie me paraissait si paisible et heureuse.

Je supportais facilement la suite du temps et le printemps revint à nouveau, puis l’été passa. Durant cette seconde saison de Meno, je sentis le Permafrost faiblir. Sa magie s’épuisait et il n’était visiblement pas conçu pour durer éternellement. Le soleil de plomb affaiblissait ses protections et je sentis un beau jour que ma prison de glace allait bientôt me laisser repartir vers le monde des « mouvants ». Je sentis une baisse soudaine dans la circulation des fluides et la glace se fissura de toutes parts. Dans un tintement céleste, tout le bloc gelé se désagrégea en une fine poussière chamarrée volant en volutes graciles. Je tombai au sol, en pleine possession de mon corps, comme si un court moment s’était déroulé au lieu de plus d’une année.

« Libre… »

Un peu déstabilisé par ce phénomène, je pris un long moment pour prier Yuia, la glorifier et la remercier de ce que j’avais vécu, autant la prise dans le Permafrost que la fin de celui-ci. J’avais encore beaucoup à faire sur cette terre et le repos que j’avais eu n’était qu’un avant-goût de celui auquel je pourrais aspirer quand j’aurais accompli ma destinée, intact et éternel.

Je mangeais mes dernières provisions qui avaient été congelées tout ce temps là et pris les réserves de viande séchée et les quelques pommes qu’avait sur lui Auguste dont le cadavre trainait toujours au milieu de la pièce. Je trouvai en même temps lors de ma fouille un peu d’argent que je me hâtai de glisser dans ma bourse en dédommagement, ainsi qu’une lettre signée de la main de Sidfreid. Son contenu atterrant à base de médisance sur mon compte et d’ordre de surveillance me sidéra, mais je su qu’il me fallait garder cette preuve sur moi pour mon retour. Je glissai donc le pli ignominieux dans mon sac, ramassai mes affaires et pris la route pour quitter ce temple abandonné et regagner la civilisation.

(((L’argent de la bourse est une justification vague des gains en yus de ma prochaine correction)))

> Suite

_________________
Image
* Lillith, humain, Aurion et Cryomancien nv23 *
En mission pour les Amants de la Rose Sombre


Feu Ellana : morte dans les flammes du Purgatoir, hantant les lieux à jamais
et arborant ses tendancieux 6969 messages dans les archives de Yuimen


Haut
 

 Sujet du message: Re: Temple de Yuia
MessagePosté: Dim 16 Aoû 2015 18:00 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 30 Juin 2015 17:16
Messages: 81
Localisation: Couvent des Soeurs du Saint Livre (Duchés)
>> Siehst du den Mond über Soho ? Neeeeeeh...

L'aube des dieux


Les quelques huit heures de marches éreintantes qui suivirent ne comptèrent aucun nouvel incident. Peu après avoir entamé leur ascension, Roche se retourna pour surveiller leurs arrières et constata avec soulagement que le voyageur nocturne poursuivait son chemin sur la route principale. Sa prudence ne diminua pas pour autant, comme si elle redoutait que ce ne soit qu'un leurre ou qu'une autre menace ne les guette. Ainsi, l'unique pause qu'elle leur accorda afin qu'elles puissent se restaurer ne dura pas plus de dix minutes. L'elfe ne protesta pas cette fois et partit dans un coin manger avec avidité sa ration de pain, de viande fumée et de raisins secs, avant de masser en silence sa cheville douloureuse et de ruminer ses noires pensées. Outre sa haine grandissante pour Roche, Haple découvrait une capacité toute nouvelle dont elle se serait volontièrement passée : l'auto-critique. Elle s'en voulait à elle-même d'avoir un temps placé sa confiance dans la montagnarde, et songea-t-elle avec amertume son admiration aussi, du simple fait que celle-ci avait vu du pays. Mais l'aventure ne façonnait pas nécessairement des personnalités équilibrées, ou bien était-ce qu'il fallait de base être instable pour prendre la route ? En tout cas, elle était dorénavant convaincue qu'elle ne pouvait se fier qu'à elle-même et regrettait de ne pas avoir saisi l'occasion de prendre la poudre d'escampette par la fenêtre de sa chambre lorsqu'il était encore temps. Son ego meurtri ne pouvait maintenant que se raccrocher à l'espoir ténu qu'elle aurait l'occasion de se débarrasser de la tutelle de Roche avant de parvenir à Amarok, et si possible de lui faire regretter d'avoir porté la main sur elle. Fort heureusement, la route était longue jusqu'au repaire des Fujoniens...

A présent, alors que le jour se levait, la côte se transformait progressivement en faux-plat où il devenait plus aisé de progresser. Depuis un moment déjà, le chemin de terre avait pour ainsi dire disparu dans les hauteurs sous une couche de neige de plus en plus épaisse. A vrai dire, Haple ne le distinguait dans le clair-obscur que grâce à la présence de sa guide devant elle... et elle aurait été bien incapable de s'orienter toute seule dans ce dédale en nuances de gris des plus inhospitaliers. Qui plus est, la petite était au bord de l'épuisement et son esprit ensommeillé ne lui permettait guère plus que de mettre un pied devant l'autre machinalement sans questionner la route suivie. Elle espérait seulement qu'elles prendraient abri rapidement car un orage d'été se préparait dans la vallée, comme le laissait penser les nuages sombres qui apparaissaient à la faveur de l'aube, et l'elfe aurait préféré éviter d'ajouter les intempéries aux conditions de marche déjà éprouvantes. Et c'est sur cette pensée que Haple entendit les bruits de pas s'arrêter devant elle, remplacés bientôt par la voix haut-perchée tant honnie :
- On est arrivées. On va faire halte dans ces ruines le temps que tu dormes un peu.
L'elfe suivit du regard la direction indiquée par la blonde pour y découvrir un temple abandonné. Ses murs d'enceinte étaient éventrés par endroits et la voûte de la coupole principale en partie effondrée. C'était une vision insolite que cette glorieuse bâtisse, mise à mal par un quelconque mouvement de terrain, mais que le temps avait depuis laissé inaltérée. En effet, nulle végétation ne venait couvrir les yeux des statues de marbre esseulées et aucun oiseau n'avait nidifié dans les interstices des parois tombées.
- C'est un temple de Yuia n'est-ce pas ? demanda Haple en rejoignant les côtés de sa guide.
- A quoi le vois-tu ?
Tandis qu'elles marchaient en direction du bâtiment, l'enfant tenta de mettre les mots sur ce qui nourrissait cette intuition.
- Le temps semble figé. Comme par la main de la dame de glace. Pour que rien ne vienne altérer la grâce de sa demeure, désertée par son clergé...
- On a une poète parmi nous, dirait-on... commenta l'aventurière avec sarcasmes.
La pique n'atteint même pas son esprit engourdi par la fatigue et Haple poursuivit jusqu'à l'entrée principale. A présent mise à bas par l'affaissement du fronton de pierre, la lourde porte à double battant gisait à terre, brisée en minces blocs de marbre blanc que les deux voyageuses enjambèrent aisément.

Parvenues à l'intérieur, elles furent alors accueillies par une obscurité plus profonde que le clair de lune mourant au-dehors. Des rais de lumières la traversaient doucement de part en part, provenant de vitraux d'albâtres et de trous dans la coupole délabrée, et conférait à cette pièce circulaire une aura mystique qui imposait le silence. Haple resta sur place scrutant les ombres de ses yeux elfiques. Elle pouvait deviner la présence de piliers qui avaient jadis du structuré l'espace en sept transepts oblongues se rejoignant sous la coupole. Deux d'entre eux gisaient cependant à même le sol et l'effondrement du plafond en résultant éclairait désormais la nef qui faisait face à la porte principale. Cette dernière abritait une petite chapelle à en croire la présence d'un autel surplombé par une statue de marbre blanc à l'effigie de Yuia. Et automatiquement, comme hâppée par la beauté transcendantale de son visage divin, Haple se mit à marcher à sa rencontre...avant d'être interrompue abruptement par Roche :
- Viens par ici. Le plafond n'a pas l'air stable là-bas.

Haple tourna la tête dans la direction de la voix. La montagnarde était adossée contre le mur de l'une des nefs latérales encore intacte et la petite l'y rejoignit sans discuter.
- On va pouvoir dormir un peu. Installe toi à côté. Je garderai un œil ouvert au cas où on était effectivement suivies...
Mais l'enfant elfe resta plantée sur place. Un vitrail d'une extrême sophistication, situé quelques mètres au-dessus de la tête de la blonde, accaparait toute son attention. Dans un camaïeu crème et ocre, la mosaïque translucide représentait une trinité divine à en juger par l'emphase abstraite faite sur leur silhouette à grand renfort de volutes d'éther, de flammes dansantes et de rayons lumineux. Haple reconnaissait l'un des personnages, la femme, dont la ressemblance frappante avec le visage de la statue dans la chapelle l'identifiait comme la déesse du froid. A ses côtés, elle devinait le dieux du feu Meno à sa longue chevelure orangée qui se joignait aux flammes léchant ses muscles d'airain et son torse bombé. Situé entre le couple antagoniste, et les surplombant de son corps gigantesque, le troisième personnage lui était en revanche totalement inconnu et la laissait perplexe... Les traits de son visage étaient indiscernables ; seules quelques impuretés en ponctuaient la surface d'un blanc immaculé. Quelque chose lui faisait penser qu'il s'agissait d'un personnage masculin... Peut-être son imposante stature ?
- Qu'est ce qui te fait froncer les sourcils comme ça ? l'interrogea Roche en se tordant le cou pour regarder le vitrail au dessus de sa tête. Aaah, la genèse de Yuia et Meno...
- Yuia et Meno, oui, répéta la petite... Mais qui est le géant qui se tient au-dessus ?
Roche prit une seconde pour répondre, un sourire amusé sur les lèvres.
- Et bien, on dirait que tu ne sais pas tout sur tout finalement... susurra-t-elle avec plaisir avant de poursuivre d'une voix soudain sérieuse, mais c'aurait été incroyable que tu le reconnaisses. Il s'agit de Zewen, conclut-elle simplement.
La mine perplexe de l'enfant ne fit que s'accentuer alors qu'elle répétait encore et encore le nom dans sa tête pour extirper de sa mémoire ses souvenirs de cours d'histoire … Haple abandonna finalement et avoua son ignorance avec irritation :
- Jamais entendu parler.
- Comme je dis. Ca ne m'étonne pas. Et même tes aînés n'en auraient probablement jamais entendu parler. Zewen est largement méconnu, en particulier des peuples elfes.

Sur ce, Roche se décolla du mur contre lequel elle était adossée et se remit sur ses jambes dans un soupir de fatigue avant de rejoindre la petite à ses côtés.
- C'est le dieu du Temps et du Destin, vois-tu, alors il prend naturellement une place plus importante dans la vie des humains et autres races pour qui le temps passe vite. Pour un elfe, les bouleversements majeurs sont plus... espacés, disons. Et entre-temps, on oublie alors la main de Zewen dans le cours des choses. Encore que tu sembles te distinguer des tiens sur ce point... sur les routes à ton âge !
(Le dieu du Temps et du Destin...) Haple avait beau essayer d'évoquer à son esprit ce nouveau dieu, elle ne parvenait pas à se familiariser avec, au contraire des autres entités du panthéon de Yuimen. La curiosité l'emporta sur ses sentiments à l'égard de la montagnarde :
- Mais que fait-il...concrètement ?
- Ha ! C'est sûr, Zewen ne donne pas dans l’esbroufe. Pas de tempêtes océanes, d'éruptions volcaniques, de blizzards ou d'orages de montagnes ! Et je pense que c'est pour cette raison que nombres d'humains l'ont également oublié au profit des dieux plus...tangibles. Comprendre Zewen demande une grande finesse d'esprit. C'est d'ailleurs impossible selon les croyants : on ne peut que s'efforcer de décrypter sa volonté et d'identifier son action dans l'avancement du Monde, sans jamais entièrement saisir ni l'une, ni l'autre.
Haple commençait à regretter sa question...car le débit de la blonde s’accélérait, s'abattant comme une grêle de notions abstraites sur l'esprit fatigué de l'enfant, sans pour autant définir quoi que ce fut. De ce que l'elfe avait suivi, Roche avait surtout mis en lumière ce que le « dieu » n'était pas... Heureusement, celle-ci se mit finalement au niveau de l'enfant, utilisant l’allégorie du vitrail pour expliquer son propos :
- Tu vois comment sa tête est sans visage ? C'est pour illustrer notre ignorance à son égard. Nul ne peut savoir à quoi il ressemble car il est tellement supérieur à nous, ainsi qu'aux autres dieux, ajouta-t-elle en désignant le moindre gabarit de Yuia et Menos, qu'on ne peut tous simplement pas le voir dans sa totalité... C'est comme se tenir au pied d'une montage et chercher à embrasser d'un même regard la rivière dans la vallée et les neiges éternelles du sommet... Impossible. Par conséquent, on ne peut appréhender Zewen qu'à travers des détails plus ou moins significatifs. Une naissance inespérée ou un pari perdu, pour les petites choses. Mais aussi, à plus grande échelle, un assassinat politique ou la pacification d'un royaume déchiré par la guerre.
- Alors il est responsable de l'existence de... « violeurs, bouilleurs d'enfants, truands » et autres joyeusetés dont vous parliez ? lâcha-t-elle par provocation.
- D'une manière ou d'une autre... certainement, oui, répondit Roche songeuse. Mais dans quel but ? Personne ne saurait dire.
- Moi, je sais, répliqua l'enfant elfe. Il est mauvais. Décider de tout pour tout le monde, c'est purement mauvais. Je crois que je ne l'aime pas votre Zewen.
Roche se contenta de la regarder en silence avec un sourire énigmatique dans lequel aurait tout aussi bien pu se trouver de l'indulgence ou de l'agacement.
- De toute manière, je n'y crois pas. Comment il ferait pour contrôler des choses aussi différentes que l'issue d'un pari ou un assassinat politique ? Ca n'a rien à voir, pas comme l'influence de Yuia sur le froid, la neige ou la glace...
- Il décrète et les choses sont, expliqua la guide d'une voix monocorde avant d'éclairer cette formule à l'aide de l'image d'albâtre. Tu vois ces rayons lumineux qui tombent du ciel sur les épaules de Zewen ?
Haple hocha du chef. Elles les avaient remarqués : au nombre de huit, ils formaient un arc-en-ciel en dégradé de jaune et disparaissaient tous dans la silhouette d'un blanc immaculé du géant.
- Et bien, ce sont les fluides. Ensembles, ils ont formé Zewen et Zewen les manipule à volonté. C'est comme ça qu'il a créé les autres Dieux, comme le représente ce vitrail. Et ce sont les fluides également qui réalisent sa volonté en toute chose, qu'il s'agisse de l'issue d'un pari ou d'un assassinat pour reprendre ton exemple. Tu sais ce que sont les fluides n'est ce pas ?
(Moui...)
- C'est la magie...  hasarda l'enfant dans un bâillement.
Cette fois, Roche partit d'un rire franc et tapota gentiment la petite tête brune de l'enfant :
- Non pas vraiment. Mais gardons ça pour une autre fois. Si tes maîtres de magie n'ont pas réussi à faire rentrer dans ta caboche de mule la distinction entre fluides et magie, je n'ai pas le courage de m'y attaquer maintenant. Regarde, le soleil est déjà bien levé et il fera bientôt trop clair pour s'endormir, conclut-elle en désignant du regard le clair du jour qui illuminait avec une intensité grandissante le vitrail religieux.
- Je n'ai pas besoin de dormir, seulement de fermer les yeux et reposer l'esprit, répondit l'elfe d'une voix courroucée en s'extirpant de sous la main condescendante de l'humaine.

La jeune femme haussa les épaules et laissa la petite s'éloigner en grommelant. Haple ne voulait pas l'admettre devant la montagnarde mais elle était effectivement exténuée. Et si normalement quelques heures de méditation lui suffisaient, il lui faudrait certainement plus, cette fois, pour se requinquer après l'effort fourni sur la route du col. Elle finit par trouver un peu plus loin un coin du temple où l'obscurité était encore intense et surtout à distance suffisante de la couche de sa guide. (Sûre qu'elle ronfle en plus !) Tombant son petit sac de voyage au sol ainsi que son tambour de guerre, Haple s'assit lourdement dans un soupir de soulagement avant de s'allonger et de fermer les yeux sans plus de façons. Les propos de Roche résonnaient dans sa tête. Elle avait la frustrante impression de ne pas avoir tout compris concernant ce Zewen. Une chose était sûre : elle n'aimait pas l'idée que ce soi-disant dieu ait son mot à dire dans la tournure de sa vie à elle ! Et elle n'était pas sûre d'apprécier la légèreté avec laquelle Roche semblait mettre sur un pied d'égalité assassinats et traités de paix. La liste de ses griefs contre la montagnarde ne cessait de s'étendre... Mais Haple ne voulait pas s'y attarder, sans quoi elle ne trouverait pas le repos nécessaire. Elle refoula donc à l'arrière de sa conscience leur récente conversation, les épreuves de la journées et les offenses répétées à son encontre ainsi que ses questions sans réponses concernant les motifs mystérieux qui animaient le Fujonien et la montagnarde. Un détail restait cependant en travers de son repos : les dalles de pierre étaient dures et froides. Et, remuant en tous sens pour chercher une position confortables, se calfeutrant au maximum dans sa tenue de montagne, Haple finit par heurter de ses pieds quelque chose de mou et dur à la fois. La petite laissa échapper un hoquet de surprise qui fut couvert par une une cascade de bruits sourds alors que l'objet non-identifié s'effondrait sur le sol de pierre.
- Qu'est ce que c'est ? lança aussitôt Roche d'une voix ardente répercutée en écho contre les murs du temple.
Haple ouvrit les yeux sur un spectacle peu ragoûtant ... Elle ne l'avait pas remarqué auparavant mais ses yeux désormais habitués à l'obscurité de ce coin du temple discernaient...
- Un squelette, répondit-elle. Ce n'est rien... « Juste » un squelette que j'ai heurté accidentellement.
- Hum, c'est joyeux... Tu peux venir ici si tu préfères. Je monterai la garde, ou en tout cas je ne dormirai que d'un oeil.
La petite ne lui répondit pas. Elle ne lui donnerait pas la satisfaction de se montrer effrayée comme une quelconque gamine. Non pas que le spectacle macabre la laissait complètement indifférente. Ce n'était pas franchement rassurant, pour sûr. Mais à bien regarder les restes osseux enveloppés dans un tas de fripes poussiéreuses, elle parvenait à se dire qu'il serait bien inoffensif et qu'elle pouvait retourner à sa méditation. Sauf que... (Maudites dalles !). Et Haple tendit vivement un bras vers les décombres du squelette pour en tirer le manteau d'hiver qui avait jadis dû tenir chaud à son détenteur. Le portant à son visage, la petite l'examina un instant. Il avait une odeur âcre de poussière mais il était chaudement rembourré d'une doublure en fourrure. Son prédecesseur avait dû être riche... Un prêtre de Yuia infortuné peut-être ? Quoiqu'il en soit le manteau ferait l'affaire et Haple s'enveloppa dedans avant de se replonger enfin dans un repos amplement mérité.

>> La tempête avant la tempête

_________________


Dernière édition par Haple Mitrium le Lun 31 Aoû 2015 12:54, édité 2 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Temple de Yuia
MessagePosté: Lun 24 Aoû 2015 16:44 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 30 Juin 2015 17:16
Messages: 81
Localisation: Couvent des Soeurs du Saint Livre (Duchés)
>> L'aube des dieux

La tempête avant la tempête


Le précipice familier s'ouvrait à nouveau sous ses pieds, fissure profonde dans la roche creusée par le cours implacable de la rivière en contrebas. Dans un mouvement de va-et-vient incertain, la jeune fille tendait le cou pour plonger son regard dans l'abysse vertigineuse avec un mélange d'attirance et d'appréhension... Comment était-elle revenue au pont d'Amarathe ? Question sans intérêt. Elle était débarrassée de la montagnarde aux manières si brusques, et c'était tout ce qui comptait ! Gagnée par le souvenir du coup de poing cuisant, Haple se saisit de fragments de roche qu'elle détachait du pont de pierre lui-même avant de les jeter avec hargne se fracasser contre les rochers du torrent. Et plus elle s'adonnait à sa colère, plus celle-ci grandissait. Les éléments eux-mêmes la joignaient dans son humeur ombrageuse : de noirs nuages s'accumulaient au-dessus des montagnes. L'ouatte des premièrs flocons étouffait bientôt l'écho des cailloux dans le gouffre. Mais la fraîcheur de la neige n’apaisait pas pour autant l'enfant colérique, ni ne l'incitait à prendre abris dans l'une des maisons de pierre attenante. Enfin vint la foudre. Lointaine d'abord. Et irrégulière, percutant le ciel matinal de sa rythmique chaotique. Puis de plus en plus forte, alors que les coups de tonnerre s'emballaient, comme hâtifs de frapper aux portes d'Amaranthe. Jusqu'à ce que... Ssscrrrrraaaaatch !!! Un éclair plus proche que les précédents tomba du ciel et fit voler en éclat le pont de pierre, projetant la jeune elfe au fond de l'abîme, livrée au flot impétueux du torrent grondissant…

Et la tirant de ses rêves agités.

>> La salsa du démon

_________________


Dernière édition par Haple Mitrium le Lun 24 Aoû 2015 18:07, édité 2 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Temple de Yuia
MessagePosté: Lun 24 Aoû 2015 16:50 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 30 Juin 2015 17:16
Messages: 81
Localisation: Couvent des Soeurs du Saint Livre (Duchés)
>> La tempête avant la tempête

La salsa du démon


Haple écarta d'une main tremblante l'épais manteau pour mieux respirer. La pauvre enfant haletait tant les restes du rêve étaient vivides. Elle avait vraiment dû puiser dans ses retranchements durant l'ascencion pour tomber dans un état de stase aussi profond. Se redressant sur son séant, celle-ci jeta un regard autour d'elle pour s'assurer qu'elle était bien toujours dans le temple abandonné. Et comme pour répondre à son interrogation, un vrombissement tonitruant retentit gravement entre les murs de pierre blanche. (Et elle ronfle, j'en étais sûre! « je monte la garde, hein ? »). Machinalement, comme si elle faisait son lit, l'enfant plia le manteau du prêtre puis entrepris de l'accrocher dans les sangles de son sac. Soudain, un coup de tonnerre la fit sursauter. Ce n'était donc pas uniquement dans son rêve... Haple leva les yeux et ouvrit les oreilles plus attentivement. Entre les ronflements intermittents de sa guide, elle entendait le sifflement du vent, distant mais constant, et la lumière pâle du petit matin révélait un tapis de neige en formation sur le parterre de la chapelle surplombé par une Yuia aux larmes de givre. A nouveau, un éclair déchira le ciel matinal, plus proche celui-ci, éclairant la pièce de sa lumière bleutée et projetant l'ombre élancée des piliers de pierre contre les murs du temple. Haple écouta le craquement tonitruant qui suivit aussitôt se répercuter en écho entre les flancs de montagne rocheux. Encore et encore, la voix de l'orage résonnait dans le temple de la dame de glace. Mais, ce n'était pas tout. Une autre voix s'y joignait. (Comme un cercle de percussions...?) Cela se pouvait-il, aussi isolée qu'elles étaient ? Pourtant, la jeune fille entendait bien une rythmique endiablée de cliquetis aigus et clappements sourds, et aucun doute ne demeurait car celle-ci montait crescendo, prenant presque le dessus sur le grondement du tonnerre.

Haple hésitait à se lever pour aller voir à la porte la venue de ces percussionnistes improbables... Mais une once de prudence la retint et, avant qu'elle ne se soit décidée, la musique rythmée s'était arrêtée au-dehors. Un silence ponctué uniquement des bruits de l'orage s'ensuivit, dans lequel l'enfant guettait le retour des percussions. Mais au lieu de cela, elle entendit une série de raclements sur la coupole qui lui firent lever la tête. (... qu'est-ce que ...?). Pour la première fois, elle n'était pas mécontente d'avoir l'aventurière à ses côtés et son instinct lui dicta de se rapprocher d'elle.
- Roche...
(...mais qu'est-ce que… des bruits de pas, sur le toit...?)
- ROCHE Réveill...
Mais plus efficace encore que les secousses de l'enfant sur la guide profondément endormie fut le vacarme qui s'ensuivit. Passant la tête par l'ouverture de la coupole effondrée, une créature horrifique apparut à la faveur d'un éclair. Et l'instant d'après, un pan entier du toit s'effondrait sous le poids du monstre qui lâcha entre ses crocs acérés un cri strident à percer les tympans alors qu'il tombait dans la chapelle dans un maëlstrom de pierre, de neige et d'écailles. Bondissant sur ses pieds comme sortant d'un cauchemar, Roche jeta un regard égaré en tous sens et se figea presque aussitôt sur les décombres du toit où la créature s'apprêtait... à atterrir sans égragtignures. En effet, la créature hideuse était pourvue d'ailes cuirassées et flottait à mi-hauteur dans la chapelle, devant les yeux larmoyant de la déesse de beauté. Ses pattes griffues et sa queue terminée par une masse de pics chitineux s'agitaient tout en souplesse pour contrebalancer les mouvements puissants de ses ailes sortant de son dos musclé. Et Haple eut la désagréable surprise de voir sur sa face couverte d'écailles maronnâtres un sourire moqueur étirer ses lèvres émaciées. Son visage entier exprimait une joie impatiente, celle de celui qui brûle de s'amuser avec un nouveau jouet... Enfin, le démon volant posa ses serres écailleuse sur un bloc de pierre brisé et laissa retomber ses ailes comme une cape de cuir sur son corps disgracieux.

Tandis que l'elfe découvrait dans un mélange d'horreur et de dégoût le physique cauchemardesque de l'intrus, Roche, elle, s'était ressaisie. D'un geste habile du pied, elle fit sauter son bâton de marche et le tenait à présent fermement entre ses mains. La tête légèrement inclinée, son regard fixé sur l'espace les séparant du monstre ailé, la montagnarde marmonnait à voix basse, comme à elle-même mais avec une intensité vibrante, quelque chose que l'enfant ne parvenait pas à discerner. Jusqu'à ce que, tout à coup, la litanie de l'enchanteresse ne se transforme en un flot violent tel un torrent de montagne en crue :
- ...et que la fange sur les pieds du mendiant s'affermisse. Et que la poussière sur les jambes du marcheur durcisse ! Et que la Terre sur les bras du laboureur nous protège !!!
Alors une fumée ocre s'extirpa lentement de chacune des extrémités de son bâton et s'étira en deux minces filets dans la direction de chacune des voyageuses. Haple tendit sa main forte à la rencontre de l'étrange émanation, aussi légère qu'un gaz mais aussi visqueuse qu'un fluide... Et aussitôt sa peau entrée en contact, cette vapeur de boue s'affermit prenant la texture d'une pâte grumeleuse et collante qui semblait ramper d'elle-même depuis le dos de sa main jusqu'au coude, s'épaississant au centre de son avant-bras pour former un disque d'argile sèche.

Un nouveau cri perçant empêcha cependant la petite de s'émerveiller plus longuement sur cette prouesse magique. L'initiative de l'enchanteresse n'avait pas plu à la créature qui battait des ailes furieusement en dévoilant ses crocs acérés. Et sans laisser le temps à Roche de préparer un autre sortilège, il se propulsa sur elle. Avec les réflexes d'une aventurière aguerrie, la montagnarde porta aussitôt son bâton en avant pour écarter d'un coup circulaire les pattes griffues tendues avidement vers son visage et, dans le même mouvement rotatoire, exécuta une pirouette pour asséner une violente riposte sur le flanc de la créature déstabilisée. Couvrant la plainte de douleur et de rage de celle-ci, Roche cria par-dessus son épaule:
- Ton tambour ! Le Djinn, joue lui du tambour … !
Est-ce qu'elle avait perdu la raison ?!
- Ne discute pas ! C'est notre unique chance !
Percevant l'urgence dans la voix de la blonde, Haple couru sans réfléchir davantage et se jeta à genoux devant son sac. Des ficelles attachaient l'instrument à son barda ; il fallait défaire les solides nœuds que Roche avait faits. Alors que ses mains fébriles s'y efforçaient désespérément, les bruits de combat se poursuivaient derrière elle. La bête beugla à nouveau, sous une attaque réussie de l'aventurière espérait Haple, et l'instant d'après c'était le glapissement déchirant de celle-ci qui transperça l'espace sonore. Les cheveux de l'enfant se dressèrent sur sa nuque ; elle écarta de son esprit aussi net toute pensée de griffes lacérant la chair hâlée de la jeune femme pour se concentrer sur le nœud qui lui résistait. Mais Roche risquait à tout moment de succomber malgré son habileté évidente au bâton ! Allaient-elles toutes deux rejoindre le squelette du prêtre dans sa veille éternelle ? Le crâne à ses côtés semblait figé dans un sourire narquois qui semblait lui dire que oui, ce temple serait leur dernière demeure ! Alors, poussée par l'instinct de survie, la jeune elfe laissa tomber le nœud et se saisit du sac avec vigueur, le passant sur ventre de manière à avoir accès au tambour resté attaché sur le côté, puis d'une main déterminée, piocha un tibia parmi les os effondrés pêle-mêle dans les fripes du prêtre décédé et se releva en faisant frénétiquement sonner le tambour de guerre Garzork sous les coups de sa baguette macabre.

D'un volte-face, l'enfant découvrit un spectacle alarmant. Roche avait du essuyer un coup puissant du Djinn car elle avait un genoux en terre et les restes ébréchés d'un bouclier de terre finissaient de se déliter sur son bras levé en position de défense. La fureur de vivre se lisait cependant dans la grimace de son visage et Haple devina à cette assurance et cette combativité que la jeune femme était à force égale avec son adversaire, aussi mauvaise sa posture présente fut-elle. Puisant dans cette lueur d'espoir, la petite se mit en marche d'un pas régulier et déterminé vers les deux combattants, son tambourinage erratique se muant progressivement en un boléro vindicatif. Se figeant dans un nouvel assaut sur l'enchanteresse en difficulté, le Djinn tourna ses yeux globuleux vers la jeune percussionniste. Un regard diabolique, souligné par un sourire mi-carnassier mi-amusé. Puis délaissant sa proie précédente, la créature gonfla ses ailes d'un large geste d'ouverture et, gênée par la bassesse de plafond du transept, se propulsa gauchement à la rencontre de la petite joueuse de tambour. Mettant de côté sa rancœur envers Roche, l'enfant décida de croire l'aventurière lorsque celle-ci avait dit que l'instrument leur viendrait en aide et s'empêcha de prendre la fuite devant le chiroptère abominatif. Pour cela, l'enfant s'évertua à s'enfermer dans sa musique, occultant les pas maladroits de la géante chauve-souris, l'odeur fétide que véhiculait son haleine de charognard et ces yeux de braises qui la dévisageaient intensément. Cet univers chaotique et menaçant s'effaçait un peu plus à chaque mesure devant un monde de vibrations que la percussionniste ordonnançait de sa baguette d'os. Un monde façonné par la magie de sa volonté ! Et bientôt, sa musique gagna en puissance et chaque coup résonnait dans le temple joint à l'arrière plan par les encouragements vigoureux de la montagnarde et les coups de queue sur la pierre du monstre mélomane battant la mesure à l'unisson. Lorsque Haple tourna de nouveau son attention sur la scène de combat, elle put effectivement voir que sa ferveur musicale avait été contagieuse : le Djinn avait mis de côté sa soif de sang pour l'accompagner dans sa transe rythmique et Roche se dirigeait vers elle un sourire de victoire sur les lèvres.
- Continue, lui dit-elle. Surtout ne t'arrête pas et suis mes pas, doucement.
Et une main posée sur son épaule, Roche l'entraîna lentement en arrière, marchant à reculons vers l'entré du temple. Le monstre les suivait bien que maladroitement car il devait marcher de plus en plus courbé du fait du plafond incliné qui s'abaissait à mesure que la petite troupe s'approchait du seuil de la coupole. Et tout à coup, une voix à la limite de son inconscient lui intima qu'elles avaient là une porte de sortie. Car elle savait bien qu'elle ne pouvait pas éternellement apaiser le Djinn avec sa musique. Assurément, c'était la stratégie de sa guide : la créature ailée ne pourrait pas les suivre à travers la porte de l'édifice car celle-ci était à taille humaine et la seule manière de couper le lien entre la musicienne et elle était de jouer de son envergure à son désavantage pour leur laisser le temps de prendre la fuite. Alors, exultant à l'idée de cette issue inespérée, Haple se mit à tambouriner avec une énergie sans pareille, encore et encore.... ! La petite mobilisait son corps tout entier pour faire tonner l'instrument, armant son bras jusque derrière ses oreilles avant d'abattre sa baguette d'un ample mouvement vertical, le plus puissant possible. Jusqu'à ce que... dans un déchirement sinistre... l'os ne perfore la peau usée du tambour !

Pendant une seconde d'éternité, un silence de mort prit place dans les oreilles encore grisées des trois protagonistes. Aucun ne respirait ; seul régnait le bourdonnement du néant qui fait suite au final d'un trouvère virtuose. Et, comme la grêle des applaudissements d'un public enfiévré, l'orage tonna d'un coup de tonnerre cataclysmique aussitôt suivi d'une intense explosion de lumière crue peignant l'elfe, l'enchanteresse et le Djinn d'une blancheur cadavérique. Comme réveillé par le coup de semonce des éléments, un spasme agita les lèvres grises de ce dernier. Un grondement féroce monta aussitôt dans sa gorge, en écho avec la tempête déchaînée, annonçant la venue imminente d'un nouveau hurlement strident. Et, sans surprise, l'instant suivant les deux femmes se couvraient les oreilles sous la violence du cri de rage que poussa la créature, ailes et gorges déployées, une pluie de bave éclaboussant leur visage figé dans une grimace de crainte. Alors, la blonde poussa vivement la petite en arrière, manquant de la faire tomber dans le volte-face qu'elle lui imposa, et lui hurla sans se retourner :
- COURS !!! Que Zewen te guide !
Autant emportée dans son déséquilibre que par la peur, l'enfant prit ses jambes à son cou et s’enfuit par la porte principale. Cependant, aussitôt eut-elle franchi le seuil du temple qu'une violente rafale de blizzard la stoppa dans son élan. La tempête battait son plein au dehors, le bruit de la foudre n'ayant été qu'un épiphénomène. Ses ardeurs refroidies par la morsure du vent, Haple se retourna alors, espérant voir venir la montagnarde en courant … elle avait besoin d'elle ! Qu'elle la conduise à travers cette purée de pois vers un lieu sûr... ! Mais la jeune femme ne suivait pas. En plissant des yeux, l'elfe parvint à distinguer à travers le rideau de neige la silhouette de Roche en prise avec celle du monstre la surplombant, son bâton dressé à l'horizontal retenant les griffes acérées dans une tentative éperdue de contenir sa puissance bestiale. La scène était celle d'une épreuve de force entre titans, l'un de roche et l'autre d'ombre. Tous deux figés dans ce bras-de-fer décisif, c'était le monde tout autour qui par contraste semblait saisi de tremblements chaotiques, que ce soient les tourbillons du vent, les vibrations du sol... Le sol vibrait ? Amorties par la couche de neige sous ses pieds, l'enfant ne s'en était pas aperçue tout de suite, mais à n'en pas douter les dalles du temple autour des deux combattants étaient animées d'un mouvement ondulatoire à la manière de courtes vaguelettes de pierre radiant en cercles concentriques depuis l'enchanteresse ! Et sous les yeux éberlués de l'enfant elfe, Roche rompit sa position de défense et abattit son bâton de toute ses forces sur le sol provoquant une série de violentes secousses qui déstabilisèrent le Djinn. La petite distinguait les gesticulations désordonnées de la créature tentant de s'affranchir du sol instable en s'envolant. Mais ses ailes l'handicapaient plus qu'autre chose, le plafond lui bloquant la voie, et elle ne parvint pas à s'écarter à temps, avant que le rideau ne tombe sur cette lutte épique. Haple regardait, angoissée, le linteau déjà délabré du seuil s'effriter encore davantage sous les mouvements du mur ébranlé par les tremblements du sol. Et avant qu'aucun des trois protagonistes n'ait le temps de changer l'issue fatale du combat, un pan de plafond s'effondra lourdement sur le dos du monstre ailé et ensevelit sous d'innombrables pavés de pierre la montagnarde aux cheveux d'or.

La chute était presque irréelle. Autant par l'incroyable démonstration de magie tellurique à laquelle elle venait d'assister, que par l'impensabilité de l'acte de Roche. Elle s'était sacrifiée pour... (...moi?!) Depuis leur premier échange de mots, leur courte relation n'avait été qu'une suite incohérente de moments de complicité superficielle et de brusques remontrances. La blonde lui avait envoyé un crochet dans la tronche pardi ! Elle l'avait moquée, insultée, malmenée physiquement durant toute leur échappée nocturne... et voilà qu'elle donnait sa vie pour l'enfant ? Ca ne se pouvait pas. Haple n'avait entendu ni fracas d'éboulement, ni cris de trépas... emportés par le vent glacial, lui souffla une voix intérieure. Alors, guidée par un besoin impératif de certitude, l'elfe fit un pas prudent dans la neige puis deux, s'attendant à tout instant à entendre Roche se débattre sous les gravats, puis trois, redoutant de voir le Djinn surgir plus furieux encore qu'avant... mais le vent stérile était la seule source de mouvement, le seul gémissement plaintif dans l'enceinte de ce temple maudit. Dès lors, la solitude de l'enfant livrée à elle-même dans les hauteurs désolées de Nirtim la frappa. Elle ne savait pas où elle était ni dans quelle direction marcher. Elle ne savait pas même d'où elles étaient venues, leurs traces de pas recouvertes par la neige fraîche et la tempête ne permettant pas de distinguer à plus de quelques mètres. D'une démarche absente, Haple poursuivait donc vers le tombeau de pierre, seul point de repère dans cette nouvelle conjoncture. Alors elle aperçut une main. Une main calleuse et ridée avant l'âge, le bâton qu'elle avait maniée ayant roulé à côté, brisé en deux sous l'impact d'un bloc de pierre anguleux. Une main dont elle avait tant honni les tapements condescendants et l'étreinte autoritaire...

La stupeur laissa alors rapidement place à une colère sourde. Car elle ne pouvait désormais plus légitimement reprocher à l'aventurière lunatique ses sautes d'humeurs et ses brusqueries. Elle se sentait spoliée d'une vengeance puérile qu'elle avait espérée exercée sur la montagnarde. Et ce greffant sur ce terreau de frustration, l'absurdité de sa situation la révoltait. Une révolte contre le Destin. Quelle absurdité que Roche ait tant redouté d'être traquées pour finalement mourrir à cause d'un Djinn cherchant abri lors d'une tempête ! Et pourquoi avoir fait la rencontre de cette enchanteresse hors-pair si ce n'était pour apprendre auprès d'elle la maîtrise des fluides telluriques ? A quoi cela rimait-il d'avoir survécu à la traversée du Col Blanc, à l'épreuve du Likyior, à la traque hypothétique du voyageur nocturne, à l’ascension forcée vers le temple et enfin à cet affrontement fatidique... tout cela pour se retrouver dans une plus mauvaise posture qu'elle n'avait été depuis le début de son exil ? Alors les larmes retenues durant tout ce temps, enfin, rompirent la digue de sa fierté adolescente. Elle ne pleurait pas la montagnarde cependant. Elle déplorait la mort de ses illusions d'enfant. A l'image de l'horizon noyé dans la grisaille, cette vie d'aventure n'était plus porteuse d'aucune promesse. Il n'y avait pas de progression dans son chemin de vie, pas de raison d'être aux rencontres qu'elle faisait, aux difficultés qu'elle surmontait. Tout n'était qu'un ramassis de rêves attendant d'être brisés, de songes dans lesquels l'enfant sédentaire se plaisait à s'échapper. Et les questions auxquelles elle avait tant voulu une réponse, comme les intentions réelles du Fujonien, comme les motifs de ceux qui la traquerait prétendument ou de celle qui s'était sacrifiée pour elle... toute ces question lui semblait désormais vide de sens ! Peut-être ferait-elle mieux de se coucher là, dans ce temple isolé, et d'attendre que le froid ne l'emporte lentement dans un engourdissement indolore ? Mais même ce plan morbide lui paraissait faussement empli de signification. Comme si de rejoindre ses parents ainsi que Roche dans l'étreinte de Thimoros avait la moindre importance... Non, elle n'avait pas même le goût de se donner une fin tragique. Au lieu de cela, Haple secoua la tête et s'essuya les yeux en reniflant. (" Que Zewen te guide ") Quelle ironie ! Et avec une aversion croissante pour ce prétendu dieu du Destin et un mépris plus grand encore pour les simplets, les faibles, les irresponsables qui s'adonnaient à son culte, l'enfant s'emmitoufla dans le manteau de fourrure du prêtre, le passant par-dessus son sac de voyage et se mit en marche au hasard à travers la neige et le vent. Il s'agissait peut-être de sa dernière marche, peut-être pas. Peu importait.
- Guide moi donc... Zewen, lâcha-t-elle dans le blizzard avec toute l'amertume d'une adolescente désillusionnée.

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Temple de Yuia
MessagePosté: Mer 10 Jan 2018 16:24 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Ven 6 Jan 2017 21:54
Messages: 799
Localisation: Quête 33
-----K-----


Le garzok et l'humain, après une longue marche dans le manteau neigeux, s'arrêtèrent au pied du sentier menant au temple de la déesse des glaces. Chacun creusa son abri de fortune dans la neige et Kurgoth prit soin de faire le sien contre la paroi rocheuse de la montagne afin que le bûcheron ne puisse lui dérober ni la viande ni ses armes qu'il garderait auprès de lui. Le lendemain matin, le barbare put constater que son guide ne lui avait pas faussé compagnie, la quantité de viande promise étant sans doute pour lui un moyen inespéré de nourrir sa famille. Avant de s'attaquer à l'ascension de la montagne, le guide hasarda une question.

"Si c'est pas indiscret, pourquoi vous cherchez ces pillards? J'veux dire, vous êtes dans le même camp, vous voulez tous nous envahir..."

"Bien sûr, nous voulons tous vous envahir. Notre rêve est de dévorer vos enfants en violant vos femmes devant le spectacle de Kendra Kâr en flammes tandis que vous serez réduits en esclavage."

Ces mots étaient, dans la gueule de Kurgoth, purement ironiques, mais il les prononça avec un tel sérieux que le bûcheron ne sût s'il exagérait ses propos ou si tel était réellement l'état d'esprit des peaux vertes, plus terrible encore que ce qui se racontait à la taverne.

"Mais parmi ces pillards, il y en a un que je veux tuer. Et je désire cela plus encore que vous autres, humains, ne pourrez jamais désirer notre disparition."

Le barbare n'eut pas besoin de plus de détails. Son regard rouge-sang, s'étant illuminé à l'expression de ce désir viscéral, avait suffit à passer l'envie au guide de poser plus de questions sur la bête sauvage qu'il devait mener au temple. Sans équipement ni expérience d'escalade, l'ascension fut longue, dangereuse et chaotique. La neige, qui recouvrait l'étroit sentier abrupt serpentant dans la paroi rocheuse, dissimulait également les pièges naturels de la montagne. Les rochers se dérobèrent sous leurs pas à de multiples reprises, manquant de les entrainer dans le précipice déjà gravit, mais à chaque fois le garzok parvint à se rattraper en plantant sa kitranche dans le sol ou à retenir par le col son guide glissait dans le vide. Chaque incident apportait avec lui son lot de supplications et d'excuses de l'humain pour sauver sa vie et garder une chance de repartir avec la viande, à chaque fois abrégé par le barbare trop impatient pour perdre du temps en palabres inutiles.

Après huit longues heures de marche et de glissades, alors que la tombait même ici, dans ce col dominant les vallées alentour, Kurgoth et son guide atteignirent le plateau sur lequel ils pouvaient apercevoir les ruines du temple déserté. La vision aiguisée du garzok repéra aussi deux silhouettes gardant l'entrée. Celles-ci semblèrent également remarquer les intrus et échanger un instant avant de s'approcher en dégainant leurs armes. Le bûcheron, qui ne les perçut pas dans la pénombre, réussit cependant à récupérer l'attention du barbare.

"Vous y êtes, vous pouvez retrouver celui que vous voulez tuer. Maintenant, je vous en prie, donnez-moi la viande pour ma famille pour que je puisse quitter ce lieu maudit."

"Bien, bien, mais avant, j'ai un dernier service à te demander. Quels dieux pries-tu?"

"Je... Gaïa déesse de la lumière et Yuimen protecteur de la nature, mais je ne vois pas le rapport. Donnez-moi la viande, par pitié, il me semble avoir entendu des pas se rapprocher!"

("Yuimen"? Hmm probablement leur version de Ter Zignok)

"J'ai promis à "Yuimen" un corps pour nourrir ses loups en échange de cette viande et il est hors de question que tu mènes les soldats environnants m'attendre au pied du sentier alors rends toi utile... Remplis ma part du marché avec Ter Zignok."

Kurgoth repoussa alors violemment l'humain qui bascula dans le précipice vers une mort certaine en maudissant la peau-verte. Le barbare se retourna alors vers les pillards qui l'avaient rejoint et leur déclara simplement:

"Je vous cherchais, mes frères. Je viens voir votre chef, Olur le Fourbe!"

702mots

_________________
#ToutSurUnSeulCompte!
Eden Voleur Kendran
'Cause I'M TheGentleMad and THAT makes me JUST BETTER... Think about it ;)


Dernière édition par TheGentleMad le Mar 3 Juil 2018 12:15, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Temple de Yuia
MessagePosté: Lun 15 Jan 2018 11:10 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Ven 6 Jan 2017 21:54
Messages: 799
Localisation: Quête 33
-----K-----


"Y'a pas de "Olur le Fourbe" ici, notre chef est Olur le Flamboyant. Que viens-tu faire ici étranger?"

(Le flamboyant? Pourquoi cette ordure aurait changé son nom?)

"Je viens voir ce fameux Olur "le Flamboyant". Il y a deux ans de cela, il était encore mon mentor et aujourd'hui, je reviens pour le tuer."

Les gardes se mirent immédiatement en position de combat, mais avant qu'ils n'attaquent le prêtre de Thimoros, une voix que ce dernier aurait pu reconnaître entre mille se fit entendre.

"Pourquoi vous êtes pas à votre poste vous deux? C'est qui ce type?"

La voix d'Olur figea le barbare sur place dans une confusion issue d'un mélange de haine bouillonnante et de crainte résurgente des traumatismes passés. Alors qu'il revivait en vitesse accélérée toutes sa vie depuis sa rencontre avec Olur, qui était le souvenir le plus lointain qu'il avait gardé, le temps sembla ralentir, les flocons qui commençait à tomber restèrent comme suspendu dans les airs et, derrière les deux gardes, son mentor, menaçant, s'approchait inexorablement. A mesure qu'il approchait, Kurgoth laissa la haine et la soif de sang remplacer la peur. Il était trop tard pour faire demi-tour présent, il était face à son destin. Lorsque le chef de clan arriva à sa hauteur, le barbare, comme seule explication, souffla avec délectation:

"Ça fait si longtemps que j'attends ce moment, mon très cher mentor."

Cette phrase métamorphosa le visage d'Olur. L'incompréhension se changea en stupéfaction, qui elle-même se teinta quelque peu de peur avant que cette face marquée par les épreuves ne retrouve cet air fourbe, méprisant et manipulateur que Kurgoth lui connaissait si bien. De son côté, l'ancien apprenti ne put cacher la satisfaction d'avoir fait naître, ne serait-ce qu'une fraction de seconde, la peur sur le visage du mentor tyrannique, cela lui prouvait que le combat à venir n'était pas perdu d'avance.

"Ça fait si longtemps Kurgoth, en effet, dire que je te croyais mort... Viens donc te restaurer, tu dois être épuisé après une telle escalade."

Bien qu'il n'avait aucune confiance dans la feinte hospitalité de son mentor, Kurgoth se laissa mener à l'intérieur du temple en ruines, chaque instant de récupération après cette ascension augmentait ses chances de survie dans l'affrontement imminent. En traversant la grande porte défoncée, les garzoks pénétrèrent dans ce qui semblait avoir été une salle de prière. Un grand piédestal en occupait le cœur et était sans doute destiné à porter l'immense statue de la déesse dont les blocs translucides étaient dispersés dans toute la pièce. Le toit en partie effondré laissait entrer les flocons blancs qui se déposaient uniformément sur les débris du bâtiment et les tentes que les pillards avaient installés un peu partout. Bien que ce temple fut élevé en l'honneur de la déesse des glaces, un grand feu brûlait au centre de la pièce, éclairant d'une chaude lumière les vitraux illustrant la vie de la déesse. Olur, qui sembla lire dans l'esprit de son apprenti, se dirigea vers le brasier en déclarant:

"Yuïa fut autrefois l'amante de Meno, dieu du feu que nous vénérons. Ce brasier au sein de son temple n'est pas un blasphème mais une offrande lui rappelant son amour passé illustré sur ce vitrail."

(Ou alors attendait-elle ma venue afin que nous exercions ensemble notre vengeance sur toi.)

"Tu sembles bien connaître l'histoire de ces dieux pour un fanatique de Thimoros, j'espère que depuis tout ce temps tu m'as pardonné d'avoir ruiné ton haténesia."

Le sarcasme du jeune prêtre fit sourire son mentor qui ne tarda pas à répliquer.

"Je n'ai jamais été un fervent admirateur du dieu sombre, Meno a toujours eu ma préférence. Mais ce soir là, je dois avouer que tu as gravement fragilisé mes plans. Tout est cependant rentré dans l'ordre, comme tu dois t'en douter me connaissant, jusqu'à aujourd'hui..."

Olur marqua une pause. Mentor et apprenti savaient très bien que cette rencontre serait leur dernière avant de rejoindre Phaïtos et la tension était palpable dans leurs échanges dont la cordialité n'était qu'un faux semblant destiné à retarder de quelques secondes l'inévitable effusion de sang.

"Tu aurais pu vivre longtemps et faire de grandes choses si tu n'avais pas cherché à me retrouver, ta vengeance est-elle dévorante au point de lui sacrifier ta vie?"

Une fois de plus, le garzok se remémora toutes les souffrances endurées depuis leur rencontre. Tous ses muscles tendus, prêt à bondir, Kurgoth souffla entre ses crocs:

"Entre ce que tu m'as fait subir et ce que j'ai souffert pour expier mon blasphème lorsque tu m'as trahi, oui. Considère-moi comme la sentence de Thimoros, dont je suis le prêtre. Que je meurs ou non, qu'importe, je suis ici pour mettre fin à tes jours."

Olur éclata alors d'un rire méprisant et envoya le pillard le plus proche lui chercher son arme. Ce dernier s'engouffra dans une tente proche avant d'en sortir en tenant la hache géante de Kharg que le chef du clan avait fait sienne. Alors que la foule commençait à se rassembler autour d'eux, flairant le spectacle sanguinolent arriver suite à l'ordre retentissant de leur chef, le mentor passa sa main le long de la lame pour l'embraser tandis que ses lèvres se murent pour accompagner le geste d'une incantation inaudible. Le barbare ne pu s'empêcher de tressaillir en voyant la lame brûlant devant lui, il n'avait jamais soupçonné que son adversaire puisse utiliser la magie et ne s'était pas préparé à cela. Son mentor remarqua sa réaction et ne manqua pas de le narguer à ce sujet.

"Ton dieu ne t'a-t-il pas fait don de ses pouvoirs? Quel triste prêtre de Thimoros tu fais..."

Avant de faire une dernière prière au dieu du mal, le temps que la foule s'agglutine autour d'eux en les enfermant dans une arène aux murs de chair armurée, Kurgoth répondit à son mentor d'un ton de défi.

"Si ton dieu est celui qui crée les armes et les armures, c'est bien le mien qui dirige le bras armé apportant mort et désolation, es-tu certain d'avoir choisi le dieu le plus à même de sauver ta misérable vie?"

(Dieu des ombres, aide ton serviteur à combattre parmi ces décombres.
Dieu de la souffrance, guide mon bras et accorde moi ma vengeance.
Dieu de la guerre, envoie, par ma kikoup, ce misérable rejoindre le royaume de ton frère.
Tout puissant Thimoros, à ta gloire soit dédié ce combat féroce.
)

1136mots

_________________
#ToutSurUnSeulCompte!
Eden Voleur Kendran
'Cause I'M TheGentleMad and THAT makes me JUST BETTER... Think about it ;)


Dernière édition par TheGentleMad le Mar 3 Juil 2018 12:18, édité 1 fois.

Haut
 

Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 20 messages ]  Aller à la page 1, 2  Suivante


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Aller à:  
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group  

Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO

L'Univers de Yuimen © 2004 - 2016