Le matin se levait et Leyna se sentait en pleine forme. La nuit avait été mouvementé, Le capitaine Barbe-rouge, Valgan et la magicien Kéosan avaient beaucoup discuté avec elle. Elle avait été forcé d'admettre qu'elle ne savait pas vraiment où se trouvait le trésor, mais elle les impressionna beaucoup en transformant le bâton en livre. Puis elle leur avait montré les écritures incompréhensible et expliqué qu'elle pouvait les traduire. Barbe-rouge et Valgan étaient un peu soupçonneux. En revanche, Kéosan l'avait si bien soutenue qu'elle en était surprise. Elle en eut l'explication ce matin là.
« Salutation, damoiselle, c'est un plaisir de ne plus être le seul pratiquant des arcanes sur ce navire... »
Elle se tourna vers le sang-pourpre et sourit.
« Ce bâton magique aurait pu être en ma possession sans que je connaisse ses pouvoirs... »
« J'ai très vite sentit que tu avais quelques pouvoirs... et je ne doutais pas que tu puisses mater le capitaine ! C'est un bon navigateur et un féroce combattant, mais les relations humaines, ce n'est pas son truc... »
« Vous si... »
Il éclata de rire :
« Qui a dit que les sang-pourpres étaient des barbares ? Mais ne te méprend pas : nous vivons pour le combat. Mon propre rôle ici, en tant qu'aéromancien, est de m'assurer que les vents nous soient favorables... et de plonger nos adversaires dans un voile de brume qui les laissera sans défense ! C'est une de nos stratégies favorites... »
Leyna hocha la tête, appréciant l'efficacité. Le mage la regarda droit dans les yeux :
« Avec nous, tu risques de voir des abordages et des massacres. Tu y es prête ? »
« Le combat n'est-il pas l'expression la plus forte de la vénération de Moura ? Ne suis-je pas prêtresse de la déesse ? »
« Prêtresse ! C'est donc ça ! Il me semblait bien que la déesse te tenait à cœur. Une prêtresse de Moura à bord... »
Elle s'efforça de rester digne tandis qu'elle se maudissait intérieurement. Elle se serait sûrement évité bien des ennuis si elle avait insisté là dessus plus tôt ! Hélas, son esprit était toujours aussi embrouillé...
Elle remarqua alors que plusieurs marins s'étaient tourné vers elle. Elle compris aussitôt ce qu'on attendait d'elle et commença à les bénir les uns après les autres au nom de la déesse. Certains étaient encore un peu réticent à l'idée de recevoir quoique ce soit d'une aberration, une fille de leur peuple, mais ils ne disaient cependant pas non à la bénédiction de la reine des flots. Se faire accepter... c'était la priorité après servir la déesse, alors si les deux allaient de paire...
Et plus elle parcourait les rangs de ces farouches marins, plus Leyna sentait une chanson monter à ses lèvres. Les casques étincelaient, les épaulières dorés tranchaient avec le bleu de la peau. Des êtres de bleu, de pourpre et d'or. Un peuple fier et guerrier auquel elle appartenait un peu. Le navire était long et puissant, doté de redoutables balistes et occupé par une véritable horde de rameurs qui prendraient les armes dès qu'une cible serait en vue. Le peuple du sang-pourpre dans toute sa splendeur.
Oubliant les bénédictions, elle se mit à chanter. Sa voix s'éleva et les paroles sonnèrent si haut que bientôt, tout l'équipage les repris. Et les voix chantaient autour, s'élevant des fosses en une harmonie sauvage :
Entendez bien le chant farouche, Du peuple bleu aux longs cheveux rouge. Vers le combat, vers la rage, Nous venons semer le carnage !
Nous sommes le sang pourpre, nous sommes le sang pourpre ! Les terriens pleureront leurs défunt ! C'est ça, les pirates, on est là pour se battre, C'est normal, on vient terroriser les terriens ! Le chasseur... des brisants... Vous n'verrez pas le soleil levant.
Moi, Barbe-rouge, je dirige l'équipage, Pour, enragé, le mener au carnage. Moi je mets cap sur la bataille, Et, en nos ennemis, porte mes coups de taille.
C'est ça le sang-pourpre, c'est ça le sang-pourpre, Le sang pourpre, le sang pourpre ! Le sang pourpre, le sang pourpre !
C'est le peuple de la mer, Préparez-vous à pleurer vos mère ! Et on frappe ! Écumant de rage ! Le grand corbeau va vous mettre en cage !
Au cœur du brouillard il y a un navire noir, Qui surgit en signe de désespoir. C'est ça les sangs-poupre, Pattes palmés, à nager Quelle horreur ! Quelle fourberie ! Ni à l'eau ni à l'air, Ni encore moins au fer, Vous n'pourrez vous fiez pour nous défaire !
C'est les gens des mers, c'est les gens des mer ! Rendez-vous au cimetière...
On perd la tête, parfois on vous l'arrache, Avec nos épée ou l'aide de nos haches. Je suis la sirène dont le chant fait votre peine, Je suis la voix qui sème le désarrois. Moi, je dirige le ciel bleu, C'est pour vous foutre une peur bleue !
C'est ça le sang-pourpre, c'est ça le sang pourpre, Le sang pourpre, le sang pourpre ! Il y a des marins d'eau douce, Nous détestons ces petits mousses ! On vous chasse et on vous détruit, Les océans sont not' patrie.
On vous tue, vous prend par traîtrise, Personne ne s'attend à notre attaque surprise ! Si les gens d'Moura, vous tombent sur les bras, Vous irez nourrir ses poissons en bas ! C'est elle, la déesse ! La reine sans faiblesse ! Loué soit soit elle et sa prêtresse ! Le chasseur des brisant, vous pourchasse sous le vent, Pour s'emparer de votre argent !
Nous sommes le sang pourpre, nous sommes le sang pourpre ! Le sang pourpre, le sang pourpre ! Le sang pourpre, le sang pourpre ! Les guerriers de la mer, Vous vous retrouverez au cimetière !
Ahalalala le sang-pourpre, le sang-pourpre, Ahalalala le sang-pourpre, le sang-pourpre, Ahalalala le sang-pourpre, le sang-pourpre, Les sangs-pourpres !
Elle se tenait bien droite à la proue, Barbe-rouge à la barre, Kéosan à la vigie, tandis que tout l'équipage chantait avec elle et que le navire voguait vers le soleil couchant. Vers de nouvelles aventures...
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