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 Sujet du message: Trajet aérien entre Tahelta et Kendra-Kâr
MessagePosté: Dim 27 Fév 2011 18:34 
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Trajet aérien entre Tahelta et Kendra-Kâr


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Grand aynore dirigé par les Sindeldi


Postez dans ce sujet vos trajets de voyage entre Kendra-Kâr et Lebher.

Durée et prix des trajets en aynore entre les villes des quatre continents

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 Sujet du message: Voyage
MessagePosté: Dim 27 Fév 2011 20:31 
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Tranquillement assise dans ma cabine, j'entends les sindels qui s'affairent dans le couloir. Le trajet sera long, je le sais et prends le temps de me mettre à l'aide. C'est un rare moment où je peux me décharger un peu du poids de mes armes et de mon sac. J'en profite pour oublier un peu tout et chercher l'innocence et la naïveté que j'avais quand j'ai quitté pour la première fois mon archipel natal.

(Serais-je partie si j'avais su ce qui allait m'arriver ? Aurais-je pris le risque de quitter ma petite vie dans la forêt ?)
(Bien sûr que tu l'aurais fait, quelle question.)

Tout parait tellement simple pour Anouar. Comme si tout était écrit dans un livre et qu'il suffisait de tourner la page pour savoir ce qu'il y a dans le futur et de reprendre la page précédente pour savoir ce qu'il y avait avant.

(Ce n'est pas la meilleure analogie. C'est plutôt comme un arbre.)
(Un arbre ?)
(Le tronc, c'est le présent. Les racines, ce sont tous les passés qui y conduisent à ce présent où nous sommes. Les branches au-dessus, ce sont tous les futurs possibles qui peuvent dérivés de notre présent.)
(Et tu fais comment pour t'y retrouver dans toutes ces branches ?)
(C'est pas le plus complexe. Ca ce n'est que pour un présent... Mais y a des centaines de présents qui co-existent.)
(Comme dans une forêt...)
(Exactement.)

Une douce vibration me surprend, perdues dans mes réflexions, les heures ont passés et l'aynore décolle. D'ici neuf heure je serais à la cité blanche. Dehors, la nuit tombe tandis que nous quittons le sol, nous arriverons donc certainement à l'aube. Je regarde par la fenêtre la ville qui s'écarte, non sans adressée une prière à Sithi pour qu'elle protège la cité jusqu'à mon retour, en espérant qu'il ne soit pas déjà trop tard.

(Tout dépendra si tu trouves Naémin rapidement ou non.)
(Et je le trouve où, lui d'ailleurs ?)
(Demandes à Yuimen, il aura peut-être une idée.)

Je sors la boule de communication de ma besace. Elle est froide, pas très lourde et tient dans le creux de la main. Je la regarde, mais rien ne se passe, j'ignore en fait comment l'utiliser pour appeler. Anouar, couchée sur la tablette de la cabine est morte de rire, sans doute devant mon air ahuri ou stupide.

(Suffit de la frotter en pensant très fort à Yuimen.)
(Yuimen !)

D'un air résigné, je suis les conseils de ma faera, espérant qu'elle ne m'ait pas fait une mauvaise blague.

"Que se passe-t-il ?"

Je ne m'habituerais sans doute jamais à ce moyen de communication pour le moins original.

"Je n'ai pas pu convaincre les elfes gris de Sor-Tini de partir en guerre. Je crains une attaque massive sur Tahelta. Plusieurs milliers d'orques attendent déjà aux portes du fluide. Et mon père est dans le coma."
"Je me charge de ton père, ne t'en fais pas. Pour les elfes gris, que comptes-tu faire pour Tahelta ?"
"Il me faut trouver Naémin. La Reine durant la période de deuil ne m'aurait pas reçu. Seul lui peut ordonner aux gris de se réveiller. Nous n'avons pas d'autres choix."
"Il est parti y a deux jours de Nyr pour se rendre à Kendra Kâr."
"Je suis justement dans un aynore pour Kendra Kâr. Mais on aurait pas une indication de où je peux le trouver ?"
"Au palais, très certainement, en compagnie de la princesse Satina."
"Qui est-elle ?"
"La soeur cadette du Roi Solennel."
"D'accord, reste à savoir comment rentrer dans le palais."
"Tu trouveras bien, j'en suis certain."

Sur un sourire, la conversation s'arrête. Entrer au palais, voilà une tâche qui risque d'être plus complexe que prévu.

(Je parie que Bogast pourrait te faire entrer.)
(Encore faut-il le trouver !)
(Faudra se renseigner à Kendra Kâr.)
(Erwen pourra peut-être m'aider.)
(Espérons-le.)

Je profite de la suite du voyage pour manger, me laver, acheter un pantalon neuf et dormir. A l'aube, l'appel prévient que nous allons arriver à Kendra Kâr.

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 Sujet du message: Re: Trajet aérien entre Tahelta et Kendra-Kâr
MessagePosté: Dim 17 Nov 2013 23:44 
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J'embarque dans l'aynore, laissant les hommes de soutes s'occuper d'Harniän. Je me dirige vers une des cabines où je prends, pour la première fois depuis l'oasis du désert, le temps d'ôter mes jambières et mes boucliers, bien résolue à prendre un peu de temps pour me détendre et reposer mes cuisses endolories par trop d'heures sur le dos d'un cheval. Je me sers un peu de vin frais en profitant de la nourriture à disposition.

(Bon, t'sais, pour bien lutter. Faudrait qu'on s'connaisse mieux.)
(Ouais, allons-y. Déjà, tu t'es retrouvée comment l'épée d'acier ?)
(Pour faire simple, j'étais une femme, une vrai guerrière. Puis un jour suis mort, une saloperie de liches avec ses squelettes. Yuimen m'a fait r'vivre, mais bon, j'étais écharpée que j'suis comme tu m'connais. Ca m'a valu des soucis et j'suis devenue folle, tuant tout le monde. Et disons que Yuimen n'a pas été content et m'a enfermée dans une lame jusqu'à ce que je sois au service d'un Gardien. J'ai eu quelques dizaines de possesseurs d'épées, mais ils valaient pas grand chose, une bonne quantité d'épées aussi. Jusqu'au dernier qui m'a trouvé une belle épée et qui m'a laissé au repos. Il a causé à Yuimen et m'a permis de créer les armes là où j'étais. Puis y a eu toi. Le chaton, il m'a mis plein d'images d'armes en me donnant les noms. J'ai pu ne pas oublier.)
(C'est pour ça que tu connaissais le goupillon ?)
(Ouaips. Y avait pas ça quand j'étais en vie.)
(Et hors combat, tu sais faire quoi ?)
(Escalader. J'ai toujours été douée !)
(Utile, moi c'est pas mon truc.)
(J'sais sauter et éviter d'me faire mal en tombant. Puis le pelage noir, c'est super pour se cacher !)
(Moi je sais masquer mes traces en forêt. Je sais modifier un tas de matériaux, puis aussi faire pousser des plantes. Depuis le brin d'herbes jusqu'à la forêt !)
(Faudrait que tu ôtes le fer. Et en combat ?)
(Un peu à l'épée, un peu à la magie.)
(Tu gardes la magie, de loin. Moi j'tape à l'épée et au poignard. M'en faudra un d'ailleurs.)
(On ira chez Argaïe tout à l'heure.)
(Il pourra retaper tes armures ?)
(Je pense, faudra leur demander !)

Le reste de la soirée et le début de nuit passe entre les méditations, le sort pour ôter cette foutue menotte et en faire des crochets pour ma ceinture, quelques exercices d'assouplissement et de transformation...

Au matin, la cloche annonce l'arrivée à Kendra Kâr...

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 Sujet du message: Re: Trajet aérien entre Tahelta et Kendra-Kâr
MessagePosté: Mar 14 Avr 2015 09:26 
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Nous pénétrons à bord du luxueux appareil et somme tout de suite interpellés par une hôtesse.

"Bienvenue à bord de notre aynore. Vos billets je vous prie."

Je tends mes billets à l’hôtesse qui profite de cette seconde de flottement pour poser un regard accusateur sur mon paternel. Je ne peux l’en blâmer, mais, sans parvenir à l’expliquer, ce regard de travers me gêne terriblement. Foutu sentimentalisme de mes deux !!

"Merci. Votre cabine porte le numéro 13. Je vous souhaite un agréable voyage."

"Merci bien."

Je reprends un peu sèchement nos billets et entraîne le prisonnier paternel à ma suite. Sans perdre une minute, je me dirige droit vers la cabine qui nous a été attribuée. Tant que ce maudit engin n’aura pas décollé, je ne veux pas vagabondé sur le pont au risque que mon père tente de s’échapper. Jusque là il a été coopératif et cela cache quelque chose. Il prépare une entour-loupe, j’en mettrais ma main à couper !

"Je préfère aller dehors !"

En disant cela, il tire sur les liens pour me forcer à me diriger vers le balcon extérieur. D’un coup abrupt, je le replace dans la direction de la cabine.

"C’est absolument exclu et il n’y a aucune négociation possible !! Pour que vous me filiez entre les pattes ? Non merci !!"

Je l’entends proférer des menaces et des injures, mais je fais celle qui ne les entend pas. En revanche, cela me met terriblement mal à l’aise par rapport aux autres passagers qui nous jettent des regards en coin sur notre passage. Je ne supporte pas cette impression d’être jugée et savoir qu’il y aura des messes basses à notre sujet n’est pas du tout à mon goût, mais je ne peux rien changer à ce triste état de faits. Nous pénétrons finalement dans notre tanière et je pousse un soupir de soulagement non dissimulé.

"Tu comptes me parquer comme un animal en cage durant tout le voyage ??? Dis-moi que je rêve !!!!"

"Non assurément c’est moi qui rêve !!! Êtes-vous en train de demander des faveurs ?? Vous êtes un prisonnier je vous rappelle et on ne fait pas de cadeau au prisonnier !!"

"Je ne suis pas n’importe quel prisonnier pour toi !!!"

"Et je ne peux m’autoriser le luxe de prendre cette donne en considération !!!!
, lui hurle-je dessus tout en dégainant mon épée pour le menacer. Et maintenant baissez d’un ton !!! Je ne veux pas de problème avec l’équipage !"

En disant cette dernière phrase, je me suis approchée de lui et se faisant, j’ai rapproché ma lame de sa gorge sans pour autant que cette dernière ne le touche. Il me regarde comme s’il avait affaire à une étrangère, comme si, jamais au cours de sa vie, il n’avait soupçonné ma capacité à compartimenter mes émotions. C’est dans cet échange de regard noir que les machines de l’appareil vrombissent et qu’une voix annonce notre décollage imminent.

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 Sujet du message: Re: Trajet aérien entre Tahelta et Kendra-Kâr
MessagePosté: Dim 24 Mai 2015 19:24 
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Cela fait maintenant une petite demi-heure que notre aynore a décollé et pour l’instant, mon paternel se tient tranquille. Je ne sais si c’est mon coup de sang de tout à l’heure qui lui cloue le bec comme ça, mais cela m’arrange et je ne vais pas cracher dessus ! Et pour continuer à jouir de ce calme, je décide de sortir les parchemins achetés plus tôt en compagnie de mon futur mari. Cette petite pensée m’arrache un sourire niai que mon père relève aussitôt.

"C’est ce stupide caillou qui te fait sourire comme une bienheureuse ? Pfff… Pauvre idiote…"

Je ne sens nulle colère dans sa voix, mais le plus étrange est, que je ne sens nulle moquerie non plus. Disant cela il s’étend sur sa couchette et me tourne le dos, signe chez lui qu’il ne veut pas parler. Ses vieilles habitudes n’ont pas changé et cela me trouble un peu, car j’ai l’impression de retrouver mon père. Je cale cette remarque dans un coin de ma tête et je me replonge dans la lecture de mes parchemins. Les deux sorts que j’ai choisis pourront m'être très utile, mais je ne me vois pas les tester dans l’immédiat. En plus pour ça je préfère être à l’air libre et pas sous tension.

De ce fait, mon regard se pose sur le regard de mon père. Que lui est-il arrivé ? Comment l’homme que j’ai connu a-t-il pu déconner à ce point-là et devenir le criminel que je ramène à Tahelta ? Lui qui était si droit, qui avait un sens si prononcé pour la justice et qui me répétait sans cesse de toujours choisir la voie de la légalité pour parvenir à mes fins ? Cette question tourne comme une ritournelle dans ma tête, car je ne parviens pas à me l’expliquer et cela me pèse. Je ne sais pas le pourquoi du comment et je déteste ça !!


(Es tu trop fière pour lui demander ?)
(Pas du tout ! La dernière fois il n’a pas voulu me répondre je te rappelle ! Pourquoi serait-ce différent aujourd’hui ?)
(Je ne sais pas, mais ce que je sais c’est que si tu ne lui parles pas, tu le regretteras !)

La façon catégorique avec laquelle Saymà me répond, me prend au dépourvu. Je ne m’attendais pas à ça, mais je reconnais qu’elle a raison. Seulement je ne sais pas comment lui parler, comment lui poser ses questions qui taraudent mon esprit et me dérangent. Je me souviens d’une époque où je pouvais tout lui dire et où nous pouvions parler de tous les sujets possibles. Mais seulement ces temps-là sont loin, je ne suis plus une enfant, je suis devenue une guerrière avertie et, oserais-je penser, reconnue et mon père est devenu un criminel… Cette pensée me déchire le cœur, mais fait naître en moi le courage de lui demander ce qu’il s’est passé.

"Nous sommes bien au-dessus des nuages maintenant. Vous vouliez aller sur la terrasse au moment de notre arrivée…"

"Ouai, mais là je veux pioncer ! Alors, si tu pouvais te taire et arrêter de me fixer, ça m’arrangerait !!! Car si tu crois que je ne sens pas ton regard peser sur moi, tu te trompes et ça m’insupporte !"

Je suis sciée par cette remarque. Il fait preuve d’ingratitude, me renvoi dans mes quartiers séance tenante et cela sans même m’adresser un regard ! Je me lève doucement, m’empare de la clé de notre cabine et je sors en prenant bien soin de l’enfermer à double tour, je ne veux prendre aucun risques ! Finalement je me dirige vers le balcon de l’appareil pour prendre l’air et admirer le paysage. Il fait un temps agréable, le soleil brille et me chauffe la peau. Je vais essayer de me vider l’esprit afin de mener à bien cette mission.

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 Sujet du message: Re: Trajet aérien entre Tahelta et Kendra-Kâr
MessagePosté: Mer 10 Juin 2015 15:57 
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Je perds complètement la notion du temps et je ne sais pas dire combien de temps je suis restée sur la terrasse de l’aynore à profiter de l’air, du vent sur mon visage. Je passe ce temps qui m’est donné à me remémorer toutes ces petites choses que je faisais en compagnie de mon père lorsque j’étais enfant. Je me souviens de la première fois où il m’a entraîné dans sa forge pour me montrer les armes qu’il fabriquait.

Ce jour-là, ma mère voulait m’emmener en balade et m’acheter des vêtements féminins. En y repensant, je crois que ma mère a toujours regretté la complicité entre moi et mon paternel. Elle n’a pu faire de moi celle qu’elle aurait voulu. Secrètement, elle aurait souhaité pour moi une carrière de femme au foyer ou de diplomate, mais certainement pas de guerrière. Et c’est précisément ce jour que mon destin s’est mis en marche et que la voie, qui est la mienne aujourd’hui, m’a été révélée.

Une fois que nous étions seuls dans sa forge, mon père m’avait montré plusieurs épées et je me souviens m’être dit qu’il fallait une force surhumaine pour soulever un tel poids ! Il est vrai que pour une sindel de quinze ans, c’était précoce ! Mais dès lors, je me suis entraînée pour me préparer à mon entrée dans l’école militaire. Il m’avait montré quelques mouvements basiques et en guise de point final, il m’avait offert une épée, adaptée à ma taille, pour que je puisse commencer mes entraînements. Jamais plus je n’ai ressentie envers mon père, la fierté que j’avais ressentie ce jour-ci.

Cette pensée m’emplie de tristesse et je décide d’arrêter là ma petite séance de nostalgie. Surtout qu’à continuer je ne vais gagner qu’une seule chose, pleurer et je ne veux pas donner une porte d’entrée à mon père dans mon cœur. Evoquer avec lui mes souvenirs d’enfance ne changera pas la situation. Situation que je ne parviens toujours pas à comprendre et cela me tape sur le système ! C’est d’un pas décidé que je retourne vers notre cabine. Je déverrouille avec empressement la porte et trouve mon père assis sur sa couche.


"Ah bah ce n’est pas trop tôt !! Encore un peu et j’ai cru que je ne te reverrais pas avant que l’on atterrisse ! Bordel ça fait deux heures que tu es partie !! Qu’as-tu bien pu trouver à foutre sur cet engin volant ?!"

Je peux sentir plusieurs émotions dans sa voix et cela m’insupporte ! Je ressens à la fois de la colère, mais aussi de l’inquiétude. De là à ce que se soit de l’inquiétude en ce qui concerne ma personne s’est autre chose, mais cela ne m’aide pas à avoir une position tranchée en ce qui le concerne et je continue d’osciller le cul entre deux chaises et je ne supporte pas ça !!

"Maintenant ça suffit !! Soyez claire une bonne fois pour toute avec vous-même !! Arrêtez d’être mi-figue, mi-raisin, je n’en peux plus !!!"

J’hurle cette remarque, car je suis au bout du rouleau en ce qui concerne mon paternel. Je n’en peux plus de jouer au chat et à la souris avec lui, cela m’épuise. Alors que je m’attends à ce qu’il me rie au nez une fois de plus, en guise d’une ultime provocation, mais non. L’atmosphère retombe comme un soufflet quand il me lâche :

"Sithi soit témoin ! Je n’en peux plus non plus Ely… Si seulement je pouvais te parler à cœur ouvert…"

Puis sans que je comprenne ce qui se passe, je remarque un filet d’eau au goût salé qui coule le long de sa joue. De ce fait, mes larmes ne tardent pas à monter elles aussi.

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 Sujet du message: Re: Trajet aérien entre Tahelta et Kendra-Kâr
MessagePosté: Mer 15 Juil 2015 21:36 
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Pendant dix bonne minutes, nous restons silencieux, à épancher chacun de notre côté nos pleurs. Nous pourrions, nous devrions, partager ce moment, mais je sens encore une force invisible qui me retient, tout comme elle retient mon père. Cette force est cette chose qu’il ne veut ou ne peut me révéler. Qu’elle est-t-elle pour avoir creusé un si gros fossé entre moi et lui ? Et commence à apparaître au fond de mon cœur, une sourde colère pour cette mystérieuse raison qui a créé ce gouffre entre moi et mon père.

"Te parler changera ton monde ma fille et c’est quelque chose que je ne supporte pas…", me dit-il avec des reniflements persistants.

"Franchement, regardez la situation ! Ne trouvez-vous pas que mon monde est déjà suffisamment ébranlé ? Je vous signale que je vous ramène sur le Naora en tant que prisonnier !! Alors un peu plus ou un peu moins, je ne vois pas grande différence !"

"Oui…", dit-il avec un sourire triste et las qui apparaît sur son visage.

Il prend encore cinq minutes, comme pour rassembler ses idées ou son courage. L’attente fait grandir en moi l’anxiété et je ne suis plus sûre de vouloir savoir de quoi il retourne, mais je sens qu’il a besoin de se confier. Aussi tais-je mon angoisse grandissante et demande à ma fidèle amie de m’envoyer une vague de calme.


"Il s’agit de ta mère Ely…"

"Lui est-il arrivé quelque chose ? Va-t-elle bien ?"

"Il vaut mieux que je reprenne depuis le début…"

Et c’est le cœur lourd qu’il commence son récit. Depuis ma plus tendre enfance, j’ai été bernée par mes parents. Longtemps j’ai cru que ma mère était une femme soumise, qui passait son temps à craindre les réactions violentes de mon père. Du moins, c’est ainsi qu’elle me peignait le tableau de son quotidien. Et aujourd’hui, mon père me dépeint le même tableau, seulement c’est lui qui est au centre de la toile.

L’isolement qu’il le caractérisait durant toute mon enfance, n’était qu’une façon de ce protéger, de se préserver et de tenir le coup. Dans sa forge, il trouvait le courage de tenir, de rester pour moi. Toute la force, toute la détermination et l’espoir qu’il a mis dans ma formation, s’étaient pour que nous puissions trouver un moyen soit de ramener ma mère à la raison, soit de fuir ensemble. Ce terrifiant aveu me plonge dans un abîme de questions avec une qui occupe une place centrale : comment ont-t-ils fait pour me cacher si bien cette terrible réalité ? Car jamais, au grand jamais, je n’aurais soupçonné ce que mon père est en train de me révéler !!

Je tombe littéralement de haut et je m’écroule sur l’autre lit de notre cabine. Mes jambes refusant de me porter plus longtemps, tant la vérité qui me saute en pleine face me déstabilise et m’assène un coup de poignard fictif en pleine poitrine. Je revois toutes les fois où ma mère me faisait son numéro de femme fragile, qui avait la larme facile et dont les nerfs étaient à fleur de peau. Une fois, je le lui avais demandé d’où cela lui venait-il. Et elle m’avait répondu avec une petite voix, craintive et pleureuse, qu’elle redoutait les colères de mon paternel, qu’il était exigent avec elle et même violent si les choses n’étaient pas faite comme il le souhaitait. Ce jour-là, l’image de mon père avait volé en éclat et aujourd’hui…


"Je sais ce que tu te dis Ely… Ne te blâmes pas, les personnes comme ta mère sont très douées pour duper leur monde."

"J’ai reçu une formation… Incomplète certes… Mais je suis censée être capable de percevoir la tromperie…", lui dis-je incrédule, honteuse et toujours à la recherche d’une explication pouvant justifier mon manque de vigilance.

Et c’est lui qui me donne la réponse.


"Elle est ta mère Ely… C’est toujours plus délicat quand il s’agit de la famille."

(Je le rejoins sur ce point…)

Alors l’explication est aussi banale que ça ? Le seul fait qu’elle soit ma mère peut m’excuser de n’avoir rien vu ? Bien que je n’en trouve, pour le moment, aucune autre, cette explication ne me satisfait pas complètement… Il me faudrait rencontrer quelqu’un qui a aussi été dupé par un membre de sa famille… Et chez les elfes gris, ça ne doit pas courir les rues !

"Et ce n’est pas tout ce que j’ai a te dire sur ta mère, mais serait-il possible d’aller boire quelque chose ? Je meurs de soif…"

"Bien sûr père, allons-y, nous n’avons qu’à…"

Je m’arrête net ! Je viens de l’appeler « père » et à ce moment-là, mes yeux se sont posés sur les liens qui me rappellent son statut de prisonnier et mon regard s’emplit de tristesse.

"Ça ne change rien à ce que j’ai fait Ely… Même s’il y a une raison à tout ça, tu comprendras mieux après. Et puis c’est triste à dire, mais je serais mieux en prison, que de retour chez moi avec ta mère…"

Oui c’est triste et surtout injuste… C'est sur cette pensée que nous sortons, moi la militaire avec son prisonnier...

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 Sujet du message: Re: Trajet aérien entre Tahelta et Kendra-Kâr
MessagePosté: Lun 27 Juil 2015 13:46 
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Une fois arrivé au comptoir, je commande deux bières. Je n’ai pas pour coutume de boire lorsque je suis en mission, mais à circonstance exceptionnelle, mesure exceptionnelle ! Avec ce que je viens d’apprendre, toute ma vie est remise en question… Il me faut donc un remontant et je juge que ce n’est pas une bière qui va me mettre par terre !

Puis j’entraîne mon père un peu à l’écart de la foule, sur la terrasse de l’appareil. Il y a deux raisons à ce mouvement : la première, c’est que ça va lui permettre de prendre l’air. La seconde, c’est qu’ainsi, on échappe un peu à tous ces regards de curieux qui pèsent sur nous. Il est rare de voir un militaire trinquer avec un prisonnier ! Seulement, il est rare aussi que les deux protagonistes soient parents… Mon père ferme ses yeux et respire profondément l’air du crépuscule. La nuit ne va pas tarder et il nous faudra bientôt regagner notre cabine pour la nuit.


"Riche idée que de venir dehors ma fille ! Merci."

Ce simple mot réveille en moi tant de souvenirs. Il m’est au final agréable de voir que mon père n’a pas changé. Qu’il m’ait enfin avoué la vérité me soulage d’un poids que je ne parvenait pas à identifier jusque là. Et je ne saurais le nommer d’avantage maintenant qu’il est parti, mais je sens que je vais pouvoir retrouver une relation aussi normale que possible avec mon paternel. Et ceci est un puissant réconfort ! Mais je suis rapidement rattrapée par la réalité. Après une première gorgée, avidement avalée, j’interroge mon père.

"Vous me disiez tout à l’heure qu’il y avait autre chose…"

"Je ne suis pas parti à la recherche de l’épée que tu possèdes sans raison…"

Il garde le silence pendant quelques instants et savoure son breuvage. Je ne veux pas le précipiter, mais j’avoue bouillir d’impatience de savoir la dernière chose qu’il me cache ! Les secrets, je n’en peux plus !!

"Ta mère est une manipulatrice hors pair Ely ! Je ne l’ai compris que bien plus tard après notre union, mais elle sait tromper son monde comme personne !! C’est impressionnant d’un certain côté, mais au quotidien, c’est dangereux…"

"Je reconnais qu’elle est très forte… Jamais par Sithi, jamais je n’ai soupçonné ce que vous m’avez révélé !"

"Et depuis quelques temps, je ne saurais te dire combien exactement, elle côtoie un elfe gris dont je ne connais pas le nom… Je n’ai aucune information sur lui, mais pour l’avoir aperçut plusieurs fois lors de ses visites à ta mère, je peux te dire qu’il a l’air lugubre… Vêtu d’habits sombres, il arbore une chevelure aussi noir que son âme semble l’être…"

Rien qu’à l’évocation de ce sindel, des frissons parcourent le corps de mon père. Mais qui cela peut-il bien être ?

"Il me fait froid dans le dos, mais ta mère semble en admiration devant cet elfe… C’est pour te donner une idée de ce que ta mère est devenue… Elle n’était pas comme ça lorsque je l’ai connu… du moins c’est ce que je croyais… Peut-être au final m’a-t-elle toujours trompé…"

Sa voix se brise à cette idée et je ressens sa peine. Penser que l’on s’est fait avoir ainsi, toute sa vie, cela doit être terrible. Il doit avoir le sentiment d’avoir gâcher sa vie…

"Une fois, je les ai entendu parler d’un projet à venir. Mais je ne saurais te dire de quoi il s’agit, je n’entendais pas très bien et ils savent être discrets ! Mais j’ai eu peur que ta mère veuille se débarrasser de moi, voilà pourquoi je suis parti en quête de l’épée de Sigur. J'étais prêt à tout pour obtenir cette arme et me protéger, d'où les combats illégaux... Quand je me suis aperçu que tu étais à ces combats, mon sang s'est arrêté dans mes veines... Je ne savais plus quoi faire, mais je ne voulais pas retourner sur le Naora sans l'épée !!"

Je suis sciée une fois de plus par les révélations que mon père me fait et c'est aussi la première fois qu'il revient sur l'arrestation qui m'a conduite à penser que mon père était un criminel... Alors qu'en réalité c'est ma mère qui fait des affaires avec une personne peu recommandable, qui abuse tout le monde et qui projetait sans doute d’éliminer mon père… Toutes mes croyances s’effondrent…

"Je suppose que vous n’avez aucune preuve que ce qu’ils complotaient, vous était destiné ?"

"Non… Comme je te le disais, ils savent être discret et je n’ai perçut que des bribes de conversations… Il y a peut-être de la parano de ma part, hein !"

"Ce qui est compréhensible !...", lui dis-je en retenant la frustration et la colère qui monte en moi, mais c’est chose inutile. "Je trouve cela injuste !!!!! N’y a-t-il vraiment rien à faire ?"

"Je crains que pour le moment, il n’y ait rien à faire et comme je te le répète, je serais mieux en prison…"

Le fatalisme avec lequel il dit ça empoigne mon cœur, car je reconnais qu’il a raison et ça me désole pour lui. Alors que nous nous terminons nos bières, je remarque que la déclinaison du soleil est déjà bien entamée, la nuit ne va pas tarder.

"Nous devrions regagner notre cabine…"

"Oui et au petit matin nous serons arrivés… Ne t’en fais pas ma fille, je m’en sortirais !"

Je suis peu convaincu par son ton faussement enthousiaste. Lorsque nous rentrons dans notre cabine, il regagne sa couche et moi la mienne. Avant de sombrer dans le sommeil, je fais une dernière promesse.

"Je vous tirerais de là père ! Vous pouvez compter sur moi !"

Il aura de quoi tenir en prison ! Je trouverais le moyen de prouver la perfidie de ma mère et l’innocence de mon père !

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 Sujet du message: Re: Trajet aérien entre Tahelta et Kendra-Kâr
MessagePosté: Jeu 27 Aoû 2015 12:11 
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Intervention pour Elylia


Une main vient doucement toucher ton épaule afin de te faire sortir du sommeil.

"Ely, nous allons bientôt atterrir."

Il te laissa tranquillement te réveiller avant de s'asseoir en tailleur sur sa propre couche le visage grave. Il respira profondément, comme si il avait un poid sur les épaules à évacuer, comme si la séance émotion de la veille n'était pas suffisante. Il allait en rajouter une couche.

"Avant que nous n'arrivions j'ai quelques informations supplémentaire à te confier."

Les révélations n'étaient donc pas terminées.

"Dans ma recherche pour l'épée de Sigur, j'ai découvert que cette épée aussi puissante soit-elle faisait parti d'un tout. Dans ce tout il y a également l'armure de Sigur qui peut te protéger en renvoyant les attaques magiques. Beaucoup de fantaisies sont écrites sur les reliques mais j'ose croire que ceci était la vérité. Tout ce que je peux te donner comme indice, car j'ai eu peu de temps pour avancer, c'est que cette pièce d'équipement se trouve ici sur le Naora dans une ville très liée à la magie d'eau."

Ainsi ton retour sur le Naora avec ton père n'était que le commencement d'une nouvelle aventure.

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Dernière édition par Aenaria le Dim 13 Sep 2015 11:30, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Trajet aérien entre Tahelta et Kendra-Kâr
MessagePosté: Dim 6 Sep 2015 11:28 
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Je sous-estime la fatigue accumulée depuis quelque temps. Je sombre dans un sommeil profond à tel point que je n’entends pas l’annonce de l’hôtesse qui nous apprend que l’on arrive bientôt. C’est lorsque je sens la main de mon père passer tranquillement sur mon épaule qui me ramène des années en arrière. Il me confirme que nous allons bientôt atterrir et il me laisse le temps de me réveiller en douceur. Lorsque je me redresse sur ma couche, j’ai le déplaisir de le trouver la mine grave.

"Que se passe-t-il père ?"

Sérieusement, il m’annonce qu’il a encore des informations pour moi. Je me demande ce qui va encore me tomber dessus ! Comme si les révélations d’hier n’avaient pas été suffisantes ! Mais heureusement ce qu’il m’apprend ne concerne pas ma mère. Il m’annonce que l’épée que j’ai su trouver, fait partie d’un lot. Selon ses dires, il existerait une armure de Sigur qui peut renvoyer les attaques magiques. Déjà rien que cette indication attise ma convoitise !

Il n’a malheureusement pas eu le temps de faire énormément de recherches et malgré les nombreuses fantaisies qui sont prêtées à ces reliques, il y croit. Je ne vois pas non plus de raison d’en douter. Bien que je n’aie pas encore exploité à fond les pouvoirs de mon épée, je suis sûre qu’elle possède des capacités qui vont au-delà de ce que je peux imaginer. Mais pour en revenir à la nouvelle relique, tout ce qu’il a découvert sur elle, c’est qu’elle se trouve ici sur le Naora dans une ville très liée à la magie d’eau.

M’intéressant à la magie depuis peu, je ne vois absolument pas quelle peut être cette cité, mais avec un brin de recherche cela ne devrait pas être très compliqué.


"Je ne sais pourquoi vous me dites tout ça père, mais je trouverais l’armure de Sigur et ensuite, je partirais à la recherche de mère afin de l’amener devant la justice !! Je vous le promets !!"

Pendant notre discussion, notre descente a commencé et notre atterrissage est imminent.


(((HJ: Au passage tu m'as rebaptisé Elyria... XD)))

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 Sujet du message: Re: Trajet aérien entre Tahelta et Kendra-Kâr
MessagePosté: Ven 8 Juil 2016 09:27 
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Tranquillement, je me dirigeai vers l’aynore qui allait bientôt partir afin de rejoindre le continent elfique. J’avais une étrange sensation à l’idée de retrouver des paysages familiers, une sorte d’excitation qu’il me fallait contrôler car je n’étais pas sure de l’effet que cela aurait sur mes fluides. Mieux valait pour moi faire profil bas tant que je serais dans les airs.

J’approchai de l’appareil, les rennes de Célestion dans la main droite. Je pouvais sentir qu’il tremblait légèrement. Ce n’était pourtant pas son premier vol en aynore mais celui-là allait être particulièrement long, treize heures de voyage, cela serait une épreuve pour lui. Je savais déjà ce que je ferais pour la durée du trajet mais lui se ferait du souci et aurait probablement peur.

Une fois devant la partie où l’on embarquait les vivres, les animaux et autres colis, je me mis face à mon cheval, plantant mon regard dans le sien.

(Ecoute-moi Célestion. Ce vol va être probablement un des plus longs que tu aies connu mais j’ai besoin de toi là où je vais. Tu es la meilleure monture que j’ai eu jusqu’à présent. Ton instinct est puissant tout comme le mien. Tu vas découvrir de nouveaux paysages qui me sont extrêmement familier. Tu n’as rien à craindre sur notre destination. Alors calme-toi mon beau, tout se passera bien, je te le promets.)

J’avais utilisé mon pouvoir de télépathie afin de le rassurer le plus possible avant qu’il n’embarque. Apparemment, mon petit discours fit mouche car il me donna un léger coup de tête avant de se rendre de lui-même vers la calle de l’aynore. Je le suivis vers la personne chargée de la manutention, un sindel.

- « Prenez soin de lui, il est un peu peureux en aynore. »

Il me sourit et acquiesça de la tête en attrapant les rennes de Célestion afin de le parquer avec les autres chevaux. Je me rassurai en me disant qu’il serait avec ses semblables pour la durée du voyage. Pour ma part, je me dirigeai vers l’hôtesse de l’aynore, là où les autres voyageurs embarquaient. Je lui tendis mon billet et elle me souhaita un agréable voyage.

(Je sais, tu l’as déjà entendu quelque part !)
(Tu m’ôtes les mots de la bouche !)

J’entrai dans l’aynore et vu l’heure me dirigeai vers les cabines afin de pouvoir discuter tranquillement avec ma faera. Mon choix s’arrêta sur la cabine numéro 18, je toquai à la porte avant d’entrer au cas où quelqu’un aurait déjà eu l’idée d’utiliser cette dernière mais rien. Je fermai à clé derrière moi, me débarrassai de mon sac, de mon arme et de mon bouclier, de mes pièces d’armures et de mes bottes avant de rejoindre le lit sur lequel je m’assis en tailleur.

Immédiatement, Crystallia apparut et s’assit sur le rebord du lit.

- « Tu voulais me parler ? »

- « Qu’est-ce que tu sais de l’ordalie ? »

- « Sincèrement ? Pas grand chose. Aucun de mes maîtres précédents n’a atteint un tel niveau de maîtrise magique. »

Je m’écroulai en arrière sur les oreillers les bras sous la tête.

- « Génial, moi qui pensait que tu aurais un indice pour m’aider dans ma quête… »

- « Je sais qu’habituellement je te suis d’un plus grand secours mais là je suis comme toi, démunie. »

- « Ce n’est pas grave, tu ne peux pas être omnisciente pour tous les sujets non plus. Ce sera à moi de mener mes propres recherches. »

Je soupirai bruyamment de lassitude, l’ampleur de la tâche que m’avait confiée Nathanael me sembla d’un seul coup plus grande.

- « Puis-je te poser une question Aenaria ? »

- « Depuis quand est-ce que tu prends des pincettes avec moi ? Vas-y, je t’écoute. »

- « Je m’excuse d’avance mais j’ai plus ou moins écouté la conversation que tu as eu avec Ehemdim concernant ton futur plan d’action. »

- « Et tu as quelque chose à redire sur mon choix ? »

- « Non, je trouve que c’est juste pour tout le monde mais une question me taraude depuis : pourquoi est-ce qu’Ehemdim a repris le 15 en 14 ? »

- « Tu fais référence au conseil des 15 ? »

- « Oui, ils sont 15 vu le nom mais selon les propos de ton fiancé, ils ne seraient plus que 14, comment il peut savoir ça alors qu’il a quitté le Naora avant toi ? »

Je me mis sur les coudes et regardai ma faera avec une expression de tristesse sur le visage.

- « Probablement parce que le quinzième membre était mon père. »

- « Je suis désolée, je ne voulais pas mettre les pieds dans le plat. »

- « Tu ne pouvais pas savoir. »

- « En fait si j’aurais du m’en douter. »

- « Comment ça ? Qu’est-ce que tu me caches ? »

- « Le lieu où nous étions, le fait que tu reprennes les responsabilités de ton père au sein d’Equilibrium, le fait que je sais que ta famille était importante et avait une vraie position au sein de la noblesse de Balsinh, j’aurais du me douter que ton père avait une place importante au sein de ce conseil. »

Je fronçai les sourcils, ma faera ne me disait pas tout, elle avait débité cette phrase à une vitesse incroyable. Se pouvait-il qu’elle me cache quelque chose sur mon père ou sur ma famille ? Non, impossible, cette possibilité était fantasque.

- « Mais une question demeure : c’est quoi ce conseil ? »

Elle semblait vouloir noyer le poisson en détournant la conversation, comme j’avais pu le faire plus tôt dans la journée avec Faerlyn, j’aurais bien l’occasion de la questionner là-dessus plus tard.

- « Je te croyais plus cultivée sur les différentes institutions de Yuimen, ma chère Crystallia. N’as-tu jamais été la faera d’un sindel avant moi ? »

- « Oh que si, plusieurs fois d’ailleurs. »

- « Et parmi eux, il n’y en a jamais eu de Balsinh ? »

- « Une. »

Voilà une information de choix.

- « Petite cachotière, tu ne m’avais pas dit que tu connaissais Balsinh ! »

- « Tu l’aurais découvert toute seule de toute façon une fois sur place, alors cracher le morceau maintenant ou là-bas, quelle différence y a-t-il ? »

- « Une différence de taille, je n’aurais pas à te décrire dans tous les détails la ville et ses environs puisque tu sembles les connaître. »

- « Tu marques un point. Mais ça ne répond pas à ma question, c’est quoi ce conseil ? »

- « Ta maîtresse balsinaise ne t’en a jamais parlé ? »

- « Elle connaissait quelqu’un qui en faisait partie mais n’a jamais fait mention des prérogatives de ce conseil, alors tu m’expliques ? »

Je me relevai et m’assis en tailleur pour la leçon de politique du jour.

- « Pour faire simple, ce conseil est composé de 15 hommes et femmes qui doivent gérer la ville même si le pouvoir de décision final ne leur appartient pas. J’imagine que tu sais que Balsinh n’est qu’une … »

- « Une dépendance de Tahelta, oui je sais ça. »

- « Donc dans ce conseil siège de mémoire le capitaine de la milice, un prêtre supérieur des 4 temples de la ville, le magicien Saraï, deux marchands, un représentant du port, un représentant des habitants, un représentant du couple royal, deux ingénieurs et deux stratèges où plutôt un stratège. »

- « Ton père était un stratège ? Comment est-ce possible ? »

- « Si j’ai choisi la voie des armes, ce n’est pas pour rien. C’était pour suivre l’exemple de mon père. Il était capitaine de l’armée sindel et s’était illustré bon nombre de fois sur les champs de bataille. La place de stratège lui a été donnée par ordre royal. Il connaissait très bien la ville et ses habitants et encore mieux les alentours, ce poste était une reconnaissance de son travail et de son allégeance envers l’armée et la couronne. »

- « Le respect que tu as envers ton père semble être sans borne… »

- « L’armée a fait de moi ce que je suis mais mon père m’y a beaucoup aidé également en me donnant sa force et son sens de la tactique. »

- « Tu sembles plus proche de ton père que de ta mère, du moins tu parles plus souvent de lui. »

- « Il revient effectivement plus souvent dans la conversation en ce moment, probablement parce que je dois maintenant marcher dans ses pas. Ma relation avec ma mère était tout aussi merveilleuse, elle me manque terriblement. Elle était probablement la seule à être au courant de ma relation avec Ehemdim. »

- « Elle t’a grillé facilement et rapidement. »

- « Encore une fois comment tu peux savoir ça ? »

- « C’est simple, une mère sent ce genre de chose. Le nombre de fois où j’ai pu voir ça en pratique, je préfère ne pas me mettre à compter. »

- « Elles ont ce qu’on appelle communément un sixième sens. »

- « Ca doit être ça ! Quand est-ce que c’est arrivé ? »

- « Le grillage ? Probablement le soir du jour où j’ai perdu ma virginité. J’imagine que tu as écouté cette partie-là aussi de ma conversation avec Ehemdim ? »

Je la vis se mordre la lèvre le sourire en coin. Oui elle avait écouté.

- « Tu as de la chance d’être immatérielle sinon tu recevrais un coussin en plein visage ! »

- « Hey ! Je suis dans ta tête, je suis ton ange gardien aussi, ne l’oublie pas. Alors raconte. »

- « Après notre séance dans le lac souterrain, Ehemdim et moi sommes remontés et nous nous sommes quittés. Il voulait revoir ses parents qui savaient qu’il était en permission en ville. Ne pas le voir aurait été étrange. Je suis pour ma part remontée dans ma chambre, j’ai fait le lit et je me suis écroulée dessus repensant à tout ce qui s’était passé dans la journée. J’étais complètement ailleurs, revoyant les images de ma première fois avec Ehemdim, ressentant tout comme si ça m’arrivait de nouveau, c’était puissant. Ma mère est alors entrée dans ma chambre parce que je ne répondais pas à ses appels. Elle m’a trouvé l’air complètement dans la lune, voir même sur une autre planète, si cela est possible. L’expression sur mon visage a du lui dire beaucoup car je n’avais même pas calculé qu’elle était entrée. Lorsque j’ai réalisé qu’elle me regardait, je suis sortie de ma rêverie précipitamment pour la prendre dans mes bras. J’avais espéré cacher mon trouble intérieur mais je pense que ma mère m’a démasqué ce jour-là. »

- « C’est trop mignon. »

- « Arrête un peu de te payer ma tête s’il-te-plaît ! »

- « Pas du tout, je comprends un peu mieux la relation que tu avais avec ta mère. »

- « Elle me manque, non ils me manquent… »

Savoir que je m’approchais un peu plus d’eux et de leurs tombes me donna le cafard, les larmes se mirent à couler d’elle-même le long de mes joues. J’étais partie comme une voleuse à la poursuite de mon frère et je rentrais avec un objectif différent, n’ayant aucune idée de l’endroit où pouvait se trouver la chair de ma chair. Je serrais les poings de rage et de colère devant mon cuisant échec. Peut être qu’en rentrant je découvrirais un indice qui m’avait jusque là échappé pour traquer Aenarion.

- « Sèche tes larmes Aenaria, tu ferais bien de te reposer. La journée a été mouvementée si tu veux mon avis ! »

- « Tu as raison. Nous aurons bien l’occasion d’en reparler une fois sur le Naora. »

Je défis les draps et me glissai dans le lit, callant ma tête sur l’oreiller, me mettant en boule comme j’aimais tant le faire.

- « Bonne nuit Naria. »

- « Bonne nuit Crysti. »

Ce fut sur ses mots que le sommeil m’emporta alors que les dernières lueurs du jour filtraient par le hublot de ma cabine.

**********


La nuit fut délicieuse, aucune turbulence durant le trajet, je n’en demandais pas plus. Les aynores qui connaissaient des ratés j’en avais déjà connu et très sincèrement, il y aurait pour toujours au fond de moi cette peur de connaître une avarie en vol. Je m’étirai de tout mon long dans le lit avant de me lever et d’admirer le paysage par le hublot. Je pouvais apercevoir les rivages du Naora au loin.

Immédiatement, un sentiment d’excitation naquit en moi, l’excitation du retour, héroïque ou pas, l’excitation de rentrer chez soi auprès des siens.

(Quels sont les projets ?)
(Sachant que la journée commence juste, j’avais dans l’idée de profiter de notre journée pour nous rendre à Cyniar.)
(Cyniar ? Qu’est-ce que tu espères y trouver ?)
(Il y a une bibliothèque très ancienne qui pourrait recéler des informations sur cette ordalie.)
(Je pensais que tu voudrais rentrer rapidement chez toi pour enquêter sur la présence ou l’absence de Tamìa à Balsinh.)
(C’est vrai que j’ai hâte d’en apprendre plus, mais la mission de Nathanael est tout aussi importante. Nous sommes sur la bonne île, on en a pour une heure de vol pour rejoindre Cyniar si mes calculs sont bons. On devrait y être pour 10h je pense. Avant cela, j'ai besoin de faire un tour en ville, pour vendre certains objets en ma possession ou pour les améliorer. A voir.)
(D’accord. Alors en avant.)

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 Sujet du message: Re: Trajet aérien entre Tahelta et Kendra-Kâr
MessagePosté: Mer 22 Fév 2017 01:45 
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L’aynore était bien plus grand que le cynore que j’avais emprunté pour rejoindre Tahelta, quoi de plus normal quand on savait que cet appareil allait beaucoup plus vite et couvrait des distances bien plus grandes. Je me dirigeai tranquillement vers le pont extérieur afin de profiter de la vue lors du décollage.

(Quel va être le programme durant le vol ?)
(Si le vol ne tangue pas de trop, je vais refaire les différentes positions que tu m’as apprises pour contrôler ma respiration, ensuite je mangerai un morceau dans une cabine et après je me plongerai dans la lecture du carnet de bord d’Aenarion. Je n’en ai lu qu’une petite partie, qui sait ce qu’il va me révéler par la suite ?)
(Petite question : tu comptes faire mes exercices à quel endroit ?)
(Je pensais au pont extérieur, les cabines sont trop exiguës pour ça.)
(Tu vas passer pour une originale ma chérie.)
(Je ne pense pas, je pense que les gens vont admirer mon évidente souplesse et mon sens de l’équilibre !)
(Mais bien sur !)

Au loin, j’entendis la voix de l’hôtesse résonner dans les haut-parleurs annonçant l’imminence du décollage. M’accoudant à la rambarde, je pus sentir les vibrations produites par les moteurs de l’appareil. Doucement, l’aynore commença à décoller du sol, nous faisant d’abord passer au-dessus des arbres puis au-dessus de la ville.

La première chose que l’on voyait depuis les hauteurs était sans conteste le palais où résidait la famille royale et où officiaient ses nombreux conseillers. L’un d’eux était maintenant au courant de la situation avec Ertamiel, j’étais prête à parier que l’un des conseillers étaient au service de ce dernier. Nous étions fichus quoi qu’il se passait, la traque qui s’annonçait demanderait un travail minutieux, voir des heures de recherche.

Machinalement, je me mis à tripatouiller mon anneau de l’équilibre. Si ce qu’Ashar m’avait dit était juste, la guilde était bien implantée sur le Naora sans même que je le sache. Nathanael et Kellan ne m’avait pas parlé d’un bâtiment servant de point de chute à Equilibrium sur le continent, étrange. Pourquoi cela ?

Des nœuds au cerveau, voilà ce que j’étais en train de me faire. Afin de coordonner les actions de la guilde, il devait y avoir un lieu qui permettait de se réunir, qui n’éveillait pas les soupçons au reste de la population, un lieu qui permettait d’accueillir des sindeldi mais également d’autres races… Mais oui !

(Crysti ?)
(Présente !)
(Est-ce que tu as vu beaucoup d’étrangers au manoir durant tes quatre siècles de vie commune avec ma mère ?)
(Etrangers étrangers ou étrangers ?)
(Les deux.)
(Des sindeldi qui n’étaient pas de Balsinh, cela été courant sachant les fonctions de ton père, pour le reste je ne pourrais pas te le dire. Lorsque Fania ne s’occupaient pas de ses enfants, elle était au temple de Sithi. Pourquoi ?)
(Quoi de mieux que d’utiliser le manoir comme point de chute pour la guilde sachant qu’il bénéficie d’un statut particulier ? En dehors de la ville et accueillant tous les étrangers, peu importe leur couleur de peau, sauf les noirs évidemment !)
(C’est loin d’être bête !)
(Merci.)

Cela avait du être une évidence pour mon père. Il avait gagné le droit de résider dans ce manoir, tout comme moi de par mon ascendance et non par mes faits d’armes, même si j’espérais que ces derniers viendraient un jour. Cela ouvrait de nouvelles perspectives en matière d’exploration. Il me faudrait visiter le manoir en étant plus attentive aux détails car j’étais persuadée qu’il y avait des pièces cachées.

Pendant ma petite gymnastique mentale, nous avions pratiquement atteint notre hauteur de croisière. L’ascension avait laissé place au mouvement horizontal, nous nous écartions progressivement de la capitale elfique, l’océan nous ouvrait maintenant les bras.

Je me mis à penser à Faerlyn qui avait probablement retrouvé les membres de sa famille de commerçants, je croisai les doigts pour que tout se passe bien pour lui. Il avait passé plus de temps que moi dans ce camp, il m’avait aidé à monter le plan de fuite et en bon éarion qu’il était, il avait démontré la puissance de sa magie d’eau. J’espérai un jour être capable de posséder une telle maîtrise magique.

En regardant en arrière, je constatai que le continent du nord, Tolénya, disparaissait à mesure que nous nous éloignions. Nous avions encore une longue route devant nous, espérons que tout se passerait bien.

Je quittai mon point d’observation afin de me rendre au bar pour boire quelque chose, j’avais la gorge bien sèche. En rejoignant le pont principal, j’y trouvai plusieurs groupes de personnes qui semblaient en grande discussion, les uns parlaient du prix des marchandises qu’ils transportaient, les autres du temps parfait pour voler.

Le troisième groupe auprès duquel je passai, composé de trois kendrans, retint mon attention de par le contenu de sa conversation. Je savais pertinemment que ce n’était pas beau d’espionner mais les propos que m’avaient tenus Saraï au sujet des aurores polaires me revinrent en mémoire.

- « L’autre jour j’ai entendu un prédicateur à Kendra Kâr annoncer la fin des dieux ! Tu imagines un peu ! Et il y avait une foule importante qui se massait autour de lui, à croire qu’il avait du succès ! »

- « Même son de cloche pour moi à Bouhen, j’ai même entendu une personne ayant souvent à faire avec les aldrydes dirent que cela annonçait la fin de leur calendrier, annonçant la fin du monde ! »

- « Il paraît que le roi Solennel a fait appel à des aventuriers pour essayer de démêler le vrai du faux, attendons de voir ce qu’il va en ressortir avant de nous apitoyer sur notre sort. »

Cet humain avait raison, mieux valait attendre l’intervention de ses aventuriers. De toute évidence je n’étais plus très au fait de la situation du monde. Je ferais bien d’en parler à Nathanael et Kellan, l’une de nos recrues en savait peut être plus que moi. Cela me permettrait d’apporter des réponses à Saraï.

Je rejoignis le bar et commandai un jus de fruits, rien de bien compliqué pour le sindel se trouvant de l’autre côté du comptoir. Pendant qu’il préparait ma boisson, mon regard engloba la salle avec ces différents groupes en pleine discussion. Certaines étaient plus animées que d’autres, l’une d’elle attira mon attention.

C’était un groupe de sindeldis qui faisaient des gestes de plus en plus grands et de plus en plus dangereux, la situation allait probablement dégénérer dans quelques secondes. Coup d’œil à droite, coup d’œil à gauche, aucun membre du personnel sur le pont, tout le monde pensait que nous étions suffisamment civilisés pour ne pas faire d’esclandre. Le contraire était pourtant en train de se dérouler sous mon nez.

Soupirant bruyamment, espérant que ce voyage serait des plus calmes, je me résolus à m’interposer. Me décollant du bar, je vis l’un des membres de ce groupe sortir une lame de derrière son dos. Courant vers lui alors qu’il levait le bras, je m’interposai entre lui et sa cible en bloquant son attaque avec mon avant-bras. Sa lame frappa le métal plutôt que son interlocuteur.

Afin de l’arrêter définitivement, je lui décochai un coup de poing dans le ventre avec la main gauche ce qui eut pour effet de le plier en deux de douleur. Je ne savais pas que je pouvais faire aussi mal avec mon poing. Il lâcha sa dague afin de porter ses mains à son ventre, soit c’était un acteur formidable, soit il avait vraiment mal. Je penchai rapidement pour la deuxième solution.

Me tournant vers sa potentielle victime, je m’enquis de son état.

- « Est-ce que tout va bien ? »

- « Nous avions un désaccord profond sur le prix d’un chargement, il a commencé à me bousculer et d’un seul coup, il a porté sa main derrière son dos pour attraper sa dague. Si vous n’étiez pas intervenu, je ne donnai pas cher de ma peau. »

- « Ne me remerciez pas, c’est mon travail. »

Il s’inclina néanmoins pour me remercier avant de se relever, l’expression de son visage changea alors du tout au tout passant de la gratitude à la peur.

- « Attention ! »

Mais c’était trop tard, l’elfe que j’avais mis à terre s’était en réalité joué de moi en feintant la douleur pour mieux me surprendre. Il venait de m’encercler de ses bras puissants, appuyant sur mon ventre pour tenter de me couper la respiration.

- « Alors ma jolie, on ne fait plus la fière maintenant. »

- « C’est ce que tu crois ! »

Pliant ma jambe droite, je la redescendis avec toute la force que je pouvais mettre dans ce coup afin de lui faire mal au pied. Sur le moment, il n’eut d’autre choix que de me lâcher et il se mit à sautiller de douleur. Pitoyable. Je dégainai mon épée par sécurité et d’un simple coup de pied, je balayai sa jambe le faisant lourdement chuter au sol. Pointant mon épée sous son cou, je lui ôtai toute envie de recommencer.

- « Que se passe-t-il ici ? »

En levant les yeux, je vis que c’était le commandant de l’aynore avec sa tenue très proche de celle d’un général de l’armée à part pour les médailles.

- « Commandant, cet elfe a tenté de tuer l’une des personnes présentes sur ce pont avant de s’en prendre à moi. Il n’est pas blessé à part peut être son orgueil. Que préconisez-vous ? »

- « Le sang n’a pas été versé ? »

- « Non commandant. »

- « Vu votre manière de parler, seriez-vous un soldat de notre armée ? »

- « Oui commandant. »

- « Nous allons le mettre aux arrêts et lorsque nous serons arrivés à Kendra Kâr nous le livrerons à la milice. Un tel acte ne saurait rester impuni. Relevez-le et suivez-moi, nous allons l’enfermer dans une cabine. »

- « Bien commandant. »

De la main, je fis un signe au marchand attaqué de me rejoindre.

- « Ramassez sa dague et donnez-la au commandant. »

Baissant les yeux vers le marchand, je lui fis signe du plat de ma lame de se relever. Il s’exécuta tout en affichant un regard noir.

- « Bien, maintenant passe devant moi et suis le commandant. »

Il s’avança puis s’arrêta, je lui plantai, sans le blesser, le métal de mon arme dans le dos, lui faisant comprendre qu’il n’avait pas d’autre alternative. Les épaules basses, il suivit le commandant dans l’un des couloirs menant aux cabines. Le responsable de l’aynore ouvrit la dernière cabine, se posta à côté de la porte afin de laisser passer cet avorton.

Il refusa d’entrer dans la cabine, je dus le pousser par les épaules pour qu’il finisse dans la pièce. Le commandant ferma à clé derrière lui et rangea la clé dans l’une de ses poches de veste. Il me tendit ensuite la main.

- « Je vous remercie pour l’aide que vous nous avez apporté. Sans vous, nous aurions eu un mort. »

- « Merci commandant. »

- « Maintenant, si vous le permettez je vais retourner à la cabine de pilotage. Je vous souhaite une bonne fin de voyage. »

Il lâcha ma main et continua dans le couloir. Je retournai dans la salle principale où le calme était revenu, un comportement tout elfique. Je rejoignis le bar, m’assit sur un tabouret. Le barman me servit mon jus de fruits que je dégustai avec plaisir. Je fus alors dérangée par un petit coup sur mon épaule. En me tournant, je vis l’elfe que j’avais sauvé.

- « Je voulais vous remercier personnellement pour ce que vous avez fait tout à l’heure. »

- « Ce n’est rien. »

- « Si, c’est important pour moi. Tenez, prenez ceci en témoignage de ma gratitude. »

Il posa une bourse relativement bien remplie sur le comptoir. J’étais quelque peu prise au dépourvue.

- « Je ne suis pas une mercenaire que l’on paye pour ses services, aider les gens c’est dans mes veines. Reprenez votre argent. »

- « Je vous en prie, faites cela pour moi. Vous pourrez vous achetez de nouvelles pièces d’équipement. »

Je regardai mes affaires d’un air dubitatif avant de me résigner à accepter cet argent. Je pouvais toujours le donner à la guilde pour les recrues. Je pris la bourse et l’attachai à ma ceinture.

- « Cet argent sera bien utilisé, soyez en sur. »

- « Je n’en attendais pas moins de vous. Bonne fin de voyage, madame ? »

- « Aenaria. »

- « Plinis. En espérant vous retrouvez en d’autres circonstances. Sachez que les marchands sindeldi entendront parler de vos exploits. »

Je ne répondis pas et replongeai dans mon verre de jus de fruits. Je le sirotai un moment avant de le boire d’une traite et de rejoindre le pont extérieur, j’avais l’impression d’avoir une dizaine de paires d’yeux braquées sur moi. J’étouffai littéralement. Je laissai mon verre au comptoir en félicitant le sindel l’ayant préparé et sortis prendre l’air.

Une fois dehors j’avalai une grande bouffée d’air frais tout en contemplant le paysage, du bleu à perte de vue. En me rapprochant du bord, une petite nuance permettait de distinguer le ciel de l’eau mais c’était très léger. Mer et ciel se confondaient, c’était absolument magnifique.

Avançant jusqu’au bout du pont, je récupérai une chaise en route afin d’y déposer mon épée, mon bouclier, mon sac ainsi que toutes mes protections. Pieds nus sur le bois du pont, je fermai les yeux et commençai les exercices de respiration avant d’entamer ma séance d’entraînement à l’air libre.

Première posture de l’arbre, deuxième posture de l’arbre, posture du danseur, les trois postions du guerrier puis passage au sol avec la chandelle et le pont. Je refis ce cycle une deuxième fois en changeant ma jambe d’appui passant de la droite à la gauche, inversant toutes les positions.

Ceci me prit un bon moment car garder l’équilibre sur un appareil en mouvement était bien plus difficile qu’il n’y paraissait. Ce fut un bon exercice d’entraînement du contrôle de mon corps et par la même de ma respiration. A la fin, je me mis en position du lotus afin de me détendre fixant mes yeux sur l’horizon bleuté qui s’offrait à moi.

Je sortis de ma séance parfaitement détendue, j’avais réussi à faire tout ce que Crystallia m’avait enseigné et c’était très gratifiant et relaxant.

(Ravie que tu apprécies.)
(Merci Crysti.)

Je me relevai et m’étirai de tout mon long avant de remettre mes jambières, mes poignets, mon épée et mon bouclier dans mon dos. Je pris le reste à la main afin de retrouver le pont principal. En entrant, je remarquai qu’il était plus clairsemé qu’auparavant.

Je pris la direction du couloir que j’avais emprunté avec le commandant de bord et choisis d’entrer dans la cabine juste derrière le crétin qui avait osé m’attaquer. Je déposai toutes mes affaires par terre et fermai la porte derrière moi. Parfaitement détendue, je récupérai le carnet de mon frère dans mon sac, me déchaussai et m’installai confortablement sur le lit.

Je vis Crystallia sortir de sa gangue protectrice afin de venir s’asseoir à mes côtés pour en apprendre plus sur mon frère jumeau.

- « C’est parti pour la lecture. »

J’ouvris à la première page et me plongeai dans le récit de voyage d’Aenarion.

***


Deux heures plus tard, j’arrêtai ma lecture car mon estomac venait de se manifester. Je rangeai le carnet de mon frère et l’échangeai contre le pain aux raisins que Valsta m’avait mis de côté. Ouvrant le torchon, je découvris une dizaine de tranches de ce met que j’appréciai tant. J’en attrapai une et mordis dedans férocement.

Un soubresaut étrange se fit alors ressentir dans le lit, ce n’était pas normal du tout. Je lâchai ma tranche de pain que je rangeai à la va-vite dans son torchon puis dans mon sac. Je remis tout le reste de mon équipement sur moi et sortis de ma cabine pour m’enquérir du problème.

En arrivant sur le pont principal, je vis que tout le monde avait eu la même idée que moi et se trouvait maintenant dans la pièce. Le personnel ne bougeait pas encore le petit doigt, ce n’était donc qu’un léger problème qui ne devait alarmer personne. Je rejoignis le pont extérieur en jouant quelque peu des coudes afin de regarder l’appareil de plus près.

Je m’approchai du bord de l’aynore afin de regarder les moteurs, ils étaient tous allumés donc il n’y avait rien à craindre. J’avais juste pensé cela que l’un des moteurs eu un raté, s’éteignant puis se rallumant, clignotant ne sachant s’il devait s’allumer ou s’éteindre. Il choisit la deuxième option. Non de non, j’avais déjà connu une croisière problématique, pas une deuxième.

L’appareil commença à piquer du nez, je dus m’agripper à la rambarde pour ne pas passer par-dessus bord.

- « Par Sithi, je ne mourrai pas ici ! »

Je remontai la rambarde en me servant des barreaux comme d’une échelle et rejoignis le pont principal. A l’intérieur, le commandant avait fait son apparition et de toute évidence c’était la panique à bord. Des cris affolés s’entendaient de toute part dans la pièce, les passagers étaient en proie à des crises de terreur impressionnante. Sifflant, j’attirai l’attention du commandant.

- « Que se passe-t-il ? »

Il fit non de la tête, je dus faire preuve d’un effort monumental pour le rejoindre au bord du couloir. A sa hauteur, il put me faire état de la situation.

- « L’un de nos moteurs a des ratés, s'il ne se rallume pas, nous allons couler. »

- « Qu’est-ce qu’on peut faire ? »

- « Il faut répartir notre poids afin de ne pas forcer la chute de l’appareil. »

Je me tournai vers le pont principal afin de hurler cet ordre.

- « REMONTEZ VERS LES CABINES ET RÉPARTISSEZ-VOUS DEDANS ! DÉPÊCHEZ-VOUS ! »

Certaines personnes s’exécutèrent puis les autres suivirent entrant dans les cabines dont on pouvait entendre les portes claquer. Ils se disciplinèrent en se répartissant pour moitié à droite et pour moitié à gauche. On sentit l’appareil se redresser quelque peu mais notre situation était loin d’être stable.

- « Qu’est-ce qu’on peut faire ? »

- « Les passagers passent avant tout, maintenant il faut vérifier les machines ! »

- « Etes-vous allé à la salle des machines pour voir ce qui ne va pas ? »

- « Non pas encore, vous m’accompagnez ? »

- « Je pourrais vous être utile. »

Il passa devant en se penchant pour contrer la déclivité de l’appareil. Au bout du couloir, il tourna à gauche et ouvrit une trappe menant probablement à la salle des moteurs. Je descendis l’échelle à sa suite et me retrouvai dans une pièce relativement sombre malgré la lumière produite par les moteurs.

Claquant des doigts, je fis apparaître une boule de lumière qui éclaira la pièce. Le commandant me regarda avec une lueur d’espoir dans les yeux.

- « Vous possédez combien de fluides magiques différents ? »

- « Amenez-moi aux moteurs défaillants ! »

Le commandant se dirigea vers la turbine qui ne produisait plus le jus nécessaire pour alimenter le moteur. Après une rapide inspection, il me montra le problème du doigt. Une sorte de tube vide avec un trait à l’horizontal.

- « Quel est le problème ? »

- « La turbine qui est censé alimenter le moteur ne produit plus l’énergie nécessaire à son fonctionnement. »

- « Ne serait-il pas possible de dévier l’énergie produite par les autres turbines pour la répartir différemment et alimenter tous les moteurs de la même manière ? »

- « Si nous faisons cela, nous ne terminerons pas notre vol. Nous devons recharger les fluides entre chaque voyage. »

- « Et si je chargeai la turbine avec des éclairs en direct ? »

- « Vous pouvez faire ça ? »

Me concentrant, j’inspirai profondément afin de faire monter mes fluides d’éclair à mes mains. Les rapprochant l’une de l’autre, je produisais des arcs électriques entre mes doigts.

- « On peut toujours essayer. »

- « Je vais ouvrir la coque de protection de manière à ce que vous lanciez vos éclairs directement sur la turbine afin de l’alimenter. »

- « Jusqu’à quel point je dois la charger ? »

- « Jusqu’à ce que le tube soit rempli au-delà du trait. »

Un rapide regard vers le tube pour vérifier la hauteur du trait m’indiqua que j’allai devoir forcer.

- « Je vais vider toute mon énergie de foudre et on verra ce que ça donne. »

- « Essayez d’abord pour voir si ça fonctionne et si tout va bien, vous pourrez envoyer tout ce que vous avez. »

J’acquiesçai et attendis que le commandant me donne son accord pour lancer mon attaque d’éclair sur la turbine. Il ouvrit le capot et me fit un petit signe de la tête pour y aller. Ouvrant mes paumes vers la turbine, je lançai un choc des éclairs à puissance moyenne tout en gardant un œil sur le tube. Je vis une sorte de lumière monter dans le dit contenant.

- « Allez-y franchement, ça fonctionne ! »

- « Il ne faut pas me le dire deux fois. »

Me concentrant sur ma cible et sur mes mains, j’augmentai la puissance de mon sort au maximum et le maintins pendant un long moment. Néanmoins, je sentais mes forces décliner au fur et à mesure que je restai à lancer mon sort. Le tube se remplissait progressivement mais pas encore assez vite à mon goût.

J’arrêtai mon sort quelques secondes le temps de secouer mes mains et de changer de position avant de lancer une nouvelle fois le choc des éclairs à fond. Le tube était à moitié rempli, encore un effort Aenaria et l’aynore pourrait repartir à vitesse normale. Inspirant profondément, je me mis à penser à Tamìa et à tout le ressentiment que je pouvais avoir envers elle avant sa mort. Cela me motiva et m’aida à lancer une nouvelle fois mon sort.

Il me fallait tenir encore pour nous permettre de rentrer à bon port, en l’occurrence la zone d’embarcation de Kendra Kâr. Je vis la lumière monter dans le tube et atteindre doucement la ligne horizontale.

(Allez Naria, tu peux le faire.)
(Tu en es capable, tiens le coup.)

Je vis la lumière monter encore un peu plus, j’y étais presque, encore un dernier effort.

- « ALLEZ !!!! »

Je pouvais sentir que j’arrivai à la fin de ma réserve magique d’éclair. La lumière dans le tube atteignit enfin la ligne horizontale, je pus décharger tout ce qu’il me restait de puissance avant de faire lourdement retomber mes bras le long de mon corps. Mes jambes se mirent à trembler, j’allais m’effondrer au sol mais c’était sans compter sur le commandant.

Il vint à ma rescousse me soutenant, m’aidant à m’asseoir pour récupérer. Une fois assise, il ferma le capot de la turbine, appuya sur un bouton qui enclencha la production d’énergie qui alimentait le moteur défaillant. La réaction de l’appareil fut immédiate, il se redressa pour se stabiliser à l’horizontal. Le commandant revint vers moi.

- « Vous venez de nous sauver la vie, vous êtes une héroïne. »

- « Pas une héroïne, juste une elfe dévouée envers la population de Yuimen. »

- « Vous aviez une cabine ? »

- « Celle à côté de notre ami de tout à l’heure. »

- « Vous arriverez à monter l’échelle ? »

- « Je devrais pouvoir m’en sortir. »

- « Je vais passer devant pour vous aider à monter. »

Le commandant m’aida à me relever, mes jambes semblaient tenir le coup, en tout cas pour le moment. Il grimpa rapidement l’échelle et se posta en haut afin de m’aider. Je commençai à poser mes pieds sur les barreaux, l’un après l’autre sans brusquer car je pouvais encore sentir que je tremblais de partout.

A deux barreaux de la fin, mes jambes me laissèrent tomber, mes mains s’agrippèrent tant bien que mal au montant qu’elles tenaient. Le capitaine se baissa alors et me présenta sa main afin de me tirer vers le haut de l’échelle. Lâchant ma prise, je lançai mon bras vers lui et il me rattrapa me soulevant avec force vers la trappe.

Je pus me hisser complètement grâce à son aide. Il ferma la trappe menant à la salle des machines et m’aida une nouvelle fois à me lever. M’appuyant sur lui afin d’éviter une chute éventuelle, il m’accompagna jusqu’à la cabine où j’avais passé un temps appréciable à lire. En elfe bien élevé, il ouvrit la porte et m’introduisis dans la pièce.

- « Est-ce que ça ira pour vous ? »

- « Je pense que je vais m’allonger et me reposer quelque peu. »

- « Si vous avez besoin de quoi que ce soit à votre réveil, nous sommes à votre service. »

- « Merci commandant. »

Il ferma la porte derrière lui et je la bloquai avec la clé. Enlevant la plus grande partie de mon équipement, je m’écroulai sur le lit comme une masse.

(Comment tu te sens Naria ?)
(Complètement vidée de toutes mes forces. Je pense que je vais dormir un petit…)

Je n’eus pas le temps de finir ma réponse que je plongeai déjà dans le sommeil.

***


En me réveillant, je constatai en regardant à travers le hublot que le soleil brillait encore dans le ciel.

(Il doit être dans les environs de cinq heures de l’après-midi.)
(Ce qui veut dire qu’il reste un peu moins de quatre heures de vol.)
(Grâce à ton intervention, nous n’avons pratiquement pas perdu de temps.)
(J’ai sauvé un aynore entier, tu te rends compte ?!)
(J’ai bien senti la débauche d’énergie dont tu as du faire preuve pour injecter ces éclairs dans la turbine.)
(Non mais tu réalises un peu ce que j’ai fait ! Je n’en reviens pas moi-même !)
(Sur le coup, tu n’as pas réagi.)
(J’étais encore sous le choc de l’action en elle-même pas de son résultat.)
(D’accord. Et maintenant ?)
(Qu’est-ce que je vais faire ? Finir de manger ma tranche de pain et continuer ma lecture du carnet de mon frère.)
(Sage décision.)
(Qu’est-ce que tu me caches ?)
(Le commandant a fait une annonce pour signaler que l’aynore était hors de danger et que tu étais à l’origine de la survie de tout le monde, du coup j’ai peur que les passagers ne t’attendent à la sortie de ta cabine…)
(A plus forte raison pour rester planquée ici jusqu’à l’atterrissage.)

Récupérant mon sac, je sortis le pain et le carnet de mon frère. Je finis la tranche entamée avant tous ces évènements qui aurait pu être funeste, puis pris une autre tranche avant de ranger le reste. Récupérant un oreiller je me calai contre la tête de lit afin de continuer ma lecture avec Crystallia sur l’épaule.

***


- « Mesdames et messieurs, nous approchons de Kendra Kâr. Nous vous invitons à quitter vos cabines et à vérifier que vous n’y avez rien oublié. »

Je fermai le carnet de mon frère dont j’avais quasiment terminé la lecture. Je n’avais rien appris d’autres sur lui, ses intentions ou bien sur Ertamiel, son maître de formation.

- « L’hôtesse a oublié le « Nous espérons que vous avez fait un agréable voyage sur notre ligne et nous vous souhaitons une bonne fin de journée. » »

(On se demande pourquoi !)

Je rigolai toute seule de ma blague tout en continuant de ranger mes affaires. Je remis mon équipement de guerrière sur moi et sortis enfin de ma chambre. En arrivant dans la grande pièce qui servait de pont principal, tous les regards se tournèrent vers moi. Une personne se mit à applaudir, puis une deuxième, puis une troisième et enfin toutes les personnes présentes firent de même.

Je pouvais presque sentir que j’étais en train de rougir devant tant d’applaudissements. Le commandant sortit de la foule, j’étais presque sûre qu’il avait préparé son coup avant que je ne sorte de ma cabine. Je temporisai les mouvements de la foule en demandant le calme de mes mains.

- « Au nom des passagers, des membres de l’équipage et de la compagnie Air Gris, je voulais vous féliciter de ce que vous avez accompli durant le vol. Sans vous, nous serions au fond de la mer. »

- « Je suis intervenue parce que c’était mon devoir, n’importe qui avec mes capacités en aurait fait autant. »

- « Vous avez fait preuve de bien plus de courage que la moitié des personnes peuplant cette planète. Vous êtes bien trop modeste. »

- « Non sérieusement je suis réaliste. En réfléchissant, tout problème possède sa solution. Notre problème avait une solution évidente, je n’ai fait qu’y répondre. »

- « Vous sous-estimez clairement vos capacités ! »

- « Vous devriez faire partie de nos dirigeants à Tahelta ! »

- « Plinis, c’est un peu trop. Me mélanger aux ronds-de-cuir, trop peu pour moi. Je suis une elfe d’action, pas une bureaucrate ! »

Tout le monde se mit à rire dans la pièce. L’aynore entamait sa descente vers Kendra Kâr, nous allions atterrir dans peu de temps.

- « N’oubliez pas que vous êtes aussi les héros du jour. En obéissant à l’ordre que je vous ai hurlé, vous nous avez permis de gagner du temps pour faire repartir les machines. Aujourd’hui, nous sommes tous des héros. »

(C’est beau ce que tu viens de dire.)

Une nouvelle salve d’applaudissements et des serrages de mains plus tard, je pouvais enfin sortir de l’aynore qui avait failli avoir ma mère pour fouler de nouveau l’herbe de la zone d’embarcation de la capitale humaine, la cité blanche.

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 Sujet du message: Re: Trajet aérien entre Tahelta et Kendra-Kâr
MessagePosté: Ven 6 Oct 2017 00:22 
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Les cinq heures de voyage entre la capitale Kendrane et celle du Naora me paraissent filer en un éclair au fil des souvenirs qui rejaillissent en moi après être restés tant d'années enfouis au fond de ma mémoire. Tahelta...je n'y ai séjourné qu'à quelques reprises, jamais bien longtemps, en compagnie de mon père lorsqu'il avait des affaires à y régler, mais elle fait malgré tout partie de mon pays.

Si me rappeler de la ville en elle-même n'a rien de bien troublant, il en va tout autrement de tout ce qui est lié à mon père, tant de questions demeurent sur ce qui s'est passé pour qu'il se retourne comme il l'a fait contre moi. Je m'assombris notablement en revoyant le temple de l'Oracle des montagnes au nord de Khonfas, lieu où j'ai mis fin à la vie de mon géniteur de mes propres mains. Comment cela a-t-il pu se produire? C'était un père aimant du temps où je l'accompagnais à Tahelta, un Sindel droit et honorable autant que je m'en souvienne, alors par Sithi que c'est-t-il passé? Et ma mère, qu'est-elle devenue? Je sais qu'elle est morte, mais comment? Pourquoi? Tant de questions et si peu de réponses...

Je repense aussi brièvement à mon bannissement, mais ce n'est pour l'heure qu'une préoccupation secondaire car il ne concerne que Nessima. Rien ne m'interdit de me rendre à la capitale Naorienne, à ce détail près que si mon appartenance à l'Opale était révélée, je serais aussitôt envoyé pourrir à Raynna. Une idée des plus déplaisantes, mais les risques sont faibles, bien peu d'êtres seraient en mesure de me reconnaître et aucun ne réside à Tahelta. Quoi qu'il en soit, c'est le ventre noué d'une profonde émotion que je contemple les îles qui approchent au loin, grandissant encore et encore, jusqu'à ce qu'apparaisse enfin la fastueuse capitale du royaume de Sarindel. Faut-il encore le nommer ainsi, maintenant que le roi est mort et sa reine de même? Je n'en sais rien, la seule chose dont je suis certain c'est que nous allons nous retrouver dans un pays ébranlé par ses défaites et la perte de ses dirigeants, un pays divisé et en proie aux pires manigances des puissants.


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 Sujet du message: Re: Trajet aérien entre Tahelta et Kendra-Kâr
MessagePosté: Ven 2 Nov 2018 20:51 
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Dans le chapitre précédent…

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre VII.3 : Voyage à grande vitesse


L'Aynore filait à travers le ciel à une vitesse proprement incroyable. Cela dépassait l'entendement et le sens commun selon Akihiko.

(Ils disent qu'il est sept fois plus rapide que le cynore…)

Il n'avait pas passer beaucoup de temps à Kendrâ-Kar. A vrai dire, il avait tout juste eu le temps d'aller voir une hôtesse de Air Gris qui lui avait indiqué avec une moue dubitative le vaisseau qui s'apprêtait à décoller en direction de l'archipel de Naora. Il s'était donc précipité vers l'escalier de bois mobile qui permettait d'accéder au pont du vaisseau et avait été le dernier à y entrer. La structure de l'Aynore était très différente de son petit cousin, tout simplement d'abord parce que l'un était en bois et l'autre en métal. De plus, la taille n'était même pas comparable tellement l'écart était grand. La forme était elle aussi très particulière puisque le vaisseau avait une forme très longue et allongée, comme une pointe de flèche mais en plus étirée et plus épaisse. Evidemment, le nombre de passagers pouvant être embarqués n'avait rien à voir. Il y avait des dizaines et des dizaines de passagers sur le pont autour de lui et il semblait qu'on pouvait encore loger trois ou quatre fois leur nombre. Akihiko avait hérité de la cabine numéro 97 qui se composait d'un lit, d'une chaise, d'un pot de chambre (qu'il s'empressa d'utiliser, un passager ayant infecté celui du cynore avec une odeur à faire fuir le Dragon Noir lui-même) ainsi que d'un petit hublot. Il posa ses affaires, verrouilla la porte et partit explorer le vaisseau. On le renvoya cependant bien vite dans sa cabine pour le décollage, la chaise étant équipé du même système de sécurité que dans le cynore mais d'un facture supérieure. L'ensemble de la structure se mit à vibrer et un discret ronflement se fit entendre, bien que Akihiko n'ai pas vu d'hélices comme pour les cynores. La différence de vitesse se fit alors violemment ressentir.

« Putain de… ! »

La soudaine accélération écrasa le pauvre enchanteur contre le dossier de sa chaise, à tel point qu'il l'entendit presque craquer. Au bout d'une longue vingtaine de secondes collé à son siège, il se trouva de nouveau libre de ses mouvements et tituba quelque peu avant de retrouver son équilibre. Regardant par le hublot, il resta près d'une heure à regarder le paysage défiler. Il avait beau se gifler, il ne savait pas comment un tel prodige était possible. Une technologie capable de produire des vaisseaux volant plus vite que des oiseaux et pouvant transporter tant de personnes… (Comment cela se fait-il que nous ne nous soyons pas encore fait écraser par les Sindeldis ?)

Akihiko savait que les Sindeldis venaient d'un endroit lointain, sans savoir lequel. Ils n'étaient pas originaires de Yuimen et avaient une technologie tellement supérieure à la leur que la question lui sembla on en peut plus légitime. Ils n'avaient pas forcément de volonté belliqueuse mais leur orgueil était un fait connu de tous. Pouvoir transporter autant de troupes à une telle vitesse, cela devait être un avantage stratégique indéniable. Quelque chose devait les retenir d'utiliser les aynores ou les cynores à des buts militaires, et c'était tant mieux pour tout le monde.

Une fois habitué à l'idée qu'ils volaient à une vitesse proprement aberrante, Akihiko décida de dormir la première partie du voyage, puis de monter sur le pont admirer la fin du voyage comme lors du premier vol. Il s'endormit donc sur la petite couchette, regretta son matelas douillet et s'endormit pour être bien reposé pour le reste du voyage.

A suivre...

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