La vieille dryade prend son temps durant le repas de m'expliquer le rôle de chacune des gemmes et ce que je pourrais en faire. Silencieusement, je l'écoute, tout en dégustant une soupe légèrement sucrée, semblant être faite de fruits. Etrangement, ce liquide semble avoir des vertus cachées car très vite mes tatouages se remettent à briller. Une fois le repas fini, je la remercie et m'écarte un peu du brouhaha des blessés, ainsi que du charnier, non sans ordonner aux dryades de reprendre les corps de leurs décédés au combat et de les mettre à l'abri dans la forêt. J'ignore tout de leur coutume en matière de deuil et j'espère qu'ils n'ont pas une durée trop longue, sinon tout est perdu.
L'aube est déjà bien levée quand je trouve le campement des orques, au-delà de la rivière du village, au-delà de la lisière de la forêt en fait. Je me trouve une position isolée du campement, à la fois proche des orques, mais pas trop non plus pour ne pas être vue. Une fois bien installée, en hauteur sur une branche d’arbre faisant facilement ma taille en épaisseur, je ferme les yeux et cherche les voix abjectes des orques. Tout en concentration, je parviens à isoler les sons des garzoks et de l’armée des dryades. Je mets bien dix minutes ensuite pour chasser les voix parasites et pour entendre une discussion intéressante pour moi. Les timbres, bien que rocailleux, ne résonnent pas comme ceux des orques à mes oreilles. Leur couleur dans mon esprit est cependant rouge comme le sang et la haine. De surcroît, l’intelligence de leur discussion ne correspond pas à un comportement normal pour des garzoks ou des sektegs. Ainsi, Siril et Leona n’ont pas assez confiance dans les troupes d’Oaxaca et préfèrent placer des humains à leur tête :
"Les troupes ont mangé. Ceux qui ont pu être soignés, l'ont été, ceux qui ne pouvaient pas ont été achevés." "Nous sommes donc prêt au combat, nous retournons quand à l'attaque ?" "Cette nuit, nous aurons alors l'avantage." "Aucune crainte que ces lâches attaquent, tu leur laisses toute la journée quand même ?" "Ils doivent enterrés leurs morts et soigner tout ceux qui sont encore vivants, ils en ont bien pour une journée complète." "Mais chef, on ne ferait pas bien de les exterminer maintenant ?" "Nous avons perdu plus qu'eux et si les verts ne sont pas un problème, restent les deux gris. Et nous serons plus puissants dans l’obscurité, les verts ne voient rien." "Vous n'avez quand même pas peur de deux Gris, chef ?" "Peur non. Mais ils sont puissants et dangereux. Ils doivent être la cible principale !"
(J'en ai assez entendu. Anouar, préviens mon père que les orques attaqueront dans la nuit au plus tard et dis-lui que j'arrive pour le repas de midi.)
Les paroles de ces orques étaient éloquentes, ils ont peur de nous. Imaginent-ils seulement qu'ils ont raison de nous craindre ? Pour ma part, je commence à jouer avec l’objet dans ma poche de droite. Au bout de dix bonnes minutes, je décide de vérifier quel est cette chose parfaitement ronde qui traîne dans ma cape et en tire l'orbe offerte par Yuimen de ma poche. Je la garde en main, plus pour Qu'aurais-je à dire à Yuimen ? Et pour quelle raison j'oserais le déranger. Si quelqu'un doit appeler, c'est lui, pas moi.
"Faites vite. S'ils atteignent les fluides pour le Naora c'est fini."
La surprise de la communication est telle que je manque de tomber à la renverse et de choir au sol, quelques mètres plus bas.
"Pas encore habituée à ce que je vois ?"
Un sourire se dessine alors sur le visage de Yuimen dans la boule de communication, un rictus manifestement légèrement moqueur.
"Non, pas habituée." "Je suppose que tu es au courant qu'il y a une troupe sur Sor-Tini, envoyée par Leona ?" "En effet. Arrivée par le fluide de Cisley d'après Anouar." "Combien, quels types de bestioles ?" "Cinq cents ici à Niestim, dix milles têtes au minimum vers les portes spatiales. Des garzoks, des trolls, des sektegs et des sortes de plantes pour l'essentiel." "Aucune surprise de la part de Leona. File chercher des renforts auprès des elfes gris. Les dryades ne suffiront pas." "Les dryades ne bougeront pas sans moi. Ils s'enfuiront dans la forêt et abandonneront leur village aux Garzok." "Dis leur que Treoria a ordonné qu'ils partent au combat et que c'est ton père qui doit les y mener." "Et pourquoi ils m'écouteraient ?" "Tu es leur magicienne et ta voix ne peut être remise en cause. Je vais m'arranger pour que l'autre magicien reçoive les mêmes consignes, ça appuiera." "Et je dis quoi aux elfes gris ?" "Vu ta plaie à l’épaule, y a déjà eu un combat. Tu trouveras sans doute de quoi les convaincre sur le champ de bataille." "Bon, bah j'y vais alors." "Ne t'inquiètes surtout pas, mais file, le temps presse."
C'est sur ces mots que la conversation se coupe. Je me retrouve seule à nouveau, sur ma branche, les garzoks à quelques mètres à peine de moi, les dryades à quelques encablures dans l'autre sens. Je renonce à l'idée de sauter au coeur l'armée de Siril pour faire demi-tour et me ruer vers l'autre groupe qui m'attend.
Hissée sur une branche à mi-hauteur, à la hauteur d'un étage de maison maximum, je rassemble les dryades avant de m'adresser à eux :
"Dryades, préparez-vous au combat. Les Garzoks viendront piller vos foyers ce soir, si vous ne les tuez pas avant. Suivez mon père au combat, car tels sont les ordres de Treoria !" "Et toi tu vas où ?" "Les arrêter avant qu'ils viennent dans mon monde." "Tu nous abandonnes déjà, magicienne ?" "Nous nous reverrons, sur d'autres champs de bataille. Suivez mon père, il vous mènera à la victoire." "Ecoutez-là, mes amis. Treoria m'a dit la même chose. Faites-nous confiance et vous retrouverez la paix de vos vies. Je ferais alors pousser des fruits et nous feront un grand festin. Mais la guerre nous attend pour l'instant. Si ce n'est pas nous qui allons à elle, elle fondra sur nous comme un Traok sur un cadavre. Aux armes mes frères ! Héramë, conduis-nous !"
Si ma parole seule s'avère discutable, ce n'est pas le cas de celle d'un magicien natif du peuple. Les rumeurs se taisent immédiatement et le Peuple va chercher ses armes en silence, résigné. Pendant ce temps-là, la vieille sage m'apporte un grand bol de soupe, la même que nous avons mangé à l'aube ou presque, plus salée cependant, sans doute due aux morceaux de poissons.
"Merci, Styrka." "De rien. Dis-nous où sont les troupes ennemies, où nous devons te retrouver et fonce, le temps presse." "Les troupes ennemies sont juste derrière la rivière sur la face sud du village, juste en-dehors des bois. Je pense qu'une attaque d'archer avec des flèches enflammées devrait mettre déjà le foutoir dans le campement, surtout qu'ils se reposent, ils comptent attaquer une fois la nuit tombée. Pour me retrouver, mon père sera où, écoute-le." "A bientôt ma fille et fais attention à toi." "Ca va, je dois juste affronter des elfes gris." "Ils peuvent être pire que les garzoks, tu le sais." "J'ai plus vécu avec eux qu'avec les garzoks. Ca ira."
Disant cela, je fais un détour par la place du village où des charognards se disputent les cadavres des orques qui trainent au sol. Je dégaine mon épée qui semble répugner autant que moi la vile tâche que je m'apprête à faire si j'en crois ses feulements. Sans l'écouter, je tranche deux têtes, une orque, une gobeline et ramassent des armes sans doute sans grand intérêt, mais prouvant bien l'origine des cadavres qui s'étendent devant moi. Ca devrait être des preuves bien suffisantes si les prêtres de lunes ne me croient pas.
Je traverse le village avec mes dépouilles en main et les armes dépassant de ma besace. Ne pouvant pas voyager rapidement ici, je hèle une dryade qui m'indique où je pourrais filer tout mon fatras en trop. Je me dirige à pas rapide vers la boutique, envahie de dryades cherchant des armes ou autre.
"J'ai des trucs à te vendre, frère, et c'est urgent." "Passez, magicienne."
Je me dirige droit vers le comptoir, les gens s'écartant devant moi et y dépose tout ce que j'ai à vendre, soit deux bagues, un bouclier et une paire de bracelet de protection. Il me remet une quantité non-négligeable de pierres précieuses que je glisse dans ma bourse avant de quitter la boutique.
Plus légère, je me rends auprès de mon cheval sur qui je saute juste après l'avoir détaché juste avant de me ruer vers la plaine où nous avons croisé les elfes gris avec mon père en arrivant.
(((Je vends : - Petite bague (force +28) : 2263yus - Bracelet de protection (end+5) (E=1) : 163yus - Bouclier à l'éffigie de la nature (5% renvoi de sort total et +10 d'endurance) (E=4) : 1575yus - Bague (force+10 + magie+7) [E=1] : 915yus
total : 4916 yus.
et j'aimerais avoir ma boucle de nombril dans les bijoux équipés à la place de la petite bague. )))
_________________
Je suis aussi GM14, Hailindra, Gwylin, Naya et Syletha
|