La journée passe tandis que vous discutez. Le soir arrive vous êtes invités à aller manger.Vous êtes tous réunis dans la salle dans laquelle les présentations ont été faites. Au menu, des pommes de terre et quelques légumes pour les végétariens, et de la viande, du poulet, pour les autres, servi par quelques domestiques. Il y a de la bière et de l'eau à boire. Seldell se goinfre, tandis que tous les autres mangent tranquillement, mieux élevés. Vous pouvez discuter un peu entre vous à table, dire que l'ambiance est sympa, mais le but n'est pas de s'étaller sur cela. Après le repas vous êtes conduit à vos chambres respectives dans lesquelles vous êtes seules. Elles sont toutes de taille importante pour celle d'un navire, environs celles d'une auberge quelconque. Votre lit est néanmoins accroché aux murs. Les chambres sont peu décorés mais pas complètement nues. Quelques tableaux (à vous de dire ce qu'il y a dessus ) et un tapis au sol égaient les chambres. Vous les découvrez donc puis passez la nuit et le matin suivant que vous pouvez décrire. Vous RP également l'après midi, rien ne se passe en particulier et la plupart des PNJ sauf Bogast restent dans leur chambre pour se reposer. Bogast fait avancer le bateau. Vous pouvez profiter de l'aprem pour absorber des fluides, ou apprendre des sorts.

Keynthara : Tu es vu par Bogast qui ne fait que soupirer en te voyant, mais il ne dit pourtant rien voyant que tu es une aniathy. Seldell te propose de partager sa chambre pour les prochains jours, tu acceptes ou pas, au choix. Tu peux le RP en suivant bien ses traits de caractères (il sourit souvent ...). Tu croiseras également Lothindil avec qui tu RPeras quand tu voudras. ( entre le soir et l'après-midi donc).

[Je suis absent jusqu'à mardi inclu ! Je ne pourrais donc pas faire jouer mes PNJ. Si vous pouvez éviter de les utiliser tant mieux. Je ne pourrai donc répondre que mercredi matin et aprem. Si vous avez des questions importantes, j'essairai de me connecter de temps en temps pour répondre. Pour récapituler vous RP :
_ le repas du soir
_ la présentation de votre chambre
_ le matin et le ptit dej
_ le midi ( menu : poisson, salade, fruits, pain, bière, eau, vin)
_ et la moitié d'aprem qui est libre ( vous pouvez discuter entre vous, les PNJ sont dans leur chambre sauf Bogast) ]

En fin d'après-midi, le bateau ralentit. Je sors de ma torpeur et tourne la tête, juste assez pour voir Bogast et plusieurs autres se diriger vers l'escalier menant aux salles. Mon ventre m'explique vite la raison par un gargouillis douloureux.

(Le temps est passé si vite. J'ai du m'assoupir un moment, perdu dans ma contemplation de la mer)

Je me relève en serrant les dents. Mes blessures n'ont pas été soignées et mes contusions se font sentir. Je me demande si je ne devrais pas voir leur médecin, mais la faim me parait être une priorité bien plus urgente. Je suis les autres, essayant de ne pas boiter à cause du bleu qui s'étale sur une bonne partie de ma cuisse.

Dans la salle où l'on nous a mené précédemment, une table presque festive est dressée. Les vivres sont nombreuses et variées. Je n’ose pas toucher aux plats et me contente juste de m’asseoir. Heureusement, ou peut-être malheureusement, Seldell en hélant des domestiques si discret que je ne les avais pas encore aperçu et entame son repas, essayant de savourer tous les mets différents en même temps. Il charge sa bouche de tant de nourriture qu’elle déborde. Je le regarde un instant, interdit devant un spectacle de débauche pareil. Pour ma part, je demande un maigre bout de viande et des pommes de terre.

(Un repas comme cela me comblera suffisamment pour que je puisse me reposer de tout mon soûl.)

Quelques sujets de discussions détendent l’atmosphère, mais je n’y prends pas part, me sentant un peu de trop par moment, surtout quand la discussion aborde une question dont j’ignore tout. Pire même, je finis par me sentir à l’écart des autres. Je remarque que la druide qui fut si glaciale envers mes remerciements me lance des regards lourds en accusation et en sous-entendus. Je lui jette de plus en plus de coup d’œil pour vérifier son comportement.

Au bout d’un moment, ni tenant plus, je m’énerve et me lève de table brutalement, lui criant dessus, établissant un silence gêné l’instant d’après.

« Ce n’est pas la peine de me juger ! Vous ne savez même pas ce que je subis et vis actuellement, ni ne connaissez le poids de ma culpabilité ! »

Un peu essoufflé, je ne sais comment agir, après avoir crié sans réfléchir.

La réponse de Bogast me laisse sur ma faim, mais l'heure du repas approche, tandis que le soir tombe. J'aime cette heure où la lumière laisse place à la nuit. Je suis les autres à table.

Très vite, le repas est servi, je prends un peu de tout, ayant besoin de force pour retrouver mon énergie et guérir plus vite. Le rouquin ne semble pas manger mais dévorer littéralement. Andélys mange à son aise sans plus. Pour mon bonheur, Lirelan vient se poser sur mon épaule, semblerait qu'elle ait discuté pas mal avec les deux faeras qui semblent s'appeler Lysis et Aakia.

Mon regard se pose de l'un à l'autre tandis que j'accroche à une discussion sans aucun intérêt. Lilith me jette des coups d'oeil comme si ma présence ou mes regards le gênaient.
(Qu'est-ce qu'il s'est passé?)
(Rien, je l'ai remis à sa place. Je ne tolèrerais pas qu'on tue des enfants sous la colère.)

« Ce n’est pas la peine de me juger ! Vous ne savez même pas ce que je subis et vis actuellement, ni ne connaissez le poids de ma culpabilité ! »

Sa réaction me surprend à peine, ayant vu son impulsivité. Je réponds sans prendre la peine de me lever:
"Non, je n'en sais rien. Je sais ce que j'ai vu et ce que j'ai empêché. Après, si vous vous savez un danger, vous devez en assumer la responsabilité."

Elle me répond calmement, trop presque. Comme si rien de ce que je pourrais dire ne changerais son point de vue.

(A moins qu'elle veuille comprendre. Non... Elle voit juste en moi un danger public, un fou. Pourquoi s'intéresserait-elle à moi ?)

Je renifle, bruyamment, essayant d'empêcher les larmes de couler.

"Vous croyez que je ne l'assume pas ? Vous croyez que je ne fais pas tout mon possible pour empêcher que cela recommence et que je cherche à en réparer les conséquences..."

Ma voix se fait chevrotante sur la fin, et dans un début de sanglot, je murmure

"Maman..."

La réaction de l'humain me désarçonne totalement.
(Je crois que tu l'as vexé...)
(Bah quoi, je lui ai dit ce que je pensais...)
(Y a des manière de le dire voyons.)
(Bon, et je fais quoi?)
(Euhh... suis pas psychologue moi!)
(psycho quoi?)
(laisse tomber...)

Il fond en larme devant moi et l'assemblée. J'en deviens rouge sans trop comprendre où a été mon erreur, supportant mal les regards des autres sur nous deux.

"Bon, toi tu viens avec moi, on va s'expliquer entre elfes... euh non... enfin on va s'expliquer."

Je me lève de table laissant mon assiette à moitié pleine avant de prendre le cryomancien par le bras et le faire sortir à l'air frais.

"Bon, je suis pas ta mère. Je serais pas là pour t'aider à chaque fois. Maintenant soit un homme, arrête un peu de chouiner."

L'elfe semble réagir à mes pleurs et se lève pour me sortir de la salle. Un instant, je crains des paroles encore plus acérés pour me détruire complétement, mais il n'en est rien. Du moins, pas vraiment. L'air frais maritime me fait du bien et je finis par me calmer.

(Pleurer n'est pas le meilleur moyen de s'expliquer. Mon père me l'a bien fait comprendre à force de coups.)

"Je... Je sais que vous ne serez pas là à chaque fois pour m'aider, mais vous m'avez éviter beaucoup et je voulez vous en remercier. Bien sûr, je n'attendais pas des louanges, mais vos répliques acerbes n'ont fait que raviver les douleurs qui m'étreignent déjà le coeur."

Je laisse un petit silence, le temps de reprendre mon souffle. Je parlais presque pour moi même.

"Mon don pour la magie est à double-tranchant, mais je ne vois plus que les mauvais cotés. J'aurais du écouter mon père quand il parlait de malédiction. J'aurais du me laisser mourir sur la crête du Gisant, j'aurais épargné bien des malheurs."

Je parle étonnement calmement. Je m'approche de la proue du bateau, perçant les écumes.

"C'est une belle nuit, les astres trempent leurs lumières dans les eaux noires. Et les vents semblent si paisibles..."

Je commence à escalader le bastingage.

(J'espère que Lallydir trouvera la même paix que ces vents marins.)

J'attends que l'humain se calme. Mais sa réaction ravive en moi des souvenirs plus douloureux peut-être encore que les siens.
(Heramë...)

Je le regarde enjamber la rambarde avec un regard effrayé. Ce n'est pas lui que je vois devant mes yeux, mais un elfe gris sur son vieux petit bateau. Mon père, lors de sa mort... lors de son suicide... Mon coeur et mon corps sont tétanisés par cette vision...

"Âdar..." (((=père en sindel)))

Plusieurs éternités semblent s'écouler avant que je réagisse réellement.
(Non, Heramë, je n'ai pas pu te sauver... mais lui, ne mourra pas aussi bêtement!)
"Non, mais ça va pas!"
Je me précipite vers lui et l'attrape violemment par la tunique avant de le rejetter vers le centre du navire.
"Vous allez cesser de jouer au malheureux! Votre magie est un don de Yuia. Comme tout don il faut apprendre à s'en servir pour le bien. Je ne sais pas ce qui vous arrive quand vous atteignez la limite réelle de votre puissance, mais il se passe quelque chose de pas normal pour un mage!"

Attristée par le souvenir de la dernière vision de mon père, je retourne ce sentiment en colère... Colère contre un être même pas capable de protéger sa vie.

Je suis un peu déconnecté de la réalité quand la druide me tire en arrière, me faisant tomber sur le ponton. Elle commence à me sermonner, en colère.

(Pourquoi une réaction aussi vive ? Mais après tout, elle semblait tellement attaché à la vie en général qu'un être mettant fin à ses jours lui est automatiquement antipathique.)

Mais elle n'est pas la seule à être en colère. Elle vient de m'empêcher d'en finir avec tout. La culpabilité, la mort, l'impuissance, la perte de contrôle, la douleur d'aimer... J'allais enfin être en paix, mais elle ne me laisse pas cette solution de facilité.

"Pourquoi m'avoir empêcher, je n'aurais plus été un danger pour tous !"

Ses paroles me calmèrent directement. J'écarquille les yeux de stupeur.

"Comment savez-vous ?... Je... C'est mon don, comme vous dites, comme ma mère disait."

Un voile d'obscurs souvenirs recouvre mon visage quand je parle de ma mère. Puis je la regarde dans les yeux, ponctuant mes paroles de petits souffles d'ironie, comme un dément constatant l'inchangeable.

"Ce don, on ne m'a pas appris à me servir de lui pour faire le bien, onpar appris du tout. C'est lui qui se sert de moi, profitant de ma faiblesse pour calmer ses ardeurs dévastatrices. Je croyais pouvoir mieux le contrôlant en découvrant le monde et les arcanes, mais c'est peine perdu. Vous me l'avez bien montré..."

Décidément cet être est borné.
"Vous savez ce qu'est la mort d'un proche? Moi oui... Ma soeur est morte pour moi et j'en porte la culpabilité. Vous m'avez rappellée la dernière vision que j'ai eu de mon père, noyé, suicidé de honte après m'avoir laissé partir vers mon destin. Oui, je tiens à la vie, à la votre et à la mienne... A toute celle que je pourrais empêcher de mourir stupidement."

Il se calme, moi non... Je suis bien décidée à le réveiller à le faire réfléchir.
"Comment je le sais? Je suis magicienne moi aussi."

Il semble totalement désespéré envers sa magie et ses capacités.
"Eh bien apprenez! Vous avez en face de vous une druide accomplie, maniant la magie relativement correctement. Au lieu de ça vous fuiez comme un lâche. Votre suicide n'aurait été qu'une lâcheté supplémentaire. Vous pouvez apprendre à contrôler cette magie si vous y mettez du votre."

Je souris alors en me souvenant de mes premiers balbutiemment en magie quand je croyais qu'ils suffisaient d'y penser un peu pour faire ce qu'on voulait.

Courbant la paume de ma main, je me concentre et y fait apparaître une minuscule plante, toute de magie.
"Vous voyez cette plante? Il y a quelques temps de cela, j'ai tenté de faire de même. C'était à la tortue guerrière... Et le sort s'est retourné contre moi et à manquer de me tuer tout simplement, ainsi qu'une fraîche connaissance. J'ai été sauvé de justesse par une amie y connaissant bien plus que moi. Regardez le progrès... Rien n'est peine perdu, Lilith... il faut juste de la volonté sur le chemin de la magie..."

Elle aussi a vécu des choses douloureuses et elle connait la culpabilité qui ronge de l'intérieur. Et contrairement à moi, elle cherche la vie, et non la mort. Elle me traite de lâche.

(Et elle a bien raison. Je n'avais jamais vu ce coté de la situation. Je peux lutter contre cette épreuve et la vaincre. En y pensant un peu plus, je ne dois pas fuir ma culpabilité, mais la porter, non pas en faire sa force, sa motivation... En l'honneur de ma mère, je me dois de dompter cette magie, pour qu'elle soit l'objet de bienfaisance et non de destruction.)

Puis en la voyant faire apparaître une branche dans sa main, je m'émerveille et, à la suite de son histoire sur la plante qu'il l'avait attaquée, je pousse ma réflexion à des fantasques objectifs.

(Si l'on peut contrôler la magie à son paroxisme, je pourrais peut-être même réparer mes fautes !!)

"Vous avez raison. Je ne dois pas m'avouez vaincu. Je ne dois pas cesser de tendre à contrôler la magie. Pour qu'elle deviennent enfin un don pur."

Je me relève doucement, encore endolori par mes blessures accentuées par ma toute récente chute. Puis je dis avec une lueur d'optimisme dans les yeux.

"Je dois même avoué que j'ai mieux perçu la magie quand elle m'a possédé que la terrible fois d'avant. C'est signe que je suis sur la bonne voie. J'ai même dans mon sac quelques parchemins qui vont me permettre d'étudier plus amplement les puissances de Yuia."

Puis je regarde Lothindil, la regardant avec le sourire.

"Encore une fois, je vous remercie. Je vous dois beaucoup. Vous m'avez ouvert les yeux. Pus-je encore vous demander quelque chose ? Cette branche que vous venez de créer, symbolise pour moi maintenant la persévérance et la victoire sur soi-même. Serait-ce possible que je la garde ?"

Contente d'avoir ouvert les yeux de l'humain, j'éclate d'un rire cristallin, propre au peuple des elfes.
"Moi aussi, j'ai encore quelques parchemins à apprendre... Si vous voulez, je pourrais vous y aider, même si ce n'est pas mon domaine?"

A sa demande, je ris de plus belle, non de moquerie, mais de joie, joie que mon illusion parraisse aussi réaliste.
"Malheureusement, cette branche n'est qu'une illusion faite pour lancer certains sorts sans avoir recours à de vraies plantes. Mais je peux vous l'offrir pour que vous la gardiez en vous, au plus près de votre magie."
Bien décidée à ne pas gâcher le sort de soin que j'ai lancé pour y arriver, je m'approche de l'humain.
"Laissez-moi vous soigner avec cette plante. Elle disparaîtra, mais une partie d'elle sera en vous."

Je m'approche de Lilith et lui soigne aisément ses plaies et contusions, prenant le reste pour me soigner moi-même. Mon tatouage s'éteint alors, revenant à une couleur mat, d'un tatouage classique.
"Rha, il faudra que je me repose... j'ai usé trop de magie sur ma journée..."

Quand elle me propose d'étudier nos magies ensemble, mon coeur fait un bond, heureux d'avoir un soutien en cas de problème.

Puis elle me parle d'illusion, ce qui m'étonne et me déçoit à la fois...

(C'est incroyable de pouvoir créer des plantes fictivement ! Bien que je crée aussi des cristaux de glace, ce n'est pas le même niveau. Je refroidis seulement l'humidité de l'air en un endroit précis alors qu'elle crée la vie, une forme complexe à partir de rien. En tout cas, je ne pourrais garder cette branche symbolique.)

Mais elle me dit qu'elle peut me l'offrir, en moi. Intrigué, je la regarde alors utiliser la plante pour me soigner. Je sens ma peau frissoner de soulagement quand mes blessures superficielles mais nombreuses se résorbent. Je sens aussi une puissante magie bénéfique pénétrer mon être. Je lui souris, car elle a belle et bien répondu positivement à ma demande, mieux que je ne l'aurais espérer.

Puis elle regarde le tatouage en forme d'arbre qu'elle a sur la main, disant qu'elle a épuisé sa magie. Je ne comprends pas le rapport avec son tatouage, et regarde mon poignet bêtement. Cela ne servant à rien, je me relève. Fatigué par les événements, je baille un grand coup.

"Moi aussi je crois bien avoir abusé aujourd'hui. bien, je vais aller me coucher, je pense que ma présence à table pourrait indisposer les autres après mon comportement..."

Je cherche le mot juste, hésitant entre naïf et paranoïaque, en passant par nerveux.

"Colérique. Bonne nuit Lothindil, que la nuit estompe les douloureux souvenir que je vous ai fait ressurgir."

Je redescend dans la salle et demande discrétement où se trouve ma chambre. Je prends mon sac laissé dans un coin du réfectoire et parcourt le couloir.

J'arrive dans une chambre qui a l'air assez grande, mais je ne fait guère attention à son contenu. Trouvant le lit, je m'effondre dessus, exténué.

Je ne réponds pas à l’elfe grise, et reste appuyé contre le bastingage, rêvassant un petit peu. À un moment, le bateau freine sa course et je vois le capitaine Bogast descendre les escaliers. C’est à ce moment que je me rends compte que le soleil commence doucement à décliner dans le ciel pour rejoindre l’horizon lointain dans des couleurs splendides…Le genre de paysage qu’on regarde en se disant qu’on est heureux d’être en vie et en bonne santé, ne faisant que plus apprécier le mordant de la vie et de ses imprévus.

Mais à cette heure, l’appel de mon ventre se fait pressant et un gargouillement discret me chatouille les boyaux. Je descends à mon tour dans la salle à manger, où nous sommes tous convié à prendre part à notre premier repas en commun. Chacun s’assied à sa place selon ses affinités. Personnellement, j’opte pour une chaise située entre Cheylas et le glouton roux qui est déjà en train de manger, ou plutôt de s’empiffrer, lorsque je m’assieds à ses côtés. Je demande à une domestique tout à fait charmante de m’apporter une pinte de bière, lui faisant un clin d’œil provocateur qui lui arrache un sourire gêné et un rougissement des pommettes non dissimulé. Elle m’apporte ma boisson quelques secondes après, me rendant un regard mutin et déstabilisant...

Je ne peux m’empêcher de ressentir quelques frissons dans la nuque lorsqu’elle m’effleure discrètement le bras et l’épaule, repartant à ses tâches… En souriant, je me sers d’un gros blanc de poulet recouvert d’une peau croustillante, prouvant la qualité de sa cuisson, à la broche très certainement. Alors que le repas est déjà bien entamé et que les discussions fusent par-ci par là sur divers sujets, que je n’écoute que d’une oreille, l’humain cryomancien se lève brusquement et crie sur Lothindil, la druide sindel, invoquant une excuse sur le poids de sa responsabilité. La remarque cinglante jette un froid dans la salle et les deux interlocuteurs s’en vont arranger leurs problèmes sur le pont.

Même si ils sont partis, le silence règne toujours dans la salle à manger, mis à part Seldell qui mange de tout son soûl, la dispute ne semblant pas l’avoir trop perturbé. Devant le silence gêné de mes compagnons de table, je me lève doucement de ma chaise, prenant mon verre en main et le levant au dessus de la table pour que tout le monde me voie… Je prends alors la parole d’un ton clair et fort, qui se veut positif et entraînant.

« Chers compagnons, je lève nos verres à la réussite de notre entreprise commune ! Puissions-nous tous revenir en bonne santé dans nos demeures… En attendant, je vous propose de profiter un maximum du voyage ! Santé ! »

Je bois une gorgée de mon verre en me rasseyant, les conversations reprennent peu après avec autant d’entrain qu’auparavant. Une fois le repas terminé, et quelques choppes avalées, je me lève de table en souriant béatement et salue gentiment la compagnie.

« Messires et demoiselles, je me retire dans ma chambre…Je pense qu’une bonne nuit de sommeil ne me fera que du bien…A demain donc ! »

J'ai un dernier regard oour Cheylas, heureux d'avoir fait sa connaissance aujourd'hui...

Laissant les autres à leur fin de soirée et un peu joyeux d’avoir bu mes bières, je m’approche de la serveuse et lui sourit.

« Excusez-moi, mademoiselle…pourriez-vous m’escorter jusqu’à ma cabine…j’ai peur de ne pas savoir où celle-ci se trouve… »

Elle acquiesce avec un signe de la tête et un sourire en coin et nous sortons de la salle à manger à deux, nous dirigeant vers ma chambre alors que dehors, l’obscurité de la nuit a envahi le pont…

Une fois sortis de la salle à manger, je suis la jeune humaine jusqu’à une porte tout au fond d’un couloir faiblement éclairé par la lumière de la lune, filtrant à travers les escaliers pour descendre à l’entrepont, ou monter sur le pont selon l’endroit où on se trouvait… Elle ouvre la porte et me regarde en souriant…

« Voilà votre chambre, messire elfe…Puis-je vous être autrement utile ? »

Je la sens rougir malgré elle, ne percevant pas de grands changements physionomiques sur son visage vu l’obscurité, mais comme si un étrange malaise, ou une gêne quelconque s’installait soudain entre elle et moi…

« Me donner votre prénom peut-être…Moi c’est Cromax… »

(Dis donc…Tu ne perds pas de temps toi…je te laisse quelques heures à peine et tu te retrouve déjà en belle compagnie…Incorrigible…)

Je remarque seulement à cet instant le retour de ma faera, logée dans la pierre précieuse de ma chaîne en argent.

(Ah te revoilà ? Ne t’imagine pas n’importe quoi et dis-moi ce que tu as fait de beau ?)

(J’ai un peu discuté avec les deux autres faeras, elles s’appellent Lirelan et l’autre Aakia…J’en ai aussi profité pour aller prendre des nouvelles de Lune à Kendra Kâr…On le soigne bien et il a de la compagnie…)

(Je dois ne pas paraître étonné c’est bien ça ?)

(Exactement…je t’ai dit que je voyageais plus vite que tu ne le croyais…)

Cette conversation mentale ne durant qu’une seconde, la jeune domestique ne se rend pas compte que je ne fais pendant ce temps plus attention à elle et elle finit par me répondre…

« Prunelle…C’est mon prénom… »

Je lui sourit de plus belle et elle rougit encore plus…J’entre dans ma chambre et elle fait mine de fermer la porte en restant à l’extérieur, mais m’effleurant le poignet de son autre main. Avant qu’elle ait fini son geste, j’empoigne sa menotte et la tire à l’intérieur de ma chambre. Nos lèvres se rejoignent comme par enchantement dans un long baiser langoureux… Je passe ma main derrière sa nuque et dans ses cheveux, descendant ensuite jusqu’à la courbure de ses reins… Une fois ce doux bisou terminé, elle me regarde droit dans les yeux, un peu tremblante, le regard exprimant comme une crainte, et défait le premier bouton de ma chemise…

J’arrête on geste en souriant tendrement…

« Je ne crois pas que cela soit une bonne idée…Et je crois que tu penses la même chose que moi…Pourquoi vouloir tout précipiter si vite jeune demoiselle… Passe une bonne nuit… »

Je lui donne un baiser sur le front et elle change son regard…Il est toujours fixé dans le mien, mais son expression s’est radoucie, plus de crainte donc…Uniquement de la tendresse…Elle approche ma porte et dans un dernier regard, me dit d’une petite voix…

« Merci… »

Je lui souris et elle disparaît dans le couloir, refermant la porte derrière elle…

(Tu me déçois…Une si jolie fille ! La tentation charnelle n’était donc pas présente ?)

(Un peu de romantisme et de patience ne fait de mal à personne, je trouve…ça ne fait que rajouter un peu de piment à l’existence…)

(Là je te retrouve…)

Je me concentre alors seulement sur le décor de la chambre, éclairée par une petite chandelle posée sur un bureau simple et sans fioriture. Deux chaises sont simplement disposées autours et deux peintures ornent les murs en bois de cette cabine plutôt spacieuse pour un bateau. Il fait cependant trop sombre pour que je puisse les admirer et je laisse cette tâche au lendemain, préférant m’effondrer en un soupir sur mon lit, accroché au mur en face des tableaux.

Je ne mets pas longtemps avant de m’endormir, me laissant bercer par le doux roulis des vagues remuant le bateau et les vapeurs de l’alcool qui circule doucement dans mes veines…

Keynthara descendait pour la première fois dans la cale d’un bateau. Celle-ci paraissait petite vue d’en haut, mais une fois les quelques marches dévalées, elle avait l’impression de se trouver dans une véritable maison, mise à part peut-être le mouvement oscillant qui ne réjouissait pas forcément tout le monde…
Filgaren mena sa petite compagnonne retrouvée jusqu’à la grande salle à manger, belle pièce richement décorée, tandis que la lumière du jour déclinée, peu à peu remplacé par celle, vacillante, des grands chandeliers.
Chacun des membres de l’expédition avait pu trouver sa place et il ne restait plus qu’une chaise, probablement destinée à Filgaren.
Elle repensait au regard dédaigneux que lui avait jeté le capitaine du bateau lorsqu’elle discutait avec Seldell, et c’était le même qu’il venait juste de lui adresser.

(Je suis vraiment de trop ici…), se dit-elle tristement, honteuse et tout particulièrement gênée dans cette situation pour le moins délicate.

Ce fut à nouveau ce jeune garçon aux cheveux roux, aussi rustre et idiot qu’il en avait l’air, qui se porta volontaire pour aller lui chercher une chaise. Il l’installa près de son propre siège et de celui de Filgaren.

(Quel aimable garçon, je suis curieuse de voir si les autres sont comme lui ici…)

Durant tout le repas, Keynthara expliqua à son voisin et à Filgaren ce qui lui était arrivé ces derniers jours…

…et sans que je comprenne vraiment ce qui m’arrivait, le grand marchand, là, Markus, celui qui nous a couru après, et bien il a débarqué dans mon petit réduit qui me servait de chambre, à l’époque, et il m’a soulevée comme si j’avais été un simple sac de pomme de terre et il m’a enfermé dans une grosse caisse en bois… comme celle qu’il y a là-haut, sur le pont…
Enfin, toujours est-il que durant le voyage, j’ai réussi par je ne sais quel miracle, à m’échapper de la boîte, au alentour de Kendra Kâr. J’ai pris avec moi ce vieux sac en bandoulière, et ni une ni deux, je me suis enfuie…