"Ça... Ça marche...!" s'exclamait doucement Ziresh.
La surprise fut à la mesure de son soulagement. Si bien qu'il baissa sa lance pour signer ses dernières paroles, d'un simple claquement de doigt. Le jeune liykor se rendait cependant bien compte que la pauvre femme (car il semblait bien que c'en était une, finalement) avait perdu la raison. Mais ses seuls mots, dans cette langue ancienne, sans vraiment les maîtriser, avaient réussi à la calmer. Seulement, en dehors de cette possible crainte, de cette possible hostilité, (pourquoi non?) il n'y avait plus que cette folie. Mais ce n'était pas sans espoir. Elle allait mieux, elle n'irait pas se jeter sur leur groupe, armée uniquement d'une planche molle et de ses os de verre. Ziresh avait réussi à nourrir déjà bien des espoirs, à l'idée de laisser en vie et de lui redonner son humanité. Mais tout cela se brisa d'un coup, en un éclair, littéralement. Une lance blanche sembla apparaître juste sous ses yeux, pour venir frapper le visage de la pauvre femme et la jeter violemment sur le sol. La violence fut telle que le jeune bratien ne sut réagir immédiatement. Si ç'avait été lui, qui avait été visé, il serait mort sur le coup, comme cette pauvre créature. S'il y avait déjà l'espoir de retrouver un semblant d'humanité dans la loque qu'elle était, tout cela avait été réduit à néant par cette attaque magique. Et pour seule réaction, plutôt que d'esquiver, de s'écarter, Ziresh ne trouva rien d'autre à faire que d'exprimer toute sa haine, à quel point il était outré d'un tel manque d'humanité.
"SALOPARD!" hurla-t-il, serrant sa lance aussi fort qu'il pouvait, afin de ne pas sauter à la gorge de celui dont-il avait constaté la culpabilité. Un pic de migraine le prit d'ailleurs un instant, mais sa colère était si intense qu'il tenta d'en faire abstraction.
"Selen! Espèce de salaud! Elle ne méritait pas ça! Elle s'était calmée, tu l'avais bien vu! Il y avait encore un espoir! Elle aurait pu revenir dans la ville! Peut-être même à la surface! Tu as tout ruiné! T'es qu'un meurtrier! Tu vaux pas mieux qu'Amarante, espèce de malade!" En concluant ses paroles, il se tourna vers toute l'assemblée, cherchant le soutien de quelques-uns de ses compagnons. Il insista d'ailleurs son regard envers Depheline, qui était à ses côtés, et restée toujours bienveillante à son égard. Par la même occasion, il passa ses yeux sur Aztai et Serpent. "Vous l'avez tous vue! Elle aurait pu aller mieux!"
Il aurait pu continuer longtemps ainsi, mais la réaction étrange du corps de la femme ne put qu'attirer son attention. Il ne fallut pas une observation vraiment attentive pour qu'il se rende compte qu'une chose bougeait à l'intérieur du cadavre. En un éclair, il pensa aux cadavres qu'il avait déjà vus, ce dont on pouvait imaginer qu'une chose était sortie de leurs thorax ouverts. Pourtant, le loup d'argent ne pouvait se résoudre à l'idée que la tuer était la meilleure solution. A chaque maux, l'on pouvait trouver un remède. Cette femme, peut-être que si elle était restée en vie, aurait pu finir par vivre simplement, comme un humain "normal". Et peut-être qu'ainsi, l'on aurait pu trouver un moyen d'extirper le mal en elle. Quel qu’il soit... Alors il ne donna pas raison à Selen. Il se contenta de pointer sa lance en direction du cadavre "animé", sans aller se risquer à "percer" la chose qui enflait, comme le supposait Aztai.
(On aurait pu la sauver, j'en suis certain...)
Finalement, il s'approcha, allant à l'encontre de ce qu'il imaginait. La vision de ce cadavre, profané par un mal inconnu, le tortura. Si bien que même s'il aurait préféré la sauver, il considéra que par respect pour cette femme, il valait mieux tuer la chose qui vivait en elle. Il ne fallait pas permettre que son corps soit plus longtemps dégradé.
"Je vais le faire. J'ai essayé de la sauver, je peux encore tenter de le faire jusqu'au bout..."
Un instant, le liykor imagina une chose monstrueuse sortir de l'abcès, pour venir l'attaquer, et l'embrocher si férocement qu'il ne pourrait que mourir sur le coup. Mais malgré sa peur, il ne pouvait plus se défiler. Il s'était engagé à faire les choses bien. S'il n'avait pu aller au bout de son acte précédemment, il devait au moins agir maintenant. La peur au ventre, ne pouvant s'empêcher d'imaginer le pire, il leva alors la pointe de sa lance, pour l'abattre avec précision sur l'abcès. Toutefois, le dégoût, à la fois de son acte, mais aussi de l'ignominie qui s'agitait devant lui, lui fit détourner le regard, dans la peur irrationnelle de recevoir une mixture organique inconnue sur son visage...
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Dernière édition par Ziresh le Lun 5 Déc 2011 16:12, édité 1 fois.
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