L’orque aux côtés de Léandre n’était pas beau à voir. Vraiment pas beau. Borgne, doté d’une crête noire terminée en catogan lui tombant sur la nuque, les oreilles écartées et la peau hâve et marquée de nombreux tatouages noirâtres, et de cicatrices impressionnantes, il faisait peur à voir.
Et sa réaction fut au diapason de son apparence. Il regarda d’abord l’elfe gris aux cheveux mauves lui barrer la route en grognant, il grogna sévèrement lorsque l'humain mauve s'en approcha. Sa peau avait bien quelques nuances violettes lointaines, mais il ne semblait pas apprécier plus que ça la lumière qu’Ezak dégageait. Aussi, sans pouvoir s’exprimer autrement que par la force et la violence, puisqu’il avait la langue tranchée, il bouscula de l’épaule Ezak pour pousser tathar de ses deux mains imposantes et ensanglantées. Et il grogna à nouveau…
« Gruuuush »Il ne semblait prêter aucune attention aux autres personnes dans le couloir, derrière lui.
Nul, d’ailleurs, ne daigna répondre à l’appel au secours de l’elfe grise. Pas même l’homme-loup qui partageait la même cellule qu’elle, avec ses poils arrachés et son regard vide, totalement blanc.
Lui suivait Erfandir… Mais à peine sorti de la cellule, sa mine canine se décomposa, et il clama d’une voix inquiétante :
« Mort, ennemis. Tuons avant d’être tués, eux sont armés, et nous non. Tuons, tuons ou mourrons. »Il pointa un doigt griffu vers l’extrémité nord du couloir, droit vers Tathar, Ezak et Léandre, qui avaient tous les trois gardé une partie de leur équipement… Ce qui leur donnait un avantage considérable sur les autres. Une couverture nouée autour du cou comme une cape, le Liykor avait l’air d’un prophète de malheur.
Erfandir, de son côté, avait ouvert la porte d’une nouvelle cellule. (la n°2). Celle-ci était semblable à celle qu’il venait de quitter. Les murs sombres, dépourvus de toute décoration. Seul changement visible : elle était vide. Aucun occupant, à l’intérieur de celle-ci, si ce n’était une tête à la chair nécrosée, posée négligemment sur le sol, au centre de la cellule. Des épais pieux de bois en perçaient les orifices principaux : un dans chaque orbite, et un autre en travers de la bouche. Les mouches bourdonnaient autour de cette tête sans vie. L’horreur, elle, était préhensible.
Avant même d’avoir pu poser la main sur la poignée de la porte, Karz fut puni de sa condescendance envers ses geôliers. Comme il l’avait demandé, d’ailleurs. Une pierre se décrocha du plafond, et lui tomba droit sur la tête. Il ne fut pas assommé, mais un flot carmin mouilla ses cheveux, et coula le long de son front… (-6PV) Et en plus, la porte en face de lui était fermée à clé… Quelle déveine.