Un regard en arrière lui apprit que les apôtres de la maudite arrivaient eux aussi à la plage. La shamane avait perdu beaucoup de temps à s'équiper. Il fallait faire vite.
La jeune femme aperçut son amant à la lisière de la forêt qui descendait à sa rencontre. Elle lui fit un geste et sourit.
Derrière Sirat trois ombres s'agitaient. Probablement le montagnard et deux autres personnes qu'elle ne connaissait pas.
La vieille orque faisait sa vie, quelque part, hors de son champ de vision.
Elle se mit à courir dans la direction des grands arbres et de son amant, crapahutant entre les rochers. Lui, avançait à sa rencontre...
Lorsque enfin elle arriva à sa hauteur, elle allait se jeter dans ses bras. Un étrange pressentiment la retint. Le géant roux portait son regard loin derrière eux. En direction de la barque portant les deux lieutenants. Son visage changea, son expression devint lointaine et pourtant pleine de haine, de fureur contenue. Un mal rongeait ses pensées.
La jeune femme posa une main tremblante sur l'avant bras de son amant, elle sentit en lui les tentions qui l'habitait.
Sirat porta un regard sur sa dulcinée. Elle y lut dans un flash le souvenir de leurs étreintes et de leurs ébats. Puis son oeil se voila et s'éloigna sans un regard vers le soleil levant.
Elle resta là, figé la bouche entrouverte, une boule entravait sa gorge. Aucun son n'en sortit alors que l'enchanteur s'éloignait à grand pas.
Des mouvements et des paroles à la périphérie de sa conscience la ramenèrent à la réalité. Le suivre n'était peut-être pas une bonne idée. Il ne l'aimait plus, puisqu'il l'abandonnait ici, sans un mot, sans un regret…
… Que cela ne tienne… Elle n'avait pas besoin de lui et leurs aventures et leurs relations faisaient partis du passé… Alors elle tourna sa tête vers le haut de la plage, le montagnard et les deux hommes prenaient un autre chemin. D'où elle était elle ne pouvait voir la montagne en arrière couverte de forêt. Que cachait cette île, quels secrets et dangers recélaient-elle? Pourquoi ces colliers et ces pensées qui tissaient des choix contraires à sa nature. Le choix justement devenait important et son âme en était déchirée. Un mal de crâne aussi soudain qu'imprévisible l'assahit. Elle posa ses mains sur sa tête… NON ! …. Elle ne pouvait concevoir d'abandonner celui pour qui elle aurait donné sa vie… Pourtant, en y réfléchissant un peu… à quoi cela lui servait-il de le poursuivre? Sirat avait fait son propre choix, choisi son destin, elle devait faire le sien…
(Par Gaïa que m'arrive t-il?… )… Elle secoua la tête et ses nattes rouges vinrent frapper ses joues. Elle rouvrit les paupières et eut l'impression d'avoir rêvé. Il ne c'était pas passer beaucoup de temps.
Elle expira lentement posa une main sur le collier et sans se retourner emboita le pas de Lillith…
***
… Elle avait mis du temps à rattraper le trio et la vieille guerrière. Quand elle eut réussi à les rejoindre, elle ne porta pas l'attention aux deux hommes, ni à la Garzok qu'elle détestait. Elle n'avait aucune confiance en elle et encore moins celle de lui tourner le dos. Elle n'avait pas apprécié les regards que la vieille orque avait jeté sur sa personne. Elle n'y lisait rien, si ce n'était cette sensation macabre qu'elle la goûterait bien…
Le terrain accidenté captait pas mal son attention. Haletante, ne pouvant transpirer, ils enchainaient les acrobaties pour grimper en direction d'une montagne au sommet tronqué.
(Pourquoi allez vers cette montagne?…) La pente s'accentuait à mesure qu'ils progressaient. Les cailloux firent place aux rochers, les broussailles devinrent arbustes, puis des arbres de plus en plus grands.
Elle appréciait de plus en plus le décors et la majesté des sylvestres. Les odeurs d'humus, de fleurs des champignons emplissaient ses narines et son estomac commença à la tirailler. Même si elle revivait dans se décors, elle était épuisée, avait soif et faim.
Ils longeaient un ruisseau qui cascadait sur les rochers depuis pas mal de temps.
N'y tenant plus, elle s'arrêta, jeta un regard circulaire autour d'elle et considéra les deux hommes faméliques qui suaient sang et eau. Leurs doigts, genoux, coudes, étaient écorchés par leur escalade. Eux aussi victimes de privations, n'en pouvaient plus. Elle s'adressa à Lillith :
Hey ! le montagnard… On devrait faire une pose, on est tous épuisés. Je fais un tour pour trouver de quoi manger… Elle s'approcha du ruisseau bu une grande gorgée et s'élança dans les arbres…
((( trouver des fruit, des baies, des oeufs d'oiseaux ou autres…)))