Lillith avait émit, enfin, une réserve sur son jugement concernant la guerrière. Il avait avancé que cette dernière n'était pas idiote et quelle savait pertinemment que sa survie dépendait du groupe. Il convenait qu'il fallait rester prudent.
La peau verte continuait son dépeçage un peu à l'écart et rien que les bruits et l'odeur de sang était désagréable.
Soudain, alors que la jeune femme terminait son incantation et que les signes de réussite de son sort étaient perceptibles, les pas de la Garzok l'alertèrent, elle rouvrit les yeux.
En contradiction avec les quelques mots qu'elle avait lancé avant de revenir ici, la femme leur tendait des morceaux crus de viande encore tiède.
Chose encore plus surprenante, le temps passé à préparer son repas, lui avait permis de réfléchir sur leur situation et en conclure une réalité et une nécessité.
Elle s'adressa donc en leur conseillant de manger pour garder des forces, de rester souder pour lutter ensemble, prétextant ne plus vouloir risquer d'être encore enfermé et d'utiliser nos dons respectifs pour survivre.
La Shaman ne put cacher sa surprise en découvrant que derrière la bestialité de la créature, il y avait un "soupçon" de réflexion. Qu'elle n'était pas qu'une machine à tuer.
Cependant, N'Kpa végétarienne détourna la tête repoussant l'offre au risque de la vexer.
Ce ne serait pas la première fois que son estomac protesterait. Demain il fera jour.
Lillith remercia la barbare et félicita la Shaman pour l'idée du marécage prétextant que sa magie était trop offensive, ce qu'effectivement elle avait pu constater.
Il s'allongea après avoir fini la viande offerte. Puis parlant pour lui, il évoqua l'espoir de voir revenir les deux hommes qui avaient disparu.
N'Kpa jeta un regard aux alentours. La vieille femme était retournée à sa pitance.
Hé ? … ne vous éloignez pas, n'allez pas vadrouillez trop loin, la terre pourrait vous avalez… Lança t-elle à la Garzok sans plus d'explication, avec une pointe d'ironie.
La faune de la nuit s'activait dans un concert de grillons et de chants divers. Les grenouilles rivalisaient en puissance dans leurs parades amoureuses.
N'Kpa s'attarda quelques instants hypnotisée. Profitant que Lillith s'assoupissait et que la Garzok était occupée plus loin, elle déposa ses deux sabres à coté d'elle, puis ôta le pourpoint de cuir qu'elle laissa tomber sur ses jambes. Elle était épuisée et se sentait souillée. L'eau froide serait bénéfique. Nue, sans un bruit, dans une démarche féline, elle s'approcha du ruisseau et se laissa glisser dans l'onde fraiche où elle resta un bon moment.
Enfin elle sortit, s'ébroua et se frictionna avec des fougères odorantes. Il y avait plusieurs avantages à faire ça, c'est de masquer son odeur et de sentir bon.
Elle remit l'armure de cuir, rapprocha les deux sabres et se pelotonna dans un lit de feuilles et de mousse. Il était tard et même épuisée par cette journée sordide, elle eut du mal à trouver le sommeil. Un dernier regard pour savoir où était la Garzok et ses pensées naviguèrent petit à petit vers Sirat qui était, elle ne savait où, mais espérait en bonne santé...