L’on dit que la curiosité est un bien vilain défaut, mais dans mon cas, cette fois-là, elle m’aurait bien servi. Si j’avais été suffisamment curieux pour regarder les allées et venues d’Egregor, j’aurais remarqué qu’il avait pris la direction de la yourte, et je ne l’aurais sans doute pas suivi. Mais, tout comme un bon maître, je m’étais préoccupé de ma jument et n’avais point fait attention aux directions prises par mes compagnons de route.
J’entrai donc dans la yourte dans le but de me réchauffer et de retirer la couverture qui tenait toujours place sous mon élégante cape. Je venais à peine de mettre mes deux pieds dans l’habitation circulaire que je remarquai l’homme noir à ma gauche. Je ne ressentais aucunement l’envie de partager des moments seuls en sa compagnie, mais je ne pouvais rebrousser chemin. Mon orgueil me l’empêchait. Il n’était point question qu’il me prenne pour un peureux ou pour un lâche. Je restai donc là et me dirigeai vers une couchette située à l’opposé d’Egregor, donc tout juste en face de lui. Et puis, tant que ma vie n’était point en danger, j’étais homme à respecter ma parole, et je m’étais engagé à aider le peuple d’Esseroth.
Sans le regarder, je retirai la couverture sous ma cape pour la placer sur les autres sur le lit. Ce faisant, j’entamai une fois de plus la conversation, mais sans m’adresser vraiment à lui, un peu comme si je me parlais :
« Je connais Oaxaca, pour avoir combattu ses disciples et ses armées. Cette femme compte treize sbires à son service et chacun d’eux possèdent des armées qui les caractérisent. Pour ma part, j’ai combattu une dame cornue et son armée de squelettes vivants. Puis les orques et les gobelins font souvent parties majoritaires de ses troupes. Les premiers sont grand, forts, puissants, sans pitiés, très endurants, dotés d’une vision nocturne mais individualistes, et peu intelligent de manière générale et hideux. » En décrivant les garzoks, je revoyais celui qui avait capturé Anarazel sur Rubis sanglant. Je poursuivis mon petit laïus sans quitter Egregor des yeux. Cette fois j’étais prévenu, s’il tentait de m’infliger les mêmes souffrances, j’aurai le réflexe d’esquiver sinon de riposter.
« Les seconds sont aussi laids, plutôt petits, maigres, sournois, vicieux, voleurs. Ils sont non seulement dotés d’une bonne vue nocturne, mais leur ouïe et leur odorat sont supérieurs à celles des autres races en général. Pas très forts, ils sont par contre très agiles et très coordonnés dans le mouvement. Contrairement aux garzoks, ils ne sont jamais seuls, ils demeurent en clan. » Cette fois, c’était à l’attaque sournoise nocturne des gobelins lors de notre mission des Amants qui avait surgi de mes souvenirs.
Ayant tout déballé mes connaissances, je me tue et profitai de l’absence du vent pour me réchauffer puis je m’assieds sur ce qui allait me servir de couchette.
(((Mathis est à 3heures)))