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 Sujet du message: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Dim 28 Juin 2015 23:22 
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Ilmatar - Entrée du palais

    Les aventuriers longèrent le lac les menant à la cité d’Ilmatar, en aplomb.

    Jillian répondit à la question de Faëlis et le laissa répondre à celle de Kalas.

    - Les fluides des mages provenant de leurs propres corps, ils utiliseraient leurs sorts habituels sans qu’ils ne connaissent de changement en raison de ce monde.

    Il chuchota à l’oreille de Guasina :

    - Ce n’est que leur mode de vie, mais je vous avouerai ne connaître que peu les lutins, qu’ils soient de Yuimen ou d’Elysian et les élémentaires n’ont guère de contacts avec eux, bien que j’ai ouï dire que les Golems faisaient tout de même quelques échanges avec eux.

    Finalement, il répondit à haute voix aux interrogations de Guasina.

    - Il n’y a rien de particulier que vous deviez proscrire, contentez-vous de la plus élémentaire politesse entre deux êtres et cela devrait suffire.

    Leurs pas les menèrent jusqu’aux portes de la ville, manifestées par deux grandes arches dont les portes étaient ouvertes, accueillant les aventuriers en leur sein. Les bâtiments de la cité d’Ilmatar étaient de pierre blanche, construits dans une architecture aérienne s’ornant volontiers de tours et de fanions colorés qui s’agitaient au rythme d’une douce brise qui traversait le lac pour remonter sur la ville. Les rues étaient agréables, propres, placées en cercles concentriques par rapport au point haut de la colline et étaient reliés par d’autres rues en traçant les rayons. Sur cette colline se trouvait le palais d’Ilmatar, d’où se dressaient de multiples tours qui s’élevaient vers l’empyrée, à l’image du reste de la cité.

    Dans les rues se trouvaient de nombreux êtres aériens qui vaquaient à leurs occupations quotidiennes, se retournant avec curiosité au passage de la troupe, saluant à l’occasion l’un ou l’autre de leur guide. Les sylphes, car tels étaient les habitants de la ville, pouvaient sur certains points ressembler à des elfes, dans leur finesse, dans la grâce avec laquelle ils se déplaçaient, donnant presque l’impression de flotter. Ils avaient tous la même particularité que Cromax et Baratume : leurs corps semblaient s’étioler dans les airs, bien que le phénomène, chez eux, soit bien plus marqué.

    Lors de ses premiers pas dans la cité, Jillian laissa instinctivement tomber la maîtrise qu'il exerçait sur son corps qui se joignit alors au vent, à l'image de l'homme et du sindel.

    Au bout de plusieurs dizaines de minutes de marche, ils parvinrent finalement au haut de la colline, face aux marches du palais. Sur celles-ci se dressait une femme qui descendit à leur rencontre, chacun de ses pas la perdant dans une volute éthérée.

    Sa chevelure était d’un blanc neigeux, encadrant un visage d’albâtre aux yeux turquoise brillants d’un éclat rare et à la peau lisse, à l’image de celle des elfes qui ne vieillissent jamais. Il se dégageait d’elle une douce bienveillance teintée de sagesse et de force, rehaussé par un maintien altier cependant dépourvu de condescendance. Au contraire, elle appréciait la venue des guerriers avec un sourire de bienvenue ornant ses lèvres d’un rose pâle et un éclat amusé dans les yeux. Tout son être semblait perpétuellement osciller entre volutes aériennes et matérialité, comme s’il hésitait entre les deux états.

    Elle ne portait aucun bijoux, aucun ornement à l'exception d'un simple pendentif relié par un lien de cuir.

    Image


    Une fois arrivée à leur hauteur, Jillian déclara :

    - Je vous présente Sa Majesté, la Reine Aaria’Weïla d’Ilmatar.

    Aaria’Weïla lança un regard amusé à Jillian, comme s’il s’agissait d’une vieille blague entre eux et balaya sa présentation d’un geste de main avant de se reporter son regard sur les aventuriers.

    - Le nom d’un être vaut bien plus que tous ses titres, prononcez seulement le mien.

    Ses yeux se posèrent tour à tour sur chacune des personnes devant elle, son sourire et l’éclat rieur de ses yeux ne la quittant jamais. Si celui-ci tendait à donner à Ixtli un air juvénile, il n’en était cependant rien sur elle. L'aigail avait pour sa part prit place aux côtés de la reine et de Jillian.

    - Aventuriers, quelle que soit la motivation qui vous a poussée à traverser le fluide pour venir sur Elysian, que ce soit l’argent, la soif d’aventure, la curiosité, l’honneur, la volonté d’aider ou que sais-je encore, vous êtes plus que bienvenus et je vous suis reconnaissante pour votre présence.

    Elle marque une légère pause avant de poursuivre.

    - J’ai conscience que vos lèvres doivent retenir une multitude de questions sur notre monde et nous tâcherons d’y répondre de notre mieux. Je vous invite cependant à entrer dans cette demeure, les envoyés des autres races élémentaires vous attendent, ainsi que quelques rafraîchissements.

    Elle leur laissa le temps d’exprimer quelques mots s’ils le souhaitaient, puis, d’un geste, elle les invita à la suivre à l’intérieur du palais.


[Kalas – xp : 2 (posts)
Kerenn – xp : 1,5 (post)
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Faëlis – xp : 0,5 (post)
Guasina – xp : 1 (post)]


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Lun 29 Juin 2015 04:55 
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La cité d'Ilmatar


Tout en longeant le lac, Jillian ne se départit point de sa patience et tout comme un bon papa lutin qui se retrouve devant ses gamins avides de savoir, il répondit de bon cœur à toutes les questions posées.

Je l’écoutai attentivement et tentai d’en comprendre plus sur les fluides. Mes compagnons en possédaient de nature yuimennienne et ils s’inquiétaient, avec raison, du sort qui leur serait réservé. C’est alors que Jillian répéta une information à laquelle je n’avais point porté attention auparavant : Les fluides des mages proviennent de leur propre corps !

(C’est donc dire que les fluides des élémentaires Elysian proviennent d’ailleurs ?)

Ne connaissant rien à la magie, et de crainte d’avoir tout compris de travers, je gardai ce commentaire pour moi. Je le rangeai tout de même dans un coin de mon cerveau avec la ferme intention d’y trouver une réponse tôt ou tard.

Tout en chuchotant, le général me rassura sur la raison de la réclusion des lutins. Bien que je ne connaisse point ceux d’Elysian, je craignais que les individus de ma race soient retenus prisonniers contre leur gré ou pire encore soient de mauvaises gens. Selon ses connaissances sur le sujet, qu’il avoua limité, il me répondit qu’il s’agissait tout simplement de leur mode de vie. Il rajouta ensuite qu’il croyait que les lutins pratiquaient des échanges commerciaux avec les golems.

(Coïncidence ? Coup de chance ? Destin ? )

J’aimais me faire croire que la chance me poursuivait sans cesse qu’elle me suffisait de la saisir au vol. Étant lutin et ayant une apparence se rapprochant des golems, il me serait sûrement possible d’interroger ces derniers au sujet de mes confrères lutins afin de dissiper une fois pour toutes mes présomptions.

Puis d’une voix plus forte afin que tous entendent, il me rassura une fois de plus sur la façon de se conduire devant la reine. Il suffisait d’être soi-même et d’observer la politesse la plus élémentaire.

Kalas, le dernier arrivé, le jeune homme ayant subi les mêmes modifications que moi, s’approcha de mon hôte, du côté où j’étais perchée afin de pouvoir me questionner. Il trouvait notre apparence de golem fascinante et il voulait savoir comme je vivais ce changement.
Puisqu’il était assez près de moi, je regardai ses yeux puis ses avant-bras puis ses ongles avant de lui répondre tout simplement.

« C’est assez difficile à dire. Certes, la peau de mes bras est grise et un peu plus dure. Sans compter que je n’y ressens plus ni chaud ni froid. Et puis mes ongles ont l’aspect de minéral. Mais c’est tout, rien de perturbant. Mais j’ai l’impression qu’une discussion avec un élémentaire de la terre nous sera profitable, nous expliquant peut-être un changement que nous n’avions pas observé au départ. »

Je le fixai un autre petit moment avant de poursuivre.

« Mais, il y a aussi mes yeux. Ils sont différents de ce qu’ils étaient, sans pourtant ressembler aux vôtres. Et puis, bien que ma vue était déjà excellente, j’ai l’impression que je peux à présent percevoir davantage les détails. Et pour vous ça se passe comment ? »

En plus de nous informer, les discussions ont comme avantage de nous faire passer le temps plus rapidement. Ainsi, plongée dans les conversations diverses, j’arrivai devant les portes de la cité plus tôt que je ne l’aurais imaginé.

Deux grandes arches nous accueillaient, les portes grandes ouvertes.
Fascinée par cette cité étrangère, je cessai toute question, trop occupée à regarder de tous côtés. Des pierres blanches s’avéraient être le principal matériau de constructions de ces habitations ornées de hautes tours et de fanions colorés. Les rues propres assez originales formaient des cercles et se rejoignaient par des rues droites qui les traversaient en leur centre. Tout en haut de la colline se trouvait le palais d’Ilmatar avec ses nombreuses tours. Tout en me laissant porter par le général d’Elysian, je me désintéressai quelques moments à l’architecture des lieux pour me concentrer davantage sur ses habitants. Ces derniers, aussi curieux que nous, se retournaient à notre passage. Ces sylphes ressemblaient à des elfes par leur grâce et leur façon plutôt aérienne de se déplacer.

Après quelques minutes de marches à travers la colline, nous arrivâmes enfin au sommet, tout près du palais. Devant ce dernier, nous attendait une sylphe qui descendit les marches à notre vue, venant sans aucun doute à notre rencontre.

D’une beauté différente de la représentante des élémentaires d’eau, cette dernière se distinguait par sa chevelure de neige et ses yeux turquoise brillant d’un fascinant éclat. Bien que je ne la connaisse guère, je me sentis immédiatement bien en sa présence. Tout en elle dégageait bienveillance et sagesse. Son habillement, bien que jolie s’avérait très sobre, dépourvu de tout bijou, exception faite d’un pendentif suspendu à son cou par une corde de cuir.

Cette femme simple, dépourvue de tout air de supériorité nous fut présentée comme étant la Reine Aaria’Weila ! Moi qui croyais me retrouver devant la gardienne du palais, je lâchai un hoquet de surprise.

D’une voix douce et aimable, elle nous pria de faire fi des titres et de nous contenter de la nommer par son prénom, sans autres attributs qu’elle semblait jugée superflus.
Après un petit tour d’horizon pendant lequel elle nous regarda un par un, elle prit la parole nous souhaitant la bienvenue, quelle que soit la motivation qui nous avait conduits dans son monde. Puis consciente de la montagne de questions qui l’attendait, elle nous invita du geste de la main à pénétrer dans le palais.

Pour ma part, je ne savais pas ce que souhaitait faire le général Averosa, je m’adressai d’abord à lui.

« Je vous remercie infiniment de m’avoir conduite jusqu’ici. Je crois que je vais à présent me déplacer par mes propres moyens si vous le voulez bien ! »

Une fois que ce dernier m’eut déposée au sol, je fis une petite révérence à la reine, comme à mon habitude, tout en me présentant :

« Je suis Guasina Roquin, fille de Tony Roquin. Je proviens d’un petit village de lutin tout près de Kendra Kâr, une cité blanche de Yuimen. Je vais faire tout mon possible, pour vous venir en aide, vous et tout le peuple d’Elysian. »

Cela dit, j’attendis que les autres se présentent, cachant du mieux que je le pouvais mon impatience de rencontrer les autres élémentaires de ce monde.

_________________
Guasina, protectrice d'âme


Dernière édition par Guasina le Jeu 2 Juil 2015 03:59, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Lun 29 Juin 2015 19:18 
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Localisation: Quête 32 : Elysian | À la recherche des Hypogriffes perdus
Jillian répondit aux diverses questions que mes compagnons lui ont posées juste avant. L'homme explique donc à Kerenn que les habitants d'Elysian ont une durée de vie normale, à l'image de ceux de Yuimen. Et que ceux ayant connu l'ère où les dieux étaient encore présents sont plutôt rares.
Se tournant vers Corail, il lui déclare qu'il n'existe pas d'élémentaire d’électricité et de glace.
Marchant toujours, le guide se rapproche de l'aventurier qui vient de nous rejoindre il y a quelques minutes. Ils parlent longuement. J'imagine que Jillian l'informe de tout ce qu'il nous a dit avant son arrivée.

La charmante Ixtli envoie un sourire magnifique au Sergent Cromax. Le chanceux. Visiblement il savait parler aux jolies filles. Elle répond ensuite à Corail, à Faëlis, et enfin à moi. Malheureusement je n'ai pas de joli sourire ou quoi, juste des remerciements. C'est déjà pas mal !

La marche se passa sans encombre. Mes compagnons font diverses remarques. Je me contente juste d'écouter. Alternant entre petites pistes montagneuses et chemins serpentant dans la forêt. Finalement, nous arrivons devant un spectacle encore plus grandiose que le paysage aperçu à la sortie du fluide.
Un lac, enflammé par le crépuscule, se trouve là. Sur la rive gauche est bâtie une cité aux tours grandes et fines. Le tout était plutôt saisissant.

Jillian déclare simplement qu'il s'agit d'Ilmatar, la cité des Sylphes. Il couronne le tableau avec ces simples mots, posant ainsi un nom sur le magnifique lieu.
Guasina demanda s'il y avait des actions à ne pas faire, des protocoles à respecter, et tout le tralala. Pour ma part, je suis bouche bée devant ce tableau.

La marche reprend quelques secondes après. Nous longeons le lac et entrons enfin dans la cité. L'architecture est aérienne et agréable. Les rues, propres et bien organisées, entourent le palais de la cité.
Les habitants sont à l'image du lieu, fin et aérien. Ils semblent avoir les mêmes pouvoirs que Cromax, Jillian et moi. En parlant de notre guide, Jillian, il semble avoir arrêté de contrôler ses pouvoirs liés au vent. Il fait désormais comme Cromax et moi, se fondant dans l'air ambiant à chaque mouvement.

Quelques minutes plus tard, nous arrivons devant le palais. Le bâtiment est magnifique mais je n'ai pas le temps de l'admirer en détail car un être encore plus magnifique vient à notre rencontre.
Des cheveux blancs comme neige, une peau délicatement rosée et blanchâtre, des yeux turquoise et éclatants : Tels sont les éléments caractérisants la reine d'Ilmatar.
Elle semble flotter entre deux mondes, à la fois matérielle, et à la fois immatérielle.
Jillian la présente sous le nom d'Aaria’Weïla d’Ilmatar.

Souriant et faisant un léger geste de la main comme pour éviter les longues et ennuyeuses présentations, elle essaye de nous mettre à l'aise en déclarant que les titres importaient peu. Elle nous remercie ensuite de venir pour aider Elysian, et nous souhaite la bienvenue. La Reine nous invite alors à entrer dans le palais, déclarant que les représentants des autres races d’élémentaires nous attendent à l'intérieure.

Guasina se présente succinctement. Pour ma part, je me contente de dire ces quelques mots avant de suivre le groupe pour entrer dans le palais :

« Baratume Vorn, pour vous servir Reine Aaria’Weïla. »

_________________


Multi de :
Hawke de la maison Zear'ël', Sindel, Chevalier du Chaos
Eva d'Arkheval, Semi-elfe, Enchanteresse


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Lun 29 Juin 2015 23:34 
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Notre discret échange avec Cromax se déroule naturellement, dans la dynamique du groupe, et je me contente après ses paroles incitant à la plus élémentaire réserve quant à mes théories de hocher affirmativement la tête, soulignant d'un léger geste de la main cette évidence en murmurant juste assez fort pour que le Sindel entende:

"Innombrables sont les pistes dans le désert, rares celles qui mènent à l'eau."

La chaleur des jours, infernale, pesant comme une chape de plomb sur nos maigres abris qui se transforment en fours malgré leur conception étudiée pour résister à la chaleur. Nous somnolons, vaguement, entre deux tentatives d'orienter autrement les rabats pour qu'il y ait enfin un souffle d'air. En vain, presque toujours, mais l'espoir fait vivre. Les jours sont interminables, dans le Dragomélyn profond, chaque seconde prélève sa dîme sur nos liquides corporels, manquer d'eau tue en quelques heures à peine.

Les nuits, glaciales, voient parfois le sable s'orner d'une myriade d'éclats translucides, et le froid brutal offre un rude contrecoup à la chaleur des jours, bienfaisante fraîcheur au début, qui se transforme vite en une sape des forces vives des êtres. Le vent se lève parfois, et alors...il ne s'agit plus que de se terrer comme un vulgaire lapin, et d'attendre que ça passe en espérant survivre.

Ces pensées me ramènent à une question directement liée à ce monde: que se passerait-il si les élémentaires de ce monde entraient en guerre? Cela est-il déjà advenu? Je peine à imaginer le chaos qui en découlerait, et le nombre d'êtres qui seraient balayés par de soudains changements climatiques. En viendraient-ils à cela s'ils n'avaient d'autre recours pour préserver leurs fluides? Je suppose que oui, puisque Jillian a précisément formé l'armée déjà préexistante des Sylphes. Vraiment, je suis extrêmement curieux d'apprendre l'histoire de ce monde. Cela étant, il semblerait que nous soyons partis pour une bonne grosse séance diplomatique, dont j'espère qu'elle n'aura pas le pesant côté protocolaire de rigueur chez les Sindeldi. Franchement, ai-je la tête d'un diplomate?

Nous longeons le lac, nous approchant de cette somptueuse cité aérienne, et j'écoute toujours avec attention les questions posées et les réponses données, ne perdant pas une miette du paysage en général et de la cité en particulier. Alors que nous nous en rapprochons de plus en plus, je l'examine d'un point de vue purement stratégique, ses défenses externes, le nombre de gardes visibles sur les remparts, leur armement. Cette cité est splendide, mais est-elle efficace militairement parlant? Je plisse les paupières en songeant que j'ignore tout, précisément, de quoi ces différents élémentaires sont capables. Je ne peux que supposer, comparer à ce que je sais des élémentaires de Yuimen, ce qui est pour le moins bancal. Il semblerait aussi que nos hôtes et commanditaires souhaitent une résolution "diplomatique" de cette affaire, d'après ce que j'en ressens, mais dans ce cas pourquoi ne pas avoir fait appel spécifiquement à des mages, des techniciens des fluides et des diplomates rôdés, plutôt qu'aux premiers aventuriers venus? Je m'inclus dans cette appellation car je n'ai pas été éprouvé, ni même questionné sur mes références, mes capacités, mes raisons de participer à cette mission. Je doute donc fort que les autres aient été choisis différemment, à part peut-être Cromax qui encadrerait alors en quelque sorte le troupeau hétéroclite que nous formons. Mais pourquoi faire appel à des combattants?

Au fil de mes pensées, nous parvenons aux portes de la ville, ouvertes et accueillantes, et c'est avec une discrète admiration que je découvre l'architecture arachnéenne de pierre blanche, immaculée, ordonnée, et si...propre. Je relève le coin de mes lèvres en un sourire moqueur, me souvenant des ruelles boueuses et jonchées d'immondices qui ont constitué mon quotidien dans ma jeunesse, puis quand je n'étais pas en mission dans le désert, je suppose. Tous mes souvenirs sont encore loin d'être clairs, mais peu à peu les éléments s'emboîtent pour me constituer...une nouvelle personnalité, en quelque sorte. Comment pourrais-je être identique alors que je ne me souviens pas, et que je vis les choses d'un autre point de vue, sans ces points de référence que sont les souvenirs? De là à jouer à l'elfe de salon...il y a une marge. Pourtant j'ai le sentiment indistinct d'avoir une certaine latitude que je n'aurais pas eue auparavant, du fait du carcan de mon passé. Ce qui revient aussi à dire que je ne serai jamais plus celui que j'ai été, mais dois-je m'en attrister? Pour ce que j'en discerne dans la trame éparse de mes mémoires...je pense qu'il n'y a pas de quoi s'apitoyer sur le passé.

Celui qui m'observerait à cet instant précis verrait un très rare sourire véritable éclairer mon visage, alors que je songe à la chance incroyable qui m'est offerte, foulant de mes pas le sol des rues d'Ilmatar, cette cité Sylphe d'un autre monde. J'ai le sentiment d'être détaché de mon passé, d'un lourd et rigide carcan protecteur lié aux conditions de vie à Raynna et dans le désert de Sarnissa, un peu comme si j'étais mort et que j'avais l'opportunité extraordinaire de recommencer une nouvelle existence, sur un nouveau monde qui de prime abord semble plutôt merveilleux et envoûtant. Combien d'êtres ont-ils eu cette chance? Et qu'en ont-ils fait? Que dois-je en faire? La réponse m'apparaît, simple, limpide: vivre, et en profiter.

J'observe avec étonnement et émerveillement les habitants de cette ville vaquant à leurs tâches, ils sont véritablement éthérés, aussi gracieux que des Elfes, et Jillian s'est mêlé à eux comme l'un des leurs, spontanément et aisément à ce qu'il m'a semblé. Au terme d'une courte approche, du moins à mes sens, nous arrivons finalement face au palais, situé tout en haut de la colline sur laquelle est bâtie la blanche cité. A l'entrée de ce palais, auquel on accède par quelques marches, se tient une femme, une Sylphe plus précisément, d'une rare beauté. Et plus encore que sa beauté intemporelle, c'est son charisme qui me frappe, il se dégage d'elle une impressionnante aura sage et bienveillante, altière, simple et naturelle. Je remarque qu'elle ne porte aucun bijou, exception faite d'une unique pierre sobrement tenue par un lacet de cuir, et que son regard brille d'un éclat amusé. Je me demande fugacement quel âge elle peut bien avoir, une question que je ne risque pas de lui poser selon toute vraisemblance. Quelques siècles, j'imagine, mais qu'importe à une élémentaire?

Jillian nous la présente avec une certaine emphase, qui lui vaut un regard amusé de la reine, car c'est bien d'elle qu'il s'agit, à ma surprise. Hum, les coutumes ici sont bien lointaines de celles du Naora, visiblement, où approcher la reine est un privilège réservé à de rares "élus". Aaria’Weïla d’Ilmatar, donc, de son nom. Un beau nom pour une belle femme. Je jette un regard en coin à Cromax, puis à notre lanterne ambulante, curieux de savoir lequel des deux sera le premier à faire le joli coeur. Mais c'est la lutine qui se présente en premier après la bienvenue de la reine. La petite rouquine est spontanée et enjouée, affirmant sa volonté de leur venir en aide de son mieux, puis le p'tiot d'humain salue à son tour, bien plus sobrement mais affichant, lui, une volonté de la servir. Chacun son approche, toujours.

Je souris pour moi-même, observant mes compagnons, puis comme nul ne semble se précipiter pour offrir ses hommages ou Meno sait quelles fariboles encore, je m'avance d'un pas en rivant mon regard dans celui de la reine. Je m'incline légèrement en signe de respect, mais sans la moindre trace de servitude, avant de me présenter en examinant très soigneusement ses réactions à mes paroles:

"Aaria’Weïla je te salue, et te remercie de ton accueil. Je me nomme Kerenn, Fils de Sithi, L'Astre Nocturne, et du Dragomélyn, le désert profond de Sarnissa appartenant au Naora, le royaume Sindel de Yuimen.

Puis je me retire d'un pas, ne me remettant en mouvement que pour répondre à son invitation de rejoindre ses autres invités élémentaires, fort curieux de savoir lesquels seront là, et à quoi ils ressembleront.

_________________
Kerenn


Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?

Zenrin Kushu


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mar 30 Juin 2015 00:10 
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Localisation: Elysian : Forêt d'Aetelrhyt (Quête 32)
La petite lutine dévoila son ressenti quand à ses nouveaux atouts corporels en observant soigneusement ceux de son interlocuteur. Elle ne cacha pas son envie de rencontrer elle aussi l'un des élémentaires de terre de ce monde, pour enfin trouver les réponses concernant les deux utilisateurs du fluide.

Guasina revint un moment sur sa vue développée, expliquant que malgré une excellente vision de base, elle parvenait à discerner des choses autrefois anodines à ses yeux. De son côté, Kalas se rendit compte qu'il possédait les mêmes caractéristiques visuelles que sous sa forme de loup, ce qui le fit sourire inconsciemment. Préférant garder cette remarque pour lui, il rebondit sur les propos de Guasina d'un air ravi.

"Oh, vous savez, je ne suis qu'un simple humain, alors ces nouvelles capacités me paraissent forcément incroyables ! Et cette véritable armure qui recouvre mes avants-bras sans me gêner est une merveille de la nature. Mais vous avez parfaitement raison : rencontrer un élémentaire terrestre ne pourrait que nous être profitable à nous deux !"

Sur ces mots, le groupe passa les portes d'Ilmatar, dotés de deux immenses arches accueillant les aventuriers dans la cité des Sylphes. Kalas s'émerveilla en découvrant la population aux corps gazeux qui se retournait à leur passage ainsi que l'architecture locale d'une finesse exquise. Le soin apportée à la ville remémora au jeune mage la description littéraire des villes elfiques sur Yuimen.

(Peut-être que mes compagnons elfes pensent pareil ? Je suis curieux de savoir d'où viennent Kerenn, Cromax, Faëlis et Earnar...)

Plusieurs habitants saluèrent Jillian qui se trouvait en tête de groupe, heureux de revoir le Yuiménien qui avait vécu parmi eux si longtemps. D'ailleurs, ce dernier laissa libre court à ses fluides qui modifièrent son corps à la façon des deux possesseurs de fluides venteux présents dans le groupe, mais de façon plus poussée.

Kalas en vint à se demander si le mode de vie des élémentaires étaient si différents de celui des humains de son monde. En effet, il repéra plusieurs similitudes avec les rues des villes tels que Dehant et Tulorim, qu'il s'agisse des échoppes ou des maisons. Il n'allait pas jusqu'à dire qu'il se sentait chez lui, mais le fait de retrouver des sensations qu'il avait déjà éprouvés ne pouvait que le mettre en confiance.

(Peut-être que toutes les villes sont à l'image de ce qu'elles sont toutes à l'origine : une communauté qui regroupe les mêmes besoins que tel ou tel monde. Seule la culture et les habitants doivent être réellement différents, surtout selon les éléments. Mais il doit être agréable de découvrir les particularités d'une cité à une autre. J'espère que nous aurons un peu de temps libre pour nous balader dans Ilmtar.)

Quelques éléments pendant le trajet retinrent néanmoins l'attention de Kalas. En effet, il remarqua que proportionnellement à la quantité d'échoppes et boutiques, nombres d'entres elles proposaient divers textiles et vêtements, visiblement proches des matières que l'on retrouve sur Yuimen. Le style vestimentaire des Sylphes, largement composé d'atours colorés, mettait largement en valeur les bourrasques parcourant leurs corps qu'il s'agisse d'hommes ou de femmes. Kalas eu un instant l'impression de se promener au milieu d'un festival de drapeaux flottants colorés avant que Jillian ne le sorte de ses pensées en indiquant leur arrivée au palais. L'édifice était immense et d'un style particulièrement soigné, mais le Shaman n'eut même pas le temps de le contempler tant son attention fût monopolisé par la silhouette qui descendait les marches.

Le corps aussi venteux que les habitants de la cité, la magnifique femme à la chevelure des neiges avançait vers eux dans une démarche aussi élégante que raffinée. Elle dégageait une aura de sagesse et de respect malgré son jeune âge, d'apparence, et rayonnait d'un sourire capable de charmer le plus bourru des hommes. Chacun de ses pas semblaient flotter au-dessus du sol comme s'il n'était même pas digne d'entrer en contact avec elle. La Sylphe qui leur faisait face était d'une beauté indescriptible, mêlant l'innocence et la pureté en un être. Sa peau légèrement rosée par les rayons du soleil dévoilèrent un air ravi quand son regard vint se poser sur chaque membre du groupe, en particulier sur Jillian. Kalas remarqua à cet instant que la femme, qui semblait doté d'un statut important, ne s'encombrait d'aucun bijou, à l'exception d'un pendentif très rudimentaire, et se présentait à eux dans des atours très simples.

Le général des Sylphes coupa court à la scène fabuleuse qui se déroulait à l'instant en présentant la Sylphe à ses compagnons.

"Je vous présente Sa Majesté, la Reine Aaria’Weïla d’Ilmatar."

Savoir qu'il s'agissait de la reine ne fit même pas broncher le Shaman, tant il s'attendait à un poste d'une telle prestance pour une femme aussi magnifique. Elle jeta un regard à son général, regard que seul lui pu comprendre, avant de le porter sur le groupe en balayant sa présentation d'un geste de main.

"Le nom d’un être vaut bien plus que tous ses titres, prononcez seulement le mien."

Dévisageant chacun des membres tout à tour pendant son discours, Ixtli en profita pour se glisser à ses côtés, comme pour indiquer son statut par rapport aux autres. Jillian, également en retrait, se tenait avec elles pour l'écouter d'une oreille attentive. La reine remercia les aventuriers pour leur venue en Elysian, quelque soit la nature de leur motivation. Pour sa part, Kalas se demanda ce qui l'avait poussé à rejoindre l'expédition.

(L'argent, la curiosité, la gloire et j'en passe... Ce qui m'a motivé, ce n'est pas simplement une de ces choses. C'est le fait de toutes les combler qui m'amène !)

Elle termina en indiquant qu'elle serait encline à répondre plus tard aux questions qu'ils poseraient, invitant le groupe à entrer pour rencontrer les portes-paroles des autres races élémentaires de ce monde, nouvelle qui fit réagir Kalas.

(Enfin ! Je vais pouvoir m'entretenir avec les élémentaires de pierre afin d'en savoir plus sur ces pouvoirs ! Gageons aussi qu'ils nous aident dans notre enquête.)

Constatant ses camarades se présenter chacun leur tour, le Shaman attendit le sien avant de se présenter à la reine avec beaucoup d'humilité.

"Ravi de vous rencontrer, Aaria'Weïla. Je m'appelle Kalas et Hurlenuit est mon nom de Meute. J'espère vous être utile dans cette affaire et ferais tout mon possible pour y parvenir."

Après une inclinaison des plus respectueuses, Kalas termina par une réponse positive à l'invitation.

"Allons-y, je vous suis."

_________________
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Multi d'Ellyan Crow, Boucher des Murènes et Allen, Guerrier de Wiehl.


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mar 30 Juin 2015 13:26 
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Ils arrivèrent bien rapidement à la cité des sylphes, Ilmatar, cité blanche s'il en est du plafond jusqu'aux sols quasiment. Corail en apprécia l'architecture aussi aérienne et complexe qu'étaient sans doute les élémentaires de vent. Ils pénétrèrent dans une grande salle, la pièce royale sans aucun doute et Jillian Averosa se laissa porter par l'essence des lieux abandonnant son enveloppe charnelle pour devenir aussi aérien que Cromax et l'humain. Soudain, la reine apparut, cheveux blancs, yeux turquoises et portant un étrange bibelot autour du cou, elle ressemblait étrange aux elfes avec sa jeunesse et l'éclat de sagesse luisant dans son regard amusé, un regard que partageait la jolie ambassadrice, à croire que la situation actuelle n'était pas urgente.

La reine leur souhaita la bienvenue et ce en dépit des buts différents qui unissaient ce groupe hétéroclite, tout cela semblait envisager une sacrée somme pour chacun en cas de réussite de la mission mais l'argent n'était que subsidiaire à sa réelle mission.

- Chère reine, si vous me le permettez, j'aimerais rejoindre les Agails le plus vite possible...

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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mar 30 Juin 2015 16:20 
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Ainsi donc, au terme de notre périple marché sur les sentes accidentées des Monts mystérieux auréolés de la chaude et fauve flamme d’un crépuscule déclinant dans des cieux se teintant des mêmes coloris enchanteurs que la terre sous nos pas, nous arrivons à destination. Il ne nous reste plus qu’à contourner les eaux pures et étincelantes, miroir reflétant d’une brouille légère la splendeur de notre destination, du lac qui borde la cité. Notre équipée, disciplinée comme peut l’être une troupe vaillante et aveugle marchant vers un inconnu sibyllin sans savoir où poser le pas si ce n’est dans celui de son prédécesseur, s’acquitte de cette tâche avec brio, dans un silence admiratif à peine terni par la puissante voix de notre valeureux guide, Jillian Averosa, explicitant à qui veut l’entendre les dernières précisions de rigueur avant une rencontre au sommet – et le terme est ici tout désigné – avec la nébuleuse et désormais presque Mythique pour notre groupe Reine des Sylphes. Elle, d’ailleurs, semble abhorrer dans les paroles du généreux général les pirouettes verbales et verbeuses des courtisans affables de nos contrées originelles. Manque de chance pour le lumineux Faëlis, dont la verve tendue sort si aisément de sa gorge ouverte à ces minauderies sans doute coutumières, pour lui. Oiseau de cour, il rencontrera là, si l’on en croit les mots aériens de notre cicérone attitré, un volatile d’une espèce bien supérieure. De celle qui surpasse de ses ailes insouciantes les lourdeurs d’un titre et l’écœurante bienséance due à un rang prestigieux en nom, et non en idée. Un esprit libre. Au moins est-ce là le fantasme qui naît en moi, découlant des quelques exactions du militariste en chef nous montrant la voie.

Plusieurs fois, alors que nous rasons les abords directs d’une eau paisible, à peine troublée par le vent léger et agréable d’une fin de journée capiteuse et piquante d’intérêt, je me mire dans le miroir naturel qu’est ce lac, devinant dans les ondes légères l’argent de mon épiderme dans ma claire armure aux abords classieux. Un dieu. Un être mythique, disparu depuis des lustres, et que nul n’attendait plus. Perdu dans ces songes gracieux me propulsant à un rang que je ne convoite pas, et malgré moi, je manque de m’étaler dans un massif de fleurs blanches au cœur jaune ressemblant à s’y méprendre aux narcisses que l’on connaît. Une soudaine reprise de conscience, doublée d’une alerte sensorielle de la part de Lysis m’empêche de perdre l’équilibre, et la face face à ces hères que je ne connais encore que peu.

Et déjà, nous passons les portes ouvertes et accueillantes de cette prestigieuse cité commanditaire à l’architecture aussi fine qu’aérienne, quoique de pierre. Mais blanches et claires. Toutes en hauteur, les habitations comportaient de fins perrons se terminant en pointes et en tour chargées de fanions colorés, égayant avec justesse la blancheur parfois triste dont aurait pu se parer cette cité. Tous de couleurs, aussi, les vifs habits des sylphes croisés. Et les sourires rayonnaient sur ces visages pâles et respirant la sérénité. Nul cri, par ici. Pas plus que de violentes embardées. Leurs mots n’étaient que murmures, et leurs gestes évanescents et légers. Leurs membres, alors qu’ils bougeaient lentement, s’évanouissaient en de fines volutes colorées qui suivaient leurs mouvements, comme les miens propres, bien que je ne contrôle pas cet étrange pouvoir s’étant enquis de moi. Je m’approche, dans notre traversée de la ville en parcourant ces rues concentriques nous menant vers les prestigieux sommets de son palais, de la charmante Aigaille dont le regard de laquelle me noie dans l’ambre radieux à la moindre œillade.

« Comme je comprends que vous ayez jeté votre dévolu sur cette cité pour prester vos talents d’ambassadrice. La ville est superbe, et les gens charmants. »

J’inspire, regardant tout autour de moi, et la regarde à nouveau, alors que mes pas foulent le pavage immaculé sans sembler le toucher.

« Encore que… Si le charme d’une cité est proportionnel à celui de ses habitants, Elivagar doit être la plus merveilleuse cité qu’un mortel ait pu voir… »

Je pose mon regard sur le sien pour qu’il s’y accroche, un instant, puis reprends, l’air de rien, ma contemplation muette des chemins que nous empruntons dans le calme. Malgré la taille plutôt réduite de la ville, et l’abandon relatif des rues par rapport aux artères bondées de Kendra Kâr, nous mettons plusieurs dizaines de minutes pour rejoindre notre destination finale : le summum de notre visite, le majestueux palais d’Ilmatar. Son architecture, dans la continuité logique de celle du bourg, reflétait la personnalité volatile et aérophile de ses constructeurs. Un penchant certain pour l’accès métaphoriques aux cieux aériens, et pour la pureté d’un air non chargé de parfum lourd ou trop présent.

Et là, sur ces marches immaculées menant à l’apogée de la cité, l’incarnation-même de cette ville aux atours venteux : Aaria’Weïla. Elle n’est pas encore présentée que je sais déjà que nous sommes en présence d’une Reine. De LA reine que nous devons rejoindre, vers qui toutes nos pensées sont tournées. Et ça n’est pas tant par son habillement, élégant et seyant, d’étoffes de qualité, mais restant sobre malgré tout, et non surchargé de richesses inconsidérées, que par sa posture que je le remarque. Altière en tous points, élégante et sûre d’elle, elle est de ces présences qui imposent le respect au moindre regard de ses yeux d’aigue claire. Sa peau est pâle, rappelant les premiers frimas d’un hiver élégant, assaisonné de la neige délicate de ses cheveux, survolant son visage en l’encadrant de volutes éthérées. Le sourire figé sur ses lèvres pâles flottait sur son visage comme une rose fragile dans un champ de givre. Et si froide est son apparence, c’est la chaleur de la cordialité et de la sympathie qui émane de cet être vêtu de bleu de pied en cap, dont la veste longue et légère flotte derrière elle à la mesure de ses pas. Plus astrale encore que ne peut l’être Jillian ou Baratume et moi. Sur sa poitrine tendant le tissu de sa robe élégante repose un pendentif formé d’une pierre brute à l’éclat aussi singulier que celui de son regard, et d’un simple cordon de cuir noir.

Aaria’Weïla d’Ilmatar.

La complicité est nette, entre le général et sa royale muse. Ils ne se privent pas de nous le cacher, par l’intensité de sourires échangés. À l’annonce de son propre nom, c’est le signal pour la Reine voluptueuse de prendre la parole. Et c’est ce qu’elle fait à l’instant, de sa voix de cristal, alors que le sieur Averosa et l’ambassadrice d’Elivagar prennent place à ses côtés, escorte inutile face à une compagnie toute dédiée à sa cause et à sa beauté.

Elle affirme ne pas vouloir être dénommée par son titre, informations que quelques-uns, comme Baratume, surpassent avec zèle. Il n’en est qu’un qui, un peu trop familièrement pour un premier contact, se permet un tutoiement impromptu, teinté toutefois de superbe dans les termes qu’il énonce pour se présenter.

(Fils d’une déesse et d’un désert ?! ça a beau être une analogie subtile, ça n’en dépeint pas moins le caractère fier de son locuteur.)

Au lieu d’une longue présentation contextuelle, comme celle de Guasina, je préfère aller directement au but. Elle se fiche de mes origines, de ma famille et de mes antécédents yuimeniens. D’un ton enchanté, je m’exprime :

« C’est un honneur que vous nous faites de nous recevoir si humblement. Je suis Cromax. Soyez assurée que toute l’aide que je pourrai vous donner, vous l’aurez. »

Un merci de sa bouche sonne comme la plus belle des récompenses. Et quid de se l’entendre dire, susurré au creux d’une oreille dans l’intimité suave d’une chambre aux parfums enivrants d’une étreinte consommée… Mais le propos est hors de lui-même, et je me recentre vite sur les mots qu’elle emploie alors pour qualifier notre volonté de l’aider. Des mots qui, à bien des égards, et s’ils n’avaient été conditionnels et exclusifs, auraient été insultants plus qu’à propos. Pour moi, en tout cas. L’argent, je ne m’y intéresse guère. Je ne suis pas un simple mercenaire tuant pour de la monnaie clinquante. J’ai des richesses bien au-delà de mes besoins, et pour un temps long. L’honneur, je n’en ai pas plus cure, ayant souvent affirmé n’en avoir aucun. Il fait partie de ces mots que j’exècre, et qui nuisent à la liberté. Honneur, obligation de suivre des principes de foi, des préceptes dictés par une morale et des valeurs communes à une région, à un peuple. À travers lui, j’entends le patriotisme, la loyauté, l’abstinente obéissance à un système qu’on chérit sans forcément le comprendre. La volonté d’aider ? Je me sais égoïste, et si j’aide avec plaisir, ce n’est pas sans en retirer un plaisir personnel, et un intérêt certain, ne s’arrêtant pas à un simple aspect financier. Loin de là. Soif d’aventure, curiosité… Et volonté ferme d’agir comme bon me semble, suivant mes envies, voilà ce qui m’a amené ici. C’est en ces mots que je me reconnais le plus, même s’ils sont limitant des raisons profondes de ma venue sur Elysian.

Nous n’avons guère le temps de déverser sur elle le flot de nos interrogations qu’elle les remballe déjà, les postposant à un endroit plus approprié, après une pause rafraichissante de rigueur après une marche assez longue dans un terrain inconnu. Ambassadeurs et boissons nous attendent à l’intérieur, il serait malséant de les faire attendre plus longuement. Aussi, sans attendre plus, ni sans répondre davantage, je me joins à la suite de mes pairs, le regard fixé sur les courbes mouvantes évoquées plus que révélées par la fine robe bleutée d’Ixtli. À ce titre, je ne manque pas l’empressement de Corail à rejoindre Elivagar sans plus tarder. Une promptitude un peu déplacée, en l’occurrence, mais que je préfère ne pas commenter.

Palais d’Ilmatar, le Seigneur de l’Ombre entre en ton sein.

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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mar 30 Juin 2015 17:49 
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Ainsi, la magie des gens restait constante, malgré l'étrangeté des lieux... Soit, de toute façon, Faëlis était plus préoccupé par l'observation de ce qui l'entourait. Après une longue route menant vers les hauteurs, ils passèrent les portes de la ville, et le jeune elfe marqua un temps d'arrêt.

Cette ville rivalisait avec la beauté de Cuilnen. Elle n'était que tours élancées et ruelles claires, drapeaux claquant au vent et, bien sûr, habitants à la démarche éthérée. Les sylphes vaquaient à leurs occupations, comme des gens normaux, alors même que leurs mouvements se brouillaient, à peine perceptibles. Jillian, souriant, se laissa aller à cette même tendance, et Faëlis se serait presque sentit intimidé des flashs lumineux qui émanaient de son être au milieu de cette ville aux habitants à demi-invisibles lorsqu'ils se déplaçaient.

Ils remontèrent progressivement vers les hauteurs, traversant rue après rue, s'élevant toujours plus haut vers le nadir, jusqu'à arriver devant le palais dont les tours culminaient à des hauteurs incroyables.

C'est alors que s'avança une femme qui aurait pu sembler normale, n'était-ce l'aura d'autorité qui l'enlaçait comme un vent bienfaisant. Jillian présenta Aaria'Weïla, reine des lieux. Celle-ci insista pour être appelé par son nom, assurant que les titres signifiaient peu de chose, ajoutant la modestie à sa beauté naturelle. L'elfe s'inclina profondément :

« Vraiment, il semble qu'à chaque pas en ce monde, il doive révéler de nouveau trésor de beauté ! En voyant cette cité, je pensais avoir atteint des sommets qui ne pourraient être dépassés, et puis vous voilà, démontrant une fois de plus que rien ne saurait être trop beau en ce monde. »

Légèrement secoué, il se prépara à entrer dans le palais.

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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mar 30 Juin 2015 19:47 
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Ilmatar - Salle du conseil

    En entrant dans la ville, Kerenn pu apercevoir quelques rares fortifications anciennes et d’autres manifestement de construction récente, mais que la ville ne donnait clairement pas l’impression de s’apprêter à la guerre, bien que sa situation, juchée ainsi dans une montagne en haut d’un escarpement bordant un lac, en ferait un lieu difficilement prenable.

    Durant la montée, aux paroles de Cromax, Ixtli répondit avec un petit sourire.

    - Je n’ai pas choisi de représenter Elivagar à Ilmatar, mais j’ai choisi d’y rester, puis elle ajouta, dans un murmure : et vous, d’où venez-vous qui parlez ainsi de la beauté d'un lieu ?

    Mais Cromax n’eut pas le temps d’y répondre car déjà arrivèrent-ils devant Aaria’Weïla.

    A la suite de sa ses mots de bienvenue, elle hoche la tête à l’adresse de Guasina qui est la première à se présenter.

    - Je vous suis reconnaissante pour votre aide, Dame Guasina Roquin.

    A Baratume, elle répond :

    - Ne servez que vous-même, Baratume Vorn, j’accepte cependant votre aide de bon coeur.

    Durant la présentation de Kerenn, Aaria’Weïla ne le quitte pas des yeux, pas plus que son sourire énigmatique ne quitte ses lèvres, puis incline légèrement la tête.

    - Je te souhaite la bienvenue, fils du Dragomélyn. Puisses-tu trouver en ces terres ce que tu recherches.

    Puis elle ajoute, une pointe de malice dans la voix :

    - J’espère que les deux lunes d’Elysian ne te troubleront pas.

    A la réponse humble de Kalas, elle répond avec sérieux en inclinant la tête.

    - Le ravissement et l’espoir sont partagés, Kalas, dit Hurlenuit.

    Elle haussa cependant un sourcil à l’égard de Corail.

    - Vous rejoindrez bien vite Elivagar, je ne doute pas que les Aigails vous attendent avec impatience, sieur Earion. Souffrez de passer la nuit dans nos murs et le matin accueillera vos pas sur le chemin de la Cité de l’Eau.

    Au ton enjoué de Cromax, Aaria’Weïla se pare de nouveau de son sourire.

    - Humbles sont mes paroles aux yeux de votre peuple, superflues elles sont pour les miens. Je suis heureuse de votre aide, Cromax.

    Finalement, elle se tourne son regard vers Faëlis.

    - Que de flatteries et d’exagération, jeune Hinïon ! lui dit-elle avec un petit rire.

    La reine les mène alors à l’intérieur du palais et ses couloirs de pierres blanches, parsemés de statues et de rares ornements finement ciselés. Jillian marche en avant avec elle, et des bribes que les aventuriers peuvent percevoir, il semble lui raconter ce qu'il leur a déjà expliqué. Quelques tentures accrochées aux murs colorent également leur chemin, réchauffant l’ambiance du lieu. Ils ne croisent que quelques rares sylphes jusqu’à parvenir à une salle, haute de plafond et relativement grande dans laquelle sont accrochées plusieurs tapisseries finement ouvragées, ajoutant des pointes de bleu, de rouge, d’or et d’argent. Une table pleine de victuailles diverses et pour tous les goûts trône sur un côté tandis qu'une autre table se trouve au milieu de la salle, sur laquelle repose une carte d'Elysian, le reste est vide, à l’exception de plusieurs individus qui observent les aventuriers entrer.

    Celui qui attire le premier coup d’œil est généralement un homme de haute stature à la peau entièrement rougeoyante, pourvu d’une barbe et de cheveux noirs en bataille et vêtu dans les tons bruns. Outre sa peau rouge, il possède deux petites cornes blanches qui ressortent de son front et regarde les aventuriers de ses yeux rouges sarcastiques.

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    - Voici Malakbêl, Ambassadeur d’Erta’Ale, représentant des Ekhii, annonce Aaria’Weïla.

    Il leur adresse un petit geste de main.

    Une seconde personne prend la forme d’une jeune femme fine à la peau noire qui semble par endroit marbrée de feu et ornée de volutes rougeoyantes. Du haut de son front s’élèvent deux grandes cornes recourbées, elles aussi parcourues de motifs enflammés. Une robe aérienne, irisée de rouge et de noir épouse ses forme, libérant sa gorge et ses épaules en ne s’attachant qu’à l’aide de fines bretelles. Elle a les deux mains posées nonchalamment sur l’épaule de Malakbêl, et se repose son menton sur l’un de ses poignets. Elle ne se redresse pas en voyant les aventuriers approcher, mais pose sur eux un regard dépourvu d’émotion.

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    - Je vous présente Marikani d’Erta’Ale, également une Ekhi.

    Elle se redresse alors et incline la tête à leur encontre, sans quitter son visage impassible.

    Une troisième personne contraste avec les deux précédente car il s’agit d’une jeune femme fluette aux cheveux gris argentés et aux yeux ambre, possédant une peau pâle, presque lunaire et un tatouage bleuté sur le front. Elle est vêtue d’une cape qui cache entièrement son corps. Elle a le port droit et si son visage n’exprime aucune émotion, son regard n’en est pas moins pourvu d’intérêt à leur égard.

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    - Yuralria, Ambassadrice venue de Niyx, membre des Ishtars.

    Il serait aisé de rater la dernière personne présente dans la pièce tant il semble se cacher derrière les trois autres élémentaires, mais Aaria’Weïla attire sur lui une attention qu’il semble craindre. Il s’agit là d’un petit être d’à peine un mètre vingt de haut qui semble fait de bois noueux, entièrement recroquevillé sur lui-même. Il s’avance tout de même, observant tous les aventuriers de ses globes orange et leur adresse un petit salut et ce qui semble être un sourire.

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    - Et voici Birhûvaya, représentant des Golems et de Barkane.

    Elle se tourna vers les aventuriers en présentant la table emplie de mets et de boissons.

    - Je vous en prie, servez-vous, nous allons pouvoir discuter.


[Kalas – xp : 2 (post)
Kerenn – xp : 3 (post)
Cromax – xp : 3,5 (post)
Earnar – xp : 0,5 (post)
Faëlis – xp : 0,5 (post)
Guasina – xp : 2 (post)
Baratume – xp : 1 (post)]


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mar 30 Juin 2015 20:27 
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La reine s'amusa de prétendues flatteries... mais quelles flatteries ? Impossible de demander, puisqu'ils entraient déjà dans le palais blanc. La beauté des lieux était à l'image de l'extérieur et sa blancheur évoquait l'Aratmen de Cuilnen. Les teintures rehaussaient le tout, proposant un environnement coloré de fort bon goût. D'ailleurs, les autres avaient l'air aussi impressionnés que lui, sauf peut-être le sindel musclé, qui avait l'air toujours aussi énigmatique et renfermé.

La reine les conduisit jusqu'à une haute salle occupée par un véritable festin. Cela rappela à Faëlis que son grand corps avait des besoins nutritifs à remplir et son estomac s'empressa de le rappeler à l'ordre. Cependant, il devait d'abord saluer les présents, car il y avait quelques élémentaires ici. Un homme rouge et ardent, à la mine sinistre, accompagné d'une femme sombre à l'air aussi froide que son corps était brulant. Tous deux étaient cornus. Il s'agissait de deux Ekhi, les élémentaires du feu. L'ambassadeur les détaillait avec intérêt tandis que la femme avait l'air impassible, presque blasée. Dommage car elle était fort belle, mais un peu trop sombre au goût de l'hinïon. Il les salua poliment, néanmoins, s'inclinant galamment devant la femme.

Bien plus intéressante, était Yuralia, l’ambassadrice des Ishtar, le peuple d'ombre et de lumière. Ses vêtements, un manteau à capuche brun et presque triste, ne faisait que mettre en valeur sa beauté intrinsèque. Faëlis se sentit aussitôt captivé par le regard énigmatique, orange cerné de bleu-argent. Faëlis s'inclina de nouveau, plus profondément. Il fit à peine attention quand Aaria présenta un étrange gnome feuillu. L'ambassadeur des Golem. Il le salua poliment, avant de revenir à l'Ishtar.

« Mademoiselle, quel dommage que je n'ai que la lumière en moi pour espérer vous éblouir... Mon nom est Faëlis Nyris'Kassilian, et je n'ai de plus grande hâte que de sauver ce monde auquel appartient tant de merveilles, dont vous faites partie. Mon peuple, les hinïons, a toujours été lié à la lumière, aussi, j'espère avoir l'occasion d'en apprendre plus sur votre peuple... »

Comme la reine les invitait à prendre place et à festoyer, il tira une chaise pour la proposer à la belle Ishtar :

« Accepteriez-vous de prendre place à mes côtés ? »

Il avait fort hâte d'en apprendre plus sur ce peuple dont il était ici un peu plus proche. Il ignorait si ces gens pourraient l'aider ou non dans cette quête, mais il verrait bien... passer la soiré en compagnie d'une telle personne était déjà un cadeau inespéré !

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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mer 1 Juil 2015 00:58 
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Après des paroles propres à chaque individu, Kalas analysa une fraction de seconde les mots de la reine. C'était la première fois qu'il invoquait son nom de Meute lors d'une présentation.

(Ça sonne plutôt bien, je trouve... Un peu sombre, mais accrocheur.)

Cependant, la réponse d'Aaria’Weïla à Earnar attira l'attention du Shaman sur leur prochaine destination. S'agissait-il d'une annonce officieuse d'un départ matinal pour la cité de l'eau ? Légèrement déçu, Kalas retint son envie d'intervenir, mais s'abstint afin d'en parler directement avec l'intéressé.

(Je veux encore visiter la ville et les Sylphes, moi !)

L'elfe lumineux usait encore et toujours de charme envers les belles femmes que le groupe croisait depuis le début, ce qui amusa le jeune homme qui espérait secrètement un rejet de la part de sa prochaine cible. Sur ces pensées moqueuses, La reine tourna les talons vers les portes du palais, invitant le groupe à la suivre à la rencontre des élémentaires. Kalas grimpa les marches avec de grandes enjambées en voyant l'avance qu'avait prit la petite compagnie, trop pressée d'assister à la dite rencontre.

Leur traversée du palais les mena à travers plusieurs pièces, plus impressionnantes les unes que les autres. En effet, le Shaman s'émerveilla en contemplant les magnifiques statues à la finesse d'orfèvre. Les murs semblaient taillés à même la roche, comme si le palais avait été creusé dans une montagne de craie.

(Nul doute que les élémentaires doivent disposer d'ingénieux moyens de construction. De nombreuses personnes sur Yuimen devraient être prêtes à payer cher pour connaître quelques secrets à propos de ce monde. Je devrais garder l’œil alerte...)

Pendant la traversée d'un couloir, Kalas prit un moment pour ralentir sa marche jusqu'à se retrouver à la hauteur d'Earnar. Désireux d'attirer son attention, il se pencha à son épaule pour lui parler de manière discrète.

"J'ai entendu votre empressement de partir pour la cité des Aigails. Vous avez l'air fort impatient de partir à leur rencontre."

S'assurant à l'aide de regards furtifs que personne de faisait attention à eux, le Shaman reprit le fil de la discussion.

"Comprenez que je rejoins votre enthousiasme de partir pour les autres cités, mais cela doit-il vraiment être aussi hâtif ? Je veux dire, Ilmatar a encore de nombreuses choses à nous faire découvrir et même si je brûle d'envie de visiter la ville des élémentaires propres à mon fluide, je pense que récupérer le maximum d'informations et d'indications auprès de la reine et des envoyés est un excellent moyen de réussir notre quête. C'est du moins mon avis. Qu'en est-il du vôtre, Earnar Corail ?"

Le temps passé à discuter éclipsa le trajet jusqu'à la pièce qui rassemblait les ambassadeurs des autres cités. Haute de plusieurs mètres, l'endroit était fort agréable et parfaitement adéquat aux réceptions et autres événements qui rassemblaient un grand nombre de convives. Kalas retrouva sur les murs les somptueuses tapisseries et textiles qu'il avait pu observer lors de leur avancée vers le palais, mais celles présentes ici semblaient de meilleure qualité. Contre le mur, une immense table parsemée de mets en tout genre trônait au centre de la pièce, accueillant à son bord d'étranges créatures que le Shaman devina comme les envoyés des cités ainsi qu'une autre, plus petite, sur laquelle se trouvait une carte d'Elysian.

"Voici Malakbêl, Ambassadeur d’Erta’Ale, représentant des Ekhii."

L'être à la peau rouge et à la stature de gladiateur attirait le regard comme un feu dans une cheminée. L'intéressé leva la main en signe de salut avant d'observer le groupe de façon générale. Hormis sa peau et ses cornes, Kalas nota chez lui une forte confiance en lui et un tempérament légèrement brutale, comme l'élément qu'il représentait. Aussi, il lui rendit son salut de la même manière pour ne pas le froisser.

"Je vous présente Marikani d’Erta’Ale, également une Ekhi."

L'Ekhi garda les particularités essentielles retrouvées sur l'ambassadeur à ses côtés, tout en gardant des caractéristiques lui étant propre. En effet, le crâne de l'élémentaire était orné de grandes cornes aux motifs rougeoyants comme des runes. Incapable de discerner leur nature magique ou simplement de naissance, Kalas observa rapidement l'individu qui semblait ne pas s'intéresser à la compagnie, ne remarquant même pas le signe de main du jeune homme.

La reine ne l'avait pas annoncée comme une ambassadrice, ce qui fit germer quelques questions dans l'esprit du jeune homme.

(Pourquoi deux Ekhis sont présents quand un seul suffit ? Ils semblent proches, pour ne pas dire intimes. Je me demande quel genre de relation ils entretiennent...)

"Yuralria, Ambassadrice venue de Niyx, membre des Ishtars."

Une légère lumière semblable au clair de lune émanait du corps de l'élémentaire en face du groupe. Kalas pensa au premier abord qu'elle n'avait même pas noter leur présence, mais le glissement de ses yeux d'un aventurier à un autre trahissait sa théorie. Semblable à une belle statue de marbre blanc, Yuralria était vêtu d'atours très simples et d'un tatouage à l'allure tribal sur le front, scintillant d'une très pâle couleur bleutée.

"Et voici Birhûvaya, représentant des Golems et de Barkane."

Le dernier ambassadeur fit sourire Kalas de toutes ses dents tant il soulevait de question. Le Shaman était néanmoins très content de remarquer que les élémentaires ne disposaient pas tous d'un corps semblable aux humains. Birhûvaya, composé entièrement de bois et de feuilles, salua timidement le groupe comme si sa présence le gênait. Prenant les devants, Kalas s'inclina légèrement afin de lui faire remarquer son appartenance au fluide terrestre.

"Ravi de vous rencontrer. Je m'appelle Kalas, mais vous pouvez aussi m’appeler Hurlenuit."

Le jeune homme s'approcha ensuite de Guasina et lui souffla quelques mots en s'abaissant le plus possible dôté d'un sourire jusqu'aux oreilles, avant de prendre place sur un siège près de la table et d'attraper le verre qui lui faisait face.

"Nous avons tous fais de fascinantes rencontres aujourd'hui, mais cette dernière me met particulièrement en joie !"

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Multi d'Ellyan Crow, Boucher des Murènes et Allen, Guerrier de Wiehl.


Dernière édition par Kenra le Mer 1 Juil 2015 08:19, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mer 1 Juil 2015 04:18 
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La reine des sylves était pour le moment plus diplomate que souveraine mais Earnar pensa que chaque élémentaire avait son roi ou sa reine ce qui pouvait expliquer le manque d'intonation impérilleuse que possédaient certains monarques sur Yuimen, elle semblait réellement douce mais selon lui tout comme son élément elle devait avoir un caractère changeant. L'hinion ou devrait t-on dire à présent la grande lampe qui jacassait à tout va complimentait la reine au sujet de l'architecture du palais et ce à quoi elle lui répondit que tout ceci n'était que flatteries. Encore une femme adorant les ronds de jambe et la flatterie. Le plus étonnant était qu'elle semblait savoir qui était précisément l'elfe balafré, le dénommé Kerenn qu'elle appelait "fils de Dragomélyn", un nom qui ne lui disait absolument rien et ce malgré sa longévité et le nombre de récits amassés au fil des millénaires par son clan.

Sa précipation cependant à partir pour rejoindre rapidement la cité des élémentaires d'eau commença à émietter le masque tout guilleret de la reine et elle lui fit bien comprendre qu'il n'échapperait sous aucun prétexte au banquet qui leur a été réservé, à son grand dam évidemment. Une forte envie lui prenait de se venger en volant tout ce qu'il y avait de précieux en ces lieux avant de se rendre à Elivagar, c'était d'ailleurs plus une habitude qu'une envie et il songea que ce n'était guère malin et courtois de le faire
surtout que le sergent Cromax ne semblait pas particulièrement apprécier les voleurs comme lui rappela l'épisode à la milice. Cheminant à travers le palais rivalisant de soieries colorées et de tapisseries précieuses, la reine présenta les derniers ambassadeurs aux aventuriers. L'ambassadeur d'Erta'Ale venu représenter les élémentaires de feu, les Ekhii leur adressa un léger signe de sa main couleur lave en fusion et Corail eut du mal à se détacher du spectacle de ses cornes sur le sommet de son front. Une Ekhii provocatrice se tenait près de lui et ose à poser les yeux sur eux, à première vue les Ekhii était un peuple aimant guerroyer mais le voleur préféra réserver son jugement pour plus tard. Une ambassadrice des Ishtars, femme mystérieuse et encapuchonnée, à la peau blanche était calme et semblait dépourvue d'émotions et enfin le dernier ambassadeur non moins étonnant mais paraissant plus sympathique que ses confrères était fait d'écorces et de feuilles et représentait les golems de la cité de Barkane. Tout le monde était là pour le sommet politique de leur vie.

L'elfe blanc était de nouveau charmeur avec les femmes au risque de décrédibiliser la compagnie et prit place près de l'ambassadrice des Ishtars. Avant de prendre place, Kalas lui parla en aparté, apparemment la discussion l'avait intrigué. Il lui chuchota quelques mots d'explications:

- Ne trouvez-vous pas étrange que personne ne semble se soucier du risque de disparition de la magie sur Elysian autour de cette table, comme si cela ne les atteignait pas ? Méfiez-vous, je soupçonne un des peuples élémentaires de vouloir tirer avantage d'un tel phénomène.

Il s'inclina devant la dénommée Marikani d'Erta'Ale pour lui témoigner du respect.

- Si vous me permettez damoiselle que je m'assoie près de vous pour ce repas, j'en serais honoré.

Bien vite il imita l'hinion et s'assit près d'elle puis son regard se porta sur l'assemblée autour de cette table recouverte de boissons exotiques et de victuailles alléchantes.

- Veuillez me pardonner reine des sylphes pour ma demande des plus grossières, je ne voulais pas vous offusquer et ne pas répondre à votre invitation, j'ai désir de vouer mon corps, ma vie à cette mission... Chers ambassadeurs, ambassadrices, je suis Earnar Corail de la famille noble des Corail qui s'était installée autrefois à Omyhre, cité perdue de Yuimen à présent. Vos présences nous honorent et je peux parler au nom des Eàrion que nous espérons entretenir entre nos peuples des liens profonds autant commerciaux que d'autres natures.

Corail ne pensait plus qu'il aimerait autant débuter ce jeu pleins de tacts et de diplomaties mais il commençait à vraiment apprécier ce moment en dépit de ce qu'il imaginait au préablable.

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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mer 1 Juil 2015 06:24 
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Les élémentaires d'Elysian


Ma présentation fut simple et brève. Comme à mon habitude, j’avais décliné mon nom ainsi que celui de mon paternel, comme le faisaient les lutins dans mon petit patelin. La cellule familiale importait beaucoup et il était naturel pour moi de les nommer lorsque je me présentais. Simple, sobre, dégageant une bonté sans limites, la reine accepta de bon cœur mon aide tout en m’appelant dame Roquin. Étant assez jeune, je n’étais pas habituée à ce titre qui devait être réservé aux lutines occupant un poste important. Chaque monde ayant ses mœurs, je ne m’en offusquai point, au contraire, je souris à la maîtresse des lieux, avant de m’écarter suffisamment pour que mes comparses s’approchent à leur tour de la reine.

Cette aventure n’était pas ma première et ne serait sans doute pas la dernière, mais elle débutait d’une façon si différente des autres que je commençais à me questionner sur la tournure qu’elle pourrait prendre. J’avais accepté de bon cœur de me rendre dans ce monde inconnu afin de découvrir ce qui drainait les fluides de élémentaires. Mais depuis mon arrivée, j’avais l’impression d’être en visite de courtoisie, oubliant de peu ce pour quoi j’étais ici.

(Patience ! Tu dois te familiariser avec ce nouveau milieu et ses habitants afin de découvrir la cause de leur malheur)

Je sursautai bien malgré moi lorsque j’entendis ma Conscience se manifester, puisqu’elle était demeurée muette depuis que nous avions quitté Tulorim. Comme de coutume, ses conseils s’avéraient avisés.

(Tu as raison ! Je vais profiter de la présence de tous ces gens pour glaner le plus d’information)

Ma conscience retourna dans son mutisme et pour ma part, j’écoutais attentivement la présentation de mes compagnons. Je les connaissais depuis peu, et je ne pouvais encore tous les nommer par leur prénom, il était donc profitable pour moi d’être attentive au petit discours de chacun.

Baratume qui était demeuré plutôt discret pendant le voyage fut le second à se présenter, se contentant de nommer son nom et d’énoncer son désir de la servir. La reine réagit alors promptement lui précisant qu’il n’aurait pas à la servir, mais qu’elle acceptait son aide.

(Cette femme n’est pas une dictatrice !)


C’est avec assurance que le colosse se présenta à son tour. Bien qu’il tutoya la reine, il fut très poli pensant à la remercier de son accueil, ce que je n’avais pas fait.

(Oups ! Maman m’aurait sûrement fait de gros yeux pour cet oubli !)

Je me souvenais de son nom : Kerenn, mais j’appris à ce moment qu’il provenait du continent de Naora. Conservant toujours son ravissant sourire, elle le tutoya à son tour lui souhaitant de trouver ce qu’il cherchait dans ce monde.

Puis ce fut à Kalas de s’avancer. C’était avec beaucoup d’humilité qu’il dit être Kalas, précisant son nom de meute : Hurlenuit.

(Hurlenuit… comme hurle la nuit ? Et il appartient à une meute ? Comme les chiens et les loups ? )

Une fois de plus Aaria’Weïla salua son invité.
L’humilité de Kalas ne me surprit point. Un peu plus tôt, tout juste avant que nous franchissions les portes de la cité, il m’avait dit qu’il n’était qu’un simple humain, ce qui expliquait selon lui que ses nouvelles capacités lui paraissaient incroyables. Je le trouvais fort sympathique et je pensais bien m’entendre avec lui.

Le suivant, Earnar, l’elfe bleu, fut beaucoup plus expéditif, en demandant sans même daigner se présenter, la permission d’aller rejoindre les Agails au plus vite.

(Cette fois, c’est lui que maman aurait grondé)

Ce comportement sembla déranger quelque peu la reine qui haussa un sourcil avant de lui rétorquer qu’il devrait tout de même passer la nuit dans son palais avant de partir le lendemain pour Elivagar, cité des Aigails.

Vient le tour du sergent Cromax, qui d’un ton enchanté, la remercia de l’accueil qu’elle nous faisait, lui offrant lui aussi son aide absolu.

Le dernier, mais le plus illuminé fut Faëlis. Après s’être incliné exagérément, il décrivit la beauté de la reine comme étant le plus beau trésor du monde, oubliant du coup de décliner son identité.

(Il en fait trop ! Trop, c’est comme pas assez !)


Malgré sa façon si particulière de s’exprimer, je ne pouvais m’empêcher de trouver très sympathique cet elfe de lumière. Partageant, vraisemblablement mon opinion, c’est en riant qu’elle lui fit remarquer aimablement son sens de l’exagération.

Le moment que j’attendais avec impatience arriva enfin : la reine nous invita à l’intérieur afin de nous emmener vers les représentants de chaque cité.

Mon premier obstacle fut les marches de l’escalier. Dans mon empressement de descendre au sol afin de saluer la reine, je n’avais pas pensé aux marches que je devrais par la suite escalader. Je les examinai un petit moment, puis je souris. J’avais affronté bien pire que ces petits obstacles qui ne m’arrivaient qu’à la taille. Et quelle aide je pouvais leur apporter, si je n’étais pas capable de gravir la moindre marche sans me faire porter ? Un petit peu d’exercice ne me ferait pas de mal ! Tout de même prudente, je me déplaçai un peu plus vers la gauche, loin des bottes et des souliers et tout en arborant mon sourire de lutine, j’escaladai une à une les marches du palais. Si j’avais été la première à me nommer, c’est la toute dernière que je franchis les longs corridors de pierres blanches. Silencieuse, et reprenant mon souffle, je regardai tout autour de moi, laissant mes yeux vaquer d’une statue à l’autre, alors que mes oreilles percevaient par bride les différentes conversations, plus particulièrement celle du général résumant à sa reine les informations qu’il nous avait dévoilées.

Nous arrivâmes enfin dans une grande salle dont le plafond semblait inaccessible tellement il était haut. De belles tapisseries finement travaillées ornaient les murs blancs, les ponctuant de leur touche de bleu, de rouge, d’or et d’argent. Comme ameublement, on n’y retrouvait que deux grandes tables. La première, remplie de victuailles les plus diverses et tout aussi alléchante les unes que les autres, était placée contre un mur. La seconde, aussi grande, occupait une position centrale et ne supportait qu’un seul objet, la carte d’Elysian.

Et puis, il y avait ces gens, ces représentants des cités d’Elysian du moins les élémentaires, puisque les sans-magies ne semblaient ni concernées, ni se mêler à nos hôtes.

Alors que la reine s’apprêtait à faire les présentations, je me dirigeai prestement vers la table centrale et sans perdre une seconde, à défaut des mains collantes, j’utilisai mes ongles durs afin d’agripper une patte de table et de l’escalader.

J’étais au trois quarts de mon ascension lorsque j’entendis notre hôtesse désigner Malakbêl, le représentant des Ekhii. Augmentant mon rythme, j’arrivai tout en haut et parvins à me hisser sur la table au moment où elle nous présenta une autre Ekhii, une dénommée Marikani d’Erta’Ale. À présent debout sur la table, tout juste à côté d’une grande carte d’Elysian, je tournai la tête vers la direction pointée par la reine.

Involontairement, je reculai d’un pas lorsque j’aperçus l’homme de grande stature à la peau rougeoyante dont le front était orné de deux courtes cornes blanches. Je ne puis dire ce qui m’intimidait tant chez lui, ses cheveux noirs en batailles ? Sa barbe hirsute ? Ses yeux rouges au regard sarcastique ? Ou tout l’ensemble de sa personne ? Bref, je le quittai rapidement des yeux pour m’attarder sur sa compagne. Sa peau noire marbrée de rouge me faisait penser aux morceaux de charbons de bois encore chaud qui rougissait lorsque l’on soufflait dessus afin de rallumer un feu éteint. Tout comme son compagnon, son front était muni de cornes. À la différence que les siennes beaucoup plus longues, courbaient vers l’arrière au-dessus de sa longue chevelure d’ébène. Son manque d’expression m’intimidant tout autant, je me tournai vers la prochaine qui nous fut présentée : Yuralria, Ambassadrice venue de Niyx, membre des Ishtars. Mes traits se détendirent à sa vue et j’observai cette frêle créature contrastant avec les deux précédents. Revêtue d’une longue cape dissimulant son corps entier, je pus voir sous sa capuche un visage très pâle entouré d’une chevelure grise argentée et rehaussée légèrement par des yeux ambrés. Et enfin, le dernier à nous être présenté, le représentant des golems : Birhûvaya. Alors que je m’attendais à voir un colosse taillé dans le roc, aussi gros qu’un menhir, je fus surprise de constater que le dénommé Birhûvaya était une petite créature faite de bois. Plusieurs fois ma taille, mais plus petit qu’un nain, son dos était aussi courbé qu’un très très vieux lutin. Malgré une timidité évidente, il fit un pas dans notre direction faisant bouger les branchages qui lui servaient de cheveux. Il nous observa de ses yeux orange globuleux et il nous sourit. Je poussai un sourire de soulagement, il semblait fort sympathique et il ne me serait pas trop difficile de l’aborder.

Les présentations terminées, Aaria’Weïla nous désigna la table pleine de victuailles, nous invitant à nous servir. Pour ma part, je demeurai sur mon perchoir, étant trop nerveuse pour avaler quoique ce soit pour le moment.

J’observais Birhûvaya, cherchant son regard afin de lui faire signe de me rejoindre, lorsque Kalas s’approcha de moi, m’exprimant son enthousiasme d’avoir fait de nouvelles rencontres.

Je lui souris poliment avant de répondre :

« Oui, ce Birhûvaya me semble très sympathique ! »

Mais je ne pus en dire plus, car le jeune homme était déjà parti se ravitailler à la table près du mur.

Pour ma part, je restai debout sur la table centrale, près de la carte, attendant que l’une des élémentaires s’approche suffisamment de moi pour que je puisse entamer une conversation.

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Dernière édition par Guasina le Jeu 2 Juil 2015 04:00, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mer 1 Juil 2015 12:17 
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Et quelle n’est pas ma déconvenante surprise, alors que le blanc de nos troupes se perd encore en libidineuses bassesses orales, sans parler ici de vit ou de con puisqu’il ne fait – une fois de plus – que suce…susurrer des mots mielleux à l’encontre de la Dame notre hôtesse, lorsque je pénètre de mon corps entier exposé, sous ses habits, heureusement, à la vue de tout un chacun, dans cette salle – propre, bien que salle – où nombre de créatures étranges nous attendent avec une impatience non feinte, yeux et regards braqués sur notre joyeuse entrée comme autant de dards pointés vers un ennemi centenaire. Non pas qu’il fut vieux lui-même, mais on le dit aussi d’une antique rancœur qui animerait deux peuples, et non deux êtres, encore que je ne fais ici que m’enfoncer dans les dérives d’un hors-sujet flagrant. Ces regards, donc, prédominent dans un premier temps sur mon appréciation globale et assurée de l’architecture interne de ce palais du vent. Architecture absolument semblable, en plus grand, en plus beau, en plus fin, que le reste de la cité des sylphes. Et sur la nacre blanche des murs de pierre, les mêmes étoffes colorées enjouant l’assemblée, tels les fanions des tours et des fenêtres du bourg traversé de part en part depuis les remparts.

Mais alors que les pas m’animent aux suites de la Reine, le souvenir d’une voix fluidique et souriante, celle d’Ixtli l’humide, sans que ce qualificatif ait quelque autre rapport que l’élément, aqueux, qu’elle représente ici, se marque en moi comme l’empreinte d’un cours d’eau laissant un sillon millénaire dans une roche pure. Si elle n’a guère choisi son poste ici, au moins a-t-elle choisi d’y perdurer. Pourquoi ? Quelles raisons l’auraient amenée à quitter les siens, et tout ce qu’elle connaissait, pour venir vivre ici en lieu et place ? Un amour impossible, une faute impardonnable, un désintérêt adolescent pour ses racines, ou un intérêt contemplatif pour l’inconnu ? Nul ne permet de l’affirmer, ni moi de lui demander, puisqu’aussitôt, elle me renvoie une question sur mes origines, à laquelle, embarqué dans le mouvement de notre groupe entrant dans le palais, je ne peux répondre de suite.

Je persiste et signe, néanmoins, alors que la gracieuse souveraine commente personnellement chacune des présentations de mes pairs, rendant le vous au vous, et le tu à la familiarité. Ainsi l’entends-je renvoyer l’asservissement de Maître Baratume dans ses propres plumes, marquant un point de sympathie dans le labyrinthe de mon esprit libertaire, et freiner les ardeurs impatientes et insouciantes de notre Earion national en reléguant ses projets personnels au lendemain, personne n’ayant, sans doute, ici l’envie de l’escorter hors des murs de la cité une fois la nuit tombée. Mais, comme je l’ai dit, je n’abandonne pas là ces préliminaires de conversation avec la belle ondine, que je rattrape de quelques enjambées lestes et inconsciemment vaporeuses pour répondre à son interrogation en la secondant d’une mienne propre.

« Je ne parle de la beauté d’un lieu que parce que j’en ai vu de nombreux, d’une tour ténébreuse au fin fond d’un monde-océan aux villes souterraines creusées dans la roche d’un désert de sable froid recouvrant l’intégralité d’une planète. Ainsi n’ai-je aucune origine, sinon toutes. Je ne m’attache que peu aux lieux, et plutôt aux personnes, vaquant de forêts en monts solitaires, de villes blanches, noires ou grises en landes dévastées par la guerre, de hameaux nécessiteux en palais fastueux. Mais jamais l’émoi ne m’a tant frappé devant l’apparition d’une cité, sinon celle où nous nous trouvons. Mais vous, qui sublimez cet émoi en le renforçant de votre être, quelles raisons vous ont poussées à rester ici plutôt que parmi les vôtres ? »

Voilà qui augure un bon début de présentation, je gage. Mais ma propre réponse de la souveraine reprend temporairement mon attention, m’arrachant un sourire amusé lorsqu’elle perce à jour les flatteries éhontées d’un Faëlis flagorneur.

Si bien entouré, donc, et pour revenir à l’origine de mes propos, nous entrons dans cette vaste salle à la statuaire noble et épurée, haute de plafond et ornée de tapisseries fines et colorées. Les êtres présents ici n’avaient d’équivalents dans ma mémoire pourtant accoutumée à la pluralité des espèces et des formes de vie différentes. Ainsi, la majestueuse Aaria-Weïla, légèreté incarnée, présente tour à tour ces entités aux formes exotiques si peu conventionnelles. Elle commence par citer l’un des seuls hommes de l’assemblée, dérogeant à la galanterie la plus élémentaire. Et quel homme ! Grand, rouge et cornu, le dénommé Malakbêl d’Erta’Ale a tout d’un démon des enfers Phaïtosiens. Une chevelure sombre, des sourcils épais et aussi noirs que le charbon, rehaussant un regard de sang qui eut été patibulaire s’il n’était pas sciemment teinté d’un sourire intérieur. Il semble peu commode, au même titre qu’Ixtli n’a rien d’un guéridon. Sans doute la hâte de sa présentation trouve son origine dans la crainte d’Aaria, puisse-t-elle me pardonner de trancher ainsi dans son nom complet, de voir s’enflammer cet Ekhii tout feu tout flamme. C’est qu’ils seraient caractériels, ces bêtes-là, que ça ne m’étonnerait qu’à moitié.

Appuyée sur son semblable, une créature qui n’est pas sans me rappeler de loin Lysis dans sa constitution même est alors présentée par la Reine.

(Je t’en prie, ne compare pas mon orange chaleureux à ce noir ténébreux !)

Elle n’en a pas moins des dessins flamboyants et sa peau, sans doute étreinte d’une chaleur supérieure à la norme des espèces classiques, semble être de la même composition que celle de ma susceptible faera.

(Même pas !)

La comparaison s’arrête là, cependant, car la sulfureuse Marikani arbore sur le haut du crâne, au milieu d’une chevelure de jais, une impressionnante paire de cornes courbes. Elle ne semble pas avoir froid aux yeux, en tout cas, la bougresse. Ni ailleurs, d’ailleurs, si l’on en croit la légèreté de ses affublements légers et provocateurs, tant dans leur couleur passionnée que dans leur légèreté offrant à la vue épaules et décolleté à peine rayés de fines bretelles si aisément arrachées. Mais là encore, mon analyse de la situation n’a rien à voir avec une quelconque envie de ma part d’acter tout ceci là, tout de suite, à l’instant, sans considération pour le public hébété ou pour les normes sociales et la politesse primaire. Non, non, et non. Je suis homme à savoir tenir et retenir mes ardeurs, surtout sexuelles.

(C’est cela, oui…)

Preuve en est, pourtant : je n’ai jamais été accusé de fornications publiques si le public lui-même n’était pas en train de forniquer. C’est dire ! Même si pour le coup, ça ne me dérangerait pas de l’être. La crainte d’une tension diplomatique, cependant, m’accable, et l’idée que cette proximité entre les deux Ekhi soit plus qu’une façade de confiance effrontée me ronge. Les cornes ont beau bien lui aller, je m’en voudrais de parer son front d’une nouvelle paire, de peur qu’il n’ait plus de place où les y mettre.

Mais toutes ces considérations me font presque manquer la suite des présentations, lorsque la Vertueuse Sylphe indique Yuralria de Niyx comme l’ambassadrice des Ishtars, ces êtres à la fois de lumière et d’ombre, si l’on en croit les informations distillées par le brave Jillian, s’effaçant soudain de mon esprit devant tant de plaisantes nouvelles rencontres. La dame, ou demoiselle au vu de son jeune âge apparent, semble plus de lumière que d’ombre, fut-elle tentée de cacher ses traits immaculés et lumineux sous une capuche aux teintes terreuses, enveloppant tout son corps. Chétive, presque fragile, on pourrait presque lui confier un lien de famille avec Ixtli, rapport à l’ambre qui perle ses yeux doux et sa mine juvénile. Une cascade de cheveux d’argent cerne ces traits paisibles marqués de dessins bleutés, sans doute symboliques pour les siens.

Tel un papillon de lumière sous les projecteurs, Faëlis le luminescent se saisit à pleines mains de l’opportunité que lui offre cette nouvelle rencontre pour s’engouffrer en elle tête la première. Dans l’opportunité, bien sûr, non dans la pauvre Yuralria qui se voit soudain accablée de compliments visqueux cités sous le signe de l’auto-flagellation. À bien écouter ses propres mots, il serait presque notable qu’il la compare directement à un objet, qu’il souhaite visiblement ardemment posséder. Une merveille à conquérir. N’eut-été leur peau blanche, je doute que les hinions aient jamais été particulièrement liés à la lumière, et je crains que ses intérêts anthropologiques ne soient qu’une manière pour lui de conquérir les monts secrets et villes enfouies de son corps… diplomatique. Mais comment lui en vouloir, après tout ? Quel mâle, devant tant de beauté, pourrait retenir sa ver…ve de bondir, s’il n’est ni ascète religieux, ni asexué chronique.

Le dernier personnage qui nous est présenté déroge, cette fois, à l’unicité charmeuse des êtres présents ici. Petit, tordu, fait de bois noueux, il tente presque de se soustraire à notre regard. Birhûvaya de Barkane, golem végétal aux yeux d’ambre, lui aussi. Deux globes orangés vides, au-dessus d’une bouche tordue d’un rictus gêné quoique souriant. Il fait la taille d’un gobelin, et a les doigts et nez crochus, le dos courbe et parsemé de branchettes sans doute peu commodes pour se tenir droit. Et pour le coup, la comparaison mobilière peut se faire, ne fut-ce qu’à cause du matériel dans lequel il est constitué.

Une fois tout ce peuple présenté, ceux et celle qui m’accompagnent trouvent l’intérêt d’aller se présenter à l’élémentaire auquel leur pouvoir est associé, les regards de Kalas et de la lutine convergeant vers le golem, les yeux affamés de Faëlis le précieux sur la peau lumineuse de l’Ishtar. Seul Earnar Corail se démarque, et tout d’eau qu’il est préfère le feu aux écailles d’Ixtli (ce qui n’est par ailleurs pas sans me déplaire) pour finalement se présenter à voix haute à l’assemblée, tenant d’un discours diplomatique correct et de circonstance. Je l’applaudis mentalement des deux mains synaptiques, et me tourne quant à moi vers le buffet présenté par la belle Aaria’Weïla. Une variété impressionnante de nourritures connues ou inconnues est étalée là pour notre bon plaisir. Je n’ai plus rien mangé depuis le matin-même, alors que j’ai quitté Ard’Essith. Voguer sur trois mondes différents en une seule journée, il n’y a pas à dire, ça creuse ! Aussi, je me laisse tenter par les mets proposés, mon ventre avide de se voir rempli de quelque substance nourrissante. Aussi, invité par la Reine en personne, je m’empare de quelques baies de couleurs variées, que je dispose sur un tranchoir de pain blanc aéré, que j’accompagne de ce qui semble être un onctueux fromage blanc. Me tournant vers les boissons, je me sers ce qui semble être un alcool local, dont la consistance approche celle des nuages, liquide et brumeux à la fois, d’un blanc opalescent semblant se mouvoir dans la transparence de mon verre longiligne. Une fois muni de ces denrées, et avant d’y avoir plongé main et langue, je m’adresse à l’assemblée de ceux qui ignorent encore mon nom.

« Je suis Cromax, Sindel de mon état, et libre de mes éclats. »

Éclats ? Ébats ? Une nuance fine qui ne sonne que comme une précision inutile à mes yeux. Je poursuis, en écho aux paroles d’Aaria.

« Alors discutons, car il n’est de plus hétéroclite assemblée que celle-ci. Le sire Averosa nous a informés des perturbations magiques dont vous faites tous les frais. Mais qu’attendez-vous de nous, vous qui nous avez faits venir de si loin pour vous épauler dans ce moment de besoin ? »

Une question large, générale, à laquelle je tiens trouver réponse.

« Mais avant toute chose, je lève mon verre aux liens que nous forgerons sans aucun doute prochainement. Qu’ils soient purs et sincères. Francs et chaleureux. »

À ce dernier mot, mon regard tombe, une fois de plus, sur la délicieuse Ixtli. Un chasseur guettant sa proie, même si je suis davantage victime de son charme que carnassier voulant la dévorer.

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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mer 1 Juil 2015 18:52 
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La reine d'Ilmatar m'écoute sans que son sourire mystérieux ne vacille d'un brin et en soutenant mon regard sans fléchir, ce dont peu d'êtres sont capables d'après mes souvenirs morcelés. Loin de paraître importunée par mon tutoiement, elle use de la même formule pour me répondre, souhaitant que je trouve ce que je suis venu chercher ici, puis rajoutant avec espièglerie espérer que les deux lunes d'Elysian ne me troubleront pas. Je lui réponds sans y réfléchir d'un franc sourire, clairement amusé, et de quelques mots prononcés sur le ton de la plaisanterie:

"J'ai déjà trouvé bien plus que je ne l'espérais, Dame. Quant à un éventuel trouble...qui sait?"

D'une certaine manière, cette Reine me rappelle Maerhin de par sa grande force de caractère, bien que selon les apparences Aaria’Weïla soit moins glaciale et distante que la dirigeante en second des forces armées de Raynna. Un éclair fuse en mon esprit, fracassant un pan d'obscurité d'où jaillit un flux de souvenirs troublants.

Une longue traque, dans les sables brûlants, d'un groupe de Shaakts qui a mené un raid sur Nessima, et a commis l'erreur de se rapprocher un peu trop de Raynna dans sa retraite. Nous lui tombons dessus comme une tornade, à l'improviste, le combat s'engage, rude mais inégal car si les elfes noirs sont acculés, ils sont aussi épuisés de leur longue course et en sous-nombre. Nous perdons quelques soldats, pourtant, nos adversaires se battent avec l'énergie que confère le désespoir et la proximité inéluctable de la mort. Maehrin prend un mauvais coup de poignard dans le dos, elle tombe à genoux aux pieds de son bourreau qui hurle sa haine en s'apprêtant à l'égorger. Je suis assez près d'eux, et délaissant mon propre adversaire, je lance l'un de mes battoirs à toute volée, ma main ouverte percute avec violence l'oreille du Shaakt, le tuant sur le coup. Une douleur à l'épaule, mon opposant en a profité pour me larder de son cimeterre, le maudit! Je pivote vivement sur mon pied d'appui en basculant mon buste, lançant mon deuxième pied dans une courbe dévastatrice qui vient s'achever brutalement dans l'entrejambe de mon ennemi. Il se plie en deux sous l'atroce douleur, juste à temps pour s'empaler la gorge sur ma dague venue prolonger mon attaque. Il meurt, et je revois avec une acuité dérangeante la mousse sanglante qui vient souiller ses lèvres alors qu'il tombe. Je ne lui prête pas davantage attention, me positionnant de manière à couvrir Maerhin, mais le combat s'achève déjà et je me penche sur elle, examinant froidement sa blessure. Elle n'est pas mortelle dans l'immédiat, mais nécessite tout de même des soins urgents. Je m'apprête à lui administrer des premiers soins sommaires lorsque l'un de nos compagnons gronde, alarmé: "Tempête de sable!"

Et merde. Toujours là quand il ne faut pas, celles-là. Pas le temps de râler cependant, la menace est réelle, létale, nous ne disposons que de quelques instants pour nous mettre à l'abri. Les tempêtes du Dragomélyn chevauchent les dunes plus vite que n'importe quel destrier, et déjà les premiers grains de sable volent, nous lacérant le visage de leurs arêtes acérées. Je soulève Maehrin avec toutes les précautions dont je suis capable alors que la troupe s'éparpille hâtivement en quête d'un abri, et je distingue le front de l'ouragan, opaque, d'un gris de plomb inquiétant. Je connais ce désert comme ma poche, ses humeurs, ses caprices, et ce que je vois m'apprend que nous allons déguster, salement, dans moins d'une minute. J'empile les corps de quelques shaakts pour former un maigre rempart, puis je déplie vivement nos couvertures et nous calfeutre dessous en les coinçant sous les cadavres. Juste à temps. Le vent hurle sa rage, malmenant notre précaire abri qui semble malgré tout devoir résister au moins quelques minutes. Rassuré sur ce point, je tourne à nouveau mon attention vers Maerhin, soudain inquiet de la voir inconsciente. Tant bien que mal, empêtré sous nos couvertures, je jugule l'hémorragie au moyen d'un bandage serré, puis fouille son sac en espérant qu'elle possède une fiole de soin. Ce qui est le cas, seulement il faut qu'elle soit consciente pour l'avaler. Il me faut de longues minutes pour la réveiller, puis lui faire boire le liquide salvateur, qui régénère aussitôt son corps. Elle me dévisage en silence, longuement, puis m'attire à elle et m'embrasse avec cette fougue exaltée mêlée de désir qui nait lorsque l'on a frôlé la mort de trop près. Nous faisons l'amour, sauvagement, toutes griffes et crocs dehors, jusqu'à ce que l'épuisement nous terrasse. Elle se blottit alors contre moi, à mon plus grand désarroi, et se livre à moi plus qu'elle ne l'a jamais fait avec quiconque à ma connaissance. Instants de grâce, fugitifs, comme un mirage dans les dunes. La tempête ne dure guère, et bientôt nous ressortons de notre abri ensablé, découvrant un paysage totalement nouveau, inconnu. Maerhin se tourne alors vers moi et me fixe durement, murmurant: "Il ne s'est rien passé entre nous, m'entends-tu?" Oui, j'entends, et j'approuve. Il n'y a pas de place pour les romances dans le quotidien des Fils du Dragomélyn. Jamais. Pourtant la Sindel rajoute avec plus de douceur: "Kerenn? Merci." Tout a été dit. Le mirage s'estompe, le cours des choses reprend sa marche inéluctable, pavée de sang et de morts en ce qui nous concerne.

(Hum. Glaciale et distante, hein? Apparemment pas toujours. Sous l'armure, une femme, sensible, forte et fragile à la fois, admirable en somme, tout comme...cette reine, il me semble. Mouais, les apparences...enfin, je verrai bien.)


Je n'ai jamais réfléchi, ni hésité à tuer, je crois. Ni romance ni pitié, la compassion, l'amour, la tendresse même sont des faiblesses mortelles à Raynna, seuls les plus durs survivent. Je suis comme une lame, forgé, puis trempé, encore et encore, dans l'ignominie, le sang et les pleurs, la violence omniprésente, meurtres, viols, vols, tortures et j'en passe. Est-il une dépravation que je n'aie vu de mes yeux, vécu? J'en doute. J'ai une certaine latitude pour mener cette nouvelle vie qui se présente à moi, mais je sais au fond de mon âme que je ne pourrais pas effacer les cicatrices inconscientes de ce sombre passé. Et pourtant, une question pour moi incroyablement perturbante me trotte dans la tête à cet instant précis, tandis que j'observe songeusement la magnifique reine des Sylphes: si je devais tuer encore, le ferais-je sans réfléchir, simplement parce que quelqu'un ose se dresser sur ma route? Je n'en suis pas vraiment certain. Seulement, si je ne suis plus un tueur glacial, que me reste-t'il? Que sais-je faire, à part cela? Le constat est alarmant: rien. Et dans ce cas...en quoi puis-je être utile à cette quête? Quelle est ma place dans ce groupe improbable, lancé comme ça sans préparation dans une aventure dont nous ne savons pas grand chose au final? Qu'importe, survivre, vivre même, voilà la seule nécessité présente.

Chassant de mes pensées ces questions existentielles auxquelles je ne pense pas pouvoir trouver réponse de sitôt, j'écoute un peu distraitement les présentations de mes compatriote. Kalas d'abord, sobre et modeste. Puis l'elfe-poiscaille, une nouvelle fois grossier, maladroit. Cromax ensuite, visiblement sensible au charme de la reine d'Ilmatar, qui affirme sa volonté de l'aider sans compromis. Je souris pour moi-même. Les légendes qui courent sur lui sont pour le moins ambiguës, le présentant tantôt comme un preux défenseur des opprimés, tantôt comme un cruel combattant prêt à tout. Quelle est la vérité? Je n'en sais fichtre rien. Sans doute un peu des deux, rares sont les êtres qui peuvent être classifiés selon la vision manichéenne du bien et du mal. Faëlis enfin, qui abreuve sans gêne la reine de ses poisseuses flagorneries. Mon sourire se mue en un rictus peu avenant, s'il n'est plus puceau, c'est certainement qu'il a allégé sa bourse de quelques yus dans une maison close. Ne se rend-il donc pas compte que son comportement est tout simplement visqueux? Non, sans doute que non, mais peu m'en chaut, il pourra toujours servir de bougie si nous venons à devoir arpenter quelques souterrains. La reine relève d'ailleurs la flatterie outrancière, avec bien plus de diplomatie que je n'en aurais été capable, ce qui n'est pas plus mal à la réflexion.

Nous nous dirigeons ensuite vers le coeur du palais, d'un blanc épuré à peine souligné ici et là de quelques fines ciselures, de tentures colorées, mais aussi de statues magnifiques que j'observe avec le plus grand intérêt, curieux de ce peuple et de ses arts pour moi bien peu communs. Je remarque du coin de l'oeil que l'elfe-poiscaille éduqué à la catapulte et le dernier arrivé se livrent à des messes basses, mais je n'y prête pas plus que ça attention, tout comme j'aperçois la petite lutine qui escalade bravement les marches de l'escalier, pour elle d'une taille tout à fait respectable. J'hésite brièvement à lui proposer mon aide, mais ignorant tout de cette race, je m'en abstiens, ne souhaitant pas la vexer en la supposant incapable de se débrouiller seule. Néanmoins je la surveille discrètement jusqu'à ce qu'elle soit arrivée en haut, prêt si nécessaire à intervenir pour lui faire franchir plus aisément cet obstacle. Cromax de son côté fait du gringue à l'Aigail, qui semble vraiment lui plaire. Par Meno, tous les mâles de ce groupe n'ont-ils donc que pensées lubriques à l'égard de la gent féminine? Enfin, au moins Cromax fait preuve de classe, contrairement à la loupiote qui ne parvient qu'à se rendre ridicule lorsque il s'adonne à cet art de la courtoisie qu'il ne maîtrise en rien.

Nous finissons par parvenir à une salle de grande taille, ornée de somptueuses tapisseries qui colorent joliment le lieu, meublée en tout et pour tout de deux tables, l'une supportant un véritable festin, et l'autre une grande carte d'Elysian. Ce sont pourtant les quelques êtres présents qui monopolisent l'attention générale, nous découvrons enfin ces autres fameux élémentaires! La reine nous les présente tour à tour, en commençant par une espèce de démon rougeoyant cornu qui nous observe d'un regard ouvertement sarcastique. Sur son épaule est appuyée une femelle plus cornue encore que son mâle, sa peau est noire, parcourue d'étranges flammes, et bien assez dévoilée pour constituer un attentat à la pudeur en bonne et dûe forme. Eh bien, avec Cromax et notre petite bougie, elle risque d'être servie...Quant à son cornu de charbon et de braises...je n'aime pas son regard, en d'autres temps je lui serais rentré dedans de front, quitte à lui déchausser quelques dents d'un coup de poing pour effacer cette moquerie que je lis dans ces yeux. En d'autres temps. Je me contente d'un regard polaire, soutenu d'un très vague hochement de tête, à l'attention de ces deux là.

La troisième personne que la reine nous présente me fait plisser les paupières alors que je peine à dissimuler mon incrédulité: elle pourrait aussi bien être une Sindel vu son apparence! Ombre et Lumière...quelque chose d'indistinct encore s'éveille en moi, mais j'ignore tout de ce dont il peut s'agir, y pressentant tout de même quelque phénomène d'importance. Je la salue d'une courbette, le visage aussi impassible que le sien. La reine a d'ailleurs à peine le temps de nous présenter le quatrième, bien plus étrange encore que tous les autres, que l'elfe de boudoir va lui administrer ses dégoulinantes fadaises outrancières, une fois de plus. Par Meno, est-il capable de se comporter autrement que comme un troll lubrique dans un harem dès qu'il aperçoit une donzelle?! Je salue la petite créature "végétale" qui semble fort intimidée par notre présence d'un hochement de tête appuyé d'un sourire calme, songeant que je n'imaginais vraiment pas ainsi un golem. Comme quoi il est risqué de se fier à nos connaissances Yuimeniennes sur Elysian, j'en prends une nouvelle fois bonne note. Aaria’Weïla nous a invités à nous servir dans le fastueux buffet qui trône sur la table sise dans l'un des bords de la pièce, ce que Cromax inaugure avec une aisance et un naturel que je ne peux m'empêcher d'admirer. La lutine, quant à elle, a escaladé la table où se trouve la carte, et se trouve de ce fait bien loin des mets et des boissons. Peut-être n'a-t'elle pas vu, de par sa taille, ce qui se trouvait sur les tables?

Je retourne brièvement mon attention vers l'Ishtar et Faëlis, m'adressant à la première avec un sourire franchement ironique:

"Si notre petite bougie vous importune, Dame Yuralria, demandez, je lui ferai un peu d'ombre."

Puis je m'approche de la table où se trouve la lutine en trois longues enjambées, lui disant à mi-voix tout en désignant d'un geste interrogateur la table des victuailles, où se presseront sans doute la plupart de nos compagnons:

"Dame Roquin, j'ignore tout de vos coutumes et ne voudrais vous offenser. Toutefois, n'hésitez pas à me quérir si je peux vous être d'une quelconque utilité pour atteindre plus aisément certains endroits."

Ceci dit, je m'écarte un peu tout en lui laissant la possibilité de demander mon aide discrètement et facilement si besoin, écoutant mes improbables compagnons se présenter à la suite du discours de la reine. Kalas se présente une nouvelle fois avec simplicité, puis c'est l'Earion qui se confond en excuses puis saute une nouvelle fois à pieds joints dans le plat en parlant commerce, voire liens plus étroits entre son peuple et ceux présents. Par les dieux, celui-là vaut bien son appellation de poiscaille, créatures idiotes par excellence, a-t'il déjà oublié que nous sommes mandés par Tulorim, qui souhaite précisément protéger son commerce avec ce monde? Espère-t'il faire passer des marchandises en douce dans le bâtiment même de la milice de nos commanditaires?! Hum, après tout il a bien été fichu de vouloir crocheter une porte sous les yeux de Cromax, sergent de cette milice, alors tout est possible avec cette sardine écervelée! J'en frémis, en voilà un qui est bien capable de nous poser problème avant longtemps, du moins s'il ne se trouve pas un Elysiannais pour le soulager de l'existence avant que nous n'y soyons contraints.

Par chance, Cromax prend rapidement le relais en posant les questions primordiales puis en proposant un toast aux liens que nous ne manquerons pas de forger, dont il précise d'ailleurs la nature qu'il leur souhaite.

Je garde le silence pour ma part, préférant dans un premier temps rester un peu en retrait, écouter et observer, plutôt que de me pendre aux basques d'un de ces êtres dont j'ignore tout. S'il en est un, ou une, qui souhaite me parler, ma foi qu'il ou elle approche. J'ai certainement beaucoup de défauts, mais nul ne s'est jamais avisé de me dire que je passais inaperçu.

_________________
Kerenn


Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?

Zenrin Kushu


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