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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Lun 6 Juil 2015 23:47 
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Ilmatar – Les jardins

Pour Kerenn

    A la mention de Cromax, Yuralria baisse les yeux, pensive.

    - J’ignorai le sieur Cromax si important pour les vôtres. Il est vrai qu’il semblait pourvu d’une certaine expérience et qu’il dégage une prestance certaine. Au vu de vos paroles, je suis heureuse qu’il ait décidé de se joindre à nous. Mais je demeure heureuse que chacun d’entre vous ait franchi ce fluide.

    Au compliment déguisé, elle baisse les yeux, dans ce qui se rapproche le plus d’une marque de timidité. Elle écoute la suite de ses paroles sans prononcer le moindre mot ni marquer la moindre émotion. Finalement, elle acquiesce.

    - Je peux vous apprendre dans la mesure de mon possible ce que sont les sentiments, bien que nous autres Ishtars ne soyons pas les êtres les plus spontanés au monde. J’aurais cru que les Sindeldi laissaient plus de temps au temps pour qu’il puisse se tisser. Mais… Je vous apprécie également. Je n’aurai pas cru qu’un être comme vous viendrait d’une contrée si étrangère.

    La suite de ses paroles lui arrache un nouveau sourire.

    - Je ne viens guère à Ilmatar, mes jours et mes nuits s’écoulent généralement à Niyx où j’effectue mes recherches sur Elysian, sur les objets que nous trouvons datant d’avant le Crépuscule des Dieux. C’est ainsi que nous en sommes venu à être en possession des pendants d’Uraj, nous sommes encore en train de les étudier, peut-être ouvreront-ils d’autres possibilités ! Pour mon tatouage… il m’a été offert par les esprits de l’ombre et de la lumière, il symbolise ma volonté d’apprendre et de connaître, et me donne certaines capacités.

    Elle semble s’être animée plus avant à la mention de ces choses qui font son quotidien.

    - Quant à nos coutumes, à mon peuple… Les réponses sont vastes, j’ignore par où commencer. Nous sommes un peuple versé dans les sciences et le savoir, et nous n’avons guère de contact avec les autres peuples, encore moins que les autres élémentaires. Auriez-vous des questions particulières ?


Ilmatar – Tour d’Abandon

Pour Cromax

    Ixtli éclate d’un petit rire argentin à la première question de Cromax.

    - Disons que cela reste encore à déterminer, lui répond-elle dans un sourire malicieux.

    Ses yeux se perdent en même temps que ceux de Cromax dans l’obscurité offerte par la nuit, et acquiesce à ses paroles. Mais à sa question, ses yeux se voilent légèrement et son sourire disparaît, son visage revêtant alors une indéniable mélancolie.

    - L’inquiétude pour mes semblables et pour ce monde m’étreint. Cependant les sylphes ne savent guère montrer leurs inquiétudes et j’ai appris auprès d’eux. La mélancolie… oui, je l’ai connue lorsque j’étais encore une jeune aigail arrachée au berceau de ses parents, et envoyée où elle ne connaissait personne, mais ces moments sont passés pour me forger un nouveau chez moi.

    Elle laisse Cromax se saisir de ses mains. Sa peau est très douce, les écailles se devinant à peine sous les doigts et sa peau lisse laisse une légère impression d’humidité, dépourvue cependant de moiteur et illusoire, car la main n’est pas mouillée. Elle lui répond en plongeant ses yeux dans les siens, la gravité inscrite sur son visage.

    - Vos paroles sont bien étranges, pour vous qui ne connaissez ce monde que depuis quelques heures, mais je vous suis grée de vos paroles et de votre détermination, j’espère que vous parviendrez à bout de ce drainage. Car sinon… elle secoue la tête légèrement, avant de poursuivre. Je puis vous promettre ma présence et mon entier soutien autant qu’il est en mon pouvoir, cependant je crains que vous n’alliez en des lieux où je ne pourrai me rendre. Mes pensées et mes espoirs vous accompagneront, si tant est qu’ils soient d’un quelconque secours. Et je répondrai à vos questions.

    Semblant anticiper les besoins de Cromax, ou peut-être en ressent-elle également le besoin, elle dégage doucement ses mains de celles du sergent, semblable à une brève caresse, avant de se diriger à l’intérieur afin de remplir deux verres d’alcool brumeux pour en tendre un de nouveau à Cromax. Son sourire, cependant, est revenu, bien qu'il soit légèrement moins vivace que précédemment.


Ilmatar – Salle du Conseil


Pour Pureté

    Aaria’Weïla acquiesça, pensive, et, consciente de la fatigue et de la faim potentielle de son hôte, elle se dirigea vers le buffet, invitant Pureté à la suivre.

    - Oubliez donc ce Ma Dame, et gardez-le pour les cours humaines. Je n’ai pas besoin que l’on me rappelle qui je suis à toutes les phrases.

    La brusquerie de sa phrase contraste avec le doux sourire qui orne ses lèvres et teinte sa voix.

    - Mangez, buvez, sustentez-vous, je vous en prie, mes explications risquent d’être longues.

    Comme pour mettre son hôte plus à l’aise, elle se serre un verre d’alcool brumeux, presque aérien et en propose à Pureté.

    - J’aurais espéré que Telam ne vous envoie pas ainsi sur Elysian sans préparation… Enfin, c’est fait, j’espère simplement que vous ne reviendrez pas sur votre décision. Mais je vais en effet tout reprendre depuis le début.

    « Il y a quelques mois, nous autres élémentaires, les Sylphes appartenant au vent, les Ekhii appartenant au feu, les Ishtars à l’ombre et à la lumière, les Aigails à l’eau ainsi que les Golems, représentants de la terre, nous sommes rendus compte que les fluides qui nous constituent et qui constituent ce monde étaient drainés. Cependant nous ignorons à cause de qui, quant au quoi, il s’agirait probablement d’un artefact datant du Crépuscule de Dieux, une période qui provoqua la mort de tous les dieux Elysians Ce drainage emporte ainsi avec une notre maîtrise et une partie de notre essence. Nous craignons qu’à terme, nous ne puissions plus protéger ces terres de ravages qu’un tel drainage entraînerait, comme ce fut le cas 1800 ans plus tôt lors du Crépuscule des Dieux. A ceci s’ajoute des considérations plus personnelles, car il est possible que notre être, à nous, élémentaires constitués de fluides, s’en trouve lui aussi drainé jusqu’à ce que nous n’existions plus.

    «Nous souhaiterions que vous vous rendiez dans les cités d’Elysian afin de découvrir qui est à l’origine de ce drainage, et ainsi l’arrêter. A la clef, vous aurez argent, reconnaissance, honneur, ou que sais-je encore que vous souhaiteriez et qui soit en notre pouvoir. Comme vous pouvez le constater, les élémentaires ne sont guère des êtres discrets lorsqu’il s’agit de se fondre dans la masse, aussi nous ne pourrions obtenir aucune informations en nous rendant personnellement sur place.

    Elle esquissa un nouveau sourire, après la gravité qu’avaient pris ses traits en prononçant ses paroles.

    - Ce que vous vivez, le muutos ne pourra être retiré de votre nature si vous restez sur Elysian durant quelques temps, mais l’Esprit de l’Ombre vous en donnera la maîtrise et vous pourrez en user à volonté. Si vous souhaitez poursuivre cette aventure, le départ est prévu pour demain, vous vous rendrez à Niyx, la cité des Ishtars en compagnie de deux autres aventuriers qui présentent les mêmes attributions que vous l’un pour la lumière et l’autre… disons pour l’ombre. Les autres aventuriers se trouvent dispersés dans le palais, apprenant à connaître les différents ambassadeurs des quatre autres races élémentaires. L’un d’eux se trouve dans cette pièce, en compagnie de Marikani des Ekhii, dit-elle en indiquant la femme et l’earion. Un autre se trouve sur le balcon dans cette direction, ajouta-t-elle en indiquant une porte vitrée à côté de baies vitrées d’où il était possible de distinguer trois silhouettes adossées sur le parapet, l’une d’elles plus brillante que les autres, en compagnie de Malakbêl, l’ambassadeur Ekhi et de mon Général, Jillian Averosa, également frère de Telam. Quant aux autres, j’ignore où ils se trouvent.

    Elle fit une pause pour croquer dans un fruit étranger à Yuimen, une sorte de pomme plus petite qui ne semblait pas avoir de trognon.

    - Auriez-vous des questions ?


Ilmatar – Balcons


Pour Faëlis

    Malak éclate de rire à la première remarque de Faëlis, tandis que Jillian se renfrogne légèrement.

    - Ne vous fiez pas aux apparences concernant notre chère petite Ixtli, elle n’est pas dépourvue de ressources.

    Son éclat de rire s’intensifia à la seconde remarque de Faëlis, devenant un franc rire de gorge.

    - Sportif ? Oui, de haut niveau, dirai-je même ! Et de multiples sortes. Peut-être vous emmènerai-je chasser, si l’occasion se présente. Chassez-vous ?

    A la question sur sa propre histoire avec Aaria’Weïla, un sourire mélancolique teinta ses lèvres. Il s'accouda à son tour au parapet, les yeux perdus dans les ombres du jardin.

    - Non, je ne serai jamais appelé à être roi, pas que que je n'en ai l'envie ni la prétention. Non pas que les Sylphes me rejetteraient, non, ils ne s’attarderaient pas au fait que nous ne sommes pas de la même race, je leur ai suffisamment prouvé mon appartenance à leur peuple.

    Il fit une pause, et lorsqu’il reprit la parole, sa voix était teintée d’une certaine douleur et son regard s’était perdu dans l’obscurité du jardin.

    - Mon espérance de vie est bien plus courte que celle des élémentaires, cela n’aurait pas de sens d’avoir l’espoir d’un quelconque avenir.

    Pour une fois, Malakbêl ne trouva pas de remarque sarcastique à faire. Les deux hommes écoutèrent les raisons exposées de sa venue, et Jillian secoua la tête.

    - Ce n’est pas ici que vous serez stigmatisé pour les raisons de votre venue. Plus jeune, j’étais moi-même un peu comme vous, un sergent prometteur, avide de voir les regards portés sur moi. Puis je me suis retrouvé sans rien, me réveillant dans un monde dont j’ignorai tout. J’ai été obligé de me reconstruire, de me recréer une raison d’être et de vivre, et j’ai ainsi changé, devenant petit à petit l’homme que suis sous le regard des hautes tours d’Ilmatar. Alors je ne vous jetterai pas l’opprobre pour les raisons de votre venue, elles valent tout autant que les hommes venus pour l’argent, les honneurs. Nous ne nous attendions pas à voir surgir des parangons au grand cœur venant soutenir une cause dont ils ne connaissaient rien sans autre motivations. Ces motivations évoluent avec le temps, tout comme les personnes. Vos raisons sont ce qu’elles sont et l’important demeure le résultat final.


[Kerenn - xp : 2 (post)
Cromax - xp : 3 (post)
Faëlis - xp : 1 (post)
Pureté - xp : 1 (post) ; 1 (questions)]


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mar 7 Juil 2015 00:57 
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L'élémentaire semblait capable de modifier la structure de son corps, comme s'il agissait comme un vrai arbre. Ce pouvoir surprit Kalas quelques secondes, se posant des questions sur les capacités toujours plus surprenantes des êtres de ce monde.

(Transformer son dos en lit, c'est pas commun. Je me demande ce que je devras être capable de faire avec ces dons qu'Elysian m'a donné. Quelque chose de relatif à mon élément premier... La force d'une montagne ? La peau aussi dure que la pierre ? Transformer son corps en arbre ?...)

Le Shaman s'amusa quelques instants en imaginant la situation dans laquelle cela le mettrait et reprit rapidement son sérieux.

(Quoi qu'il en soit, il nous sera très profitable à Guasina et moi d'aller voir celui qui peut nous apprendre à les maîtriser.)

Durant le silencieux trajet menant jusqu'à la chambre de Guasina, Kalas observa le mystérieux pendentif que l'envoyée de Niyx leur avait confié. D'après ses dires, il permettait au groupe de revenir à un lieu déjà visité auparavant. Après de telles révélations, il en vint à se demander s'il ne fonctionnait que sur Elysian.

(Un tel pouvoir serait immensément pratique sur Yuimen. Je demanderais à la Reine s'il ne fonctionne qu'ici.)

Birhû attira l'attention du jeune homme en le regardant du plus haut que ses yeux lui permettait. Kalas vit dans ses yeux qu'il était peut-être petit de taille mais grand d'esprit. Il avait noté cette même lueur dans le regard de Guasina à son arrivée dans le groupe. Finalement, Birhû lâcha sa découverte qui fit l'effet d'un coup de massue au Shaman.

"Vous, vous êtes un loup."

Comment l'avait-il découvert ? Quel signe avait-il pu laisser ? De nombreuses questions du même genre se chamboulèrent dans sa tête, jusqu'à ce que la réponse ne se dévoile par elle-même.

(C'est un être magique. Il l'aurait forcement senti tôt ou tard.)

"Hem...Je...Effectivement, je suis un loup. Un Shaman du Loup, pour être plus précis. Comme je vous l'ai déjà dit, je m'appelle Kalas et Hurlenuit est mon nom de Meute."

Restant silencieux jusqu'à atteindre la chambre, le jeune homme se demanda si la découverte de Birhû avait été déplaisante ou au contraire intéressante. Finalement arrivé, Kalas prit le temps de discuter avec lui avant qu'ils n'entrent pour déposer Guasina dans son lit.

"Vous savez, Birhû, j'aimerais déjà que cela reste entre nous. Ce n'est pas quelque chose de forcement bien vu sur mon monde, alors restez discret. Même si les plus observateurs ont déjà du s'en douter..."

Le jeune homme reprit son souffle rapidement avant de continuer sur quelques questions.

"Par ailleurs, êtes-vous familier avec des Shamans ou des personnes similaires sur Elysian ? Je veux dire, je ne tiens pas à être une bête de foire une fois arrivé à Barkhane et me faire chasser de la ville à coups de pierres. Et même si je ne me suis pas transformé depuis plusieurs jours, je vous assure que le besoin de "libérer la bête" devient de plus en plus vital pour moi ! Vous m'êtes sympathique et je viens vous aider à sauver votre peuple. Mais saurez-vous me soutenir si ma nature animale engendre de mauvaises réactions de la part des vôtres ?"

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Multi d'Ellyan Crow, Boucher des Murènes et Allen, Guerrier de Wiehl.


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mar 7 Juil 2015 09:34 
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La reine se lève et se dirige vers le buffet ; je comprends que c'est pour m'inciter à manger tout en discutant, elle a dû sentir ma faim et ma fatigue.

«  Oubliez donc ce Ma Dame, et gardez-le pour les cours humaines. Je n’ai pas besoin que l’on me rappelle qui je suis à toutes les phrases. »

Je remercie Phaïtos que les volutes d'ombres qui parcourent mon corps cachent mon rougissement ; il semblerait que j'ai sous-estimé son humilité, et la sensation de grandeur que je sens émaner d'elle n'en est qu'amplifiée. Elle m'incite à manger pendant son discours, ce que je fais avec plaisir, calmant mon estomac sur le point de faire une scène peu discrète et tout à fait embarrassante. Elle me tend un verre d'un alcool brumeux, à l'image des habitants de cette cité. Je suppose que tout ici est plus ou moins en relation avec le vent.

« J’aurais espéré que Telam ne vous envoie pas ainsi sur Elysian sans préparation… Enfin, c’est fait, j’espère simplement que vous ne reviendrez pas sur votre décision. Mais je vais en effet tout reprendre depuis le début. »

Je secoue la tête de gauche à droite : je ne suis pas une fuyarde, et je ne comprendrais pas bien le but de mon voyage si je me débinais face au danger.

« Il y a quelques mois, » continue-t-elle, « nous autres élémentaires, les Sylphes appartenant au vent, les Ekhii appartenant au feu, les Ishtars à l’ombre et à la lumière, les Aigails à l’eau ainsi que les Golems, représentants de la terre, nous sommes rendus compte que les fluides qui nous constituent et qui constituent ce monde étaient drainés. Cependant nous ignorons à cause de qui, quant au quoi, il s’agirait probablement d’un artefact datant du Crépuscule de Dieux, une période qui provoqua la mort de tous les dieux Elysians Ce drainage emporte ainsi avec une notre maîtrise et une partie de notre essence. Nous craignons qu’à terme, nous ne puissions plus protéger ces terres de ravages qu’un tel drainage entraînerait, comme ce fut le cas 1800 ans plus tôt lors du Crépuscule des Dieux. A ceci s’ajoute des considérations plus personnelles, car il est possible que notre être, à nous, élémentaires constitués de fluides, s’en trouve lui aussi drainé jusqu’à ce que nous n’existions plus.

Je hoche la tête en signe de compréhension : maintenant qu'elle le dit, le dénommé Telam a mentionné la disparition des fluides, même s'il n'a été que bref sur le sujet. Ces créatures semblent profondément liées aux fluides, bien plus que sur Yuimen, il me semble assez plausible que leur disparition les affecte profondément.

« Nous souhaiterions que vous vous rendiez dans les cités d’Elysian afin de découvrir qui est à l’origine de ce drainage, et ainsi l’arrêter. A la clef, vous aurez argent, reconnaissance, honneur, ou que sais-je encore que vous souhaiteriez et qui soit en notre pouvoir. Comme vous pouvez le constater, les élémentaires ne sont guère des êtres discrets lorsqu’il s’agit de se fondre dans la masse, aussi nous ne pourrions obtenir aucune informations en nous rendant personnellement sur place. »

Une mission diplomatique ? C'est peut être l'une des raisons pour lesquelles ils envoient des mercenaires plutôt que des miliciens : les soldats de Tulorim me semblent moyennement adaptés pour une mission cérébrale. Mince. Encore un préjugé. Je m'énerve mentalement contre moi-même avant de reporter mon attention vers Aaria'Weïla.

« Ce que vous vivez, le muutos ne pourra être retiré de votre nature si vous restez sur Elysian durant quelques temps, mais l’Esprit de l’Ombre vous en donnera la maîtrise et vous pourrez en user à volonté. Si vous souhaitez poursuivre cette aventure, le départ est prévu pour demain, vous vous rendrez à Niyx, la cité des Ishtars en compagnie de deux autres aventuriers qui présentent les mêmes attributions que vous l’un pour la lumière et l’autre… disons pour l’ombre. Les autres aventuriers se trouvent dispersés dans le palais, apprenant à connaître les différents ambassadeurs des quatre autres races élémentaires. L’un d’eux se trouve dans cette pièce, en compagnie de Marikani des Ekhii, » dit-elle en indiquant l'étrange créature noire et feu discutant avec l'earion. « Un autre se trouve sur le balcon dans cette direction, en compagnie de Malakbêl, l’ambassadeur Ekhi et de mon Général, Jillian Averosa, également frère de Telam. Quant aux autres, j’ignore où ils se trouvent. »

Son général ? Frère de Telam ? Je suppose que leurs accords avec Tulorim sont plus profonds que l'instructeur ne semblait vouloir le dire. A moins qu'il n'ai rien à voir avec la milice ? Je ne pourrais le blâmer d'avoir proposé ses services à Aaria'Weïla.

« Auriez-vous des questions ? » me demande-t-elle en guise de conclusion.

J'avale la nourriture que j'ai en bouche le plus rapidement possible, manquant de m'étouffer, avant de répondre.

« Bien sûr que je vais vous aider, » fais-je comme une évidence. Laisser des races entières s'éteindre amènerait un déséquilibre certain entre la vie et la mort. Je ne suis pas certain que Phaïtos ait la moindre influence ici, mais je ne pense pas qu'ils s'en réjouirait. Et puis... je n'ai pas vraiment envie de laisser mon interlocutrice disparaître. « Et pour la récompense... » j'hésite quelques secondes. « Nous en reparlerons plus tard si je prouve être d'une quelconque utilité, mais l'argent m'importe peu et je ne veux pas vraiment être connue. Mais je vous laisse choisir quelque chose d'approprié. Juste... choisissez, peu m'importe. Je ne suis pas certaine que vous puissiez me donner quoique ce soit de ce que je veux vraiment, de toute façon, alors une babiole suffira. »

Je réfléchis quelques instants à des questions que je pourrais avoir avant de poursuivre.

« Oui, j'ai des questions. Combien de temps pensez-vous que nous avons ? Est-ce qu'un type de fluide en particulier semble se détériorer plus rapidement qu'un autre ? A qui dois-je m'adresser à Niyx, et comment m'accueillera-t-on si je viens de votre part ? Est-ce que vous soupçonnez déjà quelqu'un, ou quelque chose ? Et puis... comment les dieux peuvent-ils être morts ? »

Je préfère poser toutes mes questions d'un seul coup, pour gagner du temps, mais surtout pour pouvoir finir mon repas en l'écoutant parler.

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Merci à Dame Itsvara pour la signature


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mar 7 Juil 2015 15:51 
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Peut-être ai-je jugé trop vite de la naïveté touchante de la jeune femme aquatique qui m’accompagne ce soir dans son intimité la plus privée, en haut de cette tour intrinsèquement si riche en émotions pour elle. Ses réactions, depuis notre rencontre spontanée et pleine d’excentricité incongrue et charmante, se sont faites plus calmes, plus retirées. Elle a laissé la place centrale qu’elle a occupée pendant une bonne moitié du trajet chez chaque membre du groupe aux autres élémentaires, sans doute ses aînés, qui peuplent le palais sylphe. Et de ses premiers éclats de rire, je me suis bientôt retrouvé le seul à me les rappeler avec vivacité, ou seul à les apprécier pour ce qu’ils ont été. Ce rire si caractéristique, si plein de joie et d’enthousiasme, elle me le ressort subitement, répondant à mon espièglerie par une provocation adorable qui ne manque pas de m’arracher un petit rire surpris accompagné d’un haussement de sourcils approbateur. Manger ou être mangé, voilà la question que je devrai finalement peut-être me poser… En toute sympathie, bien entendu, alors que mon regard prend une teinte gourmande en la reluquant.

Mais très vite, quand mes paroles changent de sujet, pour aborder un thème plus grave, ses yeux perdent de leur étincelle d’innocente joie, et son sourire jovial disparaît au profit, si tant est qu’on puisse là parler de profit, d’une mine soucieuse et mélancolique. Alors que ses mains glissent dans les miennes sans qu’elle les rétracte ou me refuse ce contact, ses mots sont soudain plus graves, plus profonds. Plus tristes. Elle me confirme avec tristesse être très affectée par les dangers qui menacent les siens. Elle affirme que son sourire n’est qu’une façade devant ce poids qui l’oppresse sans cesse. Et dans la vague nostalgique qui trône dans ses pensées, elle se remémore oralement, l’espace d’un instant, sa panique et sa tristesse lorsqu’elle fut enlevée de chez elle pour venir apprendre ici, où elle ne connaissait rien ni personne. Une épreuve dure pour un enfant trop jeune.

Et cela fait écho dans ma propre histoire, que je narre brièvement tout en maintenant ses mains dans les miennes, d’une voix douce et posée, plus nostalgique que je n’aurais cru, mais pas triste pour autant. Loin de là.

« Je n’ai jamais connu mes parents. Alors que je n’étais encore qu’un bébé, j’ai été enlevé à leur garde pour ne plus jamais les revoir. Un songe étrange forme la seule trace qui me reste d’eux. Lors d’une nuit d’orage, alors qu’un être musclé aux traits guerriers me charriait dans mon landau, à bord d’un Aynore, ces machines volantes que mes semblables construisent, de par mon monde. La tempête était forte, et il semblait fuir quelque chose. Bousculé par les éléments, dans la forêt d’une cité nommée Tulorim, il me laissa choir involontairement et fuit… pour ne plus jamais revenir. Je fus alors recueilli par un elfe vert, habitant de la sylve qui m’a appris à me débrouiller seul, à chasser, me nourrir… A ne compter que sur moi. Ce n’est que bien plus tard, à la mort prématurée de mon mentor Taurion, que j’ai eu mes premiers contacts avec la civilisation, dans une cité humaine, Tulorim, que j’ai appris à aimer. Mais de cette période, je n’en retire que du bien, que de la force. Celle qui crée un être et le forme. Et je suis fier de ce que je suis devenu aujourd’hui, voyageur des mondes aux idéaux rêveurs, à apporter mon soutien à ceux qui en ont vraiment besoin. »

Je marque une courte pause. L’effet que ses paumes a sur les miennes me perturbe un peu. Elles sont douces. Plus douces que les peaux que j’ai déjà pu caresser. Comme si elles étaient sans cesse parcourues d’un fin filet d’eau, sans qu’elle ne soit humide pour autant. Etrangement, ça me rappelle la peau de Sidë, cette froide elfe bleue qui longuement s’est refusée à moi, avant de céder à mes avances dans le bassin enivrant créé de toutes pièces par l’élémentaire d’eau de Qastreziam. Et me revoilà ici, sur un tout autre monde, à repenser à ces caresses sous-marines. La sensation, mise à part l’humidité, est la même. Ma défunte amie, celle dont j’ai plusieurs fois volé les traits, morte pour me sauver, pour sauver Kendra Kâr et le monde de la dévastation d’Oaxaca. Et je m’en suis retiré tous les mérites, honteusement. Même si je n’y étais pas inconnu, je ne me suis pas sacrifié, moi, pour défendre ces hommes et femmes que je ne connais même pas. Bien de l’eau a coulé sous les ponts depuis cette période lointaine, et de nombreuses femmes sont passées sous mes mains. Mais… Ces paumes. Et c’est un sourire profond et nostalgique qui marque alors mes traits.

Ses yeux sont dans les miens, et son visage à elle est grave. Je poursuis cependant dans la lignée de mes propres paroles :

« Comme vous pouvez être fière de ce que vous êtes, Ixtli. Ambassadrice de vos semblables dans une cité que vous avez faite vôtre. Une jeune femme forte et enthousiaste. Cet entrain, croyez-moi, est communicatif. Et il sauvera sans doute ici bien plus de vies que les plus hauts faits d’armes. Ne fut-ce que parce que chacun des miens sera porté en votre nom. »

Elle annonce, un peu gravement, trouver étranges mes promesses pour ce monde, malgré ma méconnaissance de celui-ci. Elle avoue son espoir de nous voir réussir notre mission ici, et tait les conséquences d’un probable échec d’un mouvement de tête évocateur. Je préfère taire également la possible disparition des élémentaires et de tout ce qu’ils ont bâti ici. Nul doute que les humains d’Illyria et d’ailleurs laisseront dépérir ces villes leur rappelant de sombres souvenirs, et leur propre bêtise d’avoir stigmatisé dans le passé ceux qui les avaient aidés. Ce qui compte dans ses paroles, comme me le dicte mon éternel positivisme, est sa promesse d’être à nos côtés. A mon côté ? Le vouvoiement ne facilite pas la communication, pour l’heure. Il faudra bien vite le faire sauter, ainsi que le reste des conventions sociales rébarbatives que certains appellent imbécilement la politesse élémentaire. Comme si être proche des gens et sincères et francs avec eux se rapprochait d’un manque de respect. Encore une norme humaine, des dogmes kendrans de savoir-vivre, certainement.

Elle souligne l’impossibilité probable de nous accompagner dans certaines de nos destinations. Les villes humaines précitées, qui méprisent tant les élémentaires. Mais son soutien derrière moi me fera porter haut leurs couleurs. Même si elles sont dissimulées derrière la diplomatie et la politique.

Elle lâche doucement mes mains, faisant glisser les siennes dans mes paumes jusqu’à ce qu’elles ne se touchent plus, laissant toutefois cette agréable sensation de caresse sur mon épiderme avide, et glisse jusqu’à l’intérieur, répondant à mon besoin mental de satisfaire mes papilles de ce breuvage singulier qui m’a été servi à deux reprises déjà ce soir. La regardant faire, la suivant doucement, comme une ombre, sans faire le moindre bruit. Je prends le verre qu’elle me tend avec un sourire retrouvé, mais non sans les ombres de la tristesse qui l’ont assaillies plus tôt. J’en profite pour commenter :

« Je ne comptais pas vous emmener là où le danger serait trop grand pour vous, uniquement par le fait de votre présence. Je briserai les secrets d’Illyria et de ses voisines avec mes semblables, où nous serons acceptés. Mais je comptais sur votre présence en des lieux où vous êtes la bienvenue, comme ici, à Ilmatar. Restez demain avec moi, Ixtli. Ne partez pas pour Elivagar avec le sombre Earnar. Laissez ce plaisir à la demoiselle Ekhi, qui sembla avoir pour lui de bien nettes aspirations. »

Et puis, avec un sourire espiègle, je poursuis :

« Et puis… cela ne fera que renouer les liens diplomatiques entre vos peuples élémentaires. »

Mais soudain, je me rapproche, et d’un ton plus intime, passant sciemment au tutoiement familier plutôt qu’au lointain et impersonnel vouvoiement…

« Mais ne me fais pas l’affront d’un refus catégorique et direct. Laisse à ta réponse le temps de la réflexion. Le temps de cette soirée partagée. Car alors nous aurons le loisir d’œuvrer ensemble à la sauvegarde de ce monde. Mais pour l’heure, laissons-nous sur cette promesse et abandonnons-nous, puisque c’en est le lieu, à cette tour qui est tienne. »


Je lève mon verre vers le sien, la scrutant intensément dans les yeux.

« Au présent ! Et uniquement à lui… »

Ce n’est qu’un petit clin d’œil à mon précédent toast, incluant aussi l’avenir… Mais ici, maintenant, j’ai juste envie d’être avec elle, de ne pas me soucier du lendemain, qu’il soit triste ou heureux. Je n’ai pas envie de me projeter plus loin qu’à la seconde suivante, celle où le verre porté à ma bouche verse une gorgée de son contenu spiritueux délicat et aérien avant de redescendre doucement, frôlant à peine le dos de la main où l’ondine tient le sien. La seconde suivante, où je me rapproche d’elle lentement, laissant ma main libre remettre en place une de ses mèches volatiles et presque liquides et laisser subrepticement glisser deux doigts le long de sa pommette délicate, avant de glisser la paume complète, continuant d’avancer, dans le creux formé par sa gorge offerte et sa clavicule. La seconde suivante où les lèvres entrouvertes exhaleront un souffle un peu court, retenu, alors qu’elles s’approchent doucement de la bouche de l’aigail sans aller jusqu’au terme de leur parcours, laissant le fin mot à cette partenaire, à cette compagne, à cette jeune femme aigail au sourire si fervent, au regard si perturbant.

Car maintenant, n’importe que le présent.

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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mar 7 Juil 2015 18:26 
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Malak était de toute évidence un bon vivant... et un sportif, bien qu'il rechigne à trop en dire sur le sujet. Il se permit tout de même d'inviter Faëlis à une éventuelle future partie de chasse. Ce dernier eut un demi-sourire tandis que des souvenirs pénibles remontaient dans son esprit. Son épreuve de passage à l'âge adulte... Il n'avait jamais trop su s'il devait en être fier ou non. Au point qu'il avait préféré l'oublier. Ne plus y accorder une pensée malgré le fait que les événements soient encore si récents. Il se contenta donc de répondre :

« Jamais de chasse sportive, non. Mais j'ai déjà dû chasser pour me nourrir. Ce serait un honneur de chasser avec vous, réellement. Mais je crains que le temps ne manque. Peut-être une fois que cette affaire sera réglée ? »

Il fallait une bonne dose d'optimisme pour dire cela, et le tour que prenait la conversation faisait fondre celui du jeune elfe à la vitesse d'un iceberg sur une montagne de Meno. Au point que, surpris par le positivisme de l'ekhi, il ne put s'empêcher de demander :

« Je vous trouve incroyablement gai, alors que nous sommes peut-être à quelques mois de la destruction de ce monde. J'aimerais vous dire que je suis confiant et que j'admire votre joie de vivre, mais honnêtement, j'ai de la peine à réaliser... je veux dire... je ne connaissais pas ce monde ce matin, et il est déjà en voie de disparaître. Cela me paraît inconcevable. Mon esprit ne peut se résoudre à la pensée d'une telle énormité. Ce que vous vivez est tout simplement impensable. »

C'était peut-être ça, au fond ? Peut-être l'élémentaire ne pouvait-il pas réaliser quelque chose d'aussi effrayant. Et comment lui en vouloir ? Comment réagirait-il, lui, s'il apprenait que Yuimen s'éteindrait dans quelques mois ? Il ne savait pas. Il aimerait dire qu'il chercherait à profiter de la vie... mais maintenant, confronté en vrai à cette idée, il était incapable de réfléchir. L'esprit des mortels ne devait juste pas être assez vaste pour comprendre ça.

Pendant ce temps, Jillian était à peu près aussi débordant de joie de vivre. Il était aussi convaincu qu'il serait accepté comme roi... que convaincu par le fait que sa courte espérance de vie ne pouvait qu'empêcher cela. Apparemment, les élémentaires vivaient eux-même fort longtemps.

Une telle histoire ne pouvait que faire l'effet d'un coup de poignard dans le cœur de l'elfe. Il se recroquevilla un instant sur le parapet, avant de se redresser. Célimène. Célimène qu'il avait abandonnée. Il avait passé au plus 24 heures avec elle, et pendant ce temps, le monde avait semblé illuminé et digne d'un conte de fées. Maintenant il réalisait comme il n'avait su en profiter, mais aussi le fait qu'il ne pourrait jamais. Il l'avait toujours su au fond de lui, bien sûr. Mais...

Il écouta vaguement tandis que l'homme lui expliquait que personne ne le jugerait sur ses motivations, et que tout le monde avait commencé ainsi. Des paroles fort sages, auxquelles l'elfe répondit presque distraitement tant il était sous le choc :

« Vous avez raison, j'imagine... Peu importe ceux qui ont de mauvaises motivations... s'ils sauvent ce monde, c'est tout ce qui compte. Espérons juste que si l'un d'entre nous découvre ce drainage... il ne cherchera pas à l'utiliser à son propre bénéfice plutôt que de l'arrêter. Imaginez... toute la magie d'un monde... il y aurait de quoi devenir un dieu. Voilà qui pourrait faire tourner la tête de plus d'un. »

Puis, comme il s'y sentait obligé par la discussion qu'il avait lui-même malencontreusement amorcée, il ajouta :

« Je sais que ça ne vous avancera à rien mais... sachez que je comprends... pour Aaria et vous. J'ai connu cela, même si j'étais de l'autre côté de la barrière que vous. Vous faites preuve d'une grande sagesse. Plus grande que la mienne. »

Il avait vécu ce jour d'ivresse. Il avait laissé à penser, à lui comme à elle, qu'ils pourraient vivre ensemble... quelle folie...

Il ne regardait toujours pas les lunes. Ni le ciel. Les jardins étaient plongés dans l'ombre, et c'était là encore ce qu'il préférait. Ne rien voir. Une larme perla, et il aurait aimé penser à la beauté de cette petite goutte qui, disait-on, rendait le visage encore plus beau. Si c'était vrai, l'univers entier devait être proche de s'arrêter devant sa beauté actuelle... mais il s'en fichait. Car pour l'heure il ne voyait rien.

Et pas seulement à cause de l'obscurité.

_________________
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L'homme de toutes les femmes, la femme de tous les hommes
Lampadaire officiel de la quête 32

Le thème de Faëlis


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mar 7 Juil 2015 19:00 
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Je plisse légèrement les paupières, incertain du sens exact à donner aux paroles de Yuralria lorsque elle affirme être heureuse de la venue de chacun de nous. Le sens le plus évident est clairement l'espoir que nous parvenions à résoudre le problème qui menace leur existence, et sans aucun doute aurais-je considéré cela comme une explication se suffisant à elle-même si de manière tout à fait surprenante elle n'avait baissé les yeux en un geste évoquant une surprenante timidité. Je songe toutefois à mes propres réticences à demander de l'aide à qui que ce soit, voyant en cela une probable raison à cette manifestation émotionnelle étonnante de sa part. Mes paroles suivantes sont accueillies avec son impassibilité coutumière, mais la teneur de sa réponse fait accélérer les battements de mon coeur d'une manière tout à fait inhabituelle, et me pousse à revoir ma pensée quant à la raison de la timidité qu'elle a manifestée juste avant. Je la contemple, un peu perplexe en sentant ce qui naît en moi à son égard, et que je suis bien incapable de définir précisément. Sa timidité doit être contagieuse, parce que mes mots en sont empreints alors que je lui réponds:

"Mon peuple laisse le temps au temps, Yuralria, du moins ceux qui en ont le loisir. Mais quand la vie ne tient jamais qu'à un fil...chaque instant prend une valeur inestimable."

Je marque une pause, songeant à la raison qui nous a amenés ici, à cette menace qui pèse sur elle et sur tous les siens. Bien que mes traits s'assombrissent à cette pensée, c'est avec la plus grande douceur que j'ajoute:

"Vous savez de quoi je parle, j'en suis certain. Vous n'auriez pas fait appel à des inconnus d'un autre monde si vous n'étiez pas réduits à cette extrémité désespérée. Je vous admire, j'admire votre courage, vous gardez la tête droite dans cette épreuve terrible et c'est quelque chose que je respecte. Mais vous venez de m'apprendre quelque chose d'important, et les puissances savent à quel point il m'est difficile de l'admettre: parfois, le fardeau est trop lourd pour être porté seul. Je ne sais pas comment vous le dire, mais...je suis là, profitez-en. Je serai heureux de vous soutenir dans l'épreuve."

Yuralria s'anime ensuite tandis qu'elle se dévoile peu à peu, et pour la première fois je discerne en elle une bribe de passion, ce que j'observe avec une certaine émotion. Cela me redonne le sourire de découvrir cette nouvelle facette de l'impassible mais ô combien charmante Ishtar qui ne cesse de me surprendre. Ainsi elle serait une sorte d'historienne, étudiant les artefacts du passé comme ce pendentif qu'elle nous a remis. J'y porte instinctivement la main, puis les yeux, brièvement, Je m'étais imaginé qu'il avait été créé par les élémentaires, récemment, mais ses révélations m'apprennent qu'il n'en est rien. Je remarque, autant pour moi-même qu'à son attention:

"Peut-être que certains d'entre nous, familiers des divinités et de leurs pouvoirs, pourraient vous suggérer quelques pistes, à propos de ces artefacts."

Je songe que certains de ces objets conservés et étudiés par son peuple pourraient avoir une grande utilité pour notre quête, le pouvoir évoqué pour le pendentif d'Uraj est loin d'être négligeable, de quels autres prodiges sont capables ces objets dont elle parle? Une question que je me promets de creuser. Je remarque aussi qu'elle a soigneusement esquivé ma question sur la nature des Tisseurs, tout comme elle reste évasive sur les capacités que lui octroie son tatouage. Il y a peu, j'aurais insisté, exigé des réponses à mes questions pour la simple raison que puisque ils ont requis notre aide, plus nous en saurons mieux cela vaudra. Mais je n'ai aucune envie de la brusquer, plus sensible à ce qu'elle doit éprouver face à cette situation que je ne l'aurais imaginé possible.

Une idée me traverse soudain l'esprit, perturbante, alors qu'elle m'avoue ne pas très bien savoir par quoi commencer pour me parler de son peuple. Mais là encore, patience, le moment n'est pas adéquat pour aborder ma soudaine inquiétude. Je n'ai pas envie de parler des sombres événements qui les frappent, pas ce soir. Demain sera un autre jour, et les ténèbres sont moins profondes lorsque le soleil brille. Je préfère profiter de ces instants que nous vivons ensemble, de son sourire, de son enthousiasme à l'évocation de ses activités, enthousiasme dont je n'avais pas même imaginé qu'elle puisse le ressentir, de prime abord. Lorsque elle me demande si j'ai des questions particulières, je lui adresse un sourire amusé et imperceptiblement taquin:

"Il y a tant de questions que j'aurais envie de vous poser que nos vies, si longues soient-elles, n'y suffiraient sans doute pas!"

Impulsivement, je m'empare avec la plus grande délicatesse de sa main, celle qu'elle a si sagement ramenée contre elle après m'avoir frôlé, et je la presse entre les miennes, doucement, avant de la porter à mes lèvres pour déposer sur ses doigts un fugace baiser sans détacher mes prunelles des siennes. Un geste que j'ai vu faire quelques fois, mais auquel je ne me suis jamais livré, trouvant à l'époque que ce n'était là que protocolaires idioties galantes.

A l'époque. Quelques heures à peine. Si brèves. Si longues.

Est-ce déplacé? J'espère que non, elle n'a pas sembler s'offusquer de ma précédente caresse, mais je la connais si peu, comment savoir? Je ne lui demande pas de m'excuser cette fois, gardant sa main dans les miennes en prenant soin de lui laisser la liberté de la retirer à son gré. Je ne sais quels sentiments m'animent, je ne peux leur donner de nom, mais la calme présence de Yuralria, ses conseils, son acceptation de m'apprendre ce que sont les sentiments, les émotions, tout cela me permet au moins de les accepter et de les laisser s'exprimer. Je lui souris une nouvelle fois, sans avoir conscience que c'est à présent une tendresse trop longtemps refoulée qui brille de tous ses feux dans mes yeux.

"Je crains que celles qui me viennent en premier à l'esprit ne soient un peu trop personnelles, Yuralria. Pourtant, puisque vous avez accepté de m'enseigner sentiments et émotions malgré leur côté intime, je ne les retiendrai pas. Si certaines vous semblent discourtoises faites-le moi savoir, elles ne seront dues qu'à ma méconnaissance de vos usages."

Je laisse filer quelques secondes, puis prenant mon courage à deux mains je me risque:

"Avez-vous de la famille? Un époux? Parlez-moi de vous, de ce que vous avez vécu, de ce que vous aimez, ou n'aimez pas, de vos recherches si vous en avez envie. Parlez-moi de vos espoirs, de vos rêves, de vos sentiments, par exemple qu'éprouvez-vous en cet instant que nous partageons? En vous connaissant mieux, même juste un peu, je connaitrai mieux votre peuple, et ses coutumes. En même temps, je pourrais apprendre les mots pour définir ces ressentis nouveaux qui déjà se libèrent un peu en moi, je crois."

_________________
Kerenn


Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?

Zenrin Kushu


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mer 8 Juil 2015 00:20 
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Ilmatar – Les couloirs

Pour Kalas et Guasina


    Birhû semble un instant affolé que Kalas ait ce genre d’idées de Barkhane, craignant d’avoir contribué à les lui donner.

    - Non, non, à Barkhane vous ne serez pas malvenus, au contraire, c’est un pouvoir rare et respecté que vous avez là. Nous avons ouï dire que dans le passé, il y a eu des êtres tels que vous, mais plus de nos jours… Dans la cité, vous serez accueillis, et très bien même, autant par le Gardien que par les Golems qui résident là-bas, ne craignez pas leur réaction ! Demain, lorsque nous seront en route, vous pourrez vous transformer, sans que personne ne s’affole !

    Ils arrivèrent enfin à la chambre de Guasina, une chambre spacieuse, d’ordinaire réservée à des personnes de grandes tailles. Cependant, à côté du lit grand lit a été ménagé quelques marches pour permettre à une lutine d’y monter on d’en descendre sans mal. Il en va de même pour les quelques tables pleines de mets qui ont vu un petit chemin lutin se construire tout autour. Il semblerait que les Sylphes aient noté sa petite stature et aient tout fait pour qu’elle s’y sente à l’aise. Birhû demande à Kalas de l’aider à mettre la lutine dans le lit, avant de se tourner vers lui.

    - Il est possible qu’elle reste endormie encore quelques temps, auquel cas je la transporterai ainsi. Avez-vous des questions ou souhaitez-vous que je vous montre votre chambre ?


Ilmatar – Salle du Conseil


Pour Pureté


    - Nous ne savons pas combien de temps il nous reste. Quelques semaines ou mois, tout au plus, si cela ne s’accélère pas, bien sûr. Aucun fluide particulier ne semble se détériorer plus vite que les autres, ils semblent tous drainés à la même vitesse. Une Ishtar, Yuralria actuellement en discussion avec Kerenn, un autre aventurier, va vous mener à Niyx, elle vous dira en chemin tout ce que vous aurez besoin de savoir pour appréhender cette ville. On vous accueillera bien, où que vous alliez chez les élémentaires.

    Elle s’appuya contre la table, semblant rassembler ses idées pour répondre aux deux dernières questions de Pureté.

    - Les dieux peuvent mourir lorsqu’ils sont tués par les mains et les faits d’autres dieux. C’est ce qu’il advint lors du Crépuscule des Dieux, qui nous vit naître, nous, élémentaires, pour restituer l’équilibre perdu à la mort d’Ankh Onaka, dieu de la magie et Caeles, déesse de la terre d’Elysian. Nous avons pour vocation de maintenir l’équilibre des fluides et ainsi empêcher toute catastrophe naturelle. Ce sont celles-ci, qui, avant la création des élémentaires, sont venu à bout de races entières elysianes, à l’image des Sindeldi à qui appartenaient les ruines que vous avez vues en traversant le fluide.

    « Quant à nos soupçons, et bien… La situation politique est délicate. Les élémentaires n’ont de lien qu’avec une seule cité humaine, via les accords commerciaux qu’elle possède avec Ilmatar : Illyria. C’est, économiquement, la ville la plus puissante d’Elysian, car il s’agit d’un carrefour commercial de premier choix, mais elle est balayée par des troubles politiques, car le roi avec lequel les accords ont été conclus est mourant et refuse de nommer un successeur. Elle attise la convoitise des autres Cités-Etats. Quant à celles-ci, soit elles sont trop lointaines pour que nous fassions du commerce avec elles, soit elles voient nos fluides comme une menace, une inconnue sur laquelle ils n’ont aucune maîtrise et refusent de traiter avec nous, ou encore préfèrent rester en autarcie. Je vous propose qu’une fois le muutos maîtrisé, vous traitiez le cas d’Illyria en premier, il pourra peut-être vous ouvrir des portes vers les autres villes, car c’est la seule dans laquelle nous ayons les moyens de vous faire entrer avec un certain statut sans paraître suspects. La personne responsable de se drainage ne se trouve pas nécessairement à Illyria, les autres villes humaines, telles que Valmarin, Sihle ou Arden peuvent également en être la cause. En somme, nous sommes dans le flou, d’où la nécessité de votre investigation.


Ilmatar – Tour d’Abandon


Pour Cromax

    Encore sur balcon, Ixtli écoute avec gravité les paroles de Cromax, sans cependant manifester de sollicitude malvenue, et elle ne les commente pas, du moins pour le moment. Elle esquisse un léger sourire, mêlé d’une once d’autodérision aux secondes paroles du Sindel.

    De retour à l’intérieur de la tour d’Abandon, Ixtli écoute les paroles de Cromax, l’ombre d’un sourire trônant sur ses lèvres pour se muer en un véritable sourire espiègle, semblable au sien. Elle ne répond toujours pas mais son visage se modifie lorsque le Sindel s’approche en prenant un ton plus intimiste, passant du vouvoiement au tutoiement, il prend des traits plus neutres bien que son regard intense soit fixé sur Cromax.

    Puis le Seigneur de l’Ombre boit une gorgée de ce breuvage aérien sous le regard de l’aigail qui ne le quitte pas des yeux, toujours cette même expression sur le visage, à l’interprétation si délicate. Cromax se rapproche d’elle et lève une main pour remettre une de ses mèches en place et l’expression de la jeune femme ne change toujours pas, se faisant plus intense s’il est possible et sa poitrine laisse échapper un unique sursaut, seule preuve d’une respiration difficilement reprise. Le temps à la paume de se poser sur sa joue fraîche que déjà sa respiration a repris un cours normal. La main du Sindel glisse jusqu’à sa gorge tandis que son visage s’approche, lentement. Les yeux ambre de l’aigail ne quittent pas ceux, noirs, de Cromax tandis que sa propre bouche s’avance légèrement jusqu’à effleurer ses lèvres. Elle l’entraîne alors dans un baiser, d’abord hésitent, comme si elle découvrait la saveur de ses lèvres avant de prendre plus d’assurance.

    Finalement, elle se recule légèrement, rompant le contact et ouvrant les yeux.

    - Au présent, murmure-t-elle.


Ilmatar – Balcons


Pour Faëlis

    Malak lance un regard à Faëlis, comme s’il approuvait ses paroles.

    - Alors venez à Erta’Ale, et je vous emmènerai chasser si tout cela se termine de façon heureuse. Quant à ma – notre – gaieté, et bien… Les élémentaires sont des êtres différents et nous n’appréhendons pas le monde de la même manière que vous. Nah, ne vous fiez pas à nos mines légères, elles ne signifient pas que nous ne sommes pas concernés par ce qu’il se passe, que nous n’avons pas conscience de la fin possible et proche de notre existence. Mais après avoir fait tout ce qui était en notre pouvoir pour inverser la balance, pour agir, tout simplement, et qu’il ne reste plus rien à faire dans l’immédiat, et bien… il ne nous reste qu’une solution : profiter de ce qui est peut-être nos derniers instants.

    Jillian, les yeux toujours perdus dans le vague, acquiesce aux propos de l’ekhi, puis il écoute sans mot dire les dernières paroles de Faëlis, avant de répondre :

    - La sagesse ne rend malheureusement pas un être heureux.

    Il lance un regard à l’hinïon et semble se rendre compte de sa tristesse, aussi déclare-t-il.

    - Enfin, trêve d’auto-apitoiement, il ne nous mènera à rien et il nous reste encore bien des choses à faire, autant profiter, comme l’a dit Malak, de ce que nous avons. Demain vous partirez pour une ville que peu visitent, particulière même chez les élémentaires !


Ilmatar – Les jardins


Pour Kerenn

    - Nous n’avons pas le choix, de garder la tête haute dans ces épreuves, murmure la jeune Ishtar. Il est justement dans nos coutumes de porter seul le fardeau que nous pouvons maîtriser, ne partageant que ceux qui sont trop gros pour nous, car c’est ce qui fait notre force, de savoir juger des bons et des mauvais aspects d’une chose et ensuite aviser de son dénouement avec toute objectivité. Mais… Merci.

    A sa remarque sur les artéfacts, Yuralria effectue une petite moue.

    - Je ne pense pas que la majorité des artefacts que nous avons trouvés aient un rapport direct avec les deux, mais peut-être cela vaudrait-il le coup d’essayer, dit-elle, bien qu’elle n’en semble pas elle-même très sûre.

    Yuralria laisse Kerenn se saisir de sa main et la porter à ses lèvres, faisant de nouveau crépiter les éclairs. Elle l’observe avec curiosité, comme si elle n’était pas entièrement certaine d’en comprendre la portée. Finalement, elle relève les yeux avec un timide petit sourire.

    A ses questions, cependant, elle détourne le regard avec ce qui pourrait ressembler à un rougissement de ses joues grisées par la nuit. Elle fait lentement, délicatement glisser sa main hors de celles de Kerenn pour se remettre à marcher. De nouveau, elle se plonge dans un mutisme qu’elle finit par rompre.

    - Je ne possède pas de famille, ni d’époux. Je n’ai d’espoir que de voir ce drainage cesser enfin, mais je rêve de voyager un jour. Je n’ai jamais eu la fougue d’Ixtli ou de Marikani, qui furent toujours promptes à partir et découvrir de nouvelles choses, si bien qu’elles parvinrent parfois à m’emmener avec elles. Mes devoirs me retenaient principalement à Niyx, auprès de mes recherches. Recherches que j’aime mener, découvrant dans les artéfacts des vestiges d’un ancien monde, perdu, oublié, que l’on exhume pour lui redonner une seconde vie, tâchant de donner un sens à ce que nous mettons au jour. C’est une occupation passionnante. J’ai découvert il y a peu un outil formé de lentilles permettant de voir au loin. Et vous ? Vous souvenez-vous d'un intérêt particulier ?

    Elle marqua une petite pause.

    - Quant à cet instant…

    Continuant à marcher, elle leva les yeux vers lui comme si elle essayait elle-même de démêler ce qu’elle ressentait.

    - Je n’arrive pas à le déterminer. Ce sont des ressentis, des discussions auxquelles je ne suis pas habituée, où la nouveauté et l’inconnu se confrontent. Mais je n’ai pas envie de les cesser.


[Cromax - xp : 2,5(post)
Pureté - xp : 0,5 (post) ; 1 (questions)
Kalas – xp : 1 (post) ; 0,5 (questions)
Faëlis – xp : 1 (post)
Kerenn – xp : 2 (post)]


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mer 8 Juil 2015 03:53 
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La réponse de Yuralria à mes paroles évoquant le problème qui préoccupe son peuple et l'admiration que j'éprouve de les voir si nobles et droits dans ces circonstances n'est qu'un murmure. Le ton de sa voix n'avait guère varié jusqu'à présent, aussi ce changement m'en dit-il long sur l'intensité de ce qu'elle éprouve au fond d'elle-même, derrière ce masque d'impassibilité qu'elle conserve soigneusement. Lorsque elle me remercie de lui proposer mon soutien, j'incline simplement le visage, comme si c'était là la chose la plus naturelle qui soit. Et de fait, pour moi cela l'est. Ce constat devrait m'alarmer, ai-je déjà proposé à qui que ce soit de partager ses craintes, son trouble? Non. Je sais que non. Si quelqu'un était venu vers moi dans l'espoir de trouver une oreille attentive et compatissante...Meno sait que ma réaction aurait été cinglante, méprisante. Mon propre masque, en y songeant, qui m'évitait d'avoir à affronter le chaos des sentiments, des émotions. Je considérais cette capacité à renier toute forme de compassion comme une force, j'en tirais fierté en quelque sorte, convaincu que cela faisait de moi quelqu'un de plus résistant, de plus apte à survivre. Et sans doute était-ce la cas à Raynna, où tous les rapports elfiques étaient fondés sur la seule force, physique ou mentale, mais ici...avec elle...cela me semble simplement absurde, bien plus déplacé que les gestes que j'ai eu envers la jeune Ishtar. Ce profond changement ne m'inquiète pas pourtant, plus, je trouve cet échange avec elle plus riche que tous ceux que j'aie jamais eu avec quiconque, et je suis heureux qu'il soit possible.

Elle semble dubitative quant à l'aide que nous pourrions éventuellement leur apporter concernant l'étude des artefacts antiques découverts, mais n'exclut pas totalement cette possibilité, bien que d'après elle la majorité de ces objets ne soient pas forcément liés à une divinité. Cela me semble effectivement évident, la plupart doivent être des objets courants, mais qui sait? Peut-être connaissons-nous l'usage de certains d'entre eux, les utilisant encore sur Yuimen? J'aviserai, une fois que nous serons à Niyx, pour autant que les siens m'accordent le droit de les examiner évidemment.

Yuralria me laisse porter sa main à mes lèvres en observant mon geste avec incertitude, ne semblant pas vraiment en comprendre la nature. Et par les dieux quoi de plus logique? Je ne la comprends pas vraiment moi-même. J'aime ce contact, toutefois, la texture soyeuse de sa peau contre la mienne, contre mes lèvres, la subtile et délicate fragrance qui en émane, la fragilité apparente de sa main dans les miennes, sont pour moi un monde sensitif inconnu qui s'ouvre. Elle relève les yeux, me souriant avec timidité, puis détourne le regard alors que je la questionne sur sa vie, plus intimement que je n'ai jamais interrogé un être. Ses joues me semblent prendre une teinte légèrement plus sombre. Par Meno, est-elle en train de rougir?! J'en ai bien l'impression! Mon intention n'était pas de la gêner, mais cette nouvelle marque de sa capacité à éprouver des émotions me touche profondément, engendrant en moi des sentiments contradictoires qui se bousculent dans le plus grand désordre.

(Que se passe-t'il?! Que suis-je en train de faire, là?! Suis-je en train de me laisser diriger par mes émotions, au détriment de toute logique? Je ne la connais pas, pas plus qu'elle ne me connait. Je ne devrais pas la mettre mal à l'aise ainsi, suis-je donc devenu à ce point incapable de me maîtriser? Incapable...non, pas vraiment. Je pourrais...je pourrais reprendre mes habitudes, me montrer poli mais distant. Alors quoi? Pourquoi...n'en ai-je...pas envie?! Mmm. Parce que...je me sens...bien, avec elle. Mais nous ne sommes pas venus ici pour jouer aux jolis coeurs, bon sang! Nous avons une mission, le reste ne devrait pas m'importer! Je devrais l'interroger sur ce drainage, plutôt que de lui poser de foutues questions sur elle-même! Lui demander si elle a un époux...non mais je vais où, là?! Regarde-toi Kerenn! Ma trogne ressemble à un champ de bataille, le reste ne vaut pas mieux, c'est à peine si je me souviens de mon nom, ne le voit-elle pas?! Pourquoi ne fiche-t'elle pas le camp en courant?! Parce qu'elle a besoin de nous, que son peuple a besoin de nous? Puissances que je détesterais ça! Ce serait comme nécessaire sacrifice de sa part, est-il possible qu'elle camoufle sa répulsion parce que cela lui semble indispensable à sa survie, à la survie des siens?! Je ne serais qu'un ignoble salopard si c'était le cas...)

Comme pour confirmer mes pensées, elle retire sa main des miennes, mais pourquoi si lentement? Son geste est presque caressant, elle aurait pu rompre le contact plus fraîchement sans problème, et cela ne fait qu'attiser mes doutes sur ce qu'elle éprouve en réalité. Elle se remet à marcher, silencieuse, plongée dans ses propres pensées, et mon trouble est tel que j'hésite à lui emboiter le pas. Avec un instant de retard je me décide pourtant, me portant à sa hauteur d'une longue enjambée, déterminé à me montrer plus neutre à l'avenir. Nous faisons ainsi quelques pas, plongés dans notre mutisme, quand soudain elle rompt le silence pour répondre à mes interrogations trop personnelles. Je l'écoute avec le plus grand intérêt, me morigénant intérieurement de l'éprouver, de ressentir tant de plaisir à la découvrir plus avant. Je m'efforce de conserver mon habituel et si confortable détachement, ou plutôt de le reprendre car pour l'instant, détaché je suis fort loin de l'être. Au fil des ses paroles, je parviens à calmer mon rythme cardiaque, lentement, non sans mal, et mon visage reprend son expression figée, impassible. Elle me retourne l'une de mes questions, me demandant si je me souviens d'un intérêt particulier, ce qui me soutire une légère moue songeuse. Je m'apprête à lui répondre d'une banalité, histoire de quitter cette pente sentimentale glissante sur laquelle je nous ai entraînés, mais après un instant trop bref pour m'en laisser le temps elle poursuit en abordant cette interrogation que je lui ai adressée sur son ressenti présent. A ses premiers mots, je suppose qu'elle va simplement éluder la chose, mais elle lève à nouveau les yeux sur moi pour accrocher mon regard, sans cesser de marcher, et me répond.

Ainsi, pas plus que moi elle ne parvient à déterminer ce qu'elle éprouve. Elle m'avoue ne pas avoir l'habitude de telles conversations, ni des émotions qu'elle découvre, inconnues, nouvelles. Une nouvelle fois je songe que j'ai été trop loin, qu'elle ne peut tolérer mes questions que parce ne pas le faire risquerait de les priver de mon aide, et que si elle pensait avoir le choix, elle me rabrouerait vertement. Mais ses derniers mots soufflent comme chandelle au vent ce sentiment, me prenant si profondément de court que je m'arrête net, incrédule, la dévisageant avec surprise. Pas envie de cesser ces discussions touchant à notre sphère la plus privée? Voilà bien une phrase qui réduit à néant mes craintes, rien ne l'obligeait à ouvrir ainsi plus largement cette porte. Je garde le silence quelques instants, la scrutant intensément, trop étonné, troublé, pour lui répondre immédiatement. Je sens que quelque chose se dénoue dans mon ventre, dans ma poitrine, dans mon âme, bienfaisante sensation qui me fait pousser un discret soupir de soulagement. Puis, choisissant mes mots avec soin, je lui murmure, hésitant:

"J'en suis infiniment heureux, Yuralria. Je craignais...que vous vous sentiez...obligée de...supporter ma présence, mes interrogations."

Je lui souris, d'abord avec une certaine gêne, timide, puis peu à peu plus ouvertement.

"A moi de répondre à votre question, maintenant. Je ne me souviens pas avoir éprouvé une quelconque passion, hormis peut-être pour la puissance car cela seul garantissait ma survie. Je n'ai pas toujours été celui que vous avez devant vous. Enfant, j'étais de petite taille, maigre, et quand on nait et vit dans un bagne, cela signifie être écrasé, utilisé, battu, méprisé, humilié. Se nourrir était un défi quotidien, seuls les plus forts ou les plus chanceux mangent à leur faim à Raynna. Mais je voulais vivre, de toutes mes forces. Un jour, il y a eu une bataille rangée dans les rues, assez sanglante pour que la garde intervienne. J'ai eu de la chance, j'étais jeune et j'ai été placé dans un orphelinat militaire. Je me suis alors juré de devenir assez puissant pour nul, jamais plus, ne soit en mesure de me dominer. Et j'y suis parvenu, au fil des ans. Les bagnards ont appris à me craindre, je crois que même mes compagnons soldats me redoutaient. A la moindre provocation je réagissais comme un animal enragé, écrasant sans pitié tous ceux qui osaient me dire un mot de travers. Sans doute serais-je encore ce Sindel, sans ce coup de hache qui m'a défiguré. J'ai failli perdre la vie, et j'y ai perdu la très discutable "beauté" qui me restait, mais cela ne m'avait jamais importé. J'étais vivant et c'est tout ce qui comptait."

Un silence, alors que je repense à ce passé, je prends une ample respiration et tourne mon regard vers les lunes en poursuivant d'un ton profondément songeur:

"Maintenant...la vie m'apparait bien différemment. Les miens doivent me penser mort, et je serais bien incapable de reprendre la place que j'occupais dans l'armée. Je n'en ai plus les capacités, ne me souvenant presque pas de ma formation. Cela devrait me désoler, mais..."

Je me tourne à nouveau vers elle, sérieux, rivant mon regard au sien:

"Vous parliez avant de savoir juger des bons et des mauvais aspects d’une chose pour ensuite aviser de leur dénouement en toute objectivité. Eh bien voilà, c'est très simple: je suis heureux d'être là, dans ces jardins, avec vous. Pour rien au monde je n'échangerais ces instants contre la possibilité de retrouver ma vie d'avant si une "force" quelconque me le proposait. Alors quels mots mettre sur ce que je ressens? Je ne sais pas trop. Mais si vous me demandez quel est mon intérêt aujourd'hui, il se résume en un mot: vous."

Je me sens rougir en prononçant ces paroles, mais je ne baisse pas les yeux, achevant ma longue tirade d'un ton ferme où transparait mon inflexible volonté:

"L'idée qu'on vous fasse du mal m'est intolérable, Yuralria. Alors le responsable de ce drainage, je le trouverai et il paiera, qu'il soit un simple être vivant ou qu'il possède la puissance d'un dieu. Je retournerai ce monde de fond en comble s'il le faut, mais vous vivrez, vous et les vôtres. Je veux vous voir sourire, je veux vous voir heureuse et partager autant que vous me le permettrez ce bonheur avec vous. Gardez espoir, douce Yuralria, bientôt vous serez libre de vivre sans cette malédiction abjecte."

_________________
Kerenn


Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?

Zenrin Kushu


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mer 8 Juil 2015 13:39 
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La seconde où, finalement, elle parcoure elle-même les derniers centimètres qui nous séparent pour poser ses douces et graciles lèvres sur les miennes. Elle ne fait que les effleurer, dans un premier temps. Et je lui rends cette caresse en frôlant sa lèvre supérieur de ma langue, dépassant à peine de l’ouverture de ma bouche, comme réservée et pudique. Pourtant le baiser se poursuit, et se fait plus aventureux, bien vite. Plus passionné, laissant d’abord le temps de la découverte, de la timidité en de subtils tentatives et essais fructueux, et puis avec plus d’abandon, comme indiqué dans mon propre discours. Un abandon naturel, spontané, qui enchaîne nos mouvements en une symbiose idéale. Une main contre sa nuque, l’autre, tenant toujours maladroitement le verre, dans le bas de son dos, sur sa chute de rein, pour la sentir contre mon corps et l’attirer doucement à moi. Sa langue douce se fait plus entreprenante, et je réponds à ses appels en y joignant la mienne.

De mémoire, je n’ai jamais trouvé un baiser si rafraichissant. Sa bouche est douce, et comme sa peau laisse une sensation agréable d’une humidité factice. Je prends plaisir à l’embrasser, juste l’embrasser, comme depuis longtemps un baiser n’a plus été tant significatif pour moi. Un instant, un fugace instant, je repense aux blagues coquines de mon amant glacé, Lillith, qui usait de ses fluides réfrigérants pour tempérer sa langue et rafraichir la mienne. Mais ici c’est bien différent, plus délicat, moins emprunt d’une complicité rieuse, peut-être, mais plus agréable en même temps en ce court instant de découverte de l’autre, ce moment où tout est parfait. Le premier baiser. Et la pensée de mon glaçon disparu disparaît et éclate dans mon esprit quand je sens les fines dents de l’aigail mordiller ma lèvre inférieure…

(Boum.)

(Hm ?)

(Je crois que mon cerveau vient d’exploser.)

Qu’importe si Lysis répond, je m’abandonne au baiser, qui se poursuit sur plusieurs précieuses secondes avant que la douce ne rompe le contact, s’éloignant un peu, doucement, tout en rouvrant les yeux. Les mots qui perlent alors à mes oreilles dans un murmure exquis résonnent à mes oreilles comme une révélation.

« Au présent. »

Non, elle n’est pas farouche, timide ou innocente, comme j’ai pu le penser. Oui, elle sait ce qu’est embrasser un homme, se retrouver seule avec lui la nuit tombée dans un endroit isolé, le badinage et le flirt sont dans ses attributions. Non, elle n’est pas l’enfant qu’elle a quelques fois laissé paraître, mais bien une jeune femme positive qui, se laissant aller à une innocente joie de vivre, peut paraître plus prude qu’elle ne l’est réellement.

(Hm, j’préfère ça.)

Enfin, l’aveu de Lysis me fait presque plaisir, elle qui purgeait ma joie de son déplaisir. Je ne comprends pas bien les tenants et aboutissants de son ire passée, mais elle semble s’y accoutumer, et ce baiser l’a détendue aussi, je le sens en moi. Les crocs de sa jalousie inexplicable se sont relâchés. Et même si je ne la sens toujours pas enivrante et motivée par l’idée de me voir me mêler à l’ondine, au moins ne témoigne-t-elle plus aucune haine directe à son encontre.

Je laisse le silence se faire entre nous, alors que mes mains relâchent son corps pour glisser vers les siennes, les tenant délicatement, légèrement dans les miennes. Pour ne pas totalement rompre le contact, pour poursuivre l’instant. Et le murmure perce mes lèvres pour lui être rendu :

« Car il n’y a que lui qui importe, ce soir. »

Ce baiser, je le vois comme un lien, une promesse faite entre nous, tacite et forte. Celle qu’on ne s’abandonnera pas, qu’on tiendra nos belles paroles comme argent comptant. Et soudain, je me sens d’humeur taquine, d’humeur joyeuse. De bonne humeur. J’ai envie de faire des bêtises, de me lier à Ixtli pour renforcer ce lien qui vient de naître. J’ingurgite une nouvelle gorgée du breuvage aérien, et laisse choir le verre sur le sofa voisin sans y tourner les yeux. Non, mes yeux sont concentrés en un nouveau regard. Un regard de fauve, de chasseur, de prédateur. Et le sourire qui pare mes lèvres est presque carnassier, s’il n’était pas complice.

J’avance vers l’aigail avec une assurance non feinte, la repoussant avec une brutalité plus feinte que réelle vers la bibliothèque ornant le mur. Et la plaquant contre celle-ci avec une passion dévorante. L’envie dévore mes chairs et mes sens, mais la volonté joueuse prend le dessus et s’y mêle. Ma bouche fond sur sa gorge pour la mordre délicatement, alors que ma main presse sa hanche contre la planche de la bibliothèque. Et remontant vers son oreille, je susurre subtilement, non sans emprunter un ton éminemment provocateur.

« Alors, lequel de ces volumes est-il le plus intéressant à parcourir ? »

La partie est lancée. J’aime à m’adonner aux allusions à sens cachés, aux subtilités de la langue qui joue sur les mots et sur la peau de ma partenaire. J’aime décontextualiser une phrase en la plaçant dans une situation où elle prend un sens tout autre… Salace, parfois, mais sans trop l’être. Juste suffisamment pour que le doute persiste, pour que le jeu soit partagé, pour que la jeune ondine se sente libre d’y répondre de la même manière, dans un duel à mort de sous-entendus où la compréhension se floute face aux degrés d’écoute. Fauve fondant sur sa proie, je n’attends pas d’elle qu’elle soit biche, mais louve au mordant acéré.

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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mer 8 Juil 2015 13:56 
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Je recommence à manger dès qu'elle reprend la parole, essayant toutefois de rester discrète par politesse. Selon la reine, il reste quelques mois tout au plus avant que les fluides ne soient entièrement drainés, si tant est que la cadence ne s'accélère pas. Elle élude mes questions politiques concernant Niyx en les remettant à demain ; apparemment, y répondre sera le rôle de notre guide, une autre Ishtar qu'elle appelle Yuralria. Je hoche la tête avant de tremper mes lèvres dans le verre d'alcool brumeux qu'elle m'a tendu au début de notre conversation ; je ne raffole pas de l'alcool et m’enivre rapidement, mais une gorgée ne me fera pas de mal et je veux rester polie.

« On vous accueillera bien, où que vous alliez chez les élémentaires, » me dit-elle.

S'ils sont tous au moins moitié aussi agréables et humbles que mon interlocutrice, je veux bien le
croire.

Elle s'appuie contre la table et me parle de la mort des dieux ; ils se sont entretués. Si je me souviens bien de l'histoire de Yuimen, les notre ont failli en passer par là également. C'est là tout l'intérêt de n'en avoir qu'un seul, éviter les querelles de pouvoir puériles.

« C'est ce qu'il advint lors du Crépuscules des Dieux, qui vous vit naître, nous,
élémentaires, pour restituer l'équilibre perdu à la mort d'Ankh Onaka, dieu de la magie et Caeles,
déesse de la terre d'Elysian.
»

Je hausse les sourcils, surprise. Ils n'ont donc jamais réellement connus les dieux. En somme, ils
sont un peu eux-mêmes les divinités qui maintiennent l'équilibre du monde ; je me sens soudain particulièrement petite face à cet être aussi indispensable, qui n'affiche pourtant qu'humilité et
naturel.

Elle me parle alors des humains d'Elysian, mais je peine à soutenir son regard ; je ne voyais en elle
qu'une reine lorsque je lui ai adressé la parole pour la première fois, mais elle me semble maintenant bien plus que cela. Supposant qu'elle n'apprécierait toutefois pas de savoir que je n'ose plus lui faire face à cause de ce qu'elle vient de me dire, je me fait violence pour retrouver mon attitude passée ; toute ma gêne est d'ailleurs un paradoxe, la traitant soudain avec déférence pour l'humilité qu'elle dégage malgré son statut de semi-déité, alors que son comportement devrait m'inciter à ne pas lui montrer plus de politesse qu'à un autre.

« Les élémentaires n'ont de lien qu'avec une seule cité humaine, via les accords
commerciaux qu'elle possède avec Ilmatar : Illyria.
»

Je secoue la tête, déçue. J'aurais dû me douter qu'Elysian n'échapperait pas au fléau humain. Je me demande s'ils sont aussi impétueux que ceux de Yuimen ; j'obtiens vite la réponse lorsqu'elle me dit
que certaines Cité-États refusent de tenir des accords avec les élémentaires par peur. Je serre les
dents, m'empêchant de lâcher un juron cinglant les concernant.

Alors qu'elle termine son discours, je hoche la tête. Un roi sur le point de mourir, des cités suspicieuses à l'égard des élémentaires, quelques questions trottent encore dans mon esprit.

« Que pouvez-vous me dire sur le roi d'Illyria ? Est-il sage ? Avez-vous envisagé
qu'il puisse être à l'origine du drain ? Après tout, je pense que toute cette énergie pourrait largement
prolonger sa vie. Et à quel point les Cité-États connaissent l'importance des fluides et des
élémentaires ? Si l'on fait le bilan, on cherche soit quelqu'un qui n'a plus rien à perdre, soit
quelqu'un qui ne compte pas rester sur les terres d'Elysian, soit quelqu'un qui ignore les
conséquences de ce qu'il est en train de faire.
»

Je réfléchis quelques secondes avant de reprendre.

« Combien reste-t-il de races... pensantes ? Quelles sont les races qui se sont
éteintes lors des catastrophes qui ont précédés votre arrivée, et êtes vous certains qu'absolument tous leurs individus sont morts ?
»

Je ne veux laisser aucune hypothèse de côté : s'il reste un membre d'une de ces espèces en vie, peut-
être pense-t-il que devenir l'équivalent d'un dieu lui permettra de ramener son peuple.

Je porte le verre d'alcool à mes lèvres pour me rendre compte que je m'en suis déjà entièrement
débarrassé ; cela explique le feu qui me monte aux joues, je remercie encore ces volutes d'ombre de
cacher la couleur de mon visage.

Je réfléchis quelques instants avant de poursuivre, sur un sujet bien moins capital mais qui m'intéresse tout autant. Je ne saurais dire si mon intérêt est anthropologique ou s'il résulte de mon envie brûlante d'en apprendre plus sur Aaria'Weïla elle-même, mais une chose est certaine, je suis heureuse d'utiliser cette excuse pour goûter à quelques minutes supplémentaires en sa compagnie.

« Pouvez-vous me parler de votre espèce ? Vos coutumes, votre histoire... Êtes vous mortels ? Si oui, combien de temps vivez vous ? Vous reproduisez-vous ? Êtes vous... "compatibles'' entre différents peuples d'élémentaires ? »

Je me mords la langue pour interrompre le flot de question qui s'écoule de mes lèvres. J'ai hésité
avant de les poser par crainte de me montrer indiscrète, mais son attitude amicale et sereine m'a
mise en confiance. Seulement j'ai peur d'avoir été légèrement blessante en envoyant un tel flux de
questionnement, comme s'ils n'étaient que d'étranges animaux.

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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mer 8 Juil 2015 15:52 
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Ilmatar – Les jardins

Pour Kerenn


    Yuralria écouta calmement, du moins en apparence, le récit des expériences de Kerenn. Face à ses dernières paroles, c’est un sourire triste qui orna ses lèvres, comme si elle appréciait ses paroles et leur portée, mais savait qu’il faudrait bien plus que de la volonté pour parvenir à bout d’un tel drainage.

    - Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour vous aider dans cette tâche.

    Elle s’arrêta soudainement en levant les yeux sur le Sindel et posa une main légère sur son bras.

    - Je suis heureuse que vous soyez venu.

    Elle laissa de nouveau retomber sa main, qui s’était peut-être attardée légèrement plus longtemps qu’elle aurait pu, avant de reprendre son chemin dans les allées du jardin. La même rougeur parsemait encore légèrement ses joues.

    - Pourquoi êtes-vous né dans un bagne ? Vos parents auraient-ils fait des actions réprouvables par les vôtres ? Vous avez vécu et grandi dans un monde rude et dure, votre survie tenait à cette rage de vivre, il est normal que vous ayez évolué de la sorte.

    Elle marqua une petite pause, comme à son habitude, comme si elle ne souhaitait pas précipiter ses mots, mais les prononcer et agir après réflexion.

    - Mais, après tout ce que vous me dites… la description de ce qu’il vous est arrivé, votre amnésie… pourquoi êtes-vous venu en ce monde afin de nous aider ? Qu’est-ce qui a motivé votre venue ?


Ilmatar – Tour d’Abandon


Pour Cromax


    Ixtli rend caresse pour caresse, morsure pour morsure. Il y a une faim dans ses gestes, une sorte de rage née de l’injustice de ses jours désormais comptés, de cet être qui a trop peu vécu pour entendre l’annonce du couperet apprêté au-dessus de son cou. Mais il y a autre chose également dedans l’effleurement de ses mains sur le dos de Cromax. Quelque chose de plus profond, qui a toujours fait partie de l’aigail : sa volonté de vivre et de clamer a la face du monde qu’elle est. Et c’est cette partie-là qui recule la tête, plongeant ses yeux malicieux dans le regard joueur de Cromax, sa bouche formant un sourire carnassier, une moitié de sa lèvre inférieure coincée entre ses lèvres. C’est aussi cette partie-là qui répond, entre deux inspirations :

    - Je n’ai pas encore terminé d’explorer chacun d’entre eux, mais c’est en cours. En aurais-tu vu qui t’attirent ?

    Comme pour souligne ses propos, ses lèvres effleurent son cou, remontant vers sa mâchoire pour rejoindre sa bouche tandis que ses mains se déplacent, à la recherche des sangles qui retiennent son armure.


Ilmatar – Salle du Conseil


Pour Pureté


    - Le roi d’Illyria est trop mourant pour prendre la moindre décision, et toute la politique illyrienne retient son souffle en attendant qu’il désigne un successeur ou meure sans l’avoir fait, attendant de voir vers où le vent tournera avant de prendre la moindre décision. Du temps de sa jeunesse, il voyait avec intérêt l’ouverture du commerce avec les sylphes. Cet accord commercial a grandement contribué à son enrichissement, aussi je ne pense pas que cela puisse venir de lui ou de son entourage proche.

    Elle poursuit ses réponses avec un signe de dénégation de la tête.

    - Non, absorber le moindre fluide détruirait tout bonnement et simplement tout être non élémentaire d’Elysian. En vérité, pour que vous entendiez la situation, vous devez comprendre ce qu’il s’est passé voilà près de 1900 ans. Les dieux, pour une raison qui s’est perdue dans les affres de la guerre, ont commencé à se quereller, emportant dans leurs croisades leurs priants et les races qui se trouvaient sur leur chemin. A cette époque, hommes, elfes, orques, et toutes ces races que vous connaissez sur Yuimen possédaient des fluides, à l’image de votre monde natal.

    « Cette magie était un don d’Ankh Onaka, le dieu de la magie, l’un des rares à ne pas avoir pris parti durant cette guerre. Il fut cependant l’un des premiers à mourir et à sa mort les fluides, devenus incontrôlables, se déchaînèrent, s’arrachant de ces races qui s’en trouvèrent alors dépourvues. Ankh Onaka avait pour épouse, dit-on, Caelès, déesse mère de la terre d’Elysian, aussi les fluides lui étaient intimement liés. A la mort du dieu, l’équilibre des fluides se trouva rompu, entraînant dans ses rais une déstabilisation d’Elysian. Séismes, raz-de-marée, éruptions volcaniques se succédèrent.

    « Caelès, pendant ce temps, pleurait son époux et négligeait ses devoirs, laissant la terre ravagée et les races dépérir. Quelques rares personnes osèrent l’approcher et parvinrent à la convaincre d’agir avant qu’il ne soit trop tard. Pendant ce temps, la folie des dieux se poursuivait et un à un ils tombaient, durant un siècle. Caelès parvint, dit-on, à créer un artéfact, - celui dont je vous ai parlé - qui canalisa les fluides en lui et, couplé à ses propres pouvoirs, elle l’utilisa pour nous créer nous, élémentaires, afin que nous fassions ce qu’elle ne pouvait plus faire : sauver Elysian. Nous parvînmes à canaliser les éléments de sorte à ramener le calme dans ces contrées et depuis nous veillons sur cet équilibre.

    « Mais les humains nous jugèrent responsables de la perte de leurs fluides et refusèrent, jusqu’à il y a peu, via nos contacts avec Illyria, d’avoir le moindre contact avec nous. Nous nous installâmes alors dans les Crocs du Monde, dans les ruines de ce qu’étaient autrefois d’anciennes civilisations, rebâtissant les merveilles qu’ils avaient pu construire et qui avaient été détruites.

    Elle fit une pause pour avaler une gorgée de sa coupe et croquer une nouvelle fois dans un fruit, avant de poursuivre.

    - En sommes, les autres « races pensantes » comme vous les appelez, sont conscientes de la menace qui pèsent sur nous tous, mais la mémoire humaine est courte, et ils semblent avoir décidé de négliger cet aspect de la balance, du moins c’est ainsi que nous l’interprétons. Les Sindeldi ont disparu, ainsi que les gobelins et les nains, et nous sommes aussi persuadés que faire se peut qu’ils sont tous éteints, dans la mesure où, en 1800 ans, nous n’en avons vu aucun représentant.

    Aux dernières questions de Pureté, Aaria’Weïla éclate d’un petit rire argentin, franc, dépourvu de la moindre moquerie.

    - Il est difficile de résumer 1800 ans d’existence d’un peuple en quelques mots. Nous sommes en effet mortels, mais nous vivons très longtemps et nous nous reproduisons bien que nous ayons un taux de fécondité encore inférieur à celui des elfes. Quant à notre « compatibilité » entre les différents élémentaires… Nous ne savons pas. Il y a eu quelques relations entre les différents élémentaires qui n’ont jamais abouti à un enfant, mais il est difficile de dire si c’est en raison d’une incompatibilité ou juste de notre faible fécondité. Tous les élémentaires ont des coutumes et une histoire différente, bien que proche, des centres d’intérêts différents, parfois divergents.


[Kerenn - xp : 3 (post)
Cromax - xp : 1,5 (post)
Pureté - xp : 1,5 (post) ; 1 (questions)]


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mer 8 Juil 2015 17:20 
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Rassurant, Malak expliqua qu'il préférait profiter de la vie, même s'il était inquiet. Il se permit même d'inviter Faëlis à une partie de chasse lorsque tout serait réglé. L'elfe retrouva enfin un semblant de sourire :

« C'est fort aimable... Et je répondrais à votre invitation avec plaisir. »

La peine recula légèrement. Ainsi que le disait Jillian, l'auto-apitoiement n'apporterait rien, et il avait raison, sans nulle doute. Faëlis, dans un effort aussi méritant qu'inutile pour retrouver sa bonne humeur, se permit une plaisanterie à l'intention de l'ekhi :

« Vous disiez que nous n'avions pas besoin de torche... mais finalement, votre discussion méritait d'être connue ! Soit, comme dit le géné... euh... Jillian, excusez-moi... nous avons une longue route et je suis fourbu. »

Et enfin, il se décida à lever les yeux pour regarder les deux astres d'argent. Ils étaient finalement assez semblables à ce qu'il connaissait sur Yuimen, mais contribuaient à éclairer un peu plus la nuit. Un monde où les ténèbres étaient moins profondes, n'était-ce pas un fameux cadeau de Zewen ? Néanmoins, il se détacha. Du balcon et s'étira en baillant comme un chat.

« Allons, malgré le plaisant de votre compagnie, je vais tâcher de retrouver ma chambre. Si vous avez une idée d'où elle se trouve... »

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L'homme de toutes les femmes, la femme de tous les hommes
Lampadaire officiel de la quête 32

Le thème de Faëlis


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mer 8 Juil 2015 19:40 
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Aaria'Weïla ne semble pas soupçonner le roi d'Illyria, mais je ne peux m'empêcher de me demander si sa bienveillance ne l'empêche pas de douter d'un homme qu'elle semble estimer. Son intérêt pour
le commerce avec les Sylphes n'est pas une preuve de sa bonté, seulement de cupidité, peu importe
si ce geste a contribué à la prospérité d'un autre peuple ; ses tournures de phrase me laissent penser
qu'elle en a conscience, cependant, et je décide de faire confiance en son jugement – après tout elle
le connaît mieux que moi, elle a peut être de bonnes raisons de l'écarter de ses soupçons – mais de
garder l'idée dans un coin de ma tête, au cas où.

Elle me révèle ensuite qu'absorber des fluides seraient fatal à des humains d'Elysian ; cela
m'intrigue, en quoi le fait de les absorber leur serait utile, alors ? A moins que le coupable soit un
élémentaire ? Cela me paraît peu probable, mais je préfère ranger cette idée dans un coin de ma tête
également. Reste également la possibilité qu'ils aient trouvé un moyen d'utiliser le fluide s'en avoir à
le prendre pour eux-mêmes. Une autre idée m'interpelle, et si la personne qui draine les fluides
n'était pas d'Elysian ? Nous avons pu venir depuis Yuimen, rien ne nous dit que d'autres fluides ne
sont pas utilisables.

Je m'apprête à exposer mes doutes mais elle poursuit déjà sur l'histoire du Crépuscule des Dieux.
Outre les quelques détails répondant à certaines de mes interrogations, le récit m'intéresse peu, mais
je décide d'y prêter une oreille attentive, tant par respect que par pragmatisme, après tout qui sait de
quelles informations j'aurais besoin par la suite. Quelque chose me frappe cependant : les humains
jugent les élémentaires responsables. Si je dois être tout à fait franche avec moi-même, je ne pense
pas que ce détail soit en relation avec les événements récents et le drain des fluides, mais je ne peux m'empêcher d'afficher une expression outrée à cette révélation : décidément, en Elysian comme en Yuimen, les humains sont un ramassis de bouses.

Je chasse cet énervement de mon esprit et reporte mon attention sur ses paroles et les fines lèvres
qui les laissent s'échapper. Il n'y a donc aucune preuve que ces espèces aient disparues, comme je le soupçonnais, mais cette théorie me paraît quelque peu improbable ; je ne l'avais d'ailleurs énoncée que pour mettre à plat toutes les hypothèses possibles, mais elle est loin d'être ma préférée.

Concernant mes questions anthropologiques, elle ri allègrement, me faisant monter, une fois de plus,
le rose aux joues. Mais elle ne semble aucunement moqueuse, et y répond sans s'offusquer de ma
curiosité.

Je sens que la conversation touche à sa fin ; il me reste quelques questions importantes à poser, ainsi
que quelques autres dont l'intérêt est purement personnel, mais je sens que je ne vais pas tarder à
arriver à cours de choses intéressantes à demander et qu'elle en profitera pour me congédier auprès
d'un élémentaire d'ombre qui pourra m'aider concernant le muutos, et cela m'attriste quelque peu.

« Avez-vous connaissance d'autres fluides que celui menant à Yuimen ? Certains
qui pourraient être entre les mains de villes humaines ? Et gardez-vous un contrôle sur le fluide que j'ai traversé ou faites vous confiance à la milice de Tulorim là-dessus ? Vous dites que les humains
d'Elysian ne peuvent pas absorber les fluides qui sont drainés, mais peut être que celui qui fait ça
vient d'un autre monde, comme nous ?
»

Je me gratte la joue, pensive, ne sachant pas très bien si je dois continuer les questions personnelles ; mais elle a bien réagi à la première vague, aussi me tente-je à une seconde.

« Est-ce que vous faites parti des premiers élémentaires à avoir été créés par
Caelès ? Et depuis combien de temps êtes vous reine ?
»

J'hésite quelques secondes avant de poser la dernière, bien plus intime.

« Y a-t-il un roi ? »

Je dois admettre que cette question m'intéresse peut-être même plus que les précédentes ; je n'ai
aucune intention de remplir ce rôle, mais je sens l'envie de ne l'avoir rien que pour ma personne
naître en moi, comme lorsque Equilibre avait récupéré une seconde apprentie que j'avais égorgée
pendant son sommeil pour rester le centre d'attention de ma tutrice. Je n'ai jamais apprécié
beaucoup de personnes, dans ma vie, mais je commence à comprendre que je suis une jalouse
compulsive.

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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mer 8 Juil 2015 19:44 
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Contre ma poitrine, je sens le pouvoir de ma broche frémir, vouloir libérer ses phéromones aguicheuses par tous les pores de ma peau pour emballer d’un désir sans faille, et semblable au mien, la délicieuse Ixtli. Désir hélas artificiel et faux dans son essence même, puisqu’il n’est que le reflet du mien propre et non celui de sa cible éplorée qui, certes aurait pu en profiter pleinement, et sans aucun regret, étant bon amant, mais d’une volonté égarée n’ayant pas été sienne à la base. Au lieu de laisser faire les tressaillements d’un plaisir libéré sans barrière ni timidité, elle se serait posé la question : « Mais comment est-ce arrivé ? ». Elle aurait voulu, au lieu de laisser son corps calmer lentement ses palpitations et respirations en quelques soupirs satisfaits, savoir ce qui a initié tout cela. Et ça, pour la pure forme de respect naturel entre deux êtres partageant une relation charnelle, voire même uniquement platonique (le chanceux), et par pure fierté de me savoir séduisant sans utiliser de tels artifices manipulateurs et faussaires, je me l’interdis.

(Pour l’instant.)

Je ne commente pas : Lysis me connaît, et sait que sur certaines personnes, je ne rechignerais pas à en user, de ce pouvoir puissant qui opère sous mon épiderme, la rose poussant en moi avec vigueur et volonté. Je me suis fait à cette douleur qui parcourait mes sens autrefois à vif à chaque heure qui passait. Maintenant, nous vivons, elle et moi, en symbiose parfaite : je la maîtrise, et la laisse s’épanouir lorsqu’elle en a besoin. Mes besoins de la réfréner sont plutôt rares, en vérité. Et puis pour le coup, nul n’en est besoin. La demoiselle, plus belle que jamais, son regard d’ambre vissé dans mes yeux noirs avec une expression au moins aussi carnivore que la mienne, me dévore littéralement des yeux en répondant non sans mordant à mes caresses et baisers.

La voilà, la louve que j’attendais, la tigresse libérée qui montre son visage de femme affranchie des vieilles traditions régulées par trop de dogmes pour qu’elles soient fondamentalement bonnes. Entreprenante et séductrice, elle prend les devants en m’embrassant de plus belle, mordillant sans pitié ma lèvre offerte à ses baisers. Avide, elle cherche à placer de rapides caresses dans mon dos, rongée sans doute par une excitation montante qu’elle n’a trop de mal à réprimer. Il en est de même pour moi, lorsque ma main passe sous sa cuisse pour la soulever de peu pour la caler un peu plus contre cette bibliothèque qui en prend un sacré coup, en espérant qu’elle tienne mes assauts, ce qui pour l’instant semble être le cas. Ma main sous sa cuisse désormais mi-assise dans le meuble aux ouvrages bien rangés (mais le resteront-ils…), l’autre perdue entre son dos et sa gorge au décolleté échancré dont je borde de mes doigts les extrêmes infranchissables.

Nos respirations, rendues haletantes au rythme de nos baiser effrénés et avides, se croisent et se cognent sans cesse. C’est bien simple, je ne sais plus où donner de la tête tant l’ondine, à la peau si douce qu’il serait insultant de ne pas la couvrir de doux baisers, s’échine à l’esquiver, mordant ça et là mâchoire et joue, lèvre et gorge.

Sa voix résonne tout à coup, mais elle m’apparaît comme lointaine, tant l’animal en moi s’est éveillé, ivre d’un désir que je ne soupçonnais pas si vif. C’est une réponse, une réponse à ma propre assertion, plus provocatrice encore que mes propres mots. Nul besoin de répondre : les volumes qui m’attirent, je m’en saisis à pleines mains à travers sa robe irisée qui bien que jolie se fait de plus en plus un obstacle à mes caresses et envies. Mais plus vive que moi encore, elle se démène maintenant pour filer sous mon mantel de mailles pour désangler le buste de ma cotte de maille de mithril. Elle ne tarde pas à les trouver, le long de mes côtes droites, et s’échine tout en m’embrassant avec passion à les faire sauter une à une. Je sens l’étreinte de mon équipement se relâcher, la veste d’armure glissant au bas de mes chausses, le reste de la cotte suivant de près, avec tout ce qui la décore habituellement : besaces et sacs, baudriers et armes, ceintures et cape. Je me retrouve bien vite en chemise et chausses, et bottes immaculées contrastant avec le noir de mes habits. Contraste qui se marie si bien avec le teint argent de ma peau qui ne demande qu’à plus se dévoiler pour fondre sous ses caresses voluptueuses. Ses mains au toucher si frais et humide passent sous ma chemise alors que je défais le nœud retenant le col de sa robe, qui s’effondre au sol légèrement, recouvrant mes affaires alors que je me saisis de la jeune ondine ainsi dénudée pour la porter jusqu’au sofa, où je l’allonge pour la dominer de mon corps, baisant ventre, bras et épaules sans retenue aucune, alors que mon souffle parcoure la moindre parcelle de cette peau écailleuse certes, mais ô combien douce à toucher.

Elle m’ôte ma chemise sitôt que je marque une subtile pause pour admirer son corps et son visage coquin me reluquer avec envie. Je ne dois guère avoir un regard moins affamé, pressé même de parcourir bien plus les flots de la mer salée de son corps dénudé. Elle garde tout de même, pour l’instant, des sous-vêtements masquant son intimité. Sa poitrine est masquée également par un court corset de tissu fin et délicat au laçage satiné glissant entre mes doigts.

Au présent, oui, loin de toutes les inquiétudes qui marquent son esprit et le mien, loin de toute cette mission qui nous attendra dès demain, loin des peines et des regrets, de la guerre ou même de la paix. A mille lieue les élémentaires bavardant des enjeux politiques du décès du régent d’Illyria, aussi loin les ruines sindeldi, mes alliés de Yuimen ou la milice qui m’envoie. Il n’y a plus que le sommet de cette tour, elle et moi.

Mais soudain, elle s’arrête subitement, laissant bien malgré elle exhaler un hoquet de surprise en apercevant la broche qui me perce la poitrine, cette rose d’argent et de végétal qui, incrustée dans ma peau, barre mon pectoral droit d’un singulier bijou. Intriguée, et voyant que je la laisse regarder sans gêne occasionnée, elle tente doucement d’y glisser un doigt léger, curieuse de savoir, sans doute, ce que c’est que cela. Je m’amuse de sa prudence, et la commente, le souffle court et la voix rauque :

« ça ne me fait pas mal. Je m’y suis fait. »

Elle la caresse plus poussivement, dans un regard mêlant curiosité et émerveillement. Les implants rituels ne doivent pas être monnaie courante, chez les élémentaires. Chez les elfes et humains de Yuimen non plus, en vérité. L’histoire de cette broche mériterait de lui être racontée… mais pas maintenant. Pour l’heure, nous avons bien mieux à faire que de ressasser les vieux souvenirs du passé, fussent-ils intéressants. Je me promets à ce propos d’en apprendre vite plus sur celle avec qui je vais partager ma chair, m’unir charnellement dans une union parfaite, une symbiose idéale.

Dans un coin de mon esprit, Lysis se régale, ricanant silencieusement. J’en suis fort aise, de la savoir rieuse là où l’instant d’avant elle pestait de me voir me retrouver avec cette délicieuse compagne. Voilà donc tout ce qui lui fallait ? Le stupre et la fornication, le libertinage consenti de deux êtres mêlés ? La débauche de chairs s’aimant sans retenue. J’en suis surpris et perplexe. Si cela lui ressemble d’aimer pour moi ces actes que j’apprécie moi-même beaucoup, elle n’en est pas tant anxieuse avant qu’ils ne paraissent.

(C’est toi qui es étrange, mon Cromax. De l’admiration, tu en as déjà eu pour nombre de donzelles au visage poudré ou non, et à la croupe saillante, à la mamelle souple et au regard velouté. Mais là, là… C’est différent.)

(Différent, et en quoi ?)

Je pose la question, mais au fond de moi, je sais que ça n’est pas la même chose que d’habitude, que ce désir puissant n’est pas seul en mon esprit, et que l’admiration que j’ai pour la jeune aigail depuis qu’elle m’est apparue n’a eu d’égal jusqu’ici. Lysis tient cependant à me faire part de ses doutes. Diantre, ne pourrait-elle pas attendre ? Une chance que mes pensées discutantes filent aussi vite que le vent.

(Dans ton attitude, dans tes pensées, dans ce respect que tu as pour elle.)

(Ne suis-je habituellement pas respectueux ?)

(Si, bien sûr, mais pas si soucieux de ce qu’elles ressentent, de ce qu’elles pensent, de leur passé…)

(C’est une aigail ! Je n’en ai jamais rencontré. Je dois sauver son monde, il est normal que je m’y intéresse.)

(Il y a de ça, mais pas que… Pas que…)

Et la discussion s’étouffe comme elle est née : par un baiser. Masquant mes pensées, je m’abandonne à Ixtli sans plus me soucier de Lysis, qui repart de toute façon camper bien à son aise pour profiter du spectacle… Au moins n’est-elle plus hargneuse.

Je l’embrasse de plus belle, et elle me bouscule d’un coup de hanche qui nous envoie balader sur le sol, moi sous elle, elle me chevauchant, arborant toujours cet air furieusement lascif. Je m’agrippe à ses hanches, les pressant contre mon bassin qui n’en peut plus d’être enfermé dans mes braies, hâtif d’être libéré pour que nos peaux se touchent sans plus aucune limite, sans plus aucun obstacle. Je me redresse malgré tout, agrippant sa nuque pour attirer son visage vers le mien en un baiser à la fouge sans pareil encore jusqu’ici. L’impatience, le désir se font pressants, et mes caresses avides se font plus férues encore.

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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mer 8 Juil 2015 22:29 
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La jeune Isthar écoute mon long discours calmement, parfaitement maîtresse de ses émotions jusqu'à l'instant où j'évoque le drainage en lui affirmant ma volonté de parvenir à le faire cesser. Elle me sourit alors, mais il n'y a pas la moindre joie dans ses yeux, rien qu'une tristesse indicible qui me fend l'âme. Venant d'elle, qui manifeste si peu et si rarement ses sentiments, je ne peux imaginer la profondeur de son affliction. Ce qu'elle me montre n'est probablement que la partie visible de l'iceberg, aurait-elle perdu tout espoir? Cela ne me semble pas impossible. Sans aucun doute les élémentaires ont-ils tout tenté pour résoudre leur problème, ainsi que je l'avais déjà pensé, et nous sommes bel et bien la tentative de la dernière chance, appelés en désespoir de cause, alors même qu'ils n'y croient plus. Je suis placé pour savoir combien les êtres réagissent différemment lorsque la mort semble inéluctable, certains font comme si de rien n'était, d'autres se résignent, d'autres encore luttent jusqu'à la dernière seconde. Il en est aussi qui vivent leurs derniers instants avec frénésie, profitant au maximum de chaque minute jusqu'à l'étourdissement. Dans quelle catégorie se place Yuralria? Ombre et lumière...résignation, mais en luttant quand même, jusqu'au bout, jusqu'à la toute fin? Probablement.

Elle m'assure que son peuple fera tout pour nous aider, puis s'arrête soudainement pour me dévisager. Sa main, légère, infiniment douce, vient se poser sur mon bras. Un geste qui serait anodin venant de n'importe qui d'autre, mais provenant d'elle, si réservée...je me sens vaciller intérieurement, balloté par une tempête sur laquelle je n'ai aucune prise. Puis ses mots parviennent à mon esprit, qui renâcle un instant à les accepter comme provenant réellement de sa bouche. Les secondes s'étirent comme des siècles Il m'avait semblé aisé de me perdre en passant le fluide, mais que dire alors de ce regard ambré rivé au mien? Elle prolonge le contact un instant de plus que nécessaire puis reprend sa marche, son visage gracieux empreint d'un charme encore accru à mes yeux du fait de la légère rougeur qui le colore. Je perds pied dans cet univers inconnu d'émotions, de sentiments, calquant mon pas sur le sien sans y penser. Par chance, elle me sort de mes sables mouvants en m'interrogeant sur mon passé, mes parents, la raison de ma naissance au sein d'un bagne. Je m'abstiens de lui répondre immédiatement, pressentant qu'elle n'a pas fini de parler mais réfléchit à la manière de poursuivre. Et en effet elle ne tarde pas, me demandant pourquoi je suis venu sur Elysian, s'interrogeant bien logiquement sur mes motivations après ce que je lui ai conté de mon existence.

Un éclair pourpre fracasse mes pensées présentes à ces questions, le rideau assombri de mon passé se lève. Je chute, interminablement, dans le puits sans fond d'une existence perdue.

Une rue, pour autant qu'on puisse nommer ainsi un étroit passage poussiéreux serpentant aléatoirement entre des taudis miteux. Des ombres, pressées, craintives, qui frôlent les murs hétéroclites, confectionnés de tout ce dont les Sindeldis libres ont bien voulu se débarrasser. La chaleur, étouffante, le sable qui s'insinue partout au gré des bourrasques, crissant sous les dents, envahissant les narines, s'incrustant dans les haillons rendus rêches et irritants. Les odeurs, ignobles, mélange d'immondices pourrissantes, de déjections, de cadavres laissés là où ils sont tombés, jusqu'à ce que les chiens et les mouches aient rongé toute chair. Les ossements, pâles et jaunis, que certains taillent alors pour en faire des outils, des armes. Rien ne se perd, dans cet antichambre des enfers. Des ivrognes qui cuvent à même le caniveau leur alcool frelaté, ajoutant leur contribution personnelle à la puanteur ambiante, qui se fait alors âcre, plus viciée encore que de coutume. Des catins qui exhibent d'un air las leurs charmes flétris, hélant sans le moindre enthousiasme les rares passants, usées jusqu'au tréfonds de l'âme. Des trafiquants, qui vendent à prix d'or drogues surpuissantes et alcools plus sûrement mortels que bien des poisons. Un groupe de caïds locaux, qui s'acharnent en ricanant sur une forme prostrée et gémissante, sanglante. Ce sera fête pour les clébards et les rats ce soir. A moins qu'un affamé ne vienne leur disputer leur pitance, ce qui n'est pas rare. Je les contourne, craintif, m'efforçant de me faire plus petit que je ne suis.

Un des bourreaux me repère, et me désigne à ses comparses en me reluquant d'un air avide. Je tente de fuir, mais mes jambes sont trop courtes et une poigne rude et calleuse me saisit par les cheveux, puis me projette contre un mur où je m'assomme à moitié. Quelques coups de pied, dans le ventre, le dos, les jambes. Je manque m'évanouir, mais une claque percute ma joue avec violence, faisant s'entrechoquer durement mes dents. Une main broie ma gorge, me soulève de terre et me plaque contre le mur, mon crâne sonne contre le bois, mais j'ai si mal partout que je ne sens pas vraiment cette nouvelle douleur. Un visage ravagé par la vérole s'approche de moi, de petits yeux cruels me scrutent avec malveillance, une bouche où ne trônent plus que quelques chicots noircis me murmure des obscénités. Je vomis, lorsque l'haleine du type m'atteint. Il me cogne dans le ventre, poing fermé, une fois, puis une autre, avant de me laisser retomber au sol. Je rampe en chialant pour m'écarter, le suppliant de me laisser tranquille. Il glousse, saisit ma tignasse, me relève comme une poupée de chiffon. Je hurle, cette fois je la sens, la douleur. Un aller retour brutal de sa main libre m'éclate les lèvres, mon hurlement se transforme en toux, je crachote une ou deux dents, un peu de sang. Le type m'emporte vers ses acolytes, après m'avoir murmuré:


"D'puis c'soir, j'suis ton père, morveux. Tu fais c'que j'te dis et surtout tu fermes ta gueule, s'tu veux pas qu'j'te l'éclate. Pigé p'tit con?"

J'ai pigé, oui. J’acquiesce frénétiquement. De toute façon personne ne m'attend, le petit recoin qui me sert d'abri dans les bas-fonds de Raynna ne restera pas libre longtemps. Les jours passent. Les semaines, les mois. Les années. Je suis le larbin de la bande. Leur souffre douleur. Oh, j'ai bien tenté de m'enfuir. Ils m'ont retrouvé, le bagne est un univers clos de taille trop réduite pour espérer échapper longtemps à une bande organisée. Leur côté paternaliste a trouvé à s'exprimer joliment, rien de tel que le fouet pour mater un gamin. Et puis, un beau jour, on se retrouve pris dans une vraie petite boucherie, bande contre bande, à se caresser à grands coups de chaines, de bâtons et autres armes improvisées. ça gueule fort, ça gémit, ça saigne et ça meurt de partout. Un peu trop, parce qu'une solide troupe de soldats débarque, et se met à cogner aussi. Mais eux ont de vraies armes, et des armures. Ils ont cerné la place, et je sais que pas un n'en réchappera. Je dois avoir une quarantaine d'années, un gosse, mais déjà à cette époque j'ai à coeur de payer mes dettes. Je me faufile entre les combattants, je parviens derrière mon "père" occupé à se défendre contre un soldat. Je lui plante ma mauvaise dague à l'aine, un sale coup remontant mortel à très court terme, en hurlant comme un damné:

"C'fils de pute est à moi!"

Le soldat qui affrontait l'odieux éclate de rire. Puis m'assomme du plat de son épée. Le rideau tombe. Il fait nuit.

Et deux yeux ambrés m'observent. Encore à moitié plongé dans mon passé, je recule d'un pas comme si je venais de prendre un coup, et marmonne d'une voix aussi rauque que si je venais de pousser ce hurlement injurieux:

"Je ne sais pas. Mes parents. Morts...je ne les ai pas connus."

Je reviens sans douceur dans le présent, reconnaissant enfin la jeune femme qui me fait face. Je murmure avec un soulagement palpable:

"Yuralria. C'est toi."

Ses questions me reviennent à l'esprit, tout comme les moments passés avec Aïlyaë, la magicienne de feu du Naora. Je rougis à ces souvenirs plus récents, que je n'ai pas la moindre intention de raconter à Yuralria. Le contraste entre la timide Ishtar et l'incendaire Aïlyaë est si violent qu'une question totalement déplacée me traverse l'esprit: Se peut-il que la jeune femme aux yeux d'or n'ait jamais connu l'amour? Est-ce la raison de sa timidité, pour cela qu'un simple frôlement suffit à la faire rougir? Quel âge a-t'elle, au juste? Mais là non plus, pas question de le lui demander. Ou du moins pas de cette manière. Je me contraints à me ressaisir la moindre, et lui réponds enfin:

"Une dette, c'est ce qui m'a amené ici. Une dette envers celle qui a sauvé ma peau après ce coup de hache dont je vous ai parlé."

Je retire mon bracelet, puis sort de son fourreau mon poignard d'une manière qui dit très clairement que je n'ai pas la moindre intention de m'en servir. Je lui tends les deux objets, garde vers elle pour le poignard:

"Tenez. Avez-vous déjà vu ce genre de métaux? Le bracelet est en Olath, du métal élémentaire d'obscurité. Le poignard est en Xiuhl, le métal élémentaire de feu. La magicienne qui m'a soigné m'a demandé de venir ici pour faire améliorer ces objets avec la magie de ce monde dont elle avait entendu parler. A des fins d'étude, j'imagine. Cela m'a semblé un bien modeste prix pour ma vie."

Je la dévisage, fortement troublé encore par tous ces souvenirs plus au moins traumatisants, et les mots suivants s'échappent de mes lèvres sans que j'aie le loisir de les retenir:

"J'ai une question idiote à vous poser, Yuralria: avez-vous déjà connu l'amour?"

A peine ai-je prononcé ces paroles que j'en réalise la folie, et m'assombris comme un ciel d'orage, affreusement gêné. Je murmure d'un ton contrit:

"Hum. Désolé, je n'aurais pas dû vous demander ça..."

_________________
Kerenn


Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?

Zenrin Kushu


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