L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Lun 13 Juil 2015 18:04 
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Inscription: Mar 30 Juin 2015 09:36
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L'homme qui semble si proche d'Aaria'Weïla nous fait signe de le suivre et nous mène à l'intérieur. De toutes les personnes présentes, il a fallu que ce soit lui qui nous emmène jusqu'à nos chambres. Je serre les dents pour ne pas laisser paraître mon agacement et le suit sans un mot.

L'intérieur du palais semble avoir essuyé quelques dégâts, mais rien de bien méchant. Nous nous arrêtons devant une porte où il fait rentrer l'elfe lumineux et lui explique deux trois choses avant de resortir pour me mener à ma chambre, non loin de là.

La pièce est à l'image de la reine, et certainement du peuple tout entier, je suppose ; luxueuse mais sans être ostentatoire. D'une sobriété confortable qui se passe de l'exagération puante que l'on trouve généralement dans les maisons de nobles humains en Yuimen – et en Elysian également, je parie. L'humain me montre une pièce étrange où trône un bain à la taille ridiculement petite et affublé de deux petits robinets. Intriguée par un tel dispositif, je n'attend pas qu'il termine son explication et tripote les deux petite vannes jusqu'à ce que de la vapeur d'une chaleur apaisante s'échappe de l'eau s'accumulant au fond du récipient. L'humain me parle d'un guéridon mais je ne l'écoute guère, me déshabillant sans pudeur ni politesse pour profiter de l'étrange bain. Je l'entends qui quitte la pièce alors que je trempe mes doigts de pied dans le liquide presque brûlant.

Je rentre complètement dans le bain et sens l'eau monter lentement le long de mes jambes, puis de mon bas ventre jusqu'à arriver légèrement au dessus de mes seins, relaxant mes muscles à mesure qu'elle recouvre mon corps. La sensation est bien plus agréable que celle de se laver dans un ruisseau froid, ou un lac tiède les meilleurs jours. Je me souviens avoir quelques fois utilisé les bains publics de Tulorim, mais outre les regards lubriques des pervers qui voulaient vraisemblablement utiliser mon corps pour assouvir leurs bas instincts, ce qui me dérangeait c'était le bruit, le monde, et cette impression d'espace un peu trop importante. Lorsque je veux nager je vais dans les lacs, là où il y a réellement de la place, mais ce bain là, chaud et relaxant, il est fait pour ne pas être partagé, il est fait pour se sentir seule et sereine. Et en ça, la taille ridicule du bain dans lequel je me trouve est parfaitement adapté. Il y a juste assez de place pour y étendre mes courtes jambes, mais pas assez d'espace pour me sentir perdue. Et puis, parce que c'est quand même important, personne ici n'a l'air de vouloir me culbuter, ce qui m'arrange grandement.

Je me suis parfois demandé ce que l'on ressentait lorsque l'on se faisait prendre. Je suppose que l'acte est particulièrement agréable au vu des milliers de personnes qui semblent y consacrer leur vie entière, mais je n'ai pas la moindre idée de l'effet que cela peut procurer étant donné mon absence totale d'expérience dans ce domaine. Je me souviens encore avec amertume de la première et dernière fois que mes mains se sont glissées entre mes jambes dans le but d'assouvir mes désirs ; Equilibre, comme à chaque fois que je faisais une bêtise, avait deviné mes intentions de manière presque surnaturelle, comprenant mes intentions alors même que j'étais à une bonne centaine de mètres d'elle dans une position tout à fait banale. A peine avais-je touché ma toison qu'elle était derrière moi, m'attrapant par l'oreille. S'ensuivit un sermon que je n'oublierais certainement jamais et une ruée de coups comme je n'en avais jamais reçu jusqu'alors, et comme elle ne m'en a jamais gratifié de nouveau depuis. Je ne comprenais pas très bien l'interdit à ce moment-là, du haut de mes quarante années, surtout après qu'Equilibre m'ait parlé de ses multiples amants passés et du bien fou que le sexe lui avait procuré à chaque fois.

Il me fallut près d'une décennie pour commencer à comprendre ; j'avais quarante-neuf ans et nous traînions du côté de Cuilnen lorsqu'un jeune hinïon commença à me faire des avances. Je commençais à avoir une idée arrêtée sur beaucoup de sujets à ce moment là, mais l'absence de plaisir charnel était encore un mystère pour moi. Et je le désirais, Phaïtos que je le désirais. Un soir où Equilibre était partie accomplir une mission et me laissait ainsi seule dans notre campement de fortune, je décida de le rejoindre, bravant les ordres de ma tutrice ; je me pensais à l'abri de son contrôle pour quelques jours au moins. A peine arrivais-je dans sa chambre que nous nous déshabillions avec fougue ; c'est l'unique fois de ma vie où j'ai goûté aux lèvres d'un autre et l'unique fois de ma vie où j'ai touché à une verge. Mais à peine ma main se refermait sur son sexe qu'une flèche vint se loger dans sa gorge, aspergeant mon corps nu de liquide écarlate. Il se trouve qu'Equilibre n'était pas réellement partie en mission, elle avait simplement décidé que cette expérience me serait une leçon plus efficace qu'une seconde raclée.

C'est ainsi que nous entamâmes notre seconde conversation sur le sujet, mais de manière bien plus sereine cette fois-ci, et que je compris l'interdiction de succomber au pêché de chair.

« Le sexe n'est pas que procréatif, mais le meilleur moyen d'échapper à la tentation de l'enfantement est de ne pas y goûter du tout, » m'avait-elle dit.

Je n'ai bien sûr pas adhéré à l'idée immédiatement, mais après quelques années de maturité supplémentaire j'ai décidé que le sexe n'était pas pour moi. Et pas seulement par peur de ma tutrice, car si je suis maintenant en voyage initiatique, c'est que je n'ai plus à suivre le moindre de ses ordres ; je pourrais me faire culbuter toute la journée, elle n'aurait pas son mot à dire, mais, peut-être est-ce simplement parce qu'elle est celle qui a fait mon éducation théologique et philosophique, je ne peux m'empêcher d'être en accord avec elle.

Pour autant, toute notion de désir ne m'a pas quitté, bien au contraire. Je me suis maintes fois surprises à éprouver une étrange chaleur le long de mon corps, tentée tant par la spiritualité que le physique de quelqu'un. Des fois par des hommes, des fois par des femmes ; la dernière en date étant Aaria'Weïla elle-même. Mais je suis certaine qu'il est possible d'entretenir une relation fusionnelle avec une personne douée d'un quelconque intérêt sans en passer par là, et si je ne renonce pas à obtenir la reine pour moi seule, je me refuserais catégoriquement à un quelconque acte de fornication, même avec elle.

J'ai cependant peur de n'obéir à cette règle que par mimétisme. Je me prends souvent à douter de mes motivations, et si ma foi en Phaïtos n'est plus à prouver, je me demande parfois si je pense sincèrement que la voie que je suis est la sienne ou s'il me sied juste de continuer les desseins de ma tutrice car c'est là la seule chose que je sais faire. Mais ce voyage est là pour ôter ces doutes, il est là pour me retrouver, moi et moi seule, je dois cesser de penser à Equilibre et à ce qu'elle ferait en telle ou telle circonstance. Je dois cesser de haïr des personnes parce que mon éducation m'a appris qu'ils ne devraient pas faire ce qu'ils font. Je dois me forger seule à partir de maintenant. Et ce soir, j'ai décidé de le faire en aidant Aaria ; pas pour l'équilibre de Phaïtos, pas parce que je n'ai pas d'autre but qui vaille la peine de me défaire de ce chemin, mais parce que je fais mienne cette cause, parce que m'y impliquer intégralement sera le meilleur moyen d'en tirer des leçons. Et parce que je veux voir un infini éclat de gratitudes dans les yeux de la reine à mon égard.

« Et lorsqu'elle sera mienne, il sera temps pour nous de nous séparer, » songe-je avec amertume.

Car effectivement, une fois notre mission terminée, que restera-t-il à faire pour moi ici ? Je refuse d'habiter éternellement un monde dépourvu de Phaïtos. Peut-être que je pourrais revenir régulièrement, avec l'accord de la milice ? J'aviserais plus tard, il est inutile de réfléchir à cela maintenant, cela n'engendrera que des questions et aucune réponse.

De ma position je peux apercevoir le volcan et les volutes flamboyantes qui s'en échappent. Le ciel est rouge et noire, c'est magnifique.

Après de très longues minutes à me prélasser dans mon bain, je décide de finalement en sortir avant de m'y endormir. J'attrape les vêtements que j'ai laissé sur le sol et vais les poser sur le guéridon à l'extérieur de la chambre. Je ne prends pas la peine de me sécher, appréciant l'air frais qui vient mordre ma peau mouillée et m'allonge de tout mon long sur le grand lit à plumes.

Je me demande ce qui nous attend dans cette quête. A Niyx, déjà, première étape de mon voyage. L'idée de me retrouver en la seule compagnie de l'hinïon ridicule et du géant ne me plaît guère, mais le second sera sans doute trop occupé à caresser du regard l'Ishtar qui nous guidera pour m'embêter. Reste le blondinet à l'air un peu idiot, qui se sentira très probablement obligé de venir me faire la conversation. J'ai hâte de me retrouver dans la ville Ishtar pour vaquer à mes occupations et rencontrer des personnes réellement intéressantes. C'est là bas que nous devons apprendre à contrôler notre muutos ; la tâche me semble passionnante. Je me demande si cette chose nous sera d'une quelconque utilité ou si elle est purement esthétique.

Peu importe, je reporte ces questions à demain et m'engouffre dans les draps de ma couche. Demain, je devrais très probablement faire mes preuves. Une part de moi l'appréhende, une autre l'attend avec excitation.

_________________
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Merci à Dame Itsvara pour la signature


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mar 14 Juil 2015 15:08 
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Les uns après les autres, les aventuriers débauchés par cette reine de pureté et son général incestueux – si tant est que l’on considère le pouvoir et l’armée comme une grande famille – partent trouver, aux suites du même général, le confort de leur couchette de ce soir, comme une horde de touristes bovins suivant imbécilement un maître d’hôtel graveleux aux allures de groom de luxe pour fantaisistes amateurs. L’elfe loupiotte, le bleu des marais n’ayant sans doute en tête que m’arracher ma douce Ixtli, après s’être attiré les foudres flamboyantes de la flamme personnifiée de ce palais (je précise de ce palais, n’ayant aucune envie d’offusquer Lysis, ma flamme personnifiée personnelle), la jeune et sombre soubrette à l’arc, bien inutile jusqu’ici, si je dois me fier à ses seules paroles narrées : son nom et le désir non moins ardent que l’élémentaire de feu d’aller s’allonger dans une chambre pour la nuit. Navrant, en vérité. Quant à la petite rouquine et son ami aux yeux malsains, ils ont déjà quitté les lieux, accompagnés du plus boisé de nos hôtes. Même le géant gris foncé aux airs de brutasse se fait guimauve ramollie en baisant mièvrement la joue de la Nyixienne ayant apparemment troublé son âme ou son cœur. Ah elle a moins de crédibilité maintenant, la montagne de muscles balafrée, montrant à la dérobée un cœur tendre et sensible. J’en viens presque à plaindre Faëlis qui, tout guindé qu’il est, se bornera demain à tenir la chandelle de ces deux tourtereaux au romantisme précoce. Rôle qui, en d’autres occasions, lui aurait certes échu à merveille. Car je doute qu’il se rapproche d’une si sombre pureté, lui qui est pur dans l’aspect bien plus que dans le nom, si l’on en croit les ragots des cours elfiques sur ses aïeux libertins.

Ah, quelle chance toutefois d’être accueillis par plus fervente et courageuse compagnie que celle qui me suit depuis Tulorim. Les élémentaires, vifs et alertes, au lieu de se vautrer dans leurs matelas de plumes, vont se réunir maintenant pour faire l’inventaire des dégâts de l’explosion du volcan, tel que me l’informe ma douce ondine, non sans se munir d’un zeste fort désagréable de pessimisme morose m’indiquant à la fois la possible précipitation de son départ, et mon inutilité flagrante dans cette discussion qu’il m’aurait plu de suivre. Je lève un sourcil surpris. Plus il y a de monde, plus les solutions envisageables sont diverses, non ? En particulier quand le monde en question provient de région tellement éloignées qu’elles ne sont pas sur le même monde ! N’est-ce pas pour cette même raison qu’ils nous ont charriés jusqu’ici ? J’imagine que Jillian prendra la place de ce conseiller étranger à la sagesse exotique qui fait tout son charme. Enfin, pour ceux qui le trouvent exotiques, bien sûr. Pour moi, ce n’est qu’un humain banal de Tulorim ayant réussi son transfuge dans un autre monde, bien plus que son ancien comparse de bataille Estera. Ainsi, elle me balaie de sa soirée comme un débris encombrant, là où les tourtereaux des jardins rivalisent en attouchements ridicules. Effectivement, le présent est vite passé. Je n’en réponds pas moins avec un sourire à ses propos.

« Je compte sur toi. »

Et je me détourne sans plus un regard, laissant les experts disserter sur leurs problèmes internes. Un peu en retard sur les autres, je me joins toutefois aux coucheurs pour la visite guidée de nos appartements, menée de main de maître par Jillian Averosa, qui pourra dans ses proches vieux jours se recycler aisément en guide touristique pour tulorains curieux, ou en maître d’hôtel, quand nous aurons arrangé ici tout problème concernant la magie, et en bonus réglé toutes les tensions diplomatiques et politiques entres les peuples d’Elysian. La libéralisation des voyages planaires pourrait se faire ! Ainsi donc, je parcours d’un pas rapide la distance qui me sépare d’eux, non sans attarder mon regard sur le fessier gaillard et dodelinant de la dénommée Pureté, qui ne porte que très mal son nom, quand on sait les pensées libidineuses que sa démarche peut laisser. Et je le sais. Oh, pas de jaloux qui tienne, ceci-dit : les petites fesses de Faëlis sont aussi agréables à mater, mais comment rivaliser avec l’arrière-train marqué de hanches notables d’une femme ? Quelques Sylphes s’affairaient à réparer es dégâts causés par l’éruption volcanique, ramassant çà et là les objets tombés, et les bris de vases oblitérés. Soucieux de ne pas nous gêner, ils s’écartent poliment et avec une déférence exagérée sur notre passage. Je m’en sens limite mal, alors que c’est nous qui les dérangeons dans leur travail pour nous rendre, telles des larves paresseuses, dans notre chambrette confortable. Enfin les autres en tout cas, car il est désormais clair pour moi que je n’irai pas me coucher de sitôt. Au pire le simulerai-je pour conforter mes pairs dans le bienfondé de leur paresse nécessaire. Mais je me sens bien loin du sommeil, pour ma part, et l’excitation de parcourir un nouveau monde et des lieux inconnus me fait tressaillir et bouillir d’impatience. Le germe d’une idée opportuniste commence à murir dans mon esprit, non sans l’aide de cet engrais qui m’est si précieux ; Lysis.

(Une pensée opportuniste ? Les meilleures.)

Ainsi pour l’heure je me laisse guider à travers les couloirs immaculés. Tels des enfants sous la garde d’un maton, chacun est posé dans sa propre chambrée. Je salue mes alliés d’un signe de tête, et remercie même Jillian de sa prévenance à notre égard, avant de moi-même me laisser guider jusqu’à la chambrée qui m’est octroyée.

« Merci ! Et courage pour les longues heures de réunion à venir. »

Je les espère longues, oui, car j’aurai besoin de leur absence pour œuvrer confortablement. Mon œil attentif a déjà relevé l’absence totale de gardes au sein du palais. Quand le général honorifique affirmait que les élémentaires ne possédaient pas d’armée ou de milice avant son arrivée, il avait bien raison. Et même maintenant, ça diffère énormément de ce que je connais. Mes actes futurs seront une leçon que je compte bien enseigner à ces naïfs autochtones sur la rapacité des habitants de Yuimen, pour qui tout est synonyme de profit. Je le laisse donc repartir vers ses obligations, le gratifiant d’un dernier sourire poli avant de détailler l’endroit qui m’a été concédé. L’architecture et le mobilier sont raccords avec l’ensemble du palais des sylphes : à la fois sobre, classieux, pratique et confortable. Pas de décoration pompeuse surchargeant le décor, pas de meubles d’apparat lourds en détails et en dorures. Non, le bois brut est de rigueur, ici, dans des formes aériennes rappelant leur élément. Le côté pratique est clairement mis en avant : chaises, commode, table d’appoint où partager un repas improvisé et privé ou étaler sur de longues feuilles de vélin les mémoires de sa journée passée. Et puis un lit, bien sûr, à la fois grand et confortable, utile pour le repos d’une personne comme pour l’union de plusieurs.

Avoisinant la pièce principale, une salle plus petite semble faite pour les soins du corps, l’hygiène et le confort. D’une oreille distraite, j’ai entendu Jillian expliquer en détail à la demoiselle de notre groupe l’utilisation de cette cuve blanche à la tuyauterie étrange. Il a affirmé, à Faëlis, donc, que les deux mécanismes déversent respectivement de l’eau chaude et de l’eau froide, afin d’obtenir la température idéale de baignade. Le suprême pour se relaxer après une longue et dure journée d’aventure… Ou après une partie de jambe en l’air écumant de sueurs mêlées. Je laisse cependant ces conforts pour plus tard. Jillian est reparti, et je pose ici dans la chambre les choses dont je n’aurai pas besoin plus tard : gantelets, cape et rapière, je ne garde sur moi que mon armure, assez légère pour passer sans peine pour un vêtement, mes bottes bien sûr, et ma petite arme métamorphe, toujours utile en cas de pépin. Je n’ai de cesse de me rappeler cette soirée où, bien dépourvu, je me suis retrouvé quasiment nu à devoir combattre un quatuor d’assassins uniquement avec les moyens du bord. Un chandelier et quelques culbutes, en vérité, et l’intervention fort opportune de celle qui partage ma vie et mon esprit. Je note d’ailleurs ma propension à ne pas rester tranquille à ma place lors de mes premières nuits quelque part. Curieux et fouineur, coquin et rebelle, je n’aime pas me cantonner à ce qu’on attend de moi, fut-ce aussi agréable qu’un bon bain chaud et une nuit de repos dans un lit plus que confortable. Même si l’idée m’a traversé l’esprit. Mais non, je dois me tenir à ce que je me suis dit : agir tant que l’occasion se présente. Dès demain, je n’aurai plus tant d’opportunité d’en découvrir autant sur nos commanditaires. Surtout parce qu’ils se barrent tous, en vérité.

Aussi, ainsi débarrassé du superflu, je sors de ma chambrette pour me poster dans le couloir. Plusieurs sylphes sont en train de terminer de ramasser les débris d’une vasque fendue, avant sans doute de s’en aller dormir à leur tour. Je les salue poliment d’un signe de tête, et m’assois sur un banc en bois blanc du couloir, farfouillant ma besace pour en sortir le livre que j’ai emprunté, sans qu’elle le sache, à la jolie ondine aux mœurs légères. Confortablement installé, je passe la main sur le titre du volume, d’une caresse légère qui en frôle le cuir fauve. L’Incarnation d’Aaria-Weïla. Ainsi donc, j’espère au sein de ses pages en apprendre davantage sur celle qui nous a accueillis comme des héros avant l’heure, plaçant en notre compagnie les espoirs de tout un peuple. Sagesse ou folie, elle n’en a pas moins su faire approuver l’idée par tous ses semblables, et doit donc faire figure de sagacité parmi les élémentaires. Ces éléments, je compte bien les prouver par cette lecture signée par Megantareon IV de Valmarin, une personnalité m’étant complètement inconnue. Valmarin… une cité humaine, très certainement, et donc un regard critique probablement négatif sur la Reine des élémentaires. Une lecture à apprécier avec un regard reculé prenant cette information en compte. Ce que j’y lirai sera sans doute très peu pertinent, et très orienté politiquement. Sauf si Megichou quatrième du nom est plus malin que ses confrères à la vie si courte.

Tout en me plongeant dans la lecture, je garde un regard attentif à ce qui se passe autour de moi, les allez et venues, l’occurrence des passages. SI j’avais voulu juste lire, bien entendu j’aurais été plus confortablement mis dans ma chambrée, allongé sur mon lit ou affalé sur une chaise. Mais… La lecture n’est qu’un outil, et non un but en soi, même si le contenu du récit m’intéresse au plus haut point.

Ainsi, entre ces lignes teintées de subjectivité détractrice, entre les rumeurs et commérages de bas étages indiquant Aaria comme la réincarnation d’une déesse, ou un être au passé antédiluvien aux pouvoirs vampiriques se nourrissant de la puissance et de la force des autres pour survivre, ce qui consiste effectivement en une accusation abrutie de bas étage sur un être qui a tout mon respect jusqu’ici, je n’apprends rien de plus pertinent que l’avis propre de l’auteur, égocentrique dans l’âme qui étale ses songes sur parchemin comme un gosse de cinq an dessinerait à son tuteur sévère et d’un trait maladroit le contenu léger de sa fin de semaine ludique. Ainsi, donc, le postulat de cet écrivain banlieusard à l’intellect sans doute bouffé par les poissons-limaces qui entourent son île de consanguins sanguins – que de préjugés, que je préjugés – est que les élémentaires sont des imposteurs qui se gaussent de leur action salvatrice lors du crépuscule des dieux (un autre tome en vente dans toutes les bonnes librairies) sans avoir jamais été confrontés pour la véracité de leur action, ni n’ayant jamais dû prouver leurs pouvoirs. Accusation culotée de la part d’un type qui, en plus de n’avoir certainement pas été présent lors des événements, n’y aurait sans doute rien foutu, comme tous les siens, à part crever la bouche ouverte et les yeux éplorés emplis de panique. Ainsi, à grands coups d’arguments d’autorité moisis et caricaturaux, il tente de faire passer les élémentaires en général, et Aaria en particulier, comme des voleurs de magie, des suceurs de fluides, des pingres du pouvoir occulte. Et puis, l’auteur perd lui-même le fil de ses pensées en associant la Reine des Sylphes à la réincarnation de la déesse défunte ayant donné sa vie pour créer les élémentaires et maintenir l’équilibre sur le monde avant de s’auto-contredire en affirmant en conclusion que ça n’était finalement que de vils racontars.

Perplexe sur l’utilité et la pertinence d’une telle lecture, je referme le volume en restant un moment silencieux, interdit et pensif.

(Et si ça avait un fond de vérité ?)

(Même la plus grosse des âneries a toujours un fond de vérité. Reste à savoir lequel, dans ce ramassis de racontars d’ivrogne de coin de bar.)

Je vois que ma chère faera partage les mêmes doutes que moi sur la pertinence des propos lus. Surtout qu’ils se brisent eux-mêmes comme l’écume d’une vague puissante sur un roc sédentaire en s’éparpillant dans tous les sens avec des hypothèses foireuses qui se contredisent. Comment différencier, dès lors, le faux du vrai ? Ah, s’il est encore vivant, j’aurai deux ou trois mots à redire sur sa verve littéraire, à ce royal limité du bulbe. On discutera art et lettres, que je lui fasse comprendre la ponctuation à grands coups de points.

Pourtant, le plus intéressant de l’œuvre n’est pas l’écriture elle-même. Je distingue, en marge du récit, sur une feuille volante, un mot rédigé dans une écriture assez similaire à celle des listes trouvées sur la table de la milice de Tulorim. Celle de Jillian, sans aucun doute. Un mot adressé à Aaria, qui la presse à révéler à ces sagouins ignorants la vérité de son être. Et sur une seconde note, la réponse de la reine émettant des doutes à mon avis fondés sur leur intérêt général de la vérité. Elle préfère, s’explique-t-elle, se murer dans un silence pudique que de se confronter une nouvelle fois à leur ire. Bien faire, et laisser dire. Une philosophie à laquelle j’adhère en tout point. Mais ça signifie aussi et surtout une chose : je ne sais rien sur elle, et elle a bien un secret enfoui, qu’elle garde jalousement.

Enfin, bon, je note tout de même que pendant ma lecture, le couloir s’est drôlement calmé, et que plus personne n’est passé ici depuis belle lurette. Seul, enfin, et donc libre d’œuvrer à ma guise, selon mon bon vouloir, dans le dos de mes alliés (et Zewen sait qu’on peut faire de nombreuses choses, dans le dos d’autrui). Aussi ne prends-je pas le temps de m’inquiéter de l’absence notable de Kerenn dans sa chambre, c’est un grand garçon qui sait se débrouiller, le bougre, et je m’en vais moi-même à mes propres explorations nocturnes.

(Huhuhu… Ahahah !)

Ainsi donc, et sans plus tarder puisque le temps m’est compté, je prends nonchalamment la direction de ce que je pense être les chambrées des diplomates élémentaires, afin de faire une petite inspection surprise de leur paquetage, voir si je ne peux y découvrir quelque indice sur leurs habitudes cachées, leur biographie de l’ombre, leurs secrets enfouis. Au bout du couloir, je bifurque à gauche, et avise une première porte qui se présente à moi. Jetant un regard circonspect et circulaire autour de moi afin de m’assurer de n’être pas observé, je teste la poignée, qui cède à mes avances sans résister, la coquine, et je pénètre la chambre après en avoir ouvert sans pudeur l’entrée. À l’intérieur, c’est le chaos. Enfin… pas tant que ça, mais un désordre ambiant dénote d’une nonchalance certaine de son propriétaire, et d’une certaine propension à laisser les choses traîner partout sans organisations. Aux habits ainsi étalés, masculins et de grande taille, je conclus rapidement que le locataire temporaire de cette chambrée mal rangée n’est autre que le grand rouge avec une barbe noire : Malakbël. Bon, l’endroit ne lui appartient pas, c’est un fait : ça reste une chambre d’invité dans le même style que celles dont on est pourvu. Aussi manque-t-elle un peu, il fallait s’y attendre, de la personnalité endiablée de ce géant carmin certainement prompt à s’enflammer. Je farfouille rapidement ses affaires, dont le plus gros malgré tout déborde d’une malle à l’image de la chambre : désordonnée. Habits et autres objets divers de voyage. Rien de bien particulier, si ce n’est l’arme de ce grand cornu. Et quelle arme ! Une épée monumentale, qui peut vu son apparence faire autant de dégâts par son poids que par son apparence. Un style de combat bourrin et sans finesse, qui correspond sans doute à un caractère direct et bourru, non dénué de courage. Et peut-être un petit truc à compenser. L’acier dans laquelle elle est forgée, je n’en ai jamais vu de tel : noir aux reflets rouges. Plutôt stylé, en vérité, et si je n’avais pas moi-même été paré d’équipements épiques et aussi rares que précieux, j’aurais sans doute bavé devant la facture de l’objet.

J’ai finalement assez vite fait le tour de cette pièce, et les conclusions que je peux en tirer manquent d’éléments solides pour être étayées. Au moins ai-je eu un bref aperçu de son style de combat, car l’épée n’était clairement pas d’apparat. Ça peut être utile, à l’occasion. Et au moins ici, mon intervention passera totalement inaperçue, vu le bordel qui traîne partout. Je quitte l’endroit sans plus tarder, fort aise d’avoir eu la chance de commencer par sa chambre à lui. J’aurais sans doute eu plus de difficulté à m’expliquer avec lui qu’avec ses consœurs. J’ai toujours eu un contact plus aisé avec la gent féminine. Même si dans les faits… elles peuvent se montrer bien plus vindicatives que les mâles de différentes espèces humanoïdes.

En parlant de femme, d’ailleurs, j’entre rapidement dans la suivante. Enfin. Dans la chambre suivante, celle d’une femme, bien sûr, qu’allez-vous vous imaginer là. Le fait qu’elle soit féminine ne fait aucun doute : un parfum floral baigne l’air, et tout y est davantage rangé. Sur la commode, ouverte sans que rien n’en dépasse, une boite à maquillage côtoie un petit coffre à bijoux. C’est bien chez une coquette que je suis maintenant, que je valide automatiquement comme étant la sulfureuse Marikani. La proximité de la chambrée de Malakbël est un indice trop évident pour le laisser de côté. Ainsi donc, la demoiselle de feu aime à se pomponner, et prendre soin de ses affaires. Un bref regard dans sa malle entrouverte m’assure qu’elle aime les frusques et les habits. Pour un voyage où son semblable n’a apporté que quelques vêtements de rechange, on dirait qu’elle a déplacé l’intégralité de sa garde-robe : petites robes sexy, tenues plus officielles, vêtements de voyage plus confortable côtoient bottes, escarpins haut perchés et sous-vêtements affriolants. À croire que son fessier ne déroge pas au reste de sa peau chaleureuse : elle a le feu au cul, cette petite. Et je l’en sais gré. Il n’y a de piment dans une vie que si l’on en met ! Sur les draps bien pliés repose, prêt à l’emploi, un joli déshabillé, petite nuisette foncée, à la fois subtilement transparente et satinée. Comme il doit être agréable de s’y glisser ! Et là encore, je parle de l’habit. Quoique.

Elle aussi possède une paire d’armes de la même qualité que celle de Malakbël, faite dans le même acier noir aux reflets rougeoyants. Mais ici, plus d’épée démesurée : c’est d’une paire de saïs dont il s’agit, cette arme utilisée par les guerriers de l’ombre d’Oranan, les ninjas aux armures légères et aux gestes vifs et rapides, souples et agiles. La maîtrise d’un tel armement nécessite plus de rigueur et de précision que l’escrime classique, et le maniement d’armes lourdes et dévastatrices. Ici, il faut frapper droit au cœur, sans s’embrocher soi-même un œil. Une rigueur dont elle est capable, donc.

Une petite boite contient plusieurs flacons contenant différentes essences parfumées, qu’elle mélange sûrement quotidiennement au gré de ses humeurs et de ses souhaits. Je vois en elle, soudainement, une séductrice experte à la coquetterie notable, et à la vie toutefois bien organisée. Propre sur elle, sans défaillance visible, elle est sans doute une professionnelle de la dissimulation et du jeu d’acteur. De là à dire qu’il faut s’en méfier, il n’a qu’un pas… Que je ne franchis pas pour l’instant, lui laissant à la fois le bénéfice du doute et la présomption d’innocence. Après tout, ça n’est pas parce qu’on est capable de mentir et de dissimuler qu’on s’en sert forcément, ni qu’on est d’office irrévérencieux et mauvais. Je suis bien placé pour le dire. Quoique, encore.

(Oui. Toi tu mens et te dissimules pour cacher ce qui ne peut être su : ton ralliement aux ennemis officiels de tes alliés proclamés.)

C’est pas faux, en vérité. Mais ce sont là des considérations qui ne doivent pas entrer en ligne de compte sur ce monde. Enfin jusqu’à maintenant, en tout cas. Et ça n’est pas ma petite visite nocturne qui prouve le contraire : je suis un fouineur curieux, mais ni voleur, ni mal intentionné. Et de ceux que je visite, je n’en retire pas ma confiance. Je m’assure juste d’apprendre à les connaître tels qu’ils ne se présentent pas forcément.

(C’est la seule excuse que tu as trouvé pour ne pas te sentir coupable ?)

(Oui. Et je la trouve tout à fait fondée ! Ça marche plutôt bien.)

(Alors je t’encourage à poursuivre. Quoiqu’il serait plaisant d’attendre ici le retour de la belle, histoire de lui montrer toi aussi ce que jusqu’ici tu lui as caché.)

La perspective n’est pas déplaisante, en vérité, mais je vois là comme une malveillante initiative de Lysis pour me détourner de l’aigail.

(Nooon, du tout. Comme si c’était mon genre.)

Et c’aurait pu marcher, mais… non. Ixtli occupe toujours mes pensées, et je suis déjà impatient de croiser ses propres dessous. Enfin. Ses… sa… bref. De fouiller ses biens privés. Aussi, je prends le parti de sortir de la chambrée sans regret. Nombreuses seront les semaines de présence sur Elysian. Et autant les possibilités et occasions de la recroiser plus avant pour faire plus ample connaissance. Si j’ai l’opportunité de réduire à néant les difficultés diplomatiques entre le feu et l’eau dans une réunion pléniaire des deux essences, je m’y emploierai corps et âme !

(Corps, surtout. Tu n’as pas d’âme.)

(Allons, allons, point de blasphème, nous sommes tous égaux devant Phaïtos.)

(Oui enfin… Sauf toi qu’il a laissé partir vif de ses Enfers.)

(Je sais oui. Le commentaire n’était pas innocent.)

(Je sais aussi. Mais prends garde à l’incident diplomatique, en faisant de telles expériences. Qui joue avec le feu s’expose à l’ire de l’eau.)

Tempétueuse Ixtli, comme il me plairait de voir la fougue inonder ton regard comme plus tôt dans la soirée. Si je n’y retrouve pas le désir, au moins j’aurai la colère pour me consoler, et me perdre à nouveau dans l’ambre de son regard.

Aussi sans plus tarder, je passe à la porte suivante, qui n’est pas celle de mon aimée.

(QUOI !?)

(Quoi, quoi ? Rholala, c’est un abus de langage, sans doute, rien de plus. Et puis je l’apprécie, c’est un fait. Tu me sais maladroit, sur ce domaine auquel j’ignore tout.)

(Mouais. Je te rappelle quand même que l’amour t’est interdit, joli cœur. L’attachement n’est pas pour toi, privateur de liberté.)

(Oui, ma malédiction.)

(Ta vie. Elle vaut bien plus que toutes ces fadaises mielleuses.)

Sans doute a-t-elle raison. Mais de là à se murer dans une telle extrême exclusive de tout attachement ? SI j’en étais persuadé, je commence à en douter. Mais n’y connaissant rien, et sincère envers moi-même dans cette ignorance, je préfère ne pas relever davantage : les arguments me manqueraient vite.

D’ailleurs, en entrant dans la chambrée suivante, que j’associe vite à Yuralria, je suis pris d’une soudaine et inexplicable crainte d’interrompre une douce mélopée d’un Kerenn des bois aux abois criant, verve à la main, en bas de son balcon, sa sérénade à la niyxienne, ou susurrant à genoux devant elle en lui cherchant des poux dans la tonsure. Elle s’en va vite, bien sûr, puisque je me rappelle de l’occurrence de la présence de la loupiotte clignotante binaire à la réunion des élémentaires, où elle doit avoir un rôle majeur, sa cité étant sans doute particulièrement exposée (et j’ai failli riper et dire explosée) à l’éruption du volcan. La chambre, désertée de toute présence, donc, sauf si Kerenn se cache sous le lit, auquel cas je verrais ses grands petons dépasser, s’offre à moi, assez semblable dans sa composition aux précédentes que j’ai visitées. Une chambre d’invitée temporaire, et non de résidente sédentaire. Encore que, pour l’occasion, elle semble plus installée que les autres. De nombreux objets, aussi hétéroclites qu’étranges, parcourent l’endroit. Le genre de trucs magiques auxquels je ne pige pas grand-chose, si ce n’est que je ne ferais mieux pas d’y toucher si je ne veux pas commettre une nouvelle catastrophe. Sait-on jamais qu’elle ait avec elle un générateur de lave infinie, un simulateur de Big Bang (l’autre nom, secret, de Zewen), ou une parcelle de fin du monde apocalyptique en puzzle. Je n’ai jamais aimé la magie, les sciences occultes et ces pouvoirs que je ne possède pas. Ça a quelque chose de contre nature qui me rebute au plus haut point.

(Et pourtant, j’en manie.)

(Oui… mais toi c’est différent. Le feu, aussi destructeur soit-il, est un élément que je conçois, que je comprends.)

Car oui, la magie que je déteste le plus est celle de l’esprit, de l’illusion, de la manipulation mentale, de la lecture de pensée, de la détection de mensonge. Ah, quelle plaie que ces pouvoirs réduisant drastiquement toute liberté, faits et usés pour le contrôle et l’affichage arbitraire de vérités cachées. Ces colliers, par exemple, dont je garde le stigmate éternel autour du cou, qui nous donnaient des ordres sans qu’on puisse s’y soustraire à moins de devoir céder à d’autres plus crapuleux encore. Une honte, un débris d’esprit tordu. Hors de question que je me laisse encore piéger par ce genre de truc immonde. Je préfère faire un câlin à un argus rampant que de me laisser violer l’esprit à nouveau de la sorte. DONC, malgré l’exposition alléchante de pierres runiques, cristaux mystérieux aux reflets mouvants, appareils d’alchimie, lunettes de vision cuivrées aux rebords renforcés et aux verres teintés, je ne touche à rien. Pas même lorsqu’un détail me rappelle assez bien une possession qui est mienne : L’Appareil Poly-Harmonisateur d’Ondes Transmises par des Organismes. Il y a un objet semblable, dans le fouilli de sa collection. Même si les différences sont notables : une manivelle occasionne sur le côté une capture sans doute continue des images, qui sont envoyées non pas sur du papier brillant, mais sur une double-bobine qui se déroule à mesure qu’on tourne la manivelle. Je ne comprends pas bien le principe, mais… ça m’évoque clairement ma possession étrange. Je préfère ne pas rester plus longtemps dans cette pièce, par contre, redoutant la catastrophe.

Et puis, depuis peu, je n’arrive pas à me tirer de la tête les derniers mots lus écrits de la main de la Reine : sa chambre sera ma prochaine étape. Je dois en apprendre davantage. Aussi, je quitte les lieux sans plus m’attarder. La chambre de la reine n’est pas dans ce couloir, en tout cas. Et je parcoure pendant plusieurs longues minutes les couloirs avant de trouver, dans une autre aile du palais, quelque chose qui s’en rapproche fortement. Les appartements sont ici bien plus vastes et luxueux que ceux des invités. Je tombe sur une première, et ne peux empêcher un fin sifflement filtrer de mes lèvres, impressionné par le faste des lieux.

(Hé ben. Ils se font pas chier ici.)

Spacieux, aérée, grande en largeur comme en hauteur, les appartements où j’entre sont composés de plusieurs pièces : un coin salon confortable, une chambre au lit monstrueusement grand, de quoi faire pâlir d’envie ceux plus petits des diplomates, et une salle de bain deux fois plus vaste que la nôtre. Les teintes de l’endroit sont un panel allant du blanc au doré en passant par divers nuances d’ocre. Une bibliothèque orne l’un des murs, et un bref regard sur les titres m’en fait tirer la conclusion qu’il s’agit certainement de la chambre du général Averosa. Manuels de stratégie militaire, « Comment former un soldat en dix leçons », « le guide de survie du bon officier », « l’armée pour les nuls » et autres références notables dans le domaine. Il n’y a que lui, si j’ai bien compris, à avoir ici un esprit si belliciste. La collection d’armes, toutes plus exotiques et impressionnantes les unes que les autres, qui peuple l’endroit en lui décernant une décoration toute martiale, confirme ma pensée. De simple pion de la milice, aux envies héroïques, il su creuser son trou, le salaud ! Comme quoi, ça peut avoir du bon d’avoir les élémentaires à la bonne. Et sa proximité avec Aaria me fait dire qu’il n’y a pas quand dans le palais qu’il a creusé son trou, le vil coquin.

Sur une table, plusieurs feuillets sont étalés. Curieux, je m’en approche pour en lire le contenu, mais… la langue décrite m’est incompréhensible. Illisible, ces pages ne me servent à rien. Je passe bien plusieurs minutes pour tenter de décrypter un code, mais n’y parviens guère, pas même avec l’aide de Lysis, qui pas plus que moi ne connait ce langage. Il faudra quand même que je tire ça au clair, un de ces jours. Je n’aime pas laisser ce genre de détails derrière moi sans plus m’y intéresser. Mais je n’ai pas grand-chose de plus à faire ici, et le temps passe. Ne voulant pas être pris en flagrant délit de farfouillage, je quitte les appartements du général en chef, avec la conviction que ceux de la reine, étonnamment, ne sont plus très loin.

Comme je l’imaginais, la porte suivante m’y fait pénétrer. Et là encore, je ne peux retenir un sifflement admiratif. De la même proportion que ceux de Jillian, ils semblent néanmoins plus grands encore. Les teintes ici vacillent entre le bleu et le blanc. Le lit, je n’en ai jamais vu de pareil. On pourrait s’y loger à cinq sans se toucher. Et ça serait dommage de ne pas le faire sur un tel matelas. J’aurais presque envie de m’installer là en attendant la reine pour lui demander en personne les informations que je suis venu chercher ici. Mais… je gage qu’elle pourrait le prendre mal, et qu’après une discussion sur les catastrophes d’Elysian, elle aura sans doute envie de dormir, pas de ressasser son passé avec un inconnu, même s’il est d’une grande qualité comme moi.

(Hem…)

Des meubles de bois foncé ornent la pièce, peu nombreux en vérité face à l’espace à remplir ici. Une fois encore, je me retrouve confronté à une grande bibliothèque aux nombreux volumes chargés d’histoires. Jillian avait témoigné de la propension d’Aaria à s’intéresser aux contes et légendes, hé bien ça confirme ses dires. De nombreux tomes recensant des légendes originaires tant d’Elysian que de Yuimen alourdissent les étagères en les faisant presque ployer sous le poids des livres. Un titre, en particulier, attire mon regard car je l’ai déjà lu ailleurs, ce soir : Le crépuscule des Dieux. Le tirant de la bibliothèque, je constate qu’Aaria en est la rédactrice. Bien ! Voilà un volume qui me semble plus pertinent pour en apprendre long sur la Reine des Sylphes, et les événements survenus il y a 1800ans. Ce qui… signifie presque assurément qu’elle en a été contemporaine. Créée par la déesse mourante pleurant son mari défunt, elle a été la première. L’alpha des élémentaires, tel qu’elle l’a affirmé à notre petite assemblée. Le livre, je le glisse aux côtés de l’autre, dans ma besace. Il sera pertinent de le lire plus tard : présentement, je n’en ai plus vraiment le temps. Les propriétaires fourbus des chambres risquent d’y revenir d’un instant à l’autre.

Je m’en vais pour quitter la pièce quand un petit tas de papiers semblables à ceux trouvés chez Jillian attire mon regard. Je m’en approche, et m’empare du premier… Encore une correspondance codée, ou au langage inconnu. Peu pertinent. Mais entre deux autres feuillets, je perçois des lettres qui me sont plus familières, des mots que je comprends. Aussi, alors que je m’attendais à ne plus rien trouver, je m’empare de la missive, assez longue, et commence à la lire d’un œil distrait.

(…)

Très vite, cet œil distrait prend l’intégralité de la part de mon attention. Cette missive est rédigée de la main d’Aaria en personne. Une histoire, son histoire… Qui commence comme une genèse.

« Au commencement, il y avait le Néant. Celui qui fut, est et sera, Artisan du Vide, Créateur de ce qui Est. Au commencement, Il créa les fluides, et les façonna jusqu’à ce qu’ils deviennent les planètes qui en seraient les réceptacles. Alors, Il créa les étoiles, pour mieux les contempler. »

Absorbé complètement par ma lecture, mes yeux s’écarquillent de plus en plus à mesure que les révélations pleuvent et tombent comme des couperets glacés sur la toile bien terne de la réalité jusqu’ici adoptée. Ô humains, poussières infimes, comment avez-vous pu juger une telle entité ? Leur imagination n’a pas assez d’expansion pour ne fut-ce que penser à un centième de la vérité. Ils sont complètement à côté de la plaque, ces détracteurs puérils à l’existence équivalant à moins qu’un battement de cil. Et bien en deçà de ce qu’Aaria est réellement. À la lecture, mes mâchoires se crispent, ma respiration se bloque, mes sourcils se froncent d’eux-même. Je sens mes paumes, qui tiennent ce papier en essayant de ne pas trembler, s’humecter et devenir moites. Plusieurs fois, je déglutis, regard dur et sévère, mais non empreint d’une admiration grandissant à chaque mot.

« Mes pensées naissantes n’étaient que de vagues courants fluctuant au gré des marées et mon nom encore qu’un murmure, un songe emporté par le vent. »

Car voilà même l’essence originelle de son être, la pureté absolue, l’innocence et la liberté incarnée, une page vierge qui a tout inscrit d’elle-même de par sa propre observation. Depuis la nuit des temps, jusqu’à son incarnation. Comme tout semble misérable, vain et futile à côté d’un tel récit, d’une telle expérience.

« Mais mon ascension cessa brusquement alors que les liens qui me retenaient à Elysian me rappelaient à eux. »

Et là, mes yeux se brouillent, la pression de mes doigts sur le parchemin fait blanchir leur extrémité. Je sens les larmes abonder sans couler dans mon regard noir. Prisonnière. Douleur injuste. Liberté illusoire, dont la pureté parfaite a été domptée par plus puissant. Supplice. Le temps n’a plus part, et n’est que souffrance répétée. Puis un éveil, une conscience nouvelle… un aveu de faiblesse, pour celle qui de loin m’apparait comme la plus forte. La plus légitime. La seule. Le personnage d’Aaria se construit dans mon esprit à la lecture de ces mots purs. Un personnage dont je n’aurais jamais pu suspecter l’existence. Je ne sais que penser de tout ça, alors qu’une larme perle et glisse sur ma joue à la lecture des derniers mots, écrits par une autre personne.

« Et la suite ? Ne t’arrête pas là… »

J’ai presque honte, finalement, d’avoir violé cette intimité. Mais cela n’a pas été vain. Au contraire, car maintenant je suis apte à comprendre. À cerner. Je pose le papier sur le lit, bien en vue. Je ne compte pas cacher ma découverte de celui-ci, ma lecture de ces mots. Quitte à encourir sa colère. De mon poignet, un bouton de rose pousse, pousse et fleurit. Je le coupe après plus de vingt centimètres de tige, et pose la fleur aux pétales carmin sur le parchemin.

Tout est trouble dans mes pensées, je ne sais vers où les diriger. Est-ce de l’admiration ? De la ferveur ? De la Foi ? De l’amour, peut-être ? Et là, même Lysis ne se permet aucun commentaire. Je me sens tourneboulé, déboussolé. Comme si toutes mes réalités venaient de prendre une nouvelle dimension. Ce qui est certain, c’est que je n’ai plus rien à faire là. Mon intrusion a suffisamment duré, et je ne veux pas qu’elle soit plus perçue comme une insulte. Je laisse la preuve de mon passage, tant par la rose que par l’absence du livre. Demain, quand tout le monde sera parti, j’irai trouver celle pour qui… celle pour qui mes sentiments se sont sublimés, dans un rare accès de perfection. De là à remettre en cause les fondements même de ma propre existence, cette fierté si souvent mise en avant, cette auto suffisance. Face à elle, moi aussi je ne suis qu’une poussière, qu’un faible sans expérience. Et je lui dois tout, même si elle n’est à l’origine de rien. Et son côté humble prend un tout autre aspect : car pourquoi se vanter auprès d’êtres qui ne représentent rien ? Ou qui importent, mais qui ne sont pas capables de comprendre.

Oui, Jillian a bien fait d’insister pour qu’elle révèle tout ça. Mais ça dépasse l’inimaginable et l’entendement de beaucoup, sans en douter. Aussi elle a eu également raison d’émettre des réserves.

Sans plus traîner, je rejoins mes propres quartiers, démarche rapide et air absent, ne me souciant plus même des volutes éthérées qui changent mon corps alors que je me meus. Arrivé dans ma chambre, je me déshabille totalement, posant sur mon oreiller le livre titré « Le crépuscule des dieux ». Une lecture plus que de rigueur, je le sens. Et qu’il ne tarde de parcourir. Mais avant, je dois prendre un bain.

Suivant les indications de Jillian, je tempère l’eau bouillante avec l’eau fraiche pour arriver à une température idéale, assez chaude pour me relaxer, presque trop, pour me sentir vivre, mais suffisamment pour ne pas me brûler. Je reste là plus d’une heure, abandonné aux caresses de l’eau, et à celle de Lysis, qui sous sa forme humanoïde brulante me masse pour dissiper toute tension, sans un mot. Les yeux fermés, je la laisse faire, des nœuds musculaires de mes épaules jusqu’aux tensions plus passionnées nées en début de soirée, qu’elle apaise de sa langue habile aux milles vertus. Quand elle intègre à nouveau mon esprit, je me sens vidé, éreinté. Je quitte le bain et m’enveloppe dans une serviette propre. Mes vêtements jonchent le sol. Tant pis pour leur propreté promise, au pire irai-je nu, demain. Je n’ai rien à cacher, plus rien. Plus de mensonge ni de secret. Car plus que quiconque, elle mérite la vérité. Et pendant que les gouttes de ce bain agréable sèchent sur ma peau d’argent, je parcoure de mes yeux fatigués, et néanmoins avides, les lignes du livre emprunté à Aaria’Weïla, Reine de mes pensées, de mes songes.

Et je me laisse glisser dans l’inconstance d’un sommeil en proie ni aux rêves, ni aux cauchemars, mais à ces visions de la perfection que des mots, de simples mots, m’ont laissé entrevoir, ce soir.

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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mar 14 Juil 2015 16:13 
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Ilmatar – Les chambres

Pour Faëlis, Pureté et Kerenn

    Alors que l’aube poignait, c’était une Yuralria sous sa forme de jour qui vient toquer à la porte de Pureté afin de la réveiller.

    - Il est l’heure, murmura-t-elle.

    Elle se déplaça jusqu’à la chambre de Faëlis et lui prononça les mêmes mots. Ce dernier pu trouver une épée déposée sur le guéridon, sans doute par un Jillian qui honorait sa promesse. Elle était fine, légèrement recourbée sur le bout de la lame et sa garde était aux couleurs de l’or et de l’argent, bien que le métal sembla différent. La jeune Ishtar attendit patiemment qu’ils se préparent puis les emmena aux écuries du palais et leur donna a chacun un cheval déjà apprêté avec vivres dans les sacoches, en prit un pour elle et en détacha un autre, plus grand que les autres. Elle leur enjoint de mener les chevaux par la bride dans la ville et les accompagna jusqu’à la sortie de la ville. La jeune Ishtar, apercevant l’état dans lequel était Kerenn, marqua un temps d’arrêt avant de le rejoindre à grands pas.

    - Je n’aurais pas cru qu’ils aventureraient aussi près de la ville, l’éruption a dû leur faire peur, murmura-t-elle, les yeux légèrement écarquillés.

    Elle leva alors les mains, effleurant délicatement la peau autour des blessures comme si elle en déterminait la gravité. Elle les plaça ensuite au-dessus des différentes contusions et blessures dont était couvert le Sindel et ferma les yeux. Ses mains s’auréolèrent d’une douce lumière blanche qui relia les tissus déchirés et résorba les hématomes. Elle les déplaça sur chacune des blessures visibles de Kerenn.

    - As-tu d’autres blessures ?

    Lorsque ce fut terminé, elle semblait un peu plus fatiguée et son aura lumineuse était légèrement moins marquée qu’à son arrivée. Sans un mot, elle lui tendit les rennes du dernier cheval, le plus grand, et enfourcha sa propre monture.

    - J’espère que vous avez déjà chevauché, sinon je vous apprendrai en chemin.

    Elle prit alors la route vers le nord, restant cependant présente en cas de questions.

(Je vous laisse décrire vos montures à votre souhait, vous avez la synchronisation indiquée en fin de màj).


Pour Cromax :

La lecture du Crépuscule des Dieux est envoyée dans tes mps.


    On frappa trois coups nets à sa porte, tandis que le soleil s’élevait dans le ciel. Il était clairement visible à l’horizon, mais la matinée n’était guère entamée. Lorsque Cromax ouvrit, il vit le demi-sourire d’Aaria’Weïla, appuyé de l’épaule contre le chambranle de la porte. Elle ne semblait pas fâchée de l’intrusion de la veille, si tant est qu’elle soit retournée dans sa chambre durant la nuit, mais l’aura de mystère qui l’entourait semblait contenue dans son seul sourire.

    - Bonjour Cromax, il est l’heure pour toi de voir Terhenetar, l’esprit du vent.

    Elle lui laissa le temps de se préparer et l’emmena d’un pas alerte sans prononcer un mot à travers les couloirs d’Ilmatar jusqu’aux jardins dans lesquels elle s’engagea. Elle ralentit le pas et n’est qu’alors qu’elle prit la parole.

    - Je gage qu’après tes pérégrinations nocturnes, quelques questions s’imposent. Je t’écoute.


Pour Earnar

    Earnar fut alerté par trois coups frappés à sa porte. Lorsqu'il ouvrit, il put voir Marikani dans l’entrebâillement.

    - C'est moi qui t'emmène à Ilmatar. Habille toi et prépare-toi, qu'on se mette en route.

    Elle le laissa réunir ses affaires et l'accompagna jusqu'à l'écurie, lui donnant un cheval et elle en prit également un pour elle. Tous deux se dirigèrent alors vers la sortie de la ville et obliquèrent vers le sud-est, vers la ville d'Elivagar.

(Je te laisse décrire la monture, la synchronisation est indiquée plus bas).


[Faëlis - xp : 3,5 (post)
Pureté - xp : 2,5 (post)
Cromax - xp : 11 (post) ; 0,5 (fouilles) ; 1 (découvertes)
Kerenn - xp : 6,5 (post) ; 1 (combat avec l’animal) ; 1 (apprentissage)
Kalas – xp : 1 (post)]

[Faëlis : obtention de l’épée des sylphes.
Kerenn : apprentissage calme « animal » validé.]

[Synchronisation monture :
Pureté : 53/100
Faëlis : 78/100
Kerenn : 68/100
Kalas : 88/100
Guasina : 95/100
Earnar : 86/100]


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mar 14 Juil 2015 17:47 
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Le petit matin qui se levait trouva Faëlis assit en tailleur, les yeux bien ouverts et le visage serein. Il avait tout de même pu assimiler les événements de la veille et était maintenant fin prêt pour la suite. Pourtant, un calme irréel l'habitait et c'est l'esprit étrangement vide et reposé qu'il attendit qu'on vienne le chercher.

Pendant cette phase d'attente, il vit d'un air détaché des serviteurs ramener ses vêtements qu'ils avaient dû emporter pendant son sommeil. Ils amenaient aussi une épée qu'ils posèrent en s'efforçant de ne pas regarder l'elfe assis par terre, nu, qui les suivait des yeux et leur adressa en tout et pour tout un hochement de tête poli.

Ce fut finalement la voix de Yura qui le tira de cet état semi-léthargique, lui annonçant qu'il était temps de se mettre en route. Il le leva, sentant un à un ses muscles se déplier, glisser le long de ses os.

(Par Gaïa, que ça fait du bien ! Cela faisait fort longtemps que je n'avais pas eu une nuit aussi réparatrice...)

Il porta le regard vers l'épée et sourit. Il la ramassa et l'examina. Une garde d'or et d'argent, digne d'un officier de Cuilnen... mais la lame... il ne savait pas en quoi était faite la lame. Elle était fort belle et équilibrée, délicatement recourbé avec une grâce qui faisait honneur à son nouveau porteur. Bien. Si cette mission s'annonçait plus riche en enquêtes et en mystères qu'en bataille, ce dont il était heureux, il était tout de même ravis de posséder une lame de cette qualité pour le soutenir.

Il entreprit de la tester, décrivant quelques moulinets élégants et assurant ainsi un bon petit entrainement de réveil. Fendre la feuille, danser dans le vent... précision et dextérité. Cette arme était en effet facile à manier. Exactement ce qu'il fallait à un épéiste médiocre comme lui.

Au gré de son entrainement, il voleta à travers la pièce et finit par arriver devant la fenêtre. Là, il vit le panache noir qui comblait l'horizon et eut un demi-sourire. Les volcans illuminaient la nuit mais assombrissaient le jour, comme soucieux de bouleverser l'ordre naturel jusqu'au bout. Il fendit l'air en direction de la fumée. Son arme était dérisoire face à une telle puissance, mais il comptait bien s'en servir pour faire la différence !

Finalement, il alla s'habiller et sortit de sa chambre. Dans les couloirs, quelques petites fissures, mais rien de grave. On voyait mieux, à la lumière du jour, les dégâts du tremblement de terre. Ils étaient minimes mais bien présent, et quelques serviteurs aux mouvements flous et aériens continuaient à épousseter des bustes de statues et à remettre en place quelques tapisseries.

Il parvint finalement à la lumière du soleil et vit que tout était prêt. Des chevaux les attendaient. Les aventuriers étaient tous là, se préparant au départ...

Il se tourna un instant vers son cheval pour demander son nom. Brise, lui répondit le palefrenier. Faëlis le remercia d'un hochement de tête. La jument était blanche et élancée, mais visiblement calme. Il lui caressa le haut du crâne et la regarda en face. Il perçut un éclair de curiosité dans ses yeux et sourit. Cette jument était de toute évidence nous seulement bien dressée, mais en plus naturellement intelligente. Il adressa des félicitation au palefrenier, puis reporta son attention sur elle.

Elle secoua la tête avec fougue. Elle devait être fort jeune et pleine d'énergie. Il approcha sa tête de la sienne, la regarda droit dans les yeux et murmura :

« Brise... Nous allons passer un petit moment ensemble... »

Il resta là, à la regarder en lui flattant doucement l'encolure, en lui caressant le museau, le temps qu'elle apprenne à se faire à lui, comme il avait appris lors des entrainements. Les archers n'étaient pas les plus préparés à la monte, mais il avait toujours eu un bon contact avec les animaux domestiques. Bien sûr, avec les chevaux de guerre, c'était plus facile. Mais tout de même...

« Je sens qu'on va s'entendre... »

Elle s'agita un peu, mais il la laissa faire. Il voulait lui communiquer qu'elle aurait sa liberté. Comme la plupart des elfes, même les hinïon, il aimait les animaux et préférait entretenir avec eux une relation de confiance. Une monture n'était pas un vulgaire moyen de transport : c'était un compagnon de voyage qui nous offrait une aide bienvenue. Il la laissa faire un petit tour autour de lui...

« Oui... bien... Belle fille... »

De sa voix apaisante, il la charmait comme il avait l'habitude de faire, et pas seulement avec les animaux. Il la tenait par la bride, mais ne cherchait aucunement à la diriger. Le geste ne la retenait pas vraiment, il lui signifiait simplement qu'il préférait la garder à côté de lui.

Au bout d'un moment, lorsque la jument fut parfaitement calme, il se décida à la monter. Il procéda prudemment, bien sûr, car après tout cela faisait longtemps qu'il n'avait pas été à cheval sur autre chose qu'une elfe ou une humaine.

Elle se révéla fort docile, heureusement, et il la dirigeait sans peine, de quelques mouvements habiles des rênes. Il faut croire que quand on a appris cela, on ne l'oublie jamais ! Il fit quelques tours de la zone de départ au trot pour s'en assurer, mais Brise répondait à merveille. Pas de soucis à se faire !

A la sortie, ils trouvèrent Kerenn et Yura. Le sindel semblait amoché. L'ishtar était occupée à le soigner, la lumière diurne de son être semblant s'atténuer du même coup. D'un pas rapide, Faëlis se porta à leur rencontre, flattant au passage le cheval que lui tendait un page. Il lança à l'intention le l'ishtar :

« Ne vous épuisez point trop, dame. Je dispose aussi de pouvoirs de guérison, si nécessaire... »

Il aurait bien des questions à poser, pour comprendre ce qui s'était passé, mais ce n'était peut-être pas le moment... D'autant plus que le sindel avait amplement démontré son mauvais caractère.

Bien droit, fier dans son armure shaakt, il se tourna vers le palais qu'ils s’apprêtaient à quitter. Un bien bel endroit... mais il ne doutait pas que Niyx soit équivalente ! Quand il passa devant Kerenn, il le salua et se décida quand même à faire remarquer :

« J'espère que vous aurez l'occasion de me raconter ce qui s'est passé... Il serait dommage de perdre un membre du groupe avant même que l'aventure ne soit commencée ! »

Puis, il se porta à la hauteur de la jeune ishtar et caressa doucement l'encolure.

« Je m’aperçois que je ne vous ai point salué. Bien le bonjour, donc... et merci pour ce superbe animal. Elle sera, je n'en doute point, une amie de toute circonstance ! »

Il laissa la bride sur le cou, préférant guider aux pieds comme il avait appris. De toute façon, Brise avait bien compris qu'ils devaient suivre la route. Inutile de lui imposer quelque contrainte que ce soit. Cela dit, en attendant, il avait quelques questions, et il comptait bien profiter de ce voyage pour obtenir les réponses qu'il pourrait.

« Si je puis me permettre, je suis fort aise de voir que vous savez guérir. Mais si cela ne vous dérange pas, j'aurais une petite question, en espérant qu'elle ne soit pas inconvenante... »

Il réfléchit un instant à comment la formuler, espérant tout de même ne pas déclencher un incident par une remarque mal placée.

« Chez nous, les pouvoirs de l'ombre existent autant que ceux de la lumière. Puisque vous êtes d'ombre et de lumière, auriez-vous les deux ? Devez-vous attendre la nuit pour faire appel à l'ombre ? »

Bon sang pourvu que ce ne soit pas un sujet sensible, ou tabou ! Jillian avait assuré qu'il n'y avait rien de tel en ce monde, mais tout de même. Il rit avec bonne humeur :

« Puisque nous allons passer quelque temps chez vous, j'espère ainsi en apprendre un peu sur votre peuple. »

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L'homme de toutes les femmes, la femme de tous les hommes
Lampadaire officiel de la quête 32

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Dernière édition par Faëlis le Mer 15 Juil 2015 17:21, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mar 14 Juil 2015 22:57 
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Localisation: Elysian : Forêt d'Aetelrhyt (Quête 32)
En entrant dans le petit paradis que la porte lui dévoila, Kalas ne put retenir un soupir de satisfaction. Il avait voyagé entre plusieurs villes pour rejoindre Tulorim pour finalement changer de monde. Le trajet, long de plusieurs milliers de kilomètres, l'avait bien éloigné de sa forêt natale à l'orée de Dehant. Mais il était enfin temps pour lui de se reposer.

Le palais savait accueillir ses invités dans la luxure et le confort. Le Shaman s'en était déjà rendu compte en amenant Guasina à la sienne et espérait secrètement disposer des mêmes avantages. Lors de ses voyages, Kalas n'avait pas séjourné dans énormément d'auberges et chambres d'hôtes, mais il était heureux de pouvoir dormir dans pareil endroit.

Une fois la porte claqué, le Shaman s'assura qu'elle soit correctement fermé et à l'encontre des entrées intempestives. Se rassurant bien vite de la faible possibilité d'une intrusion à une heure pareille, le jeune homme ferma les yeux et se laissa enfin aller à ses pulsions animales qui lui dévoraient presque les pensées depuis son arrivée.

(Enfin...)

Dans un très faible halo lumineux, l'humain se recroquevilla sur lui-même, s'abandonnant à la puissante magie polymorphe qui s'était infiltré dans son corps. La sensation, presque orgasmique tant elle lui avait manquée, parcourut la moindre parcelle de sa peau jusqu'à se manifester de manière plus visuelle pour un œil extérieur. De fins poils noirs vinrent percer son épiderme et enveloppèrent Kalas dans un amas de fourrure sombre comme la nuit, véritable aspect des prédateurs de la forêt. Lorsque sa mâchoire commença à se déformer, chacune de ses dents s'allongea sous la forme de canines fines et tranchantes capables de percer la chair de n'importe quel individu. Le loup passa rapidement sa langue râpeuse sur l'une d'elles, s'amusant à sentir la pointe glisser comme un couteau pointu sur du papier. En sentant ses ongles minéraux s'allonger, Kalas baissa la tête pour enfin savoir s'il disposeraient de véritables griffes de pierres. Mais à son grand regret, ses pattes étaient pourvues des mêmes serres qu'à l'origine, signe que son corps animal n'était pas affecté par les fluides présents sur Elysian.

une fois sa transformation terminée, Kalas se secoua les puces, trop heureux d'être enfin Hurlenuit. Sa vue nyctalope fit peu gare de la faible luminosité présente dans la pièce,alors qu'il était capable de distinguer les meubles et objets présents dans la pièce de nuit comme de jour. C'est son excellent odorat qui le fit réagir comme un chien qui voit une proie s'agiter devant lui. De la table non loin de lui s'évaporait dans l'air un fumet des plus appétissants, donnant à l'homme le plus repu une faim à toute épreuve. D'un bond habile, le loup grimpa sur la table sans même penser aux bonnes manières que son père lui avait inculqué dans le crâne. Il dévora chaque contenu d'assiette dans un grognement sauvage, arrachant la viande des os en la secouant dans tous les sens. Le festin dura plusieurs minutes pendant lesquelles les assiettes se fracassaient à terre et les murs subissaient le manque de savoir-vivre du jeune Shaman quand enfin il descendit de son piédestal en se léchant les babines.

Ignorant la présence d'une salle de bain toute disposée à l'accueillir, le loup commença à lécher sa fourrure pour subvenir aux besoins d'hygiène qui se faisaient cruellement nécessaire après une telle goinfrerie. Les bruits de portes battantes dans le couloir ne le firent que très peu réagir, de même pour les discussions incompréhensibles qui résonnaient dans le palais. Son ouïe, bien que très capable de discerner des bruits inaudibles pour l'oreille humaine, n'étaient pas suffisamment développée pour entendre à travers de telles épaisseurs de murs. Aussi Kalas termina sa toilette dans un rythme calme et serein, prenant plaisir à agir comme la Meute le lui avait apprit.

La fatigue lui arracha un bâillement aigu, signe qu'il était l'heure d'aller se coucher. Le Shaman ne se gêna pas pour monter sur le lit et commença à marcher en rond pour s'affaisser correctement dans les draps de soie. Le manège dura quelques instants, puis Kalas s'endormit en ronflant bruyamment, la tête vide et le ventre plein.

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Multi d'Ellyan Crow, Boucher des Murènes et Allen, Guerrier de Wiehl.


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mer 15 Juil 2015 11:42 
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Pendant la nuit, Aaria pénètre dans ma chambre. Que fait-elle ici ? Pourquoi est-elle nue ? Bizarrement, ces questions ne me traversent pas l'esprit. Je défais les draps pour lui faire signe de me rejoindre et elle s'exécute. Sa peau est chaude et agréable, et plus rien n'existe autour de nous, seulement les douces caresses que nous nous donnons et les baisers que nous échangeons. Alors que sa main glisse le long de mes jambes, un moustique vient bourdonner à mon oreille. Je le chasse prestement et me reconcentre sur ma compagne. Mais elle a disparu.

L'aube n'a pas encore pointé le bout de son nez lorsque je me réveille avec un intense sentiment de frustration ; c'est la première fois que je fais un rêve érotique, c'est troublant, mais ce qui me chagrine le plus c'est de le voir s'interrompre si tôt. Je chasse rapidement ces pensées impurs et me redresse. J'ai assez dormi, et il serait vain de me recoucher maintenant. Je sors du lit et m'étire doucement, déliant mes muscles engourdis par une nuit presque complète de sommeil, puis me dirige vers la salle adjacente. Je ne sais pas lorsque je pourrais de nouveau goûter un tel luxe, aussi fais-je couler de nouveau un bain, histoire de me réveiller en douceur en attendant que quelqu'un vienne me quérir.

Equilibre méprise de tels luxes, et en cela, le bain est certainement le premier avis que j'ose opposer au sien. Selon elle, le confort est la première conséquence du mode de vie non naturel des races pensantes. Ils créent des forteresses inviolables pour échapper à la mort qui rôdent autour d'eux, puis, n'ayant plus rien d'autre à faire qu'emménager leur lieu de vie, ils améliorent leurs habitations pour les rendre de plus en plus luxueuses. Je suis moins catégorique. Beaucoup d'animaux tentent de se préserver de leurs prédateurs en utilisant les moyens qui sont à leurs dispositions, et en cela je ne crois pas que l'humain ou l'elfe ne s'éloigne de sa nature animale ; et si, une fois leurs habitats sécurisés, ils prennent le temps de transformer leur logement pour le rendre plus confortable, grand bien leur en face.

Selon moi, le problème de ces espèces reste leur propension à forniquer toute leur vie, et la faute incombe à Yuimen, pas à leur instinct de survie. Si la plupart des animaux ne se retrouvent pour copuler que lorsque leur nature profonde le leur permet, instaurant un cycle de vie et de mort tout à fait acceptable, les races pensantes, elles, prennent un plaisir à forniquer au delà de la nécessité biologique, créant un déséquilibre dans l'ordre des choses. La plupart des familles en viennent donc à se retrouver avec des marmots tout le tour du ventre, les femmes mettant bas près d'une fois par an pour certain, alors même que la propension de l'humain à la débrouille et la survie devrait leur permettre de ne pas avoir plus d'un enfant par décennie. C'est à peu près la même chose pour les nains et les hobbits, ainsi que plusieurs races pensantes dans la même situation. Les cas des elfes et des orques sont à part. Pour les premiers, le taux extrêmement bas d'infertilité a tendance à hautement réguler le nombre d'individus. Cela ne signifie pas qu'ils ne sont pas trop, ni qu'ils ne devraient pas mettre un frein à la fornication, mais leur cas est un peu moins désespéré. Pour les seconds, c'est encore différent ; les individus sont encore tant habitués à s'exterminer sans plus de respect pour leur propre mortalité que leur nombre, à l'échelle planétaire, semble ridiculement bas. Notons que les gobelins sont presque dans le même cas, même si leur cohabitation forcée avec les garzoks est plus à mettre en cause que leurs propres gênes combatifs, étant d'un naturel nettement plus lâche que leurs voisins.

Le bain est prêt maintenant ; je m'immerge une fois de plus dans le liquide chaud pour sentir mes muscles se délier. Equilibre et moi avons largement débattu sur ce désaccord entre nous, et je peux me vanter d'avoir gagné la plupart de ces échanges d'arguments. Mais s'il y a bien un défaut que je reconnais à ma tutrice, c'est son manque de remise en question sur elle-même. Et puis, quand bien même elle aurait raison, on peut difficilement reprocher aux bains et aux lits à plumes d'être les conséquences d'un instinct de survie trop développé ; maintenant qu'ils sont là, il serait bien dommage de ne pas en profiter.

Alors que je me prélasse doucement dans l'agréable silence de la nuit, mes pensées voguent de nouveau vers mon rêve de cette nuit, et sa signification. Il est étrange d'avoir ressenti un tel plaisir de par ma seule imagination, et mes convictions de la nuit dernière en sont ébranlées. Comment réagirais-je si Aaria'Weïla venait me voir avec des intentions lubriques ? L'arrêterais-je si elle posait ses doigts délicats sur mes seins nus ? J'aimerais pouvoir affirmer que je lui dirais de renoncer à une relation charnelle, mais je ne suis plus sûre de rien. D'autant que, si je la désir réellement, mon intérêt pour elle est plus spirituel que physique, et il m'est arrivé de rencontrer des personnes que je voulais caresser et baiser plus intensément que la reine. Qu'arriverait-il si quelqu'un de plus désirable encore s'offrait à moi ?

Je chasse ces pensées désagréables de mon esprit pour me concentrer de nouveau vers la plaisante chaleur de mon bain. J'espère que Niyx en possède de semblables.

Quelqu'un frappe à la porte, puis j'entends une voix murmurer qu'il est l'heure. Je sors de mon bain, me sèche et sort de la chambre. C'est l'Ishtar d'hier soir qui est venu nous réveiller, sauf qu'elle n'a plus la peau sombre mais blanche. Je suppose que sa forme change en fonction du soleil ? Je prends mes vêtements, propres et secs, posés sur le guéridon et m'habille rapidement dans le couloir, encore une fois sans pudeur.

L'elfe brillant nous rejoint et nous descendons tous les trois jusqu'aux écuries. Un cheval noir très beau m'est confié. Il n'est pas très grand, et je suppose qu'ils ont adaptés leur choix à ma taille, mais il semble robuste et taillé pour les longs trajets. Il ne sera clairement pas un cheval de course, mais je préfère les destriers costauds comme celui-ci, ils sont fiables et endurants. J'ai toujours aimé les chevaux, ils sont majestueux et, pour peu que l'on les traite avec amour, fidèles. On me dit qu'il s'appelle Nuage, mais ce nom me semble trop commun, impersonnel.

« Que dis-tu de Lune ? » lui murmure-je à l'oreille. « Ce n'est pas mieux que Nuage ? »

Pour toute réponse, il essaie de m'attraper les cheveux avec sa gueule, m'arrachant un sourire. Il semble joueur, comme feu Nuit, mon brave étalon. Le problème avec ces animaux, c'est que ça meure vite. Les plus robustes atteignent difficilement les trente ans, pour une semi-elfe comme moi, c'est ridiculement court. Nuit m'a quitté il y a déjà dix ans, et j'ai beau savoir que la mort n'est qu'une simple étape de notre parcours, et que Phaïtos l'a accueilli avec chaleur parmi les siens, je ne peux m'empêcher d'éprouver une certaine tristesse lorsque je pense à lui.

« Eh bien, Lune, je te promets de bien m'occuper de toi si tu me promets de m'être fidèle. »

Il me renifle tranquillement le visage, puis me gratifie d'une petite bousculade du museau sous le bras, comme pour réclamer des caresses. Je m'exécute et lui gratte l'arrière des oreilles, provoquant un petit hennissement de contentement de sa part. Je crois qu'il m'aime bien. Il faut dire que j'ai toujours été douée avec les animaux. J'espère gagner sa confiance un peu plus durant notre voyage.

Nous menons les montures par la bride jusqu'à la sortie de la ville, où nous retrouvons le Sindel géant, parcouru de blessures. L'Ishtar le guéri rapidement et une certaine lassitude apparaît sur son visage alors que sa couleur ternit un peu plus à chaque utilisation de la magie. C'est un phénomène intéressant.

Elle lui tend une des deux montures qu'elle a mené jusqu'ici, puis enfourche la restante et talonne sa monture. Je l'imite immédiatement et la rassure quant à sa question sur nos talents de cavaliers.

« Pour ma part je suis habituée à l'équitation, ça ira pour moi. »

Et nous voilà parti vers le nord, en direction de Niyx.

Je me souviens des questions que j'ai posé à Aaria'Weïla la veille concernant les us de cette cité ; elle m'avait dit que Yuralria y répondrait pendant notre voyage. Il est temps de remettre ces questionnements sur le tapis.

« Vous êtes Yuralria, n'est-ce pas ? La reine m'a dit que vous répondriez à mes questions sur le chemin. Concernant Niyx, y a-t-il des choses particulières que nous devons savoir si nous voulons éviter un incident diplomatique ? Est-ce une royauté comme à Ilmatar ? Si oui, sont-ils si peu à cheval sur le protocole que les sylphes, ou devons nous nous adresser aux officiels par leur titre et avec déférence ? »

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Merci à Dame Itsvara pour la signature


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mer 15 Juil 2015 14:32 
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Je suis dans un état second, remué de la lettre d’Aaria, lorsque je poursuis la lecture du Crépuscule des Dieux. Et ce que j’y lis ne fait que renforcer les pensées troublées qui sont nées plus tôt envers le personnage complexe et complet d’Aaria’Weïla. L’ouvrage ne m’apprend rien de bien neuf, en vérité, si ce n’est la vision subjective et prenante d’un être qui s’est battu pour la sauvegarde de ce monde, première élémentaire… et pas pour rien. Son courage, sa dévotion, son abandon en ce monde ont fait qu’il a su subsister. Ah, qu’elle s’est montrée humble en accordant tous les mérites à la déesse mourante ayant créé l’artefact drainant. Trop humble, en vérité, alors que la sauvegarde même de ces terres et de ces peuples sont en grande partie de son fait, par sa force de persuasion, son altruisme infini faisant abstraction totale de ses propres considérations. Elle abandonne tout ce qu’elle a été pour devenir, afin de sauvegarder la terre à laquelle elle était arbitrairement liée, prisonnière, un élémentaire. Nicher l’esprit pur et savant qu’elle a été dans un corps de chair et d’air.

Toute la première partie du bouquin, faisant rapport à sa vision des dieux, fait clairement écho en moi. N’est-ce pas finalement ce que j’ai toujours pensé d’eux, qu’ils n’étaient que des êtres parmi d’autres, et qu’il était stupide et impertinent de leur vouer un culte particulier ? Au nom de quoi ? Leur pouvoir infini ? à quoi bon, sur Yuimen, alors que l’accès même à la terre qu’ils convoitent leur est interdit, et la moindre action dessus également. Une hypocrisie dogmatique prônée par des fidèles attendant un retour improbable de leurs seigneurs des nuages pour changer la face du monde. Ridicule : nous seuls, vivant en ces mondes, avons le pouvoir de les changer. Ensemble, suivant l’une ou l’autre idéologie… Ou aucune peut-être pour certains, mais certainement pas en se soumettant à une religion dictant quoi faire pour manipuler les foules et les contrôler dans un carcan béat et abruti. Des moules ânonnant en chœur. Et pourtant, lisant ces mots, je remets en cause ces pensées qui ont été miennes. Elle a l’analyse pour elle, et je m’y accorde sans peine. Mais ai-je la moindre consistance, finalement, pour porter ce genre de jugement. Je suis si jeune, si inexpérimenté finalement à côté d’elle. Quel mépris pourrait-elle avoir pour les gens qui l’entourent, pour nous, aventuriers ! Et elle n’en montre rien. Et dans ses mots, rédigés avec franchise, je n’en vois aucun. Pire, j’y lis de la considération, de l’admiration.

Et l’admiration, c’est celle qui petit à petit trône dans mon esprit, la concernant. À un moment, je sens la colère poindre en moi. Car l’admiration que je lui porte n’est pas sans me rappeler une certaine ferveur religieuse. Je la déifie. Mais l’instant d’après, je sais que j’ai tort. Que si elle mérite plus que quiconque le plus grand respect, la plus grande considération, je ne suis et ne serai jamais un bigot priant lamentablement, fut-ce fondé. Je suis trop libre pour ça, trop ancré dans mes propres pensées. Alors oui, cette admiration restera, sans aucun doute. Mais ça ne sera pas d la Foi religieuse.

Alors, sur ces pensées, je me laisse conquérir par les bienfaits du sommeil si peu commun aux miens, qui lui préfèrent la méditation. Personnellement, même si je m’y adonne volontiers, je préfère amplement me vider l’esprit et le laisser se remplir de rêves incontrôlables. Une autre forme de liberté. Très vite, malgré mes pensées agitées et l’excitation d’être dans un nouveau monde merveilleux qui risque à tout moment de péter, je m’endors, fourbu par ma longue journée m’ayant fait parcourir trois planètes… Rien que ça.

Un triple bruit fracassant, net et sec, me tire de mes songes métaphoriques où la magie, personnifiée en la personne brumeuse et immatérielle d’Aaria’Weïla, m’attaquait tout en s’étiolant de plus en plus, disparaissant à jamais, retournant au monde des esprits, de l’invisible, alors qu’autour, des bouches humaines sans visage riaient, s’esclaffaient, et huaient la scène de mise à mort. Un cauchemar aux aspects burlesques mêlant drame et comédie, qui fait hélas tellement écho avec la situation désespérée de ce monde : cette fuite éperdue vers une fin inexorable, cette mince chance d’en réchapper.

Ainsi tiré de ce rêve, dont le souvenir commence déjà à disparaître de ma mémoire directe pour ne plus me laisser qu’un curieux goût d’amertume dans la bouche, j’ouvre les yeux doucement. La lumière d’un jour naissant baigne la pièce à travers les rideaux, et je me retourne sur mon lit, comme pour profiter une dernière fois de sa chaleur et son confort molletonneux.

« Hmmmgn… »

Je m’étends, écartant bras et jambes en contractant mes muscles puis en les relâchant à l’extrême, et trouve la force de me lever, ma bouche s’ouvrant et se fermant en de petits claquements, suite logique d’un bâillement d’éveil un peu brutal. Je me gratte la tignasse décoiffée, la remettant vainement en place en l’agitant d’un coup de tête. Je sais pertinemment que sans un coup de peigne, j’aurai plus l’air d’un enfant sauvage que d’un elfe digne et noble. En réalité, le résultat n’est pas si moche que ça. C’est juste moins ordonné que d’habitude, mais je ne suis guère moins présentable qu’après un combat acharné, ou une étreinte tumultueuse. Plutôt la seconde option que la première, en vérité, puisque je suis totalement nu lorsque je m’avance d’un pas traîné vers la porte, soupirant sous l’effort de bon matin. Un effort ridicule, en soi, mais décuplé par mon endormissement latent dont je ne suis pas encore totalement sorti. Je ne me rends d’ailleurs même pas compte de cette manque de tenue, et en arrivant devant la porte, ne suis même plus certain qu’on y ait vraiment frappé.

Je l’ouvre néanmoins, m’appuyant lourdement sur la poignée avant de la tirer vers moi.

(…)

(...)

Un moment de latence, de vide spirituel, quelques secondes creuses pendant lesquelles mon regard a vu qui se trouve devant moi, mais n’a pas encore tout à fait fini la communication à mon cerveau. Je reste là, immobile, poignée en main et porte ouverte, regard vague pointé sur mon réveil personnifié : deux yeux de cyanite claire sur un visage de neige tendre aux volutes enfumées. Un sourire léger, ourlant deux lèvres rose pâle qui s’agitèrent doucement pour me saluer poliment, et me rappeler non sans empressement mes devoirs et serments : trouver l’esprit du vent.

Et puis, brusquement, la prise de conscience. Aaria’Weïla se tient devant moi.

(Bordel de…)

Mes yeux s’écarquillent soudain. Suis-je encore endormi, en train de rêver, où est-ce bien elle que je flatte dès le réveil de mon anatomie exposée ? J’ai peine à le croire, et pourtant c’est vrai, inutile que je me pince, au risque de paraître plus étrange encore. Au moins feint-elle de n’être pas surprise, et de ne pas s’en offusquer. Elle en a vu d’autres.

(Oui, mais pas la Tienne !)

(Je ne parlais pas de… Lysis !)

Je décide donc de me la jouer naturel. Enfin essayer du moins. J’inspire en souriant pour prendre la parole, levant un doigt pour préciser :

« Je suis à vous dans un instant… »

Avant de me rendre compte qu’en fait, dans ce contexte précis, cette introduction pourrait être carrément mal perçue, comprise de travers, bref… être déplacée. Aussi, je me ravise :

« Enfin… je me prépare quoi. »

Et vite, je fuis en me détournant de la porte sans penser la fermer. Je me gratte de nouveau le sommet du crâne en voyant mes habits étalés par terre sans organisation. Finalement, si quelqu’un avait fouillé ma propre chambrée, sans doute aurait-il eu les mêmes conclusions que moi sur celle de Malakbël. Mais ça attendra que je me rafraichisse un peu, pour me sortir du coltard et avoir les idées moins embrouillées. Je me dirige d’un pas assuré vers la salle de bain, où j’entre sans fermer la porte, jetant du coin de l’œil un regard vers celle de la chambrée. Aaria’WeÏla est toujours là, patiente et immobile, appuyée souriante sur le chambranle, m’observant sans pudeur m’activer pour la rejoindre. Bien ! Au moins n’y-a-t-il pas de gêne à avoir entre nous, bien que la situation inversée m’aurait semblé plus qu’étrange. Là, au final, ça ne me dérange que peu, voire pas du tout. Je passe de l’eau sur mon visage et dans mes cheveux, m’armant d’un peigne d’os pour les démêler devant un miroir. Je n’ai que trop dormi, sans doute, malgré mes pérégrinations nocturnes.

(Mes… merde !)

J’avais presque oublié. La rose, le mot, le livre emprunté, tant d’indices prouvant ma culpabilité. Dans le miroir, mes pupilles rétrécissent : et si elle est au courant, déjà ? Si c’est le cas, elle ne semble pas vraiment en prendre ombrage. Mais en vérité, j’ignore si c’est une bonne chose ou non. J’ignore même si je ne préfèrerais pas qu’elle soit au courant plutôt qu’elle l’ignore, pour le coup. Et… oh et puis en fait, je n’en sais trop rien. J’asperge une nouvelle fois mon visage d’eau, et une troisième encore, avant de revenir dans la chambre, non sans un regard sur celle qui me regarde. Empoignant un fruit dans la corbeille, je commente pour combler le silence un peu gênant, même s’il semble plus l’être pour moi que pour elle.

« J’espère que votre réunion s’est bien passée, hier soir, et que vous n’avez pas veillé trop tard. »

Elle ne répond rien, gardant toujours sur ses lèvres délicates ce mystérieux sourire figé. Je mords dans le fruit pour me donner une contenance, et remplir un peu mon estomac gargouillant. Le jus gicle sur mon palais, sucré et gouteux. Je ramasse ensuite mes habits pour les enfiler sans plus attendre. J’imagine qu’il ne vaut mieux pas faire attendre un esprit ancestral. Ancestral… Tu parles, il doit juste s’agir d’un adolescent boutonneux, pour elle, d’un morveux à peine sorti de sa coquille. Tehenetar, que dalle ! Aaria’Weïla, oui ! Qui d’autre serait plus appropriée pour la maîtrise de cet élément qu’elle a elle-même dompté la première ? Je me vêts rapidement, armure, armes et baudriers inclus. SI je dois être intronisé dans mon statut de maître du pouvoir des sylphes, autant que ce soit avec prestance. Je ne mets pas moins qu’un bon quart d’heure pour être finalement prêt à partir, vu tous les équipements que j’ai à harnacher. Je laisse juste ici mon sac, trop pesant pour être ainsi transbahuté alors qu’il sera bien en sécurité dans cette chambre. Ou pas, vu le manque de gardes dans le palais. Mais au pire ne contient-il pas grand-chose de bien intéressant à voler, même si Earnar passe par là.

« Je suis prêt. Je crois… »

Je sors de ma chambre, fermant la porte derrière moi, et enfin elle consent à bouger, m’emmenant d’un pas alerte et vif à travers les couloirs qui me paraissent déjà coutumiers, afin de m’emmener jusqu’aux jardins du palais, munis de fleurs et d’arbustes élégamment taillés, à la fois naturels et colorés. Ce n’est qu’alors qu’elle daigne à nouveau me faire entendre sa voix. Et pas sans culot, par ailleurs. D’un air à la fois détaché et naturel, ralentissant le pas pour se poser en une conversation quasiment forcée, même si je la désirais plus ardemment qu’elle, sans doute, elle m’annonce connaître mes faits de cette nuit, et usant d’un tutoiement que je remarque seulement alors, me demande si j’ai des questions.

C’est plus fort que moi : le gris me monte aux joues, qui se foncent devant la dénonciation comme un enfant devant une accusation de bêtise. Et pourtant, j’assume pleinement mes actes, comme je compte lui prouver dans l’instant, glissant de sous ma veste de mailles l’ouvrage emprunté la veille pour lui tendre. Avec une assurance que je ne suspectais pas, je m’adresse à elle, naturellement, usant du même tutoiement.

« Des questions ? Je n’ai ai plus beaucoup. Je crois en avoir plus appris sur toi en une nuit que nombre d’autres en toute une vie à tes côtés. »

Je marque une pause réflexive, avant de commenter, de ces mots qui brulent mes lèvres.

« Je comprends tes silences, et ta position. En vérité, et ça va sans doute te paraître étrange, je ne me suis jamais senti aussi proche de quelqu’un, alors que nous ne nous sommes rencontrés qu’hier. Jamais autant en confiance. »

Je ne dois pas verser dans le larmoyant, dans le théâtral puéril ou dramatique. Et en vérité, je m’en sors plutôt naturellement, contrairement à ce que j’ai pu craindre. Je pensais, la veille, être mal à l’aise en sa présence, troublé par l’admiration que j’ai pour elle. Il n’en est rien, en vérité, car je ne m’en sens que plus proche. Et j’ai envie que cette proximité ressentie soit partagée. Elle doit juste me trouver bizarre, là, en fait.

« Aussi j’ai envie de partager avec toi les secrets de mon être dont peu savent l’existence, et qui peuvent être des outils de taille dans la mission que tu nous as confiée. Je… je suis conscient que tu sais garder sous silence les secrets, mais j’ai besoin de m’assurer de ton intérêt pour ceux-ci, et de ta parole donnée de les garder pour toi, quoi qu’il advienne. »

Je me sens un peu bête de la soumettre à ce type de demande. Mais alors que j’allais laisser le silence se faire, et sa réponse percer, une interrogation me monte soudain à l’esprit, concernant la mission.

« Juste : Tu disais hier ne pas savoir l’apparence de l’artefact drainant la magie. Hors tu en es contemporaine. Quelle forme avait-il alors ? Se peut-il qu’elle ait changé ? »

Et une autre encore… Bien plus personnelle pour le coup. Plus sinistre et dramatique dans sa formulation, que je prononce à demi-mot.

« Et ce drainage, t’affecte-t-il de la même manière que les autres élémentaires, toi dont la nature a été si différente ? Crois-tu pouvoir toucher à nouveau ce statut éthéré qui était le tien avant de naître dans ce corps, si jamais tout ceci tourne mal ? »

Ma remarque peut sembler être une accusation sous-entendue, mais ce n’est pas le cas. Je veux juste m’assurer qu’elle n’a pas laissé cette question de côté, question qui sera peut-être mise sur le tapis tôt ou tard par mes semblables enquêteurs, qui verraient par méconnaissance et négligence, en elle une suspecte, comme les humains des cités-états.

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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mer 15 Juil 2015 15:26 
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Ilmatar – Les chambres

Pour Kalas et Guasina


    Birhû toqua à la porte de Kalas et attendit que ce dernier vienne lui ouvrir. Guasina était déjà installée sur son dos et sur l’une de ses branches était perché un choucas gris et noir. Dehors, le soleil avait entamé sa montée.

    - C’est l’heure d’y aller. Guasina ne s’est pas réveillée ce matin, je crois que le fluide l’a un peu fatiguée, elle se réveillera sans doute en chemin. Le chouca est pour elle. Vous, vous aurez un cheval.

    Il lui fit signe de l’accompagner et ensemble ils allèrent jusqu’aux écuries. Là-bas, Birhû demanda à un sylphe d’apporter un cheval à Kalas et eu pour lui un bouc, sur lequel il se hissa précautionneusement afin de ne pas faire tomber la lutine.

    Lorsque tous furent montés, ils se dirigèrent vers la sortie d’Ilmatar et obliquèrent vers l’est de la cité afin de redescendre dans la plaine. Ils commencèrent à contourner le lac pour s’enfoncer dans la forêt.

(Je te laisse décrire ton canasson comme tu le souhaites, tu as la synchronisation indiquée en bas. De même pour toi Guasina).


Ilmatar – Les jardins


Pour Cromax

    Aaria’Weïla prend le livre que lui tend Cromax avec un léger hochement de tête.

    - C’est juste, peu de gens savent qui je suis réellement, et je m’en contente très bien. Même parmi les sylphes et les autres élémentaires, peu en ont connaissance.

    Elle poursuivit, écoutant ses paroles sans mot dire. Son sourire avait disparu pour une mine plus grave de circonstance, mais dépourvue de toute impression négative. Elle était juste attentive. Lorsqu’il lui demanda son serment de ne rien divulguer, elle s’arrêta et se tourna vers lui, plongeant son regard cyan dans le sien et resta quelques secondes silencieuse, écoutant le reste de ses paroles avant de répondre.

    - Je ne divulguerai rien de ce que tu me diras et que tu ne souhaites pas révéler.

    Elle lâcha son regard et leva les yeux vers la cime des arbres, vers les buissons, avant de pousser un soupir et de replonger ses yeux dans les siens.

    - Je doute qu’il soit utile de le préciser, mais je souhaiterais également que tu ne dises rien de ce que tu as lu, du moins tant que cela n'est pas nécessaire. Comprends-moi bien, je n’ai aucune appréhension, aucun regret ou aucune déconvenue quant au fait que tu l’ais appris ou la façon dont tu l’as appris. Au contraire, je vous ai fait venir ici pour ces raisons, c’est votre bagout que je veux, votre esprit critique, et il est sans doute préférable qu’au moins un membre de votre groupe le sache. J’abhorre de mentir ainsi au miens, sachant pourtant pertinemment que c’est quelque chose de nécessaire. Je ne souhaite aucune déférence, aucune complaisance, qui n’apporteraient que de faux semblants et ne seraient qu’une perte de temps, je leur préfère les actions, qu’elles soient manquées ou réussies.

    Finalement, elle reprit sa route, l’invitant à l’accompagner.

    - Avant de me retrouver dans ce corps, mes perceptions étaient très différentes de ce qu’elles sont devenues. Je n’avais pas de vue ou d’odorat à proprement parler. Pas même d’ouïe ou encore de toucher. C’était quelque chose d’autre, de bien différent. Aussi je suis incapable de dire à quoi ressemblait cet artefact, je ne sais même pas s’il s’agit de quelque chose de matériel. Je n’ai jamais été directement en sa présence car sinon mon corps nouvellement créé aurait été instantanément annihilé. Je sais juste qu’il était relativement petit pour sa puissance, et qu’il se trouvait dans les profondeurs d’une grotte. Peut-être a-t-il été déplacé depuis. En vérité, je pensais qu’il avait été détruit à la création des élémentaires.

    Ses mains effleurèrent doucement des fleurs dont les grosses corolles avaient tout juste éclos.

    - Ce drainage affecte en effet mon corps, mais à un degré presque imperceptible. Quant à ce que je deviendrai réellement s’il advenait que le drainage soit achevé… Je l’ignore. J’ignore à quel point mon esprit est lié à ce corps, s’il s’échappera pour reprendre sa longue contemplation, enrichit et à jamais au regret de toutes les choses que j’aurai vécues sous cette enveloppe charnelle, de tous ces êtres que j’aurais connus et aimés.

    Si ses paroles étaient mesurées, son ton était infiniment triste et dans son regard perçait l’acceptation d’un destin qu’elle savait profondément tragique, quelle que soit son issue.

    - Mais je pense que c’est ce qu’il adviendra, qu’à ma mort, quelle que soit sa cause, mon esprit et mon corps seront de nouveau détachés. Je poursuivrai ma longue contemplation des âges, ou j’assisterai à sa fin.


[Faëlis - xp : 2 (post), 0,5 (questions)
Pureté - xp : 2,5 (post) ; 0,5 (questions)
Cromax - xp : 4 (post) ; 0,5 (questions)
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[Synchronisation monture :
Kalas : 88/100
Guasina : 95/100]


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mer 15 Juil 2015 17:58 
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L'aube. Les premiers rais de l'astre diurne parent l'éthérée Ilmatar d'une aura étincelante, éblouissante. Tours et murailles se reflètent dans le lac aux eaux de cristal, de même que les arbres majestueux, les montagnes environnantes, créant un reflet si parfait que l'esprit doit faire un effort pour le distinguer de la réalité. Au loin, en direction de ce nord dont nous sommes censés nous rapprocher, trône le volcan, assombri de ses volutes grisâtres comme je le suis de mes ombres, funeste rappel de ce temps qui nous est si cupidement compté. Mais malgré cette menace suspendue comme la hache du bourreau au-dessus du cou du condamné, c'est une sensation de paix, de beauté sereine qui se dégage du paysage. Je la savoure, m'en emplis, heureux d'avoir survécu à cette nuit féline et d'assister à cet éveil du jour. Je me sens vivant, extraordinairement vivant, avec cette sensation enivrante d'avoir outrepassé mes propres limites, d'avoir dansé avec la mort yeux dans les yeux, et de lui avoir échappé une fois de plus.

La même. La même qui embrasait mon âme et mon corps au Naora, chaque fois que nous revenions de mission. Ce combat m'a fait le plus grand bien, je doutais de mes capacités à me battre sérieusement depuis mon réveil chez la magicienne de feu et il m'a redonné une certaine confiance qui faisait cruellement défaut à mon équilibre. Qu'importent ces volutes d'ombre, de lumière, qu'importe ces troubles de fluides en moi, j'étais et je reste un combattant Sindel. Et c'est une mission qui nous a amenés ici, différente ô combien de toutes celles que j'ai pu mener, mais qu'importe encore car chacun n'a-t'il pas un rôle différent à jouer? Je ne suis pas, et ne serai jamais, un diplomate au langage alambiqué, pas plus qu'un patient rat de bibliothèque, mais s'il devait y avoir du grabuge je serais capable d'y tenir ma place dignement. Enfin, pour l'heure l'avenir proche est au voyage, au nord comme de juste. Après tout, si un volcan menace de nous exploser à la figure, pourquoi ne pas s'en approcher encore un peu? Il n'empêche que je suis curieux de découvrir Niyx et ses habitants, tout comme j'espère avoir l'occasion de voir ce fameux volcan de plus près. Et quant au fait d'y aller en compagnie de notre bougie et de la gamine...je préfère ne pas y penser.

Ils ne tardent guère à arriver, d'ailleurs, tenant des chevaux par la bride. Yuralria se fige en m'apercevant, puis s'avance vers moi à grands pas, inquiète, me murmurant sa surprise tout en semblant parfaitement savoir quelle bestiole m'a attaqué. C'est donc probablement la seule créature de ce calibre dans les environs, voilà qui est plutôt rassurant. Je hausse les épaules en lui souriant avec une légère ironie:

"J'ai pensé que tu avais voulu te débarrasser de moi. Mais...que fais-tu?!"

La jeune Ishtar frôle mes bleus et autres entailles, ses mains irradiant d'une lumière douce, et j'ai la profonde surprise de voir mes plaies se refermer, mes contusions disparaître comme si de rien n'était! Une guérisseuse, pour la lumière, mais pour l'ombre? Mais elle interrompt mes pensées pour me demander si j'ai d'autres blessures, et je ne peux m'empêcher de lever un sourcil en la dévisageant d'un air franchement amusé et lui montre le bracelet d'Olath, légèrement déformé et profondément marqué par les canines de la créature:

"Merci Yuralria, je vais bien ne t'inquiètes pas, juste un peu...courbaturé. Par chance ce truc là est solide. Mais la prochaine fois que je dois faire du corps à corps avec une bestiole du genre, je prendrais une muselière, ça évitera d'abîmer mon matériel."

Faëlis s'approche à cet instant et me fait part de sa curiosité, à quoi je réponds avec un sourire en coin:

"Je me suis disputé avec une véritable tigresse, elle voulait à tout prix avoir le dessus. Mais c'est pour elle que vous devriez vous inquiéter."

La gamine arrive ensuite, me gratifiant à peine d'un vague regard et ne daignant pas même se fendre d'une ébauche de salut. Erreur...mais elle a encore de la chance, je suis de bonne humeur, ce matin, aussi je m'approche d'elle, la fixe droit dans les yeux de la plus glaciale manière pour lui dire en détachant bien mes mots pour être compris:

"Jeune fille, je ne te le dirai qu'une fois: oublie encore de me saluer et foi de Sindel je me chargerai de t'enseigner la politesse. Sur ce, bonjour. Nous avons un voyage et une mission à accomplir ensemble, qu'on le veuille ou non. Un minimum de courtoisie nous faciliterait grandement la tâche. Souviens-t'en."

Je me détourne pour prendre les rênes que me tend Yuralria et m'approche lentement du canasson qui m'est destiné pour lui laisser le temps de me humer à son gré tout en l'examinant moi-même. Un bel animal à la robe grise, assez copieux pour servir de destrier à un chevalier en armure, parfait, il supportera mon poids. S'il accepte que je le monte, ce qui n'est pas gagné car il recule et se cabre en me reniflant! Évidemment, l'odeur du fauve m'imprègne encore malgré ma rapide toilette matinale...l'animal est bien dressé pourtant, car le son apaisant de ma voix ne tarde pas à le calmer suffisamment pour que je puisse me hisser sur son dos d'un bond. Nous nous mettons ensuite en route vers cette fameuse cité de Niyx, et son Esprit censé nous apprendre à maîtriser ce muutos étrange. Mes compagnons de route abreuvent l'Ishtar de questions, aussi je préfère garder les miennes par devers moi pour l'instant et écouter les réponses d'une oreille tout en surveillant et en admirant les environs. Nous ne sommes pas à l'abri d'une mauvaise rencontre, et je ne tiens pas à ce que nous soyons pris au dépourvu. Au bout de quelques instants je finis tout de même par demander à Yuralria:

"Est-ce qu'il y a des ruines de ce passé englouti, sur notre trajet? Ou des lieux spéciaux, importants?"

_________________
Kerenn


Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?

Zenrin Kushu


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mer 15 Juil 2015 23:52 
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La Reine me prend des mains le livre que je lui tends sans réellement réagir sur mon emprunt, comme si ça aussi, elle s’en était aperçu et qu’elle ne me jugeait en rien dessus. Elle confirme mes paroles, disant que peu de gens savent qui elle est vraiment, même parmi les plus proches êtres qui l’entourent, sylphes et autres élémentaires. Le secret n’est pas réservé aux humains, loin de là, et même si elle avoue regretter devoir leur mentir ainsi, elle avance la nécessité de cela : elle n’a envie ni de courbette, ni de distance froide due à un rang qu’elle ne souhaite pas avoir, due à une place dont elle ne veut pas dans le cœur et l’esprit des gens qui l’entourent. Je suis un des rares élus à connaître la vérité, avec Jillian, sans aucun doute, et peut-être quelques autres diplomates qui étaient avec nous hier. Ixtli affirmait être fort liée à Aaria. Peut-être le sait-elle également. D’autant que c’est au sommet de sa tour que j’ai trouvé l’ouvrage qui m’a lancé sur cette piste folle qui m’a confié une mission jusqu’aux petites heures de la nuit : en apprendre plus sur la Reine des Sylphes. Mission plus que réussie, pour le coup. Aussi, quand elle me demande de garder le secret de sa nature pour moi, j’opine sentencieusement du chef, précisant :

« Je ne voyais pas la chose autrement. Je ne révèlerai rien sans ton accord préalable. »

Et puis, ne vais-je pas moi-même lui confier les miens, de secrets ? Un échange honorable, un accord tacite, de principe, qui nous liera tout au long de ma présence sur Elysian. Et après, s’il y a un après. J’hésite encore sur quels secrets je déciderai de lui révéler, en vérité. J’en ai tellement. Tous, sans doute, si je m’en tiens à ma logique interne. Ayant appris tout d’elle de manière détournée, il me parait logique de lui rendre la pareille de manière directe et sans détour ni mensonge. Et puis… Je dois avouer que ça me rassure presque de savoir que j’aurai une personne, au moins une seule en ce monde comme en d’autres, à qui je pourrai dire toute la stricte vérité sans plus mentir, sans rien cacher. Même si je dois prendre des risques, pour se faire : celui de me faire juger, celui d’amener la peur en son cœur. La peur d’une trahison, la peur de torts…

Mais ses réactions, contredisant toute crainte que je peux avoir, m’étonnent de minute en minute. Ainsi, elle me félicite presque d’avoir pris l’initiative de fouiller les salles du palais pendant leur réunion, d’avoir découvert ses secrets cachés à son insu, dans son dos, sans rien lui demander préalablement. Elle appelle ça de l’esprit critique, du bagout. J’appelle ça la liberté : agir comme bon me semble pour parvenir à mes buts. Et elle affirme être heureuse qu’un membre de notre groupe sache son secret. Ça pourra se révéler utile, si jamais les conclusions des uns dérapent. Je saurai alors le remettre à sa place sans pour autant dévoiler le mystère de son être, de son passé trouble.

Nous recommençons à marcher, à un rythme plus lent, déambulatoire. Elle n’est pas pressée de me faire rejoindre son fameux maître de l’air, et si je suis impatient de le rencontrer et d’apprendre à maîtriser ce pouvoir qui m’échappe encore, j’avoue prêter davantage d’importance à la discussion que nous avons présentement. Véritablement. Elle est pour moi essentielle, je crois. Elle déterminera sans doute toute mon attitude prochaine sur Elysian, et peut-être même dans ma vie future, en général. La seule personne qui connaitra mes secrets… Ce n’est pas rien. Je me demande encore si ma confiance n’est pas trop rapidement donnée, mais… Instinctivement, je me sens entre de bonnes mains. Et j’aime mon instinct, prendre des décisions en me basant sur lui autant que sur des réflexions longuement pensées.

Concernant l’artefact, ce qu’elle a dit hier n’était pas un mensonge ou une omission : elle ne sait vraiment pas à quoi ça peut ressembler. Sous sa forme spirituelle, elle ressentait les choses plus qu’elle ne les voyait, goûtait, entendait ou touchait. Ainsi, cet objet, si elle en connaît l’existence et le pouvoir, si elle en a perçu les caractéristiques générales, elle n’en connaît pas la forme ni la couleur. Les seules précisions qu’elle peut me fournir dessus sont qu’il est assez petit, si tant est qu’il soit matériel, et qu’on le trouvait à l’époque dans une grotte. Vague indice qui n’a que peu de valeur : des grottes, il doit y en avoir des tas ici. Et rien n’indique qu’il n’ait pas été déplacé, surtout s’il est actuellement utiliser pour drainer à nouveau la magie. Tout en marchant, je me fais pensif. Elle le pensait détruit, voilà pourquoi aucun élémentaire ne s’est mis à sa recherche, d’autant qu’apparemment une exposition trop prononcée de ceux-ci à l’élément… les réduirait à néant. Autant les exclure tout de suite, sauf si les Ishtaars ont conçu un élément défensif permettant de se prémunir de ce pouvoir destructeur et ultra-absorbant. Sopalin, tel est le nom que je décide de donner, sans raison apparente, à l’artefact. Ça sonne bien. Puis c’est mieux s’il a un nom original que nul n’a entendu nulle part. Pour les légendes, ça peut s’avérer pratique.

« Dans une grotte… Les tiens n’ont-ils pas perçu du mouvement dans les Crocs du Monde, dernièrement ? Des gens qui n’auraient rien à y faire ? Si c’est le cas, ils ne sont pas à blâmer de ne pas les avoir arrêtés. Nul ne pouvait se douter de la découverte de cet antique artefact. Mais saurais-tu réunir tes patrouilleurs ? Nul doute que Jillian en a formé, car c’est chose courante sur notre monde que d’en avoir. »

Un petit compte-rendu général de ses troupes sur des éléments qu’ils ont peut-être omis de signaler parce que ça n’était alors pas tellement signifiant alors. On ne sait jamais, après tout. Autant balayer large pour acquérir le plus d’indices possibles. Quitte à explorer de nombreuses pistes. Je ne peux me permettre de laisser le moindre détail sur le côté. Mais la discussion prend une tournure plus tragique, lorsqu’elle évoque sa propre fin possible. Si elle meurt, elle ignore ce qui pourrait se passer, mais il est possible que son esprit soit arraché de son corps, et qu’elle perde tout ce qu’elle a connu sur ce monde de tangible, ne gardant plus qu’en souvenir ses proches défunts. Ou sera témoin de la chute du monde auquel elle est liée, sans plus pouvoir agir, assistant impuissante à la ruine de tout ce qu’elle a aimé. Je grimace à cette idée. J’ai été imprudent et déplacé de poser une telle question. Je laisse un moment de silence passer, alors que son regard clair semble perdu dans la contemplation triste des fleurs corollaires colorées. Quelques secondes pour que ses pensées finissent de faire leur rotation, mais pas assez pour qu’elle puisse s’enfoncer dans une morosité accablée. Surpassant peut-être mes droits, mais je n’en ai cure, je pose une main de réconfort sur l’épaule de la Reine des Sylphes.

« Nous n’en sommes pas là. Et puis, nous sommes là pour réussir, n’est-ce pas ? Je sauverai ton monde, Aaria. Quoiqu’il puisse m’en couter. »

Ma voix se fait sourire, même si mon regard reste triste. L’idée qu’elle survive à tous ceux qu’elle aime, qu’elle voit le monde qu’elle a appris à connaître, qu’elle a vu se façonner, se mouvoir, muter, et finalement disparaître à jamais me semble être une torture à nul autre égal. Mais nous n’irons pas bien loin si nous ne faisons que nous apitoyer sur notre sort. Aussi pressé-je davantage mes doigts sur son épaule, pour qu’elle sente ma détermination, et mon envie de la sortir de ce carcan de tristesse, puis je lâche mon emprise pour reprendre pour moi ma main. Une hypothèse vient de germer dans mon esprit, et je décide de la livrer, brute et non pensée, à la reine.

« As-tu déjà entendu parler de Brytha ? C’est une entité divine qui, lors de son arrivée sur Yuimen, non loin de Tulorim, aurait créé une sorte de perturbation puissante de la magie élémentaire. Crois-tu qu’elle ait pu rejoindre votre monde en passant le fluide ? Auriez-vous senti une fluctuation particulière. Elle serait puissante. Très puissante. Vous l’auriez détectée ? »

Imaginer Brytha s’emparer de Sopalin : l’idée me fait limite trembler. Mais peut-être n’est-ce que mot dans le vent. Et je décide de ne pas poursuivre l’hypothèse un peu hasardeuse. L’heure approche des révélations. Je regarde autour de moi, m’assurant que personne ne me voit, et je prends la parole assez bas, attirant son attention sur moi en m’arrêtant de marcher.

« Mais passons… Voilà ce que je voulais te montrer. Une arme puissante que je n’utilise qu’avec parcimonie, mais qui peut s’avérer fort efficace pour… l’infiltration de cours inconnues… »

Je pose une main sur son bras, et instantanément, mon corps se change, se métamorphose. Ma peau pâlit, mes hanches se marquent et ma poitrine gonfle. Mes cheveux blanchissent et je rapetisse un peu, alors que l’onyx de mes yeux se pare de cyan éclatant. Le pouvoir qui marque mon corps renforce l’effet : c’est une seconde Aaria’Weila, modèle parfait en l’occurrence, que je singe aujourd’hui, face à elle. Le touché n’est pas nécessaire, en vérité, mais… mais zut. J’avais envie. Et de la voix de la Reine, je poursuis :

« L’utilité d’un tel pouvoir n’est effective que si chacun en ignore l’existence, aussi, personne ne doit l’apprendre. »

Mes traits se muent en ceux de Jillian, et de sa bouche, avec sa voix de tulorain expatrié, je répète :

« Personne. »

Le message, je crois, est clair. Jillian ne doit rien savoir. Surtout lui, en vérité. Lié à la milice de Tulorim, à mon monde, ça serait pour moi une catastrophe s’il vient à l’apprendre. Je devrais le tuer, sans aucun doute possible. Et de cette idée, je préfère m’éloigner le plus possible. Je reprends mes traits propres et ma peau d’argent, regard fixé sur celui de mon hôte parfaite.

(À mon tour ?)

(Si tu le sens, oui.)

« Je… voulais aussi te présenter quelqu’un. »

Aussitôt, Lysis apparaît sous sa forme humanoïde, peau orangée chaleureuse, cheveux de flamme, bustier d’ombre. Un être élégant, féminin et pluriel qui n’est pas sans rappeler les Ekhii. Je la laisse elle-même prendre la parole, regardant droit Aaria dans les yeux, provocatrice et fière.

« Lysis, faera… améliorée. A deux, muni de ses armes et de mes pouvoirs de feu, nul ne peut nous résister, aucun roi, aucune armée. Dis-lui, Cromax, comme nous avons brillé sur Saldana, une planète rongée par la guerre civile, et comment nous y avons ramené la paix en impressionnant nos ennemis en les massacrant sans pitié, et en discutant ensuite d’une solution diplomatique avec leurs chefs. »

Cruelle, elle ne s’en cache pas, même si j’aurais préféré éviter ça. Je soupire, ne pouvant nier les faits, et me tourne vers Aaria.

« C’est… vrai. Mais nous y avons été forcés. Quoi qu’il en soit, elle a raison : nous possédons une puissance non négligeable, que tu pourras mettre à profit si jamais les choses se dégradent. »

Et Lysis, de rembrayer, impertinente et déplacée :

« Oh, mais elle se dégraderont. Ça a déjà commencé ! L’explosion du volcan aura des retombées autre que des flammes et des cendres : les humains d’outremer la verront, l’apprendront, et y verront un signe de faiblesse des élémentaires, ou une menace de leur part. Les relations sont déjà tendues, qu’adviendra-t-il de ces cités si leurs armées marchent contre elles ? »

« Lysis ! Il suffit. »

Elle n’a pas tort, hélas, c’est une possibilité dont elle n’avait pas encore parlé, mais qui ne manque pas de logique, compte tenu de la situation générale en Elysian. Je soupire à nouveau, concluant avant de laisser enfin notre hôte réagir à nos nouvelles sans doute un peu perturbantes.

« Encore une fois, nous ferons tout pour que ça n’arrive pas. Tel sera notre rôle, à Illyria et ses voisines, en plus de découvrir qui est derrière le drainage. Nous apaiserons les esprits, et empêcheront les rumeurs de se répandre. »

Je me tourne vers Aaria.

« Je brieferai les autres sur cette seconde obligation : nous ne devrons pas faire de vague qui pourraient vous desservir. Il y a déjà bien assez de soucis avec cette disparition de la magie pour ajouter une guerre par-dessus. »

(Et pourtant, elle aura lieu.)

Au moins, cette fois, Lysis a eu le bon sens de ne pas commenter à haute voix.

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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Jeu 16 Juil 2015 17:01 
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Ilmatar - Les jardins

Pour Cromax

    Aaria secoua la tête lorsque Cromax lui demanda s’ils n’avaient pas perçu des mouvements suspects dans les Crocs du Monde.

    - Non, nous l’aurions su s’il y avait du mouvement dans la zone des Crocs du Monde que nous contrôlons. Mais ceux-ci sont vastes et nous n’en maîtrisons qu’une infime partie, celle située dans un certain périmètre autour de nos cités et tout l’espace situé entre elles. Il est aisé de se cacher à l’extérieur, même pour un groupe relativement important. Nous avons en effet des éclaireurs et des patrouilleurs, si tu as une idée derrière la tête ou souhaite tout simplement en discuter avec Jillian, il en sera très intéressé.

    Lorsqu’il pose sa main sur son épaule, elle relève la tête avec un léger sourire et hoche la tête, comme pour signifier qu’elle comprend sa sollicitude, mais ne s’apprête pas à sombrer dans la mélancolie. Elle retrouve alors son air attentif, poursuivant la discussion.

    - Je n’ai guère entendu parler de Brytha, Jillian ne s’y était que peu intéressé, et il n’a pas trouvé beaucoup de légendes à m’apporter sur elle. J’ignore si elle a traversé le fluide et, outre le drainage, nous n’avons rien senti de particulier, cependant les fluides sont fluctuants, et, malgré l’attention que nous leur portons, il est envisageable que cela nous ait échappé. Auquel cas la situation risquerait d’être grave, car lutter contre la puissance d’une déesse n’est pas chose aisée.

    Et elle parlait en connaissance de cause. Tandis que Cromax s’approchait de ses révélations, Aaria le regardait, clairement intriguée par ses propos, mais, lorsqu’il posa sa main sur son bras et se transforma en elle, elle eut un sursaut accompagné d’un hoquet de surprise et ses yeux s’étrécirent lorsqu’il prit la forme de Jillian. Alors qu’il reprenait son apparence habituelle, ses traits n’étaient plus que profondément intrigués.

    Sentant qu’il n’en avait pas fini, elle le laissa continuer et n’eût cette fois qu’un très léger mouvement de surprise lorsqu’elle aperçut Lysis et lui adressa un hochement de tête pour la saluer lors de sa présentation. Les yeux de la reine étaient intenses lorsqu’ils se posèrent sur la faera, bien plus intenses qu’ils l'avaient été jusqu’à présent.

    A la seconde remarque de Lysis, ses yeux ne quittèrent pas la faera, et ce fut d’un ton calme, parfaitement mesuré qu’elle déclara :

    - Alors il y aura la guerre, car je ne souhaite pas laisser ce monde mourir en raison de la lubie et de l’égocentrisme d’êtres, quels qu’ils soient.

    Aux paroles d’apaisement de Cromax, Aaria’Weïla reporta son regard sur le Sindel, il semblait moins tendu que lorsqu’elle regardait la faera. Finalement, elle poussa un léger soupir.

    - Tu n’es assurément pas un être des plus communs, Cromax, et les choses dont tu –vous – êtes capables sont fantastiques. Encore une fois, je t’ai donné ma parole que je ne divulguerai rien de ceci, pas même à Jillian ou à mes plus proches conseillers. Je te remercie de la confiance que tu m’as accordée et je pense comme j’espère avoir correctement placé la mienne.

    Elle le regarda une dernière fois dans les yeux avant de lui laisser la parole, ajoutant :

    - J’abhorre tout acte de cruauté gratuite, mais je sais reconnaître que certains sacrifices s’avèrent être une nécessité. Je m’efforce de les limiter au maximum.


[Cromax – xp : 3,5 (post) ; 0,5 (questions) ]


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Sam 18 Juil 2015 13:39 
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Par chance, l’esprit incarné ne prend pas le parti de se laisser submerger par la nostalgie ou la morosité. Courageuse et forte, telle que je me l’imagine, elle surmonte sa tristesse naissante et les cruelles perspectives qui l’attendent, elle les met de côté. Ainsi, revivifiée un peu synthétiquement, elle répond à mes nombreuses questions. J’apprends qu’elle ne connait que mal Brytha, et je trouve ça presque curieux qu’elle n’en ait presque jamais entendu parler, au vu de son intérêt notable pour les légendes de notre monde, tels que me l’ont démontré les nombreux ouvrages de sa bibliothèque ou les parchemins que Jillian devait lui rapporter de Tulorim. Certes, l’apparition est assez récente, et des récits n’ont peut-être pas été écrits dessus, mais… c’est sans doute un événement majeur de l’histoire de Yuimen. Peut-être. La déesse, épuisée, n’a pas encore fait parler d’elle plus que ça hormis dans le monde de la magie où elle a commis une grande pagaille. D’où ma suspicion de ce jour. Mais je dois bien avouer n’en connaitre guère plus sur elle ou ses implications réelles. On la dit à la tête d’une armée mystérieuse peuplée d’êtres gris et percés de miroirs inquiétants. Sans doute n’a-t-elle pas encore recouvré ses forces : l’ignorance d’Aaria permet d’écarter cette piste qui, telle qu’elle l’atteste, se serait montrée particulièrement gênante. Combattre une déesse n’a rien d’un voyage de plaisir, fut-elle affaiblie.

Je peux aussi mettre une croix sur tout ce qui est vision parfaite dans la région des Crocs du monde. Aaria ne semble pas au fait des détails des missions des patrouilleurs, dont elle me confirme la présence et l’existence. Elle me conseille de contacter Jillian pour ces détails. Il est la personne la plus indiquée pour être au courant de tout ça. Général des armées, et gestionnaire de la sécurité d’Ilmatar, en sus, apparemment. Il a de bien lourdes responsabilités ici. À se demander quand il trouve le temps de profiter de sa magnifique suite privée. Pour dormir, sans doute, uniquement. Il n’est qu’humain après tout. Et un humain a besoin de bien longues heures de sommeil. À se demander comment ils ne pètent pas un câble, ceux-là, à savoir leur vie si courte et à en passer la moitié à dormir.

Ainsi, Aaria’Weïla me signale quand même que tout groupe, même important, n’aurait aucun problème à se mouvoir dans les Crocs du Monde sans se faire remarquer par les élémentaires. C’est un peu problématique, mais encore une fois, je m’occuperai de ce point avec JIllian Averosa. L’homme d’action qu’il est comprendra mes arguments incitant à un élargissement des zones à surveiller, quitte à réduire le nombre de patrouilleurs par patrouilles pour en avoir de plus nombreuses. Ils doivent en priorité, pour l’heure du moins, servir d’éclaireurs plus que de gardiens de la paix.

Je clos là ce sujet, et laisse la Reine profiter de mes révélations. Elle semble, lorsqu’elle me voit me changer en elle puis en Jillian, passer entre la stupeur et le malaise éthique, mais n’en montre que peu sur son visage de marbre doux. Son air manifeste une certaine curiosité pour ce pouvoir qui doit sans doute être inédit pour elle. Elle ne le commente cependant pas du tout, et attend la suite, l’apparition de Lysis et ses commentaires acerbes, pour me répondre à nouveau. Mais rien sur mon pouvoir de métamorphose, hormis sa promesse de ne rien divulguer à personne. Je suis un peu déçu, en vérité, qu’elle n’ait pas plus de question sur celui-ci, ou d’intérêt pour son application au sein de notre mission future. Mais je n’en écoute pas moins le reste de ses réponses à Lysis, concernant l’occurrence d’une guerre probable entre humains et élémentaires, sans parler de la lutte de pouvoir à Illyria. En conclusion à ses paroles, elle m’accorde une dernière explication sur sa façon de penser, sa manière de fonctionner. Elle affirme abhorrer la cruauté gratuite, mais comprend la nécessité de certains sacrifices pour parvenir à un idéal.

(Elle me plait, finalement, elle.)

Elle précise néanmoins qu’elle s’efforce au possible de les limiter au maximum, ce à quoi Lysis rétorque, véhémente :

« Pourquoi s’en priver, si ça facilite les choses ? Une solution extrême est souvent plus bénéfique que la perte de temps d’une solution détournée plus complexe et risquée à mettre en place. En vies comme en temps et en énergie. Si vous ne pouvez prendre cette décision dure, Cromax et moi n’aurons aucune peine à le faire pour vous. »

Je la regarde en écarquillant les yeux.

« Lysis. Ne sois pas présomptueuse. Nous ne savons rien encore de ce que nous pourrons faire ou non. »

Je me reporte vers Aaria.

« Elle voulait dire que nous nous sentirons libre de nos initiatives, si tant est qu’elles font progresser l’affaire dont vous nous avez chargé. Et que nous en prendrons l’entière responsabilité. »

La version diplomatique, mais le sens général est identique, en vérité. Si la forme change, entre Lysis et moi, le fond est globalement le même sur de nombreux points. Nous savons quand agir, et n’hésitons pas à le faire sans attendre si ça s’avère nécessaire. Il est temps pour Lysis de rentrer sous sa forme spirituelle, dans le diadème qui me ceint le front. Mais avant, elle salue la Reine.

« Je me retire. Si jamais… Vous savez où me trouver. »

Et paf, elle disparait et retrouve sa place dans mon esprit. Je grimace d’un air gêné en regardant Aaria.

« Sacré caractère, n’est-ce pas ? Elle n’a pas vraiment le sens des convenances. »

(Hey, je vous entends !)

(Je sais. Mais déments, seulement, ce que je dis.)

(Ah. Oui non, ça je n’ai pas dit.)

Je recommence à marcher dans les jardins, invitant mon hôtesse à faire de même pour poursuivre notre avancée vers l’esprit du Vent. Tout en déambulant sans être pressé, je m’enquiers tout de même auprès d’elle :

« Sais-tu si Ixtli est partie pour ELivagar, ce matin ? Il m’aurait plu de revoir ta… pupille avant son départ d’Ilmatar. J’imagine que c’est un peu la position qu’elle a à tes yeux. »

Il n’est pas donné à tout le monde de tutoyer une Reine qui s’avère être aussi un esprit ancestral.

(Pourquoi ne pas lui demander directement où elle est et ce qu’elle a décidé de faire ?)

(Je ne doute à aucun instant de ces éléments dans la réponse d’Aaria.)

Et sa réponse, je l’attends sans plus mot dire.

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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Dim 19 Juil 2015 00:14 
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Localisation: Elysian
L'Eàrion commençait à se réveiller, il repassait la soirée hier en boucle dans sa tête, il se revoyait chercher l'élémentaire de feu puis lui avoir parlé et elle l'avait prévenu de se baisser, évitant ainsi de justesse un éboulement dû à une éruption volcanique. Il doutait qu'un tel cataclysme soit provoqué naturellement mais en même temps, il ne voyait pas l'Ekhi bien qu'ardente et insolente essayant de le tuer, sinon à quoi bon le prévenir.

Ses muscles endoloris, il se leva néanmoins et prit soudain conscience de l'endroit où il était et la mission qui lui avait été confiée sur Elysian. On toqua à sa porte et il découvrit la femelle Ekhi qui se proposa de l'accompagner jusqu'à Elivagar. Silencieusement, il revêtit ses atours poussiéreux et plaça ses griffes rétractables au niveau des jointures de ses doigts.

- Je pensais que la diplomate Agail allait m'accompagner, apparemment elle est trop occupé avec le sergent Cromax pour cela. Je n'oublierai pas ce geste ni envers vous ni envers votre peuple, je serais toujours fidèle aux Ekhi. Et maintenant allons-y, la route doit être longue jusqu'à la cité des élémentaires d'eau et j'imagine que vous avez d'autres choses à faire qu'à m'accompagner dans mon périple.

Il sortit d'un pas rapide du palais et avisa une écurie où se tenait un fier destrier à la robe noire qui semblait l'attendre. Il tapota l'encolure puis s'élança pour le chevaucher. Il était temps d'attaquer le vif du sujet: ce mystérieux phénomène d'aspiration de la magie d'Elysian et sa non moins étrange relique sans doute reliée à tout cela.

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Dernière édition par Earnar le Lun 20 Juil 2015 05:28, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Dim 19 Juil 2015 16:43 
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Ilmatar – Les jardins

Pour Cromax

    Le regard qu’Aaria tourne vers Lysis avant qu’elle ne disparaisse, sans être exactement dur, est cependant déterminé.

    - Je ne cherche pas la facilité. Je cherche à tirer le meilleur de chaque situation, que cela implique ou non des circonvolutions, que cela implique ou non d’aller chercher des aventuriers sur un autre monde que je ne peux connaître que de seconde main. Et toute décision, aussi dure soit-elle à prendre, sera prise si je pense qu’elle amènera ce que je considère être le mieux.

    Pour répondre aux paroles de Cromax, concernant la faera, Aaria hoche simplement la tête, avant de poursuivre :

    - Ixtli n’est pas à Ilmatar ce matin. Comme seule représentante des Aigails dans ces terres, elle s’assure que l’éruption ne rencontre pas d’eau, ce qui rendrait les choses autrement plus délicates. Elle ignorait quand elle pourrait revenir de cette tâche. Pour répondre à ta question implicite, oui, on peut dire qu’il s’agit de ma pupille, ou du moins ce que j’éprouve à son égard doit se rapprocher des sentiments qu’une mère éprouve pour une fille. C’est une femme remarquable.

    Ils arrivèrent sur ces paroles à une petite porte de bois qui ouvrait l’enceinte qui entourait les jardins. Aaria ouvrit la porte et invita Cromax à passer au travers. Il se retrouva alors sur un petit chemin qui serpentait, entouré d’arbres et de plantes foisonnantes, assez semblable au jardin, quoi que bien plus dense.

    Elle mena Cromax jusqu’au bout de ce sentier, jusqu’à une petite clairière recouverte de neige immaculée, bien qu’il ne fasse pas froid dans la cité des Sylphes, la température dans ce lieu semblait s’être refroidie. Dans la clairière se trouvait un lac gelé au-dessus duquel trônaient de gros rochers.

    - Je vais te laisser, il est des rencontres que l’on doit faire seul, dit la reine Sylphide avec un sourire. Je serais au palais si d’aventure tu souhaitais me trouver.

    Sur ces paroles, elle disparut dans une volute. Plusieurs secondes passèrent sans que rien ne puisse être entendu que le bruissement du vent dans les feuilles. Puis, finalement, une voix, un murmure parvint aux oreilles de Cromax, bien qu’il ne puisse être certain qu’il l’eût entendu souffler par le vent ou directement dans son esprit.

    « Bonjour à toi Cromax, Seigneur de l’Ombre, et à toi Lysis, faera de chair, de feu et d'ombre. »


Ilmatar – Les chambres


Pour Baratume

    Lorsque Baratume s’éveilla, le soleil était bien avancé dans le ciel et dehors, la montagne de feu fumait encore, même si aucun rougeoiement n’était visible en plein jour. Sa chambre était constituée d’un grand lit de plume et de quelques meubles de bois aux teintes variées, taillés de façon à leur donner une forme aérienne, fort simple. Parmi eux se trouvaient une commode, deux chaises et une table. La chambre, par son ameublement et ses quelques touches de décorations, donnait l’impression d’une simplicité mêlée de confort. A côté de la chambre se trouvait une pièce dans laquelle il se trônait une grande baignoire alimentée en eau courante et chaude, pourvue de deux robinets, l’un pour le chaud, l’autre pour le froid. C’était quelque chose de jamais vu dans la plus grande partie de Yuimen.

    Sur un guéridon à côté de la porte d’entrée de la chambre se trouvait un petit mot :

    « Baratume, j’espère que votre réveil et que votre première nuit sur Elysian se sont bien passées, malgré l’éruption du volcan Arzebeth. Je me trouve dans la salle d’entraînement d’Ilmatar, si vous souhaitez m’y rejoindre. Bonne matinée, Jillian ».


(Tu peux rp le fait que Baratume demande à un sylphe où se situe la salle d’entraînement, elle est au rez-de-chaussée du palais, mais située dans une autre aile que la salle de réception où vous étiez la veille.).

[Cromax – xp : 1,5 (post) ]


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Dim 19 Juil 2015 18:07 
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Inscription: Dim 2 Fév 2014 00:03
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Localisation: Elysian : Forêt d'Aetelrhyt (Quête 32)
Les premières lueurs du soleil illuminèrent la cité d'Ilmatar, gorgeant les rues et les tours du palais d'une clarté presque divine. Encore silencieuse, Elysian se réveilla après une nuit de fureur volcanique ayant certainement été entendue par tous les êtres vivants de ce monde. La montagne en fusion ne crachait plus de flammes et ressemblait dorénavant à une immense cheminée d'où s'échappait un formidable nuage de cendres noires, disparaissant haut dans le ciel.

Dans l'une des tours du palais, Kalas ouvrait doucement ses yeux encore fatigués. La lumière perçait à peine la fenêtre de sa chambre, mais les rayons du soleil aveuglait le jeune loup à moitié endormi dans les draps de son lit.

(Hmm... Non... Pas déjà le matin...)

Vociférant intérieurement, le Shaman comprit qu'il était temps de se lever. Dans un étirement des plus étranges, il tira ses pattes le plus loin possible en ouvrant sa longue gueule dentée le plus grand possible dans un bâillement ressemblant davantage à un couinement. Il quitta finalement le lit quelques minutes plus tard, apprenant à flemmarder comme un enfant ferait la grasse matinée. Hurlenuit secoua ses puces pour se purger de la sensation si douce que lui procurait le lit et redevint rapidement Kalas dans une rapide transformation, lui redonnant un corps plus agréable pour le programme de la matinée.

"Bon ! Je vais aller me débarbouiller le visage et voir si je peux prendre un petit-déjeuner quelque part !"

Alors qu'il s'apprêtait à poser sa main sur la poignée, Quelqu'un vint toquer discrètement à la porte. Pensant qu'il s'agissait d'un page du palais venu lui apporter de quoi manger, Kalas ouvrit la porte et tomba nez à nez avec Birhû, un sourire sur son visage. La raison de sa présence en Elysian lui revint et le jeune homme bredouilla quelques mots au Golem sur le pallier de sa porte.

"Ha ! Heu, je... Bonjour, Birhû !"

L'élémentaire lui rendit son salut de façon un peu timide avant de lui indiquer qu'il était temps de se mettre en route.

"C’est l’heure d’y aller. Guasina ne s’est pas réveillée ce matin, je crois que le fluide l’a un peu fatiguée, elle se réveillera sans doute en chemin. Le chouca est pour elle. Vous, vous aurez un cheval."

En se penchant sur le côté, le Shaman découvrit une Guasina toujours endormie sur son dos, ronflant silencieusement. A ses côtés, accroché à une branche du corps de l'arbre vivant, se trouvait un petit oiseau de la taille d'une main humaine. Les yeux perçants et le bec pointue, il tourna la tête vers l'humain qui le regardait et piailla un hoquet de surprise.

"Très original, je n'avais pas pensé que Guasina aurait une monture adaptée !"

Sur ces mots, le Golem se retourna et prit la direction du couloir qui menait à l'escalier de sortie du palais, toujours à l'aide de sa démarche boiteuse. S'empressant de le rejoindre rapidement, ils sortirent tous trois par les grandes portes du palais et descendirent ses marches sous un soleil matinal. Dans les rues, la cité commençait à peine se réveiller et les premières échoppes et boutiques ouvraient leurs portes. Marchands, crieurs publics et passants se multipliait à mesure que le petit groupe descendait en direction de l'écurie de la ville. Après plusieurs minutes de marche, ils arrivèrent devant une petite bâtisse de bois raffinée recouverte d'un toit de même facture. Derrière elle se trouvait un large enclos fermé dans lequel galopait quelques chevaux de fière allure. Chacun d'entre eux semblait capable de voyager des jours entiers sans fatiguer, signe qu'Ilmatar bénéficiait d'une capacité de dressage hors norme.

Birhû lui fit signe d'entrer dans l'écurie pour lui présenter son cheval. Il l'amena devant un Sylphe aux allures de dompteur qui se présenta comme le maître des lieux. Kalas s'avança jusqu'à lui et lui tendit la main en signe de présentation avant de lui expliquer les raisons de sa venue.

"Bonjour, monsieur. Je dois voyager jusqu'à Barkhane avec ces personnes et on m'a confié que je disposerais d'un cheval pour la route."

Le sylphe rajusta sa tunique d'un tour de bras et empoigna la main du jeune homme en face de lui. L'air satisfait, il lui présenta un étalon à poil brun déjà harnaché.

"Tenez. c'est une belle bête, une de mes meilleures. Si c'est la Reine qui vous envoie, on se doit de tous vous aider.

Kalas attrapa la bride que lui tendit le Sylphe et s'approcha de la monture en lui caressant l'encolure. Il s'agissait d'un splendide cheval au pelage brun disposant d'une large tâche blanche recouvrant une partie de son visage. Haut de presque un mètre quatre-vingt, ses jambes étaient parcourues de muscles gonflées et de sabots bien solides. Sa crinière dorée était parfaitement brossée et le cheval semblait être dans une forme olympique.

"Il est magnifique ! Merci à vous !"

Le Sylphe accepta le compliment d'un signe de tête et repartir en direction de l'enclos avant de revenir avec un bouc aux poils blancs et longs qu'il désigna comme la monture de Birhû. Ce dernier monta rapidement dessus avant d'indiquer à Kalas de faire de même pour se mettre en route. Le Shaman s'activa et réussi du premier coup, lui qui n'avait jamais été sur un cheval auparavant.

"On dirait que c'est plus facile qu'il n'y parait. Mettons-nous en route !"

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