L'Univers de Yuimen déménage !


Nouvelle adresse : https://univers.yuimen.net/




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 90 messages ]  Aller à la page 1, 2, 3, 4, 5, 6  Suivante
Auteur Message
 Sujet du message: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Lun 17 Aoû 2015 10:28 
Hors ligne
Admin
 Profil

Inscription: Lun 17 Nov 2008 23:14
Messages: 6059
Niyx – Portes d’entrée

    Image


    La cité de Niyx est semblable à une forteresse qui se trouve coincée dans une large faille, entre plusieurs escarpements. Si la cité d’Ilmatar était toute de finesse et de délicatesse, la ville de Niyx, toute de pierres blanches, grises et noirs, épaisses, est sensiblement plus massive, aspect cependant contrebalancé par quelques tours qui viennent atténuer sa lourdeur ainsi que des ornements embellissant les toits. Tout semble plus grand ici, des étages que l’on distingue aux grandes et larges portes, attestant des propos de l’Ishtar présentant Niyx comme l’ancien bastion d’une race de géants savants.
    Malgré la tombée de la nuit, il ne semble pas faire entièrement noir dans la cité des Ishtars, et le clair-obscur qui semble inhérent aux murs de cette cité est accentué par la qualité des nuages qui gravitent au-dessus des cimes qui l’abritent, mélangeant de très fins et lumineux panaches et de très larges et obscurs.

    Alors qu’ils louvoient sur le petit chemin qui mène à la cité, les larges et massives portes s’ouvrent pour laisser passer un homme. Il possède de longs cheveux couleur crème, une peau gris foncé et des yeux jaunes. Son visage est dépourvu de la finesse des traits de Yura, mais comme elle il porte un tatouage noircit par son aspect de nuit, en forme de croissant de lune sur l’œil droit. Il est vêtu de fourrures qui semblent destinées à repousser la froideur des lieux.

    Image


    L’homme les accueille avec un léger sourire de bienvenue, écartant les bras.

    - Bienvenue à Niyx, aventuriers, leur dit-il lorsqu’ils arrivent à quelques mètres de lui. Quel trio intéressant faites-vous… ajoute-t-il en les regardant tous trois, ses yeux s’attardant sur les étincelles de lumière qui parsèment l’ombre de Kerenn.

    Yuralria fait avancer sa monture avant de descendre du cheval.

    - Je vous présente Ek Chua, il occupe une place qui pourrait se rapprocher de conseiller ou d’intendant auprès de vos cours.

    Elle présente alors chacun des trois aventuriers et Ek Chua hoche la tête à chacun d’entre eux.

    - Entrez, les seigneurs jumeaux souhaitent vous voir, dit-il en présentant les portes ouvertes et la lumière à l’intérieur.


Haut
 

 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Lun 17 Aoû 2015 19:29 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 28 Juil 2012 11:08
Messages: 937
Localisation: Elysian
Toute chose à une fin, et si on dit souvent que le voyage est plus important que la destination, Faëlis fut néanmoins ravis d'arriver enfin à destination. Il faisait plus froid, ici. L'altitude se faisait sentir de, devant eux, à l'ombre des montagnes, se dressait une colossale cité. Yura avait dit qu'elle avait appartenu à des géants forts savants. Il n'avait pas de peine à l'imaginer en voyant l'ampleur des constructions... Mais les ishtar avaient aussi ajouté leur touche esthétique et, alors que le soir tombait, la ville semblait figé dans un état crépusculaire.

Ils furent accueillis à leur arrivée par un homme au visage rude, emmitouflé d'un lourd manteau. Un ishtar, sans aucun doute, qui leur souhaita la bienvenue. Kerenn attira encore le regard, avec son corps parsemé d'étincelles. Comme quoi, même un individu laid pouvait se donner de l'intérêt en faisant quelques efforts !

L'homme fut présenté par Yura comme Ek Chua, un genre de conseiller et d'intendant qui allait les présenter aux « seigneurs jumeaux ». Faëlis descendit aussitôt de Brise pour faire sa plus exquise révérence :

« C'est un immense honneur, messire Ek Chua. Soyez sûr que vous n'avez ici que des individus ayant à cœur la survie de votre monde. J'ai fort hâte de rencontrer les seigneurs jumeaux... »

Il avait surtout hâte de savoir qui ils étaient et quel rôle ils allaient jouer dans leur aventure...

_________________
Image

L'homme de toutes les femmes, la femme de tous les hommes
Lampadaire officiel de la quête 32

Le thème de Faëlis


Haut
 

 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Jeu 20 Aoû 2015 21:55 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 31 Mai 2015 15:47
Messages: 713
Localisation: Kanteros
Niyx, enfin...

Ombre et lumière, la cité des Ishtars illustre à merveille cette dualité si paradoxale, presque impensable sur Yuimen. Presque seulement, les lucioles vagabondant dans mes ombres en témoignent. A la fois massive et effilée, la demeure de Yuralria et des siens ressemble bien davantage à une puissante citadelle militaire qu'à une ville n'ayant jamais connu la guerre, ce qui ne manque pas de m'étonner quelque peu, n'a-t'elle pas été entièrement rebâtie par les élémentaires? Mais peut-être se sont-ils contentés de reconstruire au plus près de ce qui existait avant la catastrophe qui a rayé les Sindeldi de la carte. Je souris sombrement pour moi-même, réalisant que quelque chose au fond de moi espère presque une confrontation ouverte avec les responsables du drainage, une situation où je serais nettement plus à l'aise que dans ces circonvolutions diplomatiques qui visiblement nous attendent. Par les dieux, pourquoi les élémentaires n'ont-ils pas fait appel à de foutus diplomates plutôt qu'à des aventuriers de tous poils?! Surtout quand lesdits prétendus aventuriers ressemblent à des pucelles frustrées à en crever ou à des demeurés comme l'elfe poiscaille croisé à Ilmatar. Quelque chose m'échappe vraiment dans le raisonnement des élémentaires, et face à cette puissante forteresse claire-obscure, leur tentative me semble plus insensée encore. Je jette un bref coup d'oeil aux deux mômes qui nous accompagnent, les muscles de ma mâchoire se contractant légèrement alors que le contraste me frappe comme un tsunami: des gosses pour sauver un monde...des gamins gonflés de vanité puérile qui s'apprêtent à entrer dans un bastion comme des sauveurs en puissance, mais par Meno quelle farce! Et je suis censé me coltiner ces mioches pour accomplir cette mission? Pas même en rêve...je ne sais déjà pas par quel miracle la petite crevure de bâtarde est encore en vie, il pourrait sembler risqué de tirer davantage sur la chance.

Pensivement, je porte la main au pendentif d'Uraj et le sort de l'échancrure de ma chemise pour l'examiner, tentateur, il serait si facile de me transporter devant le fluide menant à Yuimen pour faire cesser cette mauvaise plaisanterie. Mes prunelles d'ambre flamboient dans la pénombre alors qu'une sourde et profonde colère m'envahit. Pourquoi ne suis-je pas déjà sur Yuimen?! Qu'elles soient maudites ces foutues étincelles qui s'échappent de moi comme une mauvaise sueur! Je me suis laissé troubler plus que jamais cela ne m'est arrivé en quatre siècles, et au lieu de filer chez les élémentaires de feu pour trouver moyen de rembourser ma dette envers la magicienne, me voici devant une citadelle dont je n'ai que faire. Mais par les dieux qu'est-ce qui m'a pris?! Je crache quelques imprécations silencieuses entre mes dents serrées, maitrisant durement mon envie féroce d'éclater la tête de cette tordue de Pureté pour évacuer ma rage, pour lui faire expier ses paroles et ses gestes à mon égard. "Pureté"...non mais sans rire?! De toutes les caricatures qu'il m'a été donné de contempler dans ma longue existence, celle-ci a la palme du mauvais goût. Mais pourquoi n'est-ce pas encore fait?! Pourquoi son crâne n'est-il pas encore répandu sur la route? Une rage écarlate brouille mes pensées, une haine mortelle s'immisce dans mes veines et inconsciemment mes poings se serrent pour écraser, broyer, déchiqueter...

Les portes de Niyx s'ouvrent. La frustrée ne le saura jamais, mais cela lui sauve la vie. Un Ishtar sort de la cité, vaguement semblable à Yuralria, il pourrait presque être un Sindel si ses traits ne manquaient de cette finesse qui fait de nous des êtres d'une beauté à nulle autre pareille. Il nous accueille avec un léger sourire et quelques mots de bienvenue, m'examinant un peu plus longtemps que nécessaire à mes yeux. Je le fixe sans détour, sombre et distant, me contentant de le saluer d'un imperceptible hochement de tête avant que Yuralria ne fasse les présentations. Il nous invite à entrer, annonçant que de mystérieux seigneurs jumeaux souhaitent nous voir. Encore des palabres en perspective...mais si cela peut me rapprocher de cet esprit censé me permettre de maîtriser ces fichues chandelles qui troublent mes ombres, et surtout me dégager de l'autre tarée avant que je ne l'étripe, soit, palabrons, et vite.

Yuralria descend de sa monture, aussi je saute souplement à bas de la mienne, dissimulant derrière sa masse un rictus teinté de mépris au baratin que sert notre loupiote au dénommé Ek Chua. Au moins ce dernier s'exprime-t'il normalement, sans tout ce fatras de fioritures chères aux tapettes qui hantent les cours à grand renfort de courbettes obséquieuses, pensée qui m'apaise peu à peu, assez pour que je présente un visage neutre et impassible lorsque je me détourne de ma monture pour entrer sans autre formalité dans la cité des Ishtars, puisque le conseiller nous y a invité.

(844 mots)

_________________
Kerenn


Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?

Zenrin Kushu


Haut
 

 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Sam 22 Aoû 2015 17:52 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 30 Juin 2015 09:36
Messages: 222
Niyx est moins élégante et plus ''brut'' qu'Ilmatar, mais elle reste une cité d'une certaine magnificence. Je ne m'attendais pas à grand chose lorsque je suis partie, mais on ne peut pas dire qu'elle me déçoive, et la seule perspective d'arrêter de ne rien faire d'autre que voyager en silence toute la journée suffit à largement améliorer ma première impression de la ville Ishtar. J'espère qu'ils ont des bains.

Un homme à la peau noire nous accueille. Yuralria le présente comme étant Ek Chua.

« Bonjour, » fais-je simplement en descendant de Nuit.

Il ne m'inspire pour le moment aucune inimitié, mais je ne suis pas très à cheval sur les protocoles, et depuis qu'Aaria'Weïla m'a fait comprendre qu'il en était de même, je préfère partir du principe que l'on peut appliquer cette règle à tous les élémentaires. Non pas que je pense qu'elle soit vrai, mais cela me donne une excuse, et je préfère ne pas avoir à m’aplatir devant quelqu'un sous prétexte qu'il a des responsabilités.

Alors que Faëlis se perd en formules inutiles, Kerenn et moi-même entrons dans la cité sans cérémonie, comme nous a invité à le faire le dénommé Ek Chua.

_________________
Image

Merci à Dame Itsvara pour la signature


Haut
 

 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Dim 23 Aoû 2015 13:08 
Hors ligne
Admin
 Profil

Inscription: Lun 17 Nov 2008 23:14
Messages: 6059
Niyx - Salle des Trônes

    Ek Chua hocha la tête aux paroles de Faëlis, sans cependant les commenter et Yuralria et lui se dirigèrent vers les profondeurs de Niyx. Ils les menèrent par un dédale de longs et grands couloirs sur lesquels reposait un long tapis pourpre et or qui contrastait avec la pierre nue et grise du reste de la bâtisse, dépourvue d’autres marques d’ornements, si ce n’est quelques bougeoirs allumés illuminant les lieux d’une lueur mordorée.

    Ils pénétrèrent finalement dans une salle gigantesque, haute de plafond, dans laquelle se trouvaient comme écrasés par la grandeur des lieux deux silhouettes assises sur deux trônes jumeaux. Le reste de la pièce était vide. S’ils entrèrent par la porte principale, plusieurs autres se trouvaient de part et d’autre de la salle mais elles demeuraient closes.

    En s’avançant, les aventuriers purent voir les seigneurs jumeaux des Ishtars.

    Image


    Il s’agissaient de deux êtres jumeaux en apparence mais aux couleurs différentes, car si l’un arborait une peau claire et des tatouages de jours sous des cheveux sombres, le second en était l’inverse. Tous deux avaient en apparence les traits fins et délicats, bien qu’une coiffe qui descendait jusqu’à leurs yeux masquait une partie de leur visage. Ils étaient vêtus d’étoffes fines et délicates, mais dépourvues de fioritures.

    Yura s’avança jusqu’à n’être plus qu’à une dizaine de mètres d’eux et posa un genou à terre, appuyant son bras sur le genou relevé. Elle resta quelques brèves secondes dans cette position avant de se relever sans attente de l’autorisation des deux êtres. Son visage était plus impassible qu’il ne l’avait jamais été.

    - Seigneurs, des aventuriers appelés par la Reine Aaria’Weïla, je vous présente Faëlis, noble Hinïon, Kerenn, fier guerrier Sindel et Pureté, archère semi-elfe.

    Elle se tourna vers les aventuriers, présentant d’un geste de bras les deux êtres.

    - Suinnak et Aituserk, Seigneurs jumeaux régnant sur les Ishtars.

    Ces derniers restèrent un instant silencieux, comme s’ils sondaient les nouveaux venus bien que leurs yeux ne semblaient pas posés sur eux.

    - Ambassadrice Yuralria, ta tâche est accomplie, finirent-ils par dire à l’unisson d'une voix légèrement trainante.

    La jeune Ishtar hocha la tête et recula d’un pas pour se remettre à la hauteur des yuimeniens.

    - Niyx vous accueille, aventuriers, et vous salue. Vaquez ici aussi longtemps que vous le souhaitez.

    - Les esprits vous attendent et voient votre venue avec hâte, poursuivit Suinnak, le jumeau aux tatouages bleutés.

    - Sindel Kerenn, l’Ambassadrice vous y mènera le premier. Votre particularité a été remarquée.

    Yuralria hocha la tête et se tourna vers Kerenn pour l'inviter d'un geste à la suivre vers l'une des portes de la salle, s'il souhaitait la suivre dès à présent.

    - Hinïon Faëlis et Semi-elfe Pureté, le Conseiller Ek Chua vous présentera vos appartements.

    Ce dernier inclina légèrement le buste et montra eux deux elfes la direction inverse de celle de Kerenn, leur laissant également l'opportunité de s'attarder auprès des seigneurs jumeaux s'ils le désiraient.


[Kerenn - xp : 1 (post) ;
Faëlis - xp : 0,5 (post) ;
Pureté - xp : 0,5 (post)]


Haut
 

 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Dim 23 Aoû 2015 15:53 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 28 Juil 2012 11:08
Messages: 937
Localisation: Elysian
L'homme ne répondit rien, mais la bizarrerie des ishtar n'était plus à prouver.

Ils furent conduits à travers les couloirs austères et ténébreux, juste rehausser d'un tapis de pourpre. Tout cela était fort mal assorti, au point de friser le mauvais gout. Ces gens auraient vraiment besoin de conseils en terme de décoration... Enfin bon, il serait temps de sauver ce désastre quand ils auraient sauvé le désastre prioritaire.

Ils arrivèrent dans une vaste salle. Nul doute en effet que seuls des géants aient pu concevoir cela, d'ailleurs, les deux élémentaires qui siégeaient ici semblait bien petit au milieu de l'immensité, et ils durent marcher longuement pour les atteindre.

Ils semblaient subtilement différents. L'un sombre et l'autre plus éclairé, portant des masques en contraste de leur apparence. Voilà qui était étrange... la lumière des ishtar n'était donc pas uniquement déterminée par l'heure du jour ? Yura s'inclina et présenta le groupe aux seigneurs jumeaux, Suinnak et Aituserk. Parlant d'une même voix, les deux êtres souhaitèrent la bienvenue, et Faëlis sentit comme un frémissement en lui tandis que ces voix puissantes et trainantes parlaient à l'unisson. Ils invitèrent Kerenn à aller voir les esprits au plus vite. Apparemment, les étranges lumières qui parcouraient son corps intriguaient décidément beaucoup de monde !

Faëlis s'inclina profondément :

« Merci de votre accueil mes seigneurs. J'espère que l'éruption n'a pas causé trop de dégâts. Si vous avez besoin de nous pendant le temps de notre séjour, n'hésitez pas à demander. »

Puis, après un instant de réflexion, il ajouta :

« Je serais fort aise de visiter votre ville en effet, et j'aimerais également parler aux tisseurs d'ombres... et pourquoi pas à vos magiciens ? J'aimerais vraiment en apprendre plus sur votre peuple si mystérieux. Par exemple, si ce n'est pas impolie de demander : pourquoi votre propre lumière ne semble-t-elle pas s'accorder au jour, comme celle de dame Yuralria ? »

(((318 mots)))

_________________
Image

L'homme de toutes les femmes, la femme de tous les hommes
Lampadaire officiel de la quête 32

Le thème de Faëlis


Haut
 

 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Lun 24 Aoû 2015 18:06 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 31 Mai 2015 15:47
Messages: 713
Localisation: Kanteros
Nous nous enfonçons dans les entrailles de la citadelle d'ombre et de lumière, massive et puissante construction de pierre brute que nul étalage de colifichets de mauvais goût ne vient souiller. Seul un tapis pourpre et or, couleurs de la royauté par excellence, atténue l'aspect brut et austère des lieux. Ce dépouillement me fait du bien, tout comme les dimensions colossales de l'édifice, et sans même en avoir vraiment conscience, je me redresse pas après pas, libre enfin de déployer toute ma stature. Un sourire qui pourrait paraître carnassier, sauvage, ourle mes lèvres. Un éclat de flamboyante dureté rend l'ambre de mes prunelles plus doré, mon assurance croît à mesure que nous avançons, ce lieu réveille en moi des instincts devenus incertains depuis ma chute dans le Dragomélyn.

Nous finissons par arriver dans une nef gigantesque, démesurée, où trônent deux êtres qui paraissent simples poupées miniatures dans l'immensité des lieux. Ils sont étranges, leurs visages sont voilés par des masques exotiques et ils semblent représenter chacun une partie de ce tout, il est ombre, elle est lumière. Je fronce légèrement les sourcils, réalisant en m'approchant qu'on ne distingue pas leurs yeux, ce qui pour moi constitue un manque profond de respect, pire, un danger. Mais nous ne sommes plus sur Yuimen, autre monde, autres coutumes, et je serais insensé de le relever, seul au coeur même de la puissance des Ishtars. Je me rappelle des paroles de Yuralria, soulignant qu'en ce lieu le protocole était plus strict qu'à Illmatar, mais si je ne doute pas que cela soit vrai, le dépouillement des tenues des deux dirigeants me surprend quelque peu. J'associais instinctivement protocole à apparat, mais rien de tel ici. Ce qui n'est pas pour me déplaire, bien au contraire.

Yuralria va aussitôt s'agenouiller devant les seigneurs, ce qui me tire un infime rictus peu avenant, puis nous présente aux jumeaux avant de nous informer en retour de leurs noms. Je salue simplement les seigneurs d'un hochement de tête, il n'est pas encore né celui devant lequel je m'agenouillerai, j'ose espérer que les dirigeants de Niyx ne l'attendent pas de ma part. Ces derniers s'expriment enfin d'une manière traînante, relevant Yuralria de sa tâche désormais accomplie, et soulignent que les esprits ont hâte de notre venue. Les Esprits? Sont-ils plusieurs? Je n'ai pas l'opportunité de poser la question, déjà les deux masqués déclarent que j'irais en premier, du fait de ma particularité. Je ne peux m'empêcher de sourire, légèrement narquois, en songeant qu'au moins ils savent reconnaître un être d'une race supérieure, faire passer la bâtarde, ou même la pâlichonne loupiote avant un Sindel aurait été une offense sérieuse. Je me doute bien que ce n'est pas de cette particularité qu'ils parlaient, mais qu'importe, le résultat me satisfait, et plus encore l'idée de me débarrasser de ces deux boulets, que j'espère bien larguer définitivement ici et maintenant.

Yuralria m'invite d'un geste à la suivre, je ne me fais pas prier et la rejoint d'une longue enjambée tandis que Faëlis déballe son habituel boniment. Je profite de ce qu'il baratine les jumeaux pour glisser à Yuralria à voix basse, un léger sourire au coin des lèvres:

"Allons voir cet esprit, jeune femme, mais n'en profite pas pour disparaître, nous avons une conversation à terminer."


(581 mots)

_________________
Kerenn


Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?

Zenrin Kushu


Haut
 

 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Jeu 27 Aoû 2015 13:41 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 30 Juin 2015 09:36
Messages: 222
Les Ishtars nous mènent auprès de deux de leurs semblables. Des jumeaux, apparemment, si ce n'est
que l'un d'eux ressemble à Yuralria au cours de la journée, tandis que l'autre lui ressemble de nuit. A
notre arrivée dans la salle, Yuralria met un genou à terre, et Faëlis, suivant quelque peu son
exemple, s'incline profondément. Imitant Kerenn, cependant, je m'abstiens. S'il le faut vraiment, je
veux bien les vouvoyer, à la limite les appeler ''Seigneurs'', mais m'incliner, c'est demander un peu
trop de ma personne.

Après que Yuralria nous ai présentés, les jumeaux lui demandent d'escorter directement le Sindel
autre part, le voyant apparemment comme un cas à part. Je ne peux pas dire que je suis mécontente
d'être débarrassée de lui, ceci-dit j'avais quelque peu espéré me retrouver carrément seule, étant la
seule à n'avoir un muutos que d'ombre. Je vais vraiment apprendre à le maîtriser avec Faëlis ? Il
semblerait que la journée à venir s'annonce tout aussi éprouvante mentalement que les précédentes.
Cependant, il faut dire que l'Hinïon, quand il n'est pas trop occupé à être complètement énervant,
peut faire preuve d'un tantinet d'intelligence. Il demande donc immédiatement à pouvoir rencontrer
les fameux tisseurs d'ombres dont Yuralria nous a parlé, ainsi que les magiciens de Niyx. C'est à ce
moment que je décide de prendre la parole.

« S'il est possible de les rencontrer dès ce soir, alors je suis prête à y aller dès à
présent. Mais si nous devons attendre, alors je profiterais de ce temps pour récupérer de notre
voyage et me laver.
»

_________________
Image

Merci à Dame Itsvara pour la signature


Haut
 

 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Jeu 27 Aoû 2015 21:49 
Hors ligne
Admin
 Profil

Inscription: Lun 17 Nov 2008 23:14
Messages: 6059

Niyx – Salle du trône


    Les jumeaux hochèrent la tête aux premières paroles de Faëlis.

    - Nos tisseurs d’Ombres et de Lumières vous verront demain à votre éveil.

    Mais ils ne répondirent pas à sa question. A la place, Ek Chua leur fit signe, à Pureté comme a lui, de le suivre.

    - Niyx est principalement sous la montagne, aussi la ville n’a pas subit beaucoup de dégâts, bien que nous ayons eu quelques fissures, dit Ek Chua une fois qu’ils furent sortis, répondant à la question de Faëlis.

    Il les mena le long de quelques couloirs jusqu’à des chambres, semblables à de grandes cellules, sobres et peu meublées, mais l’ensemble restait de très bonne qualité. Il y avait entre autre un lit simple fourré de duvet d’oiseau, une table sur laquelle se trouvait de la nourriture et de quoi écrire. Dans chacune se trouvait un petit feu brûlant dans un âtre. Attenante à leur cellule se trouvait une salle d’eau, bien moins luxueuse que celle d’Ilmatar, mais tout de même pourvue d’un baquet d’eau chaude fumante.

    - Si vous avez besoin de moi, sonnez à cette cloche, n’hésitez pas, leur dit l’Intendant, mais il resta au cas où ils auraient des questions.


Niyx – L'Arbre

Pour Kerenn

    Yuralria lève les yeux sur Kerenn avec un léger sourire se transmettant à ses yeux avec un éclat de malice.

    - Je reste ici, ce sera donc quand tu voudras, vieil elfe, mais pour lors, ne faisons pas attendre les esprits…

    Elle le mène dans un dédale de couloirs semblables aux autres, ce même tapis rouge au sol et ces mêmes candélabres au murs, et guère plus de fantaisie. Ils croisent quelques Ishtars au teint sombre et au visage impassible leur adressant parfois un signe de tête.

    - C’est inhabituel que les esprits voient quelqu’un en même temps, commente-t-elle, mais ne précise pas pourquoi, car la réponse étincelle à côté d’elle.

    Ils finissent par arriver dans les profondeurs de la ville, dans des lieux assurément moins fréquentés que le reste de la cité, jusqu’à une grande porte massive et gigantesque. Elle est faite d’une pierre grise polie, reflétant l’approche du grand et puissant Sindel aux côtés de la frêle silhouette de l’Ishtar. Elle s’arrête devant et se tourne vers Kerenn.

    - Mes pas s’arrêtent ici pour le moment, je te laisse les rencontrer seul. Il s’agit de quelque chose de très personnel. Et ils peuvent être aussi étranges que les Ishtars.

    Elle esquisse un frêle sourire à sa tentative de blague, avant de poursuivre.

    - Je resterai de ce côté de la porte jusqu’à ton retour. Si jamais tu ne m’y trouves pas, mande-moi auprès de n’importe quel Ishtar, il t’indiquera où je me trouve. L’esprit de Lumière s’appelle Annun tandis que l’esprit d’Ombres s’appelle Chulyin.

    Yuralria le laissa entrer avec un petit sourire d'encouragement. La porte, d’une légère pression, s’ouvrit aisément, comme si elle ne possédait aucun poids et dévoila un lieu étrange. Il s’agissait d’une salle elle aussi gigantesque, mais très différente de la salle du trône. En vérité, elle s’apparentait plus à la grand’place d’une ville qui aurait été creusée dans une cave car tout autour d’un terrain dégagé s’élevaient des ruines anciennes de bâtiments presque détruits ornés de statues. Au centre de cette place se trouvait un monceau de gravats sur lequel avait été taillé un plus petit espace auquel menait une petite volée de marche. Et sur ce monceau se trouvait un petit arbre aux feuilles et corolles blanches, orné de petits fruits rouges. Tout autour voletaient de petites lueurs, de petites boules de lumière qui éclairaient faiblement ce vaste espace.

    A côté de l’arbre se trouvaient deux êtres qui observaient Kerenn avancer vers eux. L’un était un lion blanc ailé, allongé sur le ventre et duquel irradiait une douce lumière. L’autre, quant à lui, était un loup gigantesque au pelage noir parsemé d’un millier d’yeux dont certains semblaient verser des larmes intarissables. Des volutes noir, semblables à celles de Kerenn, parcouraient son être et il émanait de lui une force implacable, une présence impressionnante même si pour l’heure il était assis sur son séant et ses nombreux iris étaient calmement braqués sur le Sindel.

    « Fils du Dragomélyn, du vent du désert et du sable, nous t’attendions » entendit-il murmurer au creux de son oreille alors que certaines boules de lumière se mettaient à tournoyer autour de lui.



[Kerenn - xp : 0,5 (post) ;
Faëlis - xp : 0,5 (post) ;
Pureté - xp : 0,5 (post)]


Haut
 

 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Sam 29 Aoû 2015 13:33 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 31 Mai 2015 15:47
Messages: 713
Localisation: Kanteros
La répartie taquine de Yuralria à mon murmure fait flotter un léger sourire sur mes lèvres, je me contente de l'inviter à me guider sans tarder vers ces esprits d'un signe de la main l'invitant à me guider. J'adresse aussi un bref hochement de tête en guise de salut aux Seigneurs de Niyx, puis à Faëlis et Pureté, puis j'emboîte la pas à la jeune Ishtar et découvre que la citadelle s'enfonce également profondément sous terre. Elle ne me semble guère avoir été affectée par le séisme, mais en faisant ce constat, je m'aperçois que Yuralria n'a pas même eu le loisir de s'enquérir des siens depuis notre arrivée. A moins qu'ils ne puissent communiquer sans parler, j'ignore tout de leurs pouvoirs. Ou presque. Ombre et Lumière. Mmm. Peut-être ne suis-je pas aussi ignorant que cela, au fond, mais il serait risqué d'oublier que je me trouve sur un autre monde, à la magie possiblement différente. Ces esprits, d'ailleurs, je n'ai jamais entendu dire qu'il existait quelque chose de similaire sur Yuimen. A quoi servent-ils? Quelle influence ont-ils, quels sont leurs buts, leur raison d'être?

Je salue d'un signe de tête ceux que nous croisons et me fend d'un petit sourire en coin amusé à la remarque de Yuralria, lui rétorquant avec une tranquille assurance imperceptiblement teinté d'ironie:

"Mais je suis inhabituel, très chère."

Nous parvenons pour finir devant une gigantesque porte de pierre polie, massive et impressionnante. Je ne peux empêcher une légère lueur d'incrédulité de se manifester dans mon regard. Par Meno, quel poids peut bien représenter ce monolithe rocheux titanesque?! Comment font-ils pour lever des masses pareilles, et plus encore en faire une porte?! Tant de mystères, tant de questions, mais l'heure n'est pas venue encore, car déjà la jeune Ishtar se tourne vers moi pour m'annoncer que je dois franchir cette porte seul. Un léger rire un peu rauque s'échappe de mes lèvres lorsque elle évoque l'étrangeté de ces esprits et des Ishtars, je lui réponds du tac au tac:

"Ne paraît étrange que ce que l'on ne connait pas, nous allons remédier à cela sans plus tarder, nous avons déjà commencé d'ailleurs."

J'écoute ses paroles suivantes en la dévisageant, puis lui demande doucement:

"Merci, Yuralria. Mais n'as-tu pas hâte de t'enquérir des tiens? Tu n'es pas obligée de m'attendre, je retrouverai mon chemin."

Puis à son invitation, je pousse la porte et la franchis sans hésiter, pour découvrir un lieu tout à fait étonnant. La salle dans laquelle je parviens est immense, jonchée de ruines qui semblent avoir été préservées comme un témoignage des ères passées, Yuralria ne m'a-t'elle pas dit que les Ishtars s'intéressaient aux artefacts et autres objets antiques? Mais si surprenant que soit l'endroit, ce sont les deux êtres installés sous un arbre qui monopolisent aussitôt mon attention. Des fauves. Je me contraints à éloigner ma main droite du manche de mon poignard, réalisant qu'elle s'en était instinctivement approchée, il faut dire que ma dernière rencontre avec une "bestiole" d'Elysian n'était pas particulièrement paisible.

Annun et Chulyin...un lumineux lion ailé, et un loup d'apparence infernale, dont les mille yeux semblent rivés sur moi, me jauger, me soupeser, me juger peut-être. Mais du jugement d'autrui je n'ai que faire, fut-il celui d'un esprit. On m'apprécie ou pas, qu'importe, je suis. Je ne suis pas venu ici en quête d'amitiés, d'amours ou les dieux savent quelles autres fariboles. Pourtant cette pensée en amène d'autres, inhabituelles, qui me laissent vaguement perplexe. Des amis...ai-je déjà eu des amis? Peut-être. Sans doute. Il y a longtemps. En un temps où les illusions n'étaient pas encore fracassées, anéanties si fréquemment et de manière si abrupte par une flèche, une lame. A quoi bon se lier à quelqu'un qui va certainement crever dans les jours qui suivent? On n'en tire que douleur, je l'ai appris, comme tous les combattants du Dragomélyn qui survivent un peu plus longtemps que la moyenne. On devient solitaire, on se barde d'une armure d'indifférence, et lorsque l'on encontre une nouvelle personne, on distingue derrière son sourire la blanc ivoirin de ses os qui joncheront bientôt le sable. Leurs noms? Aucune importance, ils ne servent à rien, ils seront oubliés, vite, si vite. Folle farandole de visages trépassés, de corps qui chutent, ouverts comme des fruits trop murs, qui souillent le désert éclatant d'écarlate. D'autres qui trébuchent, usés jusqu'à la trame par un environnement implacable, qui n'offre en guise de pitié qu'un trépas attirant, se coucher là, dans le sable brûlant ou glacial, renoncer, fermer les yeux, en finir. Combien sont-ils qui hantent ma mémoire fragmentée? Et surtout, pourquoi m'en soucier? Pourquoi même y songer?

Peut-être parce que quelque chose de nouveau s'est révélé en moi. Peut-être parce que dans les abysses de mon inconscient a survécu une minuscule étincelle, un espoir infime et presque déchu, le rêve d'une autre vie, d'un autre chemin. Un rêve de ce qui aurait pu être, de ce qui aurait dû être dans un monde meilleur. Un lueur dans les ténèbres, frêle, vacillante, qui pour une raison qui m'échappe reprend vigueur et s'enracine dans mon esprit comme une graine qui trouve moyen de germer après quatre siècles d'enchaînement aussi cruel que nécessaire. Une faiblesse. Qui, comme toute faiblesse, doit être transformée en force. Oui, mais comment? En trouvant un juste équilibre sans doute. En l'acceptant comme une partie intégrante de moi-même qu'il serait insensé de renier, déjà, elle est là et il faut faire avec. Tracer mon propre chemin en fonction de cela, en profiter pour saisir ma liberté, mon indépendance à tout système endoctrinant. L'équilibre...la dualité unifiée...est-ce seulement possible? Malgré que les Ishtars aient accès aux deux fluides, ils ont deux esprits, et des jumeaux en guise de souverains. Quoi qu'il en soit, si j'ai perdu pied dans les premiers temps qui ont suivi notre arrivée sur Elysian, je crois avoir maintenant retrouvé une certaine stabilité, et la plus grande partie de mon assurance habituelle, bien qu'elle soit désormais basée sur des fondations indubitablement différentes.

Je m'avance jusqu'au pied des marches menant à l'arbre et aux deux esprits si dissemblables, sans les quitter une seule seconde des yeux. Je m'immobilise, droit, fier et sauvage, puis accueille leurs salutations en plissant légèrement les paupières. Comment savent-ils?! Après les avoir scrutés plus intensément pendant quelques instants, je laisse mon regard parcourir la salle d'un lent mouvement circulaire, puis le repose sur eux, qui règnent sur ce sanctuaire du passé en monarques absolus. Fils du Dragomélyn. Un simple état de fait, une réalité exprimée bien plus qu'un titre. Mais ce qu'il signifie vraiment, ne le savent que ceux qui le sont devenus, au prix de leur sueur et de leur sang, au prix de leur âme souvent. Je porte un poing fermé à l'emplacement de mon coeur, inclinant le visage à l'attention des deux esprits, et d'une voix grave m'adresse enfin à eux:

"Je vous salue, Esprits d'Ombre et de Lumière. J'avais hâte de vous rencontrer. Je suis venu vous offrir mon appui, puissiez-vous en faire bon usage."

Je marque une légère pause, soulignant ainsi que je conserve en toute chose ma liberté de choix, puis reprends:

"Vous semblez savoir qui je suis, alors apprenez-moi ce que je dois savoir. Comment maîtriser ce muutos, comment trouver un équilibre sûr dans cette dualité de fluides?"

Sithi...issue du fluide de vision, et contrainte de s'exiler sur un autre monde que Yuimen du fait de la division de ce fluide...contrainte de s'exiler, vraiment? N'est-elle pas simplement en train de veiller sur des Sindeldi d'un autre monde, plus en péril que ceux du Naora? Car s'il m'est possible d'unir en moi ces fluides et de retourner ensuite sur Yuimen, j'imagine mal que Sithi en soit incapable. Pour autant que je parvienne vraiment à unir ces fluides, et que je puisse ensuite vraiment retourner sur Yuimen car après tout, un être possédant ces fluides à priori contraire a-t'il déjà effectué cette expérience? Néanmoins ce n'est pas ma préoccupation première pour l'instant, un pas après l'autre, aussi j'attends sans impatience la réponse des esprits de Niyx.

(1466 mots)

_________________
Kerenn


Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?

Zenrin Kushu


Haut
 

 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Sam 29 Aoû 2015 15:46 
Hors ligne
Admin
 Profil

Inscription: Lun 17 Nov 2008 23:14
Messages: 6059
Niyx - L'Arbre

Pour Kerenn

Les esprits ne réagissent pas tout de suite à ses paroles, mais se lèvent de concert et s’approche de lui. D’une démarche calme, mesurée, celle que pourrait avoir un guerrier. Alors que leurs pas les rapprochent l’un de l’autre, la lumière qui irradie du lion et les volutes ténébreuses du loup semblent s’attirer l’une à l’autre, comme aimantée. Ils ne s’arrêtent qu’à quelques pas de Kerenn.

« Nous savons qui tu es, enfant de Raynna. »

« La lumière sait les semblants... »

« Et l’ombre connaît les hommes. »

Le loup penche la tête sur le côté dans une attitude canine. Chacune de leurs paroles ne semblaient pas prononcées par l'un des deux êtres, mais par l'environnement même autour de Kerenn. Et il y avait bel et bien trois voix différentes autour de lui.

« T’apprendre ce que tu dois savoir ? »

« Non… »

Les deux esprits s’approchent encore et les volutes ténébreuses comme les étincelles lumineuses de Kerenn réagissent à leur présence et se tendent vers eux, le fluide appelant le fluide. Les ombres s’intensifient et les petites lumières s’égayent. Ils ne s’arrêtent qu’à quelques centimètres de lui.

« Montre-nous. »

Les ombres et la lumière se renforcent plus encore. Soudainement, l’esprit de Kerenn perd tout contrôle sur son corps alors que les souvenirs affluent. Tantôt durs, tantôt violents. Tantôt plus calmes, tantôt joyeux, même. Et parfois aigre-doux. Des souvenirs de Maehrin et d’autres, de bien d’autres.


[Je t'envoie un mp avec plus d'informations]

[Kerenn : 2,5 (post)]


Haut
 

 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Sam 29 Aoû 2015 20:03 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 28 Juil 2012 11:08
Messages: 937
Localisation: Elysian
Les deux seigneurs ne répondirent rien, à part le fait qu'ils rencontreraient les tisseurs d'ombre en temps et en heure. Eck Chua les mena à l'extérieur tandis que Kerenn était emmené à la rencontre des mystérieux esprits. Ils parcoururent donc les couloirs du vaste palais qu'était Niyx, lequel ne semblait pas avoir souffert outre mesure, comme le signala leur guide. Voilà au moins une bonne chose...

Il les conduisit jusqu'à leurs chambres, mais l'elfe, malgré son arrière-train douloureux, ne pouvait se résoudre à l'inactivité. Il était dans une ville qu'aucun yuiménien n'avait vu jusqu'ici ! Il ne jeta qu'un vague regard à la chambre, apparemment fort simple quoique confortable, avant de se tourner vers son interlocuteur.

« Je m'installerais avec plaisir, mais j'aimerais, d'abord, que vous me fassiez faire une visite de Niyx, si votre emploi du temps vous le permet. Je suis sûr qu'il y a quantité de merveilles à voir par ici ! »

Puis, il ajouta innocemment, mais plein de curiosité :

« Les seigneurs n'ont guère eu le temps de répondre à ma question, mais vous, savez-vous pourquoi ils semblent différents des autres Ishtar jusque dans leur nature ? »

_________________
Image

L'homme de toutes les femmes, la femme de tous les hommes
Lampadaire officiel de la quête 32

Le thème de Faëlis


Haut
 

 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Dim 30 Aoû 2015 20:02 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 31 Mai 2015 15:47
Messages: 713
Localisation: Kanteros
[:attention:] Âmes sensibles s'abstenir, scènes violentes.

Je ne bronche pas lorsque les deux puissantes entités s'approchent de moi, me contentant de les observer impassiblement, étrangement confiant et détendu compte tenu de l'inconnu dans lequel je plonge. Que va-t'il se passer, je l'ignore, mais de peur je n'en éprouve pas l'ombre. Cette flamme là ne trouve plus le moindre combustible en moi, sans doute a-t'elle consumé, au cours des âges, jusqu'à la dernière brindille m'ayant jamais hanté. Les voix des esprits se mêlent, si intimement qu'elles en forment une troisième, distincte et pourtant indubitablement liée. Ils s'approchent encore, presque à me toucher, engendrant par leur présence une étonnante réaction de mes fluides qui paraissent vouloir se mêler aux leurs. Une question à ce propos flotte sur mes lèvres, prête à être décochée, lorsque soudainement ma mémoire s'ouvre comme un barrage qui cède, me submergeant d'images, de sensations oubliées, de souvenirs que j'avais cru enfouis à jamais. Qui auraient du le rester peut-être, car de souvenirs heureux il n'y en a guère, c'est un abîme de ténèbres qui s'ouvre en mon âme, une porte sur un monde que je ne souhaite partager avec personne, pas même ces esprits. Mais ai-je bien le choix?

Vertige.

Une cave, moite, saturée d'une odeur complexe autant qu'insupportable. Mélange d'infection, d'urine, d'excréments, de sueur et de bile, on n'y respire que par nécessité vitale. Des corps miséreux et souillés sont serrés les uns contre les autres, faute d'espace, empilés pour ceux que la vie a quitté, place aux vivants! Vivants? A moitié seulement, voire un peu moins pour d'aucuns. Esclaves rétifs, fugitifs, jouets déchus des cruelles matriarches Shaakt, ce sont eux qui peuplent cette geôle. Eux. Nous. Moi. Folles. Folles qui ont cru pouvoir faire de moi leur jouet, après m'avoir capturé près d'une oasis, à moitié mort de soif. Folles...et pourtant, ne suis-je pas leur jouet? Ne suis-je pas à leur totale merci, réduit à l'état d'épave crevant à petit feu dans les tréfonds de leur cité maudite?

J'éclate d'un rire rauque, vide de toute joie, qui résonne comme un glas dans la petite cellule. Ceux qui sont encore assez en forme pour remuer se recroquevillent sur eux-mêmes, terrorisés, vaincus, résignés à n'être plus que des cadavres en suspens. Je crache un peu de sang, je tente de me relever péniblement. La main décharnée de l'un de mes voisins, un vieux Sindel qui ne passera pas la semaine, se pose sur mon avant-bras, il annone d'un ton épuisé et craintif:

"Non! Reste tranquille! Elles te tueront, te tortureront, et nous en paierons le prix aussi! Je...je t'en supplie!"

J'ai cent vingt-trois ans. Je suis un enfant de Raynna. Imaginent-ils ce que cela signifie, ces esprits? Je ne sais pas. Montre-nous, ont-ils dit. Soit. Voyez donc...

J'attrape la main du vieillard, nul ne pose la main sur moi sans en pâtir, jamais. Je la brise d'une sèche torsion, un éclat méprisant luisant férocement dans mon regard alors que le vieux hurle de douleur. Pas se faire remarquer, hein? Sans déconner. J'abats le tranchant de ma main libre d'un geste sec et précis, le cri s'interrompt net à l'instant précis ou mon coup lui défonce proprement la trachée. Je ne le regarde pas mourir. Il ne le mérite pas, c'était un lâche, un faible, je lui ai offert une mort propre, c'est déjà beaucoup. Mes prunelles d'ambre scrutent les quelques vivants, glaciales, en est-il un autre qui ait envie de mourir? Non? Non. Je saisis le cadavre par la gorge et m'approche de la lourde porte ferrée qui clôt notre enfer, trop basse pour que je la franchisse debout, et lui inflige quelques rudes coups de pied. Pas dans l'espoir de la défoncer, seul un bélier viendrait à bout de cet huis, mais parce que je sais que les gardes ne tarderont pas. Elles seront trois, comme toujours, une qui ouvre la porte, armée d'une longue et fine dague meurtrière, et les deux autres en retrait, pointant leurs piques sur l'étroite ouverture, prêtes à mater définitivement toute tentative de rébellion. Cela ne manque pas, une douzaine de coups de pied suffit.

Je me décale de l'entrée, la porte s'ouvre et la Shaakt avance, maugréant quelques insultes dans sa foutue langue. Dès qu'elle a fait un pas dans notre cloaque, je lui balance le cadavre à toute volée, elle tente bien de reculer mais s'empêtre dans le corps, surprise. Ma main fuse, deux doigts tendus, éteignant à jamais son malveillant regard dans un bruit d'éclatement spongieux suivi d'un hurlement strident. Mon séjour dans ce trou à rats ne m'a pas privé de toute ma force, j'insuffle une puissante poussée sur les deux corps enchevêtrés pour les propulser à l'extérieur, et comme tous deux sont légers, ils voltigent littéralement au travers du couloir perpendiculaire à la porte, s'empalant sur les deux lances obligeamment brandies. Je me ramasse et bondis à travers la porte basse, puis me redresse et prenant appui sur le premier cadavre venu, celui du vieux, je bondis par dessus leurs lances toujours plantées dans les corps et les percute sans douceur. La mêlée est confuse, je m'en donne à coeur joie, évacuant toute la rage qui m'habite d'avoir été capturé et enfermé dans cet antichambre de la mort, mais les deux Shaakts sont des combattantes accomplies et ripostent avec une incroyable sauvagerie. Mais elles ne font pas le poids au corps à corps, ma corpulence me donne un avantage loin d'être négligeable, et mon entraînement militaire m'a rendu bien plus rapide que ne le laisse suggérer ma taille et mon poids. Je m'en sors sans tarder, mais ces tigresses me laissent quelques impérissables souvenirs de cette rencontre, que je ne prends pas le temps d'examiner sur le moment. Je m'empare de deux de ces longues dagues, et me faufile le plus discrètement vers la sortie en utilisant ma capacité à me fondre dans les ombres. Il ne m'est pas très difficile de sortir, la tribu n'est guère nombreuse et un peu trop confiante en ses geôles, je ne laisse que trois corps sur mon passage, cette fois, avant de retrouver ma liberté. Le Désert. Le Dragomélyn.


Vertige.

Mon Père. Ma Mère. Fils du sable. Fils des volcans, des vents, de l'eau aussi, mais cela combien en mesurent l'importance? Sans eau, une unique journée tue, dans le Dragomélyn profond. Et les jours s'écoulent. Encore. Et encore. Ils tissent des semaines, qui se fondent en mois, puis en années. Combien de souvenirs en quatre siècles? Combien d'instants de vie?

Enfant de Raynna. Pas de foi, en rien, pas de loi, sauf une. Être le prédateur ultime. Ou plus exactement, donner l'impression de l'être. On trouve toujours meilleur que soi, tôt, ou tard. Mais cela on n'y pense pas. Y penser c'est laisser la peur entrer, et à Raynna nul ne survit longtemps à cela. Mais je suis craint, dans les rues du bagne. Tous les Fils du Dragomélyn le sont. Ce qui n'empêche en rien les tentatives de meurtre, de vol et autres arnaques en tout genre. De temps en temps, il arrive que l'un de nous ne revienne pas d'une virée au bagne. Souvent, les chiens et les rats, voire les affamés, ont un supplément de viande gratuit. C'est la vie. Elle ne vaut rien ici. Rien du tout. Mais de cette lie de la société Sindel, nous sommes l'élite. De tous les tueurs, nous sommes les pires. Les mieux formés. La peur n'a plus prise sur nous. Ils nous ont poussé loin, si loin...

Vertige.

Quelques années plus tôt, rite du Passage:

"Qui servez-vous, recrue Kerenn?"

"Vous, juste là, sergent."

Quelques autres recrues pouffent, s'attirant un regard furieux de notre instructeur qui me demande froidement:

"Je ne vous effraye pas, recrue Kerenn?"

"Non. Sergent."

"Excellent. Vous n'avez peur de rien, n'est-ce pas?"

"Non sergent."

"Parfait. Alors descendez dans ce puits et restez-y jusqu'à demain soir, c'est un ordre."

Un bête trou dans le sol sableux, maçonné de pierres jaunâtres anciennes, au milieu du grand rien. Des dunes, des plateaux secs où ne poussent que de rares cactées, à perte de vue. Nous sommes une dizaine de recrues pour cette formation dont nul n'a rien voulu nous dire, nous avons des vivres et de l'eau pour trois jours, et j'ai porté depuis la caserne ce foutu rouleau de corde qui plonge maintenant dans le puits, amarrée à un piquet de bois profondément planté dans le sable. Je hausse les épaules et empoigne la corde pour exécuter l'ordre reçu, descendant agilement le long de la corde jusqu'à apercevoir ce qui se cache au fond du trou. Je frémis, toute ma belle assurance s'effritant au spectacle qui m'attend, à peine discernable dans la pénombre ambiante. Une salle approximativement circulaire d'une vingtaine de mètres de diamètre pour environ quatre de haut se dévoile à mesure que mes yeux s'habituent à la faible lumière ambiante. Son sol grouille littéralement de vipères des sables, une espèce mortelle. Je n'hésite qu'un instant, je sais ce qu'il en coûte de désobéir aux ordres. J'ai été prévenu en bonne et due forme. Avec tout un luxe de précautions je finis par poser un pied au sol, très lentement afin de ne pas exciter les redoutables tueuses, puis un deuxième. Je grimace lorsque la lumière s'estompe, du fait d'une deuxième recrue qui descend dans le puits. Dieux! A dix là-dedans avec ces bestioles, ça va être joyeux... Elles s'agitent déjà du fait de ma seule présence, je me suis immiscé dans leur repaire assez calmement et doucement pour ne pas trop les énerver, mais il suffirait d'un rien pour que la situation devienne critique. Je murmure à mon comparse qui descend:

"En douceur, c'est plein de vipères. Attends que je m'écarte..."

De plus en plus nerveux à mesure que nous sommes de plus en plus nombreux, les reptiles sifflent de colère et se dressent parfois, menaçantes, mais finissent tout de même par nous concéder un cercle au centre de la salle, ce qui rend plus aisée la descente des derniers membres de notre petite compagnie. La corde est remontée aussitôt que le dernier a posé le pied sur le sol, nous sommes pris au piège, jusqu'au lendemain soir. Les minutes s'écoulent. Longues. Très longues. Nous n'osons guère bouger, les serpents forment un anneau grouillant et colérique à quelques dizaines de centimètres de nos pieds, mais chacun de nous sait qu'il sera difficile de rester ainsi, sans faire le moindre geste, pendant des heures. Nous restons là, comme des statues qui de temps en temps se meuvent imperceptiblement avec une lenteur calculée, et les premières heures s'écoulent, longues, si longues. Une recrue titube soudain en avant de fatigue, et je suis assez innocent encore à ce moment de ma vie pour fermer brièvement les yeux en adressant une vague prière à je ne sais trop quelle force.

Le malheureux a posé le pied juste à côté de la tête cornée d'une vipère, la réplique est immédiate, mais les crochets de la bête ne peuvent percer le cuir épais plaqué de métal de nos bottes. Je souris fugacement, n'ayant pas songé à cela jusqu'à cet instant. En restant prudent, il devrait être possible d'aller jusqu'à la paroi qui nous entoure, nous pourrions au moins nous y appuyer, voire accroupir par moments. Mon sourire s'éteint lorsque j'entends celui qui a vacillé hurler et se débattre soudain comme un dément au milieu des reptiles! Fou! Je lui siffle de s'immobiliser fissa, mais la panique l'a gagné, il s'acharne à écraser les serpents qui l'entourent à grands coups de pieds rageurs, et ce qui devait arriver arrive. L'un des serpents trouve la faille dans l'armure, juste au-dessus des bottes, puis la chair. Un hurlement déchirant résonne lugubrement dans la salle, et deux de mes confrères se ruent en avant pour porter secours à celui qui vient de se faire mordre et qui vire atrocement au violet foncé. Fatale erreur. Les reptiles sont furieux, certains sont blessés, la sentence n'est qu'une question de secondes, et s'abat, inéluctable. Trois morts. Je ne me souviens pas de leurs noms. Ni de leurs visages à vrai dire. Ils ressemblent à tellement d'autres.

Nous sommes deux à sortir, le lendemain soir. Deux à n'avoir succombé ni à la fatigue, ni à la peur. Le Sindel qui sort avec moi meurt quelques jours plus tard, piqué par un scorpion. C'est la vie. Son nom? Aucune idée. Je l’appellerai Blanc. Blanc comme ses os dans le désert. Qu'importe?


(2216 mots)

_________________
Kerenn


Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?

Zenrin Kushu


Haut
 

 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Lun 31 Aoû 2015 17:02 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 31 Mai 2015 15:47
Messages: 713
Localisation: Kanteros
[:attention:] Âmes sensibles s'abstenir, scènes violentes.

Bien quelques années plus tard.

Sybil. Une jeune bannie Sindel, rencontrée un soir au coin d'une ruelle sordide alors qu'elle venait d'arriver à Raynna. Elle était vêtue de haillons et plus crasseuse qu'il n'est permis de l'être, mais son regard était fier malgré sa brutale déchéance, elle n'a pas baissé les yeux devant moi, elle m'a littéralement défié de ses prunelles d'un noir de jais. Fière et forte, mais innocente encore de Raynna, jetée là comme un rebut indésirable de son propre peuple, démunie de tout et se retrouvant soudain dans une arène mortelle où s'affrontent gangs et maraudeurs en tout genre. Deux types la suivaient, elle ne semblait pas les avoir vus. Sans trop savoir pourquoi, peut-être à cause de cette fierté dans ses yeux, je les lui ai désignés d'un discret signe du menton. Cette idiote s'est retournée d'un bloc, faisant ainsi face à ses suiveurs. Les deux Sindeldi se sont approchés rapidement dès qu'ils se sont vus découverts, dague en main, agressifs comme des chiens affamés, mais rendus prudents par ma présence. Ces imbéciles ont fini par me reconnaître, et ont brièvement hésité. Je leur ai souri, et je me suis avancé d'un pas. Ils ont reculé d'autant, les chiens féroces se faisaient chiots apeurés. Un signe de la main pour leur enjoindre de dégager, et les voilà qui détalent. Il n'y a qu'une loi dans cette "ville" où je suis né, où j'ai grandi, vécu.

Je l'ai amenée chez une connaissance sûre qui pouvait l'héberger, sachant que la jeune fille ne passerait pas la nuit sans être violée, ou pire encore. Quelques jours s'écoulent. Nous avons peu à peu fait connaissance, et nous sommes attachés l'un à l'autre un peu à la manière d'une soeur et d'un frère. C'est un étrange temps. C'est la première fois de mon existence que je veille sur quelqu'un autrement que par devoir, et dans le cadre de l'armée. Étranges sentiments qui naissent, affection, amitié, infime lueur d'espoir, on oublie pendant quelques instants d'éternité où nous nous trouvons.

Je pars en mission, deux semaines. Le sable. Le vent. La chaleur écrasante des jours. Le froid glacial des nuits. Une escarmouche avec quelques shaakts aux abords d'une oasis, rien de bien glorieux nous en égorgeons la moitié avant qu'ils ne se réveillent enfin, puis retour à la caserne. La routine. A ce détail près que, cette fois, quelqu'un d'autre que mes supérieurs m'attend.

Un vide. Angoissant. Absolu.


Pas dans mes souvenirs, dans mon coeur, dans mes tripes, dans mon âme. Une plaie béante, une source d'ombre, de ténèbres, d'obscurité. Qui occulte toute lumière. Tout espoir de lumière.

Je sens les mille yeux de Chulyin posés sur moi, ainsi que les deux prunelles d'Annun, et je sens les fluides qui se battent en moi, contradictoires, dans cet instant de tangence de mes souvenirs, de mes fluides, de mon être présent même. Sybil. Un rayon de soleil dans la nuit.

"Montre-nous", avez-vous dit, as-tu dit. Alors voyez.

Un corps dans le caniveau. Un jeune corps. Ensanglanté, brisé. Violé également. J'ai appris plus tard qu'elle était sortie acheter des sortes de dattes parce qu'il y avait eu un arrivage.

Des dattes.

Son nom? Sybil. Elle avait de magnifiques yeux noirs. Elle était ma petite soeur.

Mais qu'importe?

J'exécute les six responsables de ce crime, ce soir-là. Et quelques-uns de leurs potes qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas. Mais cette vengeance sauvage, enragée même, pour la première fois je lui trouve un goût amer. Un goût de lassitude. Des morts. D'innombrables morts. Raynna...l'antichambre des enfers.

Le lendemain, je suis convoqué devant le chef de la milice, qui me demande d'expliquer les dix-sept cadavres retrouvés au matin devant l'un de bouge qui sert de taverne et dans les ruelles avoisinantes. Je ne sourcille pas, il ne sert à rien de démentir je suis décoré d'un beau paquet d'ecchymoses et coupures toutes fraîches, et réponds avec le plus grand calme:

"Légitime défense, chef."

"Très bien, je note, vous pouvez disposer, je vous remercie."

Dix-huit morts à Raynna. Une ligne dans un registre. Épais, le registre.

Comme une sensation de vide dans les tréfonds de l'âme. Une sensation d'Obscurité. Je la sens qui prend naissance en moi, diffuse, informe, mon sang se glace dans mes veines, je m'apprête à l'embrasser de toute ma volonté lorsque...


Vertige.

Mille et deux yeux me fixent, Ombre et Lumière, proches, si proches, impérieux, inflexibles. Et leurs trois voix résonnent en mon âme comme un coup de tonnerre assourdi:

"Montre-nous! Nous savons qui tu es, enfant de Raynna."

Vertige.

Vers trois cents ans:

Longues, longues années. De glace et de ténèbres. Je ne crois plus en rien. Je n'ai plus peur de rien. Je hante le Dragomélyn et l'Akuynra, la chaîne des volcans, dont le nom en vieux Sindel signifie littéralement Dragon, comme un fauve impitoyable. De glace et de ténèbres, mais de feu et de lumières aussi, valse des jours, des nuits, dans le désert, dans les montagnes. Lentes patrouilles, nous nous frayons un chemin parmi les fleuves et rivières de lave qui dévalent les montagnes, puis traversons le désert profond, encore et encore. Nous veillons, nous formons un filet presque invisible dans l'immensité du Domaine de Charlùm, que nul Shaakt ou banni n'est censé franchir. Censé. Il arrive parfois qu'une véritable armée Shaakt fonde sur Nessima, deux à trois cents sauvages qui défoncent notre mince cordon pour aller se gaver de pillage. La défense de Nessima est solide, mais les territoires sont vastes et ces maudits noirs ont l'art de sentir la faille, le point faible dans la protection, aussi ce jour là ils visent une région isolée, pourvue à ce moment d'une garnison très réduite d'une vingtaine de soldats. Les Shaakts ne le savent pas, mais nous sommes sur leurs traces depuis près de trois jours et trois nuits, nous, six Fils du Dragomélyn. Les soldats, voyant arriver la horde, se sont barricadés dans un groupe de trois fermes formant un triangle entourant une tour de garde, déjà les signaux d'alarmes sont déployés, mais les renforts n'arriveront pas avant le lendemain matin dans le meilleur des cas. Tard. Trop tard.

Nous laissons l'assaut s'engager, les Sindeldi qui tiennent le hameau sont des vétérans comme me l'apprend la bannière désignant leur compagnie qui flotte au sommet de la tour de garde. Les Shaakts encerclent rapidement le hameau, lançant une attaque massive sur tous les fronts, certains de mes frères d'armes font mine d'aller se joindre à la bataille, mais je les retiens d'un geste sans appel. Attendre le moment propice. Nous sommes peu, très peu. Faire confiance à nos frères qui défendent des barricades certes sommaires, mais fort bien conçues, longue habitude oblige. Un léger sourire retrousse mes lèvres en un rictus carnassier lorsque les Shaakts reculent, laissant une bonne quinzaine d'entre eux sur le carreau. Je fais signe à mes compagnons de se disperser sur les arrières des maraudeurs, nous devons les faire paniquer, leur faire croire que c'est une forte troupe qui les prend à revers. Nous n'avons nul besoin de parler, une posture, un infime geste, et chacun sait quelle est sa place et ce qu'il a à faire, nous avons été méticuleusement entraînés à cela. Brève accalmie, qui ne dure pas, les noirs chargent à nouveau avec une sauvagerie meurtrière, la mêlée sur les barricades devient confuse, la première cède au son des hululements de victoire des attaquants. Le signal, il est temps. Nous surgissons des ombres et chargeons en silence, deux par deux, prenant totalement par surprise les noirs qui ne réalisent pas immédiatement ce qui se passe. Instant de flottement. Valse folle de courbes poignards, je suis mes lames, je suis la danse, je suis la mort. Nous sommes la mort. Les Shaakts cèdent brutalement, le chemin est si court de l'euphorie aux ténèbres...

Le lendemain matin, un aynore militaire se pose à côté des fermes, il en descend un noble Sindel, du genre aristocrate au premier abord, mais quelque chose dans sa démarche, dans son regard, me laisse supposer qu'il n'est pas que cela. Il s'approche de moi, me jauge calmement, puis m'adresse quelques mots:

"La Reine t'appelle à son service. Tu sais ce que cela signifie. Tu peux refuser, c'est ton droit, il n'y a que des volontaires parmi les Vagabonds."

J'accepte. J'ai accepté.


Vertige.

Un pan entier de ma mémoire ressurgit de l'oubli. Je vacille. Je ne suis plus celui que je croyais être. Plus seulement. Ma vie change, le jour de cette rencontre. Je change.

Vertige

Nous décollons aussitôt, mes yeux sont bandés et nous volons quelques heures, avant de nous poser...quelque part. Je suis guidé, nous marchons plusieurs minutes d'un bon pas, le sol est égal sous mes pieds, aux odeurs nous sommes près de la mer, mais nul son ne vient m'informer plus avant sur les éventuels occupants de ce lieu mystérieux. Mon guide finit par m'immobiliser et retire le bandeau de mes yeux. Une chambre, plus luxueuse que je n'ai jamais vue, ce qui n'est pas vraiment difficile à vrai dire. Je m'approche de la fenêtre, et me fige d'incrédulité en découvrant l'environnement. Tahelta, le palais... je me retourne vers mon guide, mais il a disparu, et à sa place c'est un autre Sindel qui me dévisage, grand, yeux et cheveux noirs coupés courts, avec un sourire légèrement narquois. Il est vêtu très sobrement de gris, mais ses vêtements sont d'une qualité incroyablement fine, de celle qu'on ne risque pas de croiser à Raynna.

Thelÿm. Instructeur sardonique, mais d'une patience rare, qui entreprend de faire de moi, le rugueux combattant du désert, un véritable aristocrate. Travail ardu s'il en est, mais nous autres Sindeli avons ce privilège de vivre longtemps, et il finit par parvenir à un résultat passable, à force de persévérance. Comble d'ironie, je suis anobli par décret de la Reine, oh, un titre absolument prestigieux et totalement sans consistance, mais qui selon mon instructeur sera nécessaire à l'exercice de mes fonctions.

Cinquante années passent.

Des rires. Des contacts à foison, mais nous ne nous lions pas. Jamais. Ce serait donner une prise sur nous. J'ai appris à jouer des rôles. De nombreux rôles. Un rire. Le mien. Nous ne révélons rien.


"Nous savons qui tu es!"

"Vraiment? Qui suis-je?"

(1817 mots)

_________________
Kerenn


Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?

Zenrin Kushu


Haut
 

 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Lun 31 Aoû 2015 17:29 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 30 Juin 2015 09:36
Messages: 222
Ils nous disent que nous verrons les Tisseurs demain matin. Ca ne me dérange pas, la perspective de longues conversations après tant de chevauchée me paraît bien pénible, et j'ai hâte de trouver un lit. Quelque chose m'interpelle cependant : les jumeaux ignorent sans aucune délicatesse la question de Faëlis, vraisemblablement délibérément, à moins qu'ils ne soient tous les deux complètement ailleurs, ce qui m'étonnerait beaucoup de la part des Seigneurs d'une cité si grande.

Je mets cette idée de côté, bien décidée à enquêter dessus quand le moment serait plus propice. Après cela, Ek Chua nous guide à travers le chateau, nous menant de couloir en couloir jusqu'à ce que nous arrivions aux chambres. Elles sont plus sobres que celles d'Ilmatar, mais peu m'importe. Quelque chose me déçoit cependant grandement, c'est l'absence des bains qu'il y avait dans la cité des Sylphes.

Je réponds à la proposition de l'intendant d'un signe de tête puis vais me déshabiller et par directement me coucher, sans prendre le temps même de me laver. Je ne suis pas particulièrement rebutée par la crasse et la sueur des voyages, si je devais me laver après chaque jour passé à cheval je me lasserais bien vite des baignades et toilettes.

Retirant l'amulette magique que Yuralria m'avait tendu, une idée traverse mon esprit. Et si je l'utilisais pour profiter du confort de la cité d'Ilmatar, et que je revenais à Niyx demain matin ? L'idée est ridicule, et bien sûr je ne l'appliquerais pas, mais ç'aurait été drôle et intéressant. Et puis, les bains si confortables de la cité des Sylphes me manquent réellement...

Sur cette pensée, je rabats les draps sur mon corps nu et m'endors presque aussitôt, éreintée par ces deux jours de voyage.

_________________
Image

Merci à Dame Itsvara pour la signature


Haut
 

Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 90 messages ]  Aller à la page 1, 2, 3, 4, 5, 6  Suivante


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 1 invité


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Aller à:  
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group  

Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO

L'Univers de Yuimen © 2004 - 2016