Baiser nocturneLe réveil se fait en douceur, mais trop tôt à mon goût. L'esprit encore embrumé par les rêves plus ou moins sensuels, je réponds d'une voix nasillarde à Gaël venu me réveiller. Ce dernier, gentleman, ne s'est même pas permis de me toucher, et a simplement énoncé mon prénom quelques fois pour que je me réveille. Charmant et agréable. Je lui souris, puis le regarde s'en aller avant de bailler un grand coup et de m'étirer. Quel plaisir.
Je m'habille, ramasse ma faux et le livre sur les golem que je veux continuer à lire et monte vers la salle de bain. Par chance, elle est vide, je prend donc le temps de me toiletter, repensant brièvement à ce qu'il s'était passé la veille. Je ressens encore la caresse de ses lèvres sur les miennes et mon cœur s'emballe. Je soupire. Ca faisait longtemps que la passion ne m'avait pas envahit, c'est à la fois agréable et dépaysant.
Une fois terminé, je redescend, trouvant les deux bibliothécaires à l'entrée, prêts pour le départ. Mais je n'ai pas un seul regard pour eux. Derrière eux se tient un gigantesque golem, presque deux fois plus grand que moi. Fin mais d'apparence robuste, chacun de ses mouvements est accompagnés par une symphonie mécanique des plus désagréables. Pour la discrétion, c'est raté. En attendant Aurora, je m'approche doucement du golem, nous sans demander la bénédiction à son possesseur d'un regard entendu. Devant son approbation d'un signe de tête, je pose mon arme et le livre contre le mur pour poser une main sur le golem. Ce dernier ne bouge. Il est froid, mais je sens la force sous-jacente, la puissance capable de me briser sans le moindre effort. Il serait bon que j'en apprenne plus sur cette machine. Son potentiel semble énorme.
Avalyn arrivant, je ramasse mes affaires. Un simple de ses regards suffit à me faire rougir, mais nous n'allons pas plus loin. Je suis donc nos deux guides, accompagnés par le golem qui ponctue chacun de nos pas d'une cacophonie mécanique. Le trajet se fait dans le silence, enfin, sans parole. Les quelques passants que nous croisons ne peuvent s'empêcher de lancer quelques regards interrogateur à notre groupe hétéroclite. Mais nous arrivons sans encombre au labo des alchimistes.
Je n'y ai jamais mit les pieds, n'ayant aucune facilité avec l'alchimie,e t cette dernière ne m’intéressant pas plus que ça. Je préfère le physique, même si je comprends l’intérêt de la magie. Quoi de plus tangible qu'une lame d'acier et qu'un mur de pierre ? Il faudra pourtant que j'en apprenne les tenants et aboutissant. Dans le monde actuel, ne pas prendre en compte la magie revient à ne baser sa stratégie que sur une partie des informations disponibles. En résumé, c'est du suicide.
Le laboratoire est au milieu d'une grande place fortement gardée. Gaël semble avoir ses entrées et nous le suivant sans un mot. Les gardes de la citée, fiers et droits, ne nous jette à peine un regard. Immobiles et obéissants, de bons toutous... Je me surprend à imaginer ce qu'il se passerait si nous étions ici pour des raisons inamicales. En quelques secondes, et avec l'aide du golem, 2 ou 3 d'entre eux seraient déjà hors d'état de nuire.
Malheureusement, je ne suis pas sûre que ce serait grandement utile. A l'intérieur de l'enceinte, plus aucun garde de la citée, mais les protecteurs des alchimistes. Et je n'ai aucune idée de leur potentiel. Leurs armures, entre robe de mage et plates de chevalier, me font envie, et me font dire que je n'ai pas les moyens de les affronter. Du moins, pas encore.
Notre guide se présente à eux, mais contrairement aux incompétents de la place, les gardes alchimistes ne semblent pas prêt à nous laisser passer. Pas d'inconnus au sein du laboratoire d'alchimie. Voilà enfin des chiens de gardes utiles, à défaut d'être polis. Je soupire, restant silencieuse un moment. Puis, devant le refus sans condition du garde, je me décide à prendre les devants. Je pose ma faux contre le golem et m'approche du garde, mains bien en évidences. On est jamais trop prudent.
"Bonjour. Je me prénomme Maléria Oriana, fille de Maléria Callius, capitaine des armées Kendrane et combattant émérite et médaillé. Je suis ici en mission officielle au nom du Roi, sous la juridiction directe de notre Majesté. Nous avons à poser quelques questions d'ordre informative aux alchimiste, et vous prions de bien vouloir nous annoncer."Je n'ai jamais été une grande adepte de la diplomatie. Mais il est toujours plus rentable d'être diplomate que d'attaquer un front inconnu.
"Nous ne sommes nullement venus pour voler vos secrets, et si celà peut vous rassurer, nous pouvons tout aussi bien rencontrer ces dit alchimistes ici, ou même ailleurs, comme bon vous le semblera. Et évidement, nous acceptons de livrer nos armes le temps de la discussion."Je sais me battre avec la plupart des armes, tant que je peux en trouver une, je devrai m'en sortir. Aurora quant à elle, en tant que mage, était un atout non négligeable si ça venait à mal tourner. Mais j'espère que non. Les alchimistes sont très secrets, et qui sait quels pouvoirs ils possèdent...
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Les alchimistes - II