Bain avec AvalynC'est en silence que nous montons vers le toit de la tour, belle voûte en bois percée de multiples fenêtre permettant de regarder le ciel. De nombreux télescopes et autres appareils d'astronomie parsèment le sol, aux côtés de livres et de notes gribouillées. J'y jette un oeil en passant, contemplant les constellations dessinées avec soin et les cartes complexes et incompréhensibles. Tout cela est beau, mais aucune de ces représentations, quelque soit leur qualité, ne peut rendre la clarté et la lumière d'une vraie nuit étoilée, sans nuage.
J'aimais passé mes nuits dans le jardin quand j'étais petite à admirer les étoiles, à m'inventer des histoires complètement farfelues. Mais cela faisant longtemps que je ne m'étais plus adonnée à de telles occupations. C'était l'occasion ou jamais. Mais ce soir, tous mes repères étaient faussés.
Après m'être allongé pour profiter du ciel, je commence à y chercher les quelques étoiles que je connais, mais très vite j'abandonne. En effet, les étoiles sont complètement dissimulée par d'imposantes et fluctuantes lumières qui parcourent le ciel. Je n'ai jamais vu tel spectacle, ce mélange de couleurs scintillant dans la nuit, dont les frontières semblent apparaître et disparaître à l'infinie, brisant chaque repère que mes yeux s'évertuent à fixer.
Le silence qui accompagne ce jeu de lumière est reposant, et mon esprit se vide, mes pensées se perdant, sans logique apparente. Je me laisse bercer, comme si je m'endormais, sans que mes yeux se ferment pour autant. Cette sensation d'apaisement est vraiment étrange mais très agréable.
Puis un bruit, un soupir, rassemble mes pensées, me donnant l'impression de me réveiller. Je cligne des yeux alors que le milicien qui nous a accompagné s'étonne de la réaction des hommes et des aldrydes face à ces aurores. Une belle tirade utopique qui me ramène à la réalité, à la mission et au pourquoi de notre présence ici. Je soupire à mon tour, sans répondre. Nous avons toujours chercher le pouvoir, c'est la raison même de notre existence. Quel qu'en soit la raison, nous avons besoin d'être toujours meilleurs. Et si ce besoin se perverti, alors les actions que l'on mène paraissent atroces ou intolérables. Je repense au message qui m'a amené ici. Je n'ai aucun doute d'avoir raison, mais les autres penserais tout le contraire, s'ils savaient...
Le jeune homme qui nous accompagne fini par se lever, nous proposons d'aller nous coucher en vue de la mission du lendemain. Je n'ai aucunement envie de le suivre pour le moment, mais il est vrai que le sommeil commence à se faire sentir. Aurora semble d'accord avec moi, préférant encore profiter du spectacle que dormir.
Le silence s'installe de nouveau, mais mes pensées restent calmes cette fois-ci, se focalisant sur ces lumières. Mais je manque trop d'informations pour n'en tirer ne serait-ce qu'une hypothèse viable. Si les savants de la tour n'y sont pas parvenus, comment le puis-je ?
“Nous sommes faibles, tous. La seule chose qui peut nous rassurer à propos de nous-même, c’est de pouvoir être émus quand nous voyons un si beau spectacle…”
La voix de la jeune elfe perturbent mes pensées sans même que je m'y attende, entraînant un frisson tout le long de ma colonne. Je me relève et me tourne vers elle, plongeant mes yeux dans les siens. J'ai à peine entendu ce qu'elle avait dit, mais je n'en avait cure. Ce que j'avais ressentis un peu plus tôt dans le bain refait surface, et je frissonne encore, de froid je pense.
Elle ne détourne pas le regard, et je me surprend à y admirer le reflet des aurores. C'est comme si je pouvais plonger dans ces lumières pour en percer le secret. Je sens mon cœur s’accélérer. Ca faisait longtemps que je n'avais pas ressentit ça. Cette chaleur en moi, cette sensation de faiblesse.
Sans vraiment y réfléchir, sans même lui répondre, je m'avance vers elle, fermant les yeux et posant mes lèvres sur les siennes. Cela ne dure qu'un instant, secondes qui se veulent minutes. Je sens la chaleur de ses lèvres sur les miennes, la douceur de sa peau contre la mienne. Puis mes pensées se reprennent et je réalise ce que je suis en train de faire. Je me recule, le sang me montant aux joues sans que je puisse me contrôler. Je reste silencieuse, alors qu'elle me regarde.
Étonnamment, elle ne semble pas choquée ou vexée. Incompréhensive, peut être.
Je... Désolé, je...Je n'ai pas le temps de finir ma phrase. A ma grande surprise, ses mains glissent doucement sur mes joues alors qu'elle m'attire à elle, m'embrassant sans hésiter. Après quelques secondes, je me laisse aller, profitant de sa chaleur et de sa douceur, des caresses que ses lèvres apportent aux miennes. Elle sait s'y prendre, elle sait ce dont j'ai besoin, et lorsqu'elle retire ses lèvres, une fraîcheur m'envahit de nouveau, me faisant frissonner. J'en veux plus...
“Pourquoi es-tu désolée ?”
"Je... Je ne voulais pas, je n'étais pas sûre que... tu sois d'accord."“Ce n’est jamais certain. Mais, il faut apprendre à essayer, parfois. Cela peut donner d’agréables surprises.”
Elle me répond avec en souriant, et je lui le lui rend. J'aime bien sa manière de penser. , sa manière de voir les choses. Elle me fait penser à moi. Il faut d'ailleurs que je me ressaisisse, ce n'est pas mon genre de me laisser aller de la sorte. Mais toute ma volonté s'efface de nouveau alors qu'elle m'embrasse de nouveau, m'enlaçant délicatement. J'ose à peine bouger, jusqu'à ce qu'elle s'écarte et se lève.
“Bonne nuit, Oriana.”
Un clin d’œil accompagne son au revoir, et je reste immobile, la regardant s'éloigner. Je ne dis pas un mot, ne bouge pas, regardant ses cheveux onduler le long de son dos, alors qu'elle s'enfonce dans l'escalier la menant vers l'étage inférieur. Puis je soupire, secouant un instant la tête.
Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Je suis sûre de ne pas être amoureuse d'elle, mais cette sensation est vraiment agréable. La passion brûle comme elle ne l'a pas fait depuis longtemps. Je frissonne de nouveau puis me relève. Avant de descendre, je lève une dernière fois les yeux au ciel. Les aurores sont toujours là, presque aussi belles que les yeux d'Aurora, presque aussi brillantes. Je soupire de nouveau. Je n'aime pas me laisser aller comme ça, perdre le contrôle. Il a suffit que je la frôle, que je la regarde, pour ne plus être maîtresse de mes mouvements. Ce genre de réaction est imprévisible, et je n'aime pas l'imprévisible. On ne peut pas l'intégrer aux hypothèses, aux réflexions, aux stratégies...
Je me dirige vers ma chambre, sans vraiment faire attention, l'esprit embrumé entre mes pensées rationnelles et ces sentiments incontrôlables. Arrivée aux côtés de mon lit, je n'hésite pas une seule seconde. Je n'ai pas l'esprit à lire, ni à réfléchir. Il faut que je dorme, que la nuit me porte conseille. Je laisse glisser ma robe, ma peau frissonnant, mon esprit fantasmant sur la douce caresse du tissu...
Le lit est froid, et je sais que mon esprit y est pour quelque chose. Je me roule en boule en essayant de chasser le jolie mage de mes pensées, avant de plonger doucement dans le monde des rêves, peuplé de caresses et de baisers...
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Les alchimistes - I