Alors que tu plonges dans l'esprit de la créature, tu es submergé par un torrent de visions inconcevables. Une mémoire ancestrale, incroyablement lointaine, et heureusement parcellaire, sans quoi ton esprit aurait été dévasté par l'afflux.
Tu es projeté en des temps reculés, dans une grande ville construite autour de plusieurs oasis. Les bâtiments sont rudimentaires, faits de formes géométriques simples et blanchis à la chaux. Une sorte de temple se dresse plus loin, et ses proportions sont incroyables. À lui seul, il faut bien la taille du reste de la ville !
Dans les rues anarchiques, envahies de sable et de poussière, s'affairent une multitudes de créatures. Tu reconnais des humains, quoiqu'ils semblent légèrement différents dans leur forme et leur carrure. Mais il y a aussi des elfes de race indéterminé et une multitude d'hommes-bêtes. Tu remarques également une sorte d'immense termitière autour de laquelle s'affairent des kasuris. Toutes ces créatures vivent et commercent côte à côte.
Puis, soudain, le ciel s'emplit de ténèbres et des lumières étranges. Des cris de stupeur montent de la ville tandis que des ondes d'énergie descendent vers elle. Un spectacle sinistrement familier puisque c'est le même qui, survenant à Sartori, a aboutit à tes récentes et étranges aventures.
Mais là, le ciel semble vraiment exploser. Un vacarme abominable et des sons qu'aucune oreille n'aurait dû entendre retentissent, concert de cris inhumains, de piaillement déments et de rugissement furieux. Une tempête se déchaine tandis qu'une sphère d'énergie multicolore gigantesque semble vouloir dévorer le ciel. Les notions de distances se brouillent, des gens fuient en courant mais se retrouvent à courir sur place ou, au contraire, à s'encastrer dans un bâtiment à une vitesse folle, déclenchant des "BANG" terribles à travers l'air avant de se désintégrer sur la pierre. Des éclaires tombent du ciel, des maisons tombent en poussière, les cris de terreurs et les supplications effrayées se perdent dans le vacarme inconcevable. Mais, plus que tout, règne la panique. Une panique surnaturelle qui dépasse même ce que devrait provoquer le cataclysme. Des gens roulent par-terre en se déchirant le visage, hurlant de démence. Mais ce n'est que le début.
Un seul peuple parvient à retrouver sa cohésion : les kasuris. Leur multitude émerge de la termitière, tandis que, tu le sens, des ouvriers évacuent les larves et la reine dans les abris souterrains. Car déjà, la tempête arrache les tours de terre et tout l'édifice menace de s'effondrer. Alors, les mâles unissent les guerriers et combinent leurs pouvoirs. Des dizaines de milliers d'âmes font appel à une magie qui n'a rien à voir avec ce que pratiquent les peuples d'aujourd'hui, et ils canalisent des faisceaux d'énergie vers la sphère de folie.
En réponse, celle-ci se convulse et émet un cris de folie et de désespoir. Elle se déforme, engloutit un quartier dans un éclat de lumière sépulcrale... puis se brise.
Aussitôt, quatre formes émergent, dansant et virevoltant dans les airs, évanescentes et irréelles, au point que le seul fait de les regarder te fait éprouver un étrange vertige. Car tu les vois. Les quatre dieux oiseaux. Le premier étincelle de foudre et se confond avec les airs. il sème la tempête et ses cris déchainent le tonnerre.
Un autre déferle en un torrent de lumière bleu, et les flots des oasis s'agitent et se soulèvent avant de se figer en sculptures de glace aux formes impossibles.
Le troisième semble plus le croisement d'un dragon et d'un oiseau. Il rit comme un fou, trainant un sillage de ténèbres animées de lueurs verdâtres derrière son corps décharné. La terre tremble et se déchire. Le soleil a totalement disparu.
Au contraire, le dernier étincelle de mille feux, et sous lui, des habitants sont figés dans des postures horrifiés, instantanément changés en statue de charbon.
Les quatre se confondent, se mêlent au feu du ciel, disparaissent et ressurgissent dans des angles et des positions impossibles, dansant un ballet qu'aucun oiseau ne pourrait danser, comme s'il n'y avait pour eux ni haut ni bas.
Les kasuris se battent, forment des murs d'énergie pour contenir le déferlement de magie, tirent des rayons violets d'une puissance redoutable, mais ils ne font que tirer des cris fous des oiseaux qui vont et viennent, comme inconscients de ce qui les entours, semant le chaos et la dévastation.
Puis, le silence.
Une onde de silence se répand. Le cataclysme s’apaise. Et, de l'immense temple, émerge un groupe d'individus de grandes taille. Un homme à la crinière de lion, une femme au disque solaire étincelant sur la tête, un homme à tête de cordeau, un autre avec pince et queue de scorpion, une femme aux ailes d'oiseau, un vieux roi grave au visage de poussière, une femme d'une beauté sublime et une autre aux cheveux verts et à la peau légèrement écailleuse. Bien que cette dernière soit différente, tu reconnais un peu son visage pour l'avoir croisé il y a peu.
Alors le silence est troublé par un grondement. Les oiseaux se mettent à voler autour d'eux, comme apaisés. L'oiseau noir fait émerger de la terre une immense structure aux formes organiques, toute faite de pierre noire et étincelante, qui s'intègre tout naturellement avec l'immense temple.
Alors, les oiseaux vont s'y réfugier et disparaissent. Il ne reste de leur arrivée qu'un champ de ruines, une poignée d'élémentaires hébétés, matérialisé dans ce chaos... et un groupe de petites créatures humanoïdes ailées qui volettent maladroitement pour aller se cacher.
Le lien psychique est en train de se rompre. Alors que la vision s'estompe, tu entends la voix des dieux résonner :
"Kasuris ! Votre orgueil vous a poussé trop loin ! Nul ne peut impunément outrepasser sa place de mortel et blasphémer les dieux ! Vous avez peur du ciel ? Qu'il en soit ainsi. À partir de maintenant, vous aurez peur du ciel et devrez ramper dans les profondeurs du monde jusqu'à la fin des temps."
La vision n'est plus que ténèbres, et tu te demandes si ce n'est pas tout simplement les ténèbres du monde souterrain dans lequel les kasuris ont plongés, dès lors terrifié par l'immensité du ciel.
Le lien psychique est sur le point de se rompre. Tu sens que le kasuris à puiser la connaissance de ton langage. il sait aussi ce que tu as vu mais ne s'en soucis pas. Tu peux encore tenter une dernière action simple avant que la rupture ne soit totale.
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