Les passerelles

Ces immenses passerelles relient les différents quartiers de la cité volante. Les Elfes qui les traversent peuvent profiter du magnifique paysage qui s'offre à eux lorsque le ciel est dégagé... sous leurs pieds !

Pour assurer la sécurité des passants, un voile magique, tout à fait invisible, empêche quiconque de passer par dessus la rambarde et permet, par la même occasion, de conserver un certain équilibre atmosphérique à l'intérieur de celui ci, voile qui entoure d'ailleurs toute la belle cité de Nyr'tel Ermansi.

A la tombée de la nuit, ces passerelles se transforment en véritables palais des lumières. Le sol nacré brille d'un éclat sans pareil lorsque les passants s'avancent et les rambardes s'illuminent dès que le soleil disparaît derrière l'horizon d'une terre qui n'est pas la leur...

Au moment où je passe la porte du temple, j'ai l'impression de ne pas avoir vu la lumière de Yuimen depuis plusieurs jours. Beaucoup de choses viennent se bousculer dans ma tête, une nuit sera bien nécessaire pour remettre au clair tout ce qui s'est passé sur la journée. Au bord de l'épuisement, une fatigue fort peu naturelle d'ailleurs, je viens m'accouder contre la rambarde de la passerelle, pâle.

"Ca va?" La voix de mon père trahit son inquiétude, et je me demande alors en souriant si c'est la peur d'échouer dans son rôle face à Yuimen qui le rend dans cette état-là, ou simplement le fait que je sois sa fille.
"Je suis épuisée, la journée n'a pas été de tout repos pour moi et ce que Yuimen m'a rendu lors de la cérémonie ne suffit pas."
"Ca ne fait pourtant que deux jours que tu n'as pas dormi..."
"Deux jours?"
"Tu as passé une journée, une nuit et plusieurs heures avant d'avoir accès à la cérémonie. Et une nouvelle nuit a passé alors que nous discutions avec Yuimen. C'est l'aube qui se lève maintenant."

Je soupire alors, il me reste une journée complète pour me reposer avant cette ordalie qui ne me dit rien qui vaille. Nous continuons notre route vers la forge, mon père me guide, semblant connaître assez bien cette cité, mieux que je ne l'aurais cru.

(((Vers la boutique du forgeron)))

L'aube donne des couleurs nouvelles aux pierres fines, presque aussi fines que du fer forgé. J'ignore de quel pierre ces balustrades peuvent bien être faites et quel en est le sculpteur, mais ces deux éléments font de Nyr' tel Ermansi ce qu'elle est : une cité hors norme et exceptionnelle.

Nous marchons en silence, chacun perdu dans ses pensées. Les miennes tournent autour de ces journées folles avant de retomber sur mon état de fatigue assez proche de l'épuisement. Nos pas finissent par nous traîner jusqu'au repos du maître. Je n'avais pas fait attention à son nom en arrivant sur l'île, mais aujourd'hui, ce nom me paraît des plus appropriés.


(((Repos du maître)))

Nous traversons à nouveau les passerelles en direction de la forge, à ce détail prêt que je suis nettement plus reposée que le matin même. J'ai toujours à l'esprit l'ordalie dont m'a parlé Yuimen et je n'ose interroger mon père à ce sujet, préférant rester avec mes craintes au final. Je sais que ma foi en Yuimen me permettra de franchir toutes les épreuves qui me seront imposées et que la seule chose que je puisse faire, c'est m'y préparer. Cela passe par un retour chez le forgeron. Nous arrivons d'ailleurs devant sa porte que je franchis d'un pas assuré.

(((La forge d'Aer' Nistral)))

"Père, j'ai réussi!"
"Je le sais, Yuimen m'a prévenu. Mais tu prendras la graine plus tard, il faut partir, Harniän est déjà dans l'aynore."
"Quoi? Que?"
"Tu pars pour ta première mission. Tu es une gardienne guerrière paraît-il, bah il va être temps de le prouver."
"J'aurais aimé me reposer un peu avant."
"Nous sommes au-dessus du Nosvéris, tu auras donc plus de six heures de route avant d'atterrir à Tahelta."
"A Tahelta?"
"Comme tu devais aller au sanctuaire du Naora, on s'est dit que c'était bien."

Et il a l'air heureux, en plus. On va retourner sur le Naora où je pourrais être arrêté rien que parce que je suis partie, pour sauver des elfes gris en plus. Nous nous mettons en route sur ces considérations, traversant les passerelles de Nyr en direction de la zone d'embarquement.
"C'est étrange que tu demandes pas combien de temps s'est passé depuis le début de ton ordalie."
"Pourquoi donc? Il ne s'est passé que deux nuits."
(Avec l'épreuve de Zewen, c'est pas certain.)
"Deux nuits? Les Dieux ont été gentils avec toi... Moi il m'avait fait croire que j'avais pas dormi durant 10 jours..."
(Et il n'avait pas dormi durant 11 jours en fait...)
"Et? Depuis combien de temps n'ai-je donc pas dormi?"
"8 jours en réalité... Zewen a encore dû jouer avec le temps..."
"C'est ce qui rend notre mission aussi urgente?"
"La situation s'est aggravée depuis que tu as rencontré Naémin, mais je t'expliquerais ça en détail dans l'aynore."

Nous avançons de nos pas rapides de Sindels dans la force de l'âge traversant la cité de part en part, avançant d'île en île à une altitude non-négligeable du sol. Mon père reprend la parole, en constatant la disparition apparente de Lirelan auprès de moi:
"Où est Lirelan? Je ne l'ai pas vu à ta sortie du sanctuaire."
"Et pourtant elle n'est pas loin, mais ce n'est plus Lirelan non plus."
"Ah?"
"Elle se nomme Anouar désormais. Et si tu la cherches, elle est logée dans ma capuche maintenant."

Nous arrivons enfin à la plateforme d'embarcation où un aynore avec mon cheval nous attend en effet...

(((Vers la zone d'embarcation)))