Glaglagla… j’ai beau me répéter que je fais ça pour une bonne cause (non pas que j’aie besoin de m’en convaincre mais bon), rassembler tout mon courage et savoir que, de toute façon, ce liquide bizarroïde m’insensibilise à la douleur, je n’en redoute pas moins la beigne monumentale que je risque bien de me prendre si jamais l’esprit venait à prendre le dessus par rapport à Krochar : même si je suis en bonne santé pour un Sekteg avec une vie jusqu’ici minable, mon corps n’en est pas moins du bas de gamme, et étant donnée la puissance brute qui émane du costaud vert devant moi, il pourrait horriblement facilement faire de la division de Jakadi par deux si le cœur lui en disait ! Au moment où je sens la large et épaisse main se plaquer contre mon si petit torse en comparaison dont elle semble faire presque toute la largeur, je retiens mon souffle, le rythme de mes battements de cœur multiplié par deux, les genoux flageolants, une nausée commençant à poindre sous la peur. Pendant quelques secondes qui ont l’air de s’étirer à l’infini, je reste le regard braqué dans les orbites de mon frère de peau, ne voulant pour rien au monde céder d’un pouce en apparence malgré la terreur qui m’habite, ne sachant comment interpréter le regard empreint de perplexité de mon Gatch Bratty. Finalement, quand la grosse paluche se retire, je ne peux m’empêcher d’expirer bruyamment, relâchant l’air que j’ai accumulé ainsi qu’une partie de la tension… une partie seulement, car ce n’est peut-être qu’un sursis d’un instant avant une possible avalanche !
Mais non, le guerrier s’écarte avec une précipitation teintée d’incrédulité, puis me gratifie de quelques mots, moitié excuses qui me font de la peine bien que je les accepte, moitié message d’espoir que je reçois avec une moue qu’appeler dubitative serait une sous-estimation : une tique ne part pas toute seule alors qu’elle a trouvé un endroit où elle peut se gorger de sang, et ça m’étonnerait fort que ce machin de ténèbres le lâche d’une semelle tant qu’il lui plaira de se caler les arpions dans son corps. Enfin bon, c’est pas tout ça, mais je ne rajeunis pas moi, et si je ne veux pas me retrouver tout seul comme un corniaud, je ferais mieux de leur emboîter le pas. Leur, car en juger par cette corde toujours attachée à ma taille, l’ami Kerkan a pris les devants, et j’espère qu’il va bien… enfin c’est facile à savoir : zou ! Trottinant, les yeux un peu dans le vague pour profiter de la courte ballade sans histoire que ce petit jogging m’offre, je m’arrête tout à coup en voyant l’immensité sur laquelle je débouche, pilant net… et c’est heureux : à peine quelques pas de plus, et c’était le grand bond ! Me tortillant les mains de soulagement, j’accorde un regard à notre équipée pour le moment réduite à portion congrue, étant donnée que les arrivants consistent en seulement trois (Hé !), heu… quatre personnes. D’ailleurs, l’une d’elle n’a pas l’air d’être au maximum de ces capacités, celle-ci consistant en l’Aquamancien à genoux, manifestement en train de broyer sévèrement du noir.
(Voilà que ça le reprend…)
Mentalement, Minil’ et moi échangeons un sourire pour fêter brièvement notre simultanéité, avant que notre attention à tous les deux soit détournée par un spectacle auquel je m’attendais tout en en ayant une certaine appréhension : hé oui, mes cousins sont là, que j’entr’aperçois avant que les galopins ne décampent plus sûrement que des lapins surpris dans des buissons. Mais ce qui est le plus grand sujet d’étonnement pour moi n’est pas tant ça que l’impression nette de déjà vu que j’ai en voyant devant quoi nous nous trouvons : un village… un village torkin en ruines. Hé oui, c’est ce même village qu’il m’a été donné de voir dans les visions que notre chère Dame des Rêves m’a envoyées quand j’ai mis les pieds dans le coin. Même si c’était logique qu’avec une vision aussi insistante par son caractère prémonitoire, je finisse par tomber dessus, c’était logique que je finisse par tomber dessus, ça fait tout de même un choc, choc que j’accuse en me tenant un moment les bras croisés, ma tête se balançant de droite à gauche d’un air entendu, les quelques mèches folles dépassant de sous mon casque bosselé voletant légèrement sous le mouvement.
( Hé ben…)
Ma Faera chérie ne répond rien, mais je sens que, même si cela ne la touche pas autant que moi, elle partage mon désarroi et ma surprise, ne serait-ce que par compassion et esprit d’empathie. En passant, ayant vu les Sektegs, il me revient en mémoire les gros cocons sur lesquelles nous étions tombés précédemment, et je jette machinalement un coup d’œil derrière mon dos, m’attendant au passage à voir le reste de l’équipée suivre le mouvement… aussi c’est avec une consternation non dissimulée que je fais immédiatement volte-face en me rendant compte qu’il n’y a personne derrière ! Mais qu’est-ce que ça veut dire ça nom d’une raclure de caverne moite ?!
« Taleskwi ! » Je m’exclame en une espèce de hoquet de surprise aigu. « Où sont tous les autres ?! »
De la pensée à l’acte, il n’y a souvent qu’un pas, et ce pas, je le franchis la plupart du temps bien vite, comme en ce moment même, agrippant bien ma pioches de mes deux mains tout en me ruant vers là d’où nous venons : s’il y en a qui sont restés coincés à cause de tous ces éboulis, ou qui ont tout simplement été retardés pour quelque raison que ce soit, il ne sera pas dit que je me contenterai de hausser les épaules et de laisser tomber ! Sûr, ce n’étaient pas les meilleures compagnons de route, et certains m’étaient franchement antipathiques, mais ce n’est pas une raison !
« Hééé ! Sirendor ! Daewlin ! Maylee ! Vedd ! Répondez ! » J’appelle de vive voix tout en ruant dans les cailloux, prêt à donner de la pioche pour me frayer un chemin si nécessaire.
_________________ J'ai décidé d'être heureux, parce que c'est bon pour la santé! _____________________________________________ Jakadi, voleur gobelin niveau 4 so unique en son genre vous salue bien. Bilan de la quête 18 : Buffet maritime gratuit , une tenue très tendance (merci beaucoup GM17 ), 1er contact avec les indigènes, découverte des spécialités culinaires locales , rééquilibrage de la balance des possessions Shaakts/Sektegs, tatanage de torkin (c'est une CC messieurs-dames!), un ventousage d'urgence , une obtention de balalaïka , une razzia sur des restes de bataille, du matraquage d'araignées géantes , la perte d'une bonne partie du groupe , un affrontement avec un esprit des ténèbres , un fort agaçant diseur d'énigmes , un combat contre une troupe entière de garzoks, de l'apprentissage de CCs par zigouillage d'araignée .
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