Arpentant les rues comme elles venaient, les yeux fixés sur le sol, les pensées à des lieues de la ville, Cantemort se perdit, évidement. Il releva la tête et regarda autour de lui. Il se trouvait dans une rue comme il y a tant a Kendra Kâr. Il grimpa sur les toits et se dirigea vers le soleil couchant.
Marchons, polisson,
Errons, hérisson,
Ramons, ramonons.(Pourquoi je chante ça? Nul.) Il progressait au-dessus des maisons. Au-dessus de ce que la plupart des gens avaient de plus haut, et il aimait beaucoup ça. Il se sentait supérieur, d'une plus magnifique grandeur.
(Il s'amusent de peu ou prou pas très haut. Finalement.) Il arriva devant, ou plutôt sur, une auberge et continua vers le bâtiment de la milice. Une fois arrivé à une dizaine de mètres de ce dernier, il descendit dans l'une des nombreuses ruelles qui partaient de l'avenue plus importante qu'il surplombait. Il revint sur celle-ci, cette fois au milieu de la foule et se dirigea vers son but. Une fois devant il s'adossa à un mur et attendit.
Chaque milicien qui sortait du bâtiment saluait les gardes avant de se fondre dans la foule. Souvent, ils se séparaient dès qu'ils étaient sortis, ce qui permettait à Cantemort, de sa place et la plupart du temps, d'entendre leurs noms. Néanmoins, certains faisaient un bout de chemin ensemble et il devenait alors impossible pour lui de connaître leur identité sans les suivre, et il ne pouvait alors plus surveiller l'entrée.
(Dilemme et boule de laine! Je reste là, je verrais bien!) Plusieurs hommes en uniforme sortirent et aucune fois le doux nom de Théodore ne résonna dans la rue bondée.
Celui de Fitz lui, fit sursauter Cantemort lorsqu'un officier à la carrure imposante le beugla. Un homme d'une trentaine d'année se retourna vers ce-dernier, la mine terriblement fatiguée. L'officier poursuivit :
« Fitz, où diable est ce rapport? L'inspection de cet entrepôt remonte à plus de deux jours et la liste de son contenu, je ne l'ai toujours pas! Quand contez-vous me la remettre?
_Pardon monsieur! s'écria le dénommé Fitz en saluant son supérieur. Le rapport vous sera remit demain monsieur!
_Et quelle excuse allez-vous encore trouver Fitz?
_Monsieur, je suis désolé monsieur, mais j'étais en ronde ces derniers jours et mon autre emploi me prends également beaucoup de temps monsieur!
_Disposez! Et ramenez-moi ce rapport demain Fitz. Si cela venait à ne pas être le cas, vous auriez de sérieux problèmes!
_Bien monsieur! Pardon monsieur! »
Cantemort était tout ouïe sans le laisser paraître. Fitz était grand est musclé, mais pas imposant. Il avait les cheveux noirs de même que les yeux.
(Ainsi ce brave milicien travail en plus. Il manque d'argent, il est fatigué, il est parfait.) Fitz se retourna après avoir salué son supérieur et marcha d'un pas rapide dans la rue. Il emprunta les ruelles pour arriver chez lui et Cantemort le suivit. A un carrefour, le milicien stoppa, comme s'il ne reconnaissait pas l'endroit. La rue dans laquelle il se trouvait était empruntée par seulement quelques passants, ce qui contrastait énormément avec la marée humaine de la rue où se situait la milice. Il poursuivit néanmoins son chemin en haussant les épaules. En tournant dans une rue, il fut assaillit par un gamin, pas plus haut qu'un hobbit aux cheveux blonds. Cantemort se dissimula et observa. Fitz joua un moment avec l'enfant avant de le faire rentrer dans une maison où une belle femme blonde elle aussi, attendait, sur le seuil. Fitz lui fit signe et avança vers elle mais s'arrêta soudain et regarda derrière lui. Cantemort se fit le plus petit possible. Le milicien détourna finalement les yeux et embrassa sa femme avant de repartir, probablement vers son autre travail.
(La belle famille, la grosse chenille. Le gamin blond, la mère immonde. La grosse famille!) Cantemort suivait toujours le milicien quand celui-ci s'arrêta encore une fois et regarda autour de lui avant de choisir une ruelle sombre où personne ne passait. Il avançait calmement, sans se presser le moins du monde. Cantemort accéléra, le rattrapant petit à petit sans faire de bruits, sa dague à la main. Il était trop heureux de pouvoir finir sa mission rapidement. Ses yeux scintillaient comme deux saphirs. Quand il arriva à sa hauteur, il tendit la main pour la lui plaquer sur la bouche... et Fitz la saisit avant de la tordre pour immobiliser Cantemort. Celui-ci se retrouva à genoux, le bras sous la torsion du milicien, avant de pouvoir réagir. Son bicorne était tombé à côté de lui.
COMBAT CONTRE FITZ
Les deux hommes se regardaient tandis que les yeux de Cantemort devenaient noires. Il était terriblement déçu.
« Pourquoi tu me suis toi? »
Comme Cantemort restait mué, le visage crispé sur une grimace de haine, le milicien augmenta la torsion qu'il appliquait sur le bras de Cantemort. Celui-ci ne réagit même pas, il était fou de rage. Comment ce crétin pouvait-il saboter son plan génial sans aucun état d'âme?
(Peuh... Bien parti bien attrapé. Aucune classe!) « Réponds! Pourquoi me suivait-tu? »
Cantemort se mura dans le silence comme en un château. Cependant, les coups de bélier sur son bras commençaient à devenir plus que douloureux. Il chercha discrètement à sa ceinture sa boite de fond de teint pour tenter d'aveugler le milicien. Ce-dernier le vit et tordit encore un peu plus le bras de Cantemort, tout en passant derrière lui. Désormais totalement incapable de bouger sans souffrir atrocement, Cantemort était bloqué. Seul son bras libre était encore mobile.
«
Juste... reprendre mon chapeau._Joue pas au malin!
_Après je parle. » Cantemort tendis la main et attrapa son chapeau. Le milicien, sûr de sa supériorité, le laissa faire. Cantemort pris son chapeau avec sa main libre, et le leva lentement vers sa tête. Les dorures sur les bords captaient la lumière du soleil couchant. Le chapeau brillait, le visage de Cantemort aussi. Le couteau aussi d'ailleurs.
Cantemort le saisit, et l'envoya en arrière sur le milicien. Celui-ci poussa un cri de surprise et recula en regarda le manche en métal qui dépassait de son bras droit. Cantemort se releva en balançant son bras d'avant en arrière. Il posa son chapeau au sol, ramassa sa dague et fit face au milicien. Celui-ci dégaina un sabre court d'environ cinquante centimètres de longueur et se mit en garde.
(Il veut se battre, je l'envoie paitre en paix!) « Alors? On se bat? » Les yeux de Cantemort redevenaient bleus tandis qu'il souriait à son adversaire. Fitz s'approcha lentement et tenta de le toucher à plusieurs reprises mais Cantemort esquivait sans cesse.
(Grande allonge, ça me ronge. L'approcher pour tuer.) En effet l'arme du milicien lui donnait l'avantage dans un combat classique. Cantemort sortit quelques couteaux et en lança deux coup sur coup. Le premier fut aisément évité par Fitz mais le deuxième lui effleura l'épaule. Cantemort lança encore un couteau qui atterrit aux pieds de sa cible. Celle-ci jeta un rapide coup d'œil et, en relevant la tête, encaissa un direct en pleine mâchoire. Il recula en titubant et Cantemort voulut pousser son avantage. Il leva sa dague mais Fitz se ressaisit bien plus vite qu'escompté et le poète chuta, emporté par la jambe du milicien.
Fitz retourna son sabre et le planta dans la terre, à l'endroit où la tête de Cantemort se serait trouvée si ce-dernier n'avait pas effectué une roulade pour se relevé plus loin et lancer un couteau droit dans la jambe du soldat. Cantemort sourit, enfin cet homme l'amusait. Pas trop tôt!
Fitz ne criait pas, il se retenait à chaque blessure pour ne pas donner ce plaisir à celui qui le regardait en souriant. Il retira le couteau dans sa jambe, et ne put retenir un gémissement, ce qui déclencha l'hilarité de Cantemort. Toujours ce rire froid, glaçant. Encore penché sur son sabre, Fitz respirait fort et semblait souffrir de son épaule, dont il n'avait put retirer le couteau. Cantemort s'approcha lentement et tourna autour de Fitz, observant. Puis il chargea. Le sabre du soldat ne rencontra que le vide et l'homme, déséquilibré, dut faire quelques pas pour se redresser. Cantemort profita de ce répit pour ré-attaquer, feintant à nouveau. Cette fois cependant, Fitz se remit sur ses appuis et anticipa la feinte de Cantemort. Le barde ne dut qu'à une esquive tardive de ne pas se faire décapiter. Il récolta à la place une belle estafilade à l'épaule.
Fitz suivit le mouvement de Cantemort et, ne soufflant plus, enchainait les bottes à une vitesse telle que Cantemort dut de nombreuses fois à des réflexes inconscients de rester en vie.
(Il m'a bien eut encore une fois. Malin marin. Pas fatigué, mais bien feinté.) Le sabre multipliait les blessures légères, lacérant le costume de Cantemort. Celui-ci enrageait et tentait en vain de se dégager. Fitz s'accrochait à lui comme à la vie et le poussait dans ses derniers retranchements. Néanmoins, il souffrait à la jambe et faisait des efforts terribles pour ne pas s'arrêter.
Au milieu de la pluie de coups qui s'abattait sur lui, Cantemort vit une faiblesse dans la garde du milicien. Il plongea sous sa garde et lui enfonça sa dague dans la jambe. Fitz cria et les deux adversaires reculèrent.
Une fois relativement à l'abri, Cantemort se rendit compte que son bras gauche soufrait d'une entaille particulièrement profonde et qu'il était blessé à de nombreux autres endroits. Fitz quand à lui, si ses blessures à l'épaule et à la jambe le faisaient souffrir, n'en montrait rien. Cantemort avisa son bicorne et deux de ses couteaux dans un coin. Il s'en approcha lentement, rengaina les couteaux et replaça son chapeau à sa place d'honneur.
(((fin)))
On se reverra et se trucidera
Se saignera, se haïra.
La belle famille,
Une bonne broutille.
Le sacrifice,
Ta femme ton fils. Sur ce, il se retourna et partit en courant à travers la ruelle. Il ne fuyait pas, il savait exactement où il allait. Fitz hurla en boitant vers lui :
« Non! Ne les touche pas! »
Cantemort s'arrêta à un carrefour qu'il reconnaissait et se maquilla en toute hâte avant de reprendre sa route. Fitz ne pouvait suivre avec sa jambe blessée.
la suite