Elle ne répond pas à ma question, d’ailleurs. Ni ne commente mes mots. Elle reste derrière moi, la main sur mon épaule, et le silence s’installe entre nous. Je tourne le visage vers elle pour la voir sangloter. Je ne comprends pas… Elle l’a tué. Elle a affirmé que c’était la seule solution. Pourquoi cela l’affecte-t-il autant, maintenant ? Par Empathie ? J’en doute… La dame s’est montrée assez peu sentimentale, depuis notre rencontre.

Je ne cherche pas plus à comprendre sa tristesse, moi-même trop à fleur de peau pour avoir cette empathie que je lui ai un instant suspectée.

C’est sa voix qui rompt le silence, finalement. Un silence presque rassurant. Elle propose de l’inhumer. De lui offrir des funérailles dignes, là où elle l’a tué comme un chien. Oui, il mérite le respect. Non, il ne méritait pas cette mort. Mon esprit est trop embrouillé, entre ce cocktail de sentiments contradictoires, cette haine envers elle, et cette tendresse qu’elle m’inspire, alors qu’elle épanche ses larmes sur sa main.

« Non… »

Ma voix est enrouée… Comme abîmée par la peine.

« Attendons l’aube. »

Et à mon tour, je me relève et pose une main sur son bras.

« Promets-moi de ne jamais me menacer. »

Je ne sais pourquoi cette demande. Sans doute en ai-je besoin, pour accepter sa présence. Même si cela signifierait faire confiance en sa parole. Je ne veux pas être sans cesse sur le qui-vive, risquant de me prendre une flèche dans le cœur par derrière, comme Fléau en a été victime. Je ne le supporterais pas…

Devant vous, comme vous ignorant totalement, les ombres se jettent sur le corps, couvrant d'une noirceur opaque le cadavre de l'elfe gris... Un froid glacial s'installe, s'instille en vous...

(((XP : des sentiments, des actes, des actions, des interactions surtout... Ca fait pas avancer l'histoire -ou si peu-, mais ça vous fait avancer vous et ça je prends : +2xp pour chacun ^^)))

« Non… Attendons l’aube. »

Péniblement il se releva et posa à son tour une main sur mon bras.

« Promets-moi de ne jamais me menacer. »

Il en avait besoin. Il avait besoin de cette promesse. Il cherchait à se donner du courage, à se sentir en sécurité. Que pouvais-je répondre ? La réponse était évidente mais je ne la connaissais pas. Pourquoi le menacerais-je ? Mais comment promettre que je ne le ferais pas ? Et s'il m'agressait ? Et s'il mettait nos vies en danger ? Je n'étais sûre de rien, pas même ce que je pourrais être amenée à faire ou non. Le meurtre de Fléau en était un parfait exemple. Je réalisais peu à peu que mes actes avaient dû m'être dictés par le fer qui m'enserrait la gorge, mais n'en était pas sûre non plus et ne pouvais par ailleurs pas admettre pouvoir n'être qu'un pantin.

J'ouvris la bouche, dans l'intention de répondre, mais la refermai, gênée. Dans un sursaut je réalisai que derrière Cromax les ombres s'étaient avancées et s'emparaient à présent du corps de son ami. J'en avais la chair de poule. Je fis un pas en arrière. Ces ténèbres rampantes n'étaient finalement sans doute pas un simple sortilège di'llusion mais bien une chose plus ou moins vivante qui cherchait à se repaître.

« Cromax ! Derrière toi ! »

Il nous aurait fallut du feu pour les repousser. Mais rien ne nous garantissait que ça aurait marché. Et je n'avais pour ma part pas de quoi faire du feu.

« Il faut partir ! »

Bandant mon arc, je me tenais prête à tirer sur les ombres si celles-ci retournaient leur attention vers nous tandis qu'un froid pénétrant engourdissait tous mes membres.

Aucune réponse ne vient, à ma demande. Je la sens hésiter, et j’ignore pourquoi. Soudain, son regard se pose avec horreur sur le corps de Fléau, et m’intime de me retourner ce que je fais, mais prudemment, sans lui laisser la moindre chance de me tirer une flèche dans le dos. Si elle n’a pas promis, c’est que je ne peux lui faire confiance… C’est une tueuse. Une tueuse éplorée, mais une tueuse quand même. Imprévisible.

L’horreur est pourtant réelle : le cadavre de Fléau se fait assaillir par les ombres que l’elfe blanche avaient aperçues dehors, l’instant d’avant. Elles recouvrent littéralement le corps, comme des charognes qui voudraient non pas se repaître de sa chair, mais de son âme. Et curieusement, cela me rappelle étonnamment quelque chose. Un être que j’ai déjà croisé par le passé.

L’elfe propose de fuir, mais si c’est la créature à laquelle je pense, normalement, elle n’est pas foncièrement hostile.

« Des gentâmes. Il s’agit peut-être de gentâmes. »

Puis, m’adressant directement aux ombres :

« Que voulez-vous ? Laissez-nous ! »

Le froid est intense, dans l’abri. Comme si la mort elle-même est venue chercher Fléau, entre ses griffes de corbeau. Mais contre l’ombre, la lumière peut vaincre… Je plonge ma main dans ma bourse et en sors la pierre scintillante trouvée sur Gramenou. Celle-là même qui ne s’éteint jamais, fut-ce la plus noire des nuits. J’espère que cette lumière gênera les ombres… Les désintègrera.

RP "découverte"

Ces ombres ne sont pas des gentâmes, ni même des créatures des treize. Ces ombres sont liées directement à Phaïtos. Elles ne sont pas dangereuses, ni réellement matérielles. Les coups physiques ne leur feront rien et passeront à travers eux, se couvrant d'une pellicule de givre due au glacial de la mort elle-même, car elles sont des particules d'un fluide primordiale de la mort. Ce sont des essences même de Mort, extrait par Phaïtos de sa part de fluide d'ombre.

Des faeras ? Non, même si ce sont les créatures qui leur sont les plus proches. Contrairement aux boules de fluides, elles ne sont pas nées de la main de Zewen, mais de celle de Phaïtos au sein des Enfers. Elles n'ont pas cette capacité de se lier aux fluides spatiaux et temporels, ni la capacité de déplacement à travers les mondes et le temps. Mais elles possèdent la capacité de passer dans les Enfers et d'en revenir, comme les Gentâmes.

Contrairement à ces derniers, elles n'y vont pas chercher le savoir, mais elles viennent y apporter une partie des âmes héroïques...

Elles aiment bien parler aux faeras, ce sont les seuls êtres avec qui elles savent communiquer dans un langage inconnu de toutes les autres créatures et datant du début du temps, quand Phaïtos était encore avec les autres Dieux. Cette faculté fait croire, à tort, qu'elles sont télépathes avec les êtres humanoïdes, d'ailleurs.

Elles resteront en permanence à distance de tout ce qui conscient et vivants, ne craignant pas la présence des plantes, mais resteront à une distance d'au minimum un mètre de vous et de votre corps, redoutant manifestement de toucher votre peau. Elles craignent aussi la lumière et ne sortent qu'au coeur de la nuit, se terrant loin sous la surface durant la journée.

Elles connaissent les secrets de cette terre pour en avoir parcouru les sous-sols bien avant que les créatures d'Oaxaca y mettent les pieds, en fait bien avant qu'Oaxaca reviennent à la vie...

Et à la question de Cromax, elles lui répondent, via Lysis, qu'elles sont juste venus prendre l'âme de l'elfe pour l'apporter à Phaïtos. Et que ce micro-soleil leur fait mal, vraiment mal...

La réponse à ma question, c’est Lysis qui me la donne, alors que la lumière de ma pierre irradie dans toute la cabane de fortune.

(Cache cette pierre, ça leur fait mal !)

Perplexe, je restai mentalement coi face à cette assertion. N’est-ce pas justement le but de mon action, de les faire fuir, et encore mieux, souffrir ? Lysis s’explique aussitôt.

(Ils ne vous veulent pas de mal, ils sont seulement là pour attirer l’âme de Fléau vers les Enfers. Ils craignent autant la lumière que la vie.)

Toujours aussi interdit, je range cependant ma pierre, presqu’aussitôt après l’avoir sortie, du coup. Pour éviter de paraître incongru devant Sinaëthin, je m’explique oralement, suivant les informations que ma faera me donne.

« Ce… ce ne sont pas des gentâmes. Ces ombres sont là pour Fléau. Elles… elles sont pacifiques. »

(Mais… comment connais-tu ces créatures ?)

(Je les connais, voilà tout. Elles sont anciennes, tout comme les Faeras. Elles communiquent avec nous, et servent Phaïtos.)

Phaïtos, encore lui. Malgré mon amour pour la vie, et ma crainte permanente envers la mort, j’ai l’impression que mon destin est lié à cette divinité. Si tant est qu’on puisse parler de destinée. Il se met bien souvent en travers de mon chemin.

(Pourquoi ne m’as-tu pas dit tout ça plus tôt !?)

(Tu ne m’as rien demandé, mon amour.)

Je serre les dents. Cette faera restera toujours elle-même, avec ses mystères et son sale caractère.

« Je crois pouvoir entrer en contact avec elles… elles nous comprennent. »

(Le plan idéal pour s’enrichir d’informations sur l’île.)

Hésitant, je décide de m’adresser à elles…

« Est-ce que… vous sauriez nous renseigner sur l’île ? Sur les créatures qui s’y trouvent, et sur l’endroit où elles se trouvent ? »

Je regarde Sinaëthin, un peu pantois. Elle ne doit rien comprendre de ce que je suis en train de raconter.

Soudain, un hurlement surnaturel, suraigüe et surtout surpuissant retentit. Il vient de loin, possiblement plusieurs kilomètres au Nord. Il ressemble au hurlement d'un loup, en lugubre, beaucoup plus lugubre...

Cromax ne fit aucun geste. Il n'avait visiblement pas l'intention de partir.

« Des gentâmes. Il s’agit peut-être de gentâmes. » m'expliqua-t-il avant de se tourner vers les dites choses. « Que voulez-vous ? Laissez-nous ! »

A ces mots il plongea la main dans sa bourse pour en sortir une pierre à l'éclat aveuglant. A défaut de feu, c'était une idée comme une autre. J'ignorais tout de ce qu'il appelait gentâme mais il pensait que cette pierre pouvait les éloigner et je lui fis confiance. Les ombres reculèrent vaguement, agitées de spasmes qui évoquaient la douleur. Soulagée, je baissai mon arc. Puis la lumière disparut, rangée hâtivement dans sa besace par Cromax. Stupéfaite, je me tournai vers lui dans l'attente d'une explication, prête à reprendre les armes. Son visage était indéchiffrable et je craignis un nouveau revirement de situation aussi délirant que dangereux.

« Ce… ce ne sont pas des gentâmes. Ces ombres sont là pour Fléau. Elles… elles sont pacifiques. » m'informa-t-il. « Je crois pouvoir entrer en contact avec elles… elles nous comprennent. » reprit-il après un court instant. Puis il se tourna à nouveau vers les ombres. « Est-ce que… vous sauriez nous renseigner sur l’île ? Sur les créatures qui s’y trouvent, et sur l’endroit où elles se trouvent ? »

Voilà qu'il parlait avec les ombres. Si elles s'étaient exprimé, je n'en avais rien entendu. Je me sentais mise à l’écart, impuissante face à ces échanges silencieux. De la télépathie peut-être.

« Cromax... Tu peux vraiment les entendre ? »

J'étais pantoise mais eu tôt fait de réfléchir à l'avantage que ceci nous offrait. Nous renseigner sur l'île, oui, parfait. Nous renseigner sur l'origine de l'île, ses habitants, sa topographie, ses secrets... Peut-être pouvaient-elles également nous guider, et nous cacher. Elles étaient pacifiques, mais pouvaient-elles nous rendre service ? Décider de nous aider ? Ou être pliées à notre volonté ? Si elles pouvaient nous dissimuler les alentours, sans doute pouvaient-elles aussi nous dissimuler aux autres... Je pensai au village. Aux treize. Au reste de notre équipe. Aux colliers.

« Est-ce qu'elles en sauraient plus sur nos colliers ? Des informations utiles sur les treize ? La raison de notre venue ? On sait déjà que les créatures de l'île furent amenées et transformées et étaient elles aussi pacifiques à l'origine... Ce ne sont pas tant ces créatures qui m'inquiètent. Plutôt leurs maîtres. »

Au loin, un hurlement lugubre retentit. Ces créatures m'inquiétaient aussi mais elles avaient quelques chose de plus concret et donc moins angoissant que la sournoise menace des colliers ou de leurs créateurs.

Les créatures répondent à l'affirmative à Lysis quant à vous informer sur l'île. Oui elles connaissent beaucoup sur l'île elle-même et ses créatures. Mais des treize ou des colliers, elles ignorent tout, ou plutôt elles ignorent qui ils sont et ce que sont les colliers.

Alors qu’un hurlement sinistre retentit, dehors, au loin, m’arrachant un frisson presque rassurant, puisque la bête n’est pas là où nous nous trouvons, Lysis me confie les réponses des créatures de l’ombre. Sinaëthin, de son côté, me questionne sur ma capacité à communiquer avec ces êtres immatériels. Je dois avouer que je n’ai aucune envie de révéler l’existence de Lysis, ni de me confier d’obscurs et inexacts dons de nécromancie. Aussi me contentai-je d’un pieu mensonge.

« Oui… Je peux communiquer avec elles. Je… j’imagine que c’est parce qu’elles sont liées aux Enfers, à Phaïtos et que… j’en suis déjà revenu. »

Aussi surprenant que ça puisse paraître, cette expérience ne s’était alors pas effectuée via mon décès. J’en garde, aujourd’hui encore, des souvenirs flous, brumeux, quoi qu’assez précis tout de même sur certains détails.

(Daïo m’accompagnait. Lillith aussi. Et des marées de morts nous assaillant. Lothindil, Lelma et sa fille, Cheylas et Bogast, lors du combat contre le traître Daulandi, et le champion du Dieu de la Mort, vaincu par mes soins et ceux de la druidesse fanatisée.)

Une période de troubles, parsemée de morts. Je n’étais alors pas dans une meilleure situation qu’ici même.

(C’est ton destin que de vivre des choses inhabituelles.)

Je n’aime guère parler de destin, quand j’évoque mes aventures. L’esprit libre, j’aime à penser que je décide de mon avenir. Du moins en partie. Je ne laisse pas passer plus de temps avant de transmettre les réponses des ombres à l’elfe blanche.

« Elles disent connaître l’île, et ses créatures. Elles ne savent rien sur les treize, ou leur collier, en revanche. Elles ignorent qui ils sont, et que sont les colliers. Elles peuvent nous aider ! »

J’enchaine d’ailleurs directement avec d’autres questions, que Lysis transmet à son tour.

« Quels sont les dangers de l’île ? Y a-t-il des villes ? »

Et à moi de retranscrire à l’oral ce que Lysis me confie mentalement.

« Un volcan en activité, des monstres mangeurs d’elfes, un lac aux vapeurs mortelles, voilà ce qu’elles décrivent comme les dangers de l’île. Pour ce qui est des villes, elles parlent de maisons, entre les deux montagnes. Le lieu serait plutôt fort peuplé… Par des bipèdes. Dont certains seraient juste de passage. »

J’ai l’impression de faire un monologue. Une personne extérieure, ne sachant pas que je parle par le biais de ma faera à ces ombres, me prendrait pour un dégénéré.

« Oui… Je peux communiquer avec elles. Je… j’imagine que c’est parce qu’elles sont liées aux Enfers, à Phaïtos et que… j’en suis déjà revenu. » me confia-t-il.

Les Enfers ? Rien que ça ? Interloquée, j'ouvris la bouche pour le questionner à ce sujet mais il me coupa la parole, continuant de me transmettre les paroles des ombres.

« Elles disent connaître l’île, et ses créatures. Elles ne savent rien sur les treize, ou leur collier, en revanche. Elles ignorent qui ils sont, et que sont les colliers. Elles peuvent nous aider ! - Quels sont les dangers de l’île ? Y a-t-il des villes ? - Un volcan en activité, des monstres mangeurs d’elfes, un lac aux vapeurs mortelles, voilà ce qu’elles décrivent comme les dangers de l’île. Pour ce qui est des villes, elles parlent de maisons, entre les deux montagnes. Le lieu serait plutôt fort peuplé… Par des bipèdes. Dont certains seraient juste de passage. »

Ainsi me faisait-il part des réponses des ombres, avant de leur poser de nouvelles questions, à voix haute, probablement pour que je puisse suivre autant que possible la conversation. J'observais les ombres avec circonspection. Cromax avait l'air d'un fou, un de vieux hommes qui se parlent à eux-même quand ils ne s'adressent pas à des êtres tout droit sortis de leur imaginaire... Peut-être n'étaient-ils pas si fous. Ou peut-être le Sindel l'était-il. Il pouvait très bien me mener en bateau. Qui me disait qu'il ne me mentait ? Comment être sûr que ce n'était pas que pure mascarade ? Je le connaissais encore si peu et nous ne commencions qu'à peine à appréhender le pouvoir de nos colliers...

« Ces bipèdes... Leur paraissent-ils pacifiques ? Ou sont-ce des guerriers ? Et sauraient-elles nous guider à nos compagnons ? »

Retrouver le reste du groupe me semblait primordial. L'elfe m'effrayait par moment. Je ne savais si je pouvais compter sur lui tandis qu'il lui semblait évident qu'il ne pouvait compter sur moi. Et si j'ignorais beaucoup de lui, j'en savais assez pour me méfier, d'autant que je ne doutais pas de ses compétences. Il pouvait sans aucun doute me tuer aussi promptement que j'avais pu mettre fin aux jours de son ami. Pour l'instant cependant je n'avais guère d'autre choix que de continuer ma route avec lui.

Comme je m’y suis attendu, l’elfe parait interloquée par ma révélation concernant les Enfers. Qui ne serait pas perturbé, d’ailleurs ? Moi-même, je l’aurais été, si je n’avais pas vécu cette aventure personnellement. Sans doute aurais-je même douté de la véracité de l’histoire… En tout cas, rien ne montre qu’elle y croit ou non. Elle se contente de questionner à son tour les ombres sur l’identité des bipèdes précités, et la possibilité de rejoindre les autres voyageurs de l’aynore. Les créatures me répondent presque illico via Lysis. Une fois de plus, je joue les intermédiaires…

« Apparemment, les habitants sont nombreux. Certains sont guerriers, d’autres convoquent des esprits appartenant à Phaïtos. Des… nécromanciens, j’imagine. Certains ne font que surveiller les créatures, les compter, leur tenir compagnie. Elles disent que certains leur parlent, également… »

Je me rends subitement compte que ça pourrait amener de la méfiance de la part de Sinaëthin sur ce prétendu pouvoir que je possède… Tout en lui donnant de la contenance.

« Concernant nos compagnons… Ils ignorent qui ils sont. Donc pour les trouver, ça semble compromis. »

Ennuyeux, en soi, même si je continue à rester persuadé que l’information indiquant les maisons de pierres comme l’endroit où se rendre sera vite connue de tous les esprits vifs encore en vie. Les autres, après tout, on n’en a pas vraiment besoin. Moins de bras cassés nous aurons à nos côtés, plus grandes seront nos chances de réussir. Réussir quoi, ça, je l’ignore encore… Quitter cet endroit en en découvrant les secrets, sans doute. Pour nous permettre de nous libérer de nos colliers.

« Apparemment, les habitants sont nombreux. Certains sont guerriers, d’autres convoquent des esprits appartenant à Phaïtos. Des… nécromanciens, j’imagine. Certains ne font que surveiller les créatures, les compter, leur tenir compagnie. Elles disent que certains leur parlent, également… Concernant nos compagnons… Ils ignorent qui ils sont. Donc pour les trouver, ça semble compromis. »

« Ces nécromanciens... Ils leur parlent, aux créatures ou aux ombres ? »

La chose n'était pas clair. Et si des nécromanciens parlaient bien à ces ombres... Elles pouvaient leur apprendre notre existence. Je ne remarquai qu'avec un temps de retard que ceci impliquait sans doute que Cromax lui aussi avait des dons de nécromancie... Rien qui ne me surprenne vraiment. Ça lui ressemblait bien.

« Et que demandent-ils aux ombres ? Que leur disent-ils ? Et seraient-elles capables de repérer d'autres porteurs de colliers ? Elles pourraient peut-être retrouver nos compagnons ainsi, ou si on les décrivait physiquement peut-être... »

Sans que je puisse moi-même donner mon avis sur la question, ou en poser moi-même, la discussion suit son cours, alors que la tueuse blanche s’intéresse à ce que nos ennemis racontent aux ombres. La réponse des ombres à ce propos me prend de cours, lorsque le nom de Tal’Raban est prononcé. Un serviteur d’Oaxaca, à nouveau. Un des treize est physiquement présent sur cette maudite île, et pas des moindres. Connu à l’échelle mondiale comme étant un nécromancien très puissant, ça n’est guère une bonne nouvelle que de le savoir ici. Cette nouvelle risque d’effaroucher encore davantage ma compagne de route. Je décide néanmoins de ne pas cacher cette information.

« Il semblerait que Tal’Raban, le serviteur nécromancien d’Oaxaca, aime discuter avec elles. Il semble les… aimer, et leur crée des compagnons… »

Je n’ose pas imaginer la tête des compagnons. Un frisson me parcoure l’échine. Un maître maniant la mort comme instrument ne me sied que peu. Je poursuis néanmoins.

« Apparemment, il les questionne pour comprendre les Enfers, et le lien qu’elles ont entre la terre et le monde de Phaïtos. Apparemment, il adorerait faire de même, devenant lui-même une ombre. Par… chance, elles ne semblent pas apte à accéder à ses désirs, le seul moyen pour y accéder étant de… mourir. »

Une perspective enchanteresse, ma foi. Nous débarrasser de l’un des treize tout en faisant mine de lui rendre service, voilà une occasion à saisir. Je garde l’idée de côté, alors que je continue à traduire…

« Quant à nos compagnons, si on les leur décrit, ils pourront sans doute les retrouver s’ils les ont croisés. Mais… Je crois qu’il est préférable que ce ne soit pas le cas : ils n’aiment guère les vivants. Ils les trouvent dangereux. »

Pourtant, ils nous parlent. Inspire-t-on à ce point la confiance, l’elfe blanche tueuse psychopathe froide comme la glace, et le sindel déboussolé armé jusqu’aux dents, et amoureux fou de ce que ces créatures redoutent : la vie. Quoi qu’il en soit, ça veut dire que s’ils ont vu nos amis, c’est qu’ils ont eu de gros souci et… que ce ne seront que cadavres à fouiller. Espérons qu’ils n’en aient pas croisé trop. Je décide d’immiscer mon grain de sel dans la discussion.

« Les villes ont-elles une entrée secrète ? Des moyens d’y accéder moins surveillés que d’autres ? »

Elles me répondent qu’il faut éviter les chemins de pierres, très fréquentés, et qu’il n’y a que peu de gens hors des sentiers. Sans traduire, je réplique :

« Pas d’égouts, ou de failles dans les murs ? »

Là encore, une surprise : il n’y aurait pas d’enceinte. L’infiltration sera donc plus aisée que prévu. Je transfère le message à Sinaëthin.

« Les sentiers ne sont pas sûrs, mais on peut se mouvoir en dehors, où peu de gens vont. Il n’y a pas de murs, autour de ces maisons. Ce n’est pas plus mal… »

Et en parlant de Tal’Raban…

« Et… Sinon, pourriez-vous attirer Tal’Raban hors de ces maisons pour que nous… l’aidions à réaliser son désir de rejoindre les Enfers ? »

Réponse positive des ombres, que je transmets d’un simple signe de tête à l’elfe. Ainsi, même si c’est leur allié, elles pourraient le mener à nous, dans un piège. Mais pour ça, nous devrons être plus nombreux. Je ne doute pas des capacités de l’archère, mais Tal’Raban est vraiment décrit comme un puissant serviteur d’Oaxaca. Et de ce que j’ai vu des capacités de ma sœur de chair, cela ne signifie pas rien.

« Il semblerait que Tal’Raban, le serviteur nécromancien d’Oaxaca, aime discuter avec elles. Il semble les… aimer, et leur crée des compagnons… » me transmit-il. « Apparemment, il les questionne pour comprendre les Enfers, et le lien qu’elles ont entre la terre et le monde de Phaïtos. Apparemment, il adorerait faire de même, devenant lui-même une ombre. Par… chance, elles ne semblent pas apte à accéder à ses désirs, le seul moyen pour y accéder étant de… mourir. Quant à nos compagnons, si on les leur décrit, ils pourront sans doute les retrouver s’ils les ont croisés. Mais… Je crois qu’il est préférable que ce ne soit pas le cas : ils n’aiment guère les vivants. Ils les trouvent dangereux. »

Ce Tal'Raban ne me disait rien de bon.

« Les villes ont-elles une entrée secrète ? Des moyens d’y accéder moins surveillés que d’autres ? Pas d’égouts, ou de failles dans les murs ? » poursuivit-il, continuant à parler dans le vide. Un éclair de surprise passa sur son visage et il se retourna vers moi. « Les sentiers ne sont pas sûrs, mais on peut se mouvoir en dehors, où peu de gens vont. Il n’y a pas de murs, autour de ces maisons. Ce n’est pas plus mal… »

Je ne pouvais qu’acquiescer.

« Et… Sinon, pourriez-vous attirer Tal’Raban hors de ces maisons pour que nous… l’aidions à réaliser son désir de rejoindre les Enfers ? »

Attirer le serviteur d'Oaxaca grâce aux ombres ? Pour le tuer ? Cela pouvait-il marcher ? Si nous devions affronter les sbires d'Oaxaca suite au meurtre de son cher nécromancien, je ne donnais pas cher de nos peaux...

« Et Oaxaca ? La connaissent-elle ? Est-elle sur l'île ? » soufflai-je au Sindel.