L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Auberge des hommes libres
MessagePosté: Mer 20 Juin 2018 17:11 
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    « Savoir, c’est se souvenir.. »


Je sortis de la boutique de la Belle Aura pleinement satisfait de mes achats, et fort de nouvelles connaissances sur les runes possédées dans mon sac. Deux runes animales, en l’occurrence : Yp, le cheval. Et plus rare, la rune Yxem. Requin. En plus de ces deux pierres à la signification désormais connues tintaient dans ma besace les fioles des nombreux et puissants fluides que je venais d’acquérir. Et les deux précieux parchemins renfermant les secrets de deux puissants sortilèges. Sans m’attarder dans le magasin, de peur d’effrayer la clientèle plutôt nombreuse du respectable vendeur magique, je quittai l’endroit sans plus demander mon reste sinon de respectueuses salutations au propriétaire des lieux. J’errai un instant dans les rues crépusculaires de la capitale d’Ynorie, par pur plaisir de badauderie, et me dirigeai ensuite, l’appétit ouvert, vers la maison de mes logeurs, l’Auberge des Hommes Libres. Un nom décidément plein de sens dont j’avais appris à apprécier les tenanciers, Kanumi et Nokora, qui s’occupaient de moi en toute discrétion.

Comme souvent, en soirée, l’ambiance y était bonne enfant. Musiques et rires occupaient l’espace sonore, de quoi laisser mon entrée inaperçue. Bien que je ne me cachasse pas, les patrons avaient demandé que je n’attire pas spécialement l’attention sur moi, pour d’évidentes raisons raciales. Loin de les juger pour cela, j’avais donné raison à leurs craintes et m’étais dès lors tenu à carreau, dînant et passant le plus clair de mon temps au sein de ma chambrée, et non dans la salle commune. Pourtant, ce soir-là, un événement inattendu allait m’empêcher d’y aller de suite. Tout d’abord, je me fis sommairement bousculer par un client aviné. Loin de lui en tenir rigueur, l’ivresse étant fille de coutume dans les établissements de boisson, j’allai passer mon chemin sans plus relever l’attitude de l’homme qui déjà s’approchait d’une tablée lorsque mon attention se laissa capter par son physique hors du commun, caché derrière une capuche qu’il ne tarda pas à enlever, une fois attablé. Je savais que dévisager un être physiquement déviant de la norme était désagréable. J’étais même fort bien placé pour le savoir. Mais là, curieusement, je ne parvins pas à ôter mon regard de son visage. Le visage d’un Sang-Pourpre.

Les Sang-Pourpre étaient connus pour être la plus meurtrière peuplade sillonnant les mers et océans. Une véritable ethnie dédiée entièrement à la piraterie, dans leurs mœurs violentes les plus ancestrales et traditionnelles, dont certaines trouvaient aux yeux de nombreux peuples des échos barbares et effrayants. Même chez les shaakts, pourtant reconnus pour être un peuple sans pitié, friand d’esclavage et de tortures physiques, il existait de sordides légendes évoquant leurs plus horribles méfaits. Une histoire racontait qu’il n’existait aucune femme Sang-Pourpre, qu’ils les sacrifiaient sauvagement à la Déesse Moura à leur naissance pour préserver la force de leur sang mâle. Un récit faisant rire jaune les pro-matriarches de Caïx Imoros, forcément, mais qui glaça le sang de l’enfant que j’étais. Près d’un siècle plus tard, je rencontrai mon premier, ici dans cette auberge. J’ignore pourquoi, mais je reconnus sans peine ses attributs physiques : cette peau d’un bleu profond comme celui de l’océan. Ses cheveux qui, bien que d’une couleur passée, avaient sans doute été dans le temps d’un rouge intense, comme le corail. Car l’être était vieux. Et son état d’ébriété ostensible avancé n’arrangeait rien à la chose. Un exemple frappant d’une déchéance humaine, à son plus haut potentiel.

Mais ce n’était pas tout. Non. C’est cet individu précis qui me disait quelque chose, sans que je parvienne à me rappeler quoi. Une intuition, une impression de l’avoir déjà croisé alors que je savais pertinemment qu’il n’en était rien. Pas pendant cette vie, du moins. Mais sans doute pas dans une autre non plus : les Sang-Pourpre n’étaient qu’humains, et j’avais déjà atteint un âge bien supérieur à celui qu’un humain peut atteindre. Cela suffit à attirer ma curiosité, alors je me mis sans même en être conscient à dévisager les autres membres de la tablée. Quelle ne fut pas ma surprise en remarquant, face à lui, un second Sang-Pourpre. Ils ne semblaient pas se connaître, étrangement, ce qui éloigna de mon esprit l’idée d’un navire pirate ayant librement accosté à Oranan, qui ne se serait sûrement pas laissée ainsi envahir par la pire racaille des mers. L’occurrence de deux êtres de cette ethnies, et qui ne se connaissaient pas de surcroît, dans l’établissement était loin d’être un hasard. Cet autre Sang-Pourpre était bien plus jeune. Plus robuste, aussi. Bien qu’il soit peu équipé, il respirait l’assurance. Un meneur d’hommes ? Un peu jeune pour être capitaine, sans doute. Mais il était lui-même accompagné d’un humoran. Ces êtres mi-tigres mi-humains, fruits d’une union au moins aussi impie que celle qui m’a vu naître. À leurs côtés, un humain, presque surprenamment normal dans cette réunion de sangs mêlés. Son apparence, toutefois, laissait le doute sur ses origines : s’il possédait des yeux bridés ynoriens, bien que l’un soit sombre et l’autre clair, sa chevelure était blonde comme les blés. Lui se démarquait bien plus clairement par son équipement, dont une cotte de mailles dans un métal des plus précieux, que je n’identifiai cependant pas d’un simple regard.

Je fis un pas en direction de la tablée, sans les interrompre pour autant. Juste afin de m’assurer n’être plus dans le passage de personne. Et là, j’entendis le vieux soudard narrer une bien fantasque histoire. Une histoire de marin. Une Légende de la mer. Intrigué, je tendis l’oreille. Il était question d’une capitaine, chose rare chez leur peuple, et normalement inexistante. Une femme de leur peuple vivante était déjà une incommensurable insulte envers leur sang, mais capitaine de surcroît ! Il mentionna une caste nommée les Moissonneurs, dont le nom sonna étrangement dans mon esprit sans que je puisse y mettre le moindre sens. Apparemment, d’après les dires du vieillard alcoolisé, ils étaient la pire engeance parmi les Sang-Pourpre, s’assurant de la mort des filles nées des entrailles de leurs viols. Leur fameuse capitaine, elle, semblait rescapée d’un de leurs raids, lorsqu’elle était enfant, puis recueillie, brûlée sur une majeure partie de son corps, par une autre caste nommée la Sororité de Selina… ou quelque chose comme ça, dont l’évocation me laissa cette fois de glace.

Mon intérêt pour le récit était de plus en plus difficile à dissimuler. Mon attention était toute entière pour cet ancêtre, que je fixais sans pouvoir m’en empêcher, malgré la crainte d’attirer sur moi une attention malvenue. Il me disait vraiment quelque chose. Il avait cette chose dans le regard… Une lueur impossible à oublier. Et pourtant…

Je sursautai lorsqu’il s’étala par terre de tout son long, après avoir révélé la maîtrise de la magie de foudre de cette mystérieuse capitaine. De plus en plus intéressant. Je sentis mes doigts picoter des fluides foudroyants qui les habitaient. Je détournai rapidement le regard, le temps qu’il s’installe à nouveau. Les gens de sa tablée m’avaient sans doute aperçu, ainsi que mon évident intérêt pour son récit. Mais je devais faire en sorte qu’ils ne trouvent pas de raison d’aller plus loin en ce qui me concerne. Je me déplaçai de quelques pas, jusqu’à atteindre une pilastre dans le dos de l’homme, où je pus écouter la suite de son histoire. Celle d’une vie passée à chercher vengeance sur les Moissonneurs. Jusqu’à une mort évidente face à un ennemi plus nombreux et mieux équipé. Une histoire triste. Une histoire qui n’avait pas une fin joyeuse… Une histoire qu’il finit par conclure par le nom de cette brillante capitaine, ayant bravé mers et tempêtes pour assouvir jusqu’à la fin sa vengeance sanglante. Tali’Zorah.

Ce nom fut pour moi comme une décharge subite. Je dus me raccrocher à la pilastre pour me maintenir en équilibre pendant que des images mentales m’assaillaient, visions d’un passé aujourd’hui oublié. Tout en pensées, je vis la scène comme si j’y étais. Comme si je l’avais vécue. La capitaine dans sa combinaison entière, son casque qui vole au gré d’un coup de masse, son visage découvert, déformé par l’horreur de la haine et des brûlures anciennes. Sa mort, ensuite, inéluctable, sous des coups puissants… La hargne de l’équipage, ses suivants, ensuite. Puis, de manière plus floue, une vue embrouillée, le sang tout autour… Les embruns marins sur la peau, puis l’eau partout autour, salée, aveuglante. La douleur, la panique. Puis encore plus de flou. Puis du sombre, puis du noir. Et un brusque retour à la réalité.

Reprenant ma respiration comme si je m’étais vraiment noyé dans la réalité, je me tournai sans plus aucune discrétion cette fois vers la tablée où le marin semblait suspendu dans ses souvenirs, tanguant sur son tabouret entouré d’effluves alcoolisés. Je m’approchai de lui et accroche son regard, plantant mes yeux dans les siens.

« Quel nom avez-vous prononcé ? Tali’Zorah ? LA Tali’Zorah Vas Selhinae ? »

Je ne savais même pas d’où me venait cette précision sur son nom complet. Ma ferveur était trop intense, trop prenante, trop insoutenable et irrépressible. Le vieux loup de mer se tourna vers moi et manqua encore de choir de son assise. Il m’adressa un regard torve et répondit, peinant dans sa diction :

« Ouais ! Ouais c’ça. Tali’Zorah Vas Senila… Selhani…. Ouais. Ouais c’ça. Mais. Mais et t’es qui toi au juste ? »

Soudain, apercevant mon apparence singulière, ma peau et mes cheveux d’un noir de nuit, ou tout du moins le temps que la pièce tombe dans le centre de son intellect affligeant, il sembla soupçonneux. Mon regard se porta sur ses compagnons de table, et je repris subitement mon calme. Je devais faire bonne figure, ne pas me faire remarquer. Je levai les mains pour m’excuser et m’introduisis à eux.

« Veuillez excuser une si violente interruption, messieurs. Je me nomme Vadokan Og’Elend, voyageur et érudit. Permettez, si cela vous sied, que je me joigne à votre tablée : mon intérêt pour cette histoire est grand. Il s’agit là d’une figure légendaire, chez le Peuple Sang-Pourpre. Votre peuple… »

Je regardai alors le plus jeune des deux peaux-bleues, avant de reporter mon attention sur l’humain aux yeux vairons.

« L’on raconte qu’elle possédait des objets d’une rareté sans égal pour qui craint le feu et… manie la foudre. Il se trouve que je suis moi-même manipulateur des fluides d’éclair, aussi le sujet me touche-t-il personnellement. »

Je tus pour le moment les raisons réelles de mon intérêt pour cette histoire. J’avais trop vécu de vives et incomprises réactions face à un discours tel que je tenais évoquant le sang-ancien. Si la Reine d’Anorfain avait apporté un intérêt particulier à cette affaire, c’était parce que sa sagesse était grande. Celle de soudards d’une taverne, fut-elle ynorienne, était sans doute moindre. Mon apparence ne jouait déjà pas en ma faveur, mieux valait ne pas rehausser les risques. Je repris l’attention de la tablée en m’adressant cette fois au vieil ivrogne.

« Pourquoi narrez-vous ainsi donc son histoire ? Par simple devoir de souvenir ? Est-elle la cause de votre… état ? Et… Si vous me permettez l’indélicatesse… Quel âge avez-vous donc ? Cette légende date de plus de deux siècles : aucun humain ne vit si âgé. »

La stupeur teignait mes paroles. Dans un silence muré, j’attendis ses réponses, et les réactions des trois autres attablés.




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 Sujet du message: Re: Auberge des hommes libres
MessagePosté: Mer 20 Juin 2018 20:14 
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Dans le chapitre précédent…

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre III.1 : Tali'Zorah Vas Selhinae


Lorsque le vieillard termina son récit, Akihiko sortit de la transe dans laquelle il était. En lui, plusieurd sentiments se rencontraient: tout d'abord, un profond respect pour cette Tali qui, malgré ses lourdes blessures et son innocence bafouée, avait réussi à se venger de ses bourreaux. Pour l'enchanteur, il ne faisait aucun doute qu'elle avait été une fervente adoratrice de Valyus : l'obtention de ses pouvoirs de foudre n'était dûe qu'à la volonté de Valyus de lui donner la possibilité de se venger, de se faire justice.
Une autre émotion fut la colère.

(Comment peut on laisser un peuple faire de telles atrocités ?!)

(C'est dans leur culture Akihiko. Pour eux, c'est une tradition, une façon de vivre ancrée en eux depuis des millénaires. Cela ne leur viendrait pas a l'esprit de remettre en cause ce que leur peuple a fait depuis sa naissance, de même pour toi.)

(Au diable les traditions et ce genre de conneries. On ne peut pas tout justifier parce que "c'est la tradition", c'est trop facile. Un homme, une femme, on ne la juge pas à sa race, son sexe ou je ne sais quel caractère héréditaire. Sa valeur se juge avec ses actes.)

Amy ne dit rien de plus mais Akihiko sentit qu'elle approuvait ses paroles. La sphère qui représentait son humeur rayonnait d'une lumière jaune tirant sur le orange, signe de sa fierté et de sa determination.
Enfin, une pointe de crainte s'immisca également: Akihiko redoutait qu'Hertann, en sa qualité de sang-pourpre, ne cautionne les agissements de ces personnes que Akihiko ne considérait même plus comme humain. Il jeta un rapide coup d'oeil a ce dernier et son visage fermé et la lueur froide dans ses yeux lui donna l'impression qu'il ne devait pas porter les Moissonneurs dans son coeur.

Au cours du récit de l'ancien marin, Akihiko avait aperçu du coin de l'oeil un homme encapuchonné qui semblait s'intéresser à leur table. Pour quelle raison ? Il l'ignorait. Il prit cependant soin de poser une main sur sa bourse avant de se refaire captiver par le récit vangeur du vieux sang-pourpre. Il s'avèra que lorsqu'il prononça le de Tali'Zorah, cette même personne au visage couvert se retint brusquement au pilastre, comme prit de vertiges. Cela ne dura qu'un temps puisqu'il prit ensuite immédiatement place à la table et s'adressa directement au conteur.

« Quel nom avez-vous prononcé ? Tali’Zorah ? LA Tali’Zorah Vas Selhinae ? »

Alors que le vieil homme bafouillait un acquiescement confus, Akihiko pu observer plus en détail cette personne qui s'intégrait de lui même à la table. Il réalisa l'erreur qu'il avait commise : l'homme ne portait pass de capuche, il avait tout simplement un visage et unee chevelure aussi noire que le jais. Sa tenue de cuir, noir également, renforçait le caractère étonnamment monochrome du personnage. Ses traits étaient indéniablement ceux d'un Shaakt, mais quelque chose, une certaine épaisseur dans son faciès laissait transparaître des origines plus floues, un métissage inhabituel.

Quoi qu'il en soit, le Shaakt était une personne au vocabulaire et aux manières plus courtoises qu'il ne pourrait le laisser paraître au premier abord. Il se présenta sous le le nom de Vadokan Og'Elend, mentionna la fameuse Tali comme une figure légendaire au sein des Sang-Pourpres et reçu toute l'attention de Akihiko lorsqu'il mentionna qu'il possédait des fluides de foudre, ce qui le poussait à se mettre à la recherche de cette fameuse femme.

(Il maîtrise donc les fluides de foudre ? Maintenant que j'y pense, c'est la première fois que je rencontre une personne comme moi.)

La phrase que prononça Vadokan surpris cependant le jeune homme.

« Pourquoi narrez-vous ainsi donc son histoire ? Par simple devoir de souvenir ? Est-elle la cause de votre… état ? Et… Si vous me permettez l’indélicatesse… Quel âge avez-vous donc ? Cette légende date de plus de deux siècles : aucun humain ne vit si âgé. »

(Pour de l'indélicatesse, c'en est.) commenta pour lui-même Akihiko.

« Pourquoi qu'j'raconte c't'histoire ? Ch'ais pas, j'la raconte à qui veut l'entendre. C'date de, pff, euh, deux cents ans p't'être ? bah ouais j'suis pas humain moi, t'as d'ja vu des sang-pourpres pur toi ? Bah nan, j'suis comme les autres et comme le p'tiot là, tous des fils de viol. Moi ma mère, c't'une Sindel. Ou une Hininion, j'sais plus trop. j'l'ai pas connu très longtemps, faut dire. »

L'homme aviné sembla sombrer un temps dans des baragouinements inaudibles, laissant tout le temps au reste de la table de faire connaissance avec le nouvel arrivé.

« Bonsoir Vadokan, je me nomme pour ma part Akihiko Yoichi, fils d'Elina et Marcus Yoichi. Vous dites maîtrisé les fluides de foudre ? C'est également mon cas et vous avez évoqué que cette fameuse Tali... » Akihiko chercha un temps le nom complet qu'il avait donné quelques instants plus tard. « Tali’Zorah Vas Selhinae ? Oui c'est ça. Elle a l'air d'avoir été une grande femme, bien que le récit d'une personne aussi aviné puisse être mis en doute. Et en ça, elle m'intéresse : qu'est ce que vous pouvez nous dire sur elle ? Et sur ce fameux équipement dont vous avez parlé ? »

A suivre…

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Dernière édition par Tergeist le Lun 7 Fév 2022 16:43, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Auberge des hommes libres
MessagePosté: Jeu 21 Juin 2018 08:04 
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La soirée se poursuivit calmement autour de la table. Discutant chacun notre tour des différentes aventures que chacun avait pu vivre auparavant, Cherock en profita pour nous raconter l’histoire du marteau qu’il portait à sa ceinture et se plongea ainsi dans un monologue qui semblait ne jamais prendre fin.
Les tournées de bières s’enchainaient et l’alcool commençait à se faire ressentir. Désireux de ne pas briser un rythme si bien établi, je me préparai à commander une nouvelle tournée et cherchait la serveuse du regard. C’est une silhouette encapuchonnée que je vis à la place, marchant vers notre table d’un pas hésitant, surement dû à l’alcool. Celui-ci se présenta comme le plus grand magicien de tout Oranan et sorti un jeu de carte tâchées et déchirées.
Daerius connaissait mes talents de joueur de cartes, me regarda l’air amusé. Je faisais souvent des tours de magie le soir avec l’équipage de la Mouette lorsque j’étais encore second. Ce dernier mot sonna étrangement dans mes pensées. J’avais encore du mal à me faire à la mort de mon ancien capitaine.
Ne me laissant pas défiler et bien décidé à montrer à Cherock mes talents de joueurs, je me concentrais sur chaque tour de magie que le vieux Sang-Pourpre pouvait nous faire. A ma grande surprise, le vieil homme se débrouillait vraiment bien, mais la chance n’était pas avec lui. J’avais déjà appris tous ses tours et je connaissais donc leur secret que je révélais à tous pour taquiner le magicien.
Le vieux Sang-Pourpre ne se laissa pas démonter par ses échecs et décida de changer de sujet. Saisissant un tabouret de la table voisine, il s’assit en bout de table afin que tous puissent l’entendre.

"Z’êtes pas dupé par mes tours d’passe-passe, mais j’vais vous dire un truc, j’étais meilleur quand j’tais encore sur mon bateau. «’Fin, avant qu’il coule quoi. Puis la captain’, c’était quelqu’chose. C’grâce à elle qu’j’suis toujours là. Mais bon, elle sauv’ra plus personne, maint’nant qu’elle est plus là. Vous v’lez écouter mon histoire ?"

Je m’apprêtais à acquiser, les histoires de capitaine et de navires me passionnaient, mais je n’eut pas le temps de lui répondre qu’il retirait sa capuce révélant le visage abimé d’un Sang-Pourpre à l’âge bien avancé.

(Un Sang-Pourpre ici ?) M’étonnais-je intérieurement. Cela devait faire une dizaine d’années que je n'en avais pas croisé un seul. Pour une surprise, elle était de taille. Je lui donnais ainsi toute mon attention, portant encore plus de crédit au récit qu’il racontait.

"C’tait y a des années maint’nant. La captain’, c’était une dure à cuire, dans tout l’sens du terme. Savez c’que c’est un Moissonneur ? Toi le Sang-Pourpre t’dois savoir."

L’évocation de ce mot me fit frissonner. Ce groupe était constitué de l’élite des Sang-Pourpre et sillonnait les villages à la recherche des enfants désigné comme trop faibles, des petites filles le plus souvent. Chez les Sang-Pourpres, les adultes se servaient de ces histoires pour faire peur aux plus jeunes et je me rappelle encore lorsque ma mère adoptive me menaçait d’appeler les Moissonneurs si je lui manquais de respect.

"Mais toi mon garçon ?" Dit il en s’adressant maintenant à Cherock. "Nan nan nan tu sais pas : L’sang pourpres, les vrais, les purs sangs, z’aiment pas les filles sang-pourpres. Pas du tout du tout. Alors c’qu’ils font quand z’ont violé une pov’ bonne femme et qu’elle à une p’tite fille, bah ils la zigouillent, voilà. Sauf qu’y a des femmes plus malines que d’autres, et y en a une qu’a sauvée sa fille d’la mort la première fois. C’te gamine, c’tait la captain’. Mais voilà, y a les Moissonneurs."

Crachant par terre à l’évocation de ce nom, le vieux Sang-Pourpre termina son histoire dans un long monologue retraçant l’histoire de la dénommée Tali’Zorah, son ancien capitaine. Echappant de justesse aux Moissonneurs, elle aurait été recueillie par des femmes Earion appartenant à un groupe nommé la Sonorité de Selina. Je n’avais jamais entendu parler de ce regroupement mais il n’s’agissait ici que d’un détail, aussi n’y prêtais-je pas trop attention.
Ces femmes réussirent à sauver la Sang-Pourpre en lui donnant une combinaison pour la protéger et un masque pour respire et lui apprirent les arts de la magie de foudre.

Le vieux Sang-Pourpre se leva brusquement de sa chaise, mimant une bataille et projetant ses paumes dans toutes les directions imitant des jets d’éclairs. L’alcool et la vieillesse ne faisant pas bon ménage, l’homme trébucha et se retrouvé allongé sur le sol.

"c’rien, c’rien, juste la tête qui gigote." Lâchait-il tout en se réinstallant sur son tabouret avant de clore son histoire.

"La captain, l'a jamais oublié l'Moissonneurs. Ah ça non, jamais. 'Lors quand elle a eu l'moyens de partir, ell'a quitté le truc là, la Soronité de machin, pi elle a prit la mer. L'a recruté des bonhommes, pi elle s'est mise a traquer les Moiss'neurs. Dès qu'l'en trouvait un bateau, elle l'attaquait et elle f'sait la peau à ses bâtards. Et s'trouve qu'sur un d'ses bateaux, y avait moi, tout gamin. Parfois ils s'amusaient à chopper l'gamins dont la tête leurs r'venait pas ou qu'ils trouvaient trop fillette. J'tais un peu maigre dans l'temps, alors z'ont trouvé marrant d'm'enlever pour s'amuser avec moi avant d'me liquider. Mais la captain' m'a sauvée, alors j'l'ai suivit. Ouaip, j'lui devais la vie quand même. j'ai grandi sur son bateau, on coulait des Moissonneurs, sauver des gosses quand y en avait, des héros quoi.
Puis n'est tombé sur l'bateau de trop. L'Moissonneurs nous craignaient, z'étaient d'plus zen plus armés les salauds. Puis à un moment, l'masque de la captain' a volé à cause d'un coup d'masse. L'avait b'soin d'se masque pour respirer, alors le perdre ç'la faisait s'touffer. Et l'même salaud a profité d'sa faiblesse pour lui r'balancer un coup d'masse. Morte sur l'coup, la captain'. On a fait payer c'te raclure, mais rien nous fera rev'nir not' captain' Tali'Zorah."


Décidément, le vieil homme avait vécu des évènements exceptionnels. Ces histoires de magies de foudres avaient dû plaire à Cherock, chose qui se confirmait lorsque je le vis la bouche entrouverte en train de regarder l’ancien marin. Il avait dû boire les paroles du Sang-Pourpre plus vite que Daerius n’avait dû boire sa bière m’amusais-je. Il faut dire que ce récit m’avait bien intéressé aussi même si le souvenir des Moissonneurs n’était pas des plus plaisant.

Le Sang Pourpre venait à peine de terminer son récit qu’un nouvel invité vint s’asseoir à notre table.

"Quel nom avez-vous prononcé ? Tali’Zorah ? LA Tali’Zorah Vas Selhinae ?"

Cet personne ne perdait décidément pas de temps. Je jetais un regard en direction de Cherock mais il semblait tout aussi surpris que moi de l’apparition de cette personne. Je ne l’avais, pour ma part, pas du tout repéré avant son intervention.
Le vieux Sang-Pourpre acquiesça devant cette question précipitée et semblait lui aussi étonné d’attirer une nouvelle personne dans son histoire. L’étranger en question possédait un physique assez inquiétant. La couleur noire de ses cheveux semblait ne faire qu’un avec le reste de son corps tout aussi sombre. Il ressemblait aux Shaakt dont j’avais vu certaines représentations dans un livre et je le soupçonnais donc d’en être un. Sa tenue de cuir ne contrastait en rien avec l’allure lugubre de ce personnage. Le Shaakt semblait remarqué les différents regards étonnés que nous lui portions et s’excusa rapidement afin de se présenter.

"Veuillez excuser une si violente interruption, messieurs. Je me nomme Vadokan Og’Elend, voyageur et érudit. Permettez, si cela vous sied, que je me joigne à votre tablée : mon intérêt pour cette histoire est grand. Il s’agit là d’une figure légendaire chez le peuple Sang-Pourpre. Votre peuple…"

Le regard de Vadokan se posait sur moi au même moment qu’il prononçait ces derniers mots. Celui-ci continua sur sa lancée

"L’on raconte qu’elle possédait des objets d’une rareté sans égal pour qui craint le feu et… manie la foudre. Il se trouve que je suis moi-même manipulateur des fluides d’éclair, aussi le sujet me touche-t-il personnellement."

(Allons bon, encore un magicien. Plus personne ne sait se battre avec une lame dans cette ville ou bien ?) Deux étrangers sur les trois que je venais de rencontrer étaient donc des magiciens maniant la foudre.
Sa dernière phrase cependant, ne fut pas des plus délicate. Elle avait au moins le mérite d’être clair.

"Pourquoi narrez-vous ainsi donc son histoire ? Par simple devoir de souvenir ? Est-elle la cause de votre… état ? Et… Si vous me permettez l’indélicatesse… Quel âge avez-vous donc ? Cette légende date de plus de deux siècles : aucun humain ne vit si âgé."

Le vieux Sang-Pourpre ne parût pas se vexer après cette approche plutôt directe. Au contraire, celui-ci semblait même ravi d’avoir enfin pu trouver quelqu’un avec qui discuter.

"Pourquoi qu’j’raconte c’t’histoire ? Ch’ais pas, j’la raconte à qui veut l’entendre. C’date de, pff, euh, deux cents ans p’t’être ? Bah ouais j’suis pas humain moi, t’as d’ja vu des Sang-Pourpres purs toi ? Bah nan, j’suis comme les autres et comme le p’tiot là, tous des fils de viols. Moi ma mère, c’t’une Sindel. Ou une Hininion, j’sais plus trop. J’l’ai pas connue très longtemps, faut dire."

Je comprenais ces paroles. Nous avions probablement connu la même enfance, du moins, jusqu’à mon passage par-dessus bord et mon adoption dans une famille de fermiers. Je n’avais pas non plus connu ma mère, ou ne m’en rappelai-je peut être pas. Elle a probablement dû finir exécutée, de la même manière que toutes les autres.
Cherock s’adapta plus rapidement à la situation et entreprit de répondre au Shaakt qui venait de faire irruption dans la conversation.

"Bonsoir Vadokan, je me nomme pour ma part Cherock O’Fall, fils d’Elina et Marcus O’Fall. Vous dites maîtriser les fluides de foudre ? C’est également mon cas et vous avez évoqué que cette fameuse Tali…, Tali’Zorah Vas Selhinae ? Oui c’est ça. Elle à l’air d’avoir été une grande femme, bien que le récit d’une personne aussi aviné puisse être mis en doute. Et en ça, elle m’intéresse : qu’est ce que vous pouvez nous dire sur elle ? Et sur ce fameux équipement dont vous nous avez parlé ?"

Décidément, cette conversation prenait une tournure des plus inattendues. Nous étions venus dans cette auberge en espérant y contracter un marché potentiel et voila qu’un vieux pirate nous parlait de son ancienne capitaine. Bien lancés dans leur discussion, je préférais laisser Cherock mener la conversation. Moins ces deux étrangers pouvaient en apprendre sur mon équipage et moi, mieux ce serait. Je restais toutefois très attentif à la réponse du Shaakt. S’il venait à y avoir une chance de gagner quelques Yus, il fallait que je sois sur le coup.
Daerius se rapprochait lui aussi du Shaakt en s’accoudant sur la table.

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 Sujet du message: Re: Auberge des hommes libres
MessagePosté: Sam 23 Juin 2018 11:47 
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Les réactions à mon intervention furent diverses, mais toutes mesurées. Je n’avais pas face à moi d’incorrigibles abrutis racistes aux préjugés profond. Le vieillard des mers répondit sans demander son reste à ma question, par quelques baragouinements inaudibles dont je pus cependant sortir l’essentielle moelle.

« Pourquoi qu'j'raconte c't'histoire ? Ch'ais pas, j'la raconte à qui veut l'entendre. C'date de, pff, euh, deux cents ans p't'être ? Bah ouais j'suis pas humain moi, t'as d'ja vu des sang-pourpres pur toi ? Bah nan, j'suis comme les autres et comme le p'tiot là, tous des fils de viol. Moi ma mère, c't'une Sindel. Ou une Hininion, j'sais plus trop. j'l'ai pas connue très longtemps, faut dire. »

Tout devenait plus clair : c’était un sang-mêlé. Un semi-elfe. Les traits Sang-Pourpre, forts, prenaient le pas sur ceux des races avec lesquelles ils copulaient, souvent de force. J’opinai sentencieusement du chef alors qu’il poursuivait en propos presque incompréhensibles de vaines paroles avinées. Le blond de la tablée intervint alors, sans trop respecter ces borborygmes ineptes, et se présenta sous le nom de Cherock O’Fall, précisant même son ascendance. Chose que je ne faisais jamais… n’ayant aucune sorte de respect pour mon violeur de père et ma garce de mère. Il n’attendit ensuite guère, et ne tarda pas à rentrer dans le vif du sujet sans tourner autour du pot. Tel l’aventurier chevronné que je le devinais être, il s’intéressait à Tali’Zorah et à son équipement. Il précisa manier, lui aussi, les fluides de foudre. Un curieux geste du destin : ceux-ci n’étaient pas les plus communs. Les deux autres n’étaient guère bavards, et se plaçaient en analystes de la situation, préférant pour le moment garder le silence. Je reportai donc mon attention sur Cherock pour lui répondre, sincèrement.

« Je… je dois bien avouer n’en savoir guère plus. Mes souvenirs à ce sujet sont quelque peu rouillés. À l’instar de ce Sang-Pourpre, je ne suis plus tout jeune, et ces détails sont aujourd’hui pour moi fort lointains. D’une jeunesse oubliée. »

Ce n’était qu’à moitié vrai, mais autant ne pas entrer dans les détails pour l’heure. Je donnai cependant les rares précisions qui me revenaient.

« Elle était, tel qu’il l’a décrite, une femme de l’ethnie des Sang-pourpre, bien que rien ne le laissait voir, puisqu’elle portait en permanence un masque. Elle dédia sa vie, et sa mort, à la chasse aux Moissonneurs. Son équipement reflétait ce qui était le plus efficace contre ces chasseurs des mers. La foudre contre des créatures de l’eau. Et des protections contre le feu dont ils usaient volontiers pour carboniser leurs victimes. »

C’était peu. Je devrais peut-être, si l’aventure nous poussait à investiguer davantage sur ce sujet, faire appel à des forces magiques pour débloquer ces souvenirs d’une mémoire passée. Je tentai pour l’heure de les déclencher via d’autres moyens, plus classiques, et me tournai vers le vieux loup de mer.

« Décrivez-moi cette bataille. Où se déroulait-elle ? Quel en était le contexte ? L’on disait le navire de Tali’Zorah insubmersible. Elle était une démone des mers, coulant tous les Moissonneurs qu’elle croisait. Comment sont-ils parvenus à venir à bout d’elle ? »

Le vieillard sembla rassembler une dernière goutte de lucidité dans ses yeux usés, et posa une main sur mon épaule, geste qui déclencha chez moi, et malgré moi, un frisson de recul. Je n’aimais guère qu’on pénètre ma bulle. Je le laissai faire, cependant, pour écouter son récit.

« Hé bah fiston. C’éta… hips. C’était la plus graaaande b’taille navale qu’j’ai vue d’ma vie. Juré craché ! »

Il s’exécuta et racla l’arrière de sa gorge pour mollarder le sol de la taverne, sous mon regard écœuré. Il fallait bien être un marin pour produire de telles huîtres. Il poursuivit.

« C’était au nord de l’baie de Bouhen J’m’rappelle bien. Trois ans qu’j’servais sous ses ordres, à la cap’taine. Ou p’t’être cinq. Enfin… On avait coulé plus de navires de moissonneurs qu’j’ai d’doigts à mes mains. Pour sûr qu’elle était forte, pis qu’ses éclairs foutaient les foies à ces sales pirates. Tell’ment qu’à la fin, alors qu’y sont normalement des équipages indépendants, y s’sont ligués contre elles et lui ont tendu une putain d’embuscade, ouais. Pas moins d’six rafiots. P’t’être dix, qui nous attendaient là en nous encerclant. On était foutus, ça ouais. Mais la cap’taine, elle était pas du genre à s’laisser faire. Pour sûr qu’on en a coulé pas loin d’la moitié avant qu’l’un d’eux ait pu nous harponner. Puis nous aborder. »

Il décrivait une bataille d’une rare violence. Je le questionnai.

« Comment vous en êtes-vous tiré, si même votre capitaine a trouvé la mort ce jour-là ? »

Il enlève sa main de mon épaule et prend un ton plus encoléré.

« Hey, va pas insuni…insénu…. Insinuer que j’l’ai trahie c’clair ? Une fois qu’elle a été tuée, moi j’me suis débattu comme un ours, mais y z’étaient trop nombreux, alors ils m’ont envoyé par-dessus bord. Ou… Ou p’t’être que j’ai sauté moi-même. Pis bah, j’me suis raccroché à une planche qui flottait, un débris d’rafiot moissonneur. Pis j’ai dérivé jusque sur les côtes de l’Ynorie. Pis bah j’ai plus jamais entendu parler d’cette affaire. Et d’puis, d’puis, j’bois à la santé d’la cap’taine. Pour oublier, pis honorer sa mémoire. »

Cette dernière partie du discours n’avait pas grand sens pour moi, mais je le laissai dire sans plus le contrarier. Je me tournai vers les trois autres, également curieux.

« Excusez ma curiosité, mais comment vous trois vous êtes-vous retrouvés attablés ensembles, ici ? Vous formez un bien curieux groupe, bien que je sois mal placé pour parler de curiosités. »

Je leur fis un clin d’œil, rapport à mon physique particulier. Mais ce que je disais n’en avait pas moins de sens : un humoran, un mage de foudre et un sang-pourpre, c’était un bien curieux groupe.



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MessagePosté: Dim 1 Juil 2018 07:28 
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"Je … dois bien avouer n’en savoir guère plus. Mes souvenirs à ce sujet son quelque peu rouillés. A l’instar de ce Sang-Pourpre, je ne suis plus tout jeune, et ces détails sont aujourd'hui pour moi fort lointains. D’une jeunesse oubliée."

Décidément, ce Vadokan devait avoir vécu de grandes aventures s’il était aussi vieux qu’il le prétendait. Il semblait avoir très bien connu la capitaine Sang-Pourpre ce qui se confirmait au fur et a mesure de son récit.
Le vieil homme dont on ne connaissait toujours pas l’identité posa une main sur l’épaule de Vadokan, qui semblait éprouver un léger recul au niveau du contact avec un étranger.

"Hé bah fiston. C’éta… hips. C’était la plus graaaaande b’taille navale qu’j’ai vue d’ma vie. Juré craché !"

Prenant ses mots au pied de la lettre, le vieux Sang-pourpre cracha un mollard digne de ce nom sur le sol de la taverne. Ce geste très courant sur les navires n’en restait pas moins déplacé à l’intérieur d’une auberge. Cela ne semblait pas l’interrompre et il continua dans sa lancée.

"C’était au nord de l’baie de Bouhen J’m’rappelle bien. Trois ans qu’j’servais sous ses ordres, à la cap’taine. Ou p’t’être cinq. Enfin… On avait coulé plus de navires de moissonneurs qu’j’ai d’doigts à mes mains. Pour sûr qu’elle était forte, pis qu’ses éclairs foutaient les foies à ces sales pirates. Tell’ment qu’à la fin, alors qu’y sont normalement des équipages indépendants, y s’sont ligués contre elles et lui ont tendu une putain d’embuscade, ouais. Pas moins d’six rafiots. P’t’être dix, qui nous attendaient là en nous encerclant. On était foutus, ça ouais. Mais la cap’taine, elle était pas du genre à s’laisser faire. Pour sûr qu’on en a coulé pas loin d’la moitié avant qu’l’un d’eux ait pu nous harponner. Puis nous aborder."

La description du Sang-Pourpre était digne des batailles que l'on racontait dans les légendes. Cette Tali portait vraiment bien son titre de démone des mers pour que les Moissonneurs se liguent contre elle.

"Comment vous en êtes-vous tiré, si même votre capitaine a trouvé la mort ce jour-là ?"

La question posée était lourde de sens. Je m'attendais à une réponse fulgurante de la part du vieil homme et je ne fus pas déçu, bien que l'alcool lui retirait toute crédibilité dans le ton de son discours.

"Hey, va pas insuni…insénu…. Insinuer que j’l’ai trahie c’clair ? Une fois qu’elle a été tuée, moi j’me suis débattu comme un ours, mais y z’étaient trop nombreux, alors ils m’ont envoyé par-dessus bord. Ou… Ou p’t’être que j’ai sauté moi-même. Pis bah, j’me suis raccroché à une planche qui flottait, un débris d’rafiot moissonneur. Pis j’ai dérivé jusque sur les côtes de l’Ynorie. Pis bah j’ai plus jamais entendu parler d’cette affaire. Et d’puis, d’puis, j’bois à la santé d’la cap’taine. Pour oublier, pis honorer sa mémoire."

Semblant satisfait par la réponse apportée, Vadokan s'orienta dans notre direction.

"Excusez ma curiosité, mais comment vous trois vous êtes-vous retrouvés attablés ensembles, ici ? Vous formez un bien curieux groupe, bien que je sois mal placé pour parler de curiosités."

Il avait accompagné sa phrase d'un clin d'œil assez significatif. Il était vrai que lui aussi possédait un physique assez atypique. Il devait avoir du mal à passer inaperçu.

"Je suis Hertann et voici Daerius » Annonçais-je tout en désignant l’Humoran qui était assis à mes côtés. « Je suis le capitaine de la Mouette, une goélette tout juste amarrée à Oranan en fin d’après-midi et Daerius fait partie de l’équipage. Nous sommes venus de Bouhen dans l’espoir de trouver quelques cargaisons, ou d’autres sources potentielles de Yus. Cherock est venu à notre rencontre alors que nous venions à peine d’amarrer. Nous sommes venus discuter ici d’un accord potentiel et je pense que nous sommes plutôt bien partis. Nous étions en train de profiter de la fin de soirée quand ce vieil homme est venu à notre table pour essayer de nous divertir."

Le vieux Sang-pourpre ne nous écoutait pas, semblant perdu dans ses pensées après avoir ressassé tous ces vieux souvenirs.

"Son histoire me rappelle les légendes que l’on racontait dans mon clan lorsque j’étais jeune. Des récits épiques avec de grandes batailles, des abordages…
Tu semble l'avoir bien connue cette Tali, tu faisais partis de son équipage?"


Je n'osait pas lui demander son âge mais sa réponse me donnerait probablement une idée à cette question.

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MessagePosté: Dim 1 Juil 2018 19:50 
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L’homme à la peau bleue, le jeune, ouvrit enfin la bouche pour daigner se présenter, lui et son compagnon poilu. Hertann et Daerius. Deux marins, d’après ses dires, voguant sur un navire nommé la Mouette, amarré à Oranan depuis le jour-même. Le Sang-Pourpre en était le capitaine, et disait venir de Bouhen pour quérir quelque contrat marchand de fret. Pas un pirate, donc, à moins que ça ne fut qu’une couverture. Il discutait avec le dénommé Cherock lorsque le vieux Sang-Pourpre les eut interrompus.

Il affirma avoir apprécié les légendes narrées par le vieil ivrogne, lui rappelant les récits épiques de son enfance. J’opinai du chef. Les pirates Sang-Pourpres aimaient abreuver leur progéniture de récits de légendes sur des aïeux héroïques pourfendant vagues et ennemis. Une sorte de formation de tradition orale tout à fait originale et respectable.

Il me demanda quelque précision sur mon implication concrète dans toute cette histoire. Je choisis une fois de plus de rester vague et sincère, sans donner trop d’information.

« Non. Non, je ne suis pas si âgé. Ce sont des informations que j’ai récoltées de mon vivant : j’ai beau avoir du sang elfique, moi aussi, je n’ai guère plus de cent-onze ans. Ces événements datent de bien avant ma naissance. »

Puis, tentant de changer habilement de sujet, je me penchai vers lui et son collaborateur ynorien pour demander :

« Dites. Si cette histoire et ces artefacts anciens vous intéressent autant que vous semblez le montrer, pourquoi ne pas nous associer pour retrouver l’épave du navire coulé de Tali’Zorah et en découvrir les secrets cachés depuis si longtemps ? »

Une expédition un peu folle. Une idée lancée comme une bouteille à la mer. Si elle trouvait une réponse, j’aurais un but. Une nouvelle étape dans ma recherche du passé. Dans ma quête du Sang Ancien.



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 Sujet du message: Re: Auberge des hommes libres
MessagePosté: Dim 1 Juil 2018 21:36 
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Dans le chapitre précédent…

Deuxième Arc : L’art de faire parler la Foudre

Chapitre III.2 : Tali'Zorah Vas Selhinae


Vadokan regarda Akihiko avant de lui répondre que comme le vieil ivrogne, il n'était pas tout jeune et ne se souvenait que de brides d'une jeunesse révolue. L'enchanteur eu des doutes sur sa prétendue vieillesse. Certes, les Shaakts avaient une longévité remarquable, mais Akihiko devinait un métissage chez lui, bien qu'il n'arrivait pas à déterminer l'autre parenté raciale.

(Peut être Garzok ? Il avait des traits quelques peu épais.)

(Mmmh, je pense aussi. De plus, les Shaakts n'ont que rarement les cheveux noirs comme lui les as. Et il n'a pas vraiment l'air d'avoir quelques centenaires de vie derrière lui.) ajouta Amy, dont la chevelure verte indiquait une grande curiosité pour le débat en cours.

(Attendons de voir comment tout cela évolue.)

Vadokan poursuivit sa description de la défunte Tali, décrivant l'équipement qu'elle portait sans donner beaucoup plus d'informations que ce qu'il n'avait déjà. (Un petit tour à la bibliothèque d'Oranan pourrait peut être m'en apprendre plus sur elle.) pensa Akihiko avant de se raviser. Il doutait qu'un tel ouvrage ai pu être écrit sur une femme qui devait friser avec la loi et qui était de toute évidence très mystérieuse. Son informateur, bien que sérieusement aviné, lui permettrait surement de lui en apprendre plus que ce qu'il pourrait trouver dans des livres.

Vadokan se tourna d'ailleurs vers lui pour lui demander plus de précision sur les conditions de la mort de Tali. Celui-ci posa une main sur l'épaule du Shaakt qui frissonna au contact. Un baragouinement plus tard, l'ex marin se lança dans une description de la bataille qui avait été la dernière de la chasseuse de Moissonneurs.

« C’était au nord de l’baie de Bouhen J’m’rappelle bien. Trois ans qu’j’servais sous ses ordres, à la cap’taine. Ou p’t’être cinq. Enfin… On avait coulé plus de navires de moissonneurs qu’j’ai d’doigts à mes mains. Pour sûr qu’elle était forte, pis qu’ses éclairs foutaient les foies à ces sales pirates. Tell’ment qu’à la fin, alors qu’y sont normalement des équipages indépendants, y s’sont ligués contre elles et lui ont tendu une putain d’embuscade, ouais. Pas moins d’six rafiots. P’t’être dix, qui nous attendaient là en nous encerclant. On était foutus, ça ouais. Mais la cap’taine, elle était pas du genre à s’laisser faire. Pour sûr qu’on en a coulé pas loin d’la moitié avant qu’l’un d’eux ait pu nous harponner. Puis nous aborder. »

Les capacités de destruction de Tali impressionnèrent Akihiko. Avec sa puissance actuelle, il pouvait sans problème faire brûler des voiles de bateau. En revanche, il doutait de pouvoir couler littéralement un bateau en s'attaquant à la coque ou au mât. Ou alors il devait utiliser toute sa puissance, mais cela limiterai le nombre de bateau qu'il pouvait envoyer par le fond.

(Il faut dire que tu n'as jamais essayé de faire éclater des planches de bois avec tes éclairs.) fit remarquer à juste titre sa Faera.

Vadokan demanda ensuite comment le vieux loup de mer avait-il pu s'en sortir vivant alors qu'ils étaient en aussi mauvaise posture. Il prit cela pour une insinuation à de la couardise et s'énerva un peu avant de reprendre son récit. Après la mort de sa capitaine, il avait fini à l'eau dans des circonstances qui restaient floues même pour lui. Il avait survécu en s'accrochant à un débris flottant d'un navire Moissonneur, puis avait dérivé jusqu'aux côtes d'Ynorie où il avait échoué. Il s'était alors mit à boire, encore et encore. A la santé de sa capitaine perdue.

Visiblement moins intéressé par cette partie de l'histoire, Vadokan se tourna vers Akihiko, Daerius et Hertann.

« Excusez ma curiosité, mais comment vous trois vous êtes-vous retrouvés attablés ensembles, ici ? Vous formez un bien curieux groupe, bien que je sois mal placé pour parler de curiosités. »

Il ponctua sa phrase d'un clin d'oeil amusé. Akihiko trouva la question légitime, leur groupe ayant bien une composition des plus atypiques. Alors qu'il s'apprêtait à répondre, Hertann prit la parole. Il se présenta lui ainsi que Daerius et dit être à la recherche de quelque moyen d'obtenir quelques Yus. Leur rencontre se déroulant bien, ils étaient arriver sur un potentiel accord et profitaient dès lors du repas quand le vieil homme était arrivé. Il ajouta ensuite avec un peu de nostalgie qu'il avait déjà entendu parler de tel récits au sein de son peuple, ce qui sembla logique pour Akihiko venant d'un peuple de marins. Il posa ensuite la question que le jeune homme se posait également.

« Tu sembles l'avoir bien connue cette Tali, tu faisais partie de son équipage? »

Ce point intriguait également l'enchanteur, mais pas pour les mêmes raisons. Il semblait trop jeune pour avoir fait partie d'un équipage ayant vogué il y a de cela deux cents ans voir plus. En revanche, il était curieux de savoir la raison pour laquelle il semblait aussi au courant à son sujet. Il ne tarda pas à avoir une réponse de Vadokan.

« Non. Non, je ne suis pas si âgé. Ce sont des informations que j’ai récoltées de mon vivant : j’ai beau avoir du sang elfique, moi aussi, je n’ai guère plus de cent-onze ans. Ces événements datent de bien avant ma naissance. »

Cette explication ne satisfit Akihiko qu'à moitié. S'il donnait quelques informations à son sujet en donnant son âge, il restait néanmoins relativement vague, un peu trop a son goût.

(Il ne nous dit pas tout.)

(Je ne peux qu'être d'accord avec toi. Mais bon, continuons de voir où ça va nous mener et on avisera à ce moment là.)

Il abonda dans ce sens et Vadokan fit alors une proposition des plus étonnantes.

« Dites. Si cette histoire et ces artefacts anciens vous intéressent autant que vous semblez le montrer, pourquoi ne pas nous associer pour retrouver l’épave du navire coulé de Tali’Zorah et en découvrir les secrets cachés depuis si longtemps ? »

C'était inattendu mais pas dénué de bon sens. Akihiko connaissait suffisamment la géographie continentale pour savoir que Bouhen se trouvait sur leur chemin et donc pouvait servir d'escale à leur voyage, le temps de chercher cette fameuse épave.

Epave ?

« L'objectif de ma requête au capitaine Hertann était d'aller à la ville de Shory, tout à l'est du continent. J'y cherche un certain maître de foudre, Frans, qui pourrait m'enseigner sur l'utilisation de mes fluides de foudre. J'aimerai en effet parfaire ma maîtrise de ceux-ci. Et si ce bateau a effectivement couler au fond d'une baie au nord de Bouhen, cela se trouve effectivement sur notre chemin. Mais... Un point me chiffonne. Quand bien même nous trouverions où cette épave a coulée, comment pourrions nous y accéder ? Aucun de nous n'a les branchies d'un Earïon et je ne pourrai pas retenir ma respiration suffisamment longtemps pour explorer les fonds marins. »

(L'aéromancie permettrai de rendre de telles choses possible.) l'interrompit mentalement Akihiko, qui prit un air songeur pour ne pas paraître pour une personne étrange à se figer tout à coup. Autour de lui, l'ambiance de la taverne battait toujours son plein, bien que sa population commençait peu à peu à se disperser.

(Amy ?)

(Il existe des sorts de manipulations d'air qui permettent à des personnes de nager sous l'eau grâce à une bulle d'air. C'est un sort basique, mais pour que le lanceur puisse l'apposer à d'autres personnes que lui même, il lui fait une maîtrise relativement poussée de l'aéromancie.)

(Ca m'a l'air tout à fait viable ! Mais un tel mage ne doit pas se trouver aussi facilement que ça.)

(Les prêtres de Rana maîtrisent pour la plupart les fluides d'air, il n'est pas impossible que certains d'entre eux aient les compétences nécessaires. Après, il faudra quand même le convaincre de nous bien vouloir nous aider.) propose la Faera.

(Le temple de Rana a une dette envers moi depuis que je suis parti à la recherche de la Faerunne pour eux. Cela la pourra certainement m'aider. Pour l'heure...)

Akihiko se ressaisit et regarda ses quat... trois interlocuteurs, le loup de mer s'étant écroulé sur la table en ronflant bruyamment.

« J'ai peut être une idée pour remédier à ce problème, ce serait de faire appel aux services d'un aéromancien. Certains pourraient nous aider à respirer sous l'eau avec une bulle d'air, mais de tels mages ne courent pas les rues. Je peux me renseigner, mais il serait sage de chercher une autre solution. » Akihiko se leva, bailla légèrement puis s'adressa à Hertann. « Mais tout d'abord Hertann, es-tu d'accord pour que notre voyage fasse également cette recherche sur le trajet ? Et tiens en y pensant, peut-être es-tu au courant d'une quelconque façon d'explorer les fonds aquatiques, toi qui es marin ? »

A suivre…

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 Sujet du message: Re: Auberge des hommes libres
MessagePosté: Dim 8 Juil 2018 22:42 
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La lumière du soir


L’apprenti m’annonce la somme d’argent à fournir en échange de cette lame de bonne facture. Cent quatre yus. Encore une belle somme d’argent, mais me voilà de nouveau armé et préparé si une nouvelle mésaventure devait subvenir dans un avenir proche. Cela ne devrait heureusement pas arriver sur le champ au vu de l’importante milice parcourant les rues de la ville. Mais mieux vaut prévenir que guérir. Je dépose la somme demandée sur le comptoir. Le jeune employé range les pièces dans un coffret et me remercie de l’achat. J’accroche le sabre rangé dans son fourreau à ma ceinture, le salue et quitte la boutique.

Une fois de retour dans la rue, je constate que nous sommes déjà au soir. Le soleil couchant pare le ciel de reflets orangés et l’air s’est rafraichi. La journée a été bien remplie et je pense qu’il est temps pour moi de gagner l’auberge où Sarenrae doit déjà être depuis le milieu de l’après-midi. J’en profite pour flâner tranquillement dans les rues sur le chemin. Les marchands commencent à replier leurs articles et l’ambiance s’est calmée tout à l’heure. Sul les miliciens continuent leur rondes. Cela faisait depuis longtemps que je ne m’étais pas promené ainsi dans les rues d’une ville, les miliciens de Bouhen ayant préféré me maintenir à l’intérieur du bâtiment à accomplir diverses corvées. Cette ambiance sûre et sereine me change aussi de ces dernières semaines passées en pleine nature, même si je sais qu’au fond de moi, je ne demande qu’à y retourner le plus rapidement possible.

Mes pas me mènent facilement et sans réfléchir jusqu’à la place où se trouvait la maison de la liseuse de rêves. Un frisson parcourt mon échine. Cet endroit était vraiment trop étrange. Je passe machinalement une main dans mon sac et sens au bout de mes doigts la mèche de cheveux donnée par l’inquiétante femme. Il ne faut pas que j’oublie les consignes données cette nuit pour enfin comprendre la signification de mes songes. Je continue mon chemin et emprunte la rue dans laquelle j’ai laissé mon amie plus tôt dans la journée. Celle-ci est déserte et doit indiquer que les habitants doivent tous être chez eux en famille à manger. Après quelques minutes de marche j’arrive devant une bâtisse plus haut que les classiques habitations. Un groupe de personnes dont le physique et l’accoutrement indiquent qu’elles ne sont pas d’ici, et que je me plais à identifier comme aventuriers ou mercenaires, entre dans la bâtisse. Je pense que je suis au bon endroit. Je leur emboite alors le pas.

Je débouche dans une large salle meublée de nombreuses tables où sont attablées de nombreux groupes en train de manger ou de boire des plats qui me sont inconnus. Quelques têtes se soulèvent à mon entrée mais reprennent rapidement leurs conversations. Mon allure ne doit pas détonner avec ce à quoi les résidents de cet auberge doivent être habitués. Je me rapproche de ce qui semble être l’accueil de l’endroit et demande une chambre à louer pour la nuit. Mon estomac émet quelques gargouillis pour me rappeler qu’il est l’heure de dîner. J’en profite alors pour commander un plat peu onéreux et de composition inconnu. Je demande s’il est possible de manger dans la chambre, n’ayant pas particulièrement envie d’être sociable ce soir-là.

Une jeune fille réservée m’accompagne jusqu’à ma chambre et me fait comprendre que mon repas me sera apporté dans quelques minutes. La chambre est minuscule et chichement meublée, un matelas trône au milieu de la pièce avec pour seules amies une petite table et une chaise, mais cela suffira amplement pour la nuit. Je retire mon kimono et effectue un brin de toilette à l’aide d’un pot d’eau présent sur la table. J'en profite, tant que j'y pense encore, de glisser la mèche de cheveux de la liseuse de rêve sous mon oreiller. Quelqu’un toque alors à ma porte. Je fais coulisser cette dernière constituée d’un cadre de bois et de papier opaque. La même jeune fille d’il y a quelques instants tient dans ses main un bol contenant mon repas. Je la remercie d’un signe de tête et part m’installer sur le matelas après avoir refermé la porte.

Je m’assois en tailleur sur le lit et commence à avaler mon repas. J’en profite pour sortir les deux fioles acquises plus tôt dans la journée et je les pose en face de moi, ne sachant pas exactement quoi en faire. Je les contemple toutes deux d’un air interrogatif. Je me saisis alors de la plus petite des deux, celle de taille moyenne à la boutique, et l’inspecte de plus prêt. Le fluide opalescent contenu dans le récipient de verre réalise de calmes volutes à chaque fois que j’agite ce dernier. La fiole est refermée par un bouchon de liège cacheté par de la cire couleur de vin. J’imagine qu’il va falloir que j’en boive le contenu. Je n’ai de toute façon pas le choix car c’est ma seule solution pour progresser en magie. Je dépose le bol vide sur le sol et prends le flacon des deux mains.

Je décachette celle-ci et retire le bouchon. J’approche le goulot de mes narines pour sentir. Un délicat fumet s’échappe du fluide et me fait immédiatement penser à l’odeur d’un matin ensoleillé ou à un champ de blé sous les rayons du soleil, sans même savoir si ces deux environnements peuvent avoir une odeur spécifique. J’approche alors la fiole de ma bouche et la penche pour en avaler le contenu. Ou du moins juste une gorgée dans un premier temps. Difficile de savoir ce que je viens d’ingurgiter car ce n’est ni solide, ni liquide, ni même gazeux. C’est juste… lumineux. Comme si je mangeais un fragment d’étoile. Quelque chose d’immatériel et pourtant de bien présent car visible. La sensation de lumière évolue le long de ma gorge mais contrairement à un aliment classique, je la sens irradier dans mon corps, provoquant des vagues de douces chaleurs à l’intérieur de moi, avant de disparaître se cacher je ne sais où. La sensation est extrêmement agréable. En mobilisant mentalement mes fluides j’ai l’impressions que ceux-ci semblent plus vigoureux, irradiant le long de mon corps en arabesques mordorées. J’en veux plus !

J’ingurgite d’un trait le reste de la bouteille et me laisse gagner par les sensations précédemment ressenties mais désormais multipliées par cent. Une forte chaleur, bien que toujours agréable, me gagne doucement l’ensemble du corps, gagnant chaque extrémité, jouant avec mes muscles, mes os, mes fluides magiques. Ceux-ci se sont d’ailleurs libérés spontanément, et je les sens irradier à travers ma peau, emmagasinant à chaque seconde, la quantité de magie que je viens d’absorber. Cette dernière bouillonne devant la quantité fournie et j’ai du mal à contrôler le déferlement surnaturel qui parcoure mon corps. J’ai l’impression de ne faire plus qu’un avec la lumière et je redoute que cela puisse être perçu de l’extérieur de la chambre, comme si une source de lumière trop importante s’était installée dans ma chambre. Peu à peu, mon corps et mon esprit commencent enfin à reprendre le dessus et j’arrive à faire danser par la simple pensée mes fluides magiques. Ceux-ci sont désormais nettement plus abondants qu’auparavant et il me semble aussi plus facile de les mobiliser rapidement.

Je m’allonge alors sur mon lit et ferme les yeux pour profiter aux mieux de ces nouvelles sensations.





(((HRP : Consommation d'1/8 de fluides de lumière.)))

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Dernière édition par Kívan le Lun 27 Aoû 2018 22:02, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Auberge des hommes libres
MessagePosté: Mer 11 Juil 2018 11:55 
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Vadokan nia avoir fait parti de l'équipage de Tali et expliquait avoir récolté toutes ces informations tout au court de sa vie. Sans nous laisser plus de temps, Vadokan se pencha vers nous et émit une proposition des plus étonnantes.

"Dites. Si cette histoire et ces artefacts anciens vous intéressent autant que vous semblez le montrer, pourquoi ne pas nous associer pour retrouver l’épave du navire coulé de Tali’Zorah et en découvrir les secrets cachés depuis si longtemps ?"

Cette proposition avait beau sortir de nulle part, je ne manquais pas de m'y intéresser.
Si le marché avec Cherock avait bien lieu, Bouhen se situerait sur notre chemin et rien ne nous empêcherait d'y faire une petite halte afin d'y rechercher l'épave.

(Quoique...)

Je me remémorais les derniers événements que nous avions vécus dans cette ville et commençait à douter. Ce n'était probablement pas une bonne idée de s'y rendre, mais je préférais rester discret sur ce point pour le moment.
Il était possible de trouver une petite crique isolée où s'amarrer deux trois jours sans avoir besoin de rentrer dans le port de la ville. On aurait alors tout notre temps pour dénicher ce cimetière d'épaves.
La réflexion qu'avait mené Cherock semblait l'avoir guidé au même point et il fut le premier à en parler.

"L'objectif de ma requête au capitaine Hertann était d'aller à la ville de Shory, tout à l'est du continent. J'y cherche un certain maître de foudre, Frans, qui pourrait m'enseigner sur l'utilisation de mes fluides de foudre. J'aimerai en effet parfaire ma maîtrise de ceux-ci. Et si ce bateau a effectivement couler au fond d'une baie au nord de Bouhen, cela se trouve effectivement sur notre chemin. Mais... Un point me chiffonne. Quand bien même nous trouverions où cette épave a coulée, comment pourrions nous y accéder ? Aucun de nous n'a les branchies d'un Earïon et je ne pourrai pas retenir ma respiration suffisamment longtemps pour explorer les fonds marins."

La salle principale se vidait petit à petit au vu de l'heure tardive. Les musiciens commençaient à ranger leurs instrument et seuls quelques marins complètement ivres chantaient accoudés au bar.
Le vieux Sang-Pourpre qui avait lancé la conversation profitait de ce moment pour s'étaler sur la table en grommelant des paroles incompréhensibles avant de se mettre à ronfler. Imperturbable, Cherock proposa de faire appel aux services d'un aéromancien. Je n'avais jamais eu affaire avec un magicien
Profitant du calme qui s'installait peu à peu, Cherock se leva et bailla légèrement avant de reprendre la parole.

"Mais tout d'abord Hertann, es-tu d'accord pour que notre voyage fasse également cette recherche sur le trajet ? Et tiens en y pensant, peut-être es-tu au courant d'une quelconque façon d'explorer les fonds aquatiques, toi qui es marin ?"

Cette recherche sur le trajet ne me posait aucunement problème, toutefois, la seconde question me pris par surprise. Les marins passaient leur vie sur l'océan mais n'essayaient pas d'y plonger.

"Euh... Non désolé, je n'ai jamais pensé à explorer les fonds marins."

Bien décidé à aller me coucher aussi, je me levais à mon tour suivi par Daerius. Nous avions rendez-vous à l'aube sur le navire et je ne voulais pas être en retard.

"On peut se donner rendez-vous sur mon navire demain soir afin de discuter des derniers détails. On devrait savoir si ton ami le forgeron a besoin d'une livraison ou si j'ai trouvé une quelconque cargaison sur le port."

"Sur ce, je vous souhaite une bonne nuit."

"Il vous reste une chambre avec deux lits?"

La jeune femme me fit patienter un instant afin d'aller demander à un homme qui passait par là.

"Oui, il m'en reste encore une ou deux. Tenez voici la votre" Dit elle en me tendant une grosse clé. "C'est la numéro 27, à l'étage, directement sur votre gauche, ça fera 5 Yus."

Je m'empressai de régler la modique somme et entamait l'ascension des escaliers derrière Daerius. L'alcool que j'avais bu lors de la soirée se faisait ressentir maintenant que j'étais debout et je manquais de trébucher sur la dernière marche.
La chambre était tout ce qu'il y avait de plus sommaire : deux lits et une petite table de chevet entre les deux. L'ensemble était toutefois décoré avec goûts et un léger parfum que je ne parvint pas à distinguer flottait dans l'air.
Sans plus attendre, je m'allongeais encore tout habillé dans le premier lit et m'endormit aussitôt.

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MessagePosté: Ven 13 Juil 2018 17:22 
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Ce fut l’humain qui parla en premier pour répondre, m’indiquant que son but initial et la raison de sa demande au jeune capitaine Sang-Pourpre était de rejoindre Shory pour faire la connaissance d’un maître de la foudre nommée Frans. Le fulguromancien semblait avide de connaissances et de pouvoir. Ce fut donc dans cette optique qu’il sembla accepter ma proposition, précisant que c’était sur leur chemin. Il indiqua cependant la difficulté pour des êtres lambda d’aller farfouiller dans une épave se trouvant sous la surface de l’eau. Effectivement, à moins d’être un elfe bleu, ou un champion d’apnée, impossible d’atteindre les fonds marins sans user d’un subterfuge. Je demeurai silencieux, pensif. Les chasseurs de trésors se servaient sans doute de telles techniques spécialisées lors de leurs quêtes maritimes. Nul doute que cette auberge saurait en contenir, et le cas échéant me rediriger vers l’un d’eux, renommé dans la cité. Ça ne courrait pas forcément les rues, mais les gens connaissaient ceux qui réussissaient à faire fortune grâce à ça. Et donc les meilleurs.

Mais je ne dus pas exécuter mon plan : Cherock trouva, en quelques circonvolutions de pensée, la solution à notre problème. Deux solutions, même. La première consistait à demander à Hertann ce qu’il en pensait. Ce dernier répondit, un peu dépité, qu’il n’avait jamais pensé à explorer les fonds marins. Il voguait sur les mers et non en dedans d’elles. Logique, en soi, même si les membres de son peuples étaient connus pour leurs grandes facultés de nageurs. Il nous fallut donc nous rabattre sur la seconde solution proposée par le fulguromancien : faire appel à un mage d’air. Apparemment, certains aéromanciens très puissants avaient la capacité d’entourer la tête de plusieurs personnes d’une bulle d’air leur permettant de respirer sous l’eau ou dans les environnements toxiques. Pratique. Pratique aussi de posséder de telles connaissances sur les arcanes et leurs secrets, même d’un élément que l’on ne possède pas en soi. J’opinai donc du chef sentencieusement.

« Partons sur cette possibilité, alors. Je me renseignerai également de mon côté, voir si j’en trouve un qui veuille bien nous aider. Mais vous devriez, ser Cherock, être le plus à-même d’en dénicher un. Nous sommes dans votre cité, après tout. »

Hertann donna rendez-vous le lendemain soir pour s’occuper des derniers détails, en vue sans doute de partie le surlendemain matin, à la faveur de la marée. Il parla de cargaison, mais je laissai les hommes finir entre eux leur marchandage. Ils ne tardèrent pas à se lever pour aller se coucher. Je fis de même, laissant le vieux marin à la peau parcheminée bleue ronfler bruyamment sur la table, avachi comme un pachyderme ramolli. Je m’adressai aux deux autres, l’homme-chat étant resté des plus silencieux.

« Bonne nuit à vous, en ce cas. Faisons comme ça, et retrouvons-nous sur la Mouette demain au crépuscule. »

Je me hâtai de grimper à l’étage pour rejoindre ma chambrée habituelle. Le lendemain, je devrais régler les dernières notes de frais à mes hébergeurs. J’allais quitter cet endroit, sans doute pour un bon bout de temps. J’avais un objectif, désormais, qui me servirait de carotte pour avancer dans mes recherches sur le Sang Ancien. Je ne l’avais pas dit à mes condisciples, mais la journée qui venait n’allait pas pour moi se limiter à la recherche d’un aéromancien : je devais également passer chez une puissant sage de la cité. L'Oracle. Peut-être pourrait-il m’aider à décrypter ma mémoire et à lire des détails plus précis sur le naufrage du navire de guerre de Tali’Zorah.

Mais ces questions ne seraient pas réglées sans une bonne nuit de sommeil. Je m’endormis comme une masse, hésitant jusqu’au dernier instant à absorber l’un des fluides que j’avais acheté le jour-même… Mais non. Ça aussi ça attendrait le lendemain. Et je laissai couler mon être dans les abysses du sommeil.



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 Sujet du message: Re: Auberge des hommes libres
MessagePosté: Sam 21 Juil 2018 05:04 
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En fin connaisseur, l’honnête marchand brandit le diamant au soleil et l’examina attentivement. Quelques secondes lui suffirent pour constater la qualité de la pierre. Il en accepta donc le paiement et remis à la guerrière les potions demandées.
Son protégé ailé toujours bien caché sous sa cape, Sibelle remercia le marchand, quitta la boutique et repartit en direction de l’auberge des hommes libres, sans faire d’autres escales.

***
Aussitôt la porte franchie, consciente de l’urgence de procurer des soins à l’oiseau blessé, Sibelle se dirigea sans tarder vers la propriétaire des lieux, une femme menue et énergique qui, debout sur un petit escabeau de bois, s’affairait à arroser ses plantes luxuriantes suspendues au plafond. Dès qu’elle vit Sibelle s’approcher d’elle, un sourire jovial apparu sur ses lèvres légèrement charnues et ses yeux rieurs noirs et bridés l’observèrent.

«Rebonjour et bien contente de vous revoir ! » Lança-t-elle à Sibelle tout en descendant de son perchoir.

La guerrière avait en effet séjourné dans cet établissement la semaine précédente, juste avant son départ pour Aliaénon. Ce fut également dans cette salle, à la table en retrait contre le mur, située près d’une fenêtre qu’elle avait rencontré Sirat et partagé un repas avec lui. Bien que moins d’une semaine se fût écoulée, l’hinionne fut agréablement surprise que la propriétaire la reconnaisse, après tout, l’achalandage de cet établissement s’avérait assez important.

« Que puis-je faire pour vous ? » poursuivit la propriétaire des lieux tout en déposant son arrosoir au sol, à proximité de l’escabeau qu’elle venait de placer contre un mur.

Tout en faisant discrètement du regard le tour de la grande salle tentant d’y repérer la famille à protéger, Sibelle s’approcha de la femme tout en lui répondant :

« Je voudrais une chambre pour quelques jours et le plus près de l’escalier afin de ne pas déranger les autres clients par mes nombreux aller et retour. »

En fait, Sibelle voulait plutôt être située de façon à ce que de sa chambre, elle ait conscience des allées et venues sur l’étage.

Nokora approuva la requête d’un signe de tête sans commenter et lui fit signe de la suivre jusqu’au comptoir où elle sortit son registre, un grand et épais calepin dont la couverture de cuir brune était ornée de gravures florales. Elle repoussa derrière son oreille une mèche rebelle qui s’était défaite de son chignon pourtant bien serré et consulta ses notes.

À ce moment, sous la cape, l’oiseau se manifesta de manière imprévue en pinçant à quelques reprises le creux de l’épaule de la guerrière à coups de bec. Contrariée par ce geste inconsidéré et malvenu, Sibelle émit un faible grognement, mais ne put contenir une légère grimace, tout en appliquant de sa main droite une pression sur son épaule gauche afin d’immobiliser le rapace.

L’hôtesse ayant remarqué l’inconfort de l’hinionne et tout en conservant la discrétion de mise dans son métier, sans lever les yeux de son livre, elle proposa sur le ton de la confidence tout en baissant le volume de sa voix d’un cran.

« Dès que vous aurez signé ici… » Dit-elle tout en pointant un espace sur son papier et en tendant sa plume à Sibelle « … Je vous apporterai moi-même eau chaude et de quoi faire des pansements propres pour la blessure dissimulée sous votre cape. »

Surprise d’abord par cette proposition, la maitre d’armes comprit ensuite la méprise de l’aubergiste suite à la grimace de douleur qu’elle avait laissé paraître un peu plus tôt.
Préférant que l’hôtesse n’en sache pas davantage, Sibelle s’abstint de dévoiler la vérité.

Appréciant néanmoins, la discrétion de Nokora, Sibelle s’appliqua à signer le registre, tout en lisant les autres noms inscrits puis commenta :

« Je vous en remercie, et j’apprécierai que vous m’apportiez aussi un plateau de fromages, saucisson, pain et bière, je préférerais manger dans ma chambre.»

Rangeant son livre de cuir sous le comptoir, Nakuto remit la clé de la chambre à Sibelle tout en rajoutant :

« Je préviens tout de suite Kagami à la cuisine. Elle déposera le plateau de nourriture sur le seuil de votre porte, y frappera trois petits coups puis s’en ira. »


Sibelle remercia la propriétaire et paya à l’avance la première nuit ainsi que le repas du soir. Après avoir jeté un dernier coup d’œil à la salle à manger, Sibelle gravit l’escalier et entra dans la chambre qui lui avait été allouée.

Bien propre et bien éclairée, fidèle au reste de l’établissement la chambre contenait un grand lit sur lequel Sibelle laissa tomber l’oiseau sans plus de considération tout en laissant échapper sa colère :

« Qu’est-ce qui t’a pris de me rouer ainsi de coup de bec ? Par ta faute, j’ai bien failli dévoiler ta présence! »

Ne lui laissant pas la chance de répondre, d’un pas rapide, elle se dirigea vers la fenêtre, l'ouvrit pour faire pénétrer un peu d'air frais et tira brusquement les volets. Suite à quoi, elle revint vers le lit tout en retirant sa cape. Ses sourcils froncés, ses lèvres pincées et ses joues empourprées ne mentaient pas, elle en voulait à l’oiseau d’avoir agi ainsi alors que pour sa sécurité, elle l’avait caché des regards curieux. Malgré sa rancune, fidèle à ses principes, elle s’assit sur le bord du lit et fouilla dans son sac en quête d’une fiole de soin. Elle sortit donc une bouteille de bonne dimension qui contenait un liquide légèrement jaune. Elle en retira le bouchon et le renifla, pour constater qu’il dégageait un parfum agréable.

Lorsqu’elle se retourna pour la tendre à l’oiseau, ce dernier avait revêtu sa forme humaine et consentit enfin à justifier le geste qui lui était reproché.

« Je me suis dit que c’était un bon moyen de te faire penser aux pansements. » Dit-il l’air faussement piteux.

« Et puis, ça semble avoir fonctionné, puisque la douce Nakuto en a déduit que tu étais blessé. » Termina-t-il par un sourire charmeur qui en aurait amadoué plus d’une, mais pas notre guerrière au tempérament bouillant.

Ayant remarqué la surprise de la guerrière suite à sa transformation en homme, il s’expliqua :

« Je n’aime pas qu’on me voie me transformer, je préfère le faire discrètement à l’abri des regards, ou sous ma cape ou encore en captant le regard de mon observateur comme j’ai fait avec toi dans les ruelles. »

Cela dit, il prit la bouteille et la bue entièrement d'un coup. Aussitôt ses traits se détendirent, la guérison n’était pas totale ni immédiate, mais au moins, il souffrait moins. Il poussa un soupir de soulagement et déposa la fiole vide sur la petite table de bois de merisier placée tout près du lit dont la tête magnifiquement sculptée était de la même essence. Il ramassa la bourse fixée à sa ceinture et commença à en retirer des yus.

« De mémoire, une potion de soin de cette dimension coûte au m…. »


Mais il n’eut pas le temps de terminer sa phrase que Sibelle l’interrompit sèchement.

« Non ! Tu ne me dois rien pour le moment. Je pensais plutôt en retour te demand… »

Mais Sibelle s’arrêta net, on venait de frapper trois petits coups à la porte.

La guerrière se leva prestement et alla ouvrir. Il s’agissait de Nakuto qui venait à l’instant de déposer l’eau chaude ainsi que des linges propres et qui s’apprêtait à repartir.

« Je vous remercie. » Dit Sibelle tout en ramassant les effets demandés. Le regard discret de la propriétaire s’attarda à peine quelques secondes sur l’épaule gauche intacte de la guerrière. Elle allait faire demi-tour lorsqu’un chant d’oiseau en provenance de la chambre se fit entendre. Pas une mélodie entière, loin de là, seulement quatre petites notes bien précises que l’aubergiste sembla reconnaitre et qui la fit sourire.

S’approchant de Sibelle pour ne pas être entendue, elle chuchota :

« Encore blessé celui-là ! Une vraie tête brûlée ce Marcus. » Elle sifflota quatre notes à son tour. Des notes différentes, mais qui semblaient répondre aux quatre premières. Après quoi elle partit.

Une fois la porte refermée, l’hinionne revint reprendre sa place et entreprit de nettoyer la plaie de Marcus.

Sibelle garda le silence tout en remettant des pansements propres, mais sa légère brusquerie dans ses mouvements et sa respiration un peu rapide trahissait sa contrariété.

L’homme comprit rapidement que le temps seul calmerait la guerrière, il préféra donc ne pas s’attarder sur l’objet de leur conflit et la questionna sur sa mission de protection.

« As-tu repéré la famille ? »

« Oui… » Répondit-elle sans relever le regard.

« Bien » Approuva-t-il.

« En fait, il n’y en avait pas qu’une, mais trois … alors, décris-moi celle que je dois protéger. » Rajouta-t-elle en le regardant dans les yeux cette fois.

Marcus plissa ses yeux noisette, hésitant, puis il proposa :

« C’est plutôt toi, qui vas me décrire les trois familles. Ça va me permettre d’évaluer ton sens de l’observation. On va devoir travailler ensemble, je ne peux pas vraiment me déplacer, tu seras donc mes yeux pour le moment. »

Elle émit un léger grognement avant de répondre d’une voix ferme et froide.

« J’accepte de travailler en équipe avec toi, mais tu devras rester plus discret et surtout ne pas me donner des coups de bec… la prochaine fois, je te tords le cou ! »

Cette remarque fit sourire l’homme qui répliqua :

« Et tu serais bien capable de le faire…. Bon, j’avoue que j’ai mal agi, je ne recommencerai plus. »

La guerrière ne commenta point. Ses yeux levés vers le haut, comme pour se rappeler la salle à manger, elle réfléchit :

« Près d’une fenêtre, il y avait un couple avec deux enfants, tout juste derrière, un autre avec trois enfants et enfin en retrait dans le fond de la pièce, les parents et deux gamins. »

« Tu peux éliminer le couple avec les trois enfants, ils en ont que deux, mais je ne saurais peut-être pas les reconnaitre, ça fait un petit bout, décris-moi plutôt les deux autres couples. »

Ayant terminé sa corvée, tout en lavant les mains avec l’eau propre restante, Sibelle poursuivit : « Donc la femme près de la fenêtre est de taille supérieure à moi, les yeux… »

Elle n’eut le temps de poursuive que Marcus l’interrompit.

« Ce n’est pas elle... Comment est l’autre femme ? »

Sans rechigner, Sibelle répondit :
« Aussi grande, mais plus maigre et les yeux noisettes… »

« Non plus... » conclut l’homme songeur qui lui avait de nouveau coupé la parole.

« Ils ne sont peut-être pas arrivés….. mais parle-moi donc du troisième couple. »

« Une femme de petite taille, pas plus d’un mètre cinquante-deux, de corpulence normale, les cheveux foncés très courts, des oreilles un peu pointues, mais humaines et un rire sonore et contagieux tout comme le plus jeune de ses enfants. Son mari est un bel humain de taille moyenne, assez costaud, cheveux noirs et barbe tenue courte légèrement blanchie. »

Cette fois la guerrière avait pu terminer sa description sans se faire interrompre.

« Hum… j’imagine que le plus jeune a moins de dix ans… Pour les deux ainées, une fille au teint pâle et à la longue chevelure brune très bouclée et son frère, de petits yeux verts rieurs ? »

La guerrière acquiesça d’un signe de tête.

« Ce sont eux alors… je n’avais pas réalisé que tant d’années s’étaient écoulées depuis mon départ. »

Tout avait été dit pour le moment. Fatigué malgré les soins prodigués, Marcus ferma les yeux et s'endormit aussitôt. La guerrière se leva pour prendre place sur une chaise non loin de la fenêtre et assura la garde surveillant les allées et venues dans l'auberge.



((( 1 972 mots)))

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 Sujet du message: Re: Auberge des hommes libres
MessagePosté: Lun 23 Juil 2018 20:19 
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Il prit la direction de la ville, la journée c'était écoulé et le voyait revenir vers les murs d'enceintes d'Oranan. Le vent semblait, le porté, des feuilles virevoltaient sur son chemin, portant avec elles un murmure sur la direction qu'il devait suivre.

Certains auraient dit qu'il utilisait son instinct, lui savait qu'il ne faisait que lire, une partie qui pouvait lui devenir visible le cour d'un instant, les écrits. Il passa le pont, jaugea le lit de la rivière devenue plus sombre avec le baisse de lumière et moins accueillante que pour sa petite baignade plus tôt dans l'après-midi.

Il arriva aux portes, les soldats de la milice le dévisagèrent, lui qui passait pour la seconde fois leur poste. Mais ils ne feraient rien, ils se contenteraient d'un rapport qui effacera le sourire de leur capitaine qui s'était déjà, trop hâtivement, félicité du départ de ce controversé sauveur.

Une légère animation secouaient les villes, alors que la nuit allait s'emparer d'elle. Lumière et lampion naissaient peu à peu, s'éveillant à lueur de la lune, pictant les ruelles d'étoiles éphémères. Un crépuscule d'été, animée encore, par les habitants qui profitent de sa fraîcheur pour allonger leur journée.

Sirat remarqua très vite, un puis deux, gaillards, puis trois et quartes pour finir à une demi-douzaine de brigands, habillé en noir, humain. Les visages étaient pas cachés, des ynoriens, les cheveux bruns, le teint hâlé par le soleil des mois chaud, les yeux plissés. Ils ressemblaient plus à une bandes de miliciens en civiles venue pour boire un verre, ou s'amuser en ville. Peut-être était ce cela, Sirat s'en moquait, seul comptait son objectif, sauver ce marchand et cet artefact.

Chacun se retrouvait et se faisait un signe et le groupe devenait plus gros. Il savait que c'était eux, il avait été guidé vers ses bougres. Derrière cette troupe de fier à bras, ils avançaient dans la foule et Sirat dans leur sillage, à l'abri des ombres dansantes. Ils étaient trop sur d'eux, pour remarquer l'humoran qui silencieusement et à distance les épiait.

Ils arrivèrent prêt de l'auberge, mais prirent une ruelles sur son coté, Ils n'entrèrent pas dedans. Sirat attendu un peu et quand il pénétra la ruelles remarqua qu'une échelles y avait été déposé. elle montait jusqu’à une vieille fenêtre qui semblait avoir été laissé ouverte pour l'occasion.

Le zélote avait été prit de vitesse, les six étaient déjà monté, il attrapa le premier barreau et se hissa le plus vite possible.
Arrivé à la fenêtre il entendait déjà des bruits de combats, il introduisit sa masse dans la petite ouverture et sortit son marteau.

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 Sujet du message: Re: Auberge des hommes libres
MessagePosté: Jeu 26 Juil 2018 20:25 
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Sibelle surveillait déjà la rue depuis quelques heures sans qu’aucun incident ne se produise. Un peu plus tôt, la cuisinière prénommée Kagami avait déposé le plateau de victuailles sur le seuil tout en prévenant par quelques petits coups à la porte comme convenu. Bien qu’ayant l’estomac vide, Sibelle choisit d’attendre le moment opportun avant de récupérer la nourriture commandée. Tout en surveillant par la fenêtre les allées et venues de la rue, elle concentrait son ouïe sur les pas dans l’escalier et les déplacements dans le corridor.

Ainsi, près d’une heure après la livraison du repas, Sibelle entendit les marches de l’escalier craquer. Elle porta davantage attention et reconnut les voix des enfants de la petite famille. Sans faire de bruit afin de ne pas réveiller Marcus, elle se dirigea vers la porte et l’ouvrit. Discrètement, elle ramassa ses victuailles et du coin de l’œil, elle surveilla la famille afin de savoir quelle chambre ils occupaient. L’ainée des garçons jeta quelques petits coups d’œil à l’armure de la guerrière, sans faire de commentaire.

Dès qu’elle fut retournée à son poste de surveillance, elle vit quatre individus louches entrer dans l’auberge des hommes libres. Habillés tous les quatre d’un pantalon noir et d’une tunique verte boutonnée à l’avant, ils se ressemblaient à s’y méprendre. Même cheveux noirs raides recouverts d’un chapeau gris à grands rebords, mêmes longues moustaches et surtout même visages anguleux, seulement leur taille très différente pouvait les distinguer. Ils avaient pénétré dans l’auberge, les deux plus grands ayant dégainé leur petite dague au manche recourbé. Sibelle s’apprêtait à se rendre au rez-de-chaussée, présageant le pire lorsqu’elle les vit ressortir à peine quelques secondes plus tard pour se rendre dans la bijouterie située en face, ils s’étaient simplement trompés d’établissements.

Le reste de la soirée fut tranquille, à peine si quelques éclats de voix provenaient de la grande salle en bas. Puis elle vit six hommes habillés de noirs, silencieux, se contentant de se faire des signes pour indiquer la direction à prendre. Ils n’avaient pas l’attitude décontractée d’un groupe d’amis qui se rend à l’auberge pour se détendre et prendre un coup. Ces Ynoriens s’approchèrent de l’établissement, sans y entrer, se contentant de le contourner. Sibelle en déduit alors qu’ils passaient plutôt par une ruelle. En état d’alerte, Sibelle quitta son fauteuil et se concentra sur les bruits venant de l’étage supérieur. Préférant travailler seul plutôt qu’avec un compagnon blessé, Sibelle sortit en douce de la chambre. Dès qu’elle fut sortie, Marcus ouvrit les yeux, il était éveillé et Yuimen seul savait depuis combien de temps.

Une fois dans le couloir, dos contre le mur, Sibelle, silencieuse, aperçut quatre hommes, à l’autre bout, tendre l’oreille aux différentes portes de l’auberge, l’un d’entre eux, le plus grand, venait de repérer la chambre de la petite famille du marchand et fit signe aux autres de le rejoindre.

Sibelle se précipita alors vers eux sans se préoccuper de leur supériorité en nombre, tout en dégainant son épée courte de sa main droite et son sabre de la gauche. Trois des quatre hommes avaient déjà pénétré la chambre alors que le dernier attendait Sibelle le sourire aux lèvres, confiant malgré son faible équipement de protection, une simple tunique noire et de son épée usée de moindre facture. Arrivée à sa hauteur, alors que Sibelle s’apprêtait à l’empaler de son épée, elle fut prise de court par une flèche provenant de l’intérieur de la chambre et qui ricocha sur son protège bras de bronze sans heureusement la blesser. Ce court instant où Sibelle avait détourné le regard suffit à son adversaire pour l’attaquer maladroitement de son épée en partie rouillée. Malgré l’avantage apparent de l’homme, Sibelle esquiva sans peine son attaque, pénétra aisément sa garde ouverte et planta sa courte épée dans son ventre non protégé. Tout en regardant dans les yeux l’homme agonisant, elle retira son épée brusquement, ce qui fait augmenter l’écoulement de sang. Il tomba alors lourdement au sol pendant que Sibelle se retournait vers la chambre où la porte avait été refermée violemment. Elle recula d’un pas, afin de se donner un élan pour tenter de défoncer la porte. À sa gauche, deux autres hommes arrivaient au pas de course. L'hinionne donna un coup de pied une première fois dans la porte sans réussir à la défoncer . Les hommes s’approchaient, et elle tenta un deuxième coup de pied sans succès. Elle voulait à tout prix entrer dans cette satanée chambre. Non pas qu’elle voulait éviter le combat qui l'attendait ce côté de la porte, mais c'était plutôt qu’elle craignait pour la vie des occupants. Mais cette fois, les hommes étaient trop près, elle devait les affronter. En vitesse, elle dégaina sa courte épée et se retourna promptement prête à affronter ces deux ou trois brigands. Mais en un bruit sourd, ils s’effondrèrent avant que Sibelle n’eût le temps de les attaquer, l’épée brandie devant le nez du troisième qui venait toujours de leur atterrir dessus ayant défoncé le plafond.

« Sirat ! ? »


((( 855 mots )))

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 Sujet du message: Re: Auberge des hommes libres
MessagePosté: Ven 27 Juil 2018 12:58 
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la petite fenêtre donnait sur un grenier, étroit et poussiéreux. Une longue poutre semblait traverser les combles. Un véritable capharnaüm étouffait l'endroit, objet oublié et perdu par des voyageurs surement. Qui c'est ce qu'un curieux aurait pout trouver ici. Mais c'est le son et le choc d'un combat qui attira l'humoran, il avança à tâtons, tentant de se presser a travers se dédales d'antiquité.

Une empoignade semblait avoir commencé juste au dessous de lui.
Sa masse ne l'aidait pas, et quand il posa son pied sur une lame de parquet usé, c'est le plafond qui céda sous son poids. Il le traversa et s'écrasa sur un corps. L'homme sur lequel il venait de tomber ne put retenir un cri avant de sombrer dans l'inconscience.
Frapper qu'il était par les amas de bois et le corps du zélote, il ne put rien, son être craqua et sombra dans l'oubli.

Sirat fut cueillit par une lame et une voix scandant son nom, la première s'arrêta devant son nez, a quelques millimètres, la seconde frappa son âme. Il la connaissait, elle était là, se dressant devant lui. Guerrière impétueuse, en furie, ses cheveux rouge flottaient dans les airs, son regard perçant s'écarquilla devant le visage de son ancien compagnon. Sibelle était devant lui, en armure et elle se battait, pour qui et dans quel camp, il ne savait pas.

Il éluda d'ailleurs cette question, car un homme arrivait derrière elle, prêt à la frapper. Il attrapa son marteau et le dégaina.

Baisse toi !

eut-il juste le temps de crier avant de faire tournoyer l'arme dans les airs afin de briser l'assaillant.

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 Sujet du message: Re: Auberge des hommes libres
MessagePosté: Ven 27 Juil 2018 23:58 
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Il était là devant elle, tout en muscles, son visage félin déterminé, ce fier humoran qui croyait au destin. Il était là devant elle sous sa lame, à sa merci. Mais même si elle lui en voulait d'avoir choisi le camp des harpies, elle ne désirait pas le tuer pour autant.

Aussi stupéfait qu'elle, il la regardait...jusqu'à ce que son regard se détourne, et fixe un point derrière et au-dessus d'elle. Fronçant les sourcils, elle obéit immédiatement, lorsque tournoyant son marteau, il lui cria de se baisser.

Des deux hommes sur lesquels Sirat avait atterri, l'un était mort sur le coup, écrasé littéralement par le poids de l'humoran. Le sinistre craquement des vertèbres de son cou s'était fait entendre, presque qu'en même temps que la chute des débris du parquet qui le recouvrait désormais. Par contre, le second, le plus costaud et le plus chanceux malgré tout, était toujours conscient. Écrasé et coincé sous la botte du gros félin, il avait réussi à tourner son épaule en partie et s'apprêtait à planter violemment son court poignard bien aiguisé dans la botte de son assaillant au moment même que Sibelle s'accroupit. Elle le vit juste à temps et sans même réfléchir, elle leva son bras et le descendit horizontalement avec force de façon à lui trancher la main armée d'un coup de taille. Le sang coulait bien à flots et les os avaient été sectionnés, mais malgré la puissance de la guerrière, la coupe ne fut pas régulière, une partie de tendon résistait et de son poignet pendouillait la main coupée.

Pendant ce temps, Sirat, tout en combattant l'autre truand en tentant de lui asséner un coup de marteau, avait levé le pied et libéré l'adversaire de l'hinionne. Ce dernier, criant de douleur et de rage, de sa seule main encore attachée à son corps, il agrippa la tignasse de la rouquine et la tira sauvagement dans sa direction, la faisant basculer par l'avant. L'hinionne ne s'opposa pas au mouvement, elle le suivit et termina par une roulade, l'emportant avec lui. Toujours tirée par les cheveux, Sibelle se tordit afin d'infliger avec force un coup de poing circulaire en plein milieu du visage du mécréant lui cassant l'arête du nez. Le crochet de gauche de la guerrière réussi, l'estropié,le visage en sang, lâcha la chevelure de la maître d'armes. Elle lui asséna un second coup de poing, puis un troisième afin de bien l'assommer puis se releva.

De son côté, Sirat étranglait son adversaire à l'aide du manche de son marteau. Les jambes pendantes, l'ynorien, de noir vêtu, se débattait pour sauver sa vie. Mais ce fut en vain, peu de secondes s'écoulèrent avant qu'il ne manquât d'oxygène, ses vertèbres cervicales cédèrent et son âme le quitta. Sirat le libéra de son étreinte désormais inutile.

Trois corps jonchaient le sol du couloir, mais le combat n'était pas terminé, la suite se déroulerait dans la chambre.

Tout en se relevant, s'adressant à l'humoran, Sibelle l'informa:

" Il faut défoncer cette porte, j'ai la petite famille d'un marchand à protéger."

_________________
Sibelle, Maître d'armes


Dernière édition par Sibelle le Dim 19 Aoû 2018 14:29, édité 3 fois.

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