Les idées manquent mais peu importe car soudain le mur disparaît, répondant à ma question comme le souligne Krael. Il semble s’évaporer, avais-je touché quelque chose ou alors étions-nous bien attendus comme rétorque la matriarche. Elles s’engouffrent dans le passage. Je les suis de près de peur que celui-ci se referme et le mur réapparaît juste après mon passage. Nous marchons à travers le couloir jusqu’à la porte que la matriarche ouvre elle-même, sans doute impatiente de voir qui se cache derrière cette structure métallique.
Nous y trouvons Aënalia qui se tourne vers nous avec une certaine curiosité dans le regard, m’adressant la parole pour me demander la bonne raison qui m’a poussé à préparer cette rencontre.
Sans me démonter, je m’avance dans la salle pour ne pas me trouver dos à la porte et avoir en vue chaque personne présente ici.
"Plus qu'une excellente raison, j'avais surtout très peu de choix."
Elle ne me répond pas mais se tourne vers celles qui m’accompagnent pour répondre à la matriarche, démarrant un dialogue entre les deux elfes.
"Oui, c'est bien moi. Vous êtes la Matriarche Kara Kerrela et sa fille Kraël Kerrela."
"Exact. Vous avez du sang humain. C'est inattendu. "
Je me tourne vers la sindel, attentif à sa réaction.
"Etes-vous là pour discuter de mon ascendance ? J'ai du mal à cerner vos intentions pour le moment."
C’était bien ça alors. Elle est bien née d’un métissage entre un elf et un humain. Des pièces du puzzle commencent à se mettre en place me donnant des indices sur le lien entre les Koyabashis et Aënalia. Je prends la parole pour clarifier la situation et éviter de perdre trop de temps.
"Nous sommes à priori tous là pour la même raison. La paix."
Toutes se tournent vers moi et Aënalia demande aux deux Shaakts si c’est réellement le cas, ce à quoi la mère répond.
"C'est exact. Vous n'êtes pas sans savoir que la Matriarche Suprême et votre mère sont étrangères à toute notion de paix avec les humains. Cette position causera la perte des elfes, et celle des shaakts, détenteurs d'un pouvoir politique plus faible, en premier. Nous serons utilisés, pour la plupart d'entre nous, comme premières lignes dans cette guerre inévitable contre les humains. Seuls les nobles s'en sortiront, et presque tous les miens seront décimés pour que les Sindeldi puissent diriger Izurith de nouveau, si tant est qu'ils ne se fassent pas exécuter également."
Aënalia hocha simplement la tête, confirmant qu'elle partageait cette analyse. Une logique de société que je peux comprendre même si je suis loin de la tolérer.
"La destitution du gouvernement actuel est le seul moyen d'arriver à une paix avec les humains. Qui est le seul moyen de sauvegarder mon peuple. Voilà pourquoi Arkalan a accepté de me parler de vous. Ensemble, nous pouvons peut-être renverser votre mère."
J’aperçois son interlocutrice quand elle entend mon nom, mon vrai nom. Elle a juste un léger tique. J’agis avant qu’un moindre doute s’installe pouvant causer des problèmes importants.
"Arkalan est mon nom. Je ne le partage pas forcement à tous ceux que je croise. D'où je viens, c'est suffisant pour causer ma perte."
Je marque une courte pause avant de poursuivre.
"Je suis entré dans cette cité dans l'optique de gagner du temps mais j'ai fait mieux que ça. Je vous ai trouvé deux clans qui souhaitent la même chose que vous et les Koyabashis."
Mes interlocutrices s’étonnent. Je continue.
"Si l'on peut appeler ça un clan. Il s'agit de la tavernière et de ses compagnons. Combien d'autres pouvons-nous en trouver qui partagent le même mépris envers votre mère ?"
"Qu'est-ce qu'Ethëne vient faire là-dedans ?" demanda la Matriarche en se tournant notamment vers sa fille, les sourcils très légèrement froncés.
"Rien à ma connaissance. Elle a juste un groupe d'amis qui se réunissent dans la basse-ville. Je suppose qu'ils peuvent aider."
"Je vous l'ai dit. Elle est la première personne que j'ai rencontrée. Cela m'a valu un coup de couteau. Ils tiennent à leurs croyance au dieu de ce monde si j'ai bien compris."
Une annonce qui provoque l’étonnement et une certaine virulence de la part de Kräel, traitant même la divinité de connasse ce qui m’arrache un sourire que je cache en hochant la tête puis en haussant les épaules. Je n'ai pas trop d’intérêt pour cette déesse même si la réaction de la Shaakt attise un peu ma curiosité.
"Ils restent des alliés."
"Je te dis que c'est impossible." Gronde-t-elle.
Sa mère balaie cet écart, ramenant sa fille dans la conversation en cours, soulignant qu’il fallait trouver des alliés de confiance. Aënalia reprend la parole.
"Beaucoup de personnes sont susceptibles d'en vouloir à ma mère. Mais les Patriarches sont certainement les seuls dont on sait qu'ils se réunissent en ce sens. Pour les autres, ils ne sont que des citoyens éparpillés entre la basse et la haute ville. Peut-être quelques personnes plus ou moins haut placées mais qui seront difficiles à trouver et à convaincre d'agir. Je suis déjà surprise que vous ayez trouvé une autre faction que les Matriarches Shaakts et les Patriarches pour préparer ce coup d'état."
"J'ai entendu peu de bien des Patriarches. Sont-ils fiables ?"
"Non." rétorque immédiatement la matriarche.
"Ils sont certainement bien pires que les Matriarches Sindeldi." surenchérit Aënalia. "Ils pensent que nous avons perdu la guerre car elles étaient trop faibles et pas assez fermes avec les humains. Ils veulent remplacer tous les humains par des robots, des... Des machines technologiques autonomes mais dépourvues d'identité. Et éradiquer l'humanité."
"On peut donc les classer dans les ennemis ? Et les Matriarches ?"
"Sans problème." répondit Kerrela. "Les Matriarches Sindeldi sont au pouvoir, et je suis la plus haute autorité des Matriarches Shaakts. Vous pouvez les considérer comme des alliés."
"Je ne sais pas encore si je peux vous faire confiance." intervint Aënalia.
"Avez-vous vraiment le choix ?" demande la Matriarche. "J'ai cru comprendre que vous ne crouliez pas sous les alliés."
Aënalia serre les lèvres, silencieuse.
"Comment pouvons-nous procéder ? " Coupais-je.
Je n’oublie pas que le temps continue de tourner. La mère Kerrela ouvre la bouche pour faire une proposition.
"Je propose de trouver Ethëne et de faire venir elle et les personnes les plus influentes de son groupe d'adorateurs de Zarha jusqu'à notre Quartier Général. Avez-vous un moyen de traverser la basse ville discrètement, Aënalia ?"
L'intéressée hoche la tête. Voilà comment elle restait invisible aux yeux de tous, elle avait une façon de traverser la ville sans être vue.
"Alors nous discuterons du plan à suivre une fois là-bas. Aënalia, vous me suivrez moi. Arkalan, trouvez Ethëne, puis Kraël vous escortera jusqu'à notre Quartier Général."
Je fronce un sourcil. Laisser Aënalia avec Kara ? Non. Hors de question. Nous allions travailler ensemble mais je ne faisais pas confiance à cette shaakt au point de la laisser seule avec mon lien entre ici et les Koyabashis. Calmement, je réponds.
"Je préfèrerais vous accompagner. Kraël et Ethëne se connaissent. Elles n'auront pas besoin de moi. En revanche, j'ai beaucoup de questions à vous poser."
C’était la vérité et elle accepte après un certain temps de réflexion ne faisant qu’accentuer mon doute.
"Je vous suis alors." dis-je en m’apprêtant à partir.
(( environ 700 mots sans les dialogues des PNJ"))
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