Après encore quelques mise au point la séance est levée et Kara quitte la pièce pour rejoindre sa chambre dans laquelle elle dit être disponible. En sortant, j’attrape le bras d’Aënalia.
"Avez-vous quelques minutes à m'accorder ?"
Elle m’observe d’un air curieux avant de répondre.
"Oui ? Qu'y a-t-il ?"
"Je préférerais un endroit plus discret."
"Eh bien... Allons dans une chambre."
Elle appelle une servante qui me mène à une chambre. Situé à l’étage où il n’y a à priori que ça. La servante nous invite à entrer dans ce qui doit être la chambre d’Aënalia, grande et luxueuse. Je ne doute pas qu’elle ait l’habitude. Avant de prononcer un mot, je fais le tour de la pièce, je déplace les tableaux, j’observe le plafond et le sol. Je voulais m’assurer que personne ne pouvait nous espionner. Ne trouvant rien de particulier je prends finalement la parole en me justifiant d’abord de ma légère paranoïa.
"Je voulais être certain... Pouvez-vous me dire, êtes-vous issue d'une union entre Shaakt et humain ? Ou Sindel et humain. Plutôt"
Elle semble hésiter quelques secondes avant de répondre que c’est le cas.
"Cela se voit presque comme le nez au milieu de la figure, vous savez. Ma deuxième question est plus importante. Cet humain est-il de la famille Koyabashi ?"
Elle garde le silence 5 secondes. Puis hoche la tête avouant qu’elle est la demi-sœur de Shizune.
"C’était un viol ou un amour interdit ?"
"Ni l'un ni l'autre. Une faiblesse passagère de mon père envers ma mère."
"Pourquoi votre mère ne cherche pas la paix avec les humains, si à priori, elle peut très bien vivre avec eux."
"Ce n'est pas un problème de racisme. Juste une situation politique qui lui convient mieux de cette manière."
"Vous n'avez jamais discuté avec elle d'une paix possible ?"
Elle secoue la tête, crispant ses poings.
"Vous ne comprenez pas. Elle ne peut pas accepter la paix. Et elle ne le fera pas."
"C'est justement ce que j'essaie de comprendre."
"La Matriarche Suprême veut simplement reprendre son pouvoir absolu. Ce ne sont pas des considérations raciales... Elle pense simplement être capable de tout reprendre et elle ne s'arrêtera pas tant qu'elle n'aura pas tout repris."
Je garde le silence un instant, mémorisant ce que je viens d’entendre. Finalement peut être qu’assassiner la mère d’Aënalia ne serait pas utile. C’est la Matriarche suprême le problème. C’est elle qui faut atteindre. Je reprends continuant à creuser les origines de l’elfe pâle.
"J'imagine que peu de gens connaissent vos origines..."
"Uniquement ma mère, ses conseillères et la Matriarche Suprême."
"Il va venir un moment où vous devrez sortir de l'ombre et vos origines peuvent servir."
"C'est ce que ma mère pense également. Si ça doit servir la paix, alors je veux bien en jouer."
J’en étais sûr à présent, sa mère est une pièce importante du puzzle ici. Je ne devais pas me précipiter pour la tuer.
"J'ai une dernière question. Qu'est-ce que tu penses, toi, de tout ceci ?"
"Je suppose que mon lien avec les Kobayashi peut nous aider à établir un climat de confiance avec les humains."
"Surtout si un humain se montrait ici. En votre compagnie."
"Un humain ? Ici ? Que voulez-vous dire ?"
"Imaginez qu'on entende qu'une paix soit vraiment possible entre elfes et humains et qu'un membre d'un clan puissant de ce campement se montre au grand public, main dans la main, avec un humain qui a une certaine notoriété. L'effet serait très réussi. J'ai entendu dire que les Kobayashi avaient une certaine réputation."
"Quand il sera temps de faire la paix avec les humains, je suppose que des émissaires viendront, oui."
J’hoche simplement la tête ne voulant pas m’expliquer plus longuement. Je lui souhaite finalement une bonne nuit avant de quitter sa chambre satisfait des réponses que j’ai obtenues. Je connais maintenant le lien entre les sœurs Koyabashi et leur contact. L’origine de cette mi elfe mi humaine et j’en ai même appris un peu plus sur sa mère. Non loin de là, une servant attend, rigide. Ravissante elle aussi, parée de nombreux bijoux et d’un regard profond. Je lui adresse quelques mots. J’ai encore quelqu’un à voir.
"Pouvez-vous me conduire à la chambre de Dame Kerrella? "
Elle sourit, hoche la tête, m’invite à la suivre. Elle me mène à un étage plus haut dans un autre couloir sombre éclairé de quelques lanternes, garni d’un tapis de sol qui semble de bonne facture. Elle s’arrête devant l’unique porte à double battant pour y toquer. La voix de Kara se fait entendre pour nous inviter à entrer. La servante ouvre la porte et se met sur le côté pour me laisser entrer. La pièce est très spacieuse et élégante, décorée de la même manière que le petit salon, mais avec un lit à baldaquin. A l'intérieur, Kara s'est défait de ses vêtements habituels pour arborer une simple robe de nuit courte et moulante qui laisse largement voir tout son corps, nu en dessous. Sans surprise, une tenue de Shaakt. Pire, une tenue de Shaakt qui veut quelque chose. Peu de choses sont plus dangereuses que ça. Elle sourit en me voyant Arkalan. Du même sourire légèrement narquois que d'habitude, mais en plus provocant.
"Vous voilà. Je suppose que vous venez quérir de nouveaux équipements ?"
Indiffèrent à sa tenue, je fronce un instant les sourcils, sachant déjà où va me mener ce genre d’entrevue avec une Shaakt déguisée de la sorte.
"Oui. Qu'avez-vous à me proposer."
Elle fait la moue.
"En l'état, rien de guère mieux que ce que vous possédez déjà. J'aurais bien une armure un peu plus... shaakt... Mais je suppose que ce n'est pas forcément à votre goût."
Elle laisse une légère pause, s'approchant de son lit pour s'y asseoir, croisant les jambes et posant les mains sur ses genoux, élégamment.
"Il y a bien ces possessions familiales... Des objets d'une rare qualité... Mais elles sont familiales. Je me demande bien s'il serait avisé de m'en défaire d'une... ou deux... pour vous."
Elle me demande ce que j’en pense. J’observe un instant la pièce avant de me déplacer, me mettant dans un coin où la porte et les fenêtres se trouvent dans mon champ de vision. Prudence est mère de sureté. Je lui réponds alors.
"L'origine m'importe peu, tant que c'est efficace. Si vous me dites que ce sera utile à notre mission je ne peux que vous conseiller de me les prêter. Je peux vous les rendre après si vous y tenez tant. Je ne suis pas un brigand."
Elle sourit, d'un sourire franc.
"Ce ne sont pas des équipements qui se prêtent, je le crains. Cela peut paraître idiot, mais ces équipements sont si ancrés dans notre famille et si... puissants... Qu'ils en ont développé une sorte de semi-conscience. Ou en tout cas c'est ce que semblent penser nos scientifiques. Ce ne sont pas les seules dans ce cas... Mais le fait est qu'elles n'accepteraient pas d'être échangées de main sans raison de la sorte." Elle finit par se lever pour s'approcher d'une armoire en bois massif, qu'elle ouvre. Dedans il n'y a que des vêtements, certains convenables, d'autres biens plus provocants que ceux qu'elle porte sur le dos. Mais elle les pousse pour faire glisser le fond de l'armoire, puis elle me fait signe d’approcher. Je plisse les yeux avant de décroiser les bras pour m'avancer en demandant.
"Est-ce que c'est de la technologie ou de la magie ?"
Elle sourit en me répondant que c’est de la simple mécanique puis elle me présente ses artefacts familiaux. Un arc, une paire de gants, une cuirasse, un poignard et une bague. Tous sont d’excellentes factures, je peux le voir et même le sentir. J’observe avec attention sans oser les toucher.
"Qu’ont-ils de si particulier ?"
Elle les désigne d'un élégant mouvement des bras, m’invitant à les prendre. Je l’observe d'un air méfiant avant de tendre un bras sans rien saisir.
"Je ne vais pas entendre des voix hein ?"
Le souvenir de ses maudites bottes lors d’une hallucination me hanteront à vie j’en ai peur. Elle retient un léger gloussement m’assurant qu’il n’y aura rien de tout ça. Je pousse un souffle nasal avant de me saisir des gants. Une certaine pulsion me saisis. Je sens qu'ils ne sont pas normaux, qu'ils ont quelque chose en plus. Je ressens instinctivement leur puissance hors norme. Leur vie. Un désir sain et apaisant s’empare de moi.
"Je comprends pourquoi vous hésitez à vous en séparer."
Elle secoue la main nonchalamment.
"Ce sont des biens familiaux avant tout. Je ne suis pas une combattante, je n'aurais que faire, personnellement, de tels objets. Mais il semble vous apprécier."
Elle ajoute avec un demi-sourire tout à fait sincère qu’elle ressent que j’en ferais bon usage.
"Tout ça est très étrange... Mais je sens aussi qu'ils me seront utiles. Que puis-je prendre encore ?"
Elle sourit.
"Je n'ai pas encore donné mon accord pour que vous les emportiez. Comme je vous le disais, ce sont des biens familiaux, très précieux. M'en séparer est une déchirure que je ne peux prendre à la légère."
J’observe les gants avec un désir certain mais parviens à les reposer à leur place.
"Vous savez. J'arriverai sans doute à faire sans si c'est trop dur pour vous. Je vous l'ai dit. Je ne suis pas un brigand."
Elle semble déçue. Après quelques secondes, elle fait un pas dans ma direction, se retrouvant à quelques centimètres de moi. Je me sens d’un coup oppressé, bien trop proche d’une femelle. Je me contrôle pour ne pas la bousculer, l’envoyant hors de mon périmètre de sécurité.
"Il semble que je n'ai pas été suffisamment claire. Vous pouvez les avoir. Je peux vous en laisser disons... deux. Mais je dois en tirer un bénéfice également."
"Evidemment. Quel genre de bénéfice."
Je plisse les yeux, évidemment qu’elle voulait quelque chose en échange. Je peux m’attendre au pire. Elle sourit, doucement, tendrement, avant de s'éloigner en direction de son lit et de s'y asseoir lascivement. "J'ai besoin de votre influence, Sieur Arkalan. Pour cette révolution, nous avons besoin de héros, de figures de proue. Vous qui êtes étranger et neutre, vous serez irrémédiablement l'une d'elle si nous vainquons. Et c'est une bonne chose. Je sais que vous me prenez pour une simple arriviste désireuse de gagner du pouvoir... Mais je ne me sers pas de mon peuple. Je le sers. Et j'ai besoin de votre légitimité pour mener les shaakts d'Izurith vers une nouvelle ère. Vers une ère de paix et de prospérité."
Elle laisse un temps de pause, comme attendant une réaction de ma part. J’hausse simplement les épaules avant de déclarer d’un air cynique.
"Je suis trop laid pour être un héros"
J’ai du mal à voir où elle voulait en venir. Elle sourit encore.
"Vous serez considéré comme le plus beau des hommes lorsque le campement sera libéré."
"J'en doute. Mais vous avez raison, il faut des personnes pour guider votre peuple."
C’est un fait, un peuple ne se libère pas seul. Des moutons ont besoin d’un guide, d’un berger. Qu’importe le peuple d’ailleurs.
"Alors me prêterez-vous votre légitimité ? M'aiderez-vous à convaincre les shaakts qui ne le sont pas encore ? Et les sindeldi et hybrides qui me verraient comme une menace ?"
Je jette un œil vers l'armoire avant de regarder Kara à nouveau. Je ressens encore le désir de posséder ces objets. Je me sens piéger. Obligé d’être utile à cette femme pour pouvoir réussir mon but ici.
"Qu'est-ce qui vous fait croire que j'en serais capable ?"
Elle laisse échapper un sourire en coin légèrement pervers. "Ce n'est pas bien compliqué, ne vous en faites pas. Tout ce que vous avez à faire... C'est accepter de faire partie de ma famille. Un détail pour vous. Un détail insignifiant qui n'aura plus la moindre importance lorsque vous quitterez Izurith."
Elle laisse un léger silence puis continue, son sourire s'intensifiant tandis que mon visage je fige, ayant peur de bien la comprendre. Elle poursuit. "Pour ça vous n'avez qu'à m'épouser ou me faire un enfant."
Elle s'étale légèrement sur son lit, lascivement.
"Je dois avouer avoir une préférence pour la seconde option."
C’est une blague. C’est forcément une blague. Je m’'approche du lit pour observer la Shaakt allongée, pour plonger son regard dans le sien, un rictus sur le visage.
"C'est hors de question."
Son sourire se transforme en une expression de légère tristesse.
"Pourquoi me méprisez-vous tant, Arkalan ?" demande-t-elle doucement. "Je ne vous demande qu'une nuit pour emporter ces objets millénaires avec vous pour toujours. Une simple nuit."
"Je connais ce subterfuge. Je le connais par cœur. Les tenues transparentes, les poses lascives, les regards appuyés. Vous n'êtes pas la seule Shaakt à avoir un corps qui suffirait à faire obéir n'importe quel mâle. Je sais, par expérience, que je ne dois pas tomber dans ce piège. "
Par expérience oui, j’étais déjà tombé dans le piège, au début de ma cavale. Une Shaakt seule qui avait besoin de compagnie. J’étais jeune à l’époque. Mes pulsions étaient difficiles à contrôler. Quels regrets j’avais eu alors quand ses complices m’étaient tombés dessus alors que j’étais nu et encore en train de gigoter comme un hareng. Difficile de me souvenir, par contre, comment je m’en étais échappé.
Kara se redresse légèrement et secoue la tête, fermant les yeux. "Vous vous trompez d'ennemie, Arkalan,"
Elle plonge son regard dans le mien.
"Je suis fourbe lorsque je dois l'être, implacable lorsque c'est nécessaire... Mais je n'ai rien de vos Matriarches qui torturent et tuent pour le plaisir. Je n'ai rien de ces femelles qui piègent les hommes pour leurs propres bénéfices. Il n'y a aucun subterfuge ici. Si vous me faites un enfant, il sera élevé dans les meilleures conditions qui puissent exister en ces terres. Dans une Izurith en paix, si c'est bien ce que nous parvenons à accomplir. Le cas contraire, il ne naîtra pas du tout, de toute manière. Vous pourrez venir le voir tant que vous le voudrez, vous comporter comme son père, ou non. Je vous ai dit tout ce qu'il y avait à savoir sur cet échange."
Elle referme les yeux, soupirant.
"Je vous demande de me donner la légitimité nécessaire pour éviter que notre peuple ne se déchire dans des luttes intestines, se battant pour telle ou telle matriarche, reniant ses sœurs et ses mères pour les Patriarches... Aucun subterfuge, je vous dis. Vous pourrez même à tout moment revenir ici pour vérifier que je n'ai pas abusé de mon pouvoir. Et si vous êtes érigé en héros, une simple déclaration publique défera toute ma légitimité si vous ne la supportez plus. Je ne demande rien de plus qu'un échange de bons procédés... Et une confiance mutuelle, aussi stupide que cela puisse vous paraître."
Je croise les bras avant de répondre bien décidé à ne pas changer d’avis. C’était une demande inacceptable de toute manière. Contraire à tous mes principes de prudence.
"J'ai accepté le fait que vous n'êtes pas mon ennemi. Mais m'allonger avec vous et vous toucher est impensable pour moi. C'est au-delà de ce que mon esprit peut supporter."
J’ajoute sincèrement.
"Ça n'a rien à voir avec vous. "
Pour elle non plus ça n’était pas sûr. Même si je parvenais à me coucher à côté d’elle, elle n’était pas à l’abri d’une pulsion violente de ma part. Je pourrais l’étrangler, la battre. Elle ne comprend pas qu’en la regardant je vois toutes les autres femelles qui m’ont causés du tort. Elle soupire.
"Alors épousez-moi."
"Je ne comprends pas en quoi ça nous aiderait. Je suis un homme de l'ombre, en vous épousant je serais connu de tous. C'est trop tôt."
"Après tout cela. Lorsque ce sera terminé. Un mariage qui sera décrit comme un mariage d'amour, avant que vous ne repartiez pour votre monde."
Je reste silencieux un long moment sans quitter la shaakt du regard. Un mariage me donnerait une certaine notoriété, c’est vrai. Je pourrais me faire entendre et comprendre des elfes de ce campement. Cela pourrait servir pour atteindre mon but. Mais épouser une Shaakt ! Jamais je n’aurais cru me poser cette question ! Ce n’est pas prudent. Les objets peuvent servir. C’est trop dangereux. C’est nécessaire pour rester en bon terme avec le meilleur allié que j’ai ici. Je lâche finalement un bruit de bouche agacé avant de répondre.
"L'arc, l'armure, les gants et je vous épouserai."
J’observe un instant le sol. Vaincu. Peu fier de mon choix. J’ai tourné le dos à mes principes. Si je devais le regretter, je me jure qu’elle ne s’en sortirait pas indemne. Elle semble hésiter, faisant une grimace.
"Pour un enfant, je vous les aurais tous donné, s'il avait fallu," fit-elle. "Pour un mariage... Je me sens quelque peu flouée."
Elle réfléchit quelques instants avant de finalement hausser les épaules.
"Oh et puis... Prenez-les. La sauvegarde de notre peuple vaut bien quelques sacrifices."
Elle se redresse rigidement, semblant néanmoins vexée, contourne le lit et va jusqu'à la porte, qu'elle ouvre.
"Prenez vos nouvelles possessions et disparaissez donc. Je ne me suis jamais senti si laide qu'en ce soir, par votre faute."
Il n'est plus question de sourire ou de séduction. Le jeu est terminé. Bien qu’elle ait gagnée. Elle est visiblement froissée, peut être peu satisfaite de sa victoire comme je le suis de ma défaite. Elle semble néanmoins sincèrement vexée. Je me dirige vers la porte et la ferme calmement sans rien dire. J’abaisse ensuite ma capuche, montrant mon visage balafré et mon oreille déchirée puis après une légère grimace de honte je défais le haut de ma cape pour me défaite de mon haut, affichant à la vue de Kara mon torse et mes bras mutilés. Enfin je lui demande. "Si on vous avait fait subir tout ceci, pourriez-vous partager un moment d'intimité avec quelqu'un leur ressemblant. Vous êtes loin d'être laide, vous le savez. Seulement ce n'est pas vous que je vois quand je vous regarde. Est-ce que vous pouvez le comprendre ?"
Elle approche une main de mon torse, s'arrêtant à quelques millimètres sans le toucher. Encore une fois, l’avoir dans mon espace vitale est difficile à accepter. Dire qu’elle voulait que je couche avec elle l’instant d’avant alors que j’ai du mal à tolérer sa présence si proche de moi.
"Je ne leur ressemble qu'en apparence," fait-elle simplement.
Puis elle recule sa main et colle ses yeux dans les miens. J’y perçois quelque chose d’étonnant, de difficile à décrire. Le souvenir du regard de Linwen jaillit à nouveau dans mon esprit. Ce regard triste, plein de regret. Ce regard qui pouvait me faire entendre que toutes les femelles n’étaient pas pareilles. Une pensée vite balayée par les souvenirs plus bruyant et encombrant des femmes Shaakts qui m’ont prouvées être toutes les mêmes garces.
"Ma porte ne sera pas verrouillée, si vous changez d'avis dans la nuit."
"J'en prends note."
Dis-je en me rhabillant. Je récupère ensuite les reliques de famille dans l'armoire avant d'ajouter. "Et j'en prendrais soin."
Je me dirige vers la porte pour quitter la chambre, me gardant de lui dire de verrouiller sa porte ce soir car ce serait plus sûr. Beaucoup d’inconnus sont dans son manoir cette nuit et je n’accorderais pas autant de confiance qu’elle le fait.
En sortant, je demande à la servante de m’indiquer ma chambre. Elle me ramène à l’étage en dessous dans une chambre ressemblant à celle d’Aënalia. Je remercie mon guide et referme la porte derrière moi. Je m’équipe ensuite de mes nouvelles possessions. Laissant les anciennes au pied de mon lit.
Impossible pour moi de me reposer. J’ai un mauvais pressentiment et je ne me sens pas en sécurité. Un sentiment me surprend un instant avant de me plonger dans une colère profonde. Je ne suis pas certain que Kara soit en sécurité. Pourquoi diable me souciais-je de sa sécurité ! Je fronce les sourcils, serre les poings. Elle m’a fait quelques chose, jeté un sort c’est certain. Je cherche à me raisonner mais mes pensées sont confuses. Inquiet malgré tout, je décide de sortir de ma chambre pour patrouiller dans les couloirs. A l’affut du moindre bruit suspect.
((environ 2500 mots))
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