(((dans ce rp Krochar va et viens dans le "camp" plusieurs fois donc prévenez-moi si vous voulez l'interpeller entre-temps, j'éditerais mon post. Pour résumer sans que vous ayez à tout lire : Krochar met en place des caillasses en cercle pour le campement, puis il ramène une pierre imprégnée de fluide de feu pour cuir sa nourriture, il l'a met au milieu du cercle de pierre (avec ces haches pour pas se brûler) puis il posera son sac et part se mettre en sentinelle à l'entrée de la ruelle. Là vous pourrez le voir faire des mouvements brusques, puis s'éloigner un peu en laissant son glaive planter dans le sol.)))
"Les dégâts qu'ils ont fait ont pour origine ce grimoire, j'y trouverais de quoi défaire leurs méfaits. Il va juste me falloir un petit peu de temps pour examiner ça."
"D'accord."
(Dans peu de temps nous saurons ce qu'il faut faire, il ne reste plus qu'à espérer que l'irréparable n'a pas déjà été commis.)
Je n'étais pas un optimiste là-dessus : trop de forces et de conflits étaient en jeu pour que la solution soit aussi simple qu'effacer une rune ou casser un objet magique. Oaxaca avait très certainement déjà mis en œuvre plusieurs système lui permettant d'assurer son contrôle sur le monde des rêves. Même si nous avions déjà traversés ou détruits certains d'entre eux il devait en rester un bon nombre, les pires peut-être. Netare pris alors la parole :
"Je ne sais pas combien de temps on va rester là, mais il vaut mieux préparer un campement au cas où. Pouvez-vous vous en charger ? Je vais aider la princesse dans son déchiffrage. Les garzoks me posaient pas mal de questions sur le monde des rêves quand ils déchiffraient le grimoire et je pourrais sûrement la guider dans la traduction."
(Plus vite ce sera fait, mieux ce sera.)
Elle se mit au coté de la dame des rêves et elles commencèrent ensemble à travailler sur le livre. Pendant ce temps Glaya s'enquit de l'intérêt de Lindeniel pour les anneaux magiques :
"Tiens, je ne vous savais pas intéressé par la magie maître hinion. Je vous ai toujours vu manier l'arbalète plutôt que les sorts. Vous nous cachez quelques atouts ?"
(Il nous cache bien plus que "quelques atouts". C'est surtout ses compétences, ses motivations et ses pensées qu'il cache derrière sa cape.)
Je ne voulais pas vraiment m'intéresser à Lindeniel en ce moment, ni à l'anneau magique d'ailleurs. Les deux spécialistes des songes s'en chargeaient et je n'avais qu'à attendre la fin de leur étude. Mais comme cela pouvait d'être long je me suis mis à chercher comment faire un campement dans cette ruelle. Après avoir réfléchi un petit temps je suis allé rassembler des morceaux de bâtiments effondrés qui pourraient nous servir de siège autour du feu. Mais après avoir tout rassembler en cercle un problème se posa : pouvions-nous faire du feu ?
(Rien ne marche normalement ici, si ça se trouve un feu est infaisable par des moyens non-magiques. Et d'ailleurs rien ne me dit que si on arrive à le faire il ne va pas être affecté par la magie et prendre vie pour nous attaquer.)
Le simple fait de penser trop "fortement" à cette éventualité fit apparaître de légers reflets flamboyants au centre du cercle de pierre que j'avais créé. Je chassais bien vite toute image de flamme de mon esprit et décida de réfléchir plutôt à un moyen alternatif de cuir les aliments.
(Et puis il n'y a que de la pierre aux alentours, pas de bois ou de papier, juste des briques. En plus certaines sont magiques.)
Et c'est alors que je me suis souvenu de la pierre brûlante que j'avais malencontreusement touché en arrivant dans cette ville onirique. Même en ayant retiré ma main vite par réflexe la chaleur qu'elle dégageait avait été suffisante pour me faire mal. Lançant un léger : "Je reviens" à mes compagnons je partis à la recherche d'une pierre similaire dans les environs. Finalement ce ne fut pas très long, une dizaine de minutes de recherches. Par coïncidence ou parce que mes pensés était fixé sur ce but une pierre rougeoyante se trouva par terre, couleur orangée et luminescente. C'est donc avec une extrême précaution que je pris mes deux solides haches, tâtant au préalable la caillasse pour vérifier qu'elle n'était pas aussi chaude qu'un feu de forge, pour tenir le morceau à bout de lame et le ramener au camp. Marcher dans la ville me permit de voir encore d'autres éléments magiques perturbant, comme des traces de pas d'animal inconnu sur un mur ou deux petites tornades marron qui tournaient l'une autour de l'autre sans créer le moindre courant d'air. Je préférais ne pas trop m'attarder sur ces bizarreries qui pourrait m'attaquer si je les regarde trop fixement. Le retour se fit rapidement en sens inverse et aucun piège magique ne m'empêcha d'atteindre mon petit cercle de pierre et de placer la roche orangée en son centre.
Devant le regard inquisiteur de certains de mes compagnons je préférais m'expliquer :
"J'ai pensé que ce serait utile pour faire cuir la nourriture sans risquer de faire du feu. Vous pensez que c'est dangereux Dame Odhäar ?"
Elle regarda la pierre un petit moment avant de me répondre :
"Je vous conseille d'être très prudent, cette pierre est manifestement infusée par des fluides de feu. Vous risquer de sérieuses brûlures."
Hochant la tête pour montrer que j'avais compris, je sortis de mon sac un petit morceau de ration que je mis sur la pierre, m'attendant à ce qu'un léger grésillement se fit entendre pour prouver que la cuisson était bonne. Mais en fait le grésillement fut largement plus intense et la viande que j'avais posée se mit à cuire largement plus vite que tout ce que j'avais vu jusqu'à présent. Le plus perturbant fut surtout lorsque quelques secondes après, alors que je m'apprêtais à retirer vite mais délicatement la viande avant qu'elle ne brûle, je vis qu'elle ne grillait plus. La chaleur avait subitement changé d'intensité et maintenant mon petit en-cas cuisait à petit feu.
(Pourtant je ne rêve pas, cette pierre est bien chaude comme une braise. Ah mais non, j'oubliais, je ne rêve pas mais je suis "dans" un rêve. La magie a vraiment des effets très imprévus.)
J'étais tellement pris par la cuisson anarchique de ma nourriture que je ne fis pas attention aux va-et-vient des autres. Après un moment je récupérais délicatement la viande en faisant très attention à ne pas toucher la pierre. Je la plaças sur un petit plateau de bois que j'avais dans mon sac et soufflas dessus pour qu'elle refroidisse plus vite.
Mon repas englouti je vis que dame Odhäar et Netare n'avait toujours pas terminé à décrypter le grimoire et elles ne me semblaient pas sur le point de le faire.
(Bon, puisque je ne sers à rien ici et que j'ai fini d'arranger le camp, autant me poster quelque part pour surveiller les alentours.)
J'installa mon sac sur le siège que je m'étais réservé et en sorti le grand glaive que j'avais pris aux guerriers Garzoks de la mine. Satisfait de son poids et de sa maniabilité je mis mes haches de combat dans le sac pour ne pas être encombré lorsque je cours.
(Il vaut mieux prévoir de courir si les ennemis sont trop nombreux.)
Puis je me dirigeais vers l'entré de la ruelle, décidé à en monter la garde, tout en prévenant les autres de mon intention :
"Je vais surveiller ce coté de la rue, s'il y a un problème je vous préviendrais." Un peu plus loin je haussais la voix pour rajouter : "Vous pouvez utiliser le rocher de feu, il marche bien même si la cuisson est plutôt aléatoire."
En arrivant au bout de la ruelle je me mis en position : jambes écartées, lame posée pointe sur le sol, regard dirigé dans la direction du vent, nez prêt à déceler quoi que ce soit d'anormal venant de l'autre coté. J'avais souvent pour habitude de faire confiance à mon odorat pour me prévenir de tout danger qui se trouverait sous le vent. Bien sûr je donnais des petits coups d'œil de temps en temps, au cas où… Mais cette fois-ci je dus me résoudre à ne me fier qu'à mes yeux. En effet les bâtiments, les ruelles, les ruines – et très certainement les effets des fluides magiques – ne permettaient pas au vent d'avoir une direction fixe, allant dans une direction puis une autre trop rapidement pour que je puisse me fier à ce que j'y sentais. De plus les odeurs étaient vraiment trop étranges, trop inconnues pour que je puisse deviner si elles étaient signe de danger ou juste l'arôme naturel des lieux.
Ainsi je me mis à scruter les alentours comme une sentinelle. C'est seulement à cet instant, lorsque j'étais enfin posé et sans rien d'autre à faire que de regarder autour de moi, que j'ai remarqué que j'étais très tendu. Mes bras tremblait légèrement et je pense que mes jambes auraient fait de même si elles n'étaient pas en position écartée. Mon torse se soulevait et s'abaissait rapidement au rythme de ma respiration. Je pouvais sentir dans mes tempes mon cœur battre la chamade.
(Toutes ses péripéties m'ont mis à cran sans que je ne m'en rende compte. Il faut que je me calme.)
La meilleure méthode pour se calmer a toujours été de fermer les yeux et de respirer lentement, mais je ne pouvais pas me permettre de fermer les yeux donc je me suis concentré sur mes poumons. Pourtant ce n'était pas suffisant, je respirais lentement mais mes muscles et mon cœur était toujours tendus.
(Il faut que je pense à quelque chose de calme. Qu'est-ce qui me calme normalement ? Ma famille… est morte ; ma femme… a disparu de mon esprit ; mes amis… Jakadi faisait souvent apaiser la tension, avec ses blagues et son attitude un peu loufoque. J'espère qu'il va bien, il est peut-être perdu dans les méandres de ce monde… ça ne me calme pas vraiment de penser à ce qu'il est devenu. Qu'est-ce qui me calme normalement ? La musique… je n'ai aucun moyen d'en entendre ; le combat… au contraire il n'y a rien de plus excitant et d'effrayant à la fois. Par contre, lorsqu'un combat se termine, le simple fait d'avoir gagné était parfois suffisant pour que mes muscles se relâchent d'eux-mêmes. Se dire que l'on a survécu et que notre vie ne risque plus rien dans l'immédiat, ça a quelque chose de… tranquillisant. Peut-être pourrais-je recréer cette sensation, même si je ne viens pas de terminer un combat. Avoir survécu à autant d'embûches et de batailles tiens déjà de l'exploit. Je suis encore vivant, moi et certains de mes compagnons. Nous allons bientôt mettre un terme à la menace des cauchemars invoqués par les Garzoks. Nous sommes encore debout, même après avoir combattu un grand groupe de guerrier dans les mines. Ce combat aurait pu se passer mieux si j'avais réussi à me battre plus aisément mais finalement il n'y a pas eu de mort, du moins dans notre équipe. Ce qui me fait vraiment rager lors de ce combat c'est toutes les occasions que j'ai eu d'esquiver les coups de mes adversaires. Mon armure, rafistolée comme elle est, ne me protégeait que quelques fois. A chaque fois je voyais les positions des jambes et des bras de mes adversaires et je m'attendais à un coup spécifique, mais ce que je lisais dans leurs yeux… mon instinct me disais que la prochaine attaque n'était pas celle à laquelle je m'attendais. Le coup que ce gars m'a donné à la tempe, j'aurais pu facilement me protéger si j'avais mis mon bras…)
Le Garzok apparut d'un seul coup, devant moi, transparent et les yeux écarquillés, comme un fantôme qui avait choisi précisément son moment pour révéler sa présence. Son coup était déjà enclenché et par réflexe je plaça mon avant-bras gauche au niveau de ma tempe, exactement comme je venais de l'imaginé. Mon autre main cherchait une bonne prise sur la poigné de mon glaive et la trouva très vite. Au même moment où la pointe de la lame quitta le sol, le bras de mon agresseur entra en contact avec le mien. Puis il disparut.
Mon regard était maintenant porté sur le vide. La rue ne contenait plus qu'une petite brise à l'endroit où se trouvait le Garzok-fantôme. Je jetais un regard de chaque coté pour être sûr et certain de sa disparition avant de reposer le glaive.
(On… on aurait dit le Garzok que j'imaginais. Ou plutôt son esprit.)
J'étais perturbé par cette apparition, soudaine, presque chronométrée avec mes pensé. L'espace d'un instant je me suis senti dans la mine, en face de ce guerrier à la barbe naissante. La magie ambiante l'avait bel et bien fait revenir d'entre les morts.
(Donc il peut très certainement revenir attaquer. Lui ou un autre, son camarade qui avait attaqué à sa suite avec un coup aux jambes par exemple…)
De nouveau un Garzok-fantôme, le camarade du premier que je venais de visualiser dans ma tête, apparut sur ma gauche et tenta de donner un coup de hache sur mon pied. Je réussis à soulever ma jambe à temps et il planta sa lame dans le sol. Je posa mon pied sur sa main d'arme pour le maintenir en position d'infériorité. Je fus surpris de sentir une résistance physique sous mon pied alors que le premier était partit en fumée au premier contact. Il leva la tête et me fixa de ses yeux blancs ecarquillées.
(Il frappe à la tête ! Esquive !)
Mon instinct avait vu juste et, contrairement à ce qu'il avait tenté dans les mines, le Garzok-fantôme tenta de me frapper au milieu du visage. J'esquivais en pliant les jambes et la seconde d'après je lui mettais mon poing dans le ventre. Il s'évapora à l'impact.
C'était une étrange sensation que de poser le pied par terre, le bras du guerrier ayant disparu.
(Ne te laisse pas distraire, ils vont sûrement revenir.)
Ces deux Garzoks-là j'étais certain de les avoir tués moi-même. La magie des rêves les avait ramenés ici pour se venger. Délaissant mon glaive, peu efficace contre des adversaires qui pouvaient apparaître au corps à corps instantanément, je me suis décalé pour éviter qu'il ne gène mes mouvements.
(Ils vont très certainement apparaître quelque part où je ne les attends pas…Derrière ! Plonge !)
De nouveau mes réflexes et mon intuition me permirent d'éviter l'attaque combinée des deux esprits. Après avoir fait une roulade je me suis retourné pour les combattre face à face. Ils se tenaient tous les deux droits, corps aussi translucide que du verre mais ondulant comme de l'eau. Pas de position de combat, pas d'arme, juste ce regard blanc fixé sur moi.
(Ils veulent en découdre pour de bon on dirait. Je vais me faire un plaisir de les remettre à leur place.)
Ils n'étaient que deux et m'avaient clairement comme cible, j'avais donc préféré ne pas appeler les autres pour ne pas gêner les magiciennes dans leur lecture.
(Je peux les prendre seul. Au pire je peux tenter d'y aller au glaive.)
Le premier s'avança en marchant vers moi et frappa au visage. C'était une attaque tellement lente et presque prévenue à l'avance que l'esquiver était un jeu d'enfant. Par contre, il me surprit avec son deuxième poing qui fusa vers mon ventre. J'eus à peine le temps de parer en mettant ma main sur la trajectoire.
(Bizarre, on dirait qu'il frappe doucement, et puis l'autre ne fait rien, je pensais qu'il viendrait se battre.)
Juste après le deuxième Garzok-fantôme s'approcha pour m'attaquer à son tour. C'est à ce moment que j'ai compris que ces apparitions étaient dirigées par mes pensés. Dame Odhäar nous avait prévenus en arrivant qu'il ne fallait pas penser trop fortement au risque de voir nos pensés se matérialiser, comme l'a fait Glaya au temple. Mais il était trop tard, ces choses créées par la magie avaient leur propre façon d'attaquer, très certainement calqué sur des adversaires que j'avais déjà rencontrés. Ils n'étaient plus dirigés par mes souvenirs de notre combat dans la mine et même s'ils étaient apparemment lents et pas très fort ils restaient dangereux.
Le combat se poursuivit à deux contre un et la lenteur des coups ne fut que temporaire, il me semblait que plus je me concentrais sur mes adversaires plus leur vitesse augmentait.
(Je les rends de plus en plus réels !)
Mais heureusement pour moi cette réalité avait ses limites : leurs coups étaient complètement inefficaces et les miens aussi. En effet mon poing traversait leurs corps transparents et les leurs s'arrêtaient net au contact de ma peau. J'avais beau voir des muscles se tendre, se détendre et un coup être porté à mon épaule, le bras de mon adversaire s'immobilisait à l'instant ou le coup était donné. Un peu comme s'il avait calculé parfaitement sa force pour ne jamais me faire de mal.
Au bout d'une vingtaine de vaines attaques je me suis arrêté et je me suis tenu droit tandis que les deux esprits martelaient mon corps sans me faire plus mal qu'un couple de vieillard.
(Cette situation est complètement stupide, j'ai l'impression de jouer au combat avec des enfants. Comment vais-je arrêter cette farce ? C'est pire qu'un entraînement avec des Sinaris… un entraînement… c'est une idée ça, les utiliser pour m'entraîner… mais à quoi, ils ne font que frapper sans esquiver.)
Après y avoir réfléchi, je me suis dit que je pourrais tenter d'apprendre à esquiver des coups venant de plusieurs adversaires. Mais je me suis très vite aperçu que c'était plus compliqué que je ne le croyais, et pour une raison assez inattendue : je ne pouvais pas deviner les intentions de mes adversaires avec leurs visages sans aucune forme d'émotion. Le pseudo-combat que j'avais engagé devenait plus intéressant : je devais esquiver des attaques complétement imprévisible, aussi faible soient-elles.
Durant une majeure partie de l'entraînement je faisais en sorte d'avoir les deux en face de moi. Les deux Garzok-fantômes ne semblaient pas pouvoir s'épuiser et frappaient sans relâche, me forçant à trouver des positions d'esquives de plus en plus contraignantes. Au début cela me semblait complètement impossible de prévoir d'où allait venir une attaque et je me trouvais plus souvent à parer avec un bras ou le plat de ma main qu'à esquiver. Or cela me privait d'un membre là où une esquive réussie me donnerait plus d'occasion d'attaque. Je ne me suis pas découragé et j'ai continué. Au bout d'un moment je me suis retrouvé coincé entre les deux assaillants, mon regard valsait d'un coté à l'autre, rendant les attaques encore moins prévisibles. Mais c'est étrangement à partir de ce moment-là que je réussis à éviter plus souvent les coups. La plupart me touchaient mais je sentais qu'il y avait une différence significative. De plus c'était très souvent une attaque venant de celui que je ne regardais pas. Après une série d'enchaînement, j'étais certain que j'esquivais plus facilement les attaques que je ne voyais pas.
(Mais c'est totalement incohérent.)
Pour en avoir le cœur net je fis face à un seul adversaire à la fois et tentait d'esquiver les deux à la fois. Ma logique avait du mal à admettre ce que mes sens me disaient : je recevais encore moins de coups qu'avant. Là encore je voulus en être sûr et je suis resté en position suffisamment longtemps pour en avoir le cœur net. Je continuais à recevoir plus de coups que je n'en esquivais mais la différence avec le début de mon entraînement avec ces deux pantins étaient trop significative.
(C'est incroyable.)
Ma première réaction fut assez rationnelle : Comme durant tous les entraînements que l'on répète en boucle je devenais de plus en plus efficace à esquiver mes adversaires. La logique voulait donc que si je me retrouve encore avec les deux en face de moi, je serais encore plus efficace. Mais la logique n'avait apparemment pas décidé de me suivre dans mon raisonnement : après m'être remis en position pour avoir les deux attaquants en face de moi je me remis à parer bien plus souvent qu'à esquiver, rien n'avait changé. Outre la frustration de ne pas être conforté dans mes pensés, j'étais d'autant plus déçu de voir que cet entraînement ne portait pas de grands fruits. Je n'esquivais pas mieux de face, or on se bat habituellement de face, les yeux dans les yeux.
(Les yeux ! Mais bien sûr ! Je n'arrive pas à les esquiver parce que je cherche une volonté d'attaquer dans leur faciès. Or ils n'en ont pas.)
Et je compris alors pourquoi mes chances de réussites augmentaient si je ne voyais pas les attaques. Quand je les ai en face de moi je cherche une intention qui n'est jamais là où qui me semble être là, mais sans y être. Cela me perturbe et m'empêche d'agir efficacement. Mais lorsque je leur tourne le dos, je n'ai plus qu'un seul moyen d'éviter de me faire toucher : l'instinct. Ce sixième sens, cet avertissement lorsqu'on a les cheveux qui se tendent, cette sensation désagréable quand on nous regarde, ce coté primal qui nous fait aimer ou détester quelqu'un du premier regard. C'est par cet instinct sauvage qui me guide inconsciemment que je réussissais à anticiper les attaques.
(Donc l'entraînement change de but : je ne tente plus d'esquiver de manière traditionnelle, je vais plutôt tenter de faire appel à mon instinct.)
Plus facile à dire qu'à faire car lorsqu'on voit quelqu'un attaquer, même si son visage est fermé, ses muscles se tendent, ses pieds se positionnent et on attend quelque chose de spécifique. En tant que guerrier je prenais ses choses-là en considération par réflexes et esquivais en conséquence. Malheureusement ces guerriers-ci ne liaient aucunement leurs corps et leurs coups. Je me suis donc résolu à aller plus loin encore que juste leur tourner le dos pour ne plus les voir.
(Ferme les yeux et laisse ton instinct te guider.)
Bien sûr mon changement d'attitude ne faisait aucunement varier la cadence d'attaque des deux Garzok-fantômes. Au début je ne faisais aucun mouvement, sentant les coups faibles me toucher comme si des enfants s'amusaient à jouer à chat avec moi sans jamais s'arrêter. Puis j'ai bougé ma tête, entrouvrant les yeux pour voir si je venais effectivement d'esquiver un coup. Le bras du deuxième guerrier se trouvait à l'emplacement où se trouvait ma tête la seconde précédente.
(Ca marche !)
Je refermais rapidement les yeux pour recommencer l'expérience. Au fur et à mesure je fis des esquives de plus en plus souvent, il m'arrivait parfois à en faire plusieurs d'affilées. Pour rester plus longtemps dans l'esprit de mon entraînement je n'ouvrais les yeux qu'une fois tous les dix assauts évités. Il m'arrivait de voir, ou de sentir, que je n'avais pas bougé convenablement, pas assez ou parfois du mauvais coté. Mais je sentais en mon fort intérieur que j'avais de plus en plus de facilité à écouter mon esprit primal.
(C'est étrange, je ne pensais pas que les réflexes et l'instinct pouvaient se distinguer lors d'un combat. D'ailleurs, je me demande s'ils s'opposent.)
Cette question me trottait dans la tête pendant un petit moment avant que je ne me décide à la mettre à l'épreuve. Il me suffisait pour cela d'ouvrir les yeux et de combattre les guerriers en les regardant mais tout en écoutant mon instinct. Si réflexes et instinct étaient incompatibles je serais rapidement fixé. Je fus surpris de voir qu'il ne restait plus que le premier guerrier, celui à la barbe naissante, lorsque j'ouvris les yeux. L'autre n'était visible nul part.
(Ah, j'ai du rester les yeux fermer tellement longtemps que sa présence n'étais plus maintenu par mes pensés. C'est tatillon la magie tout de même.)
Finalement cela présentait plutôt un avantage que de n'avoir qu'un seul adversaire : il ne pouvait donner qu'un nombre limiter de coups en même temps. C'était frustrant de pouvoir esquiver le coup de l'un des deux mais de tomber sur l'attaque préparée par l'autre. Je tentais alors tant bien que mal de faire taire mes réflexes quant aux positions d'attaque de mon adversaire et de faire appel à mon intuition. Ce ne fus pas praticable à première vue : Les réflexes, comme leur nom l'indique, sont des réactions enregistrées et j'avais vraiment du mal à m'empêcher de réagir de telle ou telle manière quand mon instinct me disait que ce n'était pas bon. Bien sûr il arrivait que mon instinct me trompe et que mes réflexes aient vu juste ou même que les deux soient dans l'erreur ou se rejoigne dans une même action, mais c'était bien plus rare.
(Je dois continuer, je dois m'habituer à suivre la bonne voie.)
Tout en continuant ce combat qui m'épuisait de minutes en minutes, je tendais parfois l'oreille pour écouter si l'on ne m'appelait pas pour que je revienne dans la ruelle.
_________________
|