(Son bouclier ! Bouge !)
J'eus le temps de faire un pas sur le coté tandis que l'assaut de mon ennemi se solda par un faux mouvement qui le fit mettre genoux à terre. Par respect je me devais de saluer la loyauté de ce Garzok envers son chef :
"Tronk…"((("Brave…")))Puis mon coude s'écrasa lourdement sur son visage déjà meurtri ce qui finit de le mettre hors d'état de nuire. Le bruit sourd des os qui s'entrechoquent et la vision de son corps inerte qui s'allonge dans l'eau me fit craindre que je l'avais tué mais je me suis fait la réflexion qu'il fallait plus qu'un simple coup pour finir un Garzok.
Si ma réaction n'avait pas clairement répondu à la proposition du shaman, ma charge – ou du moins le mieux que je pouvais réaliser dans la boue qui coulait continuellement sous mes pieds et avec ma blessure à la jambe – dans sa direction fut certainement plus qu'une preuve que ma loyauté envers mes compagnons était la même que celle de son garde envers lui.
(Si j'arrive à le mettre dans les pommes lui aussi je pourrais convaincre les autres de se rendre.)
Mais le shaman était bien plus vif que je ne l'avais prévu. Il sortit un double fléau qu'il semblait manier de main de maître. D'un seul mouvement il esquiva ma charge et lança ses chaînes sur ma tête. J'eus la chance de ne pas avoir le crâne défoncé par ses boules de fer mais ce n'étais pas le but de mon adversaire : il avait réussit à entraver ma gorge avec son arme et je commençais à peine à sentir l'étranglement que les deux poids vinrent cogner contre ma gorge. Aussitôt je sentis le sang remplir ma gorge et ma bouche, mélangeant la sensation d'être étranglé à l'extérieur avec celle d'être étouffé à l'intérieur. Mon crâne et mes poumons subissaient la douleur par vague rapide et successive. Le goût du sang, de mon propre sang, emplissait ma bouche et je ne voulais pas me risquer à l'ouvrir de peur de bloquer la chaîne. Heureusement pour moi le shaman retira son étreinte ce qui me permis de recracher une bonne partie du sang qui s'était accumulé. Ne voulant pas être pris au dépourvu je me remis en position pour lui faire face.
"Bien. Alors tu seras le premier à mourir"
Il était bien décidé à me tuer, peut-être qu'il était ami avec le guerrier que j'avais abattu. Si c'était le cas il était facile de comprendre son mécontentement.
(J'ai mal aux jambes et à la tête. Frakuk, ça ne va pas partir de sitôt. Il faut que j'arrive au corps à corps, son arme sera moins efficace. Je pourrais le tuer facilement si je l’empêche d'utiliser ses sorts.)
Mais devant notre animosité mutuelle je me suis souvenu de mon discours avant l'attaque : " s'ils se rendent je vous empêcherais de les assassiner". J'étais en train d'agir à l'inverse de ce que je disais, de ce que je pensais même.
(C'est normal qu'ils se défendent, on ne leur à pas laisser de chance d'abandonner. Abattre le chef aurait été bien pratique mais là je dois changer de stratégie pour minimiser les morts.)
Je devais proposer au chef qu'il abandonne mais je devais aussi lui donner de bonnes raisons. Le simple fait de dire que j'étais le plus fort ne serais qu'un coup d'épée dans l'eau vu la situation. Il me fallait des arguments valables.
Je fis plus attention aux bruits du combat qui se déroulait à quelques mètres, même si je lui tournais le dos. J'entendis les cris de douleur d'un Garzok et les grognements de bataille d'un autre. A cela s'ajoutaient les cris et les incantations de Kerk.
(J'imagine que le guerrier qui souffre le plus s'est fait prendre par surprise par Lind. Quand à Glaya…)
Un coup d'œil rapide sur la gauche me permis de comprendre que sa prison commençait à faiblir. Le bruit caractéristique de la terre sèche qui se craquèle semblait aller de concert avec ses efforts pour en sortir.
Cette situation était à mon avantage et je devais en profiter, mettre toutes les chances de mon coté pour convaincre le shaman d'arrêter cette bataille.
Une bille de sang se forma dans ma gorge et je dus la cracher dans la boue pour pouvoir parler clairement :
"Je ne sers que moi et ce que je considère juste. Mon amie va bientôt se libérer de ton sortilège, un de tes garzoks est à terre et les autres vont bientôt suivre. De plus nous avons encore deux magiciennes en soutien prêtes à intervenir si besoin. Rendez-vous, toi et tes soldats, et je promets sur mon honneur qu'il n'y aura plus de mort. Avec de la chance on pourra même guérir ton gardien avant que sa blessure à l'épaule ne devienne trop grave..."(Tirer sur la corde sensible de l'amitié pourra peut-être jouer en ma faveur.)
"Sois raisonnable, en tant que chef tu le dois aux garzoks sous tes ordres."J'avais cru avoir affaire à un chef, à un meneur qui veut la réussite de sa mission et la survie de ses hommes. Je me trompais lourdement.
"Jamais nous ne nous rendrons ! Oaxaca guide nos pas et nous vaincrons, peu importe les sacrifices."
Un fanatique, un fou qui ne veut que suivre les préceptes d'un culte, quelles qu'en soit les raisons et les aboutissements. Un fou qui a entraîné ses soldats dans sa folie. Le guerrier que je venais d'assommer partageait-il sa vision du monde ou ne faisait-il qu'obéir à plus terrifiant que lui ? Pouvait-on seulement les appeler "compagnons d'armes" ? Un fanatique comme ceux qui avaient attaqué mon village.
(Ce genre de malade ne mérite pas de vivre et encore moins d'avoir des garzoks sous ses ordres.)
La douleur, les souvenirs, la rage de rencontré un être aussi vil que ceux qui ont ruiné ma vie… Dans cet état second je me suis imaginé une raison pour le tuer, une raison pour l'attaquer sans plus de chance d'abandonner : j'allais venger la mort de mes autres compagnons. Pour moi ce shaman était devenu le symbole de ce que nous combattions. Même si logiquement ce rôle revenait à son maître, tué par Kerk, je le voyais comme responsable. La tentative pour nous noyer Sirendor et moi, les éboulements qui nous ont séparé du reste du groupe et qui ont couté la vie à la plupart d'entre eux, l'Esprit de la Dague, le combat dans les mines… Tout était résumé à ce Garzok.
Lorsque j'étais petit on nous apprenait que la rage de vaincre permettait de supporter la peau coupée et les os brisés. Cette leçon devenait vérité à ce moment-là et la colère qui remplissait mes veines était comparable à celle que je pouvais lire sur le visage de mon ennemi.
Rage de vaincre contre fanatisme, j'allais savoir lequel était le plus fort.
"Ta bir faï !" ((("À la mort !")))Je fis un mouvement brusque vers l'avant et tenta d'enchaîner deux violents coups de haches. Motivé par toutes les calamités dont je me convainquais qu'il était coupable, mon assaut était pure violence, force et rage. Je n'avais pas de stratégie précise, j’espérais le surprendre par la vitesse de l'enchaînement et l'empêcher d'utiliser efficacement le fléau qu'il maniait si bien. Mais je dois avouer que dans l'état où j'étais, le simple plaisir de pouvoir entendre ses os et sa chaire se fendre deux fois de suite était tout ce qui me motivait à tenter un mouvement risqué.
(((Tentative d'apprentissage de capacité de classe "Enchaînement barbare")))