Ezak laissa sa tête retombée vers l'avant, dans un signe d'abandon. Visiblement, cet homme était l'un des rares humains à ne pas comprendre ce qu'était l'ironie, et de fait, il n'avait pas compris son message déguisé qui n'était autre que : foutez-moi la paix ! Le champion de Crean Lorener releva un visage blasé avant de déclaré d'une voix qui ne l'était non moins :

« Je ne peux pas vous révéler ces informations. J'ai reçu un corbeau directement du chargé de communication de la Reine Noire. Il y est mentionné que je ne dois parler à personne de ce que je suis sensé faire... Désolé. »

Doux mensonge...

Ezak ne put s’empêcher de sourire aux paroles de Lucian. Il faisait preuve d’une apparente envie d’action et dans un sens, cela le fit se sentir un peu plus proche de lui. Ezak avait développer ce gout pour l’adrénaline dans le bagne. Quand il se battait, quand il enlevait la vie, il se sentait en vie. Quoi de mieux que la proximité de la mort pour se rendre mieux compte de sa condition de mortel ?

Mais cette fois, le sourire du maitre d’armes n’était pas un quelconque signe compassion , mais plutôt la découverte d’une faille qu’il allait utilisé. Il semblerait qu'il avait trouvé précisément ce qui pourrait pousser Val Crooh à bouger.

« Je trouve également étrange que ces indigènes aient encore le droit de vie. Rassurez moi, c'est une position qui n'est pas permanente, si ? »

Elath fit part une nouvelle fois de sa frustration, précisant qu’il n’avait pas le droit de lever la main sur les Escarl’Othien, mais que si ça ne tenait qu’à lui cette ville serait mise à feu et à sang. Ezak pu sentir l’énervement de Simaya lorsque ces mots furent prononcés. Elle semblait tendue, et sa respiration si fit un peu plus bruyante.

Le maître-d’armes craignait qu’elle s’emporte et qu’elle attire l’attention sur eux. C’est pourquoi il tenta de mettre fin à la conversation.

« Soyons patients. Bientôt ces gens ne seront que viandes à découper. »

Puis en jetant un regard vers les portes.

« Bien, je vais me retirer. Je suis affamé, assoiffé et épuisé. Où puis-je aller trouver le repos ? »

Lucian apporta enfin son attention sur Simaya. Sa question était légitime, et Ezak se demanda un instant ce qu’il pourrait bien lui répondre. En effet, il ne serait probablement pas très prudent de lui dévoiler son identité. Une Esserothéenne ici c’était une proie dans un repère de chacal.

« Elle ? Juste un amusement. »

Finit par répondre le D’Arkasse avec un sourire entendu. Puis sans même attendre une réponse, il se dirigea vers l’une des chambres, en faisant confiance aux conseils de Lucian.

« Reveillez-moi, si ça bouge. » lança t’il pour dernière parole.

Ezak et Simaya prirent congé, pour se retrouver tout deux dans l'une des chambres des officiers. Elle était simple. Un lit, un divan et une peau de bête étaient les seuls appareils de l'endroit. À peine la porte fut-elle fermé à double tour que la jolie blonde se plaigne d'avoir été associé à un rôle de fille de joie en ajoutant qu'il ne devait rien espérer d'elle.

Ce au quoi le D'Arkasse répondit avec amusement :

« Votre égo s'en remettra, Demoiselle Sombreroc. »

L'humain entreprit de retirer son armure d'écailles, pour se retrouver dans son enveloppe de tissu pour soulager ses muscles. Dans cette guerre, tôt ou tard, il en aurait besoin. Dans cette situation, en terrain conquis par ses pairs, il pouvait dormir en paix, alors pourquoi rendre la situation encore plus inconfortable ?

Alors qu'il commença à détendre ses lanières de cuir ses mots s'élevèrent dans un murmura juste assez audible pour que Simaya puisse comprendre.

« Val'Crooh doit nous aider, vous devez le convaincre. Maintenant, il n'a plus la main. J'ai planté un germe dans l'esprit de son peuple qui ne fera que grandir. S'il continue à aller contre la volonté des Escarl'Othien, le trône risque de revenir à un autre, plus en accord avec leurs désirs. Le désavantage d'une démocratie... Nous Ynorien, connaissons les subtilités de ce type de régime. »

Ezak continua sa besogne en répondant du tac-o-tac.

« Que proposez-vous ? »

Simaya préconisa le sommeil alors qu’Ezak déposa précautionneusement ses dernières pièces d’armures. Il devait l’avouer, elle avait sûrement raison. A cet instant, ils ne pouvaient rien faire de plus, et la fatigue commençait sérieusement à poindre.

« Alors, bonne nuit. »

Le maitre d’arme se glissa lentement vers son divan pour la nuit, et s’y allongea en posant ses armes près de lui. Les yeux clos il attendit calmement que les ténèbres l’enveloppent.