| Elath me laissa aller seul, jugeant que je pourrais retrouver le chemin de la sortie par mes propres moyens. Il n'avait pas tort, mais tout de même, je m'attendais à plus d'égard de mon homologue. Le déficit de manière des Omyrien était sidérant. Ce n'était qu'un peuple de barbare répugnant sans code et sans ordre. Le chaos, le pillage et la désolation pour seul but, c'est l'apanage d'un barbare, et je comptais bien les eradiquer. Mais patience, était mère de vertus, l'occasion s'offrirait bien vite à moi.
 « Pour la Reine Noire. » Conclus-je donc avant de quitter définitivement la salle de réunion.
 
 Je me retrouvais alors dans les dédales de la ville souterraine, plus déterminé que jamais à poursuivre ma mission. Il y avait plusieurs choses à accomplir et beaucoup d'informations à étudier et j'avais hâte d'être au calme pour remettre tout en place. Je devais l'avouer, la tension était à son paroxysme. Bien que j'affichais mon air conquérant, je fulminais à l'intérieur... Les stratèges d'Oaxaca étaient plutôt malins et ils avaient maintenant un coup d'avance. Je devais faire vite, et rallier le plus de personnes à ma cause. Je ne trainai pas, interpellant le premier Garzok que je croisai afin qu'il m'indique la sortie.
 
 Je me retrouvai donc sans mal dans cette fourmilière et je pris bien vite la direction de la sortie de la ville, mais une silhouette sortit des ombres pour se trouver sur mon chemin. Méfiant, je m'arrêtai jusqu'à ce que je puisse distinguer les traits de cette apparition soudaine. Mais ce n'était autre qu'un des membres du conseil des officiers. Celui-là même qui se disait sorcier d'Escarl'Oth. Je me détendis alors, et je le laissai approcher sans heurts. Ses yeux si bleus avaient quelque chose de hors du commun. Ils étaient si profonds et perçants qu'ils donnaient l'impression de lire en vous. Je me demandais bien ce qu'il me voulait, mais je ne tardai pas à le savoir.
 Il me mit en garde, me conseillant d'éviter les actes de violence, car ils ne serviraient personne. Et il s'en retourna disparaissant au détour d'un couloir proche, au frémissement du balancement de sa cape.
 
 Je fronçais les sourcils, intrigué par ces paroles. Qu'est-ce qu'il pouvait bien vouloir dire ? Mais après quelques secondes d'intenses réflexion, je chassai mes idées d'un revers de la main. J'étais agacé par ces Escarl'Othien et leur rejet de toute forme de violence. À quoi ils pensaient donc ? Gagner une guerre avec des tournesols en guise d'épées ? Peuple de dégénérés ! Je n'étais pas mécontent de quitter cet endroit. Ses gens, sa vie souterraine, et surtout ce grondement incessant à vous rendre fou et qui semblait émaner de partout à la fois. Tout ici avait de quoi de m'irriter.
 
 Je repris donc ma route pour enfin tomber sur la sortie qui me tendait les bras. J'étais heureux de pouvoir enfin remplir mes poumons d'un air pur, et de revoir la lumière du jour, mais ce fut une désillusion. Car ne n'est pas la douce sensation d'oxygène qui me remplit les poumons, mais plutôt une odeur nauséabonde qui me piqua jusque dans le fond de la gorge. Les yeux immédiatement humidifiés par ce supplice, je portai ma cape à mon nez en tentative de protection, mais ce ne fut pas d'une efficacité remarquable.
 Le spectacle n'était guère plus reluisant pour les yeux. Comme j'avais pu le voir depuis la tour, tout n'était que pierre chaude et noir. Des nombreuses failles, s'exfiltrait une fumée devenu verte par cette lueur qui s'échappait à la terre. C' était officiel Escarl'Oth était entrée dans la liste très fermée des lieux les plus ignobles que les mondes pouvaient porter, juste après Omyre.Ce ne fut d'ailleurs pas étonnant pour moi d'apercevoir que le gobelin et le garzok pâle semblaient à peine dérangés par l'air ambiant. Il n'y avait que les nuisibles qui se sentaient bien dans les excréments.
 Je me rapprochai d'eux avant qu'ils ne prennent la parole. Le Sektegs, Kréfel m'annonça qui lui et ses hommes étaient prêts à partir, et qu'ils avaient un loup qui pourrait me servir de monture. Je lorgnai un regard dédaigneux sur la petite troupe à dos de loups. Bruugar, le Garzok, me proposa plutôt l'hospitalité d'une voiture. Le véhicule était imposant et sombre et les trois chevaux qui le tiraient semblaient puissants. Sans aucun doute, j'optai pour le confort.
 
 « Nous voyagerons avec Bruugar jusqu'à Orsan ! Je vous charge de ma monture !"
 
 Puis sans attendre, je me dirigeai vers la voiture, sans même me douter un seul instant que depuis la tour, mon départ était observé.
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 "L'objet de la guerre n'est pas de mourir pour son pays, mais de faire en sorte que le salaud d'en face meure pour le sien." - George Smith Patton
 
 
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