Cromax a écrit:
Aussitôt demandé, aussitôt effectué. Mon Lillith adoré me constitue après ma demande un de ces rafraichissants fruits de glace, un peu différent de la grosse pomme gelée dont il a fait don à Lothindil. Ainsi, je me retrouve avec un morceau de gel dont la forme n’est pas sans me rappeler quelques souvenirs de notre mission sur Verloa… nos premiers émois libidineux, le doux flocon fondant et moi. Je souris en passant la langue lorsqu’il me tend sa b… banane, puisque c’est le nom de cet étrange fruit, comme me le souffle discrètement Lysis au creux de l’oreille alors que mes lèvres s’ouvrent pour laisser passer ce bonheur givré, qui fond au contact de mon palais et de ma langue, rafraichissant ainsi mes sens lorsque l’eau fraiche qui s’en dégage est absorbée par ma gorge déployée. C’en est presque jouissif, et je regarde langoureusement mon amant en remettant une nouvelle fois le glaçon en bouche.
Mais alors que je termine ce met glacé, nous arrivons enfin dans la salle où veut nous emmener Bogast, gardée par deux hommes en armes qui nous laissent passer sans encombre. Il est clair que se balader avec un général Kendrain, ça ouvre des portes… ça se voit, l’aéromancien a le bras long ! À dix heures, il massacre des armées ennemies, à midi, il est accueilli chez le roi, à seize heures, il mate tous les gardes du palais et au soir il se la coule douce dans ses appartements ultra luxueux. Un fayot de l’armée, en quelque sorte…
Mais tout fayot qu’il est, nous le suivons dans la salle où il doit nous remettre nos récompenses tant attendues, surtout par ceux qui en ont le moins fait – je ne vise personne, suivez mon regard – durant l’aventure.
Le chef d’expédition ouvre l’armoire qui trône dans la pièce avec une clé qu’il sort de nulle part, ou plutôt si, de sous un pot posé là comme cachette trop discrète de cette armoire dont il tire une énoooorme bourse, presque un sac, en main.
Alors, il nous distribue à chacun le contenant de ce sac, à savoir une bourse rouge très bien garnie, mis à part à Seyra et à Keynthara, qui étaient là en infraction avec nous, et Arevoès, qui a trahi notre groupe, en moindre mesure que d’autres, et le paie maintenant au prix fort… Et c’est le moins qu’on puisse dire. Mais bientôt, Seldell aide la petite poupée qui marche en lui confiant une bonne moitié de son pactole. Si je n’étais pas aussi ravi d’avoir cette récompense, je lui en aurais bien donné aussi un peu, mais elle en a là en suffisance… Par contre, je ne peux m’empêcher un léger ricanement lorsque le gourmand de service se fait enlever une bonne partie de son or pour avoir trop mangé.
Directement, la mauvaise humeur disparait, allégée par le lourd sac d’espèces sonnantes et trébuchantes que j’ai désormais à mon côté, et je ne tiens plus aucun grief contre Bogast. Je sais intérieurement que jamais je n’aurais pu revendre aussi cher cette précieuse carte, fut-ce à Oaxaca elle-même. D’ailleurs, les récompenses ne semblent jamais se tarir, puisqu’après une courte absence, il revient les bras chargés de cadeau pour chacun de nous. Pour ma part, je reçois avec beaucoup d’honneur un brassard d’armure décoré aux armes de Kendra Kâr. Je ne peux retenir un petit pouffement…
(S’ils savaient que je suis gradé à la milice de Tulorim…)
Aussitôt en ma possession, je revêts cette belle protection, qui m’a l’air plus précieuse que ma propre armure, qui semble bien fade à côté de ce brassard flambant neuf.
(Il faudra que je remédie à ça, plus tard…)
Quand la distribution est finie, et que chacun admire son présent, Bogast nous remercie sincèrement pour ce qu’on a fait pour Kendra Kâr, et ses mots me font chaud au cœur. Son sourire et sa reconnaissance sont peut-être les plus beaux cadeaux…
(Un sourire qui vaut plus que 10000 pièces d’or ? T’es malade ?)
(Matérialiste va…)
(Sentimentaliste à l’eau de rose, va…)
(Oui bon… Je ne crache pas sur les yus, c’est un fait…)
(Tiens à propos… J’ai un endroit à te montrer, maintenant qu’on est à Kendra Kâr…)
(Maintenant ? Mais on va sûrement fêter notre départ ensemble !)
(Non, Cromax. Tu dois venir seul. C’est important. Remets à plus tard la sauterie que tu prévois…)
Le ton sérieux et sec employé par Lysis me convint de l’importance de la chose, et je me laisse guider par ses ordres mentaux. Mais à ce moment, Lothindil nous annonce brièvement qu’elle s’en va, qu’elle nous quitte, nous accordant en signe d’adieu une bénédiction de son dieu. Je veux la suivre, la rattraper lorsqu’elle nous quitte, mais mes muscles sont tétanisés et je ne peux que la voir partir, et disparaitre dans les méandres des couloirs du palais…
(Au revoir, Lothindil, gardienne de Yuimen. Qui sait si un jour nos routes ne se recroiseront-elles pas à nouveau… Nos discussions polémiques vont me manquer… Tu vas me manquer, sœur de race, compagnonne d’aventure, amie…)
Je me tourne alors vers mes compagnons, avec un sourire nostalgique et ému par ce départ impromptu et par la fin de cette aventure qui nous a tant marqués…
« Les amis, ce fut vraiment un plaisir de partager toutes ses aventures avec vous. Et ça ne peut pas se terminer ainsi, ici, entre les murs de ce palais. On doit fêter notre retour, tous ensembles. Mais avant, faut qu’on retrouve nos marques dans la vie citadine ! Je crois qu’on a un peu tous envie de se retrouver avec soi-même un moment… Mais pas trop longtemps quand même ! J’propose qu’on se donne rendez-vous à la tombée du jour à la taverne des sept sabres ! J’espère vous y voir tous ! »
Je regarde tour à tour tous ces personnages si attachants, malgré leurs défauts, malgré leurs particularités. C’est ce qui fait qu’ils sont vraiment eux, des gens d’exception, que je suis heureux de connaître. Je regarde Bogast, Andelys, Seldell et la petite Keynthara, Lelma et sa fille, Arevoès, Thalian, Filgaren. Je laisse mon regard un peu plus longtemps sur Daïo, mon ami De, dont l’amitié m’est toujours fidèle, et réciproque. Mon vieux frère d’armes, le seul que je connaissais, au départ à l’aventure… Puis mes yeux mouillés s’arrêtent sur Lillith, mon doux amant, mon glaçon craquant, mon petit flocon tout tendre et si fougueux… Je m’approche de lui pour lui susurrer doucement au creux de l’oreille :
« On pourra se retrouver un peu avant… On dit que le coucher de soleil est si beau, au port. Ça sera l’occasion de faire nos adieux au navire qui a vu naître notre complicité… »
Je lui dépose un doux baiser sur la joue, à la limite des larmes, et je tourne les talons pour partir. Mais avant de quitter la pièce à la suite de Lothindil, je me retourne une dernière fois vers le groupe. Avec un sourire, je leur dis sincèrement :
« Si on est amené à ne plus se voir, si vous ne venez pas ce soir, sachez que je vous aime tous autant que vous êtes, et que vous avez tous une place de choix dans mon cœur. Vraiment… »
Et je me retourne, poussé par un sanglot qui nait dans ma gorge comme une boule gênante qui empêche la respiration, et alors que je marche d’un pas rapide le long des couloirs du château, seul, me dirigeant vers la sortie, une larme coule le long de ma joue...
L’Aventure est finie…
[ Purée... C'est mon dernier message dans la quête... Putain j'suis ému...
Je vous remercie tous, les pj autant que GM13. S'il avait manqué un seul d'entre vous, ça n'aurait pas été pareil... Merci! ]