Un flot de parolesMeraxès et Deirdre s’éloignèrent de la brèche dans le mur en prévision des travaux de Kalas. Ils attendirent quelques instants en observant la paroi, qui miroitait d’ondes vertes et jaunes sous le muutos de lumière.
Alors un choc brutal brisa le silence, secondé par le craquement sourd de la roche, tout en arrachant un mouvement de recul fébrile à l’elfe et sa guide, qui guettaient pourtant. Sans doute imaginaient-ils plus de finesse de la part de l’homme loup, car la manœuvre était impressionnante, c’était comme si une créature gigantesque matraquait la caverne, les parois tremblèrent et des colonnes de poussières descendirent en cascade du plafond. Une succession de coups inhumains s’ensuivit, jusqu’à ce que la paroi cède – ou explose – devant leurs yeux. Une gerbe de poussière s’échappa avec un flot de gravats et une première silhouette s’en détacha.
Il s’agissait de Faoil, la lutine qui n'avait pas été très avenante dans la forêt, toujours montée sur son renard, que Meraxès n’aurait jamais préféré revoir. Après quelques bonds de sa monture, elle le salua et déclara être heureuse de le savoir en vie, tout en regrettant le trépas de son compère.
« Enchanté de vous revoir, malgré les circonstances. » répondit-il en inclinant humblement le buste.
Alors d’autres personnes s’insinuèrent dans le nuage qui grossissait et se dissipait. Il aperçut en premier une femme vêtue d’une armure légère, avec une peau mate qui contrastait avec son regard bleu clair et ses mèches de cheveux amalgamés en mèches compactes d’un blond cendré. Elle avait indéniablement des allures de guerrière, avec ses deux lames courbées et la repoussante cicatrice qui lui ceignait la jambe, mais il remarqua en dernier ses oreilles pointues, assimilables à la race des elfes. Elle fut présentée sous le nom de Cyrialle par Faoil.
Meraxès serra des dents, il allait enfin rencontrer les elfes d’Elysian.
Le second qui apparut était plus inquiétant encore, puisqu'il le fixait avec impertinence de son regard jaune. Il répondait au nom de Saedhon, toujours selon Faoil. Ses cheveux étaient rasés sur un côté de sa tête et rabattus de l’autre, découvrant visiblement la pointe d’une de ses oreilles. Il était lui aussi vêtu d’une armure légère, ainsi que d’une grande cape d’un bleu abyssal.
La suivante, Serindë, afficha un regard plus dur encore, sévère, d’une attitude proche de Faoil. Elle portait un arc dans son dos, sans autre protection, et garda une distance qui laissait deviner son scepticisme à leur égard. Elle rejoignit les autres et ne cessa de le jauger avec méfiance.
Devant autant de personnages imposants, le trouble aurait gagné Méraxès, si l’elfe qui s’introduisit ensuite ne lui décocha pas un léger sourire. Elle était jeune et charmante, du nom de Gwinthe, elle aussi portait un arc dans son dos. Elle avait cependant un visage blême, usé par le labeur, ce qui fut confirmé aux yeux de Meraxès quand il devina un bandage de fortune enroulé autour de son bras. Mais même malgré cela, émanait d'elle une sympathie et une douceur qui ne laisserait personne indifférent.
Uilnor, le dernier inconnu à passer embrasure avait tout l’air d’un Hiniön, si l'on en jugeait par ses cheveux blonds et son regard clair, mais aussi par une noblesse certaine qui émanait de son être. Ses mouvements étaient souples et économes, alors qu'il dévalait l'accident précaire de gravas. Il adressa un hochement de tête au guérisseur, avant de rejoindre les siens.
Faoil s’adressa à Kalas, qui les avait rejoints entre-temps, en le déclarant plutôt pratique, avant de demander ce qu’il comptait faire. Meraxès fut surpris que la lutine lui demandait ainsi conseil, elle qui était si sévère et qui, lors de leur dernière rencontre, leur intimait des ordres sans tenir compte de leurs propos. Mais après avoir assisté à un pareil travail de maçonnerie, il n’aurait pas été surpris que Kalas c’eut illustré en combat, gagnant ainsi le respect et la confiance de ces elfes aguerris. Il avait certainement pris de l’assurance et si la décision sur la suite des événements lui revenait, il était fort probable qu’il eut pris le commandement de la troupe. Ainsi, s'il y avait une personne à convaincre, c'était lui.
Soucieux de ne pas révéler que la présence des autres elfes le troublait, Meraxès décida de prendre les devants et il émit une première intonation, indiquant à l’assemblée qu’il allait prendre la parole, tout en se concentrant pour accentuer l’aura lumineuse qui l’entourait dans le but d’impressionner son auditoire. Les peuples de cette planète ignoraient tout de la magie, à part les élémentals, il pouvait donc se permettre d’en jouer, u moins un peu.
« Je me nomme Meraxès et voici Deirdre, qui m’accompagne vers la surface. Je suis issu du même monde que Kalas. »
Il se tourna plus précisément vers l’homme-loup.
« Si vous souhaitez prendre du repos avant de continuer votre expédition, nous pouvons vous mener jusqu’à la portion de Rthranon occupée par les banshides et ainsi vous procurer quelques guerriers supplémentaires. Cependant, il n’est pas certain que la Vénérable puisse nous allouer toutes ses forces. Elle les rassemble, mais un temps de préparation est nécessaire, selon ses dires.
Sinon, nous pouvons continuer dans la direction vers laquelle me guidait Deirdre, c’est-à-dire dans la forêt.
Personnellement, je n’ai pas de préférence, je peux prendre le temps de faire demi-tour. Face à ce qui nous attend, prendre des précautions et assurer votre préparation ne sera pas de trop. Si vous acceptez que nous nous joignions à vous, évidemment.
Je vous laisse en décider.
Pour le moment, quelques soins doivent être apporté à cette jeune elfe. »
Il s’approcha de l’archère avec la blessure au bras, sans diminuer l’intensité de son aura, et il s’accroupit devant. Il fit mine de prendre son bras avec délicatesse, mais sans pour autant le toucher, laissant à Gwinthe la précaution de révéler son bandage à la lumière. Le tissu qui semblait avoir été déchirer d’un vêtement était noirci par le sang et ne semblait pas vraiment adapté.
« Je vais vous le retirer. » fit-il calmement.
Une entaille grossière sillonnait son bras. La peau avait été déchiré, ce qui signifiait qu’ils avaient bien affronté des bêtes. Meraxès n’avait jamais tenté de guérir une blessure aussi grave, mais puisque sa maitrise de la magie avait évolué ces derniers jours…
« Je vais essayer de faire quelque chose… Nous verrons bien. »
Il concentra son fluide dans la paume de sa main, qu’il plaça au-dessus du bras, avant d’invoquer sa magie aux propriétés curatives.
(((Utilisation du sort Souffle de Gaïa sur la blessure.)))
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Une révérence appuyée