"Seulement deux ! Vos petites copines sont plus généreuses, elles m'en donnent souvent trois !", s'était indignée la poupée magique, bien qu'elle eût du mal à lui en tenir rigueur, tandis que son masque, qui se voulait probablement effrayant, faisait place à la compréhension et l'encouragement. L'Aniathy ne pouvait être indifférente à cela.

"Bon, je crois comprendre que vous placez beaucoup d'espoir en nous, alors je vais essayer de pas vous décevoir !", s'était-elle finalement exclamée. Une fois de plus, elle activa donc ses pensées pour essayer d'en extirper des questions pertinentes.

"Bon, alors, vous avez été victime d'une injustice, il faut que je trouve laquelle, alors on va commencer par tourner un peu autour du pot : Qui sont les personnes qui ont été injustes avec vous et/ou qui vous ont conduits à la mort ? Un juge probablement oui, puisqu'il est question de juridique j'ai retenu, ok, mais qui d'autres ? Mais attention à ne pas en dire trop, sinon, votre maître risque de pas être content ! Donc il faut contourner le problème, lui tourner autour, pour que je puisse deviner sans que vous ne vous soyez trop mouillé non plus !"

Prévoyante et presque maternante, Keynthara prenait sa nouvelle tâche très à cœur. Obtenir la reconnaissance de quelqu'un n'avait pas de pris, alors, elle se donnait beaucoup de mal. Depuis qu'elle avait compris pourquoi les choses avaient prises cette tournure, il lui était un peu plus facile de prendre sur elle face aux épreuves qui lui étaient imposées.

La lèvre inférieur de Keynthara se mit à frémir, tandis qu'elle ressentait presque les émotions qu'avaient pu ressentir Jack, de son vivant, face à cette triste réalité. Elle eut envie de pleurer et de dire à son interlocuteur combien elle le comprenait, elle qui avait tant besoin de l'attention des autres et de voir dans le regard d'autrui l'admiration.

"Je comprends...", murmura-t-elle, la voix chevrotante, presque larmoyante. Elle se projetait elle-même dans cette situation et sentait l'émotion la submerger. Elle revoyait ses nombreuses facéties, qui avaient souvent faits rire tout le monde, et se serait sentie la rejetée et négligée si elle n'avait pas eu le retour qu'elle avait toujours été en droit d'attendre.

"Peut-être que... Jack, ça te f'rait du bien de m'dire ce que tu ressentais quand tout ça t'es arrivé, parfois ça aide à avancer, de mettre des mots sur ce qu'on ressent... et sur le manque de reconnaissance, qu'en dis-tu ? On va dire que c'est ça, ma deuxième question. Celle du juge n'en était pas une, c'était juste une supposition qui ne demandait pas à être validée ou invalidée."

Keynthara passait son temps à osciller entre rancœur envers les épreuves qu'on lui infligeait et compassion, par envie d'aider et d'être elle aussi reconnue. Au fond d'elle, elle savait que si malheur lui arrivait dans ce manoir, elle finirait comme ces trois êtres prisonniers, à chercher à ce qu'on la libère de ses conflits émotionnels. En cela, elle se sentait de plus en plus proche d'Alice, Dolly et Jack...

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Faëlis pour la salle précédente tu récupères 5 XP.

Le passage fut différent cette fois-ci. Plus brutal. Pendant un instant, le jeune elfe se demanda si ce n'était pas un caprice de la petite fille noire, mais il oublia bien vite cette sotte idée.
Il arriva désorienté dans une nouvelle pièce, manquant de s’étaler par terre.

« Ma parole, j'ai le chic pour être interrompu. Bien, Faëlis, Keynthara... Kenthara, Faëlis. Bien maintenant que les présentations sont faites, discutez de ce que vous savez et de ce que vous voulez apprendre de ma bouche. J'ai tout mon temps ! Faëlis, tu as deux questions à me poser. »

Il lui fallut tout le savoir-faire de générations de noblesse hinïonne pour réussir à faire une révérence élégante en ne passant qu'à deux doigts de finir à plat ventre. Fixant tant bien que mal son regard, il vit une nouvelle aniathy. Mais il s'agissait cette fois de la charmante quoiqu'un peu simplette petite créature qu'il avait vu à l'entrée. Elle discutait avec Jack, le clown.
Comme quoi, il suffisait de demander...

Il adressa une deuxième révérence à l'aniathy :

« Mademoiselle... »

Puis, il se tourna vers le clown :

« Vous tombez à point, messire, et je suis fort aise que vous m'offriez des réponses sans charade, soit dit sans vous offenser. Je souhaitais savoir si vous connaissiez le maître qui vous dirige, vous et les autres esprits. Et si oui, si vous savez pourquoi il cherche à tuer tous ceux qui entrent ici... »

Aussi poli que direct, Faëlis voulait des réponses... même s'il se doutait que cela risquait d'être plus compliqué que ça...

Keynthara sursauta lorsqu'elle vit le tourbillon magique s'ouvrir au milieu de la pièce.

"Qu'est-ce que...", piailla la poupée, d'une voix suraigüe.

Elle eut aussitôt la réponse, puisqu'elle vit débouler le jeune homme blondinet qu'elle avait entraperçu à l'entrée du manoir. Visiblement, ils étaient donc tous à l'intérieur de ces murs, pris au piège.

"T'as pas entendu, Faëlis, on doit se consulter avant de poser des questions..."

Keynthara croisa les bras et se mit à bouder, sans rendre la révérence à Faëlis.

La petite créature sembla vexée qu'il pose ses questions sans lui demander. Le jeune elfe, se remettant d'aplomb, déclara avec toute la politesse et le verbiage noble qu'il pouvait maîtriser :

« Pardonnez-moi, doulce demoiselle, point ne voulais vous offusquer. Si vous le voulez, posez une question, et je poserais l'autre. Nous pourrons discuter ensuite, sans empiéter sur le temps de notre hôte... Mais je pense que nous souhaitons tous savoir pourquoi le maître des lieu souhaite la mort à tous ceux qui entrent ici... »

Elle sembla d'accord avec la proposition, bien qu'il lui semblait important d'échanger sur les informations qu'ils avaient chacun à leur disposition. Elle apporta donc quelques éléments de réponse avant que Jack n'ait eu l'occasion de prendre la parole :

"Ils font tout ça pour trouver une personne qui soit assez intelligente, forte et endurante pour survivre à tout ce qu'ils infligent, bref, que cette personne soit digne de confiance, pour qu'ils puissent lui révéler le plus d'information possible sur la raison de leur condition, pour permettre à cette personne de les libérer du coup."

Elle fronça les sourcils.

"Mais effectivement, ça ne dit pas pourquoi cette condition est requise. Pourquoi ils ont besoin qu'on comprenne quelle a été l'injustice dont ils ont été victimes ! Va pour cette question, donc..."

"AU SECOUUURS !!!", s'exclama Keynthara en entendant Jack leur annoncer clairement et simplement la couleur des choses. Pour autant, elle sentait bien que ce n'était pas tout à fait l'objectif des trois spectres qu'elle connaissait, surtout en voyant le comportement récurent de Jack lorsqu'il craignait le contre coup de ses aveux. pas de les tuer, mais au contraire, de trouver quelqu'un d'assez puissant pour leur résister et résister à leur maître et surtout, pour résoudre leur énigme suprême : De quelle injustice ont-ils été victime lorsqu'ils étaient vivants.

Elle essaya donc de se calmer, alors qu'elle alla se réfugier derrière Faëlis, qu'elle ne connaissait pas pourtant. Son animosité envers lui s'était soudainement dissipée, au profit de la protection qu'il semblait représenter pour elle.

"Bon... euh... et bien je suppose qu'on doit avancer vers la prochaine salle... Allons allons, marchons...", murmura-t-elle en tentant de pousser Faëlis de ses petites minimes collées au postérieur du blondinet, en direction de la porte Sud. Dans l'esprit de cette poupée, aucune arrière pensée n'existait.

"Et on reste ensemble hein ? Je veux plus être toute seule..."

La réponse de Jack fut sans équivoque : Il avait bien parlé au mystérieux maître, quand à ses intentions...

« Il cherche à vous tuer pour son plaisir personnel car pour dire cela crûment, il s'ennuie ferme avec ses 12 autres amis. »

L'aniathy, Keynthara comme l'avait présenté le clown, se mit à hurler et se précipita derrière le jeune elfe pour se cacher. Visiblement, elle avait été conçu avec une âme d'enfant, comme souvent de telles créatures...
L'archer n'exprima rien mais un froid glacial se répandit en lui. Certes, la nouvelle n'en était pas une. Il avait bien assez eu la preuve de la malveillance des lieux ! Mais se l'entendre dire de vive voix n'en était pas moins angoissant.
Elle l'exhorta à aller vers la salle suivante, le poussant dans le bas du dos vers la porte sud et demandant à ce qu'ils restent ensemble.
Faëlis se retourna et s'accroupit pour la prendre par les épaules.

« Ne t'inquiète pas. Si on reste uni, les mauvaises gens ne pourront rien contre nous... »

Disant cela, il tentait de s'en convaincre autant que de convaincre la poupée. Il adressa un signe de tête au clown en remerciement.

« Je suis sûr que nous nous reverrons bientôt... »

Puis, comme Keynthara insistait, il revint à elle.

« Ne nous hâtons pas. Prenons le temps de réfléchir à ce que nous savons. Sinon, ils ont déjà gagné ! »

Il réfléchit à haute voix, autant pour masquer son inquiétude que pour occuper la petite poupée :

« Nous savons que ce manoir est dirigé par un maître et ses douze compagnons... J'ai découvert qu'ils avaient tué d'autres gens avant, dont un shaakt du nom d'Alfy. Il fait maintenant partie des esprits de ce manoir, mais contrairement à Jack, Dolly et Alice, il n'a aucun pouvoir, ce n'est qu'un fantôme prisonnier... Dolly était le jouet d'une famille heureuse, pourtant, elle a fini brûlé sur un bûcher... Et toi, as-tu découvert quelque chose ? »

Il ne s'attendait pas à beaucoup plus renversant que ses propres informations, mais si cela pouvait la calmer...

Plutôt rassurée par les propos de Faëlis, Keynthara écouta attentivement les informations nouvelles qu'elle acquérait sur le manoir. Ainsi donc, il y avait une 12ènes d'individu pris au piège dans ce sordide endroit, en plus d'eux.

"De mon côté, j'ai découvert..."

Elle fit dans sa tête, le tour des différentes pièces et des différentes rencontres qu'elle avait faite dans le manoir pour essayer d'en faire une synthèse digne de ce nom.

"J'ai appris, pour ma part, que le manoir n'était pas vivant mais simplement habité par le fameux maître et ses esclaves fantômes. Ces trois là sont prisonniers du manoir, ils ne peuvent pas le quitter tant que personne a trouvé l'injustice dont ils ont été victimes avant de mourir. Ils ont besoin qu'on les comprennent, qu'on sache ce qu'il leur est arrivé. Il faut qu'on les libère grâce à notre force, notre intelligence et notre... je sais plus quoi. Notre force d'esprit, un truc du genre. C'est leur maître qui a décrété ça. Du coup ils nous mettent à l'épreuve, histoire de vérifier qu'on a ces compétences qu'ils attendent de nous, et en échange ils nous aident en nous donnant des indices, quand on leur prouve qu'on est fort !"

C'était a peu près tout ce qui lui revenait à l'esprit et c'était déjà beaucoup.

"Donc on doit continuer de chercher ce qu'a été leur injustice."

Elle fronça les sourcils et attendit la réaction de son interlocuteur, avant de s'exclamer car elle venait d'oublier la toute dernière information qu'elle avait reçu de la bouche fantomatique de Jack :

"Ah j'allais oublier, j'en ai appris un peu plus sur l'histoire du fantôme pas beau Jack. Il était un clown et un beau jour il a pas réussi à faire rire un enfant qui pleurait durant son spectacle, malgré tous ses efforts pour le faire rire il y es pas arrivé. Du coup, il a arrêté d'être clown, trop déçu et dégouté, se sentant nul. Et puis, plus tard, il a recroisé le gamin qui riait au larme et ça a bouleversé Jack, c'est ça son injustice, il m'a dit."

La Petite croisa les bras et ajouta son analyse de la chose, bavarde comme elle l'était :

"Mais pour moi, c'est déjà là une injustice, je vois pas ce qu'on doit trouver d'autres, avec cette réponse..."

Contre toute attente, la poupée avait découvert bien des choses : les trois fantômes avaient besoin que l'on découvre une injustice dont ils avaient été victimes pour être libérés. Jack lui-même avait été un clown qui avait échoué à faire rire un enfant triste, qu'il avait vu comblé de joie plus tard. Apparemment, il en avait été frustré. Le maître du manoir avait décrété qu'ils ne seraient libres que quand ces injustices auraient été corrigées.
Faëlis murmura pensivement :

« Je me demande qui est ce maître... peut-être a-t-il un rapport avec cette fameuse injustice ? Il faudra demander à la prochaine rencontre. Ou peut-être est-ce que cela a à voir avec certains autres locataires du manoir ? »

Il secoua la tête.

« Il semble que nous n'ayons d'autre choix que de continuer. Allons, je te laisse le choix de la porte ! »

Il se leva et fit une révérence extravagante à la poupée, pleine de grâce cette fois-ci. Au moins, elle semblait avoir repris courage. Lui-même se sentait un peu dépassé, mais au moins, maintenant, il n'était plus seul, et ils avaient une piste...