Scène de violence
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L'heure de vérité approchait. La fumée stagnait et donnait aux géants un aspect encore plus terrifiant. Une lueur terrible luisait derrière leurs casques comme s'ils étaient déjà habités par les flammes du combat. Leur respiration se heurtait au métal la rendant sourde et caverneuse, l'un d'eux se raclait la gorge à rythme soutenu. La lumière du soleil peinait à percer cet écran de fumée, le jour commençait à faiblir et les nuages laissèrent s'échapper un dernier rayon de soleil qui éclaira subitement l'arène avant de la replonger dans la fumée noirâtre.
Ce fut le frère à l'épée qui brusquement chargea avant que Hrist ne puisse tirer une de ses armes. Il donna un fantastique coup de pied qui souleva la poussière, bien qu'elle fut assez habile pour l'esquiver, Hrist avait été obligée de lui tourner le dos pour éviter de se retrouver entre les deux géants et être ainsi prise en tenaille. Désarmée, la Frémissante qui s'opposait aux colosses de fer se fit attraper le bras par la main valide de celui qui la chargeait. Sa poigne de métal faisait comme un étau autour de son épaule, paralysant son bras droit. Le monstre souleva la femme comme un fétu de paille, elle échappa un cri de douleur. Le jumeau au bouclier ne bougeait pas.
« Hahaha. Où est ton couteau maintenant ? Tu es à moi ! »Elle ne l'avait pas encore senti, mais le claquement métallique qui heurtait la botte de fer de son opposant trahissait la chute de son arme. Hrist battait des jambes, cherchant un appui où elle pourrait retrouver son équilibre et être en meilleure position pour riposter. Le lourdaud lâcha son épée titanesque et attrapa l'autre épaule de la tueuse, comme s'il souhaitait l'écarteler ou bien pire encore, la broyer sous ses doigts devant la foule hilare. Leurs visages étaient proches l'un de l'autre, la brute voulait voir la femme grimacer et souffrir à mesure qu'il exerçait sa pression terrible. Elle lui envoya un coup de botte dans le menton, manœuvre salvatrice car à défaut de lui avoir fait mal, son casque s'était légèrement décalé et il fut alors obligé de lâcher la femme d'une main pour le remettre en position.
La foule avait mal vu, la fumée était trop dense, même pour le jumeau qui se trouvait à quelques pas du combat. Hrist était balancée à bout de bras comme une poupée de chiffon trainée par une gamine maladroite. Son bourreau redressa son casque dans un grognement sonore et Hrist, vive comme un serpent avait pu arracher l'aiguille d'argent de ses cheveux. Un balancement lui donna assez d'élan pour arriver à la hauteur de son adversaire et elle lui enfonça l'aiguille dans le visage au travers de sa visière. La brute lâcha immédiatement sa proie, hurlant dans son casque de métal. La foule n'avait rien vu venir. Hrist retomba lourdement sur son flanc mais le choc lui apaisa la douleur déjà présente dans l'épaule.
« Vite ! Tue le avant d'avoir l'autre sur le dos !»« Et bien... Tu ne veux plus jouer mon grand ? »La tueuse fit un mouvement ample de l'épaule pour calmer la douleur et s'avança, calme mais prudente face au géant qui gesticulait en tenant à deux mains son casque. Elle tira de son fourreau la dernière arme qu'il lui restait et entailla l'arrière de la jambe droite de ce géant qui hurlait de douleur. Le sang gicla sur les avants bras de Hrist et le bas de son visage, un sang brûlant et noir qui tâcha son armure, souilla sa lame et plongea la tueuse dans ce feu du combat qu'elle aimait tant.
Son jumeau ne comprit pas exactement ce qui venait de se produire mais les hurlements de son frère ne trahissant qu'un problème majeur, il vint à la rescousse juste au moment fatidique où Hrist lui coupait les tendons, paralysant définitivement cette lourde armure vivante qui tomba à genoux dans un bruit compact de métal froissé. Il ne restait maintenant qu'un seul adversaire valide qui s'opposerait à la femme dans cette arène.
La foule criait, elle insultait, s'ulcérait et pariait en masse sur les deux combattants. Certains valorisaient la lourde armure, sa puissance et sa brutalité, d'autres préféraient la brune vive comme un serpent. Le sol tremblait à l'arrivée du jumeau au bouclier et lorsque Hrist se retourna, il accourait vers elle, maintenant son épée la pointe vers la tueuse et son bouclier solidement collé à sa poitrine. Dans cette position de phalange, Hrist n'avait aucune chance d'approcher son adversaire sans mettre sa vie en péril.
Ils se toisèrent. Le géant s'était arrêté et la tueuse elle cherchait une solution. Les regards se croisaient, le souffle de l'homme se heurtait au métal de son armure et faisait tourbillonner des nuages de fumées. Hrist sentit alors une chaude sensation sous son armure. La plaie de l'archer du combat précédent venait de s'ouvrir, aucune tache de sang ne venait souiller sa tenue mais ce n'était qu'une question de temps, elle portait encore les bandages et une chemise de lin sous son armure pour qu'elle ne la blesse pas. Sous ses bottes, le sable ensanglanté crissait, son arme lui collait aux doigts à cause du sang qui au contact de l'air commençait à devenir pâteux. La fumée s'estompait. Les flammes s'étaient tues et les braises craquaient de temps en temps, projetant des gerbes d'étincelles sur le sol.
Sa lame était noire de sang, les deux opposants se déplaçaient en cercle, les yeux rivés dans les yeux, une lueur de haine animait le combat. Hrist d'une main éloigna quelques mèches de devant ses yeux, l'aiguille était toujours plantée dans le visage de son premier agresseur. Ce dernier, d'ailleurs, rampait à terre essayant de trouver un endroit où il pourrait respirer plus facilement. Il laissait derrière lui une longue trainée de sang frais qui lui coulait abondamment de la cuisse.
« Il se pourrait que ton frère soit bien mal. Il n'ira pas loin avec l'artère tranchée. Est-ce que tu sais ce qu'est une artère, gros tas ? »Il chargea. Lourdement, y mettant beaucoup de force brute et de rage. Hrist esquiva du côté de son bouclier, celui était si grand qu'il calfeutrait son champ de vision, l'empêchant aussi de frapper à l'aide de son épée.
« Il n'est pas très vif, il charge en mettant beaucoup de force mais son armure le bloque et le ralenti. Si tu parvenais à le mettre à mal, comme le faire tomber dans un de ces brasiers, la victoire est assurée. »Hrist observa le décor, elle venait de passer derrière le monstre qui moulina un grand coup d'épée dans le vide, heurtant le sable et la terre, projetant celle-ci dans les airs qui retomba comme une petite pluie de grêle boueuse. Hrist ajouta un autre danger à sa longue liste, ses coups d'épées à l'aveugle, il frappait au moindre doute tout autour de lui, l'expérience malheureuse de son frère lui aura au moins appris cette leçon, ne pas laisser son adversaire se glisser derrière lui.
Un cri de rage monta au ciel, le colosse frappait le sol d'un coup de pied vengeur et de nouveau, adopta sa position de phalange. Hrist se dirigeait doucement, à reculons, vers son frère qui était retombé de tout son long après avoir essayé de se relever. La tueuse semblait paisible, calme et cruelle. Elle ramassa son kukri tombé plus tôt, là où commençait la longue et imposante trainée de sang qui reliait la femme au guerrier handicapé.
L'autre guerrier lui ne bougeait pas. Il observait étrangement ce spectacle. Et la foule, alors que Hrist s'apprêtait à mettre à mort le premier barbare, s'était tu. Pour seul bruit, il n'y avait que le raclement de l'armure qui rampait douloureusement sur le sol, à bout de souffle et de force, le corps du guerrier venait de s'arrêter, le bruit suffocant de sa respiration remplaça alors le frottement mat de ses précieuses protections.
Le colosse au bouclier recula d'un pas, il espérait que ce n'était qu'une menace, une provocation mais Hrist était déjà trop proche de son frère, du bout de la botte, elle repoussa lentement la plaque de métal qui protégeait sa nuque à présent découverte. Le jumeau paniquait, il s'approchait aussi vite que son poids le lui permettait mais bien que Hrist eut pris son temps, elle enfonça sa lame derrière l'oreille du géant dans un bruit repoussant.
« NOOOOON !» Cria-t-il. Ivre de rage, il frappa un large coup d'épée qui ne rencontra que du vent, sa main avait été retenue par sa conscience, ne voulant pas que son coup ne heurte le cadavre de son frère, Hrist en avait profité pour bondir en arrière.
Le géant lâcha les armes et se pencha vers le corps inerte. D'une tendresse inouïe, il retourna la dépouille et lui ôta son casque, dévoilant le véritable visage de ces monstres. L'aiguille d'argent était encore fichée sous son œil hagard qui ne fixait dès à présent plus que le vide incertain de la mort. Il lui ferma les yeux, reposant ses mains sur sa poitrine en empoignant son épée un peu comme ces gisants de rois et de grands guerriers que l'on immortalisait dans la pierre ou sur la toile.
Bouclier et épée à terre, il se redressa, fixant Hrist qui provocatrice jusqu'au bout passa sa lame ensanglantée devant ses lèvres. Elle sortit sa langue rose et lécha amoureusement tout le long de sa lame le liquide encore chaud. La tueuse ne l'avait pas quitté du regard.
La foule huait, elle jetait des cruches en terre et des assiettes en bois, des morceaux de bancs et des écrous de fer, même des lanternes éteintes, tout ce qui passait sous sa main, on vit même un gobelin étonné terminer son vol dans un de ces nids de lances et de braises qui s'effondra sous son poids et fit crépiter les flammes et les charbons ardents.
Le géant ulcéré de cette menace ôta son casque. Son visage était hideux, des allures de gros singe, touffu de toute part, il avait de petites lèvres qui juraient avec ce gros nez retroussé autour de deux joues calleuses et marquées de cicatrices. Ses sourcils fournis étaient également parsemés de cicatrices plus clair que sa couleur de peau qui avait des nuances étranges en passant du vert orque au brun foncé. Ses deux petits yeux rougis étaient nourris par les feux d'une hargne rare.
Il continua à retirer les pièces maitresses de son armure, plastron, ventrale et les épaulières. Il ne lui restait qu'une tunique de lin rapiécée et brune de crasse pour le ventre, les mains nues, les épaules sans protection et son cœur facile d'accès de même que tous ses centres vitaux, Hrist esquissa un sourire amusé. Se lançait-il dans un suicide assisté ? Il n'avait gardé que les jambières et ses bottes et chargea, à mains nues. Hrist prise de court recula essayant de gagner une précieuse seconde de réflexion pour mettre à bas son adversaire. Il la heurta de plein fouet avec une claque formidable. Les oreilles bourdonnantes, Hrist tomba à terre, voyant flou et un fourmillement handicapait de nouveau son côté gauche.
A terre, gisante, l'ogre s'approcha d'elle et posa doucement son pied sur la femme et appuya, écrasant son ventre. Hrist cracha le sang qu'elle avait dans la bouche à cause de ce coup de marteau reçu en plein visage, la douleur était cinglante et elle sentit tous ses organes sous pression.
« Recule le ! Tes côtes vont se briser et perforer ton cœur. »Hrist essaya dans un premier temps le jet de sable dans les yeux mais faute de pouvoir bouger correctement, elle manqua et le sable retomba sur elle, aveuglant la tueuse qui se trouvait désormais dans une bien triste posture.
La foule s'amusait. Les paris furent stoppés comme à chaque fois que l'un des combattants est proche du coup de grâce. Hrist était devenue une poupée de chiffon qu'on malmenait.
Il souleva de nouveau son pied, laissant l'air revenir dans les poumons de la brune et ses organes s'alimenter de nouveau en sang frais. Elle en garda un sacré vertige mais un souvenir du combat précédent lui revint à l'esprit. Un des jumeaux avait déjà exécuté un esclave de cette façon, en appuyant sur son corps mou jusqu'à le voir devenir fou de douleur, puis relever son pied de façon à prendre un nouveau élan et l'écraser de tout son poids pour en finir. L'esclave avait été soumis à une telle force que ces entrailles avaient jaillis de sa bouche.
Hrist roula sur le côté avec le peu de force qu'elle avait à disposition et sentit à côté d'elle un choc phénoménal, le sable jaillir et le sol trembler. Sans cette esquive à l'aveugle, elle sera mélangée au sable de l'arène sous la forme d'une compote de tueuse.
Le colosse ne se découragea pas, il attrapa la femme par la jambe et la leva à sa hauteur, Hrist laissa s'échapper de ses doigts son kukri qui se planta à terre, non loin des pieds du guerrier.
« Dommage... »Secouant la femme de haut en bas comme un lapin qu'on venait de tuer, il la jeta au loin vers le centre de l'arène où elle retomba douloureusement sur le dos et heurta de nouveau sa tête sur le sol.
Le ciel. La fumée s'était dissipée, il ne restait d'elle que la source des braises qui envoyait une tiédeur bienfaisante sur son corps meurtri. Les étoiles brillaient là haut et Hrist hoqueta de nouveau du sang. Le goût âcre et chaud coulait au fond de sa gorge et la blessure du combat passé venait de s'ouvrir, laissant s'écouler un petit flot de sang régulier.
« La triste règle avec le sang... Hoc. C'est que plus on en perd, moins on a de temps. »« Félicitations grand mestre. Tu prendras le temps de philosopher une fois ce phacochère mort. Ou dans ta tombe. Enfin... Fais quelque chose et vite ou tu seras creusée dans une heure. »Hrist se coupa à la cuisse en essayant de se relever, coupure superficielle mais dérangeante provoquée par la lame mal rangée sous sa tenue. Le géant approcha de nouveau, Hrist sous le choc tenait à peine debout mais n'était pas encore au bout de ses ressources. La main tenait la lame sous sa robe, prête à intervenir lorsqu'il sera à bonne portée.
« Viser la gorge. La gorge. Un homme peut encore courir cent mètres le cœur percé, viser la gorge. »Elle se répétait ces mots à voix basse, focalisant sa concentration vers le barbare qui s'approchait lentement, les muscles saillants et les veines apparentes. Vierge de toute blessure nouvelle, il était confiant et animé d'une froide colère, celle d'avoir vu son frère mourir.
Hrist savait qu'elle ne pouvait plus bouger aussi vite qu'avant, ses blessures étaient douloureuses et ses plaies menaçaient de s'ouvrir davantage. Il fallait qu'elle se laisse attraper en espérant qu'il ne décide pas de lui arracher la tête tout de suite.
Il passa ses doigts énormes autour de son bras gauche, la femme ne pu opposer aucune résistance, il la tira vers elle comme une enfant ramenée par ses parents, Hrist tira alors sa lame et lui entailla l'avant bras, elle fit glisser le fil cruel de sa dague au travers des muscles contractés de son agresseur. Il lâcha prise immédiatement, les veines tranchées et les tendons mis à mal, il envoya de son autre main un revers de la paume vers la femme qui se protégea de ce nouveau coup. Elle en perdit son arme qui disparu quelque part dans la brune de poussière soulevée par les combats.
De colère, il attrapa la femme du bras droit et la plaqua contre son torse puissant, exerçant de nouveau une terrible pression visant à la tuer. Hrist cracha du sang au visage de son agresseur qui s'en fichait éperdument. Le visage grave, il plongeait ses yeux dans ceux de la femme qui commençait à tourner de l'œil. C'est dans un bref instant de courage mêlé à la force de l'adrénaline qu'elle pu envoyer ses doigts griffer son visage et notamment l'œil dont elle sentit le contact moite et gras sous les ongles.
Il hurla, crachant sur elle et tituba en arrière jusqu'à tomber dans un nid de lances enflammées. Hrist était toujours captive de son étau, bien que la chute affaibli son emprise, il maintenait fermement la femme sur lui, prêt à en finir quitte à mourir avec elle.
Les flammes se réanimèrent. Le souffle de la chute avait donné vie aux langues de feu qui faisaient fumer la chemise de ce géant qui gesticulait de douleur. Hrist bien qu'à l'abri des flammes subissait la chaleur abrutissante et déjà trop affaiblie, elle savait que ce serait fatal de perdre connaissance maintenant. Son salut elle le vit devant elle. Rouge et brillant. Une lance était restée debout, fière et droite, le bois était un charbon ardent mais le fer lui était toujours accroché. L'image ondulait aux grès de la chaleur qui lui donnait un aspect de mirage salvateur. Elle tendit les doigts. Encore et encore, le bout de sa peau cloquait et brûlait face à cette chaleur si vive et lorsqu'elle pu refermer ses doigts autour du charbon brûlant, elle se mordit les lèvres de douleur, le barbare remuait de plus en plus vite et elle frappa. Un coup, un seul au visage à l'aide de ce fer fraichement arraché à une lance enflammée. Sa peau creva et se cautérisa sur le coup par l'action de la chaleur. Hrist tomba et roula hors des flammes, laissant son puissant ennemi y périr.
Mais il pu la suivre hors du brasier. Rampant sur le ventre comme le fut son frère quelques instants plus tôt. Son dos n'était qu'une cicatrice hideuse, faite de cloques encore sifflantes et de peau mélangée aux brûlures de sa chemise. Le fer de lance encore dans le visage, il se tourna non loin des flammes. Hrist se dirigeait en titubant vers sa lame et revint se pencher au dessus du corps brûlé de son fier adversaire.
« Loué soit le jour de cette mort magnifique. » Termina le guerrier. Hrist avait la tête dans le vague elle coupa au niveau du cou voulant en finir rapidement mais trop faible et assommée par ces aventures, elle s'entailla elle même la main. Laissant une plaie ouverte au guerrier qui laissait apparaitre sa jugulaire.
Incapable de manier son arme proprement, Hrist n'eut d'autre solution que de pencher son visage vers la gorge de sa victime et de mordre la jugulaire qui eut un aspect caoutchouteuse sous ses dents et sur sa langue. Elle croqua. Le sang dégueula de partout, inondant ses lèvres et son visage, ses vêtements et le sol alentour.
Le dernier souffle du barbare lui vint aux oreilles et ce combat était enfin terminé.