Prévisions 2Ma demande rend l’armurier pensif. Elle peut sembler serte particulière puisque les quelques bottes que je vois d’exposées semblent renforcées à l’aide de plaques de métal savamment disposées. Un client arrive tirant le commerçant de ses songes. Je me retourne pour saluer le dernier arrivé et fait face à un humain d’une vingtaine d’années. Quoiqu’un peu plus vieux que moi je dirais. Pourtant sa musculature n’a rien à m’envier, bien au contraire. Je détourne le regard après ce dernier détail qui m’a sauté au visage.
(Alors, on reluque les bras des autres hommes maintenant ? Tu boudes parce qu’il en a une plus grosse que toi ?)(Une plus grosse quoi au juste ?)(Ben une plus grosse musculature. A quoi tu pensais vil cochon ?)Je réprime l’envie de balancer le médaillon dans lequel réside ma faéra. D’une part cela ne lui ferait absolument rien et d’autre part, j’aurais l’air bien idiot à agir de la sorte devant un public. Après s’être excusé de me servir en premier, l’armurier pense avoir trouvé chaussure à mon pied. Enfin des bottes en l’occurrence. Il revient après avoir fouillé une étagère avec une paire plutôt pas mal. En tout cas elles sont de meilleures factures que celle dont je dispose.
(Et elles ont aussi une meilleure odeur ! Non mais c’est vrai, les tiennent sentent le vieu bouc. Même les mouches n’osent plus s’approcher !)(Merci, j’apprécie toujours autant tes prises de paroles.)Même si la remarque peut sembler à une pique désagréable, je sais qu’Ysolde ne fait ça que pour m’aider à évacuer la tension qui me gagne à mesure que le temps passe et se rapproche de cet autre monde. Un petit sourire se peint sur mon visage. Sourire que je m’efforce d’effacer de peur que le maître artisan ne se sente vexé. En tout cas le prix qu’il m’annonce me calme rapidement.
Je réponds à l'armurier. 
"C’est une somme importante, mais je vais suivre votre conseil et les essayer."Je me décale du comptoir et trouve un tabouret pour effectuer l’échange. J’ai malgré moi l’oreille bien tendue et écoute la conversation entre l’armurier et le nouveau client. Il semble question d’un rachat d’équipements tout comme je l’ai fait précédemment et d’une provenance d’armes en possession de ce dernier. Malheureusement pour lui, l’artisan ne lui est d’aucune aide. Je me focalise sur ces bottes, dont j’ai enfilé la première et le prix que propose l’armurier me fait sortir les yeux des orbites. Huit cent quatre-vingt-dix yus ! Comment a-t-il fait pour posséder des objets aussi chers ? Ma surprise me fait lever la tête et un détail me marque sur une lame. Est-ce la provenance de cet objet en particulier qui l’intéresse ? 
"J’ai déjà vu ce motif quelque part." Dis-je en interrompant les deux hommes. Je m’avance jusqu’aux deux hommes avec une botte différente à chaque pied.
(Diantre qu’elle est agréable ! Légère avec cependant une certaine robustesse. C’est sûrement pas du cuir de piètre qualité !)Arrivé au comptoir je tends la main à la lame. 
"Puis-je ?" Evitant de la saisir sans consentement. Je la regarde à la lumière et ce détail qui me frappe encore.
"J’ai déjà vu ceci quelque part." Leur dis-je. 
"C’était…il y a un ou deux ans je crois. Un navire en perdition après une tempête particulièrement violente. Par chance une soirée trop arrosée avait ralentit quelques marins le matin, nous évitant le même préjudice, mais ce n’est pas ce qui vous intéresse. C’était…le capitaine d’un navire marchand, il transportait des épices sur la route d’Oranan. Il avait ce même détail sur une de ses lames qui m’a frappé à l’époque. Il se vantait même de posséder un objet aussi rare. D’où était la provenance déjà ?" Je commence à me frapper le front de mon poing, comme si l’information était un livre au bord d’une étagère et qui n’attendait qu’un coup de trop pour tomber et s’ouvrir. Je m’écris 
"Blakalang ! C’est ça, j’en suis certain ! Il a évoqué un redoutable adversaire, mais à sa dégaine je pense plutôt qu’il l’a marchandé. D’ailleurs ses hommes se sont également moqués de lui sur son prétendu combat. Le guerrier de blablakalang qu’ils disaient ! Ses informations ne sont pas de première main, mais si la vie d’un de vos conseillés est en jeu, il est préférable de s’en assurer."Je rends la dite arme et m’en retourne à mon opinion concernant les bottes avec une véritable satisfaction. 
"C’est un prix important, mais je dois avouer que la qualité est là ! Je vous les prends !" Je sors ma bourse qui doit être ridicule en comparaison de l’autre client et paye mon dû et surtout j’enfile la deuxième botte.
Je salue les deux hommes avant de partir. 
"Sur ce messieurs, bonne journée !"4