J’avais observé de loin le petit manège qui se déroulait au niveau du pont d’embarquement de ce magnifique Aynore. Je comprends mieux maintenant pourquoi il est qualifié de « fine fleur ». Il est vraiment majestueux, j’avais vraiment hâte de le voir en vol. Je remerciais mon interlocuteur d’un bref signe de tête et accélérait le pas direction de la zone d’embarquement de cet aynore.

Apparemment, il y avait parmi les heureux gagnants un nain, une Hinion, une lutine, un grand monsieur muscle au sang mêlé, une phalange de Fenris et un humain. Mes voyages sur mon continent m’avaient permis de connaître toutes les races qui peuplaient Yuimen. Il semblerait que le loup de la Phalange soit quelque peu émotif à l’idée de monter à bord, et il avait failli créer un incident diplomatique avant même le départ de l’appareil.

- « Oh la la, dans quoi me suis-je encore embarquée ! »

Je n’avais pas vu mais il y avait un autre métisse, deux races humaines si mes yeux ne me trompaient pas mais je n’aurais su dire lesquelles. Je ralentis l’allure pour arriver tranquillement derrière la joyeuse petite troupe. Ils avaient l’air de tous se confondre en excuse, cela était bon signe, vive la détente !

Je finis par me demander s’il y avait quelqu’un d’autre de la guilde parmi ses personnes, après tout, je ne suis pas la seule à en faire partie. J’aurais le temps de le voir dans les jours à venir. Enfin, mes pas finirent par me porter dans la petite fille de personnes qui commençaient à rentrer à l’intérieur.

Extérieurement, il présentait tous les standards du grand luxe. Le voyage serait certainement agréable. Les paroles de mon marchand me revinrent alors en tête. Oui, j’étais chanceuse de faire cette croisière mais dans mon cas la chance ou le hasard n’avait rien avoir. Pulinn avait juste le bras assez long pour influer sur le choix des gagnants. Son rang au sein de la guilde devait lui permettre de faire ce qu’elle voulait. Mais là encore, j’aurais tout le loisir de le découvrir plus tard.

Autour de l’appareil de nombreuses s’affairaient. Certains chargeaient des caisses de bois alors que d’autres finissaient de nettoyer la coque, ou encore amenaient de la nourriture dans les soutes. Ce déluge de soins envers l’appareil et même les passagers me rassura quant à la bonne tenue des lieux. Il était vraiment luxueux cet aynore.

Une fois dans la file, je pus voir une hôtesse qui donnait des renseignements aux premières personnes. Je me mis derrière le métisse et attendit mon tour tout en prenant soin de garder un œil sur le ticket gagnant que je tenais ma main. Un voyage gratuit au frais de la princesse comme disait mon frère. Mon frère, je l’avais oublié, j’aurais largement l’occasion de le rattraper et de lui botter les fesses une fois pour toute. En attendant, je devais le chasser de ma tête tout come Ehemdim afin de profiter pleinement de ces vacances improvisés. Vacances mais pas complètement.

Alors que je faisais tranquillement la queue et que mon voisin de devant faisait du charme à sa voisine de devant, d’après ce que j’entendais, la réceptionniste m’interpella pour que je lui présente mon billet d’entrée. J’eus à peine le temps d’avancer vers elle qu’un nain me balaya d’un revers de main sur son passage. Il bouscula sans ménagement les deux personnes devant moi et passa devant l’hôtesse en l’houspillant d’une manière peu correcte.

Voila un individu peu aimable dans la partie. J’aimerais bien savoir comment les personnes ont été sélectionnées pour faire le voyage sur cet aynore. La scène troubla quelque peu la réceptionniste qui avait été coupé dans son élan de bienvenue et de gentillesse. Des personnes comme cela avaient le don de me taper sur le système. Je ne pouvais pas comprendre que des gens pouvaient être aussi impolis. Cela devait venir de mon éducation militaire, respecter ses ainés, ses parents. Tout cela était essentiel selon moi.

Enfin, bref. Pendant que les personnes devant reprenaient plus ou moins leur équilibre, je continuais ma route vers la réceptionniste. Je lui sortis un magnifique sourire histoire de lui remonter le moral. Cette intervention peu courtoise de la part du nain l’avait quelque peu embarrassé. Je lui tendis mon billet afin qu’elle reprenne pied dans la conversation et surtout dans son petit laïus bien appris à servir à toutes les personnes qui montaient à bord de l’aynore.

- « Ne vous inquiétez pas pour lui. Tenez, voilà mon billet. »

Cette pauvre hôtesse me parut encore bien chamboulée lorsqu’elle m’adressa la parole. Le hasard ne faisait pas toujours bien les choses. Je rangeais mon billet dans mon sac et repensait à une conversation que j’avais eu avec mon père, il y avait longtemps maintenant. Il m’avait dit comment ce genre d’appareil était fabriqué et donc comment était disposé les pièces en général. J’espérais très fort me souvenir du plan qu’il m’avait mentalement dessiné.

Je fis un léger signe de la tête à notre hôtesse avant de rentrer dans le ventre de la bête. Mes pas me menèrent donc vers la pièce ou se trouvait le bar. J’avais besoin de me désaltérer et de me reposer quelque peu.

Un premier couple plutôt atypique arrive alors dans la grande salle. Le premier, assez grand, très poilu, des yeux de félins, me rappelle étrangement ma peluche quand j'étais petite. Il a la démarche d'un gros dur, mais au fond de moi, je ne peux m'empêcher de me demander s'il sait ronronner comme un chaton. Loin de moi l'envie de vérifier par mes propres moyens, je suis simplement curieuse. Sur son épaule, je finis par remarquer ce qui me semble être une lutine rousse. Lorsqu'ils passent à côté de moi, j'en suis alors convaincue. Elle a l'air gentille et son sourire ne manque pas de réchauffer le mien. Alors que l'humoran révèle son nom à la lutine, un humain fait son apparition. A peine ais-je le temps de regarder son visage blanchâtre qu'il débite haut et fort que nous devrions faire connaissance autour d'une choppe. Je me pince alors les lèvres et ce pour deux raisons. Je n'ai pas entendu le nom de la petite lutine et cet humain blanchâtre me rappelle ô combien je peux avoir soif. En réfléchissant un instant, je me dis que j'ai trop soif, que cette humaine blonde a un verre et qu'il n'y a personne au bar. J'en conclus que l'on peut se servir tout seul. Je me relève alors de mon canapé, j'époussette ma robe, je remets mes cheveux en place puis je me déplace avec grâce vers ce jeune humain aux cheveux longs et à la peau blanchâtre.

"Je vous suis, jeune homme. Enchantée, je suis Lilotëa Feng. Mais vous pouvez m'appeler Lilo. Allons donc boire un peu, j'avoue avoir grand soif..."