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 Sujet du message: Re: L'Horloge d'Ynorie (lieu de guilde)
MessagePosté: Mer 15 Sep 2010 16:01 
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"Partir loin et découvrir quel air Yuimen respire, comment nos contemporains vivent sous d’autres lumières. Voyager..."

Midori ne put s'empêcher de fredonner un instant devant les paroles de Tips. Elle lui gratifia d'un sourire avant de poursuivre :

"Ma famille a beaucoup voyagé, tu sais. Alors je ne sais pas si je suis à même d'être objective, mais je trouve que c'est une bonne idée !"

A peine eut-elle le temps de finir sa phrase et d'empoigner sa tasse de thé que Lumbo arrivait dans la cuisine et s'assit directement aux côtés de Midori, fixant Tips d'un regard sans humeur aucune.

"Le thé de la Tortue Guerrière est vraiment infect... Je suppose qu'il en est ainsi lorsqu'on a eu la chance de goûter à ton thé, Midori... Et bien, et bien... On dirait que notre intrus à la peau verte est encore là...Nous allons le compter parmi nous, tu crois ?"

Lumbo regarda un instant Midori puis rabattit ses yeux sur Tips, en les plissant légèrement. Elle sembla réfléchir un instant puis rajouta :

"Jeune sekteg, sais-tu ce qu'est une guilde ?"

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 Sujet du message: Re: L'Horloge d'Ynorie (lieu de guilde)
MessagePosté: Mer 15 Sep 2010 23:20 
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Tips, trop occupé à ronger son entrecôte, ne fit guère attention aux paroles fredonnée par la vieille sympathique. Il opina à peine du chef lorsqu’elle émit son commentaire sur sa propre famille voyageuse, même si ça l’intéressait au plus haut point. à vrai dire, il ne put détourner son attention de la viande que lorsqu’elle attrapa soudainement un arrière goût de mort-aux-rats, à l’entrée remarquée de la vieille elfe fripée. Son visage affreux donnait des frissons dans le dos de Tips, qui mâchouillait quand même encore et toujours son morceau de viande saignant. Elle était vraiment hideuse, et posa son regard dédaigneux par nature sur le petit gobelin, qui s’en sentit transpercé de part en part.

Sa vieille voix de crécelle envahit alors la pièce, chassant les humeurs vagabondes et inspirées de la bonne Dame Midori. Elle évoqua une fois de plus la torture guerrière, la comparant au délice du thé de sa congénère humaine avant de lui poser une question concernant le gobelin, qui tendit l’oreille tout en se suçant bruyamment les doigts en les nettoyant des taches de sang cuit.

Lorsqu’elle s’adressa enfin à lui, il en était à l’annuaire de la main gauche, et le laissa quelques secondes en bouche, surpris qu’elle lui parle. Il la regarda avec deux grands yeux globuleux avant d’émettre un dernier bruit de succion, et de lui répondre, pas très sûr de lui.

« Oui c’est… et puis quand il y a… Heu… avec des… enfin… Heu… »



« … Non… »

Émit-il finalement, gêné de son manque de culture. Il n’en savait fichtrement rien. Il avait bien déjà entendu parler de guides, des types qui se promenaient dans les montagnes pour montrer le chemin aux autres, mais une guilde ? Il ne savait même pas s’il s’agissait d’un être vivant ou d’un objet usuel…

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 Sujet du message: Re: L'Horloge d'Ynorie (lieu de guilde)
MessagePosté: Jeu 16 Sep 2010 17:02 
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"Hummm... Une guilde est une association de personnes ayant les mêmes buts. Il en existe toute une flopée dont je te ferais grâce. Tu es ici à la Société du Midi-Minuit. Notre guilde étudie les phénomènes magiques naturels ou non et nous sommes souvent appelés à voyager à travers le continent et bientôt sur d'autres. Midori, elle, est à la tête des chercheurs en magie. Nous recrutons tout type d'aventurier ou de savant et nous assurons le gîte et le couvert dans trois villes ainsi que les frais de transport. Nous installons actuellement une boutique qui, je l'espère, saura devenir lucrative et nous permettre d'aider nos membres à certains achats particuliers. Je te laisse deux jours pour réfléchir à l'idée d'être des nôtres. Passé ce délai, soit tu t'en vas d'ici, soit tu viens me voir dans mon bureau pour valider ton inscription. Midori te conduira à une chambre libre, elle est à toi pour deux jours ou pour la vie, selon ta décision. Si tu as pris ta décision avant ce délai, tu peux bien sur venir me la dire."

Lumbo parla longtemps et de façon monocorde, comme si elle débitait un texte sans trop y croire tandis que Midori s'éclipsa pour préparer ses crêpes...

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 Sujet du message: Re: L'Horloge d'Ynorie (lieu de guilde)
MessagePosté: Jeu 16 Sep 2010 17:22 
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^^ post précédent

Le lutin mit un bon quart d'heure avant de se calmer. Il se mit alors à regarder sa chambre. La nouvelle chambre d'Eucalyptus lui plaisait beaucoup et le lutin n'arrêtait pas de regarder partout, émerveillé par les talents de Falleala, son amie et décoratrice de sa chambre. Il était encore trop tôt pour souper et Séléné dormait en ronflant bruyamment alors Eucalyptus décida de sortir un vieux conte de fées de sa petite bibliothèque. En plus de vouloir juste passer du temps, il se demandait s'il trouverait des dessins de sylphes ou des descriptions à leur sujet. Bien décidé à percer les mystères de ces élémentaires si particuliers, Eucalyptus se dirigea vers son tout petit bureau et posa le volume précieux dessus. Une fois assis, il se saisit de feuilles de papier vierge et entama enfin sa lecture attentive. Le jeune lutin connaissait bien ce recueil car c'était celui que son père avait pour habitude de lui lire lorsqu'il était petit avant de s'endormir. Il sélectionna donc les contes où il était sûr qu'ils parlaient des sylphes et lut quelques pages du premier conte, à la fois contemplatif et mélancolique. Il prenait quelques notes, sans vraiment savoir si ces dernières lui serviraient, et faisaient quelques croquis pour commenter. Plus de trois heures plus tard, le soleil n'allait pas tarder à se coucher et le bureau d'Eucalyptus était envahi par des piles de papiers écrits ou dessinés...

"Et bien Eucalyptus... Que t'arrive-t-il ?"
"Oh Lumbo, c'est vous ! Je ne vous ai pas entendu entrer..."
"C'est bien la première fois que je te vois si concentré sur un sujet. Puis-je savoir ce que tu étudies ?"
"Je regarde dans un livre de contes que j'aime bien et je note tout ce qui est relatif aux sylphes..."
"Il est vrai que les bibliothèques sont rarement garnies à ce sujet..."
"Et pourtant ils existent !"
"Midori a fait des crêpes, tu ne veux pas descendre en manger ?"
"Non non, je voudrais terminer ce que j'ai commencé, je suis sûr que je découvrirai quelque chose."

La vieille directrice sourit à son apprenti et se contenta de saluer sa détermination par un petit hochement de tête. Elle ferma la fenêtre de la chambre du lutin puis déposa près de lui une petite lampe à huile. Lumbo lui souhaita ensuite bon courage, lui dit qu'elle lui ferait apporter à manger puis repartit, laissant le lutin dans sa lecture. Eucalyptus y voyait bien mieux avec la lampe, il fallait dire qu'il était tellement absorbé par son travail qu'il n'avait eu le temps d'y penser. Avec une application qui frisait l'extraordinaire pour un lutin si peu concentré d'habitude, Eucalyptus lisait, notait, relisait et renotait. Lorsqu'il eut enfin terminé, il s'étira sur sa chaise et remarqua qu'une grosse assiette de crêpes et qu'un grand verre de lait l'attendait. Tout en relisant ses notes éparses, qui commençaient à envahir le parquet alentour, le lutin dîna tout en reprenant encore des notes sur les notes qu'il avait prises quelques heures plus tôt. Bien qu'il avait des petits yeux et commençait à bailler plus que de raison, il continua son inspection minutieuse. Alors que la lune pointait haut dans le ciel, il partit se coucher, heureux. Toutes ses notes étaient bien rangées, en une pile adroite, et celles les plus importantes selon lui rangées à part. Après avoir fait un petit bisou et un gros câlin à son louveteau, Eucalyptus voleta jusqu'au plafond en direction du hamac qui était caché dans la gueule de son immense dragon-cerf-volant.

Le lendemain matin, Eucalyptus se réveilla guilleret, heureux comme tout d'avoir passer sa première nuit dans son hamac, dans son dragon-cerf-volant et surtout dans sa toute nouvelle chambre. Il ne passa que quelques minutes en cuisine et fila rapidement vers la Brise d'Ynorie pour sortir un peu, prendre l'air et promener son louveteau. Comme à son habitude, il retrouva son petit rocher, son cerisier et son petit ruisseau, endroit qu'il préférait par dessus tout dans le lieu qu'il préférait aussi par dessus tout dans tout Kendra-Kâr. Alors que le louveteau au pelage blanc se faisait les dents avec une branche d'arbre, Eucalyptus profita de ce beau début de matinée pour relire ses notes choisies la veille. Il commençait à comprendre l'esprit des sylphes mais n'était plus si sûr de pouvoir faire confiance à un écrivain. Usant d'un chant des sylphes, il attendit quelques minutes avant d'enfin en apercevoir un. Ses muscles gracieux flottait dans le vent, son regard perçant et déterminé n'émettait aucun doute, ce sylphe était un mâle. Eucalyptus, après s'être excusé de l'avoir appelé ainsi, lui demanda s'il avait raison sur certains points, notamment sur le fait qu'un sylphe en danger était souvent secouru par ses pairs. Pour toute réponse, le sylphe hocha la tête puis sifflota en repartant par les airs.

Vers midi, Eucalyptus revint à la guilde et alla directement dans la bibliothèque. Aidé du vieux Rupert, le lutin finit par trouver un vieux recueil traitant de la musique magique et de ses bienfaits puis d'un autre sur les convocations mineures. Le jeune lutin resta toute l'après-midi à lire ses deux imposants volumes et prit encore des notes. Lumbo, qui passait par là, ne put s'empêcher de sourire en voyant son apprenti si concentré à la tâche. Alors que les derniers rayons de soleil traversaient les fenêtres de la bibliothèque, Eucalyptus venait enfin de terminer de lire ses gros volumes. Il n'avait lu seulement que les passages qui l'intéressait et était à la fois fier de lui et apeuré. Il avait passé plus d'une journée sans s'amuser et se demandait si l'âge adulte ne venait pas de lui tomber sur les épaules sans crier garde. Alors que Lumbo repassait encore une fois dans la bibliothèque, Eucalyptus l'appela et lui demanda de s'assoir en face de lui car il voulait parler de ses recherches avec Lumbo. Il lui montra les notes qu'il pensait être les plus pertinentes puis ils discutèrent longuement de certaines implications mystiques qui étaient encore très confuses pour Eucalyptus. A la fin de leur long entretien, Eucalyptus remercia Lumbo en l'invitant à la taverne du paladin pour changer.

>> Les plaines des calices roses

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 Sujet du message: Re: L'Horloge d'Ynorie (lieu de guilde)
MessagePosté: Sam 18 Sep 2010 12:36 
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La vieille décatie et ridée, et moche, et hideuse, et sévère, et tout autre adjectif qui pourrait convenir à sa tronche désagréable eut la surprenante gentillesse de faire un discours explicatif élaboré sur ce qu’était une guilde, présentant même celle au sein de laquelle s’était retrouvé le gobelin un peu beaucoup malgré lui. Plusieurs mots dans ce qu’elle dit eurent énormément d’effet chez Tips, et firent naître dans son petit regard pétillant des étincelles d’intérêt. ‘Magie’, ‘aventurier’, ‘voyager’. Il y avait aussi des mots qu’il ne comprenait pas, comme ‘lucratif’, ‘gîte’, ‘phénomène’, ou encore des notions floues pour lui, telle que ‘décision’, ‘délai’. Mais il n’en avait pas vraiment cure. Ce qui comptait, c’était les mots qu’il comprenait, et qui sonnaient à son oreille comme des miracles insensés.

Dans un premier temps, il s’était contenté d’un acquiescement gêné et poli :

« Oui madame. »

En la regardant tout en lapant ses doigts ensanglantés, il savait qu’il devait dire autre chose. Il n’avait plus de vie, il n’avait plus de famille, il n’avait plus de tribu. Et c’était pour lui une opportunité de trouver un nouveau clan. Aussi, après quelques secondes, il ajouta :

« C’est d’accord, madame ! Je voudrais être des nôtres. »

Son regard brillait, impressionné.

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 Sujet du message: Re: L'Horloge d'Ynorie (lieu de guilde)
MessagePosté: Dim 19 Sep 2010 16:30 
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"Alors c'est parfait, jeune gobelin. Nous allons passer à mon bureau, régler deux, trois détails, de la paperasse seulement, ne vous inquiétez pas... Finissez de manger, je vous attendrai dans mon bureau dans un petit quart d'heure. Je vais passer voir Eucalyptus d'abord. Je me demande ce qu'il trafique..."

La vieille elfe se relève puis incline brièvement la tête en guise de salut avant de sortir de la cuisine. Midori, elle, venait de relever ses manches, se laver les bras puis s'apprêtait à pogner sa pâte à crêpe.

"Oh je suis contente que tu sois des nôtres, Tips ! Tu pratiques aussi la magie ?"

Elle regarda Tips avec un petit sourire puis sortit une poêle, l'envisagea, puis en reprit une autre, plus satisfaite.

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 Sujet du message: Re: L'Horloge d'Ynorie (lieu de guilde)
MessagePosté: Dim 19 Sep 2010 20:50 
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Pour la plus grande surprise de Tips, qui s’attendait déjà presque à se faire mettre dehors à grands coups de pieds dans l’arrière-train, la vieille Lumbo Desconti accepta sans broncher son intégration à cette association à buts lucratifs, à ce clan magique, à cette tribu disparate au cœur d’une cité-état magistrale. Il en eut presque le tournis. Sa vie, en quelques minutes, venait de prendre un nouveau visage, et passait littéralement à la vitesse supérieure. Il s’en sentait un peu dépassé, mais il n’accorda que peu d’importance à cela. Après tout, un ordre lui avait été donné, et il allait pouvoir exercer ce qu’il savait le mieux faire : lui obéir. En plus, ce n’était pas fort négatif, comme ordre. Il lui suffisant de terminer son repas, et puis de se traîner jusqu’au bureau de l’elfe âgée pour… il ne savait pas trop bien pourquoi, mais ce n’était pas vraiment son soucis pour l’instant. Des détails, de la paperasse. Il ignorait le sens de ces mots, mais ferait avec, et aviserait sur le moment.

Pour l’instant, seul comptait le repas qu’il allait poursuivre avec toujours plus d’appétit. La Dame Midori pétrissait une pâte liquide de ses deux poings fermés avec dextérité et habitude. Le mouvement était fluide et cadencé : nul doute qu’il s’agissait là d’une cuisinière de renommée, d’une petite cheftaine-poule à l’art vif et gouleyant. Le jeune gobelin s’en léchait déjà les babines…

Lui aussi était content d’être des nôtres. Ce devait être un surnom pour les membres de la société du Midi-Minuit. Le genre d’appellation secrète connue seule de ses membres et de ses pires ennemis.

Il arqua un sourcil interrogateur à la question de Midori.

« M…moi ? De la magie ? »

C’était inconcevable. Tout bonnement inconcevable. La seule magie qu’il avait observée n’était guère de son fait : c’était celle du shaman de sa tribu, et il en avait toujours un peu eu peur. Même si ça l’avait tout autant fasciné. Il haussa les épaules d’un air résigné.

« J’crois pas, non. »

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 Sujet du message: Re: L'Horloge d'Ynorie (lieu de guilde)
MessagePosté: Jeu 23 Sep 2010 18:44 
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"Ah ? J'aurais crû... Je commence à être vieille, il faut croire..."

Midori eut un petit sourire en coin avant de loucher sa pâte à crêpes et d'en déverser un peu sur la poêle crépitante. Une subtile odeur de vanille et de rhum emplit alors la cuisine petit à petit...

"J'en connais un qui va se ruer dans la cuisine sous peu... En fait j'en connais deux..."

Dit-elle ensuite d'un air amusé. D'un geste expert, elle se saisit du manche de la poêle et fit voler la crêpe dans les airs avant qu'elle ne retombe côté non cuit. Au bout de deux minutes, elle mit sa préparation sur une assiette puis recommença encore et encore...

"Tu peux venir te servir, Tips, si tu veux. C'est encore meilleur si tu rajoutes un peu de sucre ou de confiture. Mais moi je préfère au chocolat fondu !"

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 Sujet du message: Re: L'Horloge d'Ynorie (lieu de guilde)
MessagePosté: Sam 25 Sep 2010 15:30 
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La vieille Midori émit un doute quant au fait que le gobelin qui se tenait assis à la table de l’Horloge d’Ynorie soit effectivement dénué de tout pouvoir magique. Tips écarquilla les yeux en l’entendant émettre ce doute, mais ne prononça mot. Lui, pourvu du savoir puissant et majestueux des arcanes ? Lui, possesseur de l’art noble et gracieux de la magie ? C’était impossible. Antinomique, même. Il était tout sauf noble, gracieux, puissant et majestueux. Il avait toujours été faible, chétif, mal vu socialement même parmi les siens, et d’une maladresse incommensurable. Un tel pouvoir en lui ne pouvait se concevoir. Même si le petit être était facilement modulable. Et même si son esprit n’avait pas la capacité de se poser une tonne de questions diverses et variées en même temps, l’intention y était, et il faillit même passer à côté de ce que la gentille madame disait.

Elle maniait la poêle avec dextérité et agilité, et entassait sur une petite assiette des sortes de pains plats et dorés qui luisaient du beurre qu’elle utilisait pour les cuire. Une odeur divine et sucrée envahissait l’atmosphère, et réinitialisait la sécrétion salivaire du sekteg gourmand et affamé.

« C’est quoi du… chocolafondu ? »

Il s’était approché de la cuisinière, en se levant de sa place et en dressant ses grands yeux curieux vers elle.

« Et puis pourquoi vous auriez cru ? »

Il devait savoir…

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 Sujet du message: Re: L'Horloge d'Ynorie (lieu de guilde)
MessagePosté: Lun 27 Sep 2010 14:49 
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"Le chocolat fondu ? La meilleure invention après le thé ! Tiens, goûte si tu veux..."

Midori désigna alors un petit pot de chocolat bulleux qui mijotait au bain-marie dans une casserole d'eau bouillante. Puis elle regarda le sekteg avec un regard attendri puis lui montra une de ses boules à thé.

"Les effluves de ces plantes me permettent de distinguer les personnes reliées par la magie d'une façon ou d'une autre. J'ai crû percevoir en toi ce don. Et bien que mes plantes sont un peu vieilles, je pense avoir raison. Je connais un rituel qui montre la voie de chacun. Si tu le souhaites, je peux le préparer pour toi, le temps que tu ailles t'inscrire avec Lumbo. Ca ne fait pas mal, mais ca peut être très désarçonnant..."

Midori avait l'habitude de préparer des crêpes et venait de terminer de faire cuire sa dernière. Elle confia le pot de chocolat chaud à Tips ainsi qu'une serviette pour ne pas qu'il se brûle puis rejoignit la table avec son assiette de crêpes empilées...

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 Sujet du message: Re: L'Horloge d'Ynorie (lieu de guilde)
MessagePosté: Sam 2 Oct 2010 13:20 
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Tips était curieux de savoir ce qu’était cette invention étrange que Midori décrivait comme la meilleure qui soit, après le thé. Il n’avait pour rien au monde avait entendu parler de chocolat, dans ses montagnes gobelines, ni même durant son court séjour à la campagne. Ce devait être un met citadin, très certainement, et il opina vivement du chef à la proposition de la cuisinière sympathique.

Le petit être vert s’approcha de la casserole remplie d’eau bouillonnante, dans laquelle un autre récipient contenait une masse semi-liquide brunâtre émettant quelques bulles de chaleur. Regardant la vieille poêler ses crêpes, il se permit de s’emparer d’un des doigts de sa propre main droite. Enfin propre… tout était relatif. Il l’avait tout d’abord essuyé à sa gabardine usée, tout simplement. Et il introduisit ce doigt dans le chocolat fondu, avec curiosité. La sensation était étrange. Douce d’abord, et onctueuse, puis, directement après, beaucoup moins agréable : brulante. Il retira vivement sa main de la casserole, réprimant un petit cri. Son regard paniqué se dressa sur son index désormais recouvert de cette même substance brunâtre, qu’il porta à sa bouche.

Le goût était lui aussi surprenant. L’amer prenait le dessus, dans les premiers instants, avant de laisser place au sucré et à l’onctueux. C’était inattendu, et la grimace qu’il avait faite au premier abord se changea vite en mine réjouie. C’était plutôt bon, et surtout totalement nouveau. Tips surmonta tout de même son envie pressante de remettre son doigt échaudé dans le petit récipient bouillant pour écouter avec un intérêt non feint les explications de la vieille dame.

Elle affirmait qu’elle lisait les pouvoirs des gens dans d’étranges boules de thé. Elle lui proposait même de préparer un rituel pour confirmer ses hypothèses, rien que pour lui. Ça avait l’air drôlement dangereux, et passablement mortel. Il était terrifié par cette idée, et pourtant, d’une petite voix, il ne put s’empêcher de répondre :

« Oh ouiii ! Je veux bien ça ! »

Il la regarda ensuite servir les crêpes à table, et lui tendre le pot de chocolat recouvert d’une serviette pour ne pas qu’il se brûle à nouveau, et Tips s’empressa de s’en emparer pour l’amener sur la table. Il s’empara alors d’une des fameuses crêpes, et l’enduisit généreusement de ce succulent chocolat fondu, avant de la rouler sur elle-même. Aussitôt, il en engouffra un morceau, avant de gémir d’un plaisir non feint. C’était succulent. La pate chaude et souple au gout sucré attendrissait le côté amer du chocolat, tout en complétant sa douceur en l’accentuant avec délectation. Il n’avait jamais rien mangé de tel, et se promit un peu naïvement de ne plus manger autre chose jusqu’à la fin de ses jours. Mais il ne voulait pas faire attendre plus longtemps la vieille Lumbo, et le petit gobelin se leva de sa chaise en emportant avec lui sa crêpe dégoulinante de chocolat. La bouche encore pleine, il s’excusa :

« Che reviens tout de chuite ! »

Les postillons qu’il émit le convainquirent de se taire, et il fit volte-face pour se précipiter dans le couloir, prenant la direction qui lui avait été indiquée pour se rendre dans le bureau de la vieille ridée. Lorsqu’il fut devant l’imposante porte, qui le fit frémir de tout son être, ne fut-ce que par son statut de porte, il déglutit bruyamment avant de prendre son courage à deux mains, et de frapper trois petits coups secs sur le bois de celle-ci, espérant de toute son âme qu’elle ne se transformerait pas en monstre gigantesque et meurtrier. Sans même s’en rendre compte, il venait de l’éclabousser de quelques gouttes de chocolat, qui par ailleurs avait dégouliné sur tout son chemin, à l’intérieur de l’Horloge, laissant une trainée brunâtre odorante sur ses pas…

La crêpe à la main, il attendait la réponse qui lui permettrait d’entrer.

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 Sujet du message: Re: L'Horloge d'Ynorie (lieu de guilde)
MessagePosté: Mer 6 Oct 2010 01:36 
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"Alors c'est entendu, reviens me voir au rez-de-chaussée quand tu auras fini, j'aurais certainement fait de même avec les préparatifs. En bas des escaliers, au fond, sur la gauche, tu trouveras mon laboratoire !"

Dans la cuisine, Midori se leva à son tour et se mit à ranger...

Quelques instants plus tard...

"Entrez !"

Assise derrière son bureau, les mains jointes, Lumbo fixait d'un regard sans humeur la porte qui venait de toquer. Impassible et silencieuse, elle indiqua de sa main fripée un des deux sièges qui faisaient front à son bureau puis sortit un lourd ouvrage encore très vide de mots, le registre des membres de la Société. Elle l'ouvrit et le parcourut rapidement jusqu'à trouver une page blanche. Trempant sa plume dans l'encre bleue du Golfe du Lion, tel un tabellion, elle nota quelques mots puis fixa Tips à nouveau avant de lui poser ces questions :

"D'où viens-tu ? Qui dois-je contacter en cas de décès ? Souhaites-tu lire plus profondément les règles de la guilde avant de t'engager ? Et enfin si tu souhaites t'engager, penses-tu préférer l'exploration aux recherches ou au contraire ?"

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 Sujet du message: Re: L'Horloge d'Ynorie (lieu de guilde)
MessagePosté: Mer 6 Oct 2010 12:47 
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Le jeune gobelin eut le temps de grignoter nerveusement une bouchée encore de sa crêpe au chocolat fondu avant que la voix de crécelle ne retentit derrière l’impressionnante porte qu’il avait eu l’extrême courage de heurter pour marquer sa présence à la résidente des lieux, cette vieille peau décatie. Le chocolat barbouillait désormais non seulement ses mains, mais aussi sa frimousse, sur tout le pourtour de sa petite bouche. Il avait même été jusqu’à en déposer inconsciemment une petite goutte sur le bout de son nez conique. Évidemment, la traînée brunâtre qui l’avait suivie jusque là s’était amassée devant la porte du bureau de Lumbo Desconti en un petit tas glaireux qui séchait lentement en refroidissant. Le genre de paquet casse-gueule qu’il valait mieux éviter à la sortie d’une pièce, donc. Mais il n’était pas vraiment pertinent d’en parler maintenant, puisque le pied du sekteg ne s’y déposa point lorsqu’il pénétra dans ladite pièce, déglutissant de peur en passant le pas terrible de la porte cauchemardesque.

Il avait relevé son regard vitreux vers le bureau qui lui faisait face, et sur la personne qui y trônait. Il n’était en cette maison que depuis peu de temps, et déjà il se faisait à la tronche ratatinée des membres de cette association du Midi-Minuit. Enfin en terme de ratatinée, cette vieille Lumbo était quand même la pire de toutes. Et de la voir ainsi, assise impérieusement sur son siège, ne fit que confirmer cette image fripée au jeune gobelin niais.

Une main vieillie par l’âge indiqua au petit être vert une chaise confortable, sur laquelle il s’empressa de grimper, la maculant généreusement de chocolat fondu, alors que les restes de sa crêpe délicieuse finissaient leur vie entre ses petites dents pointues, et contre sa langue vive qui se délectait encore et toujours de ce met délicat qu’il n’avait jamais eu la chance de goûter auparavant. Il put alors se concentrer pour percevoir ce qu’allait lui dire l’elfe vénérable, une plume à la main. Il dût à ce propos faire un effort considérable pour retenir toutes les questions qu’elle venait de lui poser pour les classer chronologiquement dans sa petite caboche afin d’u dénicher les réponses appropriées.

La première concernait ses origines. L’image du campement de sa tribu dévasté par les Nez-Noirs s’afficha dans son esprit, et il répondit :

« Près des racines des montagnes, derrière la forêt, dans un campement de gobelins. Mais mais j’ai aussi beaucoup voyagé ! Jusque… ici. »

Il était fier de son aventure. Jamais il n’aurait cru pouvoir parcourir une si longue distance tout seul, sans l’aide de ses pairs. La seconde question concernait une personne à contacter en cas de décès. Il ne savait pas bien ce que le mot ‘décès’ voulait dire, mais il avait compris qu’il devait donner le nom d’une personne qui prendrait sans doute soin de lui. Là aussi, la réponse fut évidente. Un seul nom s’afficha dans son esprit. Celui de la dernière personne qui avait réellement pris soin de lui en dehors de cette association. La seule à s’être occupé de lui, en réalité…

« Nethin, qui habite dans les champs. »

Il n’était certes qu’un enfant que quatre ans, mais c’était la seule personne qu’il considérait comme réellement amicale, sur ces terres peuplées d’aventuriers. Les deux dernières questions concernaient la guilde en elle-même, et il y répondit d’une traite,

« Je… ne sais pas lire. Mais j’veux devenir un aventurier, comme madame Midori elle m’a dit. Et aller partout dans le monde. Mais c’est explorater ou rechercher ça, madame ? »

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 Sujet du message: Re: L'Horloge d'Ynorie (lieu de guilde)
MessagePosté: Mer 6 Oct 2010 16:58 
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Lumbo écouta les réponses de Tips et arqua un sourcil de consternation avec difficulté maus y arriva quand même. De loin, on aurait pu croire qu'elle se mettait à convulser de la paupière. Elle soupira un peu, ferma les yeux un instant, puis lorsqu'elle les rouvrit, laissa s'échapper un petit rire frais ô combien détonant avec le personnage.

"Par beaucoup de points, tu ressembles à mon apprenti, jeune Tips. Excuse moi si je te parais quelque peu impérieuse ou que sais-je encore, je vais essayer d'être la plus douce possible. Bien... La forêt dont tu parles, y croisais-tu de temps en temps des elfes comme moi, des elfes plus sombres ou encore des humains comme Midori ?"

Cette question allait grandement l'aider à remplir le formulaire de Tips. D'après ses descriptions, il venait soit de la forêt du sud des duchés des montagnes, soit de la forêt de Cuilnen soit de celle au sud de Dahràm. Après réflexion, si Tips lui répondait "comme Midori", il fallait qu'elle affinât encore sa question car il existait une autre montagne au nord d'Oranan. Et s'il ne répondait rien... Bref, elle verrait bien.

"Et ce Nithin ? As-tu d'autres indications à me donner à son sujet ? S'il t'arrivait malheur, il serait dommage que je ne puisse le retrouver pour lui remettre sa dote funéraire en personne..."

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 Sujet du message: Re: L'Horloge d'Ynorie (lieu de guilde)
MessagePosté: Jeu 7 Oct 2010 10:04 
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Pour la plus grande surprise ahurie du petit gobelin malhabile, la vieille sorcière coincée émit un petit rire aigu et plaisant à l’ouïe qui contrastait fortement avec la sévérité du personnage et de sa tronche de peau de pomme fripée. Apparemment, elle trouvait drôle ce qu’il avait pu dire, et il s’en étonna, lui qui avait mis tant de sérieux à apporter les réponses les plus exactes et précises qu’il pouvait. Il la regardait donc se marrer, yeux grands ouverts et bouche béante, sans trop savoir comment réagir face à une telle nouveauté.

Et puis, elle expliqua la raison et la cause de cette hilarité : apparemment, il ressemblait au jeune apprenti de la vieille rombière. Qui était-il ? Le jeune lutin à la voix changeante et à l’humeur farceuse qu’il avait croisé plus tôt, ou encore un autre membre de cette confrérie magique et magistrale ? Il n’osa pas lui poser la question, quand bien même elle assura vouloir être la plus douce possible, sous-entendant qu’il ne devait pas avoir peur d’elle. Elle en avait de bonnes. Les premiers mots qu’il avait entendus d’elle étaient ses projets de torture guerrière, et ça, il n’était pas près de l’oublier. Surtout qu’elle venait de lui parler de sa mort probable en ces murs.

Dans son discours, elle demandait aussi à Tips d’être plus précis sur certains points qu’il avait abordés. Le gobelin fit un peu la moue, sans trop savoir que dire de plus, mais lorsqu’elle lui tira les vers du nez, quelques images revinrent dans son esprit. Et sitôt qu’il les vit, il les expliqua.

« Dans la forêt et les montagnes, y’avait des villages avec des hommes et des femmes comme madame Midori dedans. Mais on ne devait pas les approcher, sauf pour chiper des pommes. Pis le grand chef de guerre il parlait de nains aussi, plus haut, là où y’avait de la neige tout le temps. J’en n’ai jamais vu, mais il parait qu’ils sont terribles et assoiffés de sang. »

Du sang de gobelin, plus particulièrement… Une question subsistait néanmoins, pour Tips.

« Mais dites, madame, c’est quoi la différence entre un elfe et un humain ? »

Il ne voyait pas vraiment. C’étaient tous deux des grandes gens, avec de longues jambes, de longs bras, des poils sur la tête et un visage à peu près semblable. Bon, il n’en avait forcément pas vu des tonnes, mais de sa maigre expérience, il ne faisait pas la différence.
Il dut néanmoins poursuivre ses explications, sur le petit fermier qui l’avait aidé.

« Nethin ! Ben… C’est un petit humain grand comme ça qui vit avec son papa et sa maman et sa sœur et son méchant frère dans une grande maison-ferme dans les champs… Mais c’est quoi une dote funéraire ? »

En guise de taille, il avait abaissé la main jusqu’à la rendre aussi haute que la chaise… Le petit Nethin n’était pas bien grand, forcément…

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