A peine a-t-elle entamé sa phrase qu'elle sent buter au bas de son dos, la tête du petit gobelin … si pressé de s'envoler vers sa sauveuse qu'il ne remarque pas le mur venu se placer entre eux deux. Il prononce à mi-voix quelques excuses, mais est-ce à elle ou à son dos elle ne le sait pas trop.
La Sindel le regarde ensuite s'asseoir en se frottant le nez, un mince sourire au bord des lèvres tandis qu'un masque de mélancolie recouvre sans préavis son visage et ses pensées, faisant soudainement un bon vers le passé et son enfance à travers cette impression de déjà-vu qu'elle ressent parfois en compagnie de Fenouil. Elle a l'impression, de revoir sa sœur en lui, lorsqu’enfant, ce même empressement, cette excitation turbulente et naïve lui jouait des tours ; cette même sœur dont le récent souvenir lui serre le cœur et noue les entrailles.
C'est une autre enfant Sindel qui, en deux mots, lui fait reprendre le dessus sur ses émotions.
- Les Sinolgures !, s'exclame-t-elle avant de leur demander s'ils sont là aussi pour les sauver et de leur apprendre le nom de la personne, odieuse de l'avis de la petite, qui serait de mèche avec tout ça.
En l'espace des quelques secondes qui lui suffit pour prononcer cette phrase, Maâra se sent tout à coup presque submergée par le caractère concret que prend leur opération … et regrette pour la première fois depuis leur arrivée à l'oasis d'y être arrivée seule, d'avoir soudainement l'impression de ne plus être qu'un observateur ou un chercheur … mais un exécutif sur lequel on compte.
Elle se penche vers Fenouil comme pour vérifier si son nez est en bon état et lui murmure une question.
- La Dame vous a-t-elle parlé d'autres groupes qu'elle aurait envoyés avant nous ?
La petite pour sa part poursuit sa réponse, leur expliquant que de son ignorance quant à leur appartenance elle avait hésité à sauver Fenouil … mais n'avait pu se résoudre à le laisser se noyer.
- C'est tout à ton honneur, répondit, un peu mécaniquement, une Maâra encore sous le choc.
La petite fait une pause, hésitante, et finit par leur avouer, au moment de se présenter, qu'elle ne se souvient plus de son nom.
Il faut à l'elfe quelques longues secondes pour faire le point, bien que concrètement, elle n'a qu'un nom à digérer.
- Je suis très curieuse d'en savoir plus sur cet odieux personnage tu sais, tout ce que tu pourras nous apprendre nous aidera beaucoup. Mais avant, veux-tu nous rejoindre ? Demande-t-elle en sortant de son sac et déballant un bout de tissu enroulé et trempé où se trouve ce qui reste des fruits rouges qu'elle avait récolté la nuit précédente.
Ils sont un peu écrasés et mouillés mais tu as peut être envie d'autre chose que de poisson !
En attendant une réponse ou au mieux une réaction, elle pose le tissu sur le rocher et reprend la parole, sur un ton plus doux.
- Tu sais, pour ton nom, il a une tradition chez les Sindel. Chaque enfant, au passage à l'âge adulte choisi son nom. Souvent il s'agit du nom secret que les parents nous donnent en famille … mais moi j'ai décidé de m'en inventer un … alors en attendant de te souvenir … pourquoi n'en choisirais-tu pas un qui te plait ?