Une princesse... En fait je ne sais pas si je dois bien le prendre ou pas. D'un côté, c'est plutôt flatteur même si je sais que je suis bien loin de la grâce de ma reine et d'un autre, me faire juger par un nain qui n'a certainement des ablutions journalières qu'une certaine frayeur et une énorme appréhension, je commence à me demander si je ferais bien de le remettre à sa place. Mais alors qu'il bredouille un semblant d'excuse, mal à l'aise, mes défenses s'écroulent et je me mets à rire.
"Ma famille va très bien, messire."
Six pieds sous terre, dévorés par les vers, leurs âmes livrées je ne sais où, j'espère qu'ils vont bien. Cela n'aurait pas été très poli de lui dire que ma famille était morte assassinée, après tout, il ne connaît pas ma vie et je doute qu'un jour, je livre mes petits secrets au torkin. Mais sait-on jamais... Sirat me fait alors part qu'ils ont aussi trouvé des elfes en armures dans les maisons et que leur vie est menacée lorsqu'on les retire. Mon regard se pose alors sur le nain et son paquetage. Comment lui en vouloir puisque j'ai eu moi-même l'idée ce matin. C'est si triste... Sirat me sort de mes pensées en nous expliquant ses trouvailles et ses doutes. Quelque chose cloche.
"Comment quelqu'un, appelons Monsieur X si tant est qu'il existe, n'aurait aucun mal à contrôler un dragon alors qu'il devrait contraindre toute une ville avec des armures oaxaciques ? Je veux bien comprendre qu'avoir la main sur les esprits d'une communauté entière ne doit pas être une simple affaire, mais un dragon... Quant au choix que tu proposes, je préfère attendre que mademoiselle Roquin se réveille avant de prendre une décision, mais la forêt n'est peut-être pas une bonne idée pour le moment... Sans vouloir te paraître blessante, Sirat, tu ressembles à une luciole. Et qui sait ce qui se cache dans la forêt... Tu as bu quelque chose de cet aubergiste ?"
Je me retire alors du perron et invite de la main l'humoran et le torkin à rentrer. On pourrait croire qu'il s'agit de ma maison. Je me doute que Sirat voudra attendre le réveil de Guasina et nous serons bien mieux à discuter autour de la table. Nous sommes quatre, il y a quatre chaises, comme si le destin voulait nous faire un clin d'oeil. Arrivée à la salle à manger, je retire les deux bols et m'assoit à table avant de dérouler mon plan pour que les deux arrivants le consultent. Peut-être ont-ils remarqué autre chose que moi...
