Kejdiël haussa un sourcil avec une moue songeuse, avant de lui demander si elle parlait du forgeron ou du géant. Lyria afficha un demi-sourire, alors que l’homme lui répondit plus sérieusement qu’ils allaient l’allonger correctement et lui panser ses plaies. Comme ils ne savaient pas qui était fautif, vaudrait mieux s’occuper des deux. Il la pria de s’occuper du forgeron. La jeune femme regarda l’homme et haussa un sourcil. À part son bras, il semblait aller très bien. Et elle n’avait pas envie de s’occuper d’un homme qui avait envoyé un homme à l’abattoir. En fait, elle trouvait plus prioritaire de soigner Kejdiël. C’était lui le plus mal en point, après le géant. Elle entendit justement K lui parler, puis il demanda au forgeron s’il avait des bandages. Il poursuivit :
« Quoiqu'il en soit, j'aimerai bien entendre les deux versions, d'où le fait que ce bestiole ne doit pas crever tout de suite... Et euh, quand vous aurez le temps, quelqu'un pourrait s'occuper de mes blessures à moi aussi ? »
Lyria laissa le forgeron aller chercher du matériel de soin et s’approcha de K pour le soutenir, voyant qu’il chancelait. Un peu après, Larzuk revint avec une corde et trois fioles. Lyria attrapa celle qu’il lui lança et la fit disparaître dans sa poche. Elle n’était pas mal en point, même si sa tête lui élançait encore un peu, maintenant que l’adrénaline avait tombé. Le forgeron expliqua que c’était des potions de soins, et que ça devrait les ragaillardir en peu de temps, et que c’était la moindre des choses puisqu’ils l’avaient sauvé. Puis, il dit qu’ils ligoteraient l’autre pour l’amener à l’arrière, car il aurait probablement beaucoup à leur dire. Puis, sans plus de façon, il ligota l’autre homme des épaules au bout des pieds, avant le lui faire avaler le contenu d’une fiole. Aussitôt, il reprit des couleurs. Cependant, Lyria conserva un silence total alors que Larzuk menait l’autre homme dans la remise. Il expliqua préférer éviter que la garde s’en mêle, car on ne savait jamais quel genre de gens ils enverraient et s’ils seraient de paires avec l’autre. Il semblait leur faire plus confiance, mais Lyria se dit en son for intérieur qu’il regretterait. Justement, Kejdiël demanda s’il en avait une deuxième, car même s’il savait qu’ils interrogeraient l’autre parce qu’il n’était pas fichu de répondre, le forgeron était dans la même situation. La semi-elfe sourit en comprenant les intentions de K. Puis, celui-ci la regarda et constata :
« Tu ne dis pas grand-chose... Tu es sur que tu vas bien... Je t'ai vu lors du combat, bien que l'ivresse de ce dernier t'aies sans doute submergé, tu semblais un peu ailleurs. J’espère ne pas t'avoir quelque peu manqué de respect ou semblé arrogant »
Il l’entraîna vers l’arrière-boutique et Lyria le laissa faire. L’idée de s’asseoir un peu et se reposer était très, très intéressante. Puis, en même temps, il demanda au forgeron s’il avait une deuxième corde. Il expliqua que ce n’était pas par manque de confiance, mais qu’il devait préciser que depuis la matinée, depuis qu’il suivait les consignes du forgeron, tout allait de travers pour lui. Lyria remarquait facilement que lui avait avalé la potion, car il avait repris ses longues lancées et poursuivait justement celle-ci :
« Ah, une dernière chose, il n'y aura dans cette pièce que deux personnes aptes à poser des questions. Vous et le guerrier n'aurez le droit que de répondre nos questions. Lyria et moi-même seront les seuls en droit d'en poser, et vous aurez intérêt à y répondre. Bien que, comme vous pouvez le voir, je peux être clément, je ne pense pas qu'il soit nécessaire de préciser que j'ai risqué ma peau deux fois de suite, voire trois si je compte bien, ainsi que celle de mon amie ici présente pour sauver votre peau. JE veux des réponses MAINTENANT ! »
Ils étaient tous dans la remise, maintenant. Kejdiël se planta devant la porte, sa hache en main, défiant toute personne de sortir. Puis, il pria Lyria, à qui il savait que cela ferait plaisir, de ligoter le forgeron afin de traiter les deux hommes aussi également que possible. Avec un sourire presqu’effrayant, elle commenta :
« Il faudrait le taillader un peu que ce soit équitable, mais je suppose que je peux bien l’attacher. »
Il était évident, simplement à voir ses yeux verts, que l’idée la réjouissait bien plus qu’elle ne le disait. Comme le forgeron n’avait toujours pas remit une seconde corde à Kejdiël, et qu’elle se doutait bien qu’il n’en ferait rien, car personne ne voulait se faire attacher, elle fouilla la remise du regard et saisi une grosse corde au sol.
« L’vieux, j’te conseille de pas trop te débattre, sinon t’auras du mal à respirer », dit-elle.
Bien que ça voix fut notre, la menace qui s’y trouvait était palpable. S’il bougeait, elle serrerait encore plus. Elle passa la corde autour du forgeron dans un mouvement vif et précis et ne tarda pas à le ligoter autant que le géant à côté. Elle noua solidement les deux extrémités ensemble et recula, laissant le forgeron ficelé comme un saucisson en équilibre précaire.
« C’est quand tu veux, K », lui dit-elle avec un sourire moqueur.
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