L'établissement de Larzuk n'est pas difficile à trouver. Un atelier de forge donnant directement sur la grande rue traversant Tulorim à quelques pas de la place du marché, aucuns visiteurs, même borgnes, ne peuvent la rater.
Un lieu que l'on sent et entend bien avant d'apercevoir. La chaleur et l'odeur des fourneaux, du métal chaud et refroidi ; les fracas des marteaux ou le son strident de l'aiguisage … un monde brutal, un monde d'hommes d'armes et d'ouvriers dans lequel l'arrivée d'une femme, qui plus est seule, donne souvent lieu au même rituel : un brusque silence nécessaire à la vérification du bon fonctionnement oculaire de ces messieurs.
De ce mouvement général, Maâra n'en voit rien. Son mutisme, son air glacial, son apparence, sa race, tout est passé au crible, tout est jugé et ce à haute voix ; mais ce qui semble finalement mettre fin à tout cela est sa totale indifférence au monde l'entourant. D'aucun se diront qu'à défaut de s'être trompée d'endroit, au moins elle ne les enquiquine pas.
Ce qu'elle observe, ce sont les outils et les équipements travaillés par le forgeron et son équipe. Depuis le combat contre l'énorme et étrange créature violette bardée de pointes dans les cavernes d'un volcan, depuis son voyage depuis Yarthiss, elle sait qu'elle doit améliorer la qualité de ses vêtements si elle tient à voyager seule. Elle n'est plus dans son cocon à Xaoranh, Yuimen recèle de danger dont elle n'avait guère conscience jusque là, pas plus qu'elle ne s'imaginait pouvoir les affronter d'égal à égal.
C'est maintenant le cas et de se savoir en plus en possession d'une telle fortune, récompense ou pas, elle en est plus que mal à l'aise. De ce qu'elle en a déduit lors de son court passage à Tulorim, Larzuk est un bon forgeron dont le savoir-faire professionnel n'a d'égal que son goût pour l'argent … il ne devrait pas faire la fine bouche quant à accepter celui d'une Sindel.
- Madame ? La voix de Larzuk lui parvient depuis le fond de son atelier tandis qu'il active le soufflet pour augmenter la chaleur de chauffe de son foyer.
Mâra continue à observer l'humain en train de travailler sans répondre, encore trop concentrée sur ce qu'elle a à lui demander.
- Madame ? reprend le forgeron en haussant encore la voix.
Vous êtes perdue ?- Pas aujourd'hui, répond l'elfe grise en levant les yeux vers l'humain dont l'air soudain sceptique ne l'atteint pas.
- Tant mieux pour vous. L'homme s'avance vers l'entrée en essuyant ses mains au tablier.
Et donc ? … Maâra ôte alors le pourpoint de cuir qu'elle porte par-dessus une chemise qui un jour fut blanche et la tend à Larzuk.
- J'aurais besoin de vos services. On dit que vous êtes le meilleur forgeron de la ville et j'aurais besoin de quelqu'un capable de réparer mon pourpoint. Je vois ici des modèles avec des espèces de clous plantés dans le cuir, pourriez-vous faire de même sur le mien ? - C'est faisable, dit-il en examinant l'armure.
Je vais d'abord reprendre certaines des coutures et refaire la protection du cou. Ça coûte plus cher mais au moins vous n'aurez pas à en changer de suite.- Aucun souci pour l'argent, fait-elle sur un ton sans équivoque.
Ça prendra du temps ?- Le temps qu'il faudra ! Le forgeron interpelle aussitôt l'un de ses apprentis et lui demande de finaliser la commande. Ils échangent des termes totalement obscurs à la Sindel concernant le prix à fixer puis se séparent, l'un s'en allant au fond de l'atelier, l'autre faisant signe à Maâra de rejoindre un comptoir plus à l'écart de la foule.
- Les coutures, le nouveau cuir au cou, le renforcement en métal, tout ça vous coûtera 1200 Yus M'dame.
La Sindel paye sans demander son reste, sans même prendre le temps de considérer la somme ou se demander si c'était là une somme convenable ou élevée.
- Connaîtriez-vous un bon tailleur et quelqu'un capable de travailler sur des objets un peu plus spéciaux ?- Genre elfique, réplique le jeune humain en la toisant de haut en bas.
- On peut dire ça comme ça, répond l'elfe sans sourciller et presque sur un ton badin ; sans même comprendre le sous-entendu peu sympathique derrière les mots prononcés, ni remarquer le pincement de lèvres du jeune homme.
Légèrement déstabilisé par le manque de réaction et la mine insensible de sa cliente, le jeune homme lui explique rapidement où trouver un magasin qui devrait convenir, de très bonne réputation et des prix qui vont avec et s'en retourne à son enclume après une dernière réflexion manquant de franchise et de clarté à laquelle l'elfe ne réagit pas plus.
((HRP : amélioration du "pourpoint en cuir et épaulettes à plumes noires"
Ancien modèle : End+5 => 190 Yus
Nouveau modèle : End+10 / Toutes Esq+10 => 1390 Yus
Totale amélioration : 1200 Yus
Nom du nouvel équipement :
"Pourpoint du Corbeau" ))