L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: La Grande Plaine au Nord
MessagePosté: Mar 13 Oct 2009 14:30 
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Un mouvement de l’étoffe de la toge signala la main demandée. La silhouette ne voulait pas, cela se voyait, et pourtant il se pouvait qu’elle accédât tout de même à la demande de la petite fille. Rose savait combien il est pénible d’être forcé de faire ce qu l’on ne veut point et, fortement choquée par une vision d’exhibition qu’elle avait eue un jour et qui l’avait à jamais marquée et prévenue contre ces pratiques, elle comprenait parfaitement que sa prière lui fut peu plaisante. Dès lors, s’il acceptait malgré tout de dévoiler ce qu’il avait jusque là tant tenu à dissimuler à ses yeux, c’est qu’il devait avoir une raison assez puissante. Pourquoi s’obstiner auprès d’elle ? Rose ne se posa pas vraiment la question. L’homme était là et voulait qu’elle le suive, et c’étaient les détails de ce fait qui l’intriguaient, bien plus que le fait lui-même. Quel genre de créature allait donc se dévoiler s’il montrait sa main ? Peut-être l’elfe pourrait-elle ainsi deviner de quelle race il venait ; certaines seraient faciles à reconnaître, qui d’autre qu’un elfe a une peau semblable à celle d’un elfe ? Mais après cela se compliquait : si c’était un humain, elle ne pourrait définir son peuple ; au vu de sa taille, il ne pouvait guère appartenir à beaucoup d’autres contrées, du moins parmi celles dont Rose connaissait l’existence. A l’évidence cela ne pouvait être ni un lutin, ni un Liykor.
Cependant qu’il hésitait en laissant planer sur l’étroite clairière son silence profond, la jeune fille avait quelque peu baissé la main, lasse de la tenir tendue vers l’inconnu. C’est alors que ce dernier fit un second mouvement qui fit onduler encore l’épais manteau noir qui le couvrait ; une houle de drap courut rapidement le long du bras de l’homme et découvrit soudain sa main. Immédiatement, cette main se tendit également vers elle d’un mouvement agacé.


(Une main d’humain… Un elfe ne se serait jamais tant usé, du moins je ne pense pas, même nos plus vieux marins ont une peau moins rude. Je ne connais pas assez les races humaines pour savoir d’où vient cet humain-là… honte à moi !)

Jusque là ses pensées avaient plutôt calmes et sereines ; si quelqu’agitation était venue troubler son esprit, ç’avait été la curiosité et l’impatience de savoir où tout cela menait. Mais cela changea lorsque Rose entendit le profond soupir que venait d’avoir l’humain inconnu. Se ressouvenant des deux attitudes auxquelles elle avait précédemment comparé celle de son vis-à-vis, elle fut désolée.

(Le maître d’école d’impatiente et l’homme ne voulait pas montrer sa main… Ces deux-là, dans l’être qui est devant moi, sont tristes. Je n’aurais pas dû, j’aurais méprisé celui qui aurait exigé de moi pareils efforts. Tu dois être vraiment déterminé, monsieur, autrement tu aurais été content de quitter ma compagnie depuis longtemps…)


La pensée qui, depuis qu’elle s’était éveillée là dans l’herbe du matin, hantait le fond de son esprit assailli de nouveau ses pensées conscientes, l’espace d’un seul instant. Comprenant un autre élément de cette incohérente communication, elle fronça les sourcils.

(Malina s’en va… Je ne le sens plus, il était tout proche d’ici et voilà que tout d’un coup…)

Les mains usées de l’homme donnait quelques autres indices sur lui, mais en vérité… guère. Il était de ceux dont l’instrument de travail, du survie, est leur propre corps ; un marin, un ouvrier, un artisan… du moins n’était-il probablement ni assassin, ni voleur, ce n’étaient point là la poigne d’un chevalier.
Tandis qu’elle se faisait à elle-même ses réflexions, un instant passa en silence ; ce semblait être l’habitude de cet être énigmatique, que de ne parler que quand on était sûr de ce que l’on voulait dire, et donc après avoir pris le temps d’y réfléchir ; c’était juste un peu plus long pour Rose que pour lui. L’un savait ce qu’il voulait et n’en démordrait pas, l’autre avait devant elle un choix dont elle ignorait toutes les clauses ; mais en conséquence, et en l’absence presque parfaite d’indices hormis cette main calleuse montrée à contre-cœur et les fréquents appels de son ami, il n’y avait pas sujet de grande réflexion.


(Je donne ma main… ou je ne la donne pas. La réponse est oui, ou non. Au juste, cet homme ne m’attendra plus longtemps, c’est certain.)


D’un geste prompt, elle posa alors sa main dans celle de l’homme, le touchant à peine et sans faire peser le poids de son bras. Levant la tête vers le puits qui lui servait de visage, elle lui sourit loyalement.

« Merci, monsieur. Je vous demande pardon que tu aies dû faire cela. Je ne sais pas qui tu es, mais je suppose que je le saurai tantôt… Menez-moi donc, monsieur. »


(Et… j’espère que vous me mènerez là où je veux aller. Ou plutôt, là où… enfin, je n’en sais rien. Vers lui, là-bas, le traître qui est parti sans moi.)

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 Sujet du message: Re: La Grande Plaine au Nord
MessagePosté: Mar 13 Oct 2009 22:01 
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Quête 20 : Dirigé de Rose




Au contact de la peau rude et usée, tu frémis, comme si chacune des particules de ton corps ressentait la présence impérieuse de cet homme brusqué. Cependant, tout dans sa main te faisait penser à une attitude sur-jouée, il n’avait sans doute pas fait tant d’efforts pour te montrer sa main. Il t’aide à te relever, puis son membre glisse sur le tien, quittant la position d’union sacrée laissant à la place , au creux de ta paume, une petite pierre noire. Il ajoute :

« Allons-y !»

Et sur ce, tu commence à te sentir vidée de tes forces, comme si tu t’encastrais peu à peu dans la mince opale si généreusement donnée. Dessus, tu remarques, bien trop tard, des gravures que tu déchiffres . C’est de l’elfe et tu peux lire : « Gloire à Oaxcaca ! Que sa magie nous transporte ! »

«Ne vous inquiétez pas , il y sera !»

Et voilà les paroles de ton guide mystérieux qui accompagne ton départ dans le fluide… A ton arrivée, il n’y aura plus rien dans ta main et personne ne t’abordera, le moine étant aux prises avec deux hommes… Il ne reste plus qu’à te souhaiter bon voyage, Rose !

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Quatrinette pour les intimes, n'hésitez pas à poser des questions, je suis là pour y répondre ;)
Merci à Itsvara
Et surtout, bon jeu à tous !


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 Sujet du message: Re: La Grande Plaine au Nord
MessagePosté: Jeu 15 Oct 2009 16:52 
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(Qu'est-ce que...)

Était-ce réellement une main, cela? Solide et rugueuse comme de la pierre et point vraiment moins froide, la destre de l'inconnu donna à Rose une tout autre impression. Dès qu'elle l'effleura, le même phénomène d'appel se renouvela en elle, mais cette fois la détresse était claire. Ou, du moins, l'imminence du danger, le péril n'était pas encore venu mais il ne tarderait plus guère. Des visions fugitives, des voix incompréhensibles qui semblaient, les unes l'avertir, les autres la maudire et se moquer d'elle ; l'angoisse coulait dans ses veines bleutées en faisant naître en elle un sentiment de gène extrême et une sorte de paranoïa soudaine d'une grande intensité. Il semblait encore que toute la forêt à l'entour se moquât d'elle, créature des eaux trop petite et perdue, condamnée loin de son élément parmi les verts feuillages et dont l'admiration pour les beautés de la pacifique terre n'avait été que naïveté fatale. Rose tressaillit. Les avertissements ne se turent point mais, n'étant pas des paroles formulées mais des hurlements à l'intérieur de son esprit, trop vagues et trop nombreux pour qu'elle les pût écouter, il était possible de faire semblant de ne les pas entendre. L'enfant releva la tête vers l'humain de pierre, il lui sembla que la fumée qui se dégageait de son visage fût devenue plus dense et plus grise et formât autour d'eux une brume légère. Il parut rire, bien qu'aucun mouvement de sa toge ne se fît voir. Cela était évident à présent : rien dans cet être n'était sincère, et depuis le début il était venu pour lui nuire. Ce qui lui arrivait à présent, Rose n'en savait rien, mais c'était de la faute de cet inconnu. Sa silhouette, rendue vague par l'état instable de la jeune fille, incarnait la fausseté et l'hypocrisie. Pourtant, ce ne fut point la haine qui monta à son cœur, mais un sentiment bien différent et souvent plus douloureux à éprouver, la déception. Ses yeux s'emplirent de colère et de tristesse.


« Tu m'as trompée, monsieur... je t'ai donné ma confiance parce que tu la demandais et que Mal... »

A cet instant, l'homme retira sa main de celle de sa proie d'un geste lent, comme fataliste, et empreint de mystère. Le contact rompu, Rose se sentit l'esprit quelque peu clarifié, mais l'état d'angoisse et les cris ne cessaient point. Elle baissa le bras mais sentit qu'un objet était resté dans sa main et lorsqu'elle la rouvrit, elle découvrit une petite pierre sombre et opaque, pas plus grande qu'une oeuf de brachyu, posée entre ses palmes. Gravés sur ses faces polies, en sa langue maternelle, quelques mots :

"Gloire à... Que sa magie nous transporte."

L'objet avant quelque chose de fascinant et l'enfant dut se contraindre, par crainte de ce qu'entraînerait pour elle une trop longue contemplation de la pierre aux reflets hypnotiques, à relever les yeux vers le faux humain. Elle se sentait de plus en plus mal. Le paysage commençait à tourner autour d'elle, d'abord lentement puis, toujours plus vite. Cela était étourdissant, mais le pire restait ces gémissements, ces longues plaintes dont plus un seul mot n'était intelligible. C'est à peine si Rose entendit les mots de la créature en face d'elle, neutres et froids :


« Allons-y. »


Le caillou, dans sa main, semblait exercer sur elle une sorte d'étrange attrait. Refusant cette domination de tous ses sens et la perte de contrôle de son esprit, l'elfe déplia les palmes de sa main et la secoua tant qu'elle put ; tout d'abord, la pierre adhéra à sa peau et cela faillit lui faire perdre contenance ; enfin elle parvint à la lancer au loin, parmi les herbes. Alors, tout se tut. Les hurlements dégringolèrent, murmurèrent, puis moururent dans de dernières vagues élégies qui avait perdu toute vigueur et tout empire sur elle. Le monde tournait encore, mais avec davantage de douceur et de clémence. Sans s’en rendre bien compte, Rose avançait lentement, un pas après l’autre, comme si le mécanisme de la marche n’eût plus été si bien acquis. Son esprit était ailleurs, encore affecté par les altérations sensorielles dont elle était victime, déjà concernée par un espace ailleurs, plus loin, très loin. Elle parvint auprès de la pierre là où elle l’avait jetée sans même en être consciente, profitant du répit psychique qui lui était accordé. Tout était de plus en plus flou, comme dans un songe, comme dans cet instant qui précède le sommeil, cette demi-conscience où le corps n’existe déjà plus et où seule l’âme, hésitante, se décide lentement et quitte comme à regrets les lumières de la réalité qu’on lui impose tout le jour. Dans cet état d’insensibilité parfaite, la peau plus translucide que jamais et les yeux clairs et sereins, Rose vit que l’homme l’avait suivie et se tenait devant elle. Levant une dernière fois le regard vers son visage de ténèbres, elle crut y voir un sourire bienveillant, de cette bienveillance dangereuse mais véritable. N’était-ce point plutôt son état qui le faisait planer entre deux mondes et voir, pour une fois, ce qu’elle voulait croire ? Quoiqu’il en fût, l’idée de la trahison ne valait plus et, dans le confus chaos de ses pensées, Rose confia son sort à cet étranger qui lui souriait ; elle n’avait pas le choix, mais elle le fit avec grâce. Un léger sourire aux lèvres, aux portes de la léthargie, elle murmura :


« Ce n’est pas grave… Au revoir… monsieur. »

Elle eut encore le temps de l'entendre répondre, d'une voix plus douce et presque gracieux :


"Il y a sera."

Un instant plus tard, un éclair se fit dans la forêt, que personne n'aperçut. La plaine est si vaste ! et à cette heure les elfes dorment ou veillent dans les bibliothèques, et les marins sont bien trop occupés à leurs voilages pour s’occuper de la terre qui s’étend, à l’ouest, aussi longue au regard que l’océan. La clairière était calme, comme s’il ne se fût rien passé, les arbres avaient retrouvé leur immobilité séculaire et les chants des derniers oiseaux éveillés retentissaient gaiement. Seule, une ceinture bleue gisant sur l’herbe humide témoignait d’un quelconque événement dans ce lieu paisible.

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 Sujet du message: Re: La Grande Plaine au Nord
MessagePosté: Jeu 17 Juin 2010 18:35 
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le palais royale

Citation:
[:attention:] ce texte contient des scènes pouvant heurter la sensibilité des plus jeunes.


Le régent leur avait fourni des montures, ils avaient de suite filer sur la plaine afin d'intercepter le convoie. Ils étaient arrivé aux frontières d'Anorfain et d'Atha Ust. Comme pour les prévenir le ciel se voilà, s'éclairant par instant d'éclairs parant cet obscure linceul. Le capitaine leva la main s'arrêtant au sommet d'une colline. Sirat s'approcha légèrement pour observer en contre bas. Là un groupe de quatre personnes s'avançait hâtivement vers les terres d'Atha Ust.

"Ce sont eux"

s'écria Sirat

"je reconnais l'elfe noir"

"très bien vous et les deux elfes rester ici, pendant qu'on récupère le paquet"

"hey ! je suis autant capable que n'importe lequel de tes hommes."

"Je suis le chef de cet escouade et on vous à placé sous mes ordres. Je n'avais pas demander cet excédent de bagages."

Les deux hommes se défièrent du regard. La pluie les sépara, Sirat retournant vers les deux elfes en bougonnant. Là poser sur le talus ils pouvaient observer la troupe du capitaine composé de onze hommes dont leur jeune chef. Sous l'averse l'armée avançait sans chercher à ce cacher, l'elfe noir ne tarda pas à presser le pas suivit de Janis et de deux compères.


"Ils cherchent à rejoindre leur territoire au plus vite"


"tiens vous parlez les deux pointus, non car je commençais à avoir des doutes vu que je ne vous est pas entendu pendant le voyage"

"sarcasme inutile"

Sirat souffla sur l'eau qui descendait le long de son visage, sa crinière se fonçait et bouclait sous la pluie prenant une teinte orange plus brune. Il considéra un instant les terres d'Atha Ust que l'elfe noir essayait d'atteindre, quand un éléments ce détachant de l'horizon attira son attention.
Il fronça les sourcils afin de mieux le discerner,

"par yuimen !!"

Stupéfait Sirat venait de comprendre, le shaakt voulait rejoindre non seulement ses terres mais attendait des renforts. Une troupe d'une vingtaine d'ork, hurlant et bavant couraient à vive allure vers l'armée Kendrane.

"Ils vont se faire tailler en pièce"

aussi tôt Sirat s'élança vers le groupe d'humains qui barrait le chemin de l'elfe noir et de sa clique. Il fut suivit par un des deux elfes tandis que sont frère banda son arc afin de décoché une flèche, Sirat observa du coin de l'œil le projectile s'élever dans le ciel pour retomber sur un des ork de la horde. Surpris les orks restèrent un instant à contempler le corps de leur acolyte agonisant sur le sol, baignant dans son sang. Un deuxième coup frappa l'un d'entre eux, alors tout en criant ils se ruèrent à l'attaque. Sirat arrivait enfin, tandis que les kendrans sous les ordres du capitaines encerclaient le shaakt qui menaçait de trancher la gorge à la petite kaawin trempé et en pleure.
A la vue de sa protégée en danger, et déchargeant toute sa rage contenue jusqu'alors, Sirat continua sa course, dépassant le jeune capitaine. Il frappa le shaakt abasourdi d'un coup de point rageur qui l'envoya à quelques mètres, lâchant l'enfant. Kaawin s'empressa d'attraper Sirat, le visage tuméfier de larme.
Janis et les autres ne pouvaient bouger sous le joug des armes des soldats kendrans. Furieux le jeune capitaine laissa échapper sa colère, sa chevelure brune de jais ondulant avec frénésie. Les deux carrures se retrouvèrent une seconde fois en opposition, torse bombé, symétrie quasi mimétique.

"Mais qu'es qui vous prends !!"

"Les orks arrivent !!"

l'elfe qui avait suivit Sirat, prit Kaawin par la main la tirant vers lui.

"Non, je veux rester avec Sirat !"

"Tais toi et suit le !"

Le batardé dégaina sa lame, tandis que les premiers monstres de la légion fondais déjà sur eux, hurlants, vociférant, crachant leur plèvre aux visages de leurs ennemis. Janis profita de la cohue pour se ruer sur Sirat le plaquant dans le dos. Il leva le bras afin de lui asséner un coup de couteau, mais Sirat se dégagea avec un coup de coude dans le ventre. La plaine c'était transformé en véritable champ de bataille, résonant aux sons des cries, et des armes s'entrechoquant. Sirat observa l'elfe mettre kaawin en sécurité couvert par son compère qui excellait en tir à l'arc, chacune de ses flèches faisait mouche. Janis ne laissa pas Sirat se satisfaire de ce spectacle, se relevant il prit une épée d'un des soldats tombé dans les premières lueurs de l'assaut. Il frappa de toutes ses forces mais Sirat para le coup avec son glaive, la puissance du coup de Janis fit trembler la main du batardé qui déconcentré ne put éviter la prise de Janis qui le souleva dans les airs tout en le serrant avec vigueur.

"Je vais te faire payer la mort de mon frère et de ma mère !!"

l'étreinte était asphyxiante, Sirat serrait les dents, essayait de ce débattre mais Janis était un buffle. Puis Sirat lança un coup de tête sur le nez de Janis qui dans un craquement affreux se fractura pour la seconde fois. L'humain lâcha sa prise, hurlant de douleur et de colère. Le semi-worans repris son souffle et récupéra son arme.


"Tes peut être robuste Janis mais tas le nez fragile..."


Esquissant un sourire il frappa Janis d'un coup d'épée qu'il ne put éviter et le décapita. Autours de Sirat le carnage faisait rage, mélange de sang et de lame s'entrechoquant. Le jeune capitaine faisait face à deux orks, si il rivalisait avec un, le second se déplaçait pour le contourné. Quand il eu tuer son premier adversaire le second lança une attaque par derrière en beuglant. Il se figeât dans un murmure, la lame à quelques centimètres du visage du jeune homme. Le visage en sang le sabre de Sirat enfoncé dans haut de son crane.

"Merci"

"parle pas pour rien, y en a encore !"

Les deux jeunes guerriers se mirent à ce battre à l'unissons, entrant dans un ballet à l'instinct. Une danse de mort qui foudroyait chaque adversaire s'approchant, taillant dans leur chair des sillons de sang qui éjecter dans l'air ce mélangeait avec la boue et la pluie.Le fer brulait dans chacune de leur main, berçant dans sa litanie les deux acrobates. Ils esquivaient, feintaient, disparaissaient d'un coté pour mieux assaillir, agresser et cogner de l'autre. Dos a dos, sans ne dire aucun mot, chacun d'eux montraient que Meno les avait béni et qu'il pouvait être fier de ses enfants. Leurs souffles réglés sur le même tempo, ils battaient la mesure sonnant le glas de leurs ennemies. Les derniers membres de la horde se sauvèrent laissant derrière eux Sirat, le jeune capitaine, cinq soldat kendrans essoufflés et blessés et les deux elfes qui avaient protéger Kaawin pendant la rixe. Autours deux un tapis, mélange de glaise, de sang, d'armes et de corps avait recouvert la plaine. Sirat chercha du regard le Shaakt mais il avait disparu...
kaawin le sourire aux lèvres sauta au coup de Sirat. il la souleva non sans mal, ses blessures firent teintées la sonate de la douleur, bien que légère elles révélaient chez lui plusieurs jours de marche et de combats.

"Je savais que tu viendrais me chercher"

"j'étais obliger sinon Ana ne m'aurait plus jamais accepté chez elle."

"Imbécile."

La jeune elfe se blottie dans le bras de Sirat. Ils reprirent doucement le chemin du retour, la pluie cessa et la plaine retrouva son aspect idyllique et calme. Ils prirent le temps d'enterrer les morts et de faire quelques prière à Yuimen.

épilogue

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 Sujet du message: Re: La Grande Plaine au Nord
MessagePosté: Dim 17 Mai 2015 13:00 
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L'étonnement puis la joie. C'est ce qu'affiche ce grand crétin de Razar quand mon harney sombre et bleuté rattrape la charrette. L'humoran aux cheveux, oreilles et appendice caudal noirs ne peut évidemment pas s'empêcher de faire un commentaire énervant. Non, ni lui ni son sens de l'humour irritant ne m'avaient manqué ! S'il n'avait pas déjà une attelle sur le pif à cause des kadus, je lui aurais volontiers aplati ! Mon agacement est à peine tempéré par la sensation d'être ceinturé par Dae'ron, mon congénère à peau pâle. Malgré le temps mis pour rejoindre l'humoran et l'enfant taurion, il n'a pas desserré son étreinte autour de ma taille.

Je suis encore sur les nerfs. C'est en partie à cause de la chaleur désagréable de la corruption. Les entités m'avaient prévenu. Il me fallait garder l'équilibre entre lumière et ténèbres car cela se refléterait sur mon corps. La haine a pris le dessus avec tant de violence que je ressens la présence de la coloration sans reflet aussi bien sur mon visage que la droite de mon corps. Faire reculer la corruption ne sera pas chose facile.

En prime, plus je vois se rapprocher notre destination, plus je gagne en mauvaise humeur et irritation. Je déteste les géants ! Et comme si ce n'était pas suffisant, c'est une contrée elfique ! Ils vont être encore plus immenses que ces écœurants humains ! Qu'est-ce qui m'a pris au juste ? Ah oui, l'expression attristée du protecteur et ma volonté de ne plus le voir souffrir ainsi. La mort de l'oudio pèse encore sur la conscience de Dae'ron. Escorter Razar et le gamin verdâtre à tignasse courte, coloris boue, est sans doute ce qui peut l'aider à se reprendre.

( Respire et garde ton calme, mon aldron. Patience. Tu y largues ces grands idiots et tu repars. )

Regard aux environs. La plaine naturelle laisse peu à peu place à des champs et même des vignes impeccables. De grandes silhouettes blondes ou brunes s'y affairent, et en relèvent le nez au son du véhicule. Je scrute ensuite le village qui croît à notre approche. C'est elfique, ça se voit. Même pour un village paumé au milieu du royaume, les bâtisses sont hautes, très claires, et avec un toit solide. L'architecture est loin de celle des fermes des bouseux du coté kendrain.

"On arrive !", fait nasalement Razar en désignant le village. "Z'allez voir. Les habitants sont grands et ont pas l'air emballés, mais y'sont sympas. Et y'font un d'ces p'tits vins elfiques !"

Hausse de sourcil au geste du chat de donner un baiser à ses doigts en pince, puis en les écartant comme éclot une fleur.

"Nessandro ?", m'interpelle le brun collé entre mes ailes assombries par la corruption. Je lui tends légèrement la spirale sans dire un mot. "Merci. Rien ne t'obligeait à... Enfin, merci."

"Ne t'y habitue pas. Nos envies du moment convergeaient, c'est tout.", déclaré-je de manière aussi neutre que possible.

Petit moment de silence précédant le renforcement de l'étreinte du brun. Une petite moue s'affiche brièvement sur mes traits à son geste, mais je ne fais rien pour le repousser.

J'avise le village de plus en plus proche. Petit mouvement incongru attrapé par mon œil entre les pieds de vigne devant nous. Tension. Razar semble excité à l'idée d'arriver. Je le suis moins, mais alors, beaucoup moins.




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"Être libre, c'est ne pas s'embarrasser de liens."


Dernière édition par Nessandro le Jeu 18 Juin 2015 18:24, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: La Grande Plaine au Nord
MessagePosté: Lun 18 Mai 2015 13:41 
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"Il est hors de question d'accueillir ce genre de personne.", fait posément le géant blond, quelque peu ridé, à oreilles en pointes, tout en menaçant d'une fine lance ouvragée.

"Mais Père !", proteste l'elfe tignasse teinte blé mûr et bien plus jeune. "Ils m'ont aidé !"

"En usant de magie d'ombre, Andha'Rïl. Je ne tolèrerai pas la présence de tels criminels dans nos terres.", réplique le vieux en me pointant de son arme.

Petite grimace amère de ma part, toujours perché que je suis sur Lyïl, lui-même posé sur le chariot. J'ignore superbement mon accusateur secondé par plusieurs elfes aussi bien pâles que bleutés, et me tourne un peu vers le protecteur.

"Encore persuadé qu'aider des géants est une bonne idée ?", lâché-je avec un rictus.

Je suis déjà lassé. Entre le combat épuisant de la veille, la fatigue de la corruption, et maintenant cette scène, je sens ma patience se dissiper d'instant en instant. Et tout cela pourquoi ? Parce qu'un crétin d'elfe blanc à trogne de grand enfant se faisait poursuivre par des créatures ressemblant à des lapins. En apparence seulement, parce que leur puanteur et le manque de chair à certains endroits faisaient penser à des cadavres ambulants. Je leur ai donc collé mes plumes magiques noires dans la figure pour m'en débarrasser, et me soulager de mon irritation croissante.

Manque de chance, il y a eu un tas de témoins et qui ont tous fait la même tête. À savoir, me regarder comme un pestiféré. Mon énergie magique n'a pas l'air au goût de certains. Ces regards hautains et méprisants me rappellent des souvenirs. Bravache, je les désigne d'un geste ample.

"Quel courage. Une dizaine d'elfes contre un aldryde. Va pas te froisser un muscle avec cet épieu, le vieux.", piqué-je avec un agacement croissant.

"Et aucun respect avec cela.", s'offusque-t-il.

"Faudrait encore le mériter.", déclaré-je froidement.

"N'aggrave pas la situation.", soupire soudain Dae'ron en décollant de mon oiseau et avisant le chef. "Pourrions-nous résoudre cet incident plus tard ? Nous voyageons avec un enfant fourbu qui vient de perdre un proche, et un blessé."

"Oais ! Moi, Gondothiël. J'ai une sale gueule, j'sais, mais c'est moi, Razar.", tente d'intervenir l'humoran. Il reçoit un regard appuyé avant que le manieur d'épieu reprenne la parole.

"Toujours enclin aux mauvaises fréquentations, humoran.", affirme l'elfe blanc. "Tu connais le chemin. Va avec l'enfant, mais l'adepte des arts noirs ne reste pas."

Je sens Dae'ron me regarder, mais je ne me défais pas de mon rictus mauvais. J'aime ma magie noire. Je suis loin d'en avoir honte, et voir un gigantesque abruti pourtant bien entouré redouter mes pouvoirs a quelque chose de satisfaisant. Il tente de faire bonne figure, mais s'il était seul face à moi, je suis persuadé qu'il tremblerait plus qu'une feuille dans la tempête.

"Hors d'ici aldryde. Nos gens ouvriront l’œil. Si ta sombre silhouette fait ne serait-ce que s'approcher d'un des miens, tu y perdras plus que quelques plumes."

"Bouh, j'ai peur.", fais-je en m'agrippant les bras.

"Tu ferais mieux, petite créature.", m'avertit ce grand abruti, causant une vive irritation à la mention de ma taille. Il tend une main dans ma direction et un souffle d'air soudain me fouette le visage. Lyïl émet un son chanté outré mais parvient à garder l'équilibre en battant furieusement des ailes pour décoller. "Dernier avertissement."

Et sur ce, il attrape le licol du cheval de trait et entraine le chariot sur la place. Au son de murmures indistincts, je sens sur moi l'attention de plusieurs personnes. Grimace dangereuse.

"Vous tenez à vos yeux ?", menacé-je en rivant mon regard bleu sombre dans la première paire que je vois. Mouvement de dispersion mais persistance de la méfiance locale et de certains regards. Dae'ron vole à mes côtés, sans vraiment savoir comment réagir.

Alors qu'un silence gêné commence à s'installer, le jeune elfe blond s'approche, un panier calé au coude. Il doit bien faire dix fois ma taille. Un visage fin et avec des traits encore juvéniles, une queue-de-cheval ne parvenant pas à rassembler toute sa tignasse. Une tunique à manches longues et étrangement claire pour un bouseux travaillant dans des champs. Il y a même comme une sorte de tablier avec un symbole par-dessus. En fait, à voir la délicatesse de ses mains et de sa silhouette, cet elfe n'a jamais touché à une bêche de sa vie.

"Aldrydes... Puis-je vous parler un instant ?", fait-il en replaçant une longue mèche derrière son oreille.

"T'as pas peur de te faire gronder par papa ?", piqué-je sans retenue, ignorant l'air réprobateur de Dae'ron.

"Sa conduite était exagérée, mais compréhensible... Venez, je vais vous conduire à un abri. C'est le moins que je puisse vous offrir pour votre aide.", dit-il en me regardant fixement, avant que la présence de la corruption ne lui fasse baisser le nez. Bizarrement, aucun autre elfe ne tente d'intervenir.

"Rien ne t'oblige à suivre.", fais-je en avisant mon compagnon ailé, encore indécis.

"Toi, tu es fatigué.", s'amuse-t-il après un instant, en m'offrant un petit sourire complice. "Je t'ai connu plus convaincant."

Je m'apprête à répliquer vivement, mais finis par me contenter d'un soupir blasé. Il a raison. Quelque part, le choix du protecteur me satisfait. Devoir dépendre de la charité d'une de ces grandes créatures m'irrite franchement, et sans sa présence, ce serait pire.

Après avoir entendu que notre destination n'était pas loin, le protecteur s'étire. Il fait ensuite ce qu'il apprécie le plus, et dont il se passait inexplicablement ces derniers jours. Il se lance dans des acrobaties aériennes, ravissant notre guide, sous un soleil de plus en plus visible. Je commence à le connaître, le Dae'ron. Il ne fait pas cela pour divertir ce gigantesque ahuri, mais pour refouler les tristes ou sombres pensées qui s'immiscent dans son esprit.



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MessagePosté: Mar 19 Mai 2015 13:06 
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L'elfe Andha'Rïl nous mène hors du village, le long d'une haie. Je n'en ai strictement rien à faire, mais Dae'ron ne peut pas s'empêcher, entre deux cabrioles maîtrisées, de demander les raisons du comportement du vieux. Et notre guide de s'étonner que nous ne soyons pas au courant. La pratique de la magie d'obscurité est interdite en Anorfain. Cela, et un incident quelques dizaines d'années plus tôt ont marqué le doyen. Quand enfin il pique ma curiosité, ce grand crétin blond la boucle.

Je décolle du dos de mon harney lorsque je sens celui-ci faiblir. C'est vrai que cela fait plusieurs jours que nous avançons rapidement. Même si Lyïl est jeune et fort, voler autant en portant deux aldrydes ne peut que l'avoir fatigué. J'en fronce les sourcils. Cela signifie que je ne vais pas avoir d'autre choix que de demeurer dans les environs, au moins le temps que ma monture reprenne des forces.

Andha'Rïl salue timidement de la main quelques silhouettes affairées dans les vignes et poursuit. J'aperçois au loin comme une sorte de remise. Quelques ronces s'y accrochent, mais en dehors de ce détail, elle ne semble pas délabrée. Une fenêtre y est percée, bizarrement masquée par des rideaux. L'elfe en tenue claire appuie sur la poignée, mais la porte ne bouge pas.

"Voilà, c'est ici.", annonce-t-il avant de marquer un silence réflexif. "Dites-moi, aldryde mage... En échange de cet abri..."

"Ben voyons !", clamé-je en croisant les bras. "Je le voyais venir.", poursuis-je en avisant Dae'ron, traduisant du regard ce "je m'en doutais" qui me trotte dans la tête. Et le protecteur de hausser légèrement les épaules. "Annonce la couleur, elfe."

"Hum...", se met à bouder le géant avant d'éviter mon regard. "Vous êtes adepte de la magie d'obscurité et..."

"Tu ne m'apprends rien, là. Va droit au but, par mes ailes !", claqué-je avec agacement. Je suis fourbu, et les effets de langage commencent franchement à me courir.

"D'accord, d'accord... Voilà. J'aimerais que vous... Tu aides quelqu'un.", dit-il, me causant une grimace agacée et tirant un regard amusé vers le ciel du brun. Me demander à moi d'apporter de l'aide... Je ne l'interromps cependant pas, l'invitant d'un geste sec à poursuivre. "Ce serait mon frère aîné, Rhûda'Rïl. Ouvre, mon frère !", fait-il en toquant à la porte.

"Va-t-en !", gronde une voix masculine et plus âgée de l'autre côté du battant.

"Je t'ai apporté des vivres, Rhûd'. Et de la visite.", tente le jeune en appuyant son oreille contre la porte.

"Laisse ce que tu as apporté et pars ! Je ne dois voir personne !", gronde encore la voix avant qu'un chahut de meuble déplacé ne précède un coup sourd contre le bois.

Le blond soupire et affiche une mine peinée. Il nous fait signe et nous entraine à quelques mètres de la porte.

"Quel sens de l'hospitalité ! C'est de famille ?", me moqué-je ouvertement.

"Il y a certainement une raison, Nessandro...", soupire Dae'ron avant de se ressaisir.

L'hinïon acquiesce et croise les mains sur l'anse du panier. Il nous conte alors l'histoire de son aîné, qui a eu le malheur de naître avec des fluides d'ombre, tandis que lui a vu le jour avec des fluides opposés. Au cours de leur enfance, rien de spécial. Et puis leur père a commencé à privilégier le don lumineux, car le seul guérisseur des environs avait décidé de rejoindre de la famille à Lúinwë. Et évidemment, d'un côté un gosse adoré, l'autre oublié, mais restant malgré tout très proche de son petit frère. Un pauvre aîné aveuglé par son attachement, et qui tentait tout pour retrouver l'attention de son paternel. Et la mère dans tout cela ? Une illuminée, avec tant de lumière dans les veines qu'elle est partie en croisade contre les forces sombres. Encore une imbécile, en somme.

Vint un jour où la magie jamais guidée de l'aîné lui échappe, chose qui me rappelle le passé d'un certain lutin planqué en forêt kendraine. Bref, un beau sort noir s'est attaqué à des témoins, faisant pourrir partiellement la surface de leur peau blanche ou bleue. Élan de panique, calmé par le doyen. Le fluide curatif du blond a pu soulager les victimes. Gros souci, forcément, quand l'auteur de la catastrophe est le fils aîné du meneur de la communauté. Et qu'il n'est pas encore assez vieux pour partir en apprentissage.

Quand enfin il atteint cet âge, il est surprit que le doyen lui remette une lettre, à porter à une vieille connaissance. Un mage, à un endroit où se trouve un célèbre arbre creux, bien plus au Sud. Tout en joie, ce crétin est tombé des nues quand la lettre le "léguait" aux bons soins des mages des lieux. Incrédulité, refus, rejet et après un beau sort d'obscurité, fuite pour retourner au village.

"Où il a été accueilli par la lance.", coupé-je le blond, recevant de sa part un air surpris.

"C'est... Exact. Père a très mal pris son retour. Il l'a même frappé et l'a chassé. Je n'ai pu négocier que ce petit refuge pour Rhûda'Rïl."

"Oh ? Par culpabilité ou pour se faire bien voir ?", piqué-je férocement.

"Ni l'un, ni l'autre, aldryde.", me répond avec étonnamment d'aplomb ma victime. "Mais parce que c'est le seul à ne pas s'être mis à me traiter comme une sorte de... D'entité surnaturelle parce que je sais soigner par magie. Que c'est le grand frère qui a toujours été là pour moi, et que je l'aime beaucoup. C'est aussi simple que cela."

J'écarquille brièvement les yeux puis avise la porte. Il y a donc là un elfe aux sombres pouvoirs, et qui a été trahi par un membre de sa famille. Sauf que lui, il a encore quelqu'un qui croit en lui et qui l'attend. Est-ce qu'il se rend compte de sa chance ? Il n'est pas prisonnier. L'unique chose qui le retienne c'est lui. Même sans le connaître, il m'agace franchement.

"Qu'est-ce que tu attends de moi, au juste ?", fais-je à Andha'Rïl, à la surprise visible de Dae'ron et de l'elfe.

"Tu... Tu accepterais..."

"Dépêche-toi avant que l'envie me passe !", sifflé-je à l'intention du géant.

"Oui ! Euh oui. Je voudrais... C'est assez difficile. Disons, que tu le guides ? Oui, c'est cela. Que tu l'aides avec sa magie ? Je ne sais pas comment elle fonctionne alors, si tu pouvais lui apprendre quelques trucs pour la maîtriser, il accepterait peut-être qu'on se revoit... Face à face ?"

Andha'Rïl passe d'un pied sur l'autre, un peu perdu et incapable de dire ce qu'il veut vraiment. Mais je pense avoir compris.

"Je ne garantis rien.", fais-je après un claquement de langue brutal et en me frottant la tempe.

C'est suffisant pour que l'elfe blanc irradie. Hausse d'un sourcil. Est-ce que ce grand crétin est sûr de maîtriser sa propre magie ? Peu après, des elfes lui font signe le long de la haie, et il s'excuse promptement, nous laissant seuls devant cette porte, avec le panier de vivres.

"Je croyais que tu ne comptais plus lever une plume pour un géant.", me déclare Dae'ron, ses beaux yeux sombres reflétant sa curiosité.

"Cas particulier.", réponds-je en scrutant la porte close. "Ce type et moi avons quelques points communs, et puis...", fais-je en effleurant mon visage partiellement noirci. "Un geste pourrait faire reculer la corruption."

Dae'ron hésite, puis sa main pâle touche mon épaule. Je devine son envie de savoir, que je détaille lesdits points communs. Mais voyant que je n'ai aucune intention de le faire, il se contente d'un signe approbateur. Ou alors il est simplement content que je ne veuille pas régler cette histoire par la violence, quand bien même prêter main-forte à un représentant des grandes-gens m'irrite incroyablement.

Laissant Lyïl se reposer sur le toit, je m'approche de la porte close. Il faut que je vois à qui j'ai affaire, car si cet elfe se montre agressif ou me prend à "rebrousse-plumes", je n'hésiterai pas à me défendre. Lassitude ou pas !



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 Sujet du message: Re: La Grande Plaine au Nord
MessagePosté: Mer 20 Mai 2015 18:37 
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Mes spirales m'ont apporté plus tôt un raclement de bois qui confirme mes soupçons. Dae'ron et moi avons beau peser de tout notre poids sur la poignée, la porte sans serrure reste immobile.

"Comment lui venir en aide si l'on bute sur un obstacle aussi simple ?", fait presque malicieusement mon congénère en me regardant.

Suivi par ce dernier, je me pose au sol et distingue un léger espace entre le bas du panneau de bois et son cadre. Le soleil est par contre trop haut, et je dois mettre le protecteur à contribution. Porte ou pas, tant que j'ai de l'ombre à portée de main, ce n'est guère qu'un vulgaire contretemps. J'explique brièvement à mon congénère pâle avoir besoin qu'il cache un peu la lumière près du battant, et ne réponds à son air interrogateur que par un "magie de la mort et des ombres" pressé.

Il finit par obtempérer sans masquer le brin de déception qu'il ressent.

"Compte jusqu'à trois et éloigne-toi. La magie folle est dangereuse, et c'est pire dans les pattes d'un géant.", conseillé-je à mon voisin. Celui-ci perd soudain sa tranquillité pour afficher de l'inquiétude. Il la combat avant de parler.

"Soit. Fais ce qui te chante, encore... Mais plus tard, tu me raconteras tout. Et cette fois, ce n'est pas négociable, compris ?"

Bref échange de regards avec lui. Je détourne vivement la tête et concentre ma magie.

"Seulement si cela me chante.", reprends-je avec un léger amusement.

Ma forme s'unit à l'ombre, et je me glisse sous la porte, puis sous un meuble en bois, comme prévu. La pièce ne fait que quelques mètres de long et est encombrée par ce que je devine être un lit dont la tête bloque l'ouverture. L'endroit n'est pas éclairé, sauf par un mince rai solaire, déjouant à peine la protection des rideaux. Nulle trace de bipède, mais j'entends un léger murmure non loin de moi.

La remise habitée ne dispose que d'une petite table ornée d'une lanterne éteinte, d'un tabouret, d'une sorte de cheminée portative en matière indistincte, d'étagères et d'une autre porte faisant face à l'entrée. Je profite de mon voyage dans les ombres pour atteindre le mur le plus éloigné. À destination, j'émerge de ma cachette et vole jusqu'aux larges étagères partiellement couvertes de bocaux, d'objets divers et même de dessins au fusain encadrés.

De là, j'ai une vue d'ensemble de cette pièce, mais je dois attendre que mes yeux s'habituent pour en distinguer les détails. Il fait si sombre ici que je crains un instant d'être pris dans un sort de voile des ténèbres. Mais non. Je finis par apercevoir ma main claire. Le reste corrompu de ma silhouette semble se fondre avec la pénombre.

Assise sur son lit, dos à la porte, je vois une silhouette masquée par une cape à capuchon en cuir. Je m'attendais à voir un elfe, mais ce que je découvre est loin d'être flatteur. Une peau si pâle que je suis certain d'en apercevoir les veines, une chevelure noire. Si on peut appeler ce nid d'oiseau originellement long une chevelure. Elle est sale, emmêlée, et je suis certain de voir des morceaux de feuille ou d'herbe à mesure que ma vue s'adapte. L'elfe est pieds nus, portant ce qui a du être un pantalon de cuir clair et une chemise de très bonne qualité. Il enlace ses genoux et marmonne.

Minable. C'est le seul mot qui me vient à l'esprit tandis que je m'assois, détendu. J'attends un peu. Il va bien finir par bouger. Par me voir. Par faire quelque chose, n'importe quoi ! L'endroit est plutôt vide, mais il ne passe quand même pas ses journées dans cette position. Je fronce le nez à l'odeur de transpiration qui finit par m'atteindre.

"T'en as pour longtemps ?", persifflé-je subitement.

L'hinïon sursaute et semble presque paniquer. Je ne bouge pas, le regardant se prendre la tête dans les mains puis la secouer latéralement.

"Fais pas ça. Elle est si vide qu'elle va te péter dans les doigts.", piqué-je, heureux de retrouver mon acidité d'antan. "Là-haut, abruti."

Ah, quand même ! Je devine son regard dans ma direction. Sauf qu'avant d'avoir prononcé un mot, il lâche vers moi une salve magique dénuée de lumière. Mais même sans être un vrai mage, je décèle immédiatement son inconstance. Je ne cherche même pas à esquiver le coup et laisse la main ténébreuse que je distingue à peine m'envelopper. Je ne ressens guère qu'un léger inconfort et de l'agacement, que le déploiement de mes membres de plumes chasse.

( Ça, c'est le genre d'incapable qui a terrorisé un village ? )

Lorsque le sort se dissipe, l'elfe a une tronche ahurie.

"C'est tout ?", piqué-je une nouvelle fois.

"Co... Comment as-tu ? Non... Comment es-tu entré ?"

"Apprends à écouter à ta porte.", déclaré-je abruptement avant d'élever la main, et de créer mes propres volutes noires. "Cela te parle ?"

Je trouvais que cet elfe était déjà minable, mais là, il fait fort. Il recule au point de tomber entre son couchage et le mur, ne laissant visibles que ses pieds. Déjà que je n'étais pas spécialement motivé pour aider un colosse, là, je me demande franchement s'il ne serait pas plus simple d'abréger ses souffrances. Il est si ridicule que j'en ai presque de la pitié pour lui. Oui, presque.

"Je ne parle ni la carpette, ni la limande. Remonte à la surface. Maintenant.", ordonné-je froidement en apposant ma joue balafrée contre mon poing fermé.

Les pieds nus et sales glissent depuis le couchage jusqu'au sol, et j'aperçois les mains de l'hinïon précéder la montée de ses yeux. Et le voilà qui se fige et manque replonger en m'apercevant étirer mes ailes sombres.

Pitoyable. Je n'arrive même pas à savoir si son attitude m'amuse ou me désespère.



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Dernière édition par Nessandro le Jeu 18 Juin 2015 19:08, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: La Grande Plaine au Nord
MessagePosté: Ven 22 Mai 2015 14:15 
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Une poignée de minutes doit s'écouler, si je me base sur mon agacement croissant pour en attester. Parce que sinon, rien ne bouge dans la pièce. L'elfe continue de me scruter comme un mulot apeuré. J'aurais presque trouvé cette scène du grand crétin effrayé par le petit être amusant, si je n'étais pas aussi las.

"Suffit.", finis-je par déclarer, rompant brutalement le silence. "Si je pouvais faire autrement, je ne perdrais pas mon temps avec une loque dans ton genre."

Aucune réaction, pas même un sursaut d'orgueil à mon injure. En fait, si, il baisse le nez. Je lui expose brièvement ce que le blond a demandé. Contre cet endroit où me poser pour quelques temps, je dois l'aider à dompter sa magie. La réaction est immédiate. Le géant agite négativement la tête, en proie à une frayeur croissante. Difficile de dire ce qui la cause, par contre. Il refuse, se fait plus petit encore, et finit par m'ordonner de sortir avant que sa magie me blesse.

"Ne me donne pas d'ordres.", menacé-je froidement. "Vous, les grandes-gens, vous me donnez la nausée, et les pleurnichards des envies de meurtre.", poursuis-je avec un ton franc et glacé. "Ton abri m'intéresse. Pas toi."

Les yeux de l'hinïon se rivent à ma silhouette comme s'il me voyait pour la première fois. Bizarrement, sa frousse semble se dissiper. Il a même un air résigné.

"Alors... Pourquoi tu perds ton temps avec moi ?"

"Caprice.", commencé-je avant d'imaginer la déception sur le visage du protecteur si j'éliminais simplement ce parasite. L'inconfort me gagne en y songeant. "Et je ne fais pas dans la charité. Si tu veux disparaitre, débrouille-toi seul."

L'elfe semble vouloir prétendre que c'est faux, mais il suffit que je lui lance dans la figure le fait qu'il se planque, ne veuille voir personne, rejette les vivres et passe son temps à chialer sur son sort pour qu'il la boucle. Silence encore. Maintenant que j'y pense, pourquoi est-ce qu'il reste là au lieu de partir dans un coin vraiment isolé ? Lâcheté, sans doute. Et il le confirme quand je mets le doigt dessus. Il a peur de l'inconnu et redoute surtout de blesser son jeune frère.

Son attitude finit par franchement m'énerver. Déprimé, froussard, infoutu de répliquer. Il est né avec des fluides noirs, a provoqué un accident et a été rejeté par son paternel. Et après ? Son frère croit en lui malgré tout. Il est libre de ses mouvements. Il sait où se rendre pour connaître sa magie, n'a jamais subi plus grave qu'un coup d'épieu préventif, et il faudrait que je le prenne en pitié ? Et puis quoi encore !

"Vous êtes tous les mêmes. T'attends peut-être que je compatisse ?", grincé-je d'une voix glacée.

Je décolle de mon perchoir et viens me poser rudement sur le couchage, pile en face de Rhûda'Rïl. J'écarte brutalement les bras, exposant ma peau bardée de la corruption et des cicatrices. Je rive mes yeux sombres aux siens et le mets au défi de me répéter cela en face. Son regard agrippe ma balafre et d'autres points marqués de ma peau, mais quand sa curiosité le pousse à vouloir m'effleurer de l'index, je me saisis de ma dague-croc et la plante dans la chair de son doigt.

Simple avertissement. S'il recommence, il le regrettera ! Provenant d'un coup de l'autre côté de la porte, la voix de Dae'ron s'élève, s'enquérant de ce qui se passe. Il me faut bien une poignée de secondes et du gaspillage de salive pour qu'enfin le géant accepte de bouger le meuble.

Le protecteur fait un signe de tête poli en arrivant, puis se pose à côté de moi pendant que l'hinïon glisse un bras dehors et attrape les vivres. Fermeture de porte et placement du verrou. Dae'ron me demande doucement où j'en suis, ne recevant de ma part qu'un rictus dépité. Je lui résume la situation et suis interrompu par le géant qui nous observe.

"Dites... Vous êtes apparentés tous les deux ?"

"Pas du tout.", fait Dae'ron avec un petit sourire.

"Associer famille et aldryde. N'importe quoi.", persifflé-je.

"Ceci dit, même sans lien de sang, et avec des débuts difficiles, on peut toujours s'attacher à quelqu'un. N'est-ce pas ?", me sourit Dae'ron avec un peu de crainte.

Je maîtrise de justesse un grondement gêné. C'est à croire que cela l'amuse de me lancer ce genre de choses en pleine face ! Mais c'est pourtant la vérité... Je me suis retrouvé suffisamment lié à lui pour pouvoir développer de la confiance envers lui. Pas que nous acceptions tout l'un de l'autre, loin de là, surtout vu le peu de choses que nous avons partagé, mais je sais qu'il ne cherchera pas à m'égorger pendant mon sommeil. Ce n'est déjà pas si mal.

"C'est vrai.", fais-je en rivant mon regard dans celui de mon congénère, mon aile sombre et lourde poussant amicalement la sienne. Dae'ron a l'air surpris par ma réponse. Il sourit timidement puis détourne la tête. S'il ne faisait pas si sombre, j'aurais juré l'avoir vu bleuir.

"Proches hein ?", fait l'elfe en se faisant songeur pour la première fois. "Vous pensez... Enfin, vous croyez qu'Andha'Rïl... Qu'il euh... Que nous... Enfin..."

"Finis tes phrases, par mes ailes !", râlé-je soudain.

"Andha'Rïl a demandé à Nessandro de vous aider, pour pouvoir... Comment a-t-il formulé la chose ?"

"Te causer face à face.", fais-je, blasé et en croisant les bras.

"Il a dit cela ?", demande le géant avec tant d'espoir dans la voix que j'ai envie de lui dire que c'était un mensonge, juste pour voir sa trogne.

Pas le temps. Dae'ron confirme les propos, dernier détail qui pousse le géant à s'agenouiller et à demander mon aide. Aucune fierté jusqu'au bout cet imbécile ! Mon agacement est atténué par le léger contact de la main de mon congénère contre mon épaule, et son expression encourageante. Un souffle contrarié m'échappe avant que je cède, mais avec cependant une condition.

Il est hors de question que je passe davantage de temps avec un elfe aussi sale et malodorant ! La magie d'obscurité peut masquer bien des choses, mais elle a tout de même ses limites !



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Dernière édition par Nessandro le Jeu 18 Juin 2015 19:23, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: La Grande Plaine au Nord
MessagePosté: Dim 24 Mai 2015 11:42 
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Il faut bien une poignée d'heures et trois seaux d'eau pour que Rhûda'Rïl n'agresse plus ni la vue ni mes narines. Dae'ron et moi en profitons aussi pour nous défaire de la poussière et des traces de sang restantes. Bizarrement, le protecteur me donne l'impression de tout faire pour éviter de me regarder pendant ma toilette. La vue de la corruption sur la moitié de ma silhouette sans doute, parce que je sais avoir le corps très bien fait, malgré mes cicatrices. D'ailleurs, apercevoir la trace sur le flanc clair du brun me cause un brutal coup au cœur. Quand je songe au sang qu'il a perdu, je ne peux pas m'empêcher d'avoir froid dans le dos.

Quelques temps après, je suis donc face à l'hinïon à genoux sur son couchage, à tenter de le persuader d'appeler sa magie. Sauf que dès qu'il sent monter son énergie magique, il panique et se terre sous sa capuche. Il finit par se bloquer totalement et refuser de recommencer. D'après lui, je ne peux pas comprendre son désarroi. Echange de regard avec le protecteur et soupir frustré de ma part.

"Arrête de chialer, par mes ailes !", grondé-je en attrapant ma gourde magique.

J'appose le goulot contre mes lèvres et songe au dernier fluide sombre qui s'y trouve. Tout mon corps frissonne au souvenir de cette sensation crispante et dangereuse. Mon muscle cardiaque accélère. Ma propre magie pulse depuis la base de mes ailes. J'ai presque la sensation que tout mon corps lutte contre un arrêt forcé. Un brin de frayeur accompagne le ressenti.

Ma propre énergie finit par capter l'apport, et l'agripper pour l'intégrer. Sauf que je perçois une réticence, une résistance. L'absorption se fait plus lentement, plus difficilement. C'est un peu comme si auparavant je remplissais une cuve vide avec facilité, mais que là, je devais faire consciemment attention à ne pas la faire déborder. Je patiente, à l'affût. Ma peau claire et non corrompue se parsème de tâches plus sombres qui s'étendent et se contractent. Finalement, le coloris s'affadit puis disparait.

( C'était perturbant. Est-ce que mon corps a atteint ses limites ? )

L'instabilité de ma magie lorsque je la convoque attire l'attention du géant. Entre démonstrations visuelles et engueulades, je m'efforce de lui faire comprendre un principe de base. Sa magie est à la fois une partie de lui, et comme une bête. Il ne pourra jamais s'en défaire, et comme tout animal, elle perçoit sa peur. Sans volonté ou courage pour la canaliser, il n'est pas étonnant qu'elle fasse ce qu'elle veuille.

Pendant que je tente d'inculquer un minimum de savoir dans cette gigantesque cervelle vide, Dae'ron propose son aide. Autrefois, Kaat avait usé d'un sort de lumière particulier. Il aidait l'esprit à être plus concentré pour les manieurs de magie, ou le bras plus sûr pour les combattants. Le protecteur se concentre à son tour, cherchant dans ses souvenirs et maniant sa propre énergie magique, opposée à la nôtre. Je l'ai rarement vu l'employer, mais à le voir ainsi yeux clos et silhouette scintillante, il a l'air d'une pureté surnaturelle.

Et il me faut bien une quinzaine de minutes pour obliger Rhûda'Rïl à arrêter de faire le parallèle entre son frère guérisseur et mon congénère.

Je perds patience à deux reprises, accueillant un repas avec soulagement. Cette première journée passe dans la frustration et l'irritation. Sans la présence de Dae'ron, j'aurais soit giflé soit scalpé l'hinïon. Mais au moins, je dispose d'un toit pour abriter mon oiseau et mon couchage. D'ailleurs, même si sa raison première était de demeurer avec Razar et le taurion, le protecteur décide d'installer son hamac à côté du mien dans cette remise. L'idée qu'il choisisse de demeurer avec moi plutôt que les autres ne me laisse pas indifférent. Sauf que je n'ai pas de qualificatif pour ce que je perçois.

Deux jours s'écoulent sur ce même rythme. Le flot n'est perturbé que par la visite d'Andha'Rïl le premier jour, encore une fois accueilli sans ouverture de porte. Le deuxième l'est par l'humoran et le taurion. Le chat parle toujours avec un nez brisé, mais raconte avoir été bien reçu et que l'enfant est dorloté par quelques elfes du village. Cela a au moins le mérite de rassurer le protecteur, même si je devine sa culpabilité concernant le trépas de l'oudio encore présente quelque part.

Fin de matinée au troisième jour. Après répétition incessante de ma méthode, et l'aide du sort lumineux du protecteur, l'hinïon parvient enfin à canaliser sa magie sans qu'elle s'attaque à tout ce qui l'entoure. Trois jours à m'égosiller et me frustrer pour un résultat de débutant... Mais au moins, cela accroit un peu la confiance du géant en lui.

Dae'ron vient à peine de le féliciter et de l'encourager que, dehors, de nombreux pas approchent. La porte vibre sur ses gonds alors que des coups y sont portés. Et pas des plus patients.

"Rhûda'Rïl !", appelle brutalement la voix du vieux, faisant trembler le mage. "Nous savons que tu es là ! Ouvre immédiatement !"

Le voyant tétanisé, c'est mon partenaire ailé qui répond, s'enquérant de ce qu'il veut. La voix du vieux se fait plus violente encore, agressant mon congénère. Et qu'il l'aurait mal jugé, et que ci, et que ça. Bref, il me tape sur les nerfs, et il vient de contrarier mon protecteur !

"Il va dire ce qu'il veut le vieil abruti, à la fin !", gueulé-je sur le même ton. Il voulait se faire entendre ? En bien nous étions deux !

"Ne faites pas les innocents ! Andha'Rïl a disparu !"

À la mention du nom de son frère, l'hinïon brun sort de sa torpeur et se précipite vers la porte. Il l'a à peine ouverte que son paternel le bouscule, l'envoyant sur son couchage. Il appelle, suivi par deux autres elfes armés. Déjà que le bâtiment n'est pas bien grand, le voir envahi de colosses me rend malade. L'agitation est telle que même mon harney s'offusque, battant des ailes et émettant un chant courroucé. Les arrivants ouvrent la petite pièce du fond, fouillent, regardent partout, mais évidemment nulle trace du blond.

Dans un élan de rage, le doyen agrippe le col de son gosse et le soulève. Il le secoue comme un arbre, lui ordonnant de lui dire où il a planqué l'autre fils. Même ses suivants semblent décontenancés par l'attitude du vieux blond. Les paroles de Dae'ron ne l'atteignent pas, et pour la première fois, il se tourne vers moi. J'ai du mal à le croire, mais il me demande d'utiliser ma magie sombre pour effrayer le porteur d'épieu. Lui qui n'apprécie pas plus cette énergie, il lui accorde assez de confiance pour dénouer cette situation ? Non, c'est sur moi qu'il compte. C'est un détail, mais qui a de l'importance.

J'acquiesce. Cet elfe hystérique ne mérite pas que je gaspille plus que le minimum pour lui. Le sort fait son œuvre, et l'âgé recule, comme les autres habitants. Quand il se reprend, c'est pour menacer Rhûda'Rïl de le tuer lui-même s'il bouge de cet endroit.

La porte se referme violemment, des ordres sont donnés pour que quelqu'un garde le lieu, et le jeune elfe se masse la gorge en toussant.

"Andha'Rïl... A disparu ?", fait-il avec de grands yeux, et visiblement choqué par ce qu'il vient de subir. "Mon frère. Mon petit frère. Cela ne te ressemble pas... T'aurait-on...", s'interroge-t-il avant de lever le nez vers nous. Son regard se fait plus assuré, plus mûr en fait. "Je dois en apprendre plus ! Aldrydes ! J'ai besoin de votre aide !", déclare-t-il en serrant le poing et se levant, avant de se rendre compte de son arrogance. "Euh... S'il vous plait ?"

Je n'ai pas besoin de regarder le protecteur pour connaître sa réponse. Cet elfe guérisseur est un crétin. Il aurait au moins pu avoir la décence d'attendre mon départ pour être la cause de tout ce remue-ménage !




[Absorption d'un fluide 1/4 d'obscurité]

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MessagePosté: Jeu 28 Mai 2015 13:40 
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Ne jamais se fier aux apparences. Je le sais, mais j'ai quand même été un peu surpris. La pièce du fond franchement étroite, et couverte d'un tapis poussiéreux, cachait une trappe. Avec un garde dehors, difficile de faire une sortie sans avoir tout le village sur les ailes. Rhûda'Rïl passe le premier, descendant une échelle avec sa lanterne à la main. À quelques mètres en bas, il se plie presque en deux pour passer dans un tunnel.

Je me laisse descendre dans le puits de bois et de pierre, mais stoppe. Dae'ron ne suit pas. Posé au bord de la cavité, il a l'air grandement perplexe. Pas perdu dans ses pensées, juste peu enclin à descendre dans cet espace étroit, bien que plutôt large pour nous. Il y a presque de la résignation dans son attitude quand il s'élance pour me rejoindre.

Plus la descente se fait et plus le protecteur se crispe. Je doute qu'il ait peur du noir, surtout puisque la lanterne éclaire tranquillement le tunnel. Est-ce de se retrouver cloisonné dans cet espace qui le dérange ? L'elfe devant se baisse davantage, signifiant que le passage rétrécit encore. J'anticipe un problème et agrippe fermement la main libre de mon congénère sans lui adresser une parole, ne lui laissant pas d'autre choix que de suivre. Sa main est moite, et elle serre instinctivement la mienne à m'en causer un peu de douleur. Pas un mot, mais je sens qu'il vole plus près qu'avant.

Le tunnel est fermé par une plaque de pierre, que le géant ôte puis replace sans effort particulier. Il débouche sur une sorte de grotte franchement humide, abritant une profonde nappe d'eau. En levant le nez, j'aperçois pendre un seau au bout d'une corde. L'hinïon nous intime le silence. Le moindre son se répercute dans la salle minérale et s'amplifie. De l'autre côté, un passage précédé de plusieurs marches est visible, et est emprunté par le colosse au pas pressé. Au bout, une échelle donnant sur une autre trappe, abritée par un cabanon. Deux portes. L'une donnant sur l'extérieur et sous laquelle passe un rayon de soleil, l'autre accolée à une paroi de pierre taillée.

Ni l'hinïon ni moi n'étant les bienvenus dans le village, c'est un Dae'ron plus pâle que d'habitude qui sort en reconnaissance. Laissé seul avec l'elfe, je sens peser le regard de ce dernier.

"Quoi ?"

"C'est étrange... Plus je te regarde...", fait-il en examinant mon profil intact à la lumière du jour. "Plus j'ai la conviction de t'avoir déjà vu quelque part."

"Tu t'es baladé hors de l'Anorfain ?", fais-je avec méfiance.

"Jamais."

"Alors c'est ta cervelle qui te joue des tours.", claqué-je, coupant court à l'échange.

Retour de Dae'ron. Le village semble aux abois. Gondothiel est en train d'organiser des groupes de recherche, voire envisage de dépêcher quelqu'un pour aller alerter la milice. Impossible de sortir du cabanon. Il va donc falloir séjourner dans la bâtisse de pierre à côté, ancien logement de puisatier, et à présent réservé aux invités de passage. Le grand benêt pousse la porte, en vain. Il persiste, s'appuyant dessus, et provoquant de l'autre côté un grincement de bois.

Quand enfin l'obstacle bouge, c'est une voix courroucée qui s'élève.

"Non mais ça va bien, oaip ! Y va encore en v'nir combien des intrus !", gronde Razar avant de se calmer en nous voyant. "Nessandro ? Dae'ron ? Mais vous v'nez d'où comme ça ? Et c'est qui lui ?", fait-il en pointant Rhûda'Rïl de la griffe.

L'humoran est en posture défensive, faisant barrage entre nous et le taurion, mais pas seulement.

"En fait, vous tombez bien ! Y'a un sekteg énooorme qui s'est pointé quand tout c'bordel a éclaté. J'ai réussi à l'balancer dans l'placard là, mais j'm'en approche plus ! Y fait presque ma taille ce truc !"

Échange de regard avec Dae'ron. Un guérisseur qui disparait, la découverte de réseaux de tunnels, des sektegs se pointant dans des villages hinïons, une agression et une menace de mort d'un parent envers son rejeton, cela fait beaucoup en pas même une demie-heure. Dans quoi suis-je encore en train de fourrer les ailes ?

"Un sekteg ?", fait l'elfe manieur d'ombre. "À quoi ressemblait-il ?"

"Ben, j'ai pas fait attention. Aller voir la réserve d'bois et d'charbon pour s'retrouver nez à nez avec ça... M'suis pas posé d'questions !", lance l'humoran en désignant une double-porte dans le mur, devant laquelle est calée une chaise.

"...Manquait un bout d'oreille... Là...", tente de se faire entendre l'enfant taurion, que je constate mal à l'aise dans une tunique de petit elfe. Lui qui se baladait avec un tissu à peine noué aux hanches, j'en viens presque à le plaindre d'avoir été déguisé de la sorte. "... Collier en bois... Ressemblait à une fleur..."

"Un co... Ah !", commence Rhûda'Rïl avant de se hâter vers le placard. Par réflexe, Dae'ron et moi nous mettons sur nos gardes.

Quand l'hïnion ouvre, une silhouette d'un bon mètre et demi sort en titubant. Longues oreilles, sauf la gauche, nez pointu, des yeux si petits que leur coloris est indéfinissable. Une tenue en peau, des bottes et un collier à la médaille grossièrement taillée en forme de fleur. Bref, un sekteg à l'air bien nourri, ainsi qu'impressionnant.

Et qui n'a pas l'air content.



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Dernière édition par Nessandro le Dim 31 Mai 2015 12:22, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La Grande Plaine au Nord
MessagePosté: Dim 31 Mai 2015 12:21 
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Aux aguets comme mon congénère, je tiens le sekteg à l’œil. Ce dernier fait une sale tête, ou alors c'est la tronche normale d'une de ces créatures, quand Rhûda'Rïl lui demande s'il va bien.

"Mais en voilà des manières !", grommelle-t-il comme un vieil humain, avec une diction posée et claire. Stupéfaction générale, sauf de l'hinïon. "Je n'ai pas le temps de dire bonjour qu'on me fourre dans un placard. L'hospitalité n'est vraiment pas le fort de ce village."

"Sans blague.", piqué-je avec un sourire en coin, recevant un coup d’œil étonné de la créature.

Et pendant que Razar boude, grognant qu'il aurait aimé l'y voir, l'elfe s'enquiert des raisons de sa présence. Son interlocuteur se gratte un front dégarni avant de cogner dans son poing.

"Cela me revient ! Andha'Rïl."

"Mon frère ? Où es-t-il ?", interrompt l'hinïon, avant de prendre un tranchant de main contre le front.

"Toujours à couper la parole. Malpoli..."

Coup d’œil vers Dae'ron, aussi décontenancé que le reste de la pièce. C'est pourtant comique. Le sekteg se nomme Trapaht, explique sommairement que la colonie est dans de sales draps, et que si Andha'Rïl n'a pas été enlevé, il est effectivement retenu malgré lui là-bas. L'arrivant comptait prévenir le village, mais ce dernier est dans une telle agitation qu'il a été menacé d'une fourche avant de pouvoir parler. Poursuivi, ce qui n'est plus de son âge, il s'est glissé dans le soupirail ouvert donnant sur la réserve.

"Mais ne perdons pas de temps, Rhûda'Rïl. Viens. Toi, tu arriveras peut-être à quelque chose."

"M... Moi ?", tremble l'hinïon, sans doute terrifié à l'idée qu'on le responsabilise. La veille encore, il chouinait parce que je haussais le ton.

"Oui, toi. Tu uses de magie noire, non ? Yazamahël t'écoutera peut-être. S'il est assez remis...", lâche le sekteg avant de s'emparer de l'elfe et de l'entrainer avec lui vers la réserve.

"Hep !", interpelle le chat. "Et nous, on fait quoi ?"

"Vous pouvez toujours venir aider. Et si ce n'est pas dans vos intentions, je vous conseille de ne pas rester.", annonce la créature d'une façon irritante. "Si on rate notre coup, pas sûr qu'il reste grand-chose de ce village d'ici quelques jours."

Alors là, il en a dit trop ou pas assez. Pas le temps de l'interroger qu'il a déjà embarqué Rhûda'Rïl avec lui. Bon débarras, en fait. Après tout, ce qui arrive à ce hameau de colosses immondes ne m'intéresse pas. J'ai pris quelques jours de repos, Lyïl aussi. Qu'est-ce qui pourrait m'empêcher de repartir sur les routes ?

"On doit les aider.", lance une voix familière.

"Évidemment...", grondé-je en levant mon regard sombre au plafond. Sauf que cette fois-ci, je ne compte pas me laisser entrainer. "Cela ne nous regarde pas, Dae'ron."

"Comment donc ? Celui qui nous a offert un toit...", commence-t-il, mais je le coupe sans ménagement.

"Offert ? Devoir endurer les pleurnicheries d'un grand abruti juste pour lui faire rentrer les bases dans la caboche, je trouve cela assez cher payé, moi ! ", persiflé-je avec un agacement croissant.

"Soit ! Reste donc là pendant que je-ne-sais quelle menace plane sur l'endroit !", me réplique un protecteur assuré de son bon droit.

"Quand te mettras-tu dans le crâne qu'il y aura toujours quelque part des imbéciles menacés par une chose ou une autre ? Cesse de te jeter sans réfléchir dans toutes ces histoires ! ", lancé-je en étendant mes ailes noires et braquant mon profil corrompu vers lui, puis avisant le taurion. "Mais peut-être as-tu besoin que je te rafraichisse la mémoire sur ce qui s'est passé la dernière fois ?"

L'expression du protecteur, déjà pâle, vire au coloris lune. Il baisse ses beaux yeux noirs vers le sol, affecté. Une pointe douloureuse se fiche dans ma poitrine, mais je ne cille pas. J'en ai marre de devoir prendre des risques pour des créatures gigantesques. Et les ingrates de ne jamais en avoir conscience, en prime !

"Tu veux encore t'en mêler. C'est dans ta nature. Fais-le donc, mais cette fois, ce sera sans moi. "

Et sur ce, je déploie mes ailes sans attendre sa réponse. Il ne me faut que quelques instants pour sortir par la réserve et me poser sur le toit, à l'abri des excités à oreilles pointues. De là, j'aperçois d'ailleurs Rhûda'Rïl et Trapaht, longeant un mur avec précaution. Ils s'éloignent. Je croise fermement les bras. Si je les laisse faire, je serai tranquille. Dae'ron n'est pas encore sorti, et sans eux pour le guider, il ne risque rien.

Tout de même, cette histoire m'intrigue. De quoi peut-il bien s'agir au beau milieu du royaume elfe ? Bandits ? Invasion des forces de la garce sombre ? Bestioles en surpopulation frappées de rage ? Querelle de voisins, peut-être ? Encore un peu, et je vais les perdre de vue. Juste quelques pas. Mais mon corps agit instinctivement en les voyant s'éloigner. Ma main se tend, et j'en grimace.

Dae'ron finit par sortir à son tour, son attention attirée par mes soins quand je le vois me chercher. Il se pose à côté de moi, la mine sombre.

"Quand veux-tu repartir ?", demande-t-il avec plus d'assurance dans la voix que je le pensais.

"Tu as donc changé d'avis ?" Silence du protecteur. "Frustrant, n'est-ce pas ? Qu'un lien affectif contrarie tes envies."

Ses yeux noirs sondent les miens, et j'y lis la soudaine compréhension de mes paroles. Enfin ! Il a l'air de prendre la mesure de ce que ses décisions pleines de bons sentiments m'ont fait ressentir tout ce temps ! Ce n'est pas trop tôt !

"Que cela te serve de leçon.", dis-je en décollant, le remarquant balayer les environs des yeux, puis son air déçu. "Au fond, tu n'arrives pas à abandonner l'idée."

"C'est cela... Mais ils sont sans doute loin maintenant."

"Pas tant." Regard suspicieux de Dae'ron, accru quand je soupire et manifeste ma magie sombre dans une forme que le protecteur ne peut que reconnaître. Après tout, j'ai développé cette marque magique par sa faute. Il comprend en un rien de temps.

"Tu sais, Nessandro. Il y a des jours où je ne te comprends vraiment pas.", fait-il en esquissant un sourire.

"Moi, je commence. Et cela m'énerve... Par là.", fais-je en prenant de la hauteur et me dirigeant vers le Nord, suivi de près par mon congénère.

Je compte le guider jusqu'aux géants, mais je n'ai nullement l'intention de me mêler à leurs problèmes. J'ai beau être curieux, remettre encore et toujours au lendemain ce que moi je veux faire m'emplit lentement d'amertume. Et la présence du protecteur ne fait que retarder le jour où elle prendra définitivement le dessus.



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Dernière édition par Nessandro le Jeu 11 Juin 2015 14:17, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La Grande Plaine au Nord
MessagePosté: Jeu 11 Juin 2015 14:16 
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Après avoir rejoint les deux marcheurs, nous avançons plein Nord, à travers des champs de plus en plus isolés, jusqu'à approcher une série de bosquets. Trapaht a le pied sûr, et nous conduit aux environs d'un lagon. Plutôt large, il attire mon attention. Sa forme en particulier. Parfaitement circulaire. Absolument pas naturelle. Et au beau milieu, un îlot avec de gros rochers, flanqués d'un ou deux arbres si larges que je suis certain qu'ils sont centenaires.

Nulle trace d'activité en surface. Pourtant, je suis certain que le sekteg a parlé d'une colonie. Ils seraient planqués sous terre ? Le lagon est traversé par les piétons au moyen d'un assemblage bizarre de petits rondins de bois. Sur l'îlot, je remarque des pierres taillées, couvertes de mousse. S'il y a eu une bâtisse ici, elle est écroulée depuis des lustres.

Cachée entre les rochers, que les géants doivent escalader, j'aperçois une trappe dotée d'un lourd anneau en métal. En-dessous, le noir complet. Ce qui n'a pas l'air de gêner le sekteg qui s'engage le premier, et secoue quelque chose une fois en bas. Une faible lueur verdâtre laisse deviner sa forme. Un Dae'ron peu rassuré et moi descendons pendant que l'hinïon referme la trappe. Elle claque brutalement même.

Peste soit des géants ! Je suis certain de ne pas pouvoir sortir seul maintenant ! J'enrage, mais aucun mot ne sort. Si je n'avais pas du accompagner le protecteur... Qui fait une tête bizarre d'ailleurs. L'impression d'étouffement me saisit aussi. Être un aldryde bloqué sous terre, je connais. Je l'ai déjà vécu. Deux fois.

Trapaht ne perd pas de temps et progresse dans une galerie aux parois visiblement artificielles. De la pierre taillée, des supports de torches, des alcôves. Elle débouche sur d'autres couloirs partant en divers sens. Notre guide en choisit un avec assurance, menant sur un autre passage vertical qui descend encore. La même configuration se présente à l'étage inférieur. Un vrai labyrinthe. Au final, je compte cinq longues échelles taillées dans la pierre. Les passages restent assez larges pour que même l'hinïon puisse avancer avec plusieurs têtes de marge. Il fait sombre et étrangement sec. La dernière galerie donne sur un cul-de-sac.

Le sekteg semble interloqué puis il s'exclame se souvenir. Il pousse une aspérité, passe la main dans un trou et tire quelque chose, deux fois. Des bruits de raclement se font entendre de longs instants. Le mur face à nous finit par s'ouvrir, poussé par un quatuor de silhouettes plutôt massives pour des gobelins. À peine avons-nous pénétré dans la petite pièce à peine éclairée que le chemin est bouché derrière nous. Nous sommes coincés à huit dans une salle si petite que tout le monde est au coude à coude.

Mauvais souvenir d'un certain livre maudit pour moi.

La voix du brun me parvient, mal assurée. Il est posé au sol, prostré. Il transpire et tremble.

"Je ne me sens pas bien. Les murs... Je... Je les vois qui se rapprochent."

Je me pose à ses côtés, songeant qu'encore une fois c'est la preuve que nous aurions du rester en dehors de tout ça. Et pendant ce temps, ces abrutis de grande taille parlent. Ils ne s'attendaient apparemment pas à notre venue. Et bien entendu, maintenant, ils ne font pas attention à nous.

"Dae'ron. Regarde-moi.", fais-je en soutenant son visage pour qu'il m'obéisse. "Respire doucement et concentre-toi sur moi."

Pendant quelques instants, je soutiens son regard et cherche à détourner son attention en le faisant compter à voix haute avec moi. Je serre ses mains moites, l'aidant à se redresser lentement. Est-ce qu'il a toujours eu peur des espaces fermés ? Pourtant, il n'avait pas l'air gêné dans les souterrains de la Citadelle.

Je suis pris de court quand il se blottit contre moi. Je déglutis bruyamment et hésite de longs instants avant de me reprendre puis de masser légèrement sa nuque. Des pensées parasites sur sa chaleur et son odeur me viennent, que je chasse avec difficulté. Cela devient dangereux. Vraiment. Le voir aussi vulnérable est... Déroutant. Mais je ne céderai pas à ces idées folles, non. J'ai déjà eu la faiblesse de le faire avec un autre aldryde, et j'en garde un très mauvais souvenir.

Heureusement, le sentir trembler ravive mon agacement.

"Bon alors ! On ne va pas prendre racine ici, non !", hurlé-je aux géants, en en faisant sursauter un ou deux.

L'hinïon appuie mes paroles, mais il faut bien encore quelques instants pour que le quatuor sekteg se tourne vers une autre paroi que rien ne distingue des autres. J'entends vaguement Trapaht nous souhaiter la bienvenue dans la colonie alors que la pierre glisse dans une large rainure.


"Par mes ailes...", laissé-je échapper en découvrant ce spectacle. "Lève le nez, Dae'ron. Il faut que tu voies ça..."

L'ouverture donne sur un duo de chemins. L'un est une passerelle de solides rondins, l'autre une pente douce ponctuée de marches. Mais ce qui accapare mon attention, et qui aide le protecteur à se remettre, est l'immense salle minérale sur laquelle nous débouchons. Elle est si grande que j'ai du mal à en voir le fond, aussi bien en hauteur que face à moi. L'entrée que nous venons d'emprunter domine l'endroit. D'ici, j'ai une vue d'ensemble sur les lieux.

Vaguement ovales, six vastes terrasses encerclant l'espace central sont taillées dans le roc façon gradins. D'immenses passerelles, soutenues par et passant sous des arches de pierre semblant jaillir du sol et atteignant la voûte, traversent l'espace aérien. Elles relient les différents côtés de la salle sur les divers niveaux, et forment une croix parfaitement perpendiculaire.

Des marches flanquent les arches, permettant de passer verticalement du plus bas au plus haut niveau depuis l'espace central. Ce dernier grouille de vie, et je crois y distinguer des stands autour d'une vaste esplanade, abritée par la croisée des chemins.

Les terrasses portent des huttes nombreuses de coloris herbe séchée et boue, largement espacées. Des escaliers serpentent en plusieurs endroits, séparant des quartiers, ou permettant l'accès d'une zone à la suivante. Quelques édifices sont à peine plus grands que la remise de l'elfe, d'autres sont d'immenses bâtisses à plusieurs niveaux.

Partout, je distingue des cristaux si clairs qu'on peut voir à travers. La plupart sont peu remarquables, mais certains, faisant bien trois elfes adultes en taille, émettent une douce lueur bleutée. Ils émergent aussi bien sur les parois que du haut plafond, et aucune construction n'y est accolée. La lumière se diffuse à son plein potentiel.

Là où les cristaux n'éclairent pas, c'est une étrange mousse recouvrant le roc qui le fait, réagissant aux pas de ceux qui évoluent dessus. La cave brille en bleu, en verdâtre et même en jaune-orangé aux endroits où je devine des brasiers. L'air y est étonnement frais, un peu plus humide et presque agréable. Je sens même passer une petite brise. Étrange pour un lieu aussi éloigné sous terre.

Un brouhaha ambiant se répercute sur les parois, sans être assourdissant pour autant. Par moment, j'ai l'impression de distinguer d'autres ouvertures comme celle dont nous sortons. Donnent-elles sur d'autres salles aussi grandes ? Quelle taille peut bien faire cette colonie ? Est-ce une cave naturelle ou façonnée ?

"C'est... C'est incroyable.", lâche Dae'ron avec une réelle fascination dans la voix.

"Là... J'avoue être... Impressionné.", dis-je à mon tour.

Jamais je n'aurais imaginé la présence d'un tel endroit aussi loin sous la surface, et surtout en royaume elfique. Et ce sont des sektegs ! Cette race réputée stupide, de voleurs et parasites arriérés en tous genres. Décidément, on ne peut se fier à rien en Yuimen.

"Dites-moi, Trapaht. Cet endroit porte-t-il un nom ?", s'enquiert le protecteur, qui commence à reprendre le dessus, mais ne se détache pas de moi pour autant.

"Un nom ? Quelle drôle d'idée.", fait le gobelin avant de se gratter le front, puis de jouer avec son oreille absente. "Je suppose qu'on pourrait l'appeler Maison-Sekteg, mais franchement, personne n'y a réfléchi."

Il rajuste son collier de bois, puis nous fait signe de le suivre. Ah oui, c'est vrai. Subjugué, j'avais oublié qu'il existait une menace certaine à l’œuvre. Cependant, vu le côté paisible de l'endroit, à part peut-être une légère tension, je ne vois pas où se situe le problème.

Le sekteg nous guide vers une grande maison, et la seule faite de pierres, entre lesquelles je devine du mortier. À n'en pas douter, c'est un endroit important.



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Dernière édition par Nessandro le Jeu 18 Juin 2015 20:10, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: La Grande Plaine au Nord
MessagePosté: Mer 17 Juin 2015 12:46 
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Nous avons à peine franchi le seuil qu'une évidence me saute aux yeux. L'endroit a été transformé en dispensaire d'urgence. Les rares meubles ont été repoussés contre les murs pour faire de l'espace sur le sol dallé. Plusieurs sektegs plus ou moins dénudés sont étendus sur des paillasses au sol. Certains sont couverts de bandages, d'autres sont assis, avec une tronche lacérée, voire un membre partiellement amputé. Ils nous jettent un regard puis s'en retournent à leurs activités. En général, un balancement d'avant en arrière, et une ouverture de bouche quand d'autres sektegs leur tendent des cuillers.

Une odeur sanguine flotte aussi dans la pièce. Le tout me fait froncer le nez.

"Par mes ailes...", lâche le protecteur en apposant la main contre mon épaule.

Le voilà qui me vole mes expressions maintenant. Au beau milieu de cette dizaine de blessés, la silhouette en blanc d'Andra'Rïl s'affaire. Quand il lève le nez et aperçoit son aîné, le blond se fige, bondit sur ses pieds et se jette littéralement dans les bras de l'hinïon. Heureusement que Dae'ron et moi avons de bons réflexes, parce que ce crétin de Rhûda'Rïl choit vers nous sous l'impact.

Après des retrouvailles larmoyantes qui m'irritent au plus haut point, c'est le toussotement de Trapaht et les murmures des blessés qui nous font bouger. Nous passons dans une pièce voisine, derrière un rideau. Andha'Rïl nous guide auprès d'un autre blessé. Sauf que là, c'est un elfe qui avait du être bleu à l'origine. Sa peau a encore des reflets bleutés, mais elle est si claire que j'en déduis aisément qu'il n'a pas vu le soleil depuis une éternité. Une longue tignasse virant écume, un visage aux pommettes saillantes, une étrange tenue qui se veut elfique, mais n'en a que vaguement l'aspect. Et des rides. Profondes en plus. Quel âge peut-il avoir ?

Et qu'est-ce qu'un éarion fabrique dans une colonie de sektegs ?

Trapaht fait les présentations. Cet elfe se nomme Yazamahël, et c'est non seulement le dirigeant mais aussi le fondateur de cette colonie. Là, je dois avouer que ma curiosité est piquée. Notre guide se penche au-dessus de l'elfe, lui tendant l'oreille. Diminué à ce point ? Non. Andha'Rïl, niché dans les bras de son frère raide de timidité, nous apprend que le chef a été piqué par une créature, et est paralysé par son venin. Le guérisseur a pu partiellement contrer les effets pour que la paralysie n'atteigne pas ses organes vitaux.

Je sens ma patience s'amoindrir. Je ne suis déjà pas venu par envie, mais si c'est pour perdre du temps à prendre un géant en pitié, c'est pire encore. J'ignore ce que Trapaht entend de la faible bouche de Yaza-chose, mais le sekteg s'assombrit. Il nous fait signe de le suivre dans une autre pièce et pousse un soupir.

"Cette tête de mule.", commence-t-il.

"Peut-on savoir ce qui s'est passé ? Pourquoi tous ces blessés ? Pourquoi le village en surface est censé être en danger ?", s'inquiète le protecteur, ayant apparemment surmonté son malaise récent.

"Je vais vous expliquer. Voyons... Par où commencer."

Je sens que je vais le regretter, mais je tends malgré moi mes spirales. Trapaht nous expose la situation de la colonie. Un centre dans la grande salle que nous avons vu, plusieurs autres pièces utilitaires, le tout juché bien au-dessus d'un réseau de galeries creusé par des rivières souterraines. Peut-être qu'une de ces rivières en a rencontré une autre. Peut-être un éboulement s'est-il produit quelque part. Toujours est-il qu'un bouleversement a eu lieu, et que l'une de leurs salles principale a été envahie.

"Par une grosse poignée d'arctosas.", fait sombrement le gobelin.

"Des quoi ?", rebondis-je, détestant ignorer des choses.

"Arctosa. Comment décrire... Imaginez une énorme araignée à quatre pattes finissant façon épieu, à buste et bras d'humain, à deux pattes de plus façon mante religieuse, atteignant facilement les trois mètres de haut. Avec un dard capable de vous injecter un liquide qui vous paralyse très vite. Et on s'en doute, dotée d'un gros appétit.", sort mon interlocuteur d'une traite, en triturant son collier de bois. "Il est arrivé à nos éclaireurs d'en voir dans les profondeurs, mais toujours en créatures isolées et se tenant loin de la colonie."

Je fronce les sourcils sans rien ajouter. Cela ressemble effectivement à une belle saleté.

"Mais cela n'explique pas tout.", fait mon compagnon ailé.

"J'y viens, j'y viens. Voyez-vous, ces sales bêtes nous ont non seulement envahi, mais cela fait déjà plusieurs jours qu'elles se sont installées dans nos salles-nourriture. Là où nous supervisons une colonie de scarabées et où poussent nombre de champignons et plantes utiles.", poursuit le gobelin. "Et leur traversée est obligatoire pour accéder à nos réserves."

"Vous voulez dire...", commence le protecteur, que je vois afficher une expression d'affreuse compréhension.

"Vous y venez. Nous avons quelques rations dans des petites caches de la pièce-maison, mais cela ne durera pas. Déjà, le rationnement fait des mécontents, et sans Yazamahël pour calmer les esprits... Tous les blessés que vous avez vu à côté ne sont pas des victimes des arctosas."

"Mais alors...", enchaine Rhûda'Rïl. "Si rien n'est fait bientôt...", poursuit-il en regardant son jeune frère, qui hoche la tête.

"L'ensemble de la colonie sera contraint de fuir.", fait l'elfe blond en levant le nez. "De rejoindre la surface pour trouver de quoi manger. Et d'après ce que j'ai compris, notre village est le plus proche."

"Tu crois que Gondothiël les accueillerait ?", lance sans conviction mon crétin d'élève.

"Ha !", me moqué-je immédiatement. "Avec son incroyable sens de l'hospitalité ? Réfléchis un peu, par mes ailes !"

"L'aldryde a raison, Rhûda'Rïl. Votre village compte un peu plus d'une cinquantaine d'âmes au maximum. Ici, nous en dénombrons presque dix fois plus. Si nous sommes contraints de partir, je doute que les habitants de l'Anorfain nous accueillent à bras ouverts.", appuie Trapaht. "Et pour peu qu'ils y voient une invasion, les nôtres ne feront pas long feu."

"Et qu'en dit Yazamahël ?", s'enquiert l'elfe soigneur.

Le sekteg grimace et annonce que l'éarion n'a plus toute sa tête, mais que son avis est étrange, biaisé par une querelle ancienne avec quelques habitants du village d'où nous venons. La colonie est dans l'impasse entre les groupes d'habitants se formant et s'opposant. Certains sont pour la fuite, mais d'autres se sentent attachés au lieu et veulent le reprendre. D'autres encore souhaitent tenter leur chance plus profondément.

La question de la lutte est soulevée. Surtout si les envahisseurs ne sont qu'une poignée. Mais depuis des générations, ces sektegs ont été éduqués par Yazamahël, et la plupart ne sait même pas par quel bout prendre une dague. Ce serait un massacre pur et simple. Et d'ailleurs, il faudrait d'abord rassembler tous les habitants autour de cette idée.

La situation est dans l'impasse, et pendant ce temps, les vivres diminuent.

Mais tout ceci ne me regarde pas. Ce sont là des problèmes de géants, et d'ordinaire, je serai parti sans m'y attarder. Sauf qu'une chose m'oblige à écouter et à m'impliquer. Tant qu'une solution n'aura pas été trouvée et acceptée par l'ensemble de la colonie, les lourdes dalles de pierre scellant les entrées demeureront closes. Encore une fois, je me retrouve piégé par la situation, alors que depuis le début mon instinct me met en garde.

J'échange un regard blasé avec le protecteur, qui me le rend puis affiche un air désolé.

"Je sais. Je sais, Nessandro... La prochaine fois, je te promets de t'écouter."

"S'il y a une prochaine fois.", fais-je froidement avant d'apercevoir l'expression douloureuse du brun, puis de deviner son poing se serrer à en blanchir.

Je ne le regarde pas, mais enveloppe ses doigts des miens avec fermeté, lui tirant un souffle surpris. Me laisser aller à la déprime ? Jamais ! Il est hors de question que j'accepte un tel sort ! Je me tourne vers Dae'ron, étends mes ailes, et le scrute.

"Du cran, protecteur ! J'ai besoin de ta cervelle ! S'il y a une solution pour sortir de ce pétrin, nous la trouverons ! Et ensemble."

Le brun me rend mon regard avec une pointe d'incrédulité, il bleuit légèrement, puis un sourire lui vient. Il semble se reprendre, monte nos mains jointes qu'il serre brièvement, et fait un signe de tête résolu. Les grands abrutis nous regardent avec ahurissement, avant d'être entrainés dans le sillage de cette reprise de confiance.

Je n'arrive pas à croire ce que je suis en train de faire. Quelque part, je sais que ma magie noire pourrait me permettre de filer, de retrouver ma liberté. Mais cela signifierait abandonner mon congénère à un trépas certain. Et cela, je ne peux pas l'envisager. Plus maintenant.

Mon sang s'échauffe. Reste maintenant à savoir quelles sont exactement nos possibilités. Quelque chose me dit que résoudre ce problème n'aura rien de simple ou de facile.

Mais après tout, depuis quand dans ma foutue existence la vie m'a-t-elle fait le moindre cadeau ?



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 Sujet du message: Re: La Grande Plaine au Nord
MessagePosté: Sam 1 Aoû 2015 14:40 
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Debout, bras croisés, je fixe le sol de la bâtisse distraitement. À mes côtés, mon congénère brun Dae'ron regarde s'éloigner le sekteg Trapaht, et les frangins hinïons Andha'Rïl et Rhûda'Rïl. Pourquoi ? Mais pourquoi, par mes ailes, c'est encore à moi de choisir quoi faire ? Oui, je dispose de magie d'obscurité, signe de force dans cet endroit. Oui, je sais me battre. Oui, je sais que la peur des espaces clos de mon congénère l'affaiblit. Oui, je veux sortir d'ici le plus vite possible ! Et non, je ne veux pas de leur foutue gratitude ! Comme si elle était sincère ! Maudits géants !

Je monte la main contre ma cicatrice faciale, percevant la désagréable brûlure de la corruption sur ma peau. Je ferme un instant les yeux, pour faire le point sur ma situation et retrouver un semblant de calme.

Je suis donc à des lieues sous terre, dans une immense colonie sekteg installée dans un réseau de caves, aux murs bardés de cristaux éclairant en bleu. Les sorties sont scellées jusqu'à nouvel ordre, parce que leur grotte d'élevage de scarabées et de culture de plantes a été envahie par des arctosas. Et j'ai beau n'avoir peur d'aucune créature plus grande que moi, une poignée de bestioles de presque trois mètres de haut, apparemment vindicatives et plutôt difficiles à abattre reste costaude.

En prime, les habitants savent à peine à quoi ressemble une arme. Et pour couronner le tout, ils se sont divisés en groupes selon plusieurs idées : lutter pour reprendre le contrôle de la cave-nourriture, sortir en plein jour et au milieu de l'Anorfain pour trouver de quoi se nourrir, ou tenter d'explorer d'autres galeries plus profondément. Reste aussi un bon nombre d'indécis, préférant attendre que leur meneur, un éarion paralysé par le venin d'arctosa, prenne une décision. Sauf que c'est un fossile vivant, infoutu de choisir.

"Nessandro ?", m'interpelle Dae'ron, vers qui je tourne la tête. "Je pense que nous devrions aller voir le chef des éclaireurs."

"Parce que ?"

"Pour les empêcher de faire une bêtise.", fait-il en fronçant les sourcils. "Ils sont jeunes et courageux, mais prompts à charger et..."

"Et les plus difficiles à convaincre, je te rappelle. Non, mieux vaut réunir les autres d'abord. Avoir le reste de la colonie avec nous peut peser."

"Ce n'est pas faux.", approuve-t-il en étendant ses ailes.

Totalement à contrecœur, je sors de la bâtisse de l'éarion, suivi par mon compagnon ailé. Informé de notre décision, Trapaht lisse son bout d'oreille manquant et ouvre la marche. Son mètre et demi chauve et vêtu à l'elfique nous sert encore de guide, et sur des murmures presque inaudibles. J'avise brièvement l'immense salle dans laquelle nous nous trouvons et l'ensemble des terrasses portant les habitations. Le pont à arches s'élevant jusqu'au toit de pierre est plutôt vide. La masse des gobelins est répartie entre la place centrale en-dessous, les alentours de la baraque de l'elfe bleu, la porte de pierre qui nous a permis d'entrer, et apparemment la voie menant à la salle envahie.

La priorité est d'aller voir ceux qui veulent sortir pour les en dissuader. Si ne serait-ce qu'un cinquième de la populace bouge, ce qui donne une centaine de sektegs, et débarque dans le village natal des frères elfes, ils ne pourront qu'y rencontrer une fin certaine. Après tout, ce n'est pas le géniteur de ces deux idiots manieurs pour l'un d'ombre et l'autre de lumière qui risque de leur offrir l'hospitalité. En particulier quand les visiteurs sont deux fois plus nombreux que les habitants du coin. Personnellement, leur sort m'importe peu, mais je connais le protecteur. Lui ne se remettrait jamais de la culpabilité. Et le voir se morfondre et dépérir est bien la dernière chose que je souhaite.

"La plupart n'a jamais vu d'autres personnes que des sekteg ou Yazamaël. Ne faites pas attention.", fait Trapaht avant de se tourner vers Dae'ron et moi. "Et ne vous faites pas attraper. On ne sait jamais."

Je lève les yeux vers un cristal et pousse un souffle amer et agacé. Volant bien au-dessus des indigènes curieux, qui agrippent la cape à capuche de ce brun de Rhûda'Rïl, j'aperçois un endroit où la masse est moins compacte. Sur un rondin servant de siège, une forme est assise et nous regarde approcher d'un œil. Un seul oui, mais ce n'est pas ce qui me dérange le plus.

"Andha'Rïl, Rhûda'Rïl, Dae'ron et Nessandro. Je vous présente Bertée, la doyenne de Grande-Terrasse.", présente respectueusement notre guide.

Eh oui, forcément. Comme si la situation ne me tapait pas déjà sur les nerfs, il faut en prime que la tête pensante de ce groupe appartienne à une femelle ! Rhaaa ! Je me rends compte à quel point Dae'ron me connait quand je sens sa main sur mon épaule.

"Je m'en occupe, ne t'inquiète pas.", fait-il avec un petit sourire.

"J'ai l'air inquiet ?", répliqué-je amèrement.

"Non, c'est même tout le contraire, à vrai dire. Laisse-moi faire.", s'amuse-t-il avant de s'avancer en même temps que l'elfe guérisseur blond, pendant que mon crétin d'élève gigantesque et moi restons derrière, à échapper aux mains des curieux.

Si un seul d'entre eux parvient à frôler l'une de mes plumes, il va y laisser des phalanges, foi de Nessandro ! Je ne sais pas où poser mes yeux sombres. Dois-je rester attentif aux sales pattes gobelines lissant le tissu des habits de l'elfe, ou m'abimer le regard à scruter cette vieille peau ? Fripée de partout, presque plus un cheveux sur le crâne, courbée comme une racine agonisante sous un vieux tissu éternellement tâché.

Beurk, juste immonde. Et dire que toute cette populace lui obéit, c'est à n'y rien comprendre !



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