<--- Je me suis réveillé avec le crâne en feu. Quand j'ai regardé autour de moi, j'ai découvert un immense boyau, une grotte en fait. Sur le moment, je me suis demandé ce que je faisais là. Puis, je me suis rappelé ma précédente soirée : la corde, Esstabello, la taverne et l'homme... Mon instinct m'a soufflé que celui-ci n'était pas totalement étranger à mon mal de crâne. En tout cas une chose était claire : il m'a drogué. Qu'il l'ait fait pour m'amener ici était élémentaire. En revanche, pourquoi il m'a déposé ici restait un mystère total.
Des grognements gutturaux ont coupé ma réflexion : des orcs ! Et là je me suis interrogé : l'homme m'a semblé trop malin pour ne pas savoir la présence de ces sauvages ici, alors pourquoi m'avoir laissé ici seul, désarmé, avec des orcs et sans moyen de sortie apparent. Pas pour se débarrasser de moi, car cela il aurait pu le faire pendant mon semi-coma. Et puis, comment lui-même avait-il passé les orcs sans être intercepté ? D'ailleurs ceux-ci n'ont toujours pas donné l'assaut, mais que font-ils ?
En relevant la tête, j'ai vu les deux monstres en pleine bataille. Rapidement, j'ai compris le motif de leur combat. En tant que marchand, je me dois de connaître d'innombrables langues. Je connais donc les rudiments de la langue orque. Entre deux baffes, l'un a hurlé :
"Brzalazfmzlue ! Niegzoglazl ! Ajfzejko eg keki !"Il a dit à peu près :
"Laisse ! T'approche pas ! C'est le mien !".
L'autre n'a pas été plus imaginatif :
"Arggggggggggggggggggggggg !!!!!!!!!!!!!" D'après mes maigres connaissances, je sais que c'est un cri de guerre universel chez les orcs.
La lutte s'est continuée jusqu'à ce que l'adepte des monologues ne tombe, raide mort, la tête arrachée. L'autre ne s'en est pas tiré sans dommage : l'un de ses bras tordu dans un angle étrange était à moitié arraché. Dans tous les cas, cet affrontement m'a bien avantagé : deux adversaires réduit à un et ce rescapé gravement blessé. D'ailleurs, ce dernier s'est retourné vers moi et a chargé ! Malheureusement pour lui, le plafond est assez grand pour moi, mais ses deux mètres et demi font que dans certaines zones c'est un peu limite... Résultat, son si "beau" visage a pris une stalactite minérale de plein fouet.
J'ai profité du fait qu'il s'est tenu la tête dans les mains pour lui décocher un uppercut en plein menton. Mais son épiderme facial n'a point souffert. Bref, ça ne lui a rien fait. La seule conséquence utile, c'est qu'il s'est de nouveau cogné le crâne dans le plafonnement. De coup, il n'a plus cherché à voir, mais il a balancé ses bras de tous les côtés pour essayer aveuglement de me toucher. Mais, je me suis écarté bien avant pour réfléchir à la façon de vaincre ce colosse. Il faut se servir de ses désavantages : il ne voit pas et il est blessé. Donc il faut le toucher à l'épaule de façon à ce qu'il ne saches pas où je suis. Le géant a bel et bien commencé à se fatiguer... Maintenant ! Il a abaissé sa garde. J'ai ramassé une pierre particulièrement pointue, je suis passé sous sa garde quasi inexistante et je lui ai planté mon arme de fortune dans l'omoplate, ravivant ainsi le flot tari de sa plaie. Il a poussé un hurlement à en faire trembler les murs. Sa rage revenue, il a distribué une vraie pluie de coups. Trouver un moyen de le vaincre ! Il faut que je trouve un moyen de le vaincre !
Soudain, une idée m'est apparue quand j'ai vu un rocher qui se délogeait du plafond. J'ai attiré l'humanoïde près de la colonne la plus proche et avec ses grands gestes, il a commencé à la démolir, faisant tomber des roches. Celle que je voulais bouger, bougeait, mais elle n'est pas tombée. Alors, j'ai sauté sur mon adversaire pour donner un coup de pied dedans. Mon pied n'a pas aimé mais "l'arme" a chuté sur un orc plus qu'étourdi. Elle l'a touché à la tête. Il s'est écroulé, inconscient. J'ai couru ramasser un morceau de roc pour en asséner des coups à la bête. Comme son os frontal a résisté, j'ai changé de techniques : j'ai maintenant visé la gorge. Dès le premier coup, la chair tendre de la gorge et dedans, la jugulaire ont éclaté, m'aspergeant d'une fontaine de sang.
J'ai alors entendu un grondement sourd : la grotte s'effondrait ! L'orc avait démoli les principaux piliers porteurs donc en toute logique, l'extrémité du boyau où je me trouvais s'affaissait. Un large pan de voûte est tombé, me bloquant toute possibilité de sortie. En parlant de sortie... Là d'où le pan est tombé, le bleu du ciel est apparu. Mais comment l'atteindre ? Voyant les deux morceaux de voûtes restants assez proches et montant vers le ciel, j'ai pensé à une technique dont je me suis servi peu de fois par le passé. Mais de toute façon je n'ai pas le choix... J'ai agrippé l'une des parois formées par la chute du rocher et j'ai bondi vers l'autre paroi opposée. Contre l'autre, j'ai de nouveau pris appui et j'ai encore décollé. Et ainsi en m'élevant toujours plus haut. Jusqu'à ce que j'ai atteint le haut. Là, j'ai mis, pied-à-terre et j'ai couru me mettre à l'abri. De ma cachette, j'ai vu la colline sur une surface de plusieurs mètres se creuser dans un fracas apocalyptique.
"Tu t'en es bien sorti." J'ai fait volte-face pour voir l'Homme. Par pure habitude, j'ai porté ma main à la ceinture. Ce geste m'a rappelé combien j'étais vulnérable.
"C'est bon, tu es près à écouter ce que j'ai à te dire ?" ( Après tout, je n'ai rien à perdre autant l'écouter, si ça peut m'en débarrasser... )"C'est bon, je suis tout à toi...""Premièrement, je tiens à te féliciter : vaincre un orc en combat singulier, ce n'est pas à la portée du premier larron venu. Idem, pour ton escalade, je ne connais que très peu de monde capable de le faire...""Merci... Mais comment savez-vous tout cela ?"L'homme a froncé les sourcils, craignant d'avoir fait une gaffe :
"Savoir quoi ?""Qu'au final, je n'ai combattu qu'un orc, que j'ai escaladé ces parois...""Et bien, euh en fait...""Je veux une réponse maintenant sinon je m'en vais et vous ne me reverrez plus !" Mon interlocuteur a soupiré :
"J'étais à l'intérieur avec toi...""Mais je ne vous ai pas vu ! Et comment êtes-vous sorti ?""Cela fait partie de mes talents... Talents que je propose de t'enseigner. C'est la deuxième chose." J'ai été complètement interrompu par cette phrase.
"Eh bien... Dites m'en plus !""Commences donc par me tutoyer. Ensuite, ce que je te propose, c'est une éducation à part entière : l'escalade, les acrobaties, le camouflage et ce genre de choses... Ainsi que le vol et le combat..."( Je suis à la rue ! C'est une occasion d'avoir un coup d'avance sur mes adversaires ! )"J'accepte, mais avant je tiens à te poser deux questions.""Et si j'ai leur réponse, je te les donnerai volontiers...""La première sera de te demander ton nom, la deuxième où nous allons.""Je suis Eltebo et nous irons où il nous faudra aller..." --->