J’arrive au galop devant la grotte. Quand je remonte dans mes souvenirs, je me rappelle de mon aventure dans cette grotte. Je peux ressentir le mal s’en dégager, mais maintenant je suis bien plus puissant que ce mal. L’entrée est toujours masquée par des fougères et des broussailles. Je dégaine mes deux lames et tranche tout ce qui est susceptible de me déranger pour entrer à l’intérieur et me venger. La colère parcourt mon corps de part en part, je ressens presque de l’excitation à cette attente.
La noirceur de la grotte ne me dérange nullement, l’ennemi ne pourra pas me surprendre car moi aussi je profiterais d’un élément de surprise. J’avance d’une centaine de pas à l’intérieur quand la mousse bleue vient à nouveau m’éclairer. Je vois des orques se presser devant moi. J’ai la tête baissé, quand les créatures se retrouvent à une dizaine de pas, je redresse la tête et laisse la lueur de rage que j’ai dans les yeux parler pour moi. Les soldats s’arrêtent nets et la peur commence à les envahir. L’un d’eux s’écrit :
« Il y a un bon moment que tu es parti d’ici. Tu étais faible à l’époque et tu le seras toujours. »
Il se jette sur moi avec la hache levée prêt à m’abattre, mais avant même qu’il fasse quoi de se soit, je dégaine ma lame à la vitesse de l’éclair et le pourfends. Il reste un instant droit comme un piquet, puis du sang commence à couler le long d’une ligne partant de sa tête jusqu’à l’entrejambe. Chacune des parties tombent sur le sol et laissant les entrailles tombées en paquet informe et indéfinissable. Ses compagnons s’enfuient en courant terrorisés. Puis je hurle dans la langue Shaakt :
« Sors du noir et viens te battre Felrog. L’heure du jugement final vient de retentir, les cloches de ta mort sonnent déjà à travers la grotte. »
Ma voix me fait écho à travers tous les tunnels, le son allant de diminuant en diminuant. Le silence se réinstalle dans la grotte. J’avance à travers le dédale de tunnel, je peux voir de nombreux orques se retrancher dans les noirceurs. Je leur inspire la terreur, j’ai insufflé en eux la peur et la crainte. Je redeviens le monstre que j’ai été et que j’ai haï.
(La sensation de puissance est agréable, je m’en délecterais presque.)
Je pourrais presque me rendre compte que je déborde de puissance. A l’époque de ma première incursion dans cette caverne, j’étais faible et à la merci de tous. Alors que maintenant, je suis plus fort, plus sauvage. Le temps s’est écoulé sur moi, laissant des blessures, des cicatrices et des traces de brûlures. Plus j’avance dans les ténèbres, plus mon instinct me dit que je me rapproche de mon ennemi. J’arrive finalement devant le lac souterrain, le pont est toujours détruit. Je me rappelle de notre fuite grâce à Aqua la gentille elfe bleue. Aujourd’hui, je ne fuirais pas. Je regarde dans la direction d’où est apparu le Felrog et un sourire se dessine sur mes lèvres.
A l’encadrement se tiennent le monstre ainsi que sa maîtresse. Elle le tient en chaîne. La créature est toujours aussi grande, elle doit bien faire une fois et demie de moi. Sa peau ou plutôt son cuir semble avoir essuyé de nombreux combats. Peut-être des jeux avec les orques ou des aventuriers qui se sont risqués ici. Je n’arrive à rien d’écrire de plus car le reste ressemble plus à un tas de muscles informes et disproportionnés. Quant à la Shaakt, elle est comme toutes les autres, elle porte juste une robe sombre comme l’ébène. Je mets ma lame devant moi puis je la salue en lui disant :
« Enchanté de vous revoir. Je suis venu pour me venger de votre chien de garde. Il a retiré un père à une enfant. Je ne permettrais pas que ceci ne reste nullement impuni. »
Son visage devient grave et ses yeux se remplissent de colère dès la fin de ma phrase. Je savais tout au fond de moi que mes paroles allaient la rendre ainsi. Il n’est pas concevable pour elle qu’un Shaakt puisse défendre la veuve et l’orphelin. Elle lâche les entraves du Felrog, je m’en réjoui. Mes deux lames sont dégainées et je les tiens écartées prêt à combattre. Le monstre arrive sur moi en courant, le sol en tremble. L’excitation me provoque des fourmillements dans tout le corps, mes mains se resserrent de plus en plus autour des gardes de mes épées. Mes pupilles se dilatent, ma respiration s’accélère, mes muscles se contractent, tout mon corps se prépare au combat.
Il lève une patte munie d’énormes griffes pour me déchirer le corps en lambeaux. Je croise mes épées et bloque sans aucune peine l’attaque. Puis il décide de me frapper avec son autre patte, j’abaisse la lame qui était en dessous pour aller bloquer cette attaque. Je le regarde et lui souris avant de laisser mon énergie remplir mon corps. Les énergies circulent autour de moi, elles me traversent et se cumulent en moi.
(Rana, je t’en prie. Prête-moi ta puissance, c’est la première fois que je veux l’utiliser pour me venger, mais ce monstre tuera encore si je ne le tue pas. Laisse-moi encore une fois utiliser le premier pouvoir que tu as acceptée de me confier.)
Un courant d’air froid vient me faire frissonner. Ma lame gauche commence à vibrer, un halo bleuté commence à l’envelopper. Je recule d’un pas et donne un coup tranchant. Une onde se dégage de l’arme pour rapidement finir dans le torse de la créature. Le coup déclenche une explosion de sang et le corps de l’ennemi se retrouve propulsé en arrière. Mon visage se retrouve recouvert de sang, j’en suis ravi, je viens de faire couler le fluide vital de ce monstre. Un visage de démence se dessine sur ma face.
(Je deviens fou ? -Tu laisses juste surgir une partie de toi que tu as longtemps enfermé.)
Ma rage se transforme petit à petit en plaisir. Je laisse se sentiment m’envahir et je saute sur mon adversaire les deux lames vers son poitrail. Mes épées déchirent le cuir et les os avant de perforer les poumons. Je vois son torse faire des sursauts, du sang gicle le long de l’acier. Sa respiration est de plus en plus saccadée, sa mort approche de plus en plus. Puis je lui murmure à l’oreille dans mon langage maternel :
« Ne joue pas au plus fort avec n’importe qui. Je suis farfelu donc tu vas,… comment dire ? Perdre la tête. »
Je retire en tournant une de mes épées. Le monstre pousse un hurlement de douleur qui résonne dans la grotte. Puis je lève un bras assassin et l’abat avec violence sur la gorge. Sa tête roule sur le côté pour finir aux pieds de la Shaakt. Elle la dégage rapidement d’un mouvement du pied.
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Trois êtres distincts pour une seule âme et une destinée
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