L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Taverne du chat enroué
MessagePosté: Mar 2 Nov 2010 22:22 
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Pas beaucoup avancée sur l'identité de la certaine Lumbo, je n'en étais que plus intéressée par sa personne, bien curieuse de savoir de qui il pouvait s'agir.

Je défis mes cheveux avec soin, et les attachais consciencieusement avec le ruban d'Elina, ravie de ce joli cadeau, quand la belle me proposa de partir tout de suite. Je pensais à Daio, à l'étage du dessus, qui dormait paisiblement et se doutait peu de ce qu'il trouverait à son réveil. Mon cœur balança : devais-je vraiment partir? Mais imaginer ma sœur malade suffit à faire pencher la balance, et à me convaincre de faire mon possible pour régler cela.

J'avais beau avoir bien peu dormi, je vibrai d'excitation à l'idée de rencontrer de nouvelles personnes et de partir à l'aventure. Surtout si cela pouvait venir en aide à ma famille. C'était une sensation assez étrange qui m'animait : la tristesse de quitter mon amour se mêlait à fatigue, pendant que mon envie de voyage se couplait à l'inquiétude que je portait à l'état de ma jeune sœur. Et pourtant, j'avais beau être ainsi indécise, au fond mon choix était déjà fait : je partais.

Je me doutais bien que toutes les récoltes ne pouvaient dépérir sans raison, et la saison n'ayant pas été désastreuse, il ne pouvait point s'agir de problèmes météorologiques. Quelque chose se cachait derrière tout ça, et j'étais bien décidée à découvrir quoi, et à tout arranger. Mission bien ambitieuse certes, mais la petite kender que j'étais, bien que novice dans le domaine, n'avait pas froid aux yeux quand il s'agissait d'aventure. De toute façon, mis à part le fait que la ville resterait toujours le symbole de l'amour qui me liait à Daio, je n'y étais pas attachée, et les regards hostiles d'humains racistes me dérangeaient.

Bien impatiente à l'idée de rencontrer un ami d'Elina, qui pour l'instant n'était qu'un cocon de mystère - tout comme Lumbo l'elfe- je me levais et sautillais sur place :

« Allons-y ! »

<Les rues>

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 Sujet du message: Re: Taverne du chat enroué
MessagePosté: Ven 31 Déc 2010 00:33 
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Vu de l'extérieur, la taverne avait l'air assez miteuse, mais vu de l'intérieur, ... On pouvait vraiment dire qu'elle l'était. Mais bon, je ne m'attendais pas à être servi sur des tables en ivoires et avec un verre en or.

Il y avait une assez bonne ambiance qui planait dans l'air. L'atmosphère semblait plutôt être à la détente et au plaisir, si l'on en jugeait le comportement dépravé du groupe au fond de la pièce.

Je m'approcha du comptoir pour commander une bonne bière bien fraiche et obtenir quelques renseignements.

"-Bonjour, une bière s'il vous plait."

Tout en payant, je questionna le barman sur d'éventuelles sources culturelles dans la régions, ou du moins un endroit ou je pourrais me renseigner. Mais aux vues de ses mots, les lieux culturels ne fleurissaient pas dans le coin. Bien qu'il me parla assez vaguement d'un temple dans les environs.

"-Ce temple m'a l'air pas si mal. Merci du renseignement."

Je vida ma choppe d'un trait et paya avant de sortir en direction de l'auberge.

L'auberge

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***Appelez moi Moebius, et tout ira bien.***


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 Sujet du message: Re: Taverne du chat enroué
MessagePosté: Sam 8 Jan 2011 05:46 
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Chapitre II : Bagarres et Batailles : la soirée mouvementée de deux lutins



Lutin alcoolique




< Les rues de Bouhen

Lorsque la porte de la taverne s'ouvrit, on entendit un long crissement de gonds mal huilés, suivi par le gémissement d'un lutin malchanceux resté accroché à la poignée. Ce lutin c'était moi. Au moment même où je m'étais suspendu à la poignée de la porte, un individu à l'intérieur l'avait ouverte brutalement pour sortir m'emportant ainsi dans l'élan. Je finis par lâcher prise pour aller m'étaler sur le sol boisé aux pieds de l'humain. De l'endroit où je l'observais, ce dernier ressemblait plus à une montagne de muscles qu'à un réel humain. Il émit un long rire guttural devant le ridicule de ma situation avant de quitter la pièce en enjambant sans difficultés ma pauvre carcasse lutine.

Me relevant avec l'aide de Bab, puis époussetant mes vêtements tout juste propres, je me retournai vers l'homme déjà bien loin, pour lui faire un geste obscène de la main et lui lancer :

"Gros tas de palourdes pas fraîches ! Pis de truie malpropre ! Na ! Tu peux pas t'excuser ? "

Avec un sourire, l'alchimiste m'entraîna par l'épaule vers une table au fond de la salle. Notre entrée fracassante avait attiré l'attention de la clientèle, des soldats et des marins pour la plupart. Ils fixaient les deux lutins qui venaient de les déranger dans leur tranquille soirée de beuverie alors que nous rejoignions notre table.

Loin d'être cossu, l'intérieur de la taverne était néanmoins bien entretenu et l'ambiance était joviale. Tout près de la porte, s'étendait le comptoir derrière lequel un grand homme rougeaud se tenait, essuyant un verre à l'aide d'un chiffon sale, comme tout bon tavernier qui se respecte. De l'autre côté, se trouvait une petite estrade où une poignée de ménestrels chantaient des histoires de preux chevaliers et de princesses prisonnières de méchants dragons. Le reste de la pièce était meublé de petites tables rondes occupées par les clients autour desquels virevoltaient quelques de filles de joie, vêtues de robes affriolantes aux couleurs vives.

Le temps que nous soyons parvenus à notre table et les clients retournaient déjà à leurs discussions avec leurs amis, ou avec leur verre. Les chaises étaient trop basses, ou la table trop haute, et c'est donc directement sur celle-ci que je pris place, assis en tailleur, de même que Bab, attendant que l'on nous serve. Il ne fallut que peu de temps à un jeune adolescent pour s'approcher. C'était un jeune homme d'une quinzaine d'années, qui mangeait apparemment trop (ce qui ne m'étonnait pas vu le régime hautement carnivore que les hommes entretiennent). Il arborait une épaisse tignasse rousse qui lui tombait sur les yeux et son visage était recouvert de taches de son. Il s'exprima avec un léger cheveux sur la langue :

"Bonssoir Bab ! Comment çça va ?" dit-il élevant un peu la voix pour couvrir le bruit des cithares.

"Parfaitement ! Pas mal de monde ce soir encore, n'est-ce pas ?"

"Oui. Qu'est-cce que vous prenez ?"

"Deux bières, et les meilleures, c'est ma tournée."

Sur ces banalités, le garçon s'en fut pour revenir quelques minutes plus tard avec une carafe emplie d'un liquide brun. Il sortit deux petites tasses en terre cuite de sa poche. Les deux contenants étaient hauts d'à peine quelques centimètres et étaient parfaits pour deux lutins. Apparemment, la taverne avait l'habitude d'accueillir l'alchimiste. Cette pensée dessina un sourire sur mon visage, Bab n'était vraiment pas un lutin habituel ! Ce dernier sortit deux grosses pièces de son sac et les tendit des deux mains au jeune homme qui, une fois payé, s'en retourna à ses autres clients, laissant la carafe de bière au centre de la table.

J'observai l'alcool dans la minuscule tasse en face de moi. La mousse blanche montait si haut qu'elle manquait de déborder pour aller dégouliner sur la table. Je trempai mon index dedans, c'était une sensation agréable que j'aimais bien. Mon doigt avait laissé un petit trou par lequel je pouvais apercevoir les bulles essayant de s'échapper. Esquissant un petit sourire en coin tout en fixant mon acolyte, je soufflai sur la mousse dans sa direction. L'écume blanchâtre s'envola dans les airs par petits paquets et quelques uns atterrirent sur le lutin.

Tout en ricanant tandis que l'alchimiste grommelait, j'avalai enfin une grande gorgée du breuvage. C'était frais et amer. Les bulles me chatouillèrent le palais puis vinrent me gratter la gorge lorsque j'avalai. Après un moment de silence, dont je profitai pour mieux observer les drôles de filles aux robes éclatantes qui s’asseyaient sur les genoux des clients dans un ricanement dépourvu d'intelligence, Bab ouvrit la bouche le premier, tout en sirotant sa bière.

« Alors dis-moi ce qui t'as fait venir à Bouhen. »

Je lui racontai donc la vie dans mon village natal, mes relations avec mon père, l'ennui mortel que j'éprouvais alors, tandis que j'étais coincé à la ferme, ma passion pour la mer et mon rêve de naviguer à bord d'un vaisseau. Je ne me sentais pas du tout mal à l'aise face à Bab, bien sûr, je ne pouvais pas accorder toute ma confiance à un lutin aussi mal coiffé qui ne portait même pas de bonnet, mais je me sentais tout de même d'humeur aux confidences, l'alcool que j'avais ingéré aidant certainement. Cependant, lorsque je lui retournai finalement la question, le visage du lutin se ferma.

« Je préfères ne pas en parler … C'est pas une histoire très gaie. Ce que je peux te dire, c'est que lorsque je suis arrivé ici, le vieux Chantelierre a vu en moi un fidèle serviteur facile à manipuler. Mais on n'abuse pas un lutin si facilement, hein ? Du coup, maintenant j'essaie de lui rendre la vie exécrable tout en gardant mon travail. Enfin il m'a bien rendu service tout de même, j'ai un toit et travail et je peux faire de l'alchimie tranquillement, de mon côté. »

Je souriais en pensant à la définition que Bab avait de l'alchimie : bidouiller des fioles d'alcool pour trouver la meilleure façon de finir ivre mort à la taverne. Le lutin semblait tout de même avoir du vécu et je le soupçonnais de ne pas toujours avoir eu la vie qu'il menait en ce moment. Le sujet de la discussion changea, et il ne nous fallut que peu de temps avant de finir par nous moquer tout bas des clients dans la salle. Et tandis que le chant des ménestrels continuait d'emplir la taverne, nos verres se vidaient progressivement.

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Dernière édition par Psylo le Lun 2 Mai 2011 11:59, édité 6 fois.

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 Sujet du message: Re: Taverne du chat enroué
MessagePosté: Dim 16 Jan 2011 12:02 
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Les joies d'une soirée bien arrosée ou pourquoi il ne faut jamais donner à boire à un lutin




Deux longues heures de discussion, trois carafes pleines de bière et une chanson lutine entonnée par les ménestrels, c'est ce qu'il nous fallut pour finir par danser tous deux sur la table de la taverne, chantant à tue-tête. Bras dessus, bras dessous, nous tournoyions sur la table dans une danse infernale. Nous pataugions dans les restes de bière renversée, manquant de tomber à chaque pas tellement l'alcool altérait notre sens de l'équilibre. Le reste de la clientèle nous observait avec dédain, certains, secouant la tête, ricanaient et médisaient sur la faible capacité des lutins à tenir l'alcool. J'aurais bien aimé les voir moi, après avoir ingéré presque l'équivalent de la moitié de leur poids en bière !

Sûrement agacé par tant d'agitation et plein comme un oeuf, un gros bonhomme s'approchait de nous. C'était LE stéréotype du marin : peau brunie par le soleil et l'iode, mâchoire énorme et proéminente fendue au centre par une profonde fossette, habits sales et humides de sueur, des avant-bras qui étaient deux fois plus gros que moi et une longue pipe en bois coincée entre ses lèvres pincées. Il n'avait pas l'air de nous vouloir que du bien et ses paroles nous atteignirent en même temps qu'un puissant reflux de mauvais vin.

"D'gagez d'là les asticots ! Vous m'empêcher d'cuver tranquille, pis d'abord, c'ma table !"

A ces mots, l'ivrogne perdit l'équilibre et manqua de s'écrouler, se rattrapant de justesse au rebord de la table. Le choc fit trembler cette dernière et je faillis moi aussi choir, retrouvant mon équilibre d'un mouvement de bassin improbable. Le ridicule du marin ne manqua pas de nous plonger dans un fou rire aussi incontrôlable que hors contexte. Puis retrouvant un tant soit peu mon sérieux - ce qui ne fut pas tâche aisée - je rétorquai entre deux rires :

"T'as p...pas l'air de pourvoir intimider q...quic...conque dans l'état où t'es, na !"

Je croisai les bras, droit comme un i sur la table, montrant que je n'avais pas l'intention de bouger, un large sourire aux lèvres. Cet homme ne me faisait pas peur. Je devais sûrement mon courage à mon état d'ébriété, mais je n'allais pas laisser ce grand dadais rompre l'ambiance d'une soirée si bien commencée. Mais le marin n'en avait pas convenu ainsi, vexé d'être ainsi le sujet de moqueries lutines, il fit disparaître mon rire en m'attrapant comme une vulgaire chope. Mes bras et mon buste étaient complètement coincés dans la paume de l'humain, je ne pouvais pas bouger. Je pestai contre l'ivrogne, lui ordonnant de me lâcher sur le champ, mais ce dernier ne fit que resserrer son étreinte. Sa poigne pressait contre ma vessie, augmentant l'envie pressante que le flot de bière que j'avais ingéré provoquait. Rageusement, je plantai donc mes dents dans la chair humaine qui s'offrait à moi, provoquant un cri de surprise et de douleur de la part du marin.

Je ne sus jamais quelle idée saugrenue traversa l'esprit de mon compagnon de beuverie à cet instant, mais c'est le moment qu'il choisit pour se jeter à corps perdu dans la bataille. Dans un cri qui se voulait guerrier et intimidant, il se retrouva, d'un bon impressionnant, accroché à la gorge de l'ivrogne. Ce dernier, certainement surpris par tant d'animosité de la part de deux lutins ivres relâcha légèrement son étreinte et j'en profitai pour m'extirper de là pour me retrouver sur l'avant-bras de l'humain. Paniqué d'être devenu le nouveau lieu d'escalade de deux lutins enragés, il m'attrapa de son autre main et m'envoya valser quelques mètres plus loin dans un vol plané mémorable.

J'atterris en plein dans le décolleté d'une fille de joie assise à une table proche. La poitrine généreuse et souple de la femme amortit ma chute et limita les dégâts. J'étais coincé entre ces deux seins, encore abasourdi par le coup que je venais de prendre. C'était chaud et confortable, un parfait matelas chauffant pour ivrogne venant de subir un choc. J'aurais bien aimé m'y endormir, mais ce n'était pas du goût de la jeune femme. Elle hurla et se levant, hystérique, tapota ses seins pour essayer de m'en déloger. Essayez de vous imaginer, avec une créature inconnue et ivre logée dans votre poitrine et vous pourrez vous rendre compte de l'état de la jeune femme à ce moment !

Reprenant mes esprits devant tant d'agitation, je grimpai à présent sur l'épaule de la jeune femme qui hurlait de plus belle, priant pour qu'on enlève cette "chose" d'elle. Indigné, je lui rétorquai :

"Roh ! Ça va, na ! C'est p...pas comme si j'étais lourd !"

L'homme dont s'occupait la prostituée un peu plus tôt, en voulant m'attraper d'un geste vif, gifla la pauvre femme. Ce geste valu à l'homme bien intentionné un autre coup de la part d'un ivrogne voisin. Puis un autre client, voulant défendre son ami cogna l'ivrogne, et de fil en aiguille, la gifle devint la cause d'une immense bagarre générale dans la taverne. Alors que j'étais toujours perché sur l'épaule de la femme maintenant en pleurs, j'observais le carnage que j'avais provoqué et cherchais mon compère. Je le trouvai, toujours aux prises avec le marin ivre. Il était maintenant accroché aux poils nasaux de l'homme et tirait de toutes ses forces tandis que sa victime tirait elle-même sur le pauvre lutin, augmentant ainsi la douleur infligée.

J'entrepris de le rejoindre pour lui porter secours. Je sautais d'épaule en épaule, de crâne en crâne pour me frayer un chemin parmi ce capharnaüm, passant sur la longue chevelure d'un nain instable qui fracassait la tête d'un autre avec une bouteille de rhum, puis sur le dos courbé d'un elfe bleu occupé à se faire botter les fesses. Arrivé à la hauteur des deux ivrognes lutin et humain, je bondis dans le dos de notre agresseur et agrippai une chaîne en acier qu'il portait autour du cou. La chaîne en main je sautai dans le vide, le long de son dos, dans le but de l'étrangler. Ainsi positionné, les pieds entre ses deux omoplates, je tirai de toutes mes forces sur la chaîne. Mes petits muscles de lutin ne suffisaient pas à faire vraiment mal à l'ivrogne, mais mon but était tout autre : je voulais qu'il s'occupe de moi plutôt que de l'alchimiste.

Mon action eut l'effet désiré, l'homme recula de quelques pas et laissa un moment Bab en paix pour essayer de se libérer de la chaîne qui l'étranglait. Il essayait me m'attraper, mais de là où j'étais, ses mains ne pouvaient m'atteindre. L'alchimiste lâcha les poils de nez sur lesquels il s'acharnait, et retombant sur notre table me lança tout en fouillant dans son sac :

"Tiens bon Psylo ! Faut que je retrouve quelque-chose !"

Dans un éclair de génie, le marin tira d'un coup sec sur le pendentif fixé au bout de la chaîne qui l'étranglait. Celle-ci se brisa et je fus projeté contre la nuque de l'homme. Abasourdi par le choc, je chutai sur le sol aux pieds du marin. L’atterrissage fut bien plus violent que le précédent. Dans mon état normal, je serais retombé sur mes pattes dans une pirouette élégante, tel un chat. Mais ce soir là, mon sens de l'équilibre n'était pas à son summum, aussi lorsque mes pieds touchèrent le sol en premier, mes genoux se plièrent sous le choc, puis je m'étalai de tout mon long, sur le dos, ma tête cognant violemment contre les planches de bois mitées qui servaient de plancher à la taverne.

Complètement désorienté par le choc, je me demandai longuement ce que je faisais là, qu'est ce qui m'avait poussé à m'allonger ainsi sur le sol froid de ce qui semblait être une taverne. Tout, autour de moi, était flou. Le plafond et les murs tanguaient dangereusement comme s'ils étaient faits de matière molle et qu'il dansaient au rythme d'une musique infernale. Devant mes yeux, un mur de petites lumières semblables aux étoiles d'une nuit sans nuage scintillaient. L'effet de l'alcool inhibait les douleurs que j'aurais pu ressentir à ce moment, mais je ressentais, en contrepartie, une atroce envie de rendre sur le plancher tout ce que j'avais bu et mangé ces deux derniers jours, et j'avais plus que tout, envie d'uriner.

Soudain, une grande masse sombre fit son apparition au-dessus de moi. Ma vue était si trouble que je ne pouvais distinguer quoique ce soit. J'entendis le son d'une arme tirée au clair et le scintillement d'une bougie sur le métal poli d'une lame pointée sur moi vint attirer mes yeux endoloris. Tout me revint dans un éclair de lucidité : Bab, le marin ivre, la poitrine de la prostituée, la bagarre, la nuque du marin puis la chute. Ma vue se faisait plus nette alors que je dessoûlais un peu. C'était le marin qui pointait cette arme sur moi ! Il voulait me tuer cet ivrogne ! La peur me prit au ventre, je devais agir vite si je ne voulais pas finir découpé en petits morceaux. Mais alors que je tentais de me relever aussi vite que mon état me le permettait, j'entendis un cri de surprise et la dague que tenait le marin vint se planter à quelques centimètres de mon visage. Puis se fut au tour du marin de s'étaler sur le sol, dans un fracas épouvantable.

J'étais tétanisé, écarquillant les yeux, un étrange rictus d'horreur affiché sur mon visage. Puis je soufflai, relâchant la pression lorsque je me rendis compte que j'étais hors de danger. Bab apparut près de moi, m'aidant à me remettre sur pieds. Je titubais, autant secoué par ce que je venais de vivre que par l'alcool.

"Que ... Quoi ... Tu l'as tué ?"

L'alchimiste se mit à rire. Il tenait dans sa main un mouchoir blanc trempé d'un liquide malodorant.

"Nan ... Il est juste partit faire de beaux rêves plein de jolies filles.". Il me montra le tissu qu'il tenait. "Une petite potion de ma confection à base d'alcool très pur. Une fois inhalée, elle t'envoie dans les vapes."

La situation semblait beaucoup l'amuser, il ne semblait pas se rendre compte que j'avais faillit y passer ! Quel égoïsme !

"En tout cas, merci, sans toi j'aurais fini embroché sur cette dague" dis-je en faisant un signe de tête vers la lame toujours plantée dans le plancher.

"Je ne pense pas qu'il voulait te tuer ... Juste te faire peur."

Le lutin se moquait de moi et de la peur que je montrais. Je fis une moue vexée. Autour de nous, la bataille d'ivrognes faisait encore rage dans un fracas de bois et de verre brisés. Quelques soldats, un peu plus sobres que les autres essayaient de faire régner de nouveau l'ordre dans la salle, mais en vain.

"Faut qu'on file de là avant de se faire mettre dehors, ou pire se faire tuer par un de ces abrutis."

"Attends, j'ai un petit truc à faire avant. Na !" répondis-je un sourire au coin des lèvres.

Je m'approchai du visage du marin. Sa pipe, brisée, gisait à coté de sa bouche ouverte qui émettait de longs ronflements sonores. Je plongeai ma main dans le foyer éteint, puis la retirai, elle était maintenant recouverte de cendres noires. Utilisant ma main comme pinceau je dessinai sur le visage de l'homme. Je croquai maladroitement un bleu autour de son oeil droit, une longue cicatrice difforme sur sa joue gauche et de petites moustaches ridicules au-dessus de ses lèvres. Assis à califourchon sur son cou, j'observais fièrement mon oeuvre, puis hochai la tête dans un signe de satisfaction, avant de descendre du pauvre homme.

"Voilà, maintenant, il ressemble plus à ce que j'aurais dû lui faire. Na !"

Bab était hilare et je souriais aussi, niaisement, ayant déjà oublié que j'avais frôlé la mort. Mon oeil fut attiré par le petit pendentif pendu à la chaîne brisée qui m'avait servi à étrangler l'ivrogne. Il était orné d'une pierre bleue émettant un étrange scintillement. Je touchai du doigt la pierre bleue, c'était humide et doux, agréable. J'attrapai alors le pendentif et le fourrai dans mon sac.

"Je prends un petit souvenir, il me doit bien ça !"

Bab haussa les épaules, et c'est après ces méfaits que nous quittâmes la taverne, pas vraiment dans l'état où nous l'avions trouvée, en slalomant entre les belligérants et en évitant tout coup perdu.

> Le port

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 Sujet du message: Re: Taverne du chat enroué
MessagePosté: Sam 25 Juin 2011 23:50 
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<--- Quand j'ai poussé les portes de la taverne, malgré une heure tardive, une ambiance déjantée régnait. Entre les marins ivres, les soldats jouant leur prime au dé et les bardes jouant quelques désaccords, un petit lot de bonnes femmes au décolleté plus que profond tentaient d'aguicher quelques beaux hommes aux poches bien remplis qui leur paraitront moins plus après un passage dans le vieux réduit avec l'une de ces dames à la main si leste.

Je me suis frayé un passage entre les ivrognes, les parieurs et les femmes de bonne aventure jusqu'au comptoir où j'ai hélé le tavernier :

"Tavernier ! A boire ! Une bonne mousse bien fraîche pour me requinquer d'une dure journée !"

Il allait la chercher quand il fut interrompu :

"Ajoutes-en une deuxième et mets-les sur mon compte, Rilok !"

Un homme à la cape et au chapeau sombre est alors sorti de l'ombre.

"Viens nous avons à parler !"

Il m'a mené jusqu'à une table libre assez éloigné dans un recoin du mur. Endroit tranquille pour discuter.

"Je t'ai vu", m'a-t-il simplement dit.

A ces mots, j'ai commencé à suer. Allait-il me dénoncer ? Était-il un ami du macchabée ? Ou bien un justicier solitaire ? Il a dissipé mes inquiétudes en m'annonçant :

"Ne t'inquiète pas, je ne te dénoncerai pas. Je ne dénoncerai pas un possible... disciple."
"Disciple ? Qu'entendez-vous par disciple ?"

Ce vouvoiement lui a tiré un sourire

"Inutile de me vouvoyer, je n'ai que le double de ton âge ! Et pour ce qui est du disciple, je parle de te former."
"Me former ? Mais à quel art ?"
"Comment qualifierais-tu ce que tu as fait hier soir ?"
"Je ne sais pas... Le mot vengeance me vient à l'esprit."
"Moi, je le généraliserai à liberté !"

Pendant que nous parlions, le fils du chef de l'établissement est arrivé. Mon acolyte a pris les bières et lui a glissé un pourboire et un murmure à l'oreille. J'ai pris ma boisson et j'ai commencé à la siroter. Ma vision s'est alors mit à dangereux tanguer. Ma tête m'a tourné et mes paupières sont devenues lourdes. J'ai d'abord pensé à l'alcool et puis j'ai pensé que cette dose était ridicule par rapport à celle que j'ai pu ingéré par le passé. Puis je revois mon compagnon qui prend et qui fait tomber une pastille qui se perd dans l'effervescence de mon verre. Je comprend alors que j'ai été drogué. Et pour la deuxième fois en une semaine, je sombre dans l'inconscience... --->

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 Sujet du message: Re: Taverne du chat enroué
MessagePosté: Lun 8 Oct 2012 19:51 
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La porte s'ouvrit, lentement, baignant le couloir d'une douce lueur lunaire. Quelques bruits de pas résonnèrent au loin et visiblement, se rapprochèrent. Alerte, Il alla se plaquer contre le mur. L'individu était une femme, assez grande et surtout épaisse. Son visage bouffi ne reflétait pas une grande intelligence, mais plutôt une sorte de niaiserie alimentée par le balai et le seau qu'elle tenait en main.

Elle passa sans même le remarquer et Il exprima sa surprise par une torrent de battements d'yeux incrédules. Il ne se posa cependant plus de questions et reprit alors son chemin, décidant de grimper le long du mur afin de rejoindre le parcours de poutres grillageant le plafond. Caché de tous, Il pouvait désormais progresser en toute sécurité, sans qu'on ne puisse le remarquer.

Le message qu'Il devait porter était très important et Il en était conscient. Aussi voulait-il se faire le plus discret possible afin que personne ne le remarque car au fond, Il savait très bien qu'Il n'avait rien à faire ici et que si on venait à s’apercevoir de sa présence, Il se ferait chasser, voire tuer. Après tout, des êtres tels que lui n'étaient pas tolérés dans te tels lieux.

Le voici maintenant au bout du couloir et il remercie la Grosse Dame d'avoir laissé la porte entrouverte, lui permettant de se faufiler sans le moindre bruit. Il atteignit maintenant l'escalier et dévala les marches à une vitesse impressionnante, d'un pas léger et souple, ne faisant pas le moindre bruit. Une table lui faisait face, à à peine quelques mètres. Il décida d'aller se faufiler dessous. Le but était proche et Il ne s'était toujours pas fait repérer.
Patient, la porte de l'auberge centrée dans son champ de vision et à l'abri des regards, Il guettait la moindre opportunité de rejoindre l’extérieur. Il tendit l'oreille, des échos se firent entendre.

"Pas foutue d'savoir comment faire l'ménage... Va être quatre heures... T'rien foutu... Va m'vider l'seau dehors... Et r'commence... Marre d'être entouré d'incapables..."

C'était la Grosse Dame, qui se faisait réprimander durement. Elle se dirigeant vers la porte, afin d'exécuter les ordres données par le tenancier, sans la moindre forme de contestation. Une fois celle-ci ouverte, Il ne se fit pas prier pour foncer vers le dehors. La Grosse Dame sentit quelque chose lui passer entre les jambes et quand elle reconnut la forme noire l'ayant effleurée comme étant un écureuil, le cri qu'elle poussa aurait suffit à réveiller un volcan.

Scirius venait néanmoins d'accomplir sa mission et ce sans se faire prendre. Il ne lui restait alors plus qu'à rejoindre Xytas à l'auberge de la Vieille Paulette, afin de lui remettre le message que lui avait confié Alron plus tôt dans la soirée, avant de le relâcher dans les couloirs de la Taverne du Chat Enroué.

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Xytas,Voleur,Kendran


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