Les rues de Bouhen ne sont pas des plus animées, la plupart des gens ont un air triste ou inquiet et vous entendez des bribes de conversations sur un certain problème à Kendra-Kâr. Les cultures dépérissent et le roi est dépassé. Arrive alors vers vous un bratien à étrange habillé avec une tenue qui l'est tout autant.



Son apparence n'est pas des plus rassurante avec sa crinière noire et les différents piercings qu'il porte, mais son attitude n'est en rien belliqueuse. S'arrêtant à quelques mètres de vous, il dit, sans vraiment s'adresser à personne :

"Les habitants de Kendra-Kâr prient pour un simple quignon de pain, et bien sombre est leur destin. De courageux aventuriers voudraient-ils m'accompagner, pour la population Kendranne aller sauver ?"

Malgré la fatigue de plus en plus difficile à supporter, je remarquai devant nous dans la ruelle sombre de cette nouvelle ville un homme ou plutôt un être aux formes étranges. Collée à Isulka, j'observai de la tête aux pieds cette bête poilue aux oreilles pointues et au pelage clair. Un fil de fer très fin partait de son oreille pour se raccrocher à son nez ou plutôt son museau noir. Chose plutôt étrange.

Je n'étais plus très étonnée par ses villes et vu l'épreuve que nous venions de traverser durant ce voyage, plus rien n'allait m'étonner. Une mageresse qui se transforme en renard roux, pourquoi pas un être au pelage clair qui parle ...

Son ton se portait d'une façon calme et neutre dans la soirée. Tout en s'amusant à faire des rimes, il s'adressa à nous sans vraiment le faire, mais je me sentais clairement visée par ses paroles. Pour avoir parcourue en si peu de temps autant de contrée, je pouvais bien avoir le statut d'aventurière comme maigre récompense !

L'être évoquait le peuple de Kendran qui mourait de faim, immédiatement je revis les fresques et les longues descriptions sur cette ville, désignée comme l'une des plus grandes et des plus majestueuses. Je me tournai vers ma coéquipière afin d'étudier sa réaction et me rapprocher un peu plus de son oreille afin de lui demander quelques explications.

"Tu connais cet ... chose ? C'est un des ... tiens ?"

Harassées nous nous dirigeâmes un peu à l'aveuglette il est vrai. J'avais faim, soif et sommeil. Sans compter que les rues étaient plutôt vides, si ce n'est pour les mendiants en nombre assez conséquent. Certains ne portaient que peu d'habits aussi était-il possible de voir les os pointer sous une peau sale et fripée. C'était très désagréable.

Alors que nous venions de passer un couple de vieillards immobiles sur un trottoir, probablement morts ou agonisants, une voix se fit entendre, s'exprimant en rimes. Je relevai les yeux, m'attendant à voir apparaître un ménestrel, voire plus probablement un ménestrel mendiant.

Mais non, loin de là, il s'agissait de... d'un... Enfin de quelque chose ressemblant à une tête de chien sur un corps d'homme. Je restai des plus dubitatives, fixant mollement l'être. Un instant je me rappelai de légendes, des femmes qui soi-disant se faisaient prendre par des taureaux et donnaient naissance à des hybrides. Mais avec des chiens, là c'était nouveau.

La créature finit sa tirade rythmée, nous enjoignant de l'accompagner pour sauver, dans notre grande miséricorde, les pauvres âmes touchées par la famine. Quelle idée, me parler de nourriture maintenant, alors que mon estomac faisait un concerto pour repas en cris majeurs...

Pour couronner le tout Aglaeka me posa une question révoltante.

"Non! Où tu vas chercher tout ça?!"

Je reportai alors mon attention sur l'étrange phénomène. Les gens au regard morne tout autour de nous ne semblaient même pas l'apercevoir. Étrange quand on connait la réputation de Bouhen pour sa politique raciste et xénophobe. Je pris un temps, l'homme, enfin si l'on peut lui prêter ce nom, ne disant rien. Il avait vraiment l'air à côté de ses bas de chausse le pauvre.

"Je suis sûr que vous trouverez plein d'aventuriers pour sauver plein de gens. Par contre à votre place j'irais plutôt les chercher à Oranan, ici quand on est pas... enfin quand on ressemble pas à... enfin vous êtes pas vraiment en sécurité."

Pauvre créature...

J’arrive dans les ruelles de Bouhen, j’attrape les rennes de Xéolian avant de l’enfourcher d’un simple et puissant bond. Avant même que je donne un coup de talon dans les flancs de mon fidèle destrier, je ressens quelque chose tirer sur mon pantalon. J’incline ma tête pour regarder un instant ce qui se passe et je décide de donner un grand coup pour partir au galop pour rattraper ma douce et tendre Loys. A mon grand étonnement, je vois qu’il s’agit d’une jeune fille.

Une petite humaine, à peine plus grande que Loys. Elle a des habits déchirés, un visage crasseux, des cheveux en bataille et des yeux rouges à cause de nombreuses larmes versées. Je descends de Xéolian et m’agenouille devant la petite demoiselle. Je rattraperais Loys un peu plus tard. Il est important que je m’occupe de cette petite, je ne peux pas délaisser cette âme. Je pose ma main sur son épaule et je lui demande ce qui se passe. Elle s’effondre dans mes bras complètement en larmes. Puis elle me dit :

« Un méchant monstre, nous as attaqué mon père et moi. Mon… mon père, il…il est mort. Le monstre lui a arraché la…la tête. »

Je la regarde horrifié, je ne sais pas quoi lui dire. Son père vient de se faire tuer et je n’ai aucune parole pour l’aider. Cette histoire explique l’état de la demoiselle. Je lui demande :

« Où est le monstre ? Je vais aller venger ton père. Mais pourquoi moi ? »

La fillette me regarde un instant puis me répond :

« On vous a vu combattre dans l’arène de Kendra Kar. Le monstre est dans la grotte oubliée. »

Ses dernières paroles résonnent dans ma tête. La grotte oubliée me rappelle de nombreux souvenirs et par forcément des bons. Je me rappelle de Tatard et de Larveum, deux compagnons qui m’ont suivi dans une aventure dangereuse. Le souvenir de Spike, mon écureuil qui a été sauvagement tué par un moustique géant. La rage monte en moi quand j’ai le souvenir du Felrog qui apparaît dans mon esprit. Ce monstre d’une force inimaginable pour moi à l’époque, mais maintenant je ne donnerais pas cher de sa peau.

(Je ne devrais peut-être pas surestimer mes pouvoirs et ma puissance.)

Je ressens ma rage circuler dans tout être, en pensant à cet être immonde. Je vengerais la mémoire du père de la petite ainsi que celle de Spike. Je fais monter la fille sur Xéolian et l’emmène jusque chez elle. Elle me dirige à travers le dédale de rues et ruelles de la ville avant que l’on arrive devant sa porte. Je remets mon casque, j’écris un mot et le donne à la petite. Je lui dis que je vais venger son père en mémoire de l’honneur qu’il m’a fait en venant me voir. Je frappe à la porte et enfourche rapidement ma monture et m’enfuis au galop vers la grotte oubliée.

Le jeune Lykior s'approche de vous quand Isulka lui adresse la parole et vous regarde tout les deux d'un oeil triste et désemparé.

"Il est vrai que les gens ce cette ville ne sont pas ouvert d'esprit, mais avec la famine, c'est le cadet de leurs soucis."

Son regard devient implorant et il vous dit:

"Une idée farfelue vient mon esprit envahir, forte et courageuse vous semblez être. Avec moi et mon amie voudriez vous partir? Afin que nous puissions tirer ces pauvres âmes de leur malêtre."

La créature avait l'air sombre, mélancolique même. Il est vrai que les lieux n'étaient pas des plus réjouissants, faisant passer à ce moment précis Exech pour un lieu agréable. Enfin presque. Cependant, malgré le décalage entre cet être et l'endroit il n'avait pas l'air stupide ni vraiment égaré.

Il acquiesça sur le dangereux de la situation, qui lui semblait cependant éloigné pour l'instant aux vues des problèmes qu'il prêtait aux citoyens. Sa mine se fit plus pathétique encore et c'est très sérieusement qu'il nous demanda si nous voulions bien l'aider à soulage les maux de tous ces gens.

Je restai perplexe. On m'avait proposé beaucoup de choses dans ma vie. On m'avait demandé d'ensorceler. On m'avait supplié de venger. On m'avait suggéré de tuer. On m'avait intimé de protéger. On m'avait même proposé de me faire acheter. Mais jamais on ne m'avait imploré de sauver une populace. Surtout par bonté de cœur.

"Farfelue c'est le cas de le dire. Vous avez l'air d'une bonne âme, c'est rare en ces temps. Mais des gens affamés il y en a depuis la nuit des temps, et vous pourriez passer votre vie à tenter de les nourrir que ça ne changerait pas. C'est comme ça que va le monde, les gens qui meurent ne mangent plus, cela fait plus de nourriture pour ceux qui vivent. C'est triste, mais c'est ainsi. La vie reprendra bien assez tôt et bien assez tôt la potence sera remise en service pour les personnes différentes."

Je posais les yeux sur la guerrière qui m'accompagnait. Nous avions bien de la chance: tomber en pleine disette alors que nous n'avions plus de vivres. Enfin, mieux valait ça que la peste, même la magie ne pouvait guérir la plaie des dieux.

"Oui ma belle, je n'ai pas pensé à t'en parler avant mais cette ville a une réputation sulfureuse. C'est l'une des seules où même les elfes ne peuvent pas vivre. Des fanatiques... On ferait mieux de pas trop rester dans le coin, quand les populations sont affamées d'abord elles se lamentent, puis elles s'en prennent aux étranges. Des boucs émissaires à sacrifier aux dieux c'est un classique. Pourquoi pas Kendra Kâr? Ce sera sûrement plus accueillante."

Je marquai une pause. Moi qui voulais simplement me reposer je me retrouvais à bavasser sottement dans les taudis avec un homme chien aux idéaux passés. Quelle vie...

L'être face à nous s'exprima une nouvelle fois sur le problème de nourriture qui était en train de frapper la ville. Tiraillée entre la fatigue et la curiosité naissante pour cet animal, j'écoutais d'une oreille les échanges de conversation entre la chose poilue et Isulka. Une nouvelle fois l'être étrange face à nous, nous demanda si nous voulions aider sa compagne et lui et ainsi secourir aux pauvres âmes en détresse de Kendra Kâr. Je fronçai les yeux à ces derniers mots, j'étais fatiguée, mais ma vue ne semblait pas me faire défaut et pourtant impossible d'apercevoir un être comme lui. Intriguée, je ne dis rien m'attendant certainement à voir apparaître un autre animal sur deux pattes de manière toute à fait naturel.

Comme si il était normal de croiser ce genre de choses tous les jours ...

Je ne sais quelle chose fit revenir dans mon esprit notre objectif premier. En effet, pendant que la mageresse continuait de parler avec l'animal au pelage clair, je me souvins de la mission que ma coéquipière avait su nous dénicher, notre but était de retrouver un jeune marchand.

La mageresse m'apprit que la famine était quelque chose d'horrible et que nous serions les premières cibles pour les villageois. Isulka paraissait trouver la proposait de l'être plutôt acceptable.

"Tu te rappelles qu'on avait quelque chose à retrouver ici ?"

Je me redressai un peu plus sur mes jambes avant de rajouter d'une voix lasse aux deux personnes qui m'entouraient.

"Et comment comptez-vous aider ces pauvres gens ?"

Dirigé de Pré-quête 23 Isulka et Aglaeka

" Vous avez peut-être raison, mais la famine et là et rien ne s'arrangera, car apparemment c'est un mage puissant qui est derrière tout ça. Si à l'aventure avec mon amie et moi vous décidez de partir, moult richesse le roi Kendran pourra vous offrir."

Il semble réfléchir et se gratte machinalement la tête.

"Même si c'est inutile et si cela ne change rien, je ne peux laisser les gens dans le besoin. Peut importe vos raisons, noble ou pas, si vous nous aidez le roi vous récompensera. Même s'il ne fait pas dans le sentiment, tout aventurier a besoin d'argent."

Aglaeka écouta mes propos, et lorsque j'eus fini me rappela pourquoi nous étions venues dans cette ville. Ma main frappa mon front: comment avais-je pu oublier tout cela? Mon contact récent avec la renarde qui était en moi n'y était probablement pas étranger. Toujours est-il que nous n'avions cherché aucune piste lors de notre trajet et que maintenant il faudrait faire le chemin inverse. L'idée n'était guère réjouissante.

"Oui c'est vrai... Bah, on a pas pris d'avance alors bon, on trouvera autre chose."

L'homme-chien était toujours à nos côtés, n'ayant pas jugé bon de s'éloigner alors que nous parlions en privé. Aglaeka reporta son attention sur lui et lui demanda comment il comptait sauver tous ces gens. A mon étonnement il répondit que la source des problèmes était un mage et que le roi de Kendra Kâr paierait une fortune pour qui sauverait la mise.

C'était facile. Un mage qui s'en prend aux cultures et puis quoi encore. C'était le propre de l'homme et à priori des lycanthropes que de mettre la faute sur ce qu'ils ne connaissaient pas et donc ce qu'ils craignaient. Quand les cultures n'étaient pas bonnes dans un village, qu'un enfant se noyait ou qu'un incendie se déclarait, il fallait toujours blâmer quelqu'un et ce quelqu'un était neuf fois sur dix le rebouteux du coin, quand ce n'était tout simplement pas une jeune fille un peu perdue et avec des tâches de rousseur. Et là bien sûr il y a la famine alors on pense aux mages.

C'était facile et injuste.

"Écoutez mon brave, vous n'avez pas l'air stupide, mais pourtant vous parlez comme un pécore superstitieux. Expliquez moi donc pourquoi un mage comme vous dîtes ferait ça? C'est avec ce genre de clichés que des gamines finissent au bûcher, ou que des elfes se font brûler vifs en pleine rue."

Je prie une inspiration, sentant le rouge de la colère me monter aux joues. Non je n'aimais pas les gens qui pratiquaient les arts plus que d'autres, mais je ne connaissais que trop bien le regard des paysans apeurés et endoctrinés par des prêtres zélôts, qui pour Yuimen ou Gaïa cherchaient à purger le mal partout. Partout sauf chez eux.

"Et puis vous parlez du roi, vous êtes qui? Un espion? Vous êtes trop bigarré pour un espion, et vous avez l'air altruiste. Vous êtes un prêtre? Un milicien peut-être? Dans tous les cas je vous serais extrêmement reconnaissante de ne pas ébruiter à tous vas ces racontars, quand bien même il seraient vrais. D'autres pourraient en pâtir."

Je laissai finalement un temps mort dans ma tirade. Mon regard se posa sur ma compagne, cherchant tout de même son assentiment. Je ne voulais pas qu'elle se fasse influencée par qui que ce soit. Elle n'avait pas encore eu l'occasion de côtoyer les prêcheurs et les rectifieurs de conscience, même si je la pensais suffisamment forte et intègre pour se faire sa propre opinion.

L'être face à nous répondit à ma question en parlant d'un mage qui serait à l'origine du désastre. Ce que je me doutais arriva, puisque la mageresse à mes côtés défendit son parti en expliquant que les mages avaient souvent le rôle de mouton noir dans la population. Peut être pour calmer cette atmosphère qui commençait à se dégrader, l'être au pelage clair émit qu'une récompense serait à la clé et pas émit par n'importe qui non, le roi lui-même. Encore fallait-il qu'il reconnaissance notre bonne action.

Ne préférant pas espérer quoique ce soit de vrai venant d'un être aussi étrange, je continuai d'écouter la mageresse qui demanda sans que je n'eus le temps de le faire si il était une personne importante pour se permettre de faire de telles promesses sur le roi.

La fatigue toujours aussi tenace, me faisait fermer de plus en plus les yeux. Et comme certaines de mes soeurs ont pu le voir avec l'expérience, je n'étais pas une personne très agréable lorsque je me trouvais en manque de sommeil.

"Bon et bien il faudrait savoir ce que vous êtes et ensuite au lit !"

Cela ne servait à rien de faire durer la conversation, après tout soit nous allions à Kendra Kâr et l'aider par la même occasion, soit nous allions tout simplement à Kendra Kâr. Malgré quelques images confuses qui apparaissaient, je ne vis toujours pas de femmes poilues et de très forte ressemblance avec un animal à quatre pattes ...

"Mais elle est où votre compagne ?"

Dirigé de pré-quête 23 Loys, Isulka et Aglaeka

(A Isulka et Aglaeka)

L'homme chien regarde Isulka avec une drôle d'expression, mélange d'étonnement et de peur.

"Je comprend votre réaction, mais sur moi votre ire ne devez point déverser, car tout comme vous, de fluides magiques je suis habité. Les mages de la cour eux-même en sont arrivés à cette conclusion, c'est bien un puissant mage, qui détruit les plantations. Il est vrai que souvent les manieurs de magie sont craints et mis à l'écart, mais cela n'empêche que certain sont de vrais cauchemars."

Il se retourne puis regarde Aglaeka.

"Voici l'amie dont je vous ai parlé et il semblerai qu'elle soit accompagnée. Elina est son nom et c'est un merveilleux compagnon.

Vous voyez arriver une jolie demoiselle peu vêtue, accompagné d'une jeune Kender.

(A Loys)

Vous voilà maintenant dans les rues de Bouhen et au bout de quelques seconde, Elina te montre un Lykior du doigt, ce dernier semble discuté avec deux jolies femmes.

"Voici mon compagnon, Imaro, allons le voir euh...Quel est ton nom?"

Elle s'approche alors du dénommé Imaro et lui dit:

"Je suis là!"

Dès que je me fus présentée, Elina sembla satisfaite, et ne perdant pas de temps, m'emmena dans les sombres rues de Bouhen. Je la suivis d'un pas rapide, préférant éviter de prendre trop de distance et de me retrouver à la merci d'humains mal intentionnés qui traineraient la nuit, après avoir été si inatteignable dans les bras de mon protecteur.

Elle désigna finalement du doigt un lyikor que je pus distinguer dans la pénombre, discutant avec deux humaines. Imaro. Nom dont l'étrangeté n'avait d'égal que celle de sa tenue vestimentaire et de son allure. Je ne le savais pas encore, mais je n'allais pas être déçue. Je dévisageait le lyikor à la crête noire et aux multiples chaines et vêtements en cuir sombre. Mes expériences avec les lyikors n'ayant pas été des plus agréables, j'avais un apriori des plus négatifs à son égard. Ce chien effrayant avec de la ferraille sur la figure était un ami de la si gentille Elina aux jambes interminables et au sourire adorable?

Une peu intimidée, je me dissimulai légèrement derrière Elina, puis observai tour à tour les deux humaines qui discutaient avec le bratien. La première que je vis me marqua par l'expression de son visage. Visiblement, elle était en conversation agitée avec le loup. Ses jolis cheveux roux sombre tombaient légèrement sur ses épaules. La lueur de provocation qui s'était dessinée dans son regard accentuait ses jolies courbes félines. Visiblement, mieux valait éviter de la contrarier, elle semblait avoir la détermination d'une lionne. Je remarquai l'arc dans son dos : un joli objet sur lequel était gravé des symboles que je ne comprenais pas. Était-elle archère?

La seconde humaine se tenait légèrement plus à l'écart des deux autres individus, et bien que la fatigue ou l'ennui se lise sur son visage, était loin de paraitre plus inoffensive que sa camarade. De longs cheveux sombres encadraient son visage pâle. Au vu de son allure et de son équipement, nul doute qu'elle était une guerrière.

Je sentais une certaine proximité entre les deux humaines, qu'elles n'avaient pas l'air de partager avec lyikor. Finalement, je regardai tour à tour les trois inconnus, toujours en retrait derrière Elina, un peu timide.

<ruelles>

La créature m'offrit un instant un regard de chien battu, regard qui aurait très certainement désarmé plus d'une femme. Je n'étais pas de ce genre là. Il répondit que ce n'était pas à lui que je devais dire cela, que lui aussi était un pratiquant et que le décret de la culpabilité d'un magicien avait été annoncé par d'autres magiciens, moins véreux que lui.

Il nous indiqua alors son amie qui arrivait. Je prie cependant le temps de répondre avant qu'elle ne soit à portée de voix:

"Oh je ne pratique guère la magie, ne vous méprenez pas, ce n'est pas parce que j'ai les cheveux roux et que je possède un artefact que je sais lancer des sorts. Ironique n'est-ce pas: ceux qui ne pratiquent pas la magie ont finalement plus de chance de se faire brûler, ne sachant se défendre contre une foule en colère, eux."

Je ne savais pas s'il me croirait, mais soit il était crédule et dans ce cas pas de problème, soit il ne l'était pas et comprendrait très certainement que je ne voulais pas en faire étalage. Ce n'était pas dans mes habitudes, mais vu le contexte je préférais éviter de la publicité. Et puis avec mon arc j'étais à présent suffisamment précise, je pensais, pour ne pas avoir besoin d'un sortilège pour me battre.

L'amie en question s'approcha, mon regard incrédule la dévisageant de bas en haut. Portant une tenue très courte, digne d'une estampe érotique, elle s'approchait nonchalamment. J'imaginais déjà les deux compères dans une allée sombre, l'homme chien se faisant tabasser et exécuter pendant que la fille passait entre les mains sales de la première bande venue. Surtout à Bouhen où les humains faisaient la loi: c'était extrêmement risqué quoiqu'il en dise, la famine n'avait jamais diminué la libido des sales types, loin s'en fallait.

Je ne dis rien, ne préférant pas y penser. Il est vrai qu'Aglaeka n'était pas non plus très vêtue, mais la claymore qui dépassait de son épaule suffisait généralement à calmer les ardeurs. Et puis elle avait ce regard terrifiant et glacial dès qu'un homme passait à proximité. La dite Elina ne semblait pas du tout de cet acabit, et si elle ne ressemblait pas à une pucelle elle n'était pas impressionnante pour autant.

Une fois devant nous, après avoir échangé un regard équivoque avec ma belle, je remarquai que la jeune femme était accompagnée d'une petite fille, qui ne devait même pas avoir dix ans. Comme si emmener sa gosse diminuait les chances de se faire alpaguer... D'ailleurs la gamine en question, pas laide du tout, était bardée d'équipement et habillée comme une adulte. En modèle réduit. Si ce n'était pour son visage juvénile et ses cheveux trop bien peignés, cela porterait à confusion.

En tout cas l'homme chien ne semblait pas être le père, même s'il faudrait attendre la pleine lune pour être sûre. Je retournai mon attention vers celui-ci, et lui reposai la question à laquelle il ne m'avait point répondu, par oubli ou repli rhétorique:

"Vous ne m'avez toujours pas dit qui vous étiez. Avec femme et enfant, l'idée de l'espion s'éloigne, ou alors votre couverture est pas si mal en fin de compte. Enfin en tout cas j'ai un conseil à vous donner, gratuitement une fois n'est pas coutume: disparaissez de cette ville au plus tôt. Je n'aimerais pas qu'il vous arrive malheur, à vous et votre... généreuse amie."

Puis m'adressant à Aglaeka:

"Et qu'en penses-tu ma belle? J'ai bien peur que nous ne devrions pas trainer non plus. Le temps de prendre un bain, du repos et un repas, s'ils en ont encore..."

Après mes quelques interrogations quant aux compagnons de l'animal poilu, deux personnages arrivèrent d'un pas presque nonchalant en notre direction. La première personne qui ma frappa était une femme très dévêtue et portant plus des habits de fille de joie que de joyeuse aventurière. Le regard presque mauvais par rapport à cette femme, je tournai un peu plus mon regard et entraperçue un petit être. Une jeune fille aux boucles blondes se tenait derrière la femme qui se sur exposait. Mon regard s'adoucit et j'eus presque envie de l'arracher de cette femme qui pouvait être sa mère.

Cette femme était peut-être de la race supérieure, je n'arrivais néanmoins pas a enlever le dégoût et la peine pour les femmes qui pratiquaient cette activité taboue dans la Sororité. Entraînait-elle par la même occasion sa fille ou tout du moins sa protégée ?

Tout ce qui suivit se déroula sous mes yeux sans que je n'y prête vraiment attention, en effet, Isulka continuait de parler de façon très forte avec l'être particulier. Mais je n'étais que trop obnubilée par la jeune fille qui devait avoir perdue sa mère. En effet, j'avais beaucoup trop de mal à croire que cette femme aux allures d'une femme de rue pouvait être sa mère ou tout du moins la personne qui s'occupait d'elle. De plus, l'animal n'avait pas mentionné le lien de famille entre les deux nouvelles arrivantes.

Aucun doute, je devais sauver cette jeune fille ! Mais peu à peu la fatigue se faisait de plus en plus forte et je voyais de moins en moins l'intérêt de parlementer encore et toujours. Je me délogeai doucement du bras de la mageresse et partis en direction de ce qui me paraissait encore être une auberge.

"Isulka ... et petite fille, viens." Ma voix voulait se faire extrêmement douce, mais la fatigue est la tonalité la plus dominante.

Je n'avais aucune force de demander les noms, peut être demain ... D'un pas maladroit, je pénétrai dans l'enceinte éclairée quelques lumières artificielles.

Imaro semble désolé d'avoir omit de répondre à la question d'Isulka et prenant un air de...chien battu, il daigne lui répondre.

" En effet un espion je ne suis pas, mais un simple ménestrel et sa flûte de bois. Avec mes amis je voyages et j'aide autrui et malgré mon apparence, des compagnons nous sommes venu chercher ici. Si de nous accompagner vous acceptez, nous vous attendrons aux portes de la ville une fois le jour levé."

C'est au tour d'Elina de prendre la parole et de s'adresser à Loys.

"Tu peux aller dormir avec elle ou avec nous, c'est comme tu veux Loys, même si je doute que tu veuille retourner voir le Shaakt qui est à l'origine de tes larmes."