Eva sortit rapidement de la boutique magique. Pressant le pas, elle se dirigea vers l'auberge indiquée un peu plus tôt par le marchand. Les rues étaient pratiquement vides à l’exception de quelques personnes, couchées contre les façades des maisons.
Elle passa par la place, déserte. Alors qu'elle traversait cette dernière, une main lui agrippa fermement l'épaule. Elle se retourna et fit face à un humain ayant à peu après la quarantaine, une barbe mal rasée. Malgré l'obscurité, Eva arriva à discerner ses habits, c'est-à-dire des haillons troués de partout. Il puait l’alcool et la crasse.
"B'soir" dit l'homme avec une voix qui laissa paraître son état d'ébriété.
La demi-elfe se dégagea de son emprise et recula légèrement.
"Vous êtes ?" demanda-t-elle, un semblant de peur dans la voix.
"Viens par là ma poulette. J'ai b'soin de plaisir moi."Heu ... Je crois que vous vous êtes trompé de personne, je ne suis pas une ..." Mais Eva n'eut pas le temps de terminer sa phrase, l'homme lui prit l'épaule droite pour qu'elle ne s'échappe pas. La demi-elfe se fit violence et se dégagea une fois de plus. Elle ne perdit pas une seconde, s'élançant vers l'autre bout de la place, vers l'auberge.
L'homme mit un moment à réagir, le cerveau embrumé par l'alcool. Il courut donc après Eva, la rattrapant-t-en bien que mal. En effet, cette dernière n'était pas très athlétique ... Elle déboucha sur un cul-de-sac ... Elle ne connaissait pas du tout la ville et la présence de l'homme avait fait naître en elle un sentiment de peur plutôt inhabituelle.
Se retournant, l'homme se tenant à une dizaine de mètres d'elle, elle sortit de sa sacoche son orbe de glace.
(Bon eh bien s'il insiste ...) se désola-t-elle intérieurement, refusant catégoriquement de faire du mal à quiconque.
"Ah ! Alors, on a peur de moi ?" questionna l'homme en continuant de se rapprocher d'elle avec un pas lourd.
"Ne me forçait pas à vous faire du mal !" cria Eva sans trop d'espoir.
"Si tu te laisse faire tout iras bien." répondit l'homme qui devait maintenant être à au moins cinq mètres.
Eva n'attendit rien d'autre, elle tendit les bras et croisa ses mains, la droite devant. L'orbe était dans cette dernière. Une étrange lueur sortait d'elle, l'entourant d'un bleu de glace. La demi-elfe respira profondément.
(Bon eh bien puisque c'est comme ça !) pensa-t-elle en fermant les yeux, concentré.
À la vue de l'orbe, l'homme s'était arrêté, admirant la lueur, tel un imbécile.
Une nuée bleue glacée se propagea tout autour d'Eva, l'entourant complètement.
Un froid glacial s'installa, l'énergie s'accumulant petit à petit dans ses paumes.
"Tu as fini ton spectacle ma belle ? On peut passer aux choses sérieuses ?" demanda l'homme, toujours en train de la regarder.
Eva était prête. Maintenant entourée d'un véritable nuage bleu, elle avait accumulé le maximum de puissance magique. Tout à coup, elle laissa partir toute son énergie vers l'homme. Une multitude de pics de glaces d'environ cinquante centimètres se formèrent à partir de ses paumes et partir à une vitesse fulgurante vers l'homme. Un se ficha dans sa poitrine, un autre dans sa cuisse droite. Les autres pics passèrent à côté de lui, terminant leurs courses au bout de la ruelle. Eva abaissa les bras, la lueur présente autour d'elle faiblit pour finalement disparaître. Elle rangea son orbe dans sa sacoche et détala, esquiva l'homme qui était tombé, à genoux. Il tirait comme un forcené sur le pic fiché dans sa poitrine, espérant l'enlever et repartir à la poursuite d'Eva.
(Bon, il ne va peut-être pas mourir mais au moins il me laissera tranquille un bon moment ! )Sortant de la ruelle, deux hommes faisaient maintenant face à Eva.
(Mais ce n'est pas possible ! Et puis je n'ai plus d'énergie moi ...)"Alors comme ça on ne se laisse pas faire ?" demanda l'un des deux hommes.
Ils devaient avoir le même âge que l'ivrogne vu un peu plus tôt. La même dégaine mal assurée, l'haleine chargée par une odeur de bière. Ils étaient eux aussi mal habillés, puants les ordures.
"Ce n'est pas gentil. En plus c'était un de nos amis !" s'exclama l'homme.
Eva voulut fuir mais l'un des deux hommes la ceintura. L'autre l’assomma avec un objet dur, surement une pierre.