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 Sujet du message: Re: La Laide-Les-Maines (Joueuse : Silmeria, v=x3)
MessagePosté: Jeu 3 Nov 2011 19:47 
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Localisation: Au bureau de recrutement de la Confrérie d'Outremer à Tulorim
La petite lui dit ce qu’elle pensait d’Heartless, même si elle ne le connaissait pas encore très bien. Mais elle aussi avait perçu l’aura qui englobait le pirate, qui attirait les gens auprès de lui, come une lampe attire les papillons. Puis elle avoua être entré dans l’équipage sur un coup de tête, et qu’elle ne connaissait pas encore l’équipage. Après quelques secondes, elle dévoila ce qu’elle pensait vraiment de leur capitaine. Capable du pire comme du meilleur, de les mettre six pieds sous terre, ou de les emmener au sommet du monde. Cette Ambre était intelligente, capable de déceler une personnalité en seulement quelques jours. Intéressant, lui qu’il prenait tous les Sinaris pour des gens espiègles. Apparemment, ils possédaient d’autres qualités. Nark était bien curieux de les découvrir.

La semi-femme sortit un petit tube de bois de sa poche, que le guerrier reconnut comme une flûte, un petit objet de musique. Ambre lui révéla qu’elle avait le vertige, ce qui n’avait aucun rapport, puis l’encouragea à montrer ses talents et peut-être pourrait-elle écrire une chanson.

« Ne t’inquiète pas, Ambre, je vais t’éblouir. »

Il se leva, dégaina une rapière, prit un bout de papier, le lança dans les airs et abattit sa lame sur sa cible. Mais cette dernière ne se coupa pas.

Il se tourna vers la hobbit, puis lui dit quelques mots.

« Tu vois, la qualité d’un sabreur ne se résume à savoir couper tout ce qu’il touche, mais à trancher ce qu’il désire ou non. Retiens bien ça »

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Nark, enchanteur de niveau 6, à la recherche de son passé perdu.


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 Sujet du message: Re: La Laide-Les-Maines (Joueuse : Silmeria, v=x3)
MessagePosté: Sam 11 Fév 2012 14:04 
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Je monte sur le bateau et observe un peu mon moyen de transport. L'admiration pour les navires n'est pourtant pas mon truc, mais je dois admettre que, vu du pont, j'ai l'air de me trouver sur un navire de qualité, bien qu'il semble avoir besoin de quelque réparations par-ci par-là, mais je n'y vois que la preuve du fait qu'il ait déjà servi, et qu'au moins ce n'est pas le premier voyage de son équipage. Je ne sais pas encore où sont mes quartiers, et je n'ai pas le temps d'aller inspecter le navire, ni ne m'en sens l'envie, connaissait la médiocrité de mon sens de l'orientation. Je m'accoude alors au bord du bateau situé à l'opposé du port, tournant mon regard vers l'océan qui nous servira de route au cours des jours suivants.

(Ais-je pensé « nous » ? C'est assez étrange que je sois pris d'intérêt dans un groupe que je n'ai fait qu'insulter à l'instant présent. Peut être viendrais-je à les considérer comme mes compagnons eux aussi après le voyage ? Peut être passerons nous un bon moment ensemble ? La troupe d'O'nean a fini par m'accepter, pourquoi ce groupe ne le ferait-il pas ? Bien évidemment nous avons commencé en meilleur terme, et il n'y a pas Ilryen sur ce navire, mais je suis sûr que je m'y ferais.)

Je souris et je quitte la vision de cette étendue bleue, et après avoir surmonté ma timidité et demandé à un marin où se trouvait les quartiers de l'équipage, je m'y retire, et me prépare à prendre un sommeil dont j'ai bien besoin.

Trois jours s'écoulent lentement avant notre départ, je m'en servis pour explorer le navire, en apprendre au mieux la structure, et surtout à m'habituer au tangage, qui me tortura les boyaux, les deux premières journées, dès que je n'avais pas un regard tourné vers l'extérieur. Mais sinon l'ennui fut ce qui caractérisa le mieux ces journées. Et voir les autres travailler durement sur le navire ne fut pas pour atténuer cette sensation. J'appris à reconnaître certaines tête par le fait qu'elle dénotent avec le reste. Bien évidemment Heartless en faisait partie, de même que cette énorme loup noir anthropomorphe dénommé Furim, ainsi qu'une sinari appelé Ambre. Même eux, pourtant nouveaux ici aussi dans le cas de Furim, et n'ayant pas l'air tant occupées, semblent moins minés par l'ennui que moi, et je pris un peu de temps à étudier les différentes tâches du navires qui sont réservés aux marins, analysant mes capacités, et où elles sauraient être le mieux employées, mais aucune tâche particulière ne me sembla taillée pour moi, et de toute façon, je ne pouvais m'incruster ainsi dans un groupe de travail sans avoir préparé et annoncé la chose. Je décidai donc de rendre visite au capitaine et de lui exposer mon problème. Il se trouve sur le pont supérieur, non loin de la barre, et son regard fait l'aller retour entre son bras et l'océan, alors qu'il est assis nonchalamment sur le bord de son navire. J'éclaircis un peu ma voix, et m'adresse à lui.

« Euh, capitaine, j'aimerais me faire pardonner pour les paroles qui m'ont échappés avant d'embarquer sur votre navire, prononcées sous le coup de la fatigue, et je sais que je ne suis qu'un passager sur votre vaisseau, mais je souhaiterais me rendre utile. N'y a t-il pas un poste adapté à mes compétence que je pourrais tenir ici pour vous aider ? »

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Dernière édition par Tal'Aer le Sam 18 Fév 2012 13:06, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La Laide-Les-Maines (Joueuse : Silmeria, v=x3)
MessagePosté: Mar 14 Fév 2012 22:42 
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Premier jour de voyage, il était midi, heure battante. Les nouveaux membres d'équipage devaient encore ressentir un léger mal de mer, mais il ne se plaignaient pas trop de leurs quartiers. Heartless, seul, assis sur le pont supérieur, jouant avec les restes osseux d'une cuisse de poulet entamée. Son tricorne, volé à Von Klaash, tanguait au rythme de la barre, il n'aimait pas le mettre. Heartless pensait qu'un capitaine digne de ce nom ne devait pas être reconnaissable par ses vêtements, mais par son allure, le charisme qu'il dégageait. Il était soucieux de son influence sur ses hommes, peut-être car il avait fini par s'attacher au sentiment rassurant d'être accompagné, soutenu, lui qui était jusqu'alors un délirant solitaire ne se distinguant que par les notes non-payées qu'il accumulait dans tous les bistrots de Tulorim. Une intervention soudaine du jeune "colis", Tal'Aer, interrompit le flot de ses pensées. Le jeune homme fit mine de s'excuser en prenant un air gêné, puis volontaire.

- Euh, capitaine, j'aimerais me faire pardonner pour les paroles qui m'ont échappés avant d'embarquer sur votre navire, prononcées sous le coup de la fatigue, et je sais que je ne suis qu'un passager sur votre vaisseau, mais je souhaiterais me rendre utile. N'y a t-il pas un poste adapté à mes compétences que je pourrais tenir ici pour vous aider ?

Un sourire en coin, presque sadique, orna le visage du borgne qui ne prêta pas son regard au mage novice. Dans l'ombre d'une voile, il le taquina :

- Et c'est quoi tes "compétences", au juste ? Ramène toi.

Sirius se releva et descendit les marches pour se retrouver au centre du navire, autour duquel s'affairaient encore quelques hommes d'équipage. Il fit signe à Tal'Aer de le suivre et lui demanda de se placer bien devant lui, au point qu'ils dominèrent tous deux la grille de fer au-dessus des entrepôts. Se frottant la main droite, il s'avança lentement d'un pas intimidant vers le mousse en devenir :

- Des excuses, tu dis...

Aussitôt, le rusé lui infligea une violente gifle traître sur la joue gauche, qui fit tituber Tal'Aer pris par surprise, suivie par une bousculade qui le fit tomber en arrière. C'était l'une des rares fois lors desquelles Heartless démontrait volontairement qu'il avait des bras musclés dissimulés sous son manteau de capitaine. Alors que le frêle infortuné se relevait, Sirius lui fit la leçon avec un air de supériorité. Il se disait que, lorsque ce petit idiot arrogant rentrerait à Oranan, il raconterait à tous à quel point Heartless était un homme "juste et impitoyable", car il était aussi préoccupé par sa renommée.

- ... quand on est un homme, on ne s'excuse pas. Au lieu de faire des courbettes devant moi, tu devrais plutôt me faire face, assumer les conséquences de tes actes et rester digne et fier jusqu'au bout. Ici, on est pas des magiciennes octogénaires en mal de respect, on est des hommes qui s'affranchissent des contraintes d'une vie minable de bureau. Des hommes d'action, des femmes aussi, d'aventure ! Alors, c'est quoi tes compétences ? T'es un diplomate, c'est ça ? Une danseuse ? Tu veux me lécher les pieds où m'en mettre une ? Tu veux me cogner ? Vas-y, frappe-moi ! Les lopettes, moi, j'les jette par dessus bord, n'est-ce pas Furim ?

Il fit un regard complice à son féroce compagnon poilu avant de pointer énergiquement son menton, défiant de l’œil l'adolescent insulté. Intérieurement, il serrait les dents, il ne connaissait pas assez le garçon pour savoir si, et avec quelle force, il allait répliquer.

- Allez, Tal'Aer ! Frappe-moi si t'es un homme !

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 Sujet du message: Re: La Laide-Les-Maines (Joueuse : Silmeria, v=x3)
MessagePosté: Ven 17 Fév 2012 17:18 
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Dès sa réponse je suis le capitaine docilement, jusqu'au centre du navire, au milieu de toute la bande, puis alors que celui-ci avance vers moi en se frottant les mains, je pressens déjà son discours. Je sentis à peine sa gifle qu'il me forçait à terre d'une poussée. La douleur se répand autant dans ma joue que dans mes coudes qui ont amorti ma chute sur le pont du navire. Le mot « trahison » me déchire instantanément l'esprit, et je sens la colère monter en moi. Mes yeux s'embuent, et je laisse s'échapper une larme. Est-elle de rage ou de douleur ? Je n'en suis pas sûr pas moi même, tout ce que je sais, c'est que ce fils de chien devant moi mérite la raclée de sa vie. Je ne songe même pas au fait que les regards sont tournés vers moi, et que ce bateau est le sien, où plutôt je n'y vois qu'un public venu assister à mon humiliation, ce qui augmente mon envie de frapper Heartless en pleine tête de toute ma puissance, sans même avoir recours à la magie, pour que ma vengeance soit complète. Une petite voix dans ma tête me dit de m'arrêter, mais ma raison ne peut endiguer le flot de rage qui m'habite, heureusement arrive t-il à le contenir le léger temps qu'il m'est nécessaire pour réfléchir. Mon poing fermé se stoppe donc sur le menton du pirate, sans force, alors que je met fin à mon cri, et reste dans cette posture, dévoilant un sourire que personne ne comprendrait.

Dans mes alentours, la tension est électrique, je le sens, tous se demandent pourquoi j'ai arrêté mon geste. Ils pensent sans doute que je suis un lâche, et ils ont raison dans une certaines mesures. Ma colère n'est que contenue momentanément elle aussi, et son torrent ne se calmera pas ainsi, il me faudra le frapper, mais je pense avoir compris cet homme en face de moi dont j'accentue forcement le titre lorsque je le prononce.

« Non ! Je ne ferais pas ça ! Après tout, capitaine, ce que vous voulez voir, c'est mes capacités, mes compétences, avez vous dit ? »

Je n'ai pas su contrôler ma voix qui contenait toujours mes intentions, mais ce n'est pas grave, la scène était de toute façon depuis un moment figée, et seule moi mettrait fin à ce manque de mobilité. Je change de façon soudaine ma position, me mettant d'un simple déplacement rapide de jambe sur le flanc de mon convoyeur, et mon avant bras venant barrer sa poitrine. J'enclenche alors mon pouvoir, et force la pression du vent sur mon bras, lui donnant amplement plus de puissance alors que celui-ci se détends soudainement, jetant Heartless au sol. J'ai fortement modéré mon pouvoir, mon but n'étant pas de le blesser, ni de me le mettre à dos, mais de lui faire comprendre que je ne suis pas un gamin sans défense, et que j'ai des moyens de répliquer. Il heurte le sol avec un bruit sourd, et je lui tourne un court instant le dos, exhalant un long soupir destiné à expulser hors de moi ce que mon coup n'avait réussi à soulager, puis je me retourne vers le capitaine en train d'enlever la poussière du pont avec sa tenue et je lui impose le fait que mon bras, endolori par un choc plus violent que ce que j'avais prévu, peut l'aider à se relever.

« Maintenant que vous avez vu une fraction de ce que je suis capable de faire, pourrait on revenir à la question principale ? Ah et oui, je suis pas du genre à ne pas assumer mes actes, mais je sais regretter mes erreurs, après tout, seuls les idiots ne changent jamais d'avis ! D'ailleurs j'ose supposer que vous n'en êtes pas un. »

J'attends la réaction de cet homme à qui je tends la main, avec un visage que j'espère neutre, bien qu'il puisse toujours être marqué par une certaine froideur que j'essaye d'éliminer. Je réalise que je suis sans doute aller trop loin, mais sa posture précédente indiquait clairement qu'il ne s'attendait pas à une réponse pacifiste, et puis c'est un pirate, il a ses raisons que la raison ignore !

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 Sujet du message: Re: La Laide-Les-Maines (Joueuse : Silmeria, v=x3)
MessagePosté: Lun 27 Fév 2012 00:23 
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Tal'Aer retomba violemment sur ses coudes, avant de se laisser envahir par un sentiment ignoble mêlant l'orgueil à la haine. Une larme brûlante coula sur son visage. Il retira sa main de sa joue endolorie et se releva comme on hisse la grand-voile, dans un mouvement ininterrompu malgré la douleur de sa chute. Il se rua vers Heartless qui ne songeait pas à se défendre, et interrompit un coup de poing vengeur avant qu'il n'atteigne son menton. Le regard foudroyant et intense du jeune plein de fierté brisée confronta l’œil malicieux du borgne, un sourire se perdit sur les lèvres du gamin, que le capitaine lui rendit avec un haussement de sourcil. Cependant, Heartless était fasciné par les yeux flamboyants de Tal'Aer, il se demanda si ça n'avait pas été, dans un passé pas si lointain, le même regard qu'il infligea au redoutable Von Klaash, désireux de s'en prendre à plus fort que soi. Autour d'eux, un brouhaha discret s'installa, l'équipage confus s'attendait à un combat, peu avaient compris que c'était d'abord un test. Dans une voix encore rauquée par sa colère, le jeune homme répondit par le verbe au défi :

- Non ! Je ne ferais pas ça ! Après tout, capitaine, ce que vous voulez voir, c'est mes capacités, mes compétences, avez vous dit ?

La suite, Heartless ne l'avait pas prévue. Dans un mouvement félin et contrôlé, Tal'Aer passa sous son bras et le retint par la poitrine. La simple vue du gant qui se chargeait d'énergie magique provoqua chez Heartless une intense montée d'adrénaline, son visage se déforma, entre la surprise et la peur, et il n'eut pas encore bougé qu'une violente rafale le projeta à l'autre bout du navire. Le corps tendu et vibrant d'Heartless se mit donc à patauger entre les cornichons et les tomates, et il ne savait plus où donner de la tête, tellement cette sale petite teigne l'avait pris de court. Le gant de fer cessa d'onduler et Tal'Aer s'avança pour tendre une main rédemptrice à Sirius.

- Maintenant que vous avez vu une fraction de ce que je suis capable de faire, pourrait on revenir à la question principale ? Ah et oui, je suis pas du genre à ne pas assumer mes actes, mais je sais regretter mes erreurs, après tout, seuls les idiots ne changent jamais d'avis ! D'ailleurs j'ose supposer que vous n'en êtes pas un.

Ayant retrouvé ses esprits ainsi que sa fierté, Heartless écarta d'un revers de la main le bras de Tal'Aer et se releva péniblement par lui-même, refusant cinq proposition similaires de ses marins. Il pesta intimement contre le freluquet et appela Eliwin pour lui demander secrètement dans quel domaine il manquait des homme. Après un court entretien, Sirius, légèrement boiteux, parla à l'apprenti mage :

- Mage de vent hein ? Suis moi, pas d'entourloupe cette fois-ci.

Il remonta l'escalier de bois tout en enlevant de sa chemise les aliments écrasés et se plaça devant la barre de gouverne. Il suça son auriculaire et le leva au-dessus de sa tête avant de l'essuyer sur son pantalon. Il lui exposa son idée sur un ton d'ordre :

- Tu dois le sentir mieux que moi, hein ? Le vent... C'est essentiel en navigation. A partir de maintenant, tu prendras ma place au gouvernail et tu donneras des indications aux matelots pour leurs manœuvres. Nous sommes trop près du vent. Pour qu'on arrive dans les temps à Oranan, on doit lourvoyer, tu comprends ? J'imagine que non. Pour faire simple, on doit avancer en zig-zag pour ne pas se retrouver face au vent, sinon quoi on serait incapables d'avancer. Ton rôle sera de tenir la barre et prévoir les mouvements du vent pour permettre à mes gars de bien manœuvrer les voiles, pour qu'ensuite tu effectue le virage. Eliwin t'expliquera ça mieux que moi.

Il laissa Tal'Aer se placer devant la barre franche et fit un signe de la tête à son compagnon, expert en navigation. Eliwin ne doutait pas franchement des compétences de son chef, mais il était surpris tout de même par ses connaissances en la matière. Il l'aborda d'un air presque moqueur :

- Bravo ! Où as-tu appris tout ça ?

Heartless fut frappé d'un léger silence. Il regarda le jeune garçon par-dessus son épaule, et il pensa à sa première traversée de la mer en compagnie de Gallion Thunderhead. Lui, jeune chiot inexpérimenté aux rêveries dangereuses, écoutant les conseils d'un vieux loup de mer. Ironie du sort, cet homme qui lui en avait tant appris en quelques jours était celui qu'il pourchassait, pour une raison qui lui était encore obscure. Il ne savait si il voulait retrouver Gorilla juste par vengeance ou pour retrouver cette sorte de "père spirituel", qui lui avait donné la possibilité d'accomplir le rêve qu'il était en train de vivre. Sirius était davantage taraudé par le pourquoi de cette soudaine trahison, il n'avait aucune idée des réelles motivations du titan à la barbe de marbre. Le regard d'Heartless revint vers Eliwin, il baissa ensuite la tête, penseur, et marcha à côté de lui sans dire un mot, ce qui agaça l'homme au crâne rasé qui n'y comprenait goutte.

- Hé ? Tu n'veux pas me le dire ?

- ... C'est Thunderhead qui m'a appris ça. Va aider le gamin maintenant.


Aussitôt il s'écarta et revint dans sa cabine en se tenant la fesse, laissant un Eliwin passablement médusé donner des instructions précises à son nouveau protégé.
La porte de la loge du capitaine s'ouvrit sur Mazhui, assis sur un fauteuil inconfortable, recroquevillé sur un manuscrit, une plume à la main. Appuyé contre une tablette de bois, le papier souffrait la poésie et la philosophie d'un homme de lettres absorbé par l'écriture, il ne lui prenait guère longtemps pour changer de page et reprendre sa rédaction là où il l'avait arrêté à la précédente. Son flot d'inspiration fut dérangé par une question d'Heartless fraîchement installé sur son hamac, inspectant et triant ses lames par leur taille et par leur état parfois peu enviable.

- Tu écris ?

- Oui, j'écris.
répondit sobrement l'écrivain.

Mazhui avait le torse nu, son corps ne brillait pas par sa musculature, mais au contraire, par sa finesse, sa fragilité. On devinait à sa silhouette qu'il n'avait jamais combattu de sa vie, tout du moins, pas aussi intensément que le faisait Heartless, ce querelleur. Mais le plus marquant était ce bandage qui entourait sa taille et entourait son épaule gauche. Une zone entre la mamelle gauche et le nombril était encore teintée de noir, du sang séché qu'il avait versé en protégeant l'humoran N'Kpa d'un assaut de Von Klaash. Son état inquiétait Sirius, mais l'homme, aussi frêle soit-il dans son âge, était capable de supporter cette cicatrice :

- Comment va ta blessure ?

Mazhui interrompit son écriture et se tint le flanc gauche, comme si il venait de se rappeler que celle-ci le lançait, parfois. Il devait être complètement absorbé par son écriture qu'il en avait oublié la douleur.

- Elle va bien, ça s'arrange de jour en jour, merci de t'inquiéter pour moi.

L'homme à la fine barbe de jais releva la tête et adressa un sourire farceur à son ami, pour lui faire savoir qu'il ne lui en voulait pas pour ses mésaventures.

- Enfin... Je ne compte pas faire ça tous les jours, n'est-ce pas ?

Sirius gloussa alors qu'il polissait du doigt un couteau tordu et s'en servait pour graver des insultes sur son brassard, peut-être en prévision d'un futur discours.

- Ouais, t'as raison.

Le sourire du borgne faiblit lentement, puis il se tourna sur son hamac en direction de Mazhui qui venait de reprendre son œuvre, curieux, Heartless lui demanda :

- Qu'écris-tu ?

- L’Histoire.

- L'Histoire ?

- Oui, notre histoire. Nos chroniques, si cela te sied en mieux. Je me sentirais mal de taire nos joyeux batifolages aux yeux du monde. Je pense que notre histoire vaut la peine d'être racontée, qu'elle prendra de la valeur un jour. Et si tu veux mon sage avis, j'aimerais me souvenir aussi longtemps que possible de cette enivrante expérience. Au détour d'une bibliothèque, je crois avoir vu des livres relatant des exploits cruels de Von Klaash, alors pourquoi nous, qui l'avons vaincu et volé son navire, devrions-nous nous abstenir d'éterniser notre aventure sur du papyrus ?


- Tu as encore raison, ça se tient. Mais si tu veux mon avis, on ne le mérite pas, pas encore. Un jour, on le méritera et nos péripéties seront connues de tous.

- Alors j'écris en prévision de ce jour qui viendra.

- Fais donc, fais donc !


Les deux hommes retournèrent à leur besogne. Heartless se réjouissait intérieurement de cette initiative, il n'était pas le seul à y croire. Le navire se mit à tanguer de plus en plus rapidement, par intervalles, jusqu'à faire tomber une des plumes usées de Mazhui qui s'interrogea :

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Sûrement notre paquet, le p'tit mage. J'lui ai confié la barre.

- Pourquoi cela ? Un excès de confiance ?

- Ne t'y trompe pas, vieux, c'est juste pour l'occuper. Tu sais, à son âge, tous les hommes rêvent de tenir la barre d'un navire pirate. Et puis on arrivera à Oranan dans un peu moins de deux jours, il ne coulera pas le navire d'ici-là avec Crane-d’œuf pour le surveiller.


Il acheva avec un geste de la main droite. Remarquant que l'inquiétante Marque Noire y était toujours, Mazhui fit part à Sirius de ses angoisses concernant une éventuelle malédiction :



- Tu as toujours cette tache ?

- Oui, apparemment ce n'est pas à Exech que je trouverais un exorciste compétent. La mer est calme, pas besoin de se faire du mouron.


Ayant achevé sa partie d'écriture, l'homme sagace se leva de son siège et enferma le manuscrit dans un étui de bois qu'il rangea dans l'armoire du capitaine. Il en sortit en contrepartie un gant ayant appartenu à Von Klaash et le jeta au borgne.

- Sers-t-en pour le cacher à tes hommes. Le folklore lié à cette tache pourrait les décourager.

- Décidément tu es béni de raison, mon vieux.
s'exclama le capitaine tout en recouvrant le funeste présage du gant de cuir.

Toutefois, avant d'avoir complètement recouvert la marque, celle-ci se modela encore en une énigmatique strophe versaïque :

Profite bien de l'air et de la mer salée
Bientôt la givre mordra tes côtes gelées


Un frisson de stupeur parcourut un bref instant l'échine du pirate qui recouvrit avec frayeur les vers de ses doigts. La tache redevint une mer d'ébène au creux de sa main. Le tangage continua de plus belle...

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 Sujet du message: Re: La Laide-Les-Maines (Joueuse : Silmeria, v=x3)
MessagePosté: Mer 29 Fév 2012 14:17 
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Je me sens assez mal pendant un instant quand cet homme refuse ma main tendue et essuie les restes de nourritures écrasés de sa chemise. Je remarque que mon coup a forcé chez lui un léger boitement, et je suppose que je suis allée trop loin. Ma colère a, toute entière, disparue, et ne subsiste en moi que ce malaise, surtout que le capitaine semble être légèrement énervé, visiblement il s'attendait à ce que je le frappe, pas que j'utilise mes pouvoirs, ni même que ceux-ci puisse le faire voler dans une inconfortable position sous les yeux de ses hommes. Il appela d'ailleurs l'un d'entre eux, Eliwin, enfin il me semble que c'est ce que j'ai entendue. Je n'arrive pas à saisir un mot de la courte conversation qu'ils tiennent un instant avant de se retourner vers moi. Je n'ai pas eu le temps de lui demander en quoi constituait cette conversation, mais cela me semblait de toute façon déplacé d'agir ainsi. Et puis je me doutais bien que j'étais au cœur de cette discussion. Heartless me fait signe et par la voix et par le geste de le rejoindre sur le pont supérieur.

Je le suis jusqu'au gouvernail, il tends alors son doigt humidifié vers le ciel, pour tester le vent, le voyant faire ça j'emploie ma technique personnel, et en entends le bruit couler sur les voiles et les cordes, j'en détermine avec quasi exactitude la puissance et le sens, je m'enfonce dans cette délicate contemplation sonore avant que la voix du capitaine ne viennent m'en tirer de par des explications maritimes, principalement la définition du terme lourvoyer, chose à laquelle je vais devoir m'employer si je comprends bien les paroles du pirate.

« Bien maintenant accroche toi à la barre petit, et vois ce que ça peut donner. »

Je pose mes mains dessus et me met à sentir le vent, j'en comprends jusqu'à ses plus infimes courants, ses plus infime variation, et je me dis que finalement ce ne sera pas un poste dur, enfin jusqu'à ce que j'essaye de tourner le navire. Je n'arrive pas à tourner la barre, l'eau la maintient trop fermement alors que j'essaye d'obtenir un mouvement de précision. Je n'ose forcer de peur de déstabiliser le bateau, mais je n'y arrive pas. La frustration commence à m'envahir, et je me dis que je ne vais quand même pas me laisser embêter par un simple assortiments de bouts de bois ! Je pousse alors un grand coup pour enfin la faire bouger, mais j'y suis allé un peu trop fort, tout comme me l'indique l'angle que fait le navire avec l'horizon et les réprimandes du navigateur qui empoigne fermement la barre et rectifie la trajectoire avec fortes réprimandes avant de la lâcher et de me laisser faire un autre essai.

« Tu vire trop sec à chaque fois, sois plus doux, je vois tes essais, et ta compréhension des vents, mais soit plus léger sur le gouvernail, le but c'est de lourvoyer pas de dessiner un serpent dans les vagues ! »

« J'ai un peu de mal avec la douceur, cette barre ne bouge pas si aisément pour quelqu'un de mon gabarit ! »

« Et bien ça te fera les bras, allez redresse moi ce navire où tu vas réussir à donner envie de vomir à des marins expérimenté. J'ai déjà des haut-le-cœur, alors appliques-toi ! »

Il a raison, si il m'est facile d'interpréter les vents, il ne m'est pas facile de les suivre, le bateau réagit à chaque fois différemment de ce que je veux. Je suis partagé entre l'inconfort de l'échec que l'on veut transformer en réussite et le découragement devant tant de ratés successif et l'impression que je ne peux pas y arriver, même si j'essayais de mon mieux. Mes bras commencent à me faire mal, et le contrôle de la barre m'échappe de plus en plus, l'eau m'emporte, surtout que le vent s'est renforcé, et pas de maigre façon, la mer d'huile s'échancre de hautes vagues. Je ne comprends d'ailleurs pas un tel comportement. Je savais que la mer possédait son propre micro climat, mais là c'est délirant, et l'augmentation de la force n'est pas progressive, elle se fait par à coups, chose qui me laisse un goût étrange, en même temps de me faire perdre encore plus le contrôle du navire. Finalement Eliwin n'y tient plus et m'arrache de là.

« Ne te vexes pas petit, mais t'as pas la force d'affronter une mer calme alors si les vents s'en mêlent … Je veux pas risquer ce navire, tu comprends. On dirait d'ailleurs qu'une tempête approche. »

Je lui exprime ce que j'ai deviné.

« Non ! La tempête n'est que vent déchainé en sens aléatoires, ce vent change d'orientation constamment, mais reste uniforme, et la progression de sa puissance n'est pas normale, ou alors les vents de mer n'ont absolument rien à voir avec ceux de terres ? »

Il me regarde avec des grands yeux, et se prépare à contester mes observations, mais il se ravise, je doute qu'il y croit, mais il n'ose essayer de parler de cela à un aeromancien.

« Oui et non, ils sont différents, mais obéissent toujours aux même règles. »

Il marque une courte pause avant de me parler à nouveau d'un ton assez hésitant montrant tout de même sa méfiance envers mes propos.

« Et tu penses que ça va empirer, et si oui en combien de temps ? »

« Je ne peux le confirmer, c'est vraiment trop étrange, mais je dirais qu'il n'y a aucun risque que ces vents affecte grandement le navire et la mer au cours d'aujourd'hui, rien ne le prévoit, et si je peux me tromper sur la résistance de ces voiles, je sais que la navigation ne sera rendu que plus difficile, et non hasardeuse par ces vents. Enfin la situation peut évoluer, c'est vraiment trop erratique. C'est presque comme si une certain type de magie qui n'en est pas vraiment un influait ces vents. Cela n'est pas naturel, absolument pas ! »

Une légère inquiétude perce autant dans son visage que le mien, mais il ne quitte pas la barre pour autant, et la dirige d'une main experte, en tout cas bien plus que la mienne. Je me demande si cela vaut le coup de le reporter à l'équipage, ou tout du moins au capitaine, en effet je peux très bien me tromper et tout cela peut se calmer. Et de toute façon si j'ai raison, qu'est-ce qu'on peut y changer, et pourquoi prendre la peine de s'inquiéter aujourd'hui, alors que cela ne sera pas grave ? Les vents ne peuvent pas changer si brusquement, quoi qu'en observant mon gantelet je me rends compte que ce serait très possible si quelqu'un était à l'œuvre, mais je secoue la tête en me disant que non. Un magicien qui voudrait nous couler y serait aller à fond dès le début, nous prenant par surprise, et surtout il ne serait pas capable de maintenir si longtemps des rafales même de faibles intensités, surtout des capables de faire s'échouer un navire.

Je reste aux côtés du navigateur qui a repris les commandes, et observe comment tout cela se déroule plus avec mes oreilles qu'avec mes yeux, et tout cela ne me dit rien qui vaille !

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Dernière édition par Tal'Aer le Sam 26 Mai 2012 20:13, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La Laide-Les-Maines (Joueuse : Silmeria, v=x3)
MessagePosté: Mer 29 Fév 2012 19:45 
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- Mazhui, si ça ne te dérange pas, j'vais faire un p'tit somme...

Pris d'une fatigue soudaine, Heartless ferma l’œil et se laissa balancer sur son hamac au rythme des manœuvres ratées de Tal'Aer. Mais quelques minutes plus tard, des sons étranges le sortirent de sa torpeur. Des cris, des bruits de lutte ? Sirius bondit de son lit de toile et constata l'absence de Mazhui, mais son manuscrit, quand à lui, était encore sur le bureau, inachevé. Pensant que ce dernier devait s'être absenté pour une quelconque raison, Heartless sortit précipitamment de sa cabine et entrevit le massacre. Le pont était sec désert, et pourtant une odeur pareille à celle des cendres emplissait les narines du marin, des flocons de neige noire tombaient tout autour de la scène. Il jeta un œil du pont supérieur, il y avait quelques taches de sang répartis inégalement autour de lui, mais le pont principal était presque rouge d'hémoglobine. Il n'y avait presque personne sur le navire, presque, car en plus d'Heartless, il y avait Tal'Aer, le jeune homme traînait quelque chose d'indéfinissable derrière lui. Intrigué, et sous le joug de l'angoisse, le pirate descendit les escaliers et se retrouva à l'autre bout du pont par rapport au jeune homme qui arborait un regard sombre.

- Hé ! Gamin ! Hé ! Qu'est-ce qu'il s'passe ici ? Où sont les autres ?!

Un léger frisson parcourut l'échine du capitaine lorsqu'il entendit un léger ricanement de la part de Tal'Aer, qui lui répondit d'une voix qui semblait ne pas lui appartenir :

- Morts !

Il ne laissa pas Heartless longtemps dans l'expectative, il lui balança la masse sans forme qu'il traînait avec lui, une chose qui se révéla être un cadavre, celui d'Eliwin, déformé par ce qui ne ressemblait ni à des coups d'épées, ni à des morsures. Comme si il avait vu se briser tous les os de son corps, son visage exprimait à lui seule toute la douleur du monde, il était méconnaissable. Sa mâchoire brisée donnait à sa bouche probablement ouverte de force par la douleur, une taille surdimensionnée, il avalerait presque un bras, ses dents se mêlaient à du sang séché. La peur, et la colère qui arrivait lentement, pondirent leurs œufs dans l'esprit du borgne.

- Pourquoi t'as fait ça ?!

Le gredin se mit à rire d'un rire machiavélique.

- Hahaha ! Qui a besoin d'une raison pour tuer ?! Toi ? Moi ? Toi, tu ne te prives pas !

Le rire suffisait. C'était la seule réponse à donner, il ne pouvait qu'être fou, et sa folie semblait contaminer Heartless, choqué par tant de cruauté. Il lui semble étrange de penser qu'il était un traître, un homme "sans cœur". Pourquoi se voyait-il dans cet être si timide, si lâche ? Cette pensée, couplée aux ricanements, suffirent à plonger Sirius dans une colère sans nom.

- Trèès bien... J'vais pas m'priver !!

Heartless empoigna le manche de son sabre et se rua sur Tal'Aer, qui repoussa son avancée grâce à une rafale de vent, deux fois plus violente que la dernière. Violente, à tel point que le borgne dut planter son épée dans le sol pour freiner sa projection; au terme de cette tentative, son arme se brisa en mille morceaux. Mais Sirius ne se contrôlait plus, il jeta le manche au loin et prit sa dague pour foncer de plus belle. Tal'Aer, plus sadique que jamais, le laissa s'approcher.
Ensuite, l'agile combattant s'élança dans les airs pour frapper l'aéromancien, mais cet effort futile fut aussitôt contré par l'exercice du pouvoir du vent. Immobilisé au-dessus du sol, Heartless ne put se défendre de la seconde projection contre le grand-mât, et il sentit son dos se briser sous les chocs répétés de celui-ci contre le bois féroce. Cinq fois, il heurta le mat, avant de retomber exténué. Alors, le furieux adolescent l'empoigna par le col et le souleva du sol avec une force inhumaine. Le tenant à bout de bras devant lui, Tal'Aer prépara son gant destructeur qui se chargea de magie noire. Alors qu'il était à l'agonie, un détail intrigua Heartless. Dans un dernier élan de lucidité, il se rendit compte que le mage maniait son gant de la main droite, or, celui-ci était inexorablement fixé à son bras gauche.

"Ce n'est pas vrai !" murmura Heartless avant de se réveiller brusquement.
Il se rendit compte qu'un rêve étrange l'avait frappé pendant son sommeil, et que sa douleur relevait de son imagination et non des coups répétés qu'il avait reçu. La givre qui le retenait au hamac, elle par contre, était bien réelle. Sirius se rendit compte qu'autour de lui, tout était maintenu dans une stase singulière, gelé par une magie mystérieuse. Le gel avait pris ses droits sur tout, et même sur Mazhui, qui semblait dormir, la joue collée contre une page blanche, enseveli sous un corps de glace transparent : la Laide-les-Maines était attaquée !

Heureusement pour le pirate, le sommeil avait été bien plus tenace que le gel. Il se débattit intérieurement dans son lit qui se balançait au rythme du navire qui tanguait d'une manière encore plus alarmante. Enfin, il brisa la glace en contractant suffisamment les muscles de son corps et en remuant énergiquement sans interruption. Il sortit de son lit de givre et retira les derniers débris vitreux de son froid sommeil. Heartless se précipita vers Mazhui, inquiet de ne pas savoir si il était mort ou si il dormait profondément, la seconde option sembla la plus probable. Dégainant son épée, Sirius se mit à taper la glace avec son pommeau jusqu'à ce qu'elle se fissure, puis il la brisa en la déchirant avec ses mains. Par chance, il suffisait de secouer Mazhui pour qu'il se réveillât. Complètement déboussolé et enrhumé par sa trop fraîche convalescence, il demanda :

- Si... Sirius ? Qu'est-ce que...

- Garde tes forces et réchauffe-toi, je vais chercher les autres.


Savoir que le scribe était réveillé suffit à rassurer le borgne, mais à cela succéda une angoisse pour tous les autres membres d'équipage. Il ne se fit pas d'illusion en sortant de la cabine dont il dut forcer la porte, tellement le gel l'avait durcie; le navire tout entier était dans le même état, gelé même dans ses plus sombres recoins. Heartless se cogna la tête sur une toile d'araignée complètement figée en sortant, signe que rien n'y résistait. Sur le pont, c'était l'apothéose, son équipage s'était statufié, la Laide ressemblait à une énorme galerie de marbre. Eliwin avait presque fusionné avec la barre sur laquelle il s'était endormi, Plagg dormait au loin, parmi les cordages, Iguru, Eliwin, et les autres, devaient être aux cuisines, dans un état similaire. Au loin, le monde aussi semblait envahi par la glace. La coque était emprisonnée par un désert de banquise et une énorme falaise bleue surplombait la Laide. Aucun volatile n'errait dans le ciel, et les habitants des mers semblaient se cacher sous les profondeurs pour échapper au froid.

Sirius pénétra dans la salle à manger et il constata qu'il était dans le vrai, Iguru avait un poisson tout aussi gelé que lui à la main et Eliwin, qui semblait boire un glacier dans une bouteille, n'avait jamais été aussi givré. Sirius réchauffa l'outil de silex et déplaça la marmite au milieu du pont. Il lui fallut presque une heure de semi-solitude pour allumer un brasier correct au fond de la marmite brûlante. Il amena Mazhui près du feu pour qu'il se réchauffât, le pauvre était frigorifié, mais pas autant que les autres. Après avoir réveillé Eliwin en le réchauffant près de la marmite, flamboyant havre de paix, les membres éveillés de l'équipage s'évertuèrent à redonner conscience à leurs camarades.
Une demi-heure passa avant que l'équipage au complet se réunit autour d'un feu de camp géant contenu dans la marmite. Le gros Iguru passait dans les rangs et distribuait des aliments réchauffés aux affamés. Une sorte de conseil se tint dans le cercle le plus proche du feu, qui contenait Heartless, Eliwin, Mazhui et d'autres encore. Heartless inaugura la réflexion en se frottant énergiquement les mains, les épaules couvertes du plus chaud manteau de Von Klaash.

- Voilà, tout le monde est réveillé, maintenant, on a un autre problème : on est perdus au milieu de nulle part et on est emprisonnés dans la banquise.

- On a tout intérêt à faire vite, nous serons très vite à court de provisions.

- Je crois que je connais cet endroit, je l'ai déjà vu dans des cartes, des livres de géographie. Le récif là-bas... doit être le plateau d'Aras Mül. Derrière, il devrait y avoir la ville de Nosvéria, puis les Monts Éternels...


Un tumultueux brouhaha s'installa parmi les marins plongés dans une confusion décrite assez habilement par un réflexe d'Eliwin :

- Attends un peu, ça voudrait dire que nous sommes sur la côte de Nosvéris ?!

- Je sais, ça parait fou...

La cacophonie reprit de plus belle, Heartless tenta de raisonner son équipage :

- Tu dis qu'il y a une ville au-delà de ce plateau ? Si c'est le cas, on n'a qu'à y aller, les habitants pourront peut-être nous aider, on n'est pas recherchés ici.

- Je ne pense pas.

- Pourquoi ?

- Nosvéria est... une ville maudite. Elle a été gelée par la déesse Yuia il y a très longtemps, ses habitants, pour peu qu'il y en ait, ne pourront pas nous aider. C'est une ville fantôme...


Les marins commencèrent à paniquer, ils se levèrent et commencèrent à hurler "Nous sommes perdus ! Il n'y a rien à faire !". Eliwin se contenta de regarder Heartless d'un œil sombre, lui qui, à l'insu de tous, portait la marque noire. Lui rendant son regard, le capitaine se leva et monta près de la barre pour se faire entendre de ses hommes. Il ne croyait pas à la défaite, et il voulait s'en sortir coûte que coûte. Sirius n'avait pas fait tout ce chemin pour perdre espoir à la première vraie épreuve qui se dressait devant lui. Au contraire, cet perspective de braver les caprices de la nature le motivait autant qu'elle l'effrayait, et c'était son envie d'aller de l'avant qu'il voulait transmettre à l'équipage :

- Calmez vous, c'est un ordre ! Vous auriez oublié ? Vous auriez, vraiment, oublié que nous, pirates, on a déjà tenu tête à Von Klaash et qu'on a survécu à une attaque de sirènes ? Dites-moi, qui s'enfuit devant le péril : un pirate, ou une fillette ? Vous n'êtes qu'une bande de fillettes si vous paniquez à cause d'une chute de température ! Nous sommes bien une vingtaine, nous pouvons lutter, non ? Si vous ne luttez pas, qui se souviendra de vous dans les livres d'Histoire ? Combien de richesses amasserez-vous jusqu'à vos vieux jours ? Combien de temps pourrez-vous vous regarder dans une glace avant de détourner la tête ? Si vous faites dans vos frocs maintenant, vous gèlerez à jamais votre progéniture, alors restez des hommes ! On ne peut plus rien faire pour la Laide-les-Maines, mais on peut faire une chose : traverser ce désert de glace ! On passera ce plateau, puis Nosvéria, puis ont franchira les Monts Éternels ! Préparez vos affaires, tous, car on va bientôt partir. Et le premier qui flanche sous mes yeux, je le tue de mes mains, c'est compris ?!

Une réponse mitigée mais néanmoins positive de l’audience composée d'hommes qui tenaient à leur virilité. Eliwin retrouva un léger sourire après cet ébauche de discours puis revint aux côtés du capitaine, prêt à suivre les ordres.

- Alors... qu'est-ce qu'on fait, capitaine ?

- Pas le choix. On va grimper cette falaise, il va nous falloir des pieux et des cordes.


Suite à cela, Heartless descendit du pont supérieur et continua à donner des ordres et des encouragements à ses marins.

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 Sujet du message: Re: La Laide-Les-Maines (Joueuse : Silmeria, v=x3)
MessagePosté: Jeu 1 Mar 2012 20:58 
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Je suis en train de me cramponner aux bords du navires, alors qu'une tempête qui ne devrais pas être hurle à nos oreilles, ses vent nous font dériver vers une direction bien précise, c'est normalement absolument impossible qu'une tempête nous fasse continuer dans la même direction sur tant de temps et de chemin.

« Tu tiens gamins ? T'as une explication à ça ? »

La voix de celui qui tenait la direction du navire retentit, empli de désespoir et témoignant de par son intonation les efforts qu'ils fait pour essayer de faire reprendre au bateau le chemin qu'on avait désigné ! Je regarde l'horizon, et ne comprends pas ce qui se passe. Le vent apporte avec lui un froid mordant, et mes joues ainsi que mes oreilles me donnent l'impression de s'embraser devant ces températures négatives charriés par des bourrasques puissantes ! Mes sens d'habitudes comblé par le bruit du courant aérien sur le bois des mats m'avertissent d'un grand danger. Le bateau tangue peu, mais je ne comprends pas pourquoi l'agitation n'est pas à son comble sur le pont, à moins que la première réaction devant ces vents soit de s'abriter à l'intérieur, et non de lutter pour maintenir fonctionnel le bateau. Je ne vois pas ce qui s'y passe, la nuit étant noire, et le vent ayant emporté au loin toutes les lanternes extérieurs du vaisseau mais j'y n'entends pas un seul bruit, malgré toute ma concentration, je sais que le bruit du vent couvre, mais si Eliwin est capable de me parler en haussant la voix, je devrais pouvoir entendre les efforts des marins s'affairant à bord.

« Non j'en ai pas, qu'est-ce qu'il faut faire …. ELIWIN ? »

Le fin de ma phrase est marqué autant par la surprise que par le manque d'espoir. Eliwin est affalé sur la barre, qui reste maintenu par son poids et la disposition de ses mains, on dirait qu'il est mort.
Je lâche ma rambarde et avance péniblement dans le vent qui semble essayer de contrer le moindre de mes pas en redoublant d'intensité. Mes larmes partent se perdre hors de mon champs de vision, et ce sont au tour de mes yeux de bruler car je me retrouve face aux vents, mais je ne m'arrête pas pour autant. Mais au bout de quelques mouvement je n'arrive plus à avancer, rien que le fait de décoller mon pied du sol m'empêche de prendre le contrôle dessus et de le faire avancer.

(Mais que se passe t'il ? Le vent n'as pas pu le tuer ! Mais qu'est-ce que je fais ici, et pourquoi mon habituel meilleurs allié est en train de me vider de toute mes forces et m'empêche de vérifier la condition de cette homme ? Pourquoi fait-il si froid ? Est-ce que je vais mourir ici ? Abandonnée aux milieux des hommes ? Et d'ailleurs où est le reste de l'équipage ? )

Je ressens au fond de moi la flamme qui me motive habituellement lors des combats, et je me dis pendant un instant qu'après tout je peux contrôler les vents en temps normaux, je devrais pouvoir être capable de lever une simple tempête, alors je lève mon gantelet aux cieux et utilise tout mon pouvoir pour essayer bannir ces vents. Cela dure environ une demi-secondes, une demi-secondes qui fut nécessaire à la consommation de toutes mes ressources magiques. Je me sentis vidé, c'est comme si j'avais essayé de lutter contre un dieu qui venait d'absorber mon pouvoir avant de m'écraser sous son petit doigts. Cela n'as même pas eu d'effets visibles.

(Rana, viens moi en aide ! Je t'en prie fais cesser ceci où nous allons tous mourir, échoué en des terres inconnues, ou brisés au milieu de l'océan ! Jusque là, tu as su me redonner confiance, enfin je suppose que tu es celle derrière ce qui m'arrive et me permet de survivre en combat, je suis en train de me diriger vers la ville qui abrite ton temple, alors je t'en supplie ne m'empêche pas d'y accéder. Je …)

Mon cerveau est si engourdi par le froid que je ne peux plus réfléchir, et alors que je pleure sur le sort de ma mort prochaine, alors que je ne sens que trop bien mes membres endoloris, je sombre dans les ténèbres.

Des éclats de voix me réveille de même que le crépitements de flammes et surtout l'absence de bourrasques rageuses. Ma première réaction est de lever ma tête pour prendre une grande bouffée d'air, avant d'ouvrir les yeux et de paniquer un peu. J'étais au bord d'un feu intense, et une partie de mon corps était emprisonné dans de la glace, sans compter la douleur intense de la morsure du gel et le fait que mes membres étaient perclus comme si j'avais passé plusieurs jours endormi. Je reste malgré tout sans voix, même si ce n'est pas sans expression faciales. Je n'ai pas besoin de demander la situation actuelle, les pirates en parlaient bien assez, et je n'avais bizarrement pas envie de sortir voir si toute l'eau dehors était effectivement gelée.

Une fois la glace fondue, et le contrôle de mes membres repris, mon premier réflexe, avant d'adresser des reproches mentalement à Rana, même si je suis pas bien sur que ce soit elle qu'il faille incriminer, et qui peut être même avait atténué le sort qui nous attendait en nous faisant s'échouer de façon, comment dire, « propre », fut d'avaler sans aucune forme de cérémonie le morceau de viande que me tendit un homme de forte constitution, pour être poli. La viande juste décongelé combla mon ventre de milles délices, malgré qu'elle manque sérieusement de goût, rien que le fait de manger m'aide à me sentir en vie.

Une fois cela fais, et après un court moment de repos empli de réflexions aléatoires même si en liens plus ou moins directe avec notre situations, je m'approche du « cercle intérieur » formé par les hommes rassemblés près d'Heartless et de ceux qui semblent être d'important membre de l'équipage dans lesquels je reconnais Eliwin, je suis d'ailleurs très heureux qu'il ne soit pas mort, même si je me demande ce qui lui est arrivé pour qu'il se soit endormi ainsi, puisque je suppose que c'est ce qui s'est passé. Apparemment nous serions enfermé dans une banquise derrière le plateau « D'Harasse Mule » qui mène à une ville dénommé Novéria, ville qui nous est tout de suite décris comme étant fort sympathique, maudite et entièrement gelé par une déesse, bref on est encore très mal tombé. Rana à vraiment pas pu beaucoup nous aider sur ce coup. Mais qu'est-ce que sont ces pensées, serait-je devenu fanatique ? Enfin ce n'est pas le problème, apparemment celui-ci va être de devoir traverser une banquise, pour faire de l'escalade pour rentrer dans une ville fantôme où tout est gelée, et que ce ne sera pas la fin de notre voyage. Et moi qui voulais juste aller en Oranan, pourquoi a t-il fallu qu'il en soit ainsi ? Mais surtout pourquoi nous a t-on poussé ici. Je persiste à croire que c'est un phénomène très loin d'être naturel ! En effet ce n'était pas des brises qui allaient librement aux grès de leurs envies, non elles étaient déchainé, et pourtant enchainés à une volonté, j'en suis persuadé.

Je ne sais pas quoi faire, alors je reste là où je suis tandis que les vrais marins descendent préparer le matériel pour l'expédition, je suppose que j'en ferais parti ici, en tout cas je n'ai étrangement pas envie de rester ici les bras croisés, même si le feu est si doux, et que quitter sa chaleur risque de me bruler plus que si je m'y jetais directement. D'ailleurs je vais voir si je ne peux pas trouver des vêtements chauds quelques part, les miens sont trop fins, et taillés pour un climat plus tempéré !

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Dernière édition par Tal'Aer le Sam 31 Mar 2012 19:49, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La Laide-Les-Maines (Joueuse : Silmeria, v=x3)
MessagePosté: Jeu 1 Mar 2012 23:44 
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Entre deux ordres lancés à qui le veut, Heartless remarqua que Tal'Aer, fraîchement réveillé, semblait se recroqueviller sur ses vêtements trop peu épais. N'accordant pas plus de crédit à un rêve, bien que celui-ci ait suscité en lui une hausse de méfiance envers le nouvel arrivant et ses pouvoirs, Sirius ordonna qu'on lui apporte une peau d'animal chaude. Peu après, il s'équipa de ses armes et de ses guêtres les plus efficaces contre le climat ambiant et fit se regrouper les hommes au pied du plateau d'Aras Mül, abandonnait de ce fait, la Laide-les-Maines et le surplus de vivres. Néanmoins, il restait un problème de taille : il n'y avait pas assez d'équipement pour que tout le monde monte. Alors que l'on parlait déjà d'abandonner les membres les plus méritants de l'équipage et qu'Elias, le doyen à la vigilance cruelle, projetait d'inclure le jeune Tal'Aer dans les laissés pour compte, Sirius intervint et mit au point un plan.

- Elias, écarte-toi ! On n'abandonne personne, c'est pigé ? Je sais ce qu'on va faire.

Les hommes se mirent en cercle autour de lui et s'agenouillèrent pour mieux voir le plan qu'il dessinait dans la neige avec son épée. Peu sûr de son propre plan, Heartless tâtonnait en proposant ce qui lui venait de meilleur à l'esprit en se préparant à être contré par les fines tactiques de Mazhui ou la logique d'Eliwin. Ainsi, il commenta les traits obscurs qu'il traçait dans la neige, les repassant plusieurs fois, à mesure que celle-ci revenait par vagues de flocons immaculés.

- Voilà le plan. Quatre ou cinq d'entre nous, dont moi, allons escalader ce maudit glaçon en transportant du matériel qui nous servira, une fois en haut, à monter une sorte de... plaque géante, en bois. Cet engin servira à faire monter les autres grâce à des liens qu'on tirera d'en haut. Je ne sais pas si ça va marcher, mais on les fera venir par deux, voire par quatre...

Intervinrent comme prévu les deux plus terre-à-terre du groupe de marin, Eliwin en tête.

- C'est impossible, on n'a pas de fil assez long pour ça, et il est impensable qu'en se frottant ainsi contre la neige, les liens ne tiennent pas plus de quelques minutes avant de céder. C'est du suicide.

- Si vous me permettez d'intervenir, je trouve qu'il y a matière à continuer sur cette base. Nous pourrions attacher les cordes entre elles pour plus de longueur. Notre stock suffit amplement...


- CORDE !! Il l'a dit ! CORDE !! s'exclama le superstitieux Elias, vite calmé par Iguru.

- Mes excuses.

- Vous divaguez, le frottement n'en sera que plus terrible.

- A ça aussi, j'ai une solution. Grâce à un système de poulie, les risques que les co-... les liens cèdent au frottement seront négligeables. Il reste le problème du poids, mais avec de nombreux allers et retours, nous devrions être capables de faire monter tout l'équipage. Tout ce dont nous avons besoins, c'est de pièces pour construire la poulie et du bois, ainsi que... vous savez quoi.


Mazhui acheva en jetant un regard inquiet à Elias qui avait cessé de se déchaîner. Heartless ordonna que l'on prélevât du bois et du cordage de la Laide-les-Maines pour mettre ce plan audacieux en œuvre. Derrière lui, Iguru et Elias avaient regroupé les autres en rang pour décider de qui monterait les premiers et les derniers, le jeune chouchou du vieil homme, Tal'Aer, faisait partie des tous derniers, bon gré mal gré. Quand on eut construit la plate-forme, rassemblé le matériel et attaché les fils, il ne restait plus qu'à trouver des escaladeurs. Sirius se plaça devant ses hommes, Plagg l'acrobate était désigné d'office, deux autres hommes levèrent la main pour risquer leur vie.

- Plagg, viens avec moi. Je te fais confiance sur ce coup. Je vois qu'on a deux volontaires, bien ! J'aime cet enthousiasme ! Débarrassez-vous de tout ce qui vous encombre et préparez-vous, ce qui vous attend est loin d'être une promenade de santé !

Puis il fit signe à ses hommes qui revinrent sur le navire pour effectuer de mystérieuses tâches. Heartless se débarrassa de ce qui ne lui était pas utile, il trouva une utilité d'écuyer pour Tal'Aer et il lui confia son épée, son tricorne et son manteau.

- Prends-en soin p'tit. Et fais gaffe, je veux tout revoir au sommet en un seul morceau !

S'ensuit une légère tape sur l'épaule avant qu'il lui suggérât de le suivre sur le pont du navire. Remarquant cet afflux d'hommes qui revenait sans explication sur le navire, Elias courut après Heartless, demandant plusieurs fois :

- Kèk'vous faites ?! Oh ! C'est par là qu'y faut monter, ho !

Le retour du sourire narquois du capitaine ne faisait pas plaisir à voir, un extra dans ce petit plan. Car Heartless était de nature impatiente. Suivi par Plagg et les deux autres grimpeurs, il hurla au navire :

- Préparez les catapultes !!

La confusion générale suivit un instant, puis vint le partage d'une grande partie de l'équipage de cette expression très confiante et peu rassurante. Comme on pouvait s'y attendre de la part d'Heartless, il fut ordonné aux grimpeurs de prendre place dans les machines de guerre, certains durent être expressément rassurés avant de daigner prendre place dans les cuillers métalliques des engins au préalable dégelés.

- Nooo, attendez ! Yé vé pas mourir maintenant ! Yé oune cousine, no, oune p'tite sœur ! Oune femme, des enfants, tout c'que vous voulez ! Yé vé pas mouriiiir !

Pour qu'un monte-en-l'air comme Plagg parte en sanglots dans son magnifique accent, il fallait vraiment que la cascade soit suicidaire, et elle l'était. Eliwin, son ancien capitaine, arriva à le rassura en lui rappelant moults épreuves qu'ils avaient traversés ensemble, bien avant de défier Von Klaash en compagnie d'Heartless. Parait-il qu'ils avaient déjà failli se faire engloutir tous entiers par une baleine géante, ou se faire emprisonner dans un harem de personnes âgées. Bizarrement, cette perspective redonna courage à Plagg.




Le borgne prit place à son tour dans le redoutable engin, tellement excité par le risque encouru que son cœur battait la chamade. De son funeste trône, il demanda au jeune aéromancien d'une voix bégayante à cause de l'adrénaline qui envahissait son corps tendu à l'extrême comme celui d'un tigre ou tout autre prédateur prêt à fondre sur sa proie.

- H-hé gamin... Tu, tu, ton gant là... Tu crois qu-que... ahem... Utilise ta magie pour me faire sauter l'plus haut possible, tu veux ? J'voudrais voir c'que t'as d-d-dans l'ventre !

Il voulait que le jeune homme synchronise son sort lancé à pleine puissance avec l'incroyable force de la machine qui permettait de frapper des navires à des centaines de mètres. Toujours sauter plus haut que les autres, c'était cette obsession qui lui donnait tant d'ardeur, alors qu'il faisait claquer ses bottes sur lesquelles étaient disposées des pointes de fer, et qu'il empoignait férocement les pieux aux creux de ses mains. Tout ce qu'ils voyaient, lui et ses trois autres hommes, était l'imposant plateau d'Aras Mül qui n'attendait que des trompe-la-mort lancés sur lui à pleine vitesse. Le cœur de celui qui prétendait ne pas en avoir semblait vouloir arracher ses tripes et sortir de sa poitrine alors que le compte à rebours commençait, donné par Mazhui qui regardait son ami avec crainte et admiration.

- Préparez-vous à sauter ! UN !!

Les dents du capitaine commencèrent à claquer violemment, alors qu'il se sentait envahi d'une puissante chaleur. Son corps semblait se comporter comme si il enjambait les dunes du désert des Kel Attamara...

- DEUX !!

Hurla Mazhui en se nouant la gorge. Heartless lança un coup d’œil fugace pour vérifier si Tal'Aer était encore là...

- ET...

La fin du décompte arrivait déjà. Le temps sembla s'arrêter autour d'Heartless qui ne sentait plus son cœur battre, tant il s'accoutumait de l'atroce douleur à sa poitrine. Il était comme figé, tout son corps avait arrêté de fonctionner pendant cette fraction de seconde, il attendait de tout son être la poussée décisive. La dernière pensée qui lui vint était celle-ci : "Je n'ai pas l'intention de crever, mais si j'y reste maintenant... Je ne connais pas de meilleure manière de finir une vie !".

Puis enfin...

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 Sujet du message: Re: La Laide-Les-Maines (Joueuse : Silmeria, v=x3)
MessagePosté: Ven 2 Mar 2012 19:26 
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Je remercie l'homme qui m'apporte la peau d'animal, et je l'enfile aussitôt, si je ne me sens pas encore réchauffé, au moins a t-elle le mérite de diminuer mes grelottements et m'empêcher de claquer des dents ! J'observe de loin le petit conclave organisé par le capitaine au sujet de notre expédition, et à part l'animation apporté par un vieil homme qui crie à la malédiction à l'entente du mot « corde », cela semble très sérieux.

Une fois celle-ci terminée, Heartless se dirige vers moi et me laisse certaines de ses affaires, plus précisément son tricorne, son manteau et son sabre. Je les prends sans aucune réaction, dans l'incompréhension totale de cette acte, pendant qu'il me tapote l'épaule, comme il le ferait en exprimant des condoléances, puis il me fait signe de le suivre.

Toujours amorphe, je le suis, et si je suis totalement silencieux à l'extérieur, il n'en est pas de même dans mon esprit qui grouille de théories concoctés à l'instant à partir de déductions sans doutes fausses, mais que je ne peux empêcher d'affluer. Je me demande surtout pourquoi, alors qu'il veut escalader la colline, il revient vers le bateau, il a pourtant pris le temps de s'occuper du matériel. D'ailleurs le vieillard qui tremblait à l'évocation du mot « corde » tout à l'heure exprime de vives voix mes interrogations. Ce à quoi Heartless réponds par un cri magnifique, me laissant dans un questionnement total au sujet de sa santé mentale. En effet il a expressément demander à ce qu'on sorte les catapultes. Le lien avec l'escalade est trop vite fait à mon gout et je me dis que si ils utilisaient les cordes à d'autres fins, le résultat serait le même et qu'au moins cette fin là serait assumée. Certains des pirates, beaucoup même, dirais-je, expriment la même désapprobation envers ce plan que moi, plus particulièrement l'un de ceux choisi pour voyager dans les airs, qui évoque sa famille qui l'attends. J'espère qu'il a passé beaucoup de temps avec elle récemment car il risque effectivement de plus la revoir !

Alors que le capitaine prend place, il demande mon aide d'une voix chevrotante malgré ses efforts pour la contrôler, preuve qu'il n'as pas non plus grande confiance dans son plan, ou alors qu'il est empli d'une joie bestiales devant cette prise de risque, ce qui signifierai qu'il serait réellement fou. Je porte mon regard vers la falaise et en apprécie la hauteur, avant de déglutir de peur pour cet homme avec qui je ne suis pas en bon termes, mais pas au point de vouloir le voir finir aplati sur un versant de montagne ! J'acquiesce lentement, avant de me rappeler quelque chose, et demande à ce qu'on délaye le catapultage. Heartless ne dit mot, mais prends son temps avant de lancer le compte à rebours. J'en profite alors pour sortir une fiole de mon sac.

Je la porte à hauteur de mes yeux et admire son contenu, des fluides d'air condensés qui ondulent gaiement, et l'observe un petit peu, comme si cela faisait parti d'un rituel alors que je sais que c'est inutile, enfin je le suppose, vu que la dernière fois ça avait bien marché sans ça ! Je transfert alors la fiole dans ma main gauche, et referme brusquement le poing dessus, avant de l'ouvrir et de laisser le verre briser tomber au sol. Les fluides libérés se dilatent d'un coup et emplisse l'air de rafales violents pendant un court instant, faisant voler les cheveux de l'assistance, puis ils viennent intégrer la pierre surmontant mon gantelet toujours dans un style très théâtrale. Je me sens plus léger, plus aérien, tel est le terme, pendant un moment, et ma main gauche est parcouru d'un fourmillement agréable, celui ressenti par l'acquisition d'un surplus de puissance.

Je m'avance et me place entre les catapulte, avec un champ de vu dégagé sur la montagne, et surtout sur les trajectoire que vont emprunter nos « hommes-volants ». Je ne sais même pas pourquoi je participe à cette folie, pourquoi je ne suis pas en train de les faire descendre de la catapultes, et surtout pourquoi je me prépare à essayer de sauver ces idiots en les aidant dans la rectification de leurs trajectoires.

Chaque chiffre du compte à rebours sonne comme le glas de l'apocalypse, et les secondes se ralentissent alors que je canalisent tout les pouvoirs à ma dispositions. Au son du mot « trois » je suis partagé au niveau émotionnel par mélange d'anxiété et de détermination tandis qu'avec un bruit caractéristique, les cuillers des catapultes commencent à se détendre. Je lève le poing en l'air et entame un cri en parfaite synchronisations avec ceux de nos courageux grimpeurs, bien que le mien soit un cri destiné à me donner du courage, et le leur à la simple expression de leur peur. Je sens s'écouler en moi tout mon pouvoir. C'est une sensation à la fois grisante, épuisante et un peu douloureuse, même si surtout grisante, mais ce n'est pas le moment de me concentrer dessus. Heureusement le vent n'était pas fort naturellement, et les catapultes bien calibrés, donc les quatre hommes sont assez groupé pour me permettre de ne pas disperser mes forces. Je les pousses plus haut encore, car c'est par dizaine, peut être même par centaines que se compte les mètres jusqu'au sommet de ce plateau, et il m'est de plus en plus difficile de maintenir mon action à mesure qu'ils s'éloignent de moi, mais je m'efforce de le faire quand même.

Arrive un moment où malgré toute ma volonté, je ne peux plus continuer, et en brisant ce lien par lequel s'écoulait mes pouvoirs, c'est comme si je perdais mon point de suspensions et je tombe au sol, épuisé, la gorge desséché par mon cri stupide, mais je suis satisfais car j'ai maintenu mes pouvoirs jusqu'à une altitude assez haute, avec une bonne trajectoire, je suis déçu de ne pas pouvoir aussi aider à leur atterrissage, mais je n'en pouvais vraiment plus. Je reste silencieux mais n'en pense pas moins, et j'espère qu'on fait pas ça tout les jours, parce qu'à ce rythme je suis pas sur de pouvoir tenir !

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 Sujet du message: Re: La Laide-Les-Maines (Joueuse : Silmeria, v=x3)
MessagePosté: Jeu 10 Avr 2014 22:19 
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Hissés sur le pont du navire, enfin protégés des flèches, Silmeria respirait profondément. Le marin survivant vomit ses tripes par dessus bord et Von Klaash riait à gorge déployée, lui assénant une grande tape sur le dos lorsqu'il eut terminé. Silmeria sentait le vent caresser son visage. La douceur marine... Elle n'avait pas connu si souvent le plaisir d'être sur un navire, c'était si agréable.

Le petit monde vint s'attrouper autour du Capitaine et de la tueuse.

« 'Coutez-moi bien bandes de vermines hahaha. Notre chère Baronne sera avec nous pour un temps. Le Roi, oui mes amis, le Roi lui même est venu chasser notre amie de ses quartiers pour s'enfuir avec ses trésors. Mais... Un navire de Bouhen va lever l'encre et nous apporter les trésors du château, des coffres pleins ! Ouaip. Alors comme la p'tite Dame a plus que payé son droit de rester ici, vous l'approcherez pas, et d'ses quartiers non plus. »

Les hommes du Capitaine étaient de toutes origines, le visage à la peau brûlée par le soleil, les mains fortes et cornées, le corps sec, vêtus de cuir pour la plupart, armés jusqu'aux dents, ils écoutaient, calmes et posés. Une pareille discipline était rare sur un navire mais Von Klaash savait plus que d'autres se faire respecter.

Sans mot dire, le Capitaine s'en alla vers ses quartiers. Silmeria restait alors au milieu du pont, parmi ces hommes qui ne lui accordèrent qu'un bref regard avant de retourner se coucher laissant les commis gérer le navire selon les consignes que Von Klaash laissait à un homme posté devant sa porte.

Silmeria ne comprit pas immédiatement le discours, il n'avait pas précisé qu'elle n'était plus Baronne, que Kendra Kâr réclamait sa tête et que la capture vaudrait peut-être plus d'or que les coffres qui viendraient de Bouhen. Elle s'installa sur un tonneau face à la proue du navire. Après ses aventures, elle avait besoin de se sentir vivre de nouveau.

La nuit s'avançait. Le pari restait risqué, longer la côte de Bouhen réduisait l'avance qu'elle pourrait mettre entre elle et la garde royale. Mais le Capitaine ne passerait pas à côté de sa fortune et Silmeria n'était pas encore prête à risquer son échappatoire. Le vent se fit de plus en plus frais, la température chutait et sa peau commençait à frémir. Un matelot lui apporta un seau d'eau dans lequel flottait un tissu. Il lui lança un petit signe de tête mais ne dit rien, il s'éloigna aussi silencieusement qu'il était venu.

Au moins, elle pouvait se laver et voir les étoiles. Les astres laissaient la Sindel rêveuse. Tout semblait si inaccessible lorsqu'on regardait le ciel, elle espérait un jour pouvoir toucher une étoile, en avoir une rien que pour elle. Ce devait être à ses yeux le plus désirable des trésors. L'inaccessible.

La proue du navire brisait les vagues du large et le crâne fixé au navire était toujours là. Depuis toutes ces années. La légende de Von Klaash et de sa seconde. Sa beauté sans égal et les désirs qu'elle suscitait dans l'équipage du Capitaine poussa l'homme à lacérer le visage de sa seconde lors d'un long voyage en mer. Suite à ça, la femme essaya de se tuer mais fut découverte trop tôt, pendue dans ses quartiers. Pour en finir, Von Klaash lui accorda le droit de mourir, il la décapita devant tout le monde avant de jeter lui même son corps à la mer. Son visage lui, fut accroché à la proue du navire. Il n'a pas bougé depuis. La " Laide " c'est ainsi que s'appelle le crâne, lui même qui a décidé du nom du navire.

« Humph. Un d'mes gars devait vous apporter d'quoi débarbouiller tout c'bazar mais j'vois qu'c'est fait. »

Silmeria n'avait pas entendu le Capitaine. Trop plongée dans ses pensées et ses rêves.

« Pourquoi avoir menti à mon sujet ? Je ne suis plus Baronne. Vous auriez très bien pu me laisser, de toutes façons vous aviez déjà mis main basse sur les coffres. »

Le Capitaine se redressa un peu, Silmeria avait visé juste, quelque part, elle faisait plus fardeau qu'autre chose à l'heure actuelle.

« 'Coutez ma p'tite Dame. J'pense que l'Roi s'en fiche de votre tête, il fallait juste faire cesser notre petit manège sur ses terres. J'avais tout à gagner en me mettant du côté de ceux qui m'emploient. Si j'vous perds, qui va m'employer ? L'Roi ? Haha. J'ai coupé pas mal de ses hommes en deux, voire plus. Alors j'pense qu'ils vont pas s'occuper de venir vous chercher ici, ils vont faire une joli feu d'joie avec vo't domaine et nous foutre la paix. J'crois que j'm'amuse bien aussi, vous êtes pas comme toutes ces au't femmes avec leurs sentiments, ces conneries savez, douceur amour prudence et persil. Tsheu. Non. Comme moi z'êtes une tueuse. Une fichue harpie au coeur de glace qui a la dague chatouilleuse. »

Silmeria garda le silence. Après tout, c'était peut-être vrai. Peut-être que personne ne viendrait la voir. Sa tête n'était pas si chère au final. Le Roi a eu ce qu'il voulait. Bouhen était enfin hors de danger. Et ses habitants aussi.

Elle se demandait si Von Klaash avait une affection envers elle, chose qu'il n'avouerait jamais, certes. Mais plus encore, Silmeria était persuadée qu'il nourrissait de l'amour envers son ancienne seconde. Mais là aussi, elle ne lui posa pas la question. Inutile de faire ça à un homme de sa trempe. Ils restèrent silencieux un long moment avant de rejoindre leurs quartiers respectifs.


------


Pendant ce temps, Bouhen. La nuit tombée, les lumières se soufflaient une à une dans les chaumières. La ville fumait doucement et la pluie recommençait à tomber.

Zoom.

Un gaillard courrait dans la rue, les bottes s'enfonçaient dans la boue dans un " spotch spotch " repoussant.

Zoom.

Le patron de l'Auberge frottait le cul d'un verre en grès en regardant les endormis sur les tables et les bavards. La porte de son auberge claqua.


« Claquez pas la lourde, Tonnerre de pute, y'a des clients ici. Scroblmglbll... » Termina-t-il dans sa moustache.

Le voyageur trempé ne paya pas la moindre attention à l'aubergiste. Il beugla :

« Keresztur ! Keresztur est tombée ! Les soldats du Roi y mettent actuellement le feu. Mon fils et moi on a tout vu ! Des centaines ! Non ! Des milliers de soldats ! Et puis... Du FEU ! Partout. Enfin, surtout dans le château en fait ! Et pire encore ! Il parait que la Baronne s'est enfuie ! Qu'elle a été capturée mais qu'elle a pu s'échapper du campement. »

Les éméchés et les endormis se tournèrent, ensemble et les discutions allèrent bon train. Quelques passants entrèrent dans l'auberge et chacun participait à la rumeur.

Au coin du feu, sous une longue capuche encore humide. Hrist. Elle ne ratait rien des rumeurs et dans l'ombre de sa cape, la Frémissante souriait. Finalement, le Roi n'aurait pas le plaisir de la faire exécuter.

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 Sujet du message: Re: La Laide-Les-Maines (Joueuse : Silmeria, v=x3)
MessagePosté: Jeu 10 Avr 2014 22:54 
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Les cauchemars, c'est quand notre esprit se torture tout seul.

Silmeria remuait dans son lit, ce n'était pas dû aux vagues et aux roulements du navire, non c'était ses cauchemars, ses souvenirs d'Omyre lorsqu'elle moisissait dans une cage, comme une bête à boire l'eau de pluie et se pisser dessus continuellement, lorsqu'on la sortait ce n'était que pour ajouter de la souffrance à son traitement, torturée de jour comme de nuit par de nouveaux orcs qui y voyaient la un jouet particulièrement solide. Ses doigts se resserrèrent sur les draps de laine et dans un spasme, elle se mordit violemment la langue ce qui l'extirpa rapidement de son sommeil.

La cabine de la seconde de Von Klaash. Occupée pour la première fois depuis si longtemps. Un faible rayon de lumière passait au travers des carreaux teintés. Elle transpirait, son coeur battait encore fort, mais elle n'arrivait pas à se souvenir quel était la raison de son malaise, quel était ce cauchemar.

Elle entendit finalement de l'activité sur le pont, bien que le pont d'un navire soit toujours actif, elle n'y avait pas encore fait attention. L'heure était au débarbouillage. Il restait peu de chose de la seconde du navire. Ses affaires avaient été entassées dans un ballot. Il n'y avait qu'une robe noire, une brosse à cheveux, même pas la sienne, celle d'une servante, des foulards, une paire de bottes ses armes et une ceinture, pas la sienne non plus. Ses hommes avaient du attraper tout ce qui pouvait ressembler à ses effets dans la précipitation. Elle restait songeuse en se coiffant maladroitement, bien qu'il ne soit pas nécessaire d'impressionner les matelots. Sa robe rouge était complètement usée de ses aventures, déchirées aux manches, aisselles et sur les genoux.

(« Omyre... J'ignore si Von Klaash m'accompagnera jusque là. Il aime trop la mer. Et Lydia et Katalina... Capturées ? Je n'espère pas...»)

L'esprit vagabond, ses pensées allaient d'Omyre à ses lieutenantes aujourd'hui disparues, elles étaient parties et c'était normal, toutes deux avaient eu un rôle à jouer, c'était indéniable et la sentence était toute vue. Elle n'espérait pas ça. Pas ça.

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L'air marin. C'est parfois rafraichissant mais après la nuit agitée, Silmeria eut envie de vomir. Les matelots déchargeaient des coffres. Visiblement le chargement était arrivé, le navire était à l'arrêt, tout le monde était sur le pont et les hommes ses partageaient le butin sous l'œil de Von Klaash qui s'était habillé d'un chapeau qui était l'exemple même du mauvais goût. Aucun ne prêtait vraiment attention à la femme si ce n'était qu'un homme qui lui montra du doigt une assiette en bois à sa porte.

« Ha. Du poisson. Merci... » Bien qu'elle eut du mal à cacher sa grimace, l'homme sourit, visiblement amusé.

La vie de château, c'est terminé. Il était temps de se faire oublier.

« Baronne !»

Ce nom. Ce n'était plus le sien, mais d'instinct, elle se retourna tout de même. Car elle savait qui venait de l'apostropher ainsi.

« Je fais cap vers Oranan. Une fois là bas, il faudra être prudente, il es possible que les soldats vous y attendent. Enfin, attendent dans un port. Si je vous laisse dans les terres d'Omyrhy, vous serez morte avant d'atteindre la ville. J'espère que ce plan vous convient, je n'ai rien de mieux. »

Il eut un sourire pour toute réponse. Silmeria referma la porte, l'assiette de poisson à la main.

Face à elle même dans sa loge, elle restait très silencieuse. Un repas tiède, un lit. Elle ne s'attendait pas à ce genre de confort. Silmeria, rêveuse piquait d'une arrête l'oeil du poisson figé dans le vide. Elle ne connaissait absolument pas Oranan faute d'y avoir été mais on toqua à sa porte, l'arrachant à ses pensées, une fois de plus.

Personne, mais un livre était devant le pas de porte. Au bout du pont, Von Klaash hurlait sur les matelots et manqua de claquer le visage d'un homme. Silmeria sourit lorsqu'elle vit le titre de l'ouvrage

Histoire et légendes de l'Ouest Nirtim

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Bouhen, la ville proche de Keresztur accueillait une grande partie des soldats qui restaient en poste le temps que l'affaire se tasse. Hrist se trouvait un peu mal à l'aise, étant le portrait craché de Silmeria, elle comprit rapidement que son contrat devrait être rempli plus vite que prévu si elle ne voulait pas prendre la place de celle qu'elle cherchait à tuer.

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 Sujet du message: Pour une gorgée de tord-boyau - 939 mots
MessagePosté: Ven 11 Avr 2014 18:50 
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« Où est le Capitaine ? Où est Von Klaash ?! »

Silmeria était sortie rouge de colère de sa cabine, ainsi plantée sur le pont, elle criait au Capitaine, autour d'elle, les marins peu accoutumés à ce genre de distraction attendirent qu'elle se répète et cédèrent à son caprice. Bien qu'ils n'avaient jamais été avec la " Baronne " ils avaient entendu quelques rumeurs et tous avaient assimilé le fait qu'elle n'hésiterait pas à mettre le feu à la grand'voile pour attirer l'attention.

Un homme indiqua la cabine qui se trouvait juste au dessus de la sienne, derrière le gouvernail. Puis instinctivement, tous se remirent au travail, le navire était propre mais assez sinistre, les hommes parlaient peu, la nuit lorsque le vent ne hurlait pas, on pouvait entendre quelques voix d'hommes chanter, comme pour se donner du courage et mettre du baume au cœur lors des travaux de nuits, réputés comme pénibles.

Filant comme une flèche, les poings serrés, elle dévala les marches jusqu'au pont supérieur manquant de renverser un seau plein d'algues et de coquillages parasites que certains marins, arrachaient aux flancs du navire.

La porte claqua lourdement. Von Klaash était sur son fauteuil, assoupi, avec devant lui une collection de flasque, probablement son infâme tord-boyau artisanal fabriqué à partir d'algues et de farine pleine de vers qui moisissait au fond des cales.

« Von Klaash !... Klaash ? »

L'homme ne bougeait pas, ses lèvres remuaient comme s'il essayait d'articuler quelques mots mais Silmeria se rendit vite compte que le Capitaine était plein comme un œuf.

« Capitaine ! Debout. C'est pas vrai... »

Elle essaya de remuer l'homme en le secouant par la veste mais pour tout résultat, il fit tomber la bouteille qu'il tenait en main. Une bulle de morve sorti de sa narine droite et éclata, laissant quelques traces sur sa barbe grasse. La tueuse soupira profondément. Outre l'odeur sauvage qui sortait de l'intérieur de sa veste, l'haleine de l'homme était douteuse.

Elle se recula, croisa les bras et observa le marin en train de rêver à voix haute.

« Lâcheerrrrz... C'tonneau... Putecelle. Pupu..celle... Rzzz. »

La femme hésitait à renverser sa chaise mais si dans un réflexe il essayait de la frapper avec son sabre, est-ce qu'il serait assez lucide sur le moment pour s'en rendre compte et s'arrêter à temps ?

Elle goûta à une bouteille sur la table ce fameux tord-boyau dont Von Klaash raffolait tant.

« Ca sera sans doute pas pire que l'absinthe noire Shaakt. »


------


Un sprint plus tard, Silmeria dégueulait son maigre repas par bâbord devant quelques marins amusés. « Infâme. Absolument infâme. Pas étonnant qu'il pue autant. Ca sent le vieux coquillage et la sueur, le poulailler... »


Un marin vint lui mettre amicalement une tape sur l'épaule et lui dit d'un ton amusé que sur le navire, personne n'arrivait à boire la boisson du capitaine. Que ceux qui essayaient encore après des années finissaient toujours par partager leur repas avec les poissons.

Silmeria prit une grande inspiration. Le goût salé baignait encore dans sa bouche et l'acide de la mixture lui brûlait encore la gorge.

« Bon. Aux grands mots les grands remèdes. Donnez moi votre seau, matelot. »

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Von Klaash se réveilla brusquement, quelqu'un lui avait vidé un seau d'eau glacée en pleine face, le tout accompagné de petits mollusques effrayés et de nombreuses algues. Crachant ses poumons tout en essayant de vociférer dans les oreilles de la femme, figée devant lui, le seau à la main, il ne tarda pas à se ressaisir. Visiblement peu amusé par l'initiative de la femme, il la toisa d'un regard assez mauvais.

« Von Klaash, j'ai étudié votre manuel. Vous essayez de me tuer ? Si je passe par Oranan, je devrais traverser le domaine de Lykors Noirs, sinon, les territoires Orques... J'avoue avoir du mal à choisir. »

Le Capitaine prit une longue gorgée avant de s'affaisser de nouveau sur son fauteuil, encore embué dans son sommeil.

« Croyez' qu'peux faire mieux. S'rendre à Omyre c'pas facile, y rester non plus. Vous êtes seule, c'est un avantage, personne pour vous r'pérer ni pour poignarder dans l'dos. Y'a bien quelqu' mercenaires qui pourraient vous accompagner sur place, faudrai't d'jà un guide, un gamin du pays qui connait les terres. Les Lykors ça chasse pas l'jour. Vous avez peu à traverser, c'jouab'le. »

Dit-il tout en indiquant une tête de Lykor Noir empaillée derrière lui, accrochée au mur avec d'autres trophées plus glauques les uns que les autres. Silmeria s'approcha, après tout, elle avait peut être mal étudié ses possibilités, Von Klaash était un fichu rustre mais il était de bon conseil, les seuls bons conseils sont ceux qu'enseignent les survivants.

La tête du Lykor, bien que mort gardait un aspect repoussant, un visage puissant, des traits tendus, crispés comme s'il était toujours en colère, les dents apparentes, toutes plantées de façon irrégulière dans une gencive noire, ses crocs étaient blancs, presque étincelants, si certains pouvait y voir une fameuse opportunité de confectionner d'uniques pièces de joaillerie, certains y avaient vu leur perte. Elle n'était pas experte en chasse, mais certaines dents étaient usées, comme si l'animal avait tenté de mâcher quelque chose de solide.

« Trois homme pour le tuer. Ils arrivent à arracher un bras à main nue. Leurs dents mordent au travers des armures. Mais j'vous l'dis. Z'aiment pas le soleil. Traversez de jour et les orques seront votre seule et unique préoccupation. Pourquoi vous rendre la bas déjà ? »

Von Klaash avait prononcé les derniers mots presque assoupi. Il n'avait pas vu ni entendu Silmeria sortir. La porte claqua.

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Dernière édition par Silmeria le Sam 12 Avr 2014 00:12, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Naufrage - 839 mots
MessagePosté: Ven 11 Avr 2014 22:21 
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Seule dans sa cabine, Silmeria affûtait sa dague Orque. Le métal était difficile et dur ce qui rendait la tâche compliquée, autrefois elle avait des métaux plus souples, facilitant un affûtage mais son travail devait être plus machinal qu'utile. Elle faisait surtout ça pour s'évader, un mouvement répétitif qui lui laissait le loisir de se perdre dans diverses pensées.

Le livre Histoires et Légendes de l'Ouest Nirtim trônait, grand ouvert sur une pile entassée de parchemins puants la poussière. La plupart des ouvrages étaient rendus illisibles par les effluves marines et le sel, mais le livre du Capitaine restait le seul document intéressant en sa possession. Elle y trouvait quelques histoires concernant le Folklore, les Samouraïs qu'elle imaginait grâce aux descriptions riches. La tueuse avait toujours admiré les grands guerriers et les portraits des Grands Hommes de Bouhen, Kendra Kâr et Oranan piquait grandement sa curiosité.

Bientôt elle serait à Omyre, bientôt elle serait face à son destin et bientôt, elle pourrait enfin trouver un défi à sa hauteur. L'ère qu'elle laissait derrière elle n'était en fait qu'un prélude, une introduction à ce qui suivait.

Un son de cloche vint parasiter ses vagabondages, elle entendit une agitation sur le pont, des portes claquaient et il lui semblait ressentir dans le roulement du navire qu'ils changeaient de cap et le vacarme des bottes sur le bois au dessus de sa tête trahissait la précipitation du Capitaine hors de ses quartiers.

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Le veilleur du nid-de-pie avait vu au loin une fumée blanche s'élever. Ils firent donc cap vers ce qui était les vestiges d'un autre navire. Tous les marins étaient à bâbord, attendant d'être assez proches pour distinguer un signe. Les paris étaient ouverts : Pirates ? Marchands ? Sabotage ? Soldats ?

Peu importait au Capitaine, Silmeria avait entendu des rumeurs disant que Von Klaash récupérait parfois des survivants de naufrages lorsqu'il passait à côté d'un coulage. Les pauvres bougres étaient ensuite revendus comme esclave, souvent sur des navires pirates. Le Capitaine avait l'air grave, observant la fumée blanche dans le ciel.

« La fumée blanche... Ca fait déjà longtemps que l'épave a cessé de brûler. N'est-ce pas ? »

« Savez ma p'tite Dame... Un bon marin est capable de survivre des jours entiers après naufrage. Il change juste ses habitudes alimentaires. » Termina-t-il avec un certain sourire. Silmeria attendit qu'il tourne le regard pour faire une grimace de dégoût. Manger ses semblables était quelque chose qui la révulsait. C'était les pratiques qu'on accordait aux tribus primitives et en marge du monde, sauf peut-être les Orques, mais tout dans leur existence était déjà répugnant, ils n'étaient donc pas à ça près.

Bientôt, La Laide-les-Maines heurtait quelques planches flottant à la surface, la mer était d'huile et les débris étaient encore très localisés. Il n'y avait pas de cris, pas de survivant pour agiter un drapeau ou cherchant à se faire repérer. Juste l'odeur du bois et de la résine carbonisée. Aucun pavillon pour aider à découvrir à qui pouvait appartenir ce navire. Quoiqu'il en était, ce n'était pas une créature marine qui avait été l'auteur de cette catastrophe, Silmeria en était que plus rassurée.

A cette pensée, elle fut prise de frissons, non, ce n'était pas l'air du large qui glaçait son corps, mais l'idée qu'une créature monstrueuse attendait tapie sous la mer pour briser le navire comme une simple brindille.

« Et bien... Vous n'aurez pas d'esclave à vendre pour aujourd'hui, Capitaine. »

------


« C'est... Ingénieux. Mais tu as pensé aux dommages collatéraux ? Non bien sûr. »

Cèles, la Faera de Hrist était partagée, l'idée de sa maîtresse pour accomplir son forfait tenait debout, mais quelques détails étaient à revoir. Hrist avait découvert que le marchand qu'elle devait tuer avait entreposé une quantité impressionnante d'huile de torche dans son domaine situé en plein milieu de Bouhen. Il y avait de quoi " allumer toutes les torches de la ville pendant des années " si on en croyait les dires de l'homme qui s'occupait du chargement.

« Je sais, mais avec tous ces soldats, si quelqu'un sonne l'alerte une fois à l'intérieur de la maison, je ne pourrais plus sortir. Je n'ai jamais précisé que la décoration des maisons voisines n'allait pas en souffrir un peu. »


Aussi, quelques heures plus tard.

« Je pense qu'il est inutile de te demander si tu es satisfaite... »

Hrist observait des collines en bordure de Bouhen une gigantesque lumière jaune qui faisait briller le ciel. Au loin, les cris et les agitations, les soldats en patrouille s'étaient rassemblés autour du quartier en flammes.

« Mission accomplie. »

« Pendant quelques secondes, j'ai cru que tu mettrais le feu à la petite réserve, pas à l'entrepôt adjacent. Un quartier entier, ça fait cher payé le meurtre. Enfin, Bouhen aura un tout nouveau plan d'urbanisme grâce à toi. Mais ils risquent pas de t'édifier une statue. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Si on en croit les rumeurs, Silmeria est partie par la mer. Ca sera compliqué de la retrouver. »

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Dernière édition par Silmeria le Sam 12 Avr 2014 00:10, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Drame au large - 2619 mots
MessagePosté: Sam 12 Avr 2014 00:05 
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La mer était calme. Pas une ride à l'horizon, c'est comme si le temps venait de se figer. Les marins étaient paisibles. Von Klaash à la barre, Silmeria quant à elle, était sortie pour s'installer sur un sac dodu et profiter de la lumière du jour avant que la nuit ne tombe. L'air marin lui faisait du bien, elle se savait maintenant très loin des catastrophes qui lui étaient destinées sur terre.

Le pont était propre, les cordages rangés comme lorsqu'on enroule un boudin, les poulies craquaient, les vagues claquaient, les marins riaient parfois. Elle n'imaginait pas la vie en mer ainsi, on lui avait trop souvent dépeint un tableau hardi ou les hommes luttaient contre la mer en furie de jour comme de nuit. C'était au contraire si... Reposant.

Von Klaash en personne semblait serein. Ce qui était en soi déjà très étrange, presque alarmant mais Silmeria profitait d'être enfin au calme, en sécurité. Puis une bourrasque soudaine vint tourner les pages de son livre. Les voiles se gonflèrent un peu, firent crisser les cordages et un matelot perdit un linge qui tomba à la mer, provoquant quelques rires chez ses compères. L'homme s'en alla vers le bord du navire, amusé de sa mésaventure et regarda par dessus bord si par hasard, son tissus n'était pas resté accroché à un motif du bateau.

Ce fut la dernière fois que l'on vit ce marin. Le calme devint tempête et le silence se brisa lorsqu'un tentacule vint saisir la gorge de l'homme, l'entrainant dans les profondeurs de l'océan dans un " splash " sonore.

« Capitaine ! Héqets ! Des héqets à la surface ! »

Le Capitaine réagit immédiatement. Silmeria avait vaguement entendu parler des Héqets au même titre que les légendaires sirènes. Von Klaash tira son sabre au clair et vociféra les ordres.

« Tout le monde sur le pont ! Et vous approchez pas du bord bande de punaises ! Toi ! Maintiens la barre et vous là haut, balancez moi tout l'cordage possible, il faut dégager immédiatement de là. Repoussez moi ces fichus calamars bouffeurs d'loups d'mer. Restez loin du bord, attendez qu'ils montent et cuisinez moi tout ça messieurs. Ce soir, on pend du poisson ! »

Les marins restèrent hors de portée du bord du navire, les hommes se mirent par binôme, Silmeria elle se sentait totalement à l'écart, elle tira une arme, mais ne savait pas où regarder ni comment gérer la crise. Ce fut un marin qui lui attrapa le bras pour l'emmener jusqu'à sa cabine, malgré les contestations acides de la Dame qui refusait d'être mise à l'écart.

« 'Vec mon respect m'Dame. Approchez pas trop, ils ont de nombreux tentacules aussi douloureux qu'une piqûre de méduse... Restez ici ! »

Un temps.

Les hommes étaient crispés sur leurs sabres. On entendait les respirations fortes, les yeux braqués sur la proue, tribord et bâbord. Et l'assaut des " Héqets " commença. De vulgaires créatures bondirent hors de l'eau et s'échouèrent sur le pont, faisant tanguer le navire. On aurait dit des poissons volants en plus grossiers et massifs. Les tailles étaient inégales mais effectivement, ils avaient de longs tentacules qu'ils agitaient frénétiquement.

Le bateau subissait un déséquilibre, Silmeria compta une dizaine de ces créatures sur le pont et encore, c'est parce qu'elle ne comptait pas vite. Elle n'avait aucune intention de mourir sur place et encore moins terrée dans sa cabine comme un vulgaire lapin au fond d'un terrier. Non, même les créatures marines pouvaient mourir, et elle y voyait l'occasion d'affronter sa peur des créatures sous-marine.

Les marins hurlèrent ensemble avant de se jeter, sabre et lance en main pour épingler les Héqets, la meilleure stratégie était selon Von Klaash de les coincer à l'aide d'une lance et de les tuer à coup de sabre.

Les tentacules fendaient l'air et percutaient de nombreux marins, provoquant des cris qui cette fois, trahissaient la douleur. Les monstres ne criaient pas, ils ne semblaient pas saigner quelque chose de liquide, rien d'autre que les coups de fouet qu'ils multipliaient. Silmeria s'avança timidement mais un tonneau qu'un monstre envoyait rouler heurta rapidement sa jambe et elle trébucha. Un marin avait été fauché dans la course du baril et un héqet tomba lourdement sur l'homme face au regard ahuri de Silmeria. La main de l'homme qui dépassait de la masse gélatineuse trembla dans un dernier spasme et ne bougea plus.

La créature avait la peau bleutée, il n'y avait aucune écaille mais des bras courts et puissants dotés de petites pilosités qui ressemblait aux antennes de crevettes. Les tentacules gesticulaient avant de s'agglutiner sur le cadavre de l'homme. Silmeria vomit. L'odeur était insupportable. Et pire encore, la créature assimilait le corps de l'humain devant elle. Elle dévorait la chair sans crocs ni bouche, sa gélatine monstrueuse glissait sur le corps et l'emprisonna.

Armée et dans un effort étonnant, Silmeria entailla ce qui semblait être le flanc de la chose. Un tentacule se détacha de l'homme pour mieux s'y recoller. Visiblement la bête n'avait pas eu plus mal que ça. Silmeria recommença, encore et encore y mettant une certaine frénésie. Les entailles ne saignaient pas mais l'odeur était âcre et sa lame ne glissait pas comme lorsqu'elle tuait un être terrestre, elle accrochait à la surface du monstre et la tueuse dut y mettre davantage de force pour blesser plus profondément l'Héqet. Ce dernier brusquement roula et de son poids, percuta Silmeria qui bascula au dessus de lui pour tomber lourdement sur la gélatine collante qu'il avait laissé à côté du cadavre à demi-dévoré.

Doté d'une agilité inouïe, l'Héqet se redressa magistralement avant même que Silmeria n'eut le temps de se redresser. Un marin hardi l'envoya à terre d'un coup d'épaule et ses compères le clouèrent sur le sol à l'aide de harpons et de lances.

Les hurlements de Von Klaash donnèrent du courage aux hommes et même à Silmeria qui encore sous le choc de sa chute, s'était relevée, collante de gélatine atrocement puante. Klaash devant Silmeria fendit un Héqet en deux d'un coup de sabre. Il envoya un coup de botte dans la créature tuée sur le coup et s'en alla affronter un autre héqet. Silmeria ressentit alors une violente douleur sur le dos, un tentacule venait de la palper et le monstre au bout de celui-ci semblait aimer l'odeur de la femme. Il bondit et la tueuse eut à peine le temps de s'écarter. La créature déséquilibra la femme mais ne lui tomba pas dessus. Silmeria se rattrapa à un cordage pour ne pas choir une fois de plus mais ce fut peine perdue. Le plancher craqua et tous deux tombèrent au premier niveau de la cale. L'Héqet se remit vite de sa chute mais Silmeria, tombée dans un hamac de marin étaient complètement coincée, prise au piège dans ce filet.

« C'est moi qui suit dans le filet et le poisson qui va me tuer ? Si j'avais le temps, j'aurais trouvé ça ironique. » De sa main armée, elle coupa ses liens mais les mailles avaient retenu les poignets et les jambes. Les tentacules fouettaient les environs mais par chance, le monstre marin parti de l'autre côté et elle eut le temps de se défaire de quelques liens avant qu'un tentacule moite ne lui cingle le menton.

Aussitôt, l'assaut repris. Le monstre envoya des tentacules par douzaine et tous firent mouche, déchirant une partie de la tenue. La tueuse avait une sensation de brûlure qui gagnait son visage, le tentacule avait empoissonné sa chair comme les méduses ou les orties. Silmeria savait que plus elle perdait de vêtements dans la bataille, plus elle serait victime des effets du poison.

Sa peau brûlait mais l'handicap n'était pas assez important pour l'empêcher de se battre. Elle essaya d'entailler les tentacules mais ceux-ci au lieu de tomber, tranchés nets, s'enroulaient autour de sa lame, bloquant son bras et neutralisant le fil tranchant de sa lame.

Elle se résigna à abandonner sa lame Orc lorsque les tentacules virent serrer son poignet. Elle avait des fourmillements dans le bras et ses yeux piquaient. Au prix d'un douloureux effort, elle se dégagea de l'emprise toxique de l'héqet très motivé à dévorer la femme. Son poids et sa masse repoussait le mobilier, tordait les poutres et emportait tout avec lui, un tonneau vide tomba et roula jusqu'à Silmeria. La bête approcha tandis que la tueuse était acculée. Personne n'avait vu sa chute dans la cale et le combat faisait toujours rage en surface, elle n'aurait pas d'aide, ou trop tard.

Silmeria lança une poulie qui traînait dans le désordre provoqué par l'affrontement, cherchant une idée brillante et vite...

C'est dans le tonneau que la femme vit son salut. Elle rampa parmi les débris et le verre cassé qui lui coupa le bout des doigts et des genoux. L'Héqet glissa sur le tonneau massif, Silmeria venait de se glisser dedans.

« Si son poids le fait craquer... J'aurais un bien triste cercueil... »

Le bois crissa, les planches clouées autour des arceaux de métal craquèrent à mesure que le monstre s'allongeait sur le tonneau. Elle sentit que les tentacules palpitaient autour du bois, cherchant opiniâtrement un moyen d'entrer dans cette armure de fortune. Ses mouvements étaient réduits au minimum mais la lame du Kukri était assez fine pour passer au travers des planches malmenées par le monstre et son poids écrasant. Le tonneau bascula doucement et Silmeria arriva enfin à ajuster son arme et frappa à plusieurs reprise, faisant glisser du mieux possible le métal entre le bois pour provoquer de longues coupures.

Les tentacules frappaient de plus en plus fort, la créature remuait plus et pour une fois, la tueuse sentit que sa victime souffrait, ce qui ne manqua pas de la conforter dans sa manœuvre, elle continua à frapper. De la gélatine recouvrait toute sa lame et puis plus rien ne bougea. Silmeria venait de tuer l'Héqet.

«... Et bien. Résistante cette saloperie. C'est probablement ça qui a causé la perte du navire qu'on a croisé. Le feu a peut-être causé la perte totale du navire dans l'affrontement. » Se dit la femme en rampant hors de son tonneau. Elle resta un instant à observer le chantier laissé derrière elle. Plus un tonneau debout, les lanternes étaient majoritairement éclatées par terre, les poutres craquaient et les hamacs empêtrés dans les tentacules du monstre.

« Voilà pourquoi il avait l'air de retenir ses coups... On dirait que la chance ne m'a pas encore quitté. »

Après avoir récupéré son autre arme, elle grimpa les marches défoncées qui menaient au pont supérieur et ouvrit la trappe. Les derniers marins étaient en train de massacrer le dernier Héqet encore debout. Le pont était un charnier. Il y avait des dizaines de corps allongés baignant dans le sang, les substances organiques et cet infâme gélatine venue des profondeurs.

Von Klaash avait le regard noir, grave et terrible. Il observait les corps couverts de gras aux yeux fixant le vide. Pour ce vieux loup de mer, ce devait être insoutenable de perdre une partie de son équipage. Silmeria posa une main sur son épaule.

« Vot' visage restera rouge un bout de temps. »
« On devrait... Partir.»
« Pas avant d'avoir pendu les carcasses de ces saloperies. »

La tueuse ne dit mot. Elle aida les marins à rassembler les corps. Trainant par les bras les déchus, essayant de ne pas fixer les yeux des morts qui gardaient une expression dramatique et chargée de peur et de douleur.

Un homme lui glissa :

« C'est l'poison qui fait qu'ils ont ces têtes. Sont courageux ces vieux filous. Mais ils ont pas eu une belle mort. Dans la douleur. Ca les quittera pas dans l'aut' monde. »

Von Klaash estimait les dégâts. De nombreuses cordes avaient été rompues, une voile était arrachée et le pont avait subit de nombreux dommages. Le vent lui, avait augmenté. La mer était moins calme et de nombreuses vagues se dessinaient en surface, remuant le navire et faisant glisser de gauche à droite les bris, les bouteilles et les tonneaux.

« Amarrez toute la cargaison fichus emmerdeurs. Le premier qui lambine, j'le fouette avec les tentacules de ces satanées monstres. »

Au loin. Un cri.

« Des baleines ? »

Silmeria avait entendu une baleine un jour, en se rendant à Kendra Kâr lorsqu'elle fut jeune. Un cri étrange, comme un grincement gras venu du large. Mais le visage étonné du marin en face d'elle n'annonçait rien de mieux que ce qu'ils venaient de vivre.

« Par ma barbe, c'pas une baleine. Jamais entendu ce cri. »

Les secondes passèrent, le cri semblable à celui d'une nuée de baleine semblait venir de nul part. Comme s'il descendait du ciel ou remontait des profondeurs de l'océan. Les hommes ne restèrent pas bien loin des lances et des harpons. Le Capitaine scrutait l'horizon à la recherche d'un indice, un signe, n'importe quoi.

« A tribord ! Regardez ! »

Les hommes se ruèrent à la droite du navire. Même Von Klaash s'y précipita. L'eau. Elle bougeait, elle formait une immense vague haute de plusieurs mètres. Silmeria n'en crut pas ses yeux. Sous l'eau, elle avait l'impression de distinguer ce qui était un immense tentacule large de plusieurs pieds. La vague passa sous le navire renversant tout ce qui tenait encore debout.

« Par ma barbe, et par la barbe de ma soeur ! Le Kraken mes amis, et il est encore plus grand que dans les livres ! Hahaha. Ceci était un simple tentacule, et ce saligot en a encore au moins une dizaine ! Hahaha, foutre de foutre, si ce soir on se fait pas un de ces gueuleton au calamar, c'est qu'on est par le fond messieurs. Alors armez-vous et vite !»

Silmeria ressentit un terrible frisson le long de son dos. Un immense monstre marin, une créature haute de plusieurs lieux qui pourrissait au fond de l'océan et qui d'un simple mouvement pouvait couler une flotte entière. Elle lut sur les visages que tous se savaient condamnés. Le Capitaine riait pour se donner de l'assurance mais au fond, elle savait que l'homme voyait sa fin en ce jour, et qu'il était heureux de mourir en mer sur son navire.

Un tentacule à la fois, le monstre créa d'immenses vagues, plus hautes que celles des terribles tempêtes. Son livre au sol affichait la page suivante. Celle du Kraken. Drôle de coïncidence. Mais les lignes disaient :

"Des ses lourds tentacules, la bête endormie depuis des cieux ouvrirait un jour ses yeux sombres et de sa faim dévorante, pourrait le monde avaler. "

Un marin jeta une lance courte dans les mains de Silmeria, bien qu'elle soit plus accoutumée aux dagues et couteaux, elle ne rechignait en rien à ce petit avantage. Puis le ciel se couvrit. Un tentacule immense se leva. Tel une imposante montagne, toute en finesse et pourvue d'immondes ventouses qui grouillaient d'algues, la chose en cacha le soleil et une fine pluie d'eau salée vint s'échouer sur le navire. Lentement, la masse gélatineuse tomba vers le navire. Von Klaash se tourna vers elle. Lui tirant son chapeau dans une ultime révérence.

Silmeria se dressa brusquement. Elle était dans son lit, en sueur encore. Tout ceci n'était qu'un affreux cauchemar. La femme regarda tout de même son reflet dans le métal de sa dague. Aucune trace rouge sur le visage, ni de boursouflure sur les poignets. Après un profond soupire, elle se rallongea, les yeux ouverts dans ses draps humides de sueur, sa respiration agitée se calma au bout de quelques secondes mais un malaise subsistait. Sa peur des créatures marines était à ce jour plus que confirmée.

_________________
La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


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