Il fallut la voix de Karin pour calmer le nécromancien. Les poings se décrispèrent... légèrement. L'ennemi semblait calmé et, selon le chef des bandits, le manque de Thiir les rendait tous dangereux. Pourtant, il assura qu'il les suivrait.
Azra secoua la tête :

« Comment puis-je vous faire confiance, alors ? Si même toi tu peux, à tout moment, te retourner contre moi ? Je veux bien essayer de vous aider à retrouver votre... Thiir. Mais ce ne sera qu'une question de temps avant que vous n'en manquiez à nouveau ! Avez-vous au moins une idée de la fourchette de temps qu'il vous reste ? »

Pourtant, il avait désespérément besoin d'alliés. Que faire ? Finir le voyage était le minimum. Il verrait une fois débarqué. Soudain, il se sentit attristé, désemparé :

« Dans quelle prison vous-êtes vous enfermé ? J'aurais pu vous offrir une nouvelle vie. Vous auriez pu rentrer avec moi dans mon monde, là où vous n'êtes pas des criminels. Là où vous auriez pu mener une existence plus paisible. C'était la moindre des choses que d'offrir cela à ceux qui le voulait. Mais en fait, vous ne pourriez même pas, vous vous êtes vous même condamnés à la pire des prisons : votre propre corps ne vous appartient même plus ! »

Une part non négligeable de son être voyait surtout qu'il perdait un bon moyen de motivation, mais l'humain au fond de lui voyait aussi une terrible injustice : un mal que ses hommes s'étaient imposés à eux-même, et contre lequel ils ne semblaient plus rien pouvoir...

Il soupira et baissa les yeux, regardant alentour. La brume reculait et les navires devenaient plus visibles. Il remarqua cependant qu'ils s'étaient espacés. Surtout le navire de Rosie

« Il faudrait trouver un moyen de contacter les autres navires. Nous nous séparons trop. Gayit, avons-nous un drapeau, ou autre chose pour communiquer ? »

Le dragon ne répondit pas à ses questions, la jeune shaakt allait devoir trouver un moyen elle aussi d'éluder les siennes, après tout elle ne savait pas de quel côté pencher l'émoi de ce lézard géant. Oaxaca avait toutes sortes de magie et de créatures sous ses ordres, un dragon était peut-être possible, surtout au niveau du fleuve, plus simple à surveiller depuis les airs...Mais s'il était de leur côté...Enfin du côté des personnes voulant sauver ce monde...Essorant son piwafwi elle répondit :

Tagnik'zur , pourquoi ce que je fais ici vous importe ? Est-ce vôtre monde d'ailleurs ? Je ne le pense pas...Alors c'est le spectacle de cette guerre au sud qui vous amène ? Parce qu'un être comme vous ne peut qu'être moyennement intéressé de voir le sang gicler de tous ces hères. Peut-être intrigué ou las...

Elle fit une pause profitant de cette occasion pour vérifier les petits carquois qui ornaient sa taille...Vide eux aussi. Elle en détacha un, le jeta au sol et garda l'autre au cas ou...

Mais si vous faites partie d'un des camps, il serait mal avisé de vous dire pourquoi je me dirige vers le sud. Je n'ai aucun moyen de m'enfuir, vous me rattraperez aussitôt ou...Vous mettrez fin à mes jours selon votre envie.

Malgré la crainte d'une mort certaine, Marla émit un petit rire.

Que cela doit être frustrant de ne pas avoir quelqu'un à sa hauteur, heureusement pour moi, de nombreuses créatures, comme vous Tagnik'zur, sont bien plus imposante et parfois puissante que moi.

La sombre essayait de gagner du temps, elle savait que le dragon allait s'impatienter à tourner autant en rond, mais elle devait tenter de le distraire pour gagner du temps et se cacher dans la forêt...Seulement le souffle de la bête la rattraperait avant d'avoir atteint ceux-ci... Plonger dans l'eau..elle serait repêchée comme un poisson par un aigle...

(Faerlynle... Peut-être que nous nous retrouverons près de notre sombre mère)

Mais officiellement...dans ce monde, je n'ai aucun allié Tagnik'zur, si c'est ce que vous vouliez savoir... Et mes intentions sont aussi louable que je peux l'être

Un petit sourire en coin éclaira son visage. Elle souriait sans problème au dragon, à la mort qui pouvait l'emporter en un instant.

Depuis que je m'étais rassis à ma place, entre la jolie garde du corps et le maigrichon à la voix traînante, je ne faisais que penser à l’attirail de combat que j’avais vu dans le coffre arrière du navire : une cuirasse renforcée et un sabre dentelé. Ces équipements semblaient de bonnes qualités. Sur le coup, j’avais eu l’envie de les dissimuler sous ma cape, mais la capitaine m’observait trop. Je me serais fait prendre la main dans le sac et j’aurais perdu la face devant Chihiro, le capitaine Hirotoshi et surtout la princesse Honoka. A mon regret, je dois avouer qu’il n’est pas toujours avantageux de posséder autant de charmes. Toujours la proie d’un regard admiratif, il s’avère plus difficile d’agir sans être vu. Personne ne se serait préoccupée de mes allées et venues, si mon physique aurait ressemblé à celui de mon voisin de droite. Quoi qu’il en soit, j’avais décidé de ne rien dérober pour le moment.

J’étais en train de ramer, en bonne compagnie, un peu soucieux de ce qui se tramait sous ces eaux calmes en apparence, lorsque la ravissante capitaine se moqua gentiment de mes talents en géographie. Effectivement, je leur avais conseillé de surveiller la surface du lac, alors que nous étions sur le fleuve. Je souris de bon cœur à sa taquinerie et je me levai.

Mon idée bien en tête, je me dirigeai de nouveau vers le coffre arrière du navire, l’ouvris et en sortis l’armure et l’épée à la vue et au su de tous. Tout en lui présentant les pièces d’équipements, je m’adressai au capitaine Charkere.

«Je vous emprunte ceci, je serai plus à l’aise si j’étais mieux protégé. Je commence à être un peu inquiet pour mon amie Rosie. Il y avait beaucoup de bruits sur ce navire et voilà qu’il retarde. Ce n’est pas que j’ai peur à tel point que mes genoux jouent des castagnettes, mais je commence à penser qu’ils ont des soucis et que les bestioles lacustres y sont pour quelques choses. Vous disposez d'une lunette d'approche ? »


Ce disant, j’avais enfilé l’armure et placé le sabre à ma ceinture. Pour l’instant, je prétextais un emprunt, mais il était plus que certain que j’oublierais volontairement de rendre ce butin que je considérais déjà comme mien.

(((J'ai donc ramassé l'armure et le sabre)))

Un silence pesant répondit à la médusante tirade du Hobbit qui manqua de s'évanouir lorsque tous les regards se tournèrent vers lui d'un seul coup. Un silence que le Sinari sentit toutefois incertain et teinté de doute. En effet, en dépit de leurs fortes statures comparées à la sienne et de leurs menaçantes lames, ils ne pouvaient qu'être méfiants vis à vis de ce ridicule individu qui se la ramenait tant. Et c'était là le noyau même de cette tentative désespérée.
En sortant de sous son banc, Sirop savait que sa stratégie avait quelques chances de fonctionner, autrement jamais il n'aurait tenté de la mettre en œuvre. Il n'était pas suicidaire loin de là !
Néanmoins, Groldur, qui était sans nul doute possible le chef des Hommes Pâles du bateau, ne se laissa pas impressionner comme les autres. Et c'était là une sacré mouche dans le lait pour le plan génial de Sirop qui blêmit soudain à l'approche du vieux barbu et de sa hache.
Blanc comme un linge, le Sinari recula de quelques pas hésitants en beuglant les paumes en avant :

"Eh attends, qu'est-ce que tu fais...Je..Attends ! Je peux tous nous tuer si je v..."

Par un incroyable miracle sans qui la vie d'aventure du Hobbit aurait tourné court, le vieux rata son coup de peu, plantant sa hache dans le banc. Après un instant d'ébahissement total, Sirop chercha précipitamment son petit glaive des mains avant de s'apercevoir qu'il se trompait de côté tandis que Groldur tirait sur son arme pour la déloger du bois.

"J...je te conseille de te calmer mon vieux !" tremblota le Hobbit en plaçant la pointe de son arme sous le menton touffu de l'Homme Pâle. "Je peux tous nous faire sauter si je veux moi ! Tu vois ce bateau ? BOUM et on part tous en fumée ! Ça m'embêterais parce que je crèverais aussi du coup mais bon...C'est la vie hein ! J'ai pas peur de la mort moi ! "

Il craignait d'en avoir trop fait mais ces téméraires paroles avaient le mérite de lui redonner du courage. Il poursuivit néanmoins plus posément, non sans cesser de trembler :

"On est là pour vous aider, par Kubî ! Réfléchissez un peu...Si moi, un ridicule demi-homme de Yuimen suis capable de réduire en poussière un bateau entier et tous ses occupants, imaginez ce que peut faire comme dégâts une déesse de chez moi ?"

Sirop respirait fort et transpirait abondamment dans le bas du dos tandis que son arme, pointant toujours la carotide de Groldur, pesait dans sa petite main chevrotante. Il ne cessait de fixer le vieux et se sentait ridicule à le menacer comme ça. Ce solide Groldur avait moult façons de le tuer et de se gausser du cure-dent le menaçant. En conséquence, le Sinari imaginait déjà une porte de sortie d'urgence.

Rosie réalisa rapidement avoir peut être mal choisit ses mots. Entourée constamment d’hommes dans ses aventures, elle finissait parfois par oublier qu’elle n’en était pas un. Les conséquences pouvaient alors être complètement différentes. Parcourant du regard ceux qui la menaçaient, elle ne put s’empêcher d’éprouver un élan profond de dégout venant s’ajouter aux angoisses qui hantaient déjà ses pensés.

Sirop, qu’elle avait oublié un court instant, refit soudainement surface avec un air que la semi-elfe ne lui connaissait pas. Une sorte de nonchalance et d’arrogance dont elle n’avait pas encore été témoins depuis le début de cette aventure, du moins, pas face a l’ennemi. Elle l’écouta semi admirative, semi ennuyée. Le hobbit avait décidé de ne pas baisser les armes malgré leur désavantage numérique, ce qui était tout une preuve de bravoure, mais du coup, il risquait de tous les entrainer dans un combat difficile. Toutefois, il était trop tard pour juger de la commodité de son geste, il fallait suivre le mouvement en son sens et l’aider dans son plan.

Même désarmée de son sabre, Rosie savait sa dague pas bien loin. Elle n’était pas encore complètement sans défense. Elle observait donc les avancés de son ami, prête à suivre sa direction. S’ils devaient se battre, elle avait ce qu’il fallait. S’il fallait fuir, elle ne craignait pas la rivière, surtout pas avec l’aide de Mérové. C’est pourquoi, alors que seul Groldur ne craignait pas les parole du Sinari, elle ne tenta pas d’atteindre son arme lorsque Sirop ne le fit pas lui même. Ce n’est toutefois pas l’envie qui manquait. Kerthal, lui seul, n’était pas une vraie menace. Si un combat devait éclater, il serait le premier à mourir, du moins, c’est ce que Mérové avait en tête, appréciant peu de se faire écarté par sa lame.

« Sirop… »

Elle devait l’aider un peu même si ce qu’il entreprenait n’était pas dans les cordes de Rosie.

« …tu sous-estime les dégâts. Dans ce monde tu es encore plus fort que chez nous. »

La pauvre elfe noire, coincée dans les griffes du dragon, ne pouvait se dépêtrer sans avoir à dire la vérité concernant sa présence en ce monde. Elle n'avait qu'un seul but, détruire un maximum de force d'Oaxaca, mais celle de Yuimen également, rien ne l'obligeait à les abandonner ou à les sauver... Seulement le dragon lui fit part qu'il était également une créature du chaos et de la destruction, domaines prédominant de sa déesse révérée...mais également de sa fille...

Elle avait encore le choix de le faire patienter, mais celui-ci l'avait déjà mis en garde, elle allait devoir le duper ou alors...Malgrè sa vision brouillée par la lumière du jour, quelque chose clochait autour d'elle. Sans pouvoir l'expliquer, elle ressentait quelque chose qui la dérangeait, non pas à cause du dragon, mais comme un danger imminent, l'impression d'être épiée, son instinct sonnait venait de sonner une alarme en elle.

Xun dos inbal jala abbanen wun l'kri'shelm ?
(Est-ce que ce sont vos alliés dans les fourrés ?)

Elle s'avança lentement vers lui comme pour se mettre à couvert d'un projectile, ou d'une attaque la visant. Sous le corps massif d'un dragon, elle aurait peu de chance de se faire toucher. Seulement, elle allait devoir faire preuve d'habilité...

F'sarn natha detholusin d'vhidh ! Ussta quortek wund'akh ulu ilta!
(je suis une élue du chaos! Mon âme lui appartient !)

Elle ne savait pas ce que le dragon allait faire, ou encore de quel côté penchait son allégeance, mais en aucun cas les oreilles indiscrètes n'aurait l'occasion de connaitre ses réelles motivations.

Un silence gêné était tombé sur les hommes-pâles. Ce fut Karin qui y mit fin en expliquant que le Thiir était une substance aux effets imprévisibles. Rendant très fort et pouvant demander longtemps avant que la dépendance ne se manifeste. Mais ce jour-là...

Le nécromancien soupira finalement, d'un air blasé :

« Je veux bien vous aider à trouver du Thiir, mais je n'ai pas la moindre idée d'où ça peut se trouver. Vous dites que vous aviez une réserve, vous n'avez pas la moindre idée de ce qu'elle est devenue ? »

De son côté, Gayit, visiblement peu éprouvé par les derniers événements, répondit à la remarque du jeune homme :

« Les communications visuelles ne sont pas vraiment utiles, sur le Lac embrumé. Les navires principaux d’une expédition sont dotés d’une corne, en cas d’urgence extrême. Mais ça ne semble pas être le cas ici. Et… Il n’y a aucune urgence, n’est-ce pas ? »

Azra haussa un sourcil et désigna le cadavre qui continuait à se vider de son sang sur le fond de l'embarcation :

« Et ça, ce n'est pas une urgence ? Il faut leur dire d'accélérer... et au passage, les prévenir de ce qui s'est passé ici... »

À ma grande déception, la délicieuse Charkere m’annonça qu’elle ne possédait aucun instrument du nom de lunette d’approche, ni rien de similaire. Et que même si c’était le cas, il serait bien inutile sur ces eaux pratiquement toujours recouvertes de brume. Cependant, toujours très coopérative envers ma charmante personne, elle me proposa de freiner la course ou même de s’arrêter pour attendre le navire retardataire. A l’écoute de ces mots, mon visage s’illumina, cette femme sensée faisait honneur au poste qu’elle occupait. Je m’apprêtais donc à la remercier lorsque le gros tas de muscles s’interposa, comme à son habitude depuis le début de la matinée. Il s’opposait fermement à la proposition de la capitaine, il ne se souciait guère du troisième bateau et de son équipage.

Fâché par ce manque flagrant de délicatesse et de gros bons sens. Je n’accordai même pas un regard à cette brute sans cervelle. Je préférai donc l’ignorer, faire comme s’il n’avait jamais parlé. J’écoutai par contre attentivement mon interlocutrice qui m’affirma que si les monstres étaient sortis de leur sommeil, nous en aurions nous aussi faits les frais.

Contrarié par les propos de Seok, je décidai de rester sur ma position, insistant encore plus que s’il n’avait pas intervenu. Il n’était pas question que l’on agisse encore selon sa volonté. C’est ainsi que je m’adressai une fois de plus à notre charmante capitaine.

« Je vous remercie et j’accepte votre proposition de s’arrêter pour voir ce qui se passe avec votre troisième navire. Pour ma part, je m’inquiète pour mes compagnons de route Rosie et Sirop. Et j’imagine que vous n’avez pas envie de perdre l’une de vos embarcations. Et puis, Astidenix nous a confié ses soldats, nous serions des gens sans honneur que de les abandonner là ! »

Cela dit, je me penchai vers mon sac et y ramassai quelques objets que je consentais à me débarrasser sans peine.

« Puisque mon sac croule d’objets et surtout par souci de vous dédommager pour ce petit retard sur notre horaire, je vous offre madame, cette petite épée et ce pendentif en forme de croissant de lune ! »

Naturellement aimable et galant, je lui tendis les objets promis, attendant avec une impatience dissimulée qu’elle donne l’ordre d’arrêter notre navire de tête.

((( Ces deux objets peuvent être retirer de ma fiche : Épée courte (For +2) [E=2] et Pendentif du croissant (End +2) [E=1] )))

Lorsque l'homme annonça ne pas en vouloir à leurs vies, Rosie pointa férocement leur compatriote agonisant. Elle n'était pas de son avis, surtout que même s'ils les laissaient partir, ils les abandonnaient dans un lieu inhospitalié, sans repère donc vers une mort probable. Il fallait en profiter alors que Sirop et elle détenait encore leurs attentions et continuer dans le sens du hobbit au risque de pousser trop loin les limites du mensonge.

(À moins qu'il soit sérieux?)

Il y eut comme un léger doute qui se glissa en elle. Après tout, elle ne connaissait pas mieux Sirop que cette poignée d'hommes. Pourquoi ne pourrait-il pas avoir ce pouvoir? Parce qu'il est petit? Rosie ne devrait pas être l'une de ceux qui s'arrête aux apparences pour juger des capacités. Quoi qu'il en soit, ils n'étaient tout de même pas sortis du pétrin. Pas encore. Il n'y avait aucunes options qui soient réellement préférable de prendre, sauf peut-être celles qui implique de ne pas mourir du tranchant d'une épée ou de celui d'une dent aiguisée.

''Je crois que vous ne comprenez pas qui à l'avantage en ce moment. C'est vous qui allez débarquer. Je n'ai pas envie d'exploser aujourd'hui, mais j'ai encore moins envie de vous laisser ce bateau aussi bêtement et vous donner la chance d'entraver la route aux deux autres embarcations. On ignore tout de vos intentions.''

Elle s'arrêta, déjà essouflée par tout ce qu'elle venait de dire et de ce qu'elle s'apprêtait à dire.

'' Ceci dit, Il n'y a aucun intérêt à s'allier à notre ennemie. Suffit de lire un peu nos livres d'histoire pour comprendre qu'après son passage tout ce vous connaissez n'existera plus, sûrement vous y compris. Ce n'est pas une guerre de territoire, c'est une sorte de... génocide. Toutefois, nous sommes en mesure de la vaincre, nous l'avons déjà fait et nous le ferons encore et ça, pas besoin de consulter une bibliothèque pour le savoir. ''

La jeune femme était en sueur, le visage dur, mais les genoux mous.

'' Alors? ON vous débarques ou bien préférez-vous qu'on trouve un accord plus respectable?''

S'il y a bien une chose sur laquelle elle n'aimait pas jouer sa vie, c'était bien sur de la manipulation et du mensonge, surtout si elle devait participer elle-même aux négociations. Et SI Sirop devait posséder un tel pouvoir, bien qu'elle en doute, la semi-elfe préférait bien ne pas avoir à mourir de cette façon non plus.

Malgré son jeu d'acteur apparemment fort convaincant, Sirop, le petit Hobbit de Shory était loin d'en mener large, son petit glaive toujours pointé à bout de bras vers le vieux brigand. La peur, celle qui faisait trembler ses jambes et voir la scène comme dans un rêve, n'était pas loin de le paralyser tandis que son esprit, qui tournait jusque-là à vive allure changeait soudainement de rythme. Les enjeux étaient bien trop grands. Lorsqu'il avait lancé cette mascarade, il se croyait condamné et avait donc tenté le tout pour le tout. Mais maintenant qu'ils avaient de véritables chances de s'en sortir vivant, il ne savait plus quoi dire. Devait-il profiter de la petite lucarne de sortie que leur offrait Groldur ou pousser la supercherie encore plus loin au risque de tous les faire tuer ?
Heureusement, Rosie prit les choses en main en répondant au vieil Homme Pâle avec verve et en soulevant quelques points qui n'avaient même pas effleurés le Hobbit.
Débarrassé néanmoins de la lourde de tâche qu'était d'entamer les négociations, Sirop se racla la gorge, dansant d'un pieds sur l'autre pour parler d'une voix qu'il ne trouvait pas assez assurée :

"Voilà...heu...Elle vous a fait un bref historique de la situation, je n'ai rien à ajouter."

Il ajouta cependant bel et bien quelque chose. D'une voix si faible que ça en était presque un couinement :

"Gardez-nous à bord."

Malgré le fait qu'il restait calme, Karin fit clairement comprendre que le voleur de thiir passerait un sale quart d'heure, qui qu'il soit... Azra hocha la tête, mais intérieurement, il se demandait si cette affaire n'allait pas mal tourner. Pourtant, si récupérer la drogue était le seul moyen de garder le groupe en état...

« Vous avez vraiment des raisons d'être en colère, mais ne cédons pas à la folie. Toute cette histoire me cours déjà assez sur les nerfs... ce n'est pas que quelques cadavres de plus me dérangeraient, mais si nous nous entre-tuons tous avant d'arriver, tout cela n'aura été qu'un immense gâchis. »

Mais à ce moment-là, Gayit leur signala qu'ils allaient sans doute débarquer, car le navire de tête s'était arrêté. Azra nota une certaine tension entre Mathis et Seok, ce qui l'amusa un peu. Il faisait toujours aussi gris, il était toujours d'humeur sombre. Il venait d'échapper de peu à une tentative d’assassinat et ses maux de tête reprennaient. Certes, rien d'inhabituel mais quand même...

Il se tourna vers l'arrière. L'autre navire n'était toujours pas visible. Cette journée s'annonçait déjà comme particulièrement mauvaise... Silencieux, les yeux perdus dans la brume, il attendait.

La ravissante capitaine ramassa les objets que je lui avais offerts en guise de paiement puis annonça que nous prenions une pause tout en en profitant pour nous restaurer. Je ne fis aucune remarque désobligeante, mais j’espérais en mon fort intérieur que nous mangerions autre chose que du poisson à moitié cru dans une soupe claire.
Seok visiblement contrarié par cette décision qui n’était pas la sienne, s’approcha vivement de moi me sortant ainsi brusquement de mes pensées. Posté ainsi à quelques pouces de mon visage, me dépassant de plus d’une tête, il était encore davantage repoussant. Et cette fois, la proximité aidant, je ne pouvais l’ignorer ou feindre de ne pas l’avoir aperçu.

Comme si sa stature pouvait faire preuve d’autorité, il m’ordonna de cesser de discuter ses ordres, sous menace de perdre le soutien de son peuple. Il eut même l’affront de me dire qu’il m’accordait cette dernière digression mais que si je récidivais, il douterait de mon réel engagement dans cette guerre.

Il n’était pas de ma nature de me laisser apostropher ainsi. J’arborai donc mon air le plus arrogant et je lui offris un sourire qui se voulait volontairement condescendant.

«Une dernière digression vous dites ? On verra bien ce que l’avenir nous réservera ! »

Conservant mon air frondeur, je dévorais d’envie de lui jeter toute mon fiel à la figure. De lui rétorquer que je n’avais aucun ordre à recevoir d’un fils gâté en mal d’aventure. Et qu’il ne pouvait ainsi s’imposer chef de troupe sous prétexte que son père était à la tête d’une ville fortifiée. Mais je n’en fis rien. Ce jeune homme, que dis-je ce mufle, ne possédait pas assez de cervelle pour entamer une discussion sérieuse. Il était plutôt de ceux qui à bout d’arguments en venaient rapidement à la violence, aux coups de poings. Et je me souvenais que trop bien la dernière fois que j’avais tenu tête à un garde, j’avais récolté une châtaigne sur mon nez. Sans l’intervention d’Anarazel pour redresser mon os fracturé, je serais défiguré. Non, il ne servait à rien de combattre contre cette brute. Point que j’en avais peur, mais lui, si laid, n’avait rien à perdre, alors que moi si.

Pendant ce temps, notre embarcation avait freiné et pris place tout doucement sur la rive gauche du fleuve grâce aux manœuvres expertes de la capitaine. Au-delà de la rive se trouvait la forêt d’Émeraude, la forêt des hommes pâles. Assez rapidement, le navire contenant le nécromancien vint se ranger près du nôtre. Un spectacle d’horreur s’offrit alors à nous, un homme pâle, l’un des hommes de Karin, gisait mort sur le pont arrière du navire, se vidant de son sang.

Sans bouger, je détournai quelques instants mon regard de l'atroce scène, retenant un haut de coeur, pour le porter un peu plus loin sur le fleuve, cherchant en vain le troisième navire. Puis m’adressant aux occupants de la deuxième embarcation qui s'approchait je m’écriai :

« Qu’est-ce qui s’est passé ? Des bestioles lacustres vous ont attaqués ? Qu’en est-il de l’embarcation où prenait place Rosie et Sirop ? »