-->Les Ruelles d'Eniod(milicienne en mission)L’endroit était frais car les murs de pierre gardaient continuellement une température constante, aussi il faisait toujours chaud dedans lorsqu’il faisait froid dehors et inversement. Jadelle reconnaissait une construction similaire à celle des nains et alors, elle se sentit immédiatement à l’aise. Mentalement, elle calcula le pécule de yus restants. Sur les 50 yus de son départ, restaient encore 47 yus puisqu’elle avait payé trois yus sa boisson au Dragonnet d’Or. Jadelle se sentit riche d’une grande fortune et se prit à rêver en parcourant les étalages et regardant les beaux produits de Maniork. Toutefois, lorsqu’elle remarqua les prix gravés sur des petits panneaux de bois, elle regretta ses trois yus et elle sentit que le chocolat n’était pas bien digéré. Elle avait espérer acheter une épée et un bouclier, le minimum vital mais ce ne serait pas possible.
Discrètement, elle se dirigea vers la porte, l’entrebâilla et sortant la tête, elle s’adressa aux miliciens :
« N’y a-t-il point d’autre boutique d’armes à Eniod ? » demanda-t-elle avec espoir. Le moins sévère des deux fit non de la tête, de sa tête vide de toute expression. Jadelle grimaça et retourna aux étalages pour choisir une épée. Tant pis pour le bouclier ! pensa-t-elle tristement. Elle avisa une épée sans ornements, sobre avec pour seule fantaisie une morceau de cuir sur le pommeau pour permettre de l’empoigner. Le fourreau était d’un cuir lisse et neuf, sans rayures et une lanière toujours en cuir permettait de suspendre l’arme au flanc. Elle n’était pas laide, non, mais pas belle non plus mais elle paraissait bien trempée à Jadelle qui avait grandit au milieu de lames et autres objets en métal et elle savait qu’elle pouvait investir dedans.
S’approchant du comptoir derrière lequel un petit homme presque de sa taille la regardait avec suspicion, elle posa l’épée d’un geste franc sur le bois poli ainsi que sa bourse, prenant un air déterminé. Elle laissa quatre tout petits yus dans sa bourse de cuir, qu’elle remua longtemps pour faire croire qu’elle était pleine de pièces, puis elle disposa cinq tas devant le vendeur : quatre de dix yus et un de trois. Ce dernier ramena l’argent à lui et compta avec de petits gestes nerveux les pièces et les plaça dans une petite boite en bois avec une serrure de métal. L’esprit de Jadelle fut traversé d’une idée folle durant quelques secondes : ne sommes-nous pas autorisés à voler en cas d’extrême nécessité ? Cette serrure serait facile à faire sauter ou même à fondre. Puis, son bon sens reprenant le dessus, elle saisit l’épée et l’accrocha à sa ceinture grâce à la lanière de cuir du fourreau. Le vendeur lui adressa un sourire satisfait et prononça pour seules paroles :
« Ce ne sera pas dans ma boutique que seront maltraités les maîtres nains si honnêtes et qui paient bien. »Jadelle se demanda s’il était autorisé dans le règlement de la milice d’embrocher l’armurier pour tester ses lames mais la réponse devant être non elle sortit sans répondre et retrouva ses compagnons d’armes là où elle les avait laissés : droits et immobiles, face à la porte de la boutique. Elle venait d’acheter une épée à 43 yus.